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L’enfant seul dans la rue

Je m’autoproclame aujourd’hui la femme la plus m

Je m’autoproclame aujourd’hui la femme la plus maman-poule de ma rue. Je suis témoin, chaque semaine, de situations qui me serrent le cœur comme une orange dans un étau. Et je reste toujours dans la même situation, un peu éloignée comme témoin, pas trop impliquée comme inconnue… juste une observatrice bienveillante.

La semaine dernière, je faisais mon épicerie. Seule. Avec mes trois enfants. Bon okay, pas si seule que ça finalement #plusjamaisseule. On tourne le coin d’une nouvelle rangée. Je vois une petite fille d’environ trois ans dans la rangée. Elle, elle était seule pour de vrai. J’observe. Pas de parents autour. Pas de parents autour? Moment de panique intérieur. Mais la petite, elle, ne semblait ni apeurée ni traumatisée. Alors j’ai continué d’observer, pour voir. Je me disais qu’au moins, si je la surveillais, il ne lui arriverait rien de mal jusqu’à ce que ses parents se rendent compte de sa disparition soudaine. Pis oui, j’ai eu peur d’avoir l’air de la pédophile cinglée si je la prenais par la main, juste pour l’amener au gérant de l’épicerie. Faque je suis restée immobile, à gérer mes trois enfants qui ne comprenaient pas pourquoi je restais là comme une dinde à lire l’étiquette du pot de mayonnaise. Ça a dû prendre trois minutes avant qu’un papa affolé retentisse dans notre rangée, avant d’empoigner la petite fille et de la sermonner sur l’importance de tenir-le-panier-tout-le-temps. T’sais, personne n’est mort. Personne n’a été kidnappé. La petite fille avait juste profité d’une seconde d’inattention pour partir à l’aventure, en quête de chocolat. Mais moi, dix minutes après, j’avais encore le cœur qui battait à cent milles à l’heure!

Il y a quelques semaines, je suis allée mettre de l’essence. Parce que la lumière du voyant d’essence était allumée depuis tellement longtemps qu’elle faisait maintenant partie de la famille. Bref, fallait que j’aille gazer. Faque je suis debout à côté de ma voiture, pompe à la main, et je remarque un bébé dans la voiture d’à côté. Un petit loup de quelques semaines à peine. Mon réservoir était bien plein. J’avais fini de payer. Mais je n’arrivais pas à partir. Je voyais de loin la mère qui jasait au commis dans le dépanneur. Loin de moi l’idée de la juger, c’était peut-être son seul moment pour parler avec quelqu’un de la journée, ou même de la semaine… Mais j’étais incapable de quitter. Mes pieds étaient fixés au sol et le vortex de la culpabilité parentale m’empêchait de bouger. Faque j’ai attendu là, plusieurs minutes, le temps que sa mère ne revienne à la voiture. À son retour, je l’ai vu déposer son sac en ouvrant la portière arrière et ça m’a confirmé que les portières n’étaient pas verrouillées. Je suis partie chez moi, le cœur de mère tout à l’envers. Je venais peut-être de sauver une vie, tu sais pas. Arrête de me juger. On l’sait pas ce qui aurait pu arriver à ce bébé!

Hier encore, la petite voisine est passée devant la maison. En marchant. Seule. Juste pour te mettre en contexte, on habite sur une rue où les voitures roulent à 60-70 km/h, sur laquelle il n’y a même pas de trottoir. Pis pour faire exprès de me faire flipper, la rue bifurque aux trois maisons, alors tu ne peux pas suivre le chemin des yeux. La petite voisine, elle a sept ans. Moi, je trouve ça jeune en maudit pour marcher seule dans la rue. Mais bon, je te l’ai dit, je suis la pire maman-poule d’la rue, ça d’lair. Faque j’ai angoissé, pis oui, je l’ai suivie du regard le plus longtemps que je pouvais, comme si ça pouvait l’empêcher de se faire frapper ou enlever par un monstre…

Faque c’est ça. Je me demande encore si je suis normale. Je ne laisse pas mon bébé seul dans l’auto. Ma grande n’a pas le droit de partir seule chez une amie à pied… en voiture non plus, parce qu’elle a six ans… Pis je ne lâche jamais, jamais, jamais, la main de mes enfants dans un magasin. Parce que ça ne prend que deux secondes… Deux secondes d’inattention pour qu’un pervers immonde #zérotolérance attrape un enfant et lui arrache la vie. Pis des pervers, y’en a partout…

Heureusement, y’aura toujours des mères-poules vraiment intenses comme moi pour surveiller tout le quartier. Faque la prochaine fois que tu laisses ton enfant seul, dis-toi que t’as une chance sur deux. Une chance qu’il tombe sur un pervers incorruptible ou une chance qu’il tombe sur une maman-poule. T’as vraiment envie de prendre le guess?

Peut-être que c’est juste moi qui ai besoin d’une longue séance chez un psy, aussi…

 Joanie Fournier

Leçons d’enfants…

Claire Pimparé a dit lors de sa conférence : « Les enfants so

Claire Pimparé a dit lors de sa conférence : « Les enfants sont des maîtres, c’est eux qui nous enseignent à être parents. » J’ai beaucoup aimé entendre cette phrase qui m’a fait réfléchir et qui m’a fait prendre conscience de tout ce que mes enfants m’ont apporté.

Depuis leur naissance, chacun d’eux avec sa personnalité unique m’a beaucoup appris sur moi. Chaque étape de leur vie a été pour moi, de vivre différentes émotions, tintée de moments rigolos, de tristesse, de frustration, de déception, d’enthousiasme, de compassion, d’anxiété, de réconfort, etc.

Ils m’ont appris à être à l’écoute de leurs besoins, à persévérer, à m’organiser, à planifier mon agenda (avec toutes les activités, les rendez-vous, le travail, les tâches, etc.), à adapter ma communication selon la perception sensorielle de chacun, à lâcher prise (non sans inquiétude, car ils devaient aller au bout de leur apprentissage, c’est souvent la meilleure école de la vie), à donner le meilleur de moi-même et à accepter de faire des erreurs.

Ils m’ont fait grandir depuis leur tendre enfance et continuent de le faire encore aujourd’hui. Ce n’est pas parce qu’ils sont adultes qu’ils ne me font plus vivre d’émotions, bien au contraire. Je reste maman toute ma vie, il n’y a pas de date d’expiration.

Chaque étape apporte son lot d’émotions fortes :

J’ai vécu une joie indescriptible lors de la naissance de ma fille et de mon fils.

Les premières séparations, pour la garderie et pour l’entrée dans le monde scolaire, ouf… Mon corps était au travail, mais mon esprit était avec mon petit. Je crois que ç’a été les journées les plus difficiles de ma vie de maman.

Et ne vous en faites pas, lors de l’entrée aux niveaux secondaire, collégial et même universitaire, ils m’ont fait vivre des émotions similaires. Les séparations sont plus grandes, car ils sont de plus en plus autonomes et indépendants.

Le mal-être intérieur que j’ai vécu quand j’ai dû aller en inhalothérapie avec ma fille de huit mois. Quand elle avait mal au ventre de peur et d’anxiété chaque matin avant de partir pour se rendre à l’école. Quand j’ai dû lui acheter des lunettes à trois ans et demi. Le jour où elle s’est blessée à la cheville lors du premier entraînement pour obtenir sa certification de sauveteur océan à Hawaii, l’empêchant de recevoir ce titre.

Je me suis sentie coupable lorsque mes enfants ont eu des échecs scolaires ou lors des activités sportives, quand ils ont vécu des tensions avec des amis, et avec moi et leur père. Quand mon fils a été diagnostiqué TDA et a vécu de l’intimidation. Le bouleversement émotionnel et le changement de vie qui leur a été causé lors de la séparation de leur père et moi.

J’avais deux choix dans chacun des cas : m’effondrer ou me relever et donner le meilleur. Je me suis souvent posé ces questions : « Quel enseignement je veux donner à mes enfants? »; «  Qu’est-ce que je veux leur transmettre comme valeurs? »

Selon moi, c’est dans les défis qu’on apprend et développe des forces que nous ne connaissions pas.

Ils m’ont aussi fait vivre des émotions de joie et de fierté immenses quand :

– Mon fils a gardé les buts lors du tir de barrage en tournoi atome. Quand il a pratiqué au Centre Bell avec Le Canadien de Montréal. Lors d’un changement d’école, quand il m’a dit : « C’est correct, je vais me faire de nouveaux amis. » Il est un exemple dans son organisation et dans sa planification des tâches scolaire.

– Ma fille qui a atteint un niveau provincial en compétition de natation par quelques secondes. Quand elle était sauveteuse à la piscine de la ville. Quand elle étudiait avec acharnement pour atteindre les notes exigées, afin de pouvoir entrer au cégep en sciences de la nature. Passer de la petite fille timide et anxieuse à une jeune femme confiante qui mord dans la vie.

Mes enfants sont, aujourd’hui, deux jeunes adultes de vingt-deux ans et de vingt ans. Je suis très fière de tout ce qu’ils ont fait, mais surtout de qui ils sont devenus. Ils sont deux jeunes adultes responsables, respectueux, gentils, travaillants et qui savent se relever quand un défi de la vie se présente.

Ils m’ont transmis des messages dernièrement me confirmant que j’avais fait le bon choix de me relever.

Ma fille qui me dit : « Maman, il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions. »

Mon fils qui me dit : « Merci, maman, de m’avoir dit “non” parfois, de m’avoir transmis de bonnes valeurs. »

Ils m’ont fait grandir, ils ont fait la maman que je suis aujourd’hui.

Je ne vous en remercierai jamais assez.

Merci d’être dans ma vie

Je vous aime xx

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La fois où j’ai failli te perdre: ce qu’on doit faire en cas d’étouffement

On pense souvent que les événements dramatiques n’arrivent que c

On pense souvent que les événements dramatiques n’arrivent que chez les autres. Que nous sommes à l’abri de tout et qu’un cours de secourisme n’est pas une nécessité, jusqu’au jour où notre enfant s’étouffe devant nous. Je ne parle pas ici d’un petit garçon qui ne fait que tousser, mais bien d’un petit être de deux ans qui a le visage tout bleu, aucun son qui ne sort de sa bouche, aucune respiration. C’est à ce moment que tu sais que les prochaines secondes sont cruciales à sa survie. Je ne sais pas si vous le savez, mais quand c’est ton propre enfant, ton cerveau est difficile à calmer. Heureusement, l’adrénaline peut faire des miracles.

C’était un mardi soir, bien normal, pour une rare fois le souper se passait sans crises. Mon enfant, tu mangeais avec appétit et sans nous dire « Ark dégueux ». Le moment du dessert est arrivé, je t’ai donné des morceaux de cantaloup. Trois morceaux, pour être précise. Mais toi, mon petit coquin, tu t’es dit : « Pourquoi ne pas essayer de faire comme l’écureuil et de tout mettre dans ma bouche en même temps? »Tu as même décidé d’ajouter la tranche de pain que tu n’avais pas finie au souper. Tu as profité du court moment où je fermais le plat pour débarquer de ta chaise et te mettre à courir pour aller te coucher dans les escaliers. Peux-tu bien me dire ce qui t’est passé par la tête? Heureusement, papa est parti à ta rescousse pour que tu retournes sur ta chaise. C’est à ce moment que tu t’es fâché et qu’un morceau est descendu à la mauvaise place.

Le premier réflexe que nous avons eu était d’enlever ce qui se trouvait dans ta bouche (je sais que ce n’est pas le meilleur). Le mal était déjà fait, ton visage est devenu bleu en peu de temps. Ton petit corps s’est raidi. Nous avons essayé de faire la technique où tu es étendu sur un bras et que nous tapons dans ton dos. L’adrénaline a fait de toi un poids plume. Mais, ça ne fonctionnait pas. Je t’avoue que la panique a augmenté en moi. Malgré mes deux cours de secourisme (je les ai faits car je travaillais en garderie), j’ai oublié l’autre méthode. Mon cerveau était embrouillé. Je criais à ton père d’appeler l’ambulance, soudainement ses mains n’avaient plus de dextérité.

Je me suis ressaisie, je me suis placée derrière toi et j’ai enfoncé avec délicatesse mon poing dans ton bedon. Je crois que ça a fonctionné, car un pleur est ENFIN sorti de ta bouche. Si tu savais le soulagement que j’ai eu à ce moment. Le stress est tombé, j’ai pleuré et j’ai tremblé pendant de longues minutes.

Pour faire sortir le méchant, j’en ai parlé à des amies. L’une d’elles m’a fortement conseillé d’aller consulter pour m’assurer que rien n’était brisé et que le morceau n’était pas dans le mauvais trou. Je me suis alors dirigée vers un hôpital pour enfants de la région. Les médecins ont rapidement examiné mon garçon. Oui, oui, en moins d’une heure quinze minutes, nous étions déjà sortis de l’hôpital. Nous étions rassurés, tout était beau.

Je ne te cacherai pas que les deux jours qui ont suivi ce terrible moment, j’ai angoissé, j’ai imaginé le pire scénario en me disant toujours : « Et si la vie t’avait enlevé à moi? » Une grosse boule s’était installée sur mon cœur pour me faire pression. Aujourd’hui, je suis heureuse d’entendre tes crises de terrible two. Cela signifie que tu es toujours vivant. Je dis tout simplement « merci la vie ». Je laisse maintenant la plume à celle qui m’a bien conseillée, afin de vous expliquer ce qu’il est important de faire dans ces moments terrifiants.

Karine Larouche

Ce qu’il faut savoir

Pourquoi on s’étouffe?

Nous avons deux tuyaux dans la gorge : la trachée, qui est reliée aux poumons (respiration), et l’œsophage, relié à l’estomac (alimentation). Un petit clapet vient fermer la trachée lorsque nous mangeons ou buvons, afin que les aliments ou les liquides passent dans le système digestif et n’aillent pas dans les voies respiratoires. Parfois, ce clapet est moins réactif (c’est le cas des bébés, des personnes âgées ou tout simplement parce que l’on parle en mangeant : le clapet devient tout mêlé!) C’est là que survient la fausse route! Le morceau d’aliment (ou d’objet) est coincé dans la trachée et obstrue les voies respiratoires!

Si la victime tousse, que dois-je faire?

Encouragez-la à tousser. Envoye! TOUSSE! PLUS FORT! TOUSSE!

Détachez le bébé de sa chaise d’appoint, mais ne le prenez pas dans vos bras, sinon il risque d’arrêter de tousser et de vous laisser faire. La toux est un moyen de protection très efficace.

Utilisez la gravité! Mettez bébé ou bambin la TÊTE EN BAS, secouez le corps de Haut en bas et TAPEZ dans le dos!

Si la victime ne tousse pas, ne pleure pas, ne respire pas :

Ses lèvres deviennent bleues et son regard est en panique. Vous devez agir vite, sinon le cerveau va perdre conscience (manque d’oxygénation).

  • Pour les enfants de moins d’un an: la tête orientée VERS LE BAS, ALTERNEZ des tapes dans le dos et des compressions thoraciques.
  • Les enfants qui tiennent debout ou les adultes : utilisez la méthode de compressions abdominales (Heimlich) ou de compressions thoraciques (pour les femmes enceintes ou les personnes trop corpulentes). Mettez votre point dans la région du nombril, enfoncez violemment vers l’intérieur et vers le haut. L’objectif est de remonter très fort le diaphragme qui va écraser l’air qui se trouve dans les poumons et de FAIRE SAUTER LE BOUCHON. (Si la victime tousse, cette méthode ne fonctionne pas puisqu’il y a toujours un peu d’air qui passe.) Si vous n’êtes pas capable d’atteindre le nombril, trouver un moyen pour appuyer fort sur le thorax (technique de RCR), afin d’écraser directement les poumons.

De nombreux parents m’ont témoigné avoir eu une force incroyable avec l’adrénaline et avoir viré leur enfant LA TÊTE EN BAS. C’est un peu comme faire sortir du Ketchup de sa bouteille : tu secoues, tu tapes, tu secoues, tu tapes…

Que faire après un étouffement?

Il est important d’aller consulter un médecin dans les heures qui suivent, et ce, pour deux raisons. Les techniques de désobstruction des voies respiratoires sont des méthodes violentes qui peuvent entraîner des lésions. De plus, un morceau d’aliment peut rester pris dans les bronches, ayant pour conséquence une pneumonie d’aspiration.

Si une toux persiste, il est important d’aller faire une radio des poumons en urgence.

Que dois-je faire si la victime perd conscience?

Appelez le 911 immédiatement! Pratiquez les manœuvres de RCR http://www.mafamillemonchaos.ca/on-sinforme/gestes-peuvent-sauver-vies/

À NE PAS FAIRE – Aller chercher le morceau avec les doigts (le risque de le pousser plus loin est dangereux) – Donner des tapes dans le dos si la victime est debout (la gravité va faire tomber le morceau plus bas et empirer la situation) – Donner de l’eau (l’eau ira dans l’œsophage, la trachée est bloquée, ce n’est pas le même tuyau!)

Si vous souhaitez suivre un cours, toutes les informations sont sur le site de la fondation des maladies du cœur et de l’AVC.

http://www.coeuretavc.ca

Gwendoline Duchaine

Première peur de maman

Hier soir, pour la première fois mon fils, j’ai eu peur pour toi.

Hier soir, pour la première fois mon fils, j’ai eu peur pour toi. Tellement peur.

Pour l’instant, je ne suis pas une maman très stressée. Je dis pour l’instant parce que fiston n’a que quatorze mois et que je suis bien consciente que ça risque de changer. J’ai été une des premières à le lancer en l’air ou à le laisser tomber sur le divan pour qu’il rebondisse, seulement pour l’entendre rire à en être essoufflé. Quand il tombe, je l’encourage à se relever sans me précipiter vers lui. Je considère qu’il n’a pas fini de tomber, alors aussi bien ne pas en faire un drame chaque fois. J’essaie le plus possible de ne pas lui transmettre de stress pour qu’il continue d’explorer son monde pleinement.

Même lorsqu’il était malade, je n’avais pas réellement peur. J’étais préoccupée, oui, et à l’affût encore plus. À certains moments, nous avons jugé, chéri et moi, que c’était plus préoccupant et que nous devions aller consulter, mais à aucun moment, je n’ai été vraiment inquiète.

Pourtant, la majorité des parents de mon entourage ont déjà nommé, d’une manière ou d’une autre, le fait qu’avoir des enfants, c’est être inquiet tout le temps. J’ai lu aussi quelques textes allant dans ce sens; à quel point on n’arrête jamais de s’en faire pour eux, ces petits êtres (et éventuellement bien grands) que nous aimons plus que tout au monde. Bien que je comprenne tout ça, je ne l’avais pas encore ressenti concrètement. J’ai déjà eu l’impression que mon cœur allait exploser d’amour, j’ai déjà eu envie de réveiller mon bébé juste pour lui donner plein de becs. Des fois, ça fait même presque mal tellement je l’aime, mais à aucun moment, je n’ai eu de la difficulté à trouver le sommeil parce que j’avais l’impression d’angoisser.

Jusqu’à hier.

Notre petit aventureux téméraire, mais encore très maladroit, est passé par-dessus le divan et est tombé tête première. Seulement sur la tête, tout son corps comme une chandelle à peine courbée au-dessus de sa tête qui est venue heurter le plancher de bois franc bien solide et bien dur. Pendant la fraction de seconde qu’a duré la chute, j’ai eu peur qu’il se brise le cou. Pendant la fraction de seconde nécessaire pour me rendre à lui, j’ai eu peur qu’il soit paralysé. Avait-il une commotion cérébrale? Devais-je aller consulter ou non? Je me suis déjà demandé quoi faire depuis sa naissance, j’ai souvent douté, mais pour la première fois, je sentais que les conséquences pouvaient être graves si je ne faisais pas le bon choix.

Tout est bien qui finit bien avec pas mal plus de peur que de mal. Chéri et moi sommes conscients de la chance que nous avons d’avoir un enfant en pleine santé qui nous a apporté comme première peur « seulement » une chute sans conséquence et bien peu de « vrai » stress. Malgré tout, je comprends tellement mieux maintenant les inquiétudes quotidiennes des parents. Je sens surtout que ça ne fait que commencer et que mon cœur s’emballera tout autant les prochaines fois!

Jessica Archambault

Tes colères…

Encore un drame. Un autre drame... Ce matin, j'ai eu le malheur de

Encore un drame. Un autre drame…
Ce matin, j’ai eu le malheur de couper ta tartine de pain dans le mauvais sens.
Alors tu as deux triangles de toast au lieu de deux rectangles.
Et tu bloques.
Une autre fois…

Tes mains tremblent, tes lèvres se raidissent, tes larmes coulent, ton visage est figé dans cette expression d’effroi…
Le drame.
Tu n’utilises pas de mots, c’est trop terrifiant. Ta colère monte, monte. Tu ne pleures pas. Tu ne cries pas. Tu es juste bloqué là.
Je sais que ce matin, rien n’ira bien, tout sera compliqué. À cause d’un fichu morceau de pain.

C’est comme ça pour tout. Chaque étape de ta journée est rythmée par des rituels précis et vitaux. Si une chose n’est pas à sa place, si un geste n’est pas effectué de LA bonne manière : ton univers s’écroule. C’est LA PANIQUE.

Je me sens alors complètement démunie et ça m’énerve. Tu m’énerves! Mince! Tu as neuf ans! Tu n’es plus un bébé! Mon cœur de maman se sent impuissant face à cette détresse qui ne devrait pas en être une. Mes mots ne t’apaisent pas, au contraire, tu bloques encore plus! Je ne sais plus quoi dire, ni quoi faire. Tes colères prennent en otage notre vie de famille, notre quotidien.

Chaque jour, on marche sur des œufs, on va dans ton sens, on t’assiste dans tes manies pour éviter ce carnage émotionnel. Chaque jour, un autre rituel s’installe… Tout est si compliqué…

Les pantoufles à gauche au pied de ton lit, les franges du tapis alignées bien droites, la porte de ta chambre entrouverte de très exactement 7,4 centimètres, les cinq phrases que je dois te réciter avant ton dodo (toujours dans le même ordre et qu’il faut recommencer depuis le début quand je me trompe…), le beurre parfaitement étalé sur tes toasts dans chaque minuscule recoin… La liste est longue… les risques de se tromper sont immenses…

Et ce matin, c’est encore le drame… Parce que j’ai oublié un détail…
Pardonne-moi mon manque de patience… Tu sais, une partie de moi comprend vraiment ce qui se passe en dedans de toi, j’étais pareille, enfant… Tu verras, tout ira bien. Inspire, expire, essaie de trouver le calme, mon grand. On est là…

Gwendoline Duchaine

Mes bébés aux funérailles

Un cercueil. Plein de personnes qui pleurent. Certaines qui fument l

Un cercueil. Plein de personnes qui pleurent. Certaines qui fument leur millième cigarette sur le bord des escaliers extérieurs pour passer leur stress. Une gang d’ados qui se soutiennent dans leur malaise et leur peine d’avoir perdu leur ami, leur voisin de pupitre. Des bouquets de fleurs trop grands pour la pièce sombre, mais trop petits pour exprimer tout l’amour ressenti pour ce jeune homme qui venait de nous quitter. À l’entrée de la salle, la photo d’un jeune sans rides et sans sourire.

C’était il y a plusieurs années. Mon petit-cousin venait de s’enlever la vie. Il avait presque mon âge. Mon premier amour, mon premier kick. Impossible, pour moi, de ne pas être présente à sa dernière envolée, à son dernier adieu à notre monde terrestre. J’avais accouché de ma fille aînée quelques semaines auparavant. J’allaitais aux deux heures, ma fille était scotchée sur moi jour et nuit, les funérailles avaient lieu à quelques heures de route. Inutile de même penser à faire garder ma cocotte le temps de me rendre à cette réunion de parenté callée par le désespoir d’un des nôtres.

Au salon funéraire, la traditionnelle file de poignées de mains et de quête du mot qui apaise. « Mes condoléances, matante. J’ai vraiment hésité à venir, je ne voulais pas que ma petite dérange… t’sais, un nouveau-né dans des funérailles… »

« Ah ben là! Si tu savais comment je suis contente que tu sois venue et que tu aies amené ta petite poupée avec toi! Elle met de la joie dans la famille. Les événements tristes, il faut les vivre, mais il faut aussi regarder ce qui est beau dans la vie! »

Malgré toute sa peine d’avoir perdu un de ses petits-enfants, cette grand-maman était bien sage. Tout comme mon cousin, le papa de mon petit-cousin décédé : « Merci d’être ici. Tu amènes la vie qui continue. »

Moi qui m’étais demandé comment les personnes présentes réagiraient, j’ai été apaisée par leur apaisement à la vue de ma fille. Pour certains, leur réconfort est passé par un câlin qu’ils ont pu lui donner, par la joie de voir un si petit bébé, par le souvenir recréé de mon petit-cousin qui, dix-neuf ans auparavant, était aussi petit et rempli de vie que ma fille.

Pendant les funérailles, ma fille « jasait ». Elle a assurément dérangé l’assemblée réunie. Mais elle les a dérangés positivement, en déplaçant un peu de leur attention vers le gazouillement d’un enfant qui boit au sein de sa mère (et qui fait son rot bruyamment… quand on a quelques semaines, on n’a rien à cirer de la politesse et de la classe!).

Quelques années plus tard, j’ai amené mon autre fille à des funérailles. En route vers le cimetière, je me suis arrêtée avec elle dans un parc pour qu’elle puisse lâcher son fou. Parce qu’entre vous et moi, c’est beau de leur dire de se tenir tranquilles et de ne pas courir partout, ils sont des enfants et ont besoin qu’on pense à eux! En arrivant au cimetière, ma fille tenait dans sa main un magnifique bouquet de marguerites cueillies innocemment. Elle transportait avec elle la fraîcheur de la vie qui s’épanouit.

La beauté est partout, tout le temps. Surtout dans le cœur d’un enfant.

Nathalie Courcy

Fabien et l’aliénation parentale

Je m’a

Je m’appelle Fabien et j’ai neuf ans. Ma voisine m’aide à écrire ce message. C’est que j’ai un problème, un gros problème. Mon papa et ma maman ne vivent plus ensemble, ils sont divorcés. On m’a dit que ce n’était pas de ma faute, mais des fois, je pense que j’ai peut-être fait quelque chose de pas correct pour que ça arrive. J’ai une petite sœur, elle s’appelle Marie. Marie habite maintenant avec ma maman et moi, j’ai choisi d’habiter avec mon papa, car je ne voulais pas qu’il soit seul. Mais je ne suis pas heureux.

 

Ma sœur et ma maman me manquent. Mais mon papa me dit souvent que c’est mieux comme ça, car de toute façon, ma maman aime plus Marie que moi. Je pense parfois que c’est vrai et d’autres fois, je pense que c’est faux. En réalité, je ne sais plus quoi penser. Mon papa me dit plein de choses sur maman qui me font de la peine et ça me donne envie de pleurer très souvent. Chaque fois que je dois aller voir maman, papa me répète des choses pas gentilles sur ma maman : « Elle ne t’aime pas pour vrai »; « Elle préfère Marie »; « Tu es une charge pour elle, tu la déranges ». Il me dit que tout ce qui arrive, que le fait que notre famille est brisée, c’est de sa faute à elle.

 

Alors moi, je suis parfois fâché contre maman. Elle n’est pas gentille ma maman, elle a brisé notre famille!

 

Je commence à ne plus avoir envie d’aller la voir, à pleurer et crier pour ne pas y aller. Je crois que parfois, j’ai très envie d’être avec elle et ma sœur et avec le nouveau copain de maman aussi! Il est gentil, je le sais, mais papa m’a dit que je ne devrais pas l’aimer, que son copain ne m’aimait pas, qu’il ne voulait pas de moi. Je ne sais pas si c’est vrai. J’ai peur de perdre ma maman et ma sœur, mais j’ai peur aussi de perdre papa si je vais avec maman. Je ne sais plus quoi faire.

 

Alors ma voisine m’a dit d’écrire mes sentiments et qu’après, ça m’aiderait. Je ne sais pas si ça m’aide vraiment, mais je veux essayer parce que je ne suis pas heureux. Moi, ce que j’aimerais, c’est que papa arrête de dire des bêtises sur maman. Je ne veux pas savoir pourquoi papa n’aime plus maman et pourquoi maman n’aime plus papa. Tout ce que je veux, c’est de pouvoir être parfois avec mon papa et parfois avec ma maman et ma sœur et être heureux.

 

Ça fait longtemps que ça dure. J’en ai assez! J’ai mal dans mon cœur et j’ai la tête toute mélangée. J’ai envie de pleurer, de crier et même des fois de frapper! Si je ferme les yeux, j’arrive à me rappeler les fois où j’ai eu du plaisir avec papa et maman quand ils étaient dans la même maison. Mais je me rappelle aussi les disputes. Alors je pense que c’est mieux comme ça, qu’ils n’habitent plus la même maison et arrivent à être heureux sans être ensemble. Mais moi? Moi, je voulais continuer à être une famille! Il y a des personnes qui m’ont dit que ma famille existe encore, mais qu’elle est différente. Même si moi, je ne voulais pas qu’elle soit différente, je dois l’accepter!

 

J’ai un ami qui s’appelle Sébastien. Lui aussi, son papa et sa maman ne vivent plus dans la même maison. Mais son papa ne dit jamais rien sur sa maman. Des fois, ils jasent même ensemble en souriant. Moi, c’est différent. Je crois que j’aimerais ça que papa et maman soient quand même amis, mais papa dit des choses méchantes et maman réagit, alors je ne pense pas que ça arrivera.

 

Je crois que je vais donner une chance à ma maman parce qu’elle me dit qu’elle m’aime et je crois que c’est vrai. Dans mon cœur, je sais que c’est vrai. Elle est triste que je ne sois pas là plus souvent et elle doit pleurer des fois quand je fais des crises pour ne pas la voir. Je l’aime ma maman, même si papa ne l’aime plus et qu’il est toujours en colère contre elle.

 

Alors voilà, ça m’a fait du bien cette lettre. Je crois que je vais la faire lire à papa et maman, mais pas tout de suite. Avant, je vais aller voir ma maman pour ma prochaine visite et je vais essayer de profiter du temps que j’ai avec elle. Peut-être que je vais aimer ça? Peut-être que je vais voir maman et Marie sourire d’être contentes de me voir. Je vais essayer.

 

À bientôt! Je vais peut-être écrire une autre lettre bientôt.

 

Fabien ( personnage fictif)

Tu sais que tu travailles avec les enfants et que tu es aussi parent quand…

1— Tu clenches le monsieur de l’évangile en papier en b

1— Tu clenches le monsieur de l’évangile en papier en bricolages! À faire vingt exemplaires de cartes de vœux originales de la fête du moment et autres bricolages… presque tous les jours. Et en plus, rendu chez vous avec tes enfants, tu as de quoi avoir l’air d’Édouard aux mains d’argent.

2— Tu es obligé d’avoir un cœur d’enfant. Tu ris même des jokes de pipi caca pet. À force de vivre dans un milieu d’enfants, tu finis par leur ressembler… et honnêtement, je trouve que c’est une bonne chose! Même si j’ai l’impression d’être la Billy Madison de ma gang-d’amis-d’adultes-qui-travaillent-juste-avec-d’autres-adultes, je m’en fous! Tel un enfant de quatre ans… de huit ans ou encore de quatorze ans!

3— Tu distribues ta patience dans ton milieu de travail comme une reine de carnaval distribue des confettis sur son char allégorique. Il te reste juste deux/trois confettis dans le fond de ta poche rendu chez vous… De plus, à la naissance de tes enfants, tu réalises que ton réservoir de patience est étroitement relié à la qualité de ton sommeil. Et ça te provoque un mix de sentiments passant de l’horreur à l’espoir.

4— Tu es soit immunisé contre n’importe quel microbe de n’importe quelle époque ou tu pognes toujours tout… tout le temps. Parce que maintenant, tu as deux souches potentielles de virus : ton milieu de travail et le milieu « de travail » de tes enfants. J’ai moi-même réfléchi à la possibilité d’acheter des parts à ma pharmacie. J’ai aussi compris le sens du mot « famille » dans « médecin de famille ». À la voir aussi souvent, je vais finir par l’inviter à Noël. J’envoie toutes mes condoléances aux systèmes immunitaires des familles dans lesquelles les deux parents travaillent dans un milieu d’enfants.

5— Ta liste de prénoms pour tes futurs enfants est maintenant très restreinte… Tu sais que tu travailles avec les enfants et que tu es aussi parent quand… parce qu’avant, tu avais l’embarras du choix. Mais maintenant, tu as des références angéliques ou vraiment pas, à chaque prénom tendance. Tu as aussi une liste noire de noms que tu te promets de ne jamais utiliser pour baptiser ta progéniture… parce que quand le même prénom, porté par dix enfants différents, te donne de la misère, tu comprends que c’est sûrement pas un hasard! Ah! oui, parlant de prénoms, tu appelles tes enfants par le nom de tes élèves et vice et versa.

6— Tu as le cœur assez grand pour y entrer au moins cent enfants. Tu te rappelles chaque nom, leurs allergies, leurs forces et ce qu’ils ont à travailler. Tu y penses parfois même chez toi, la nuit. N’empêche que quand tu t’occupes des enfants des autres pendant que d’autres personnes s’occupent des tiens, tu te sens parfois coupable ou déchiré. Tu aimerais que tes enfants soient là, en train de jouer avec toi à ce nouveau jeu que tu viens d’inventer. Et quand tu dois t’absenter du boulot, tu as souvent une pensée pour les enfants et par le fait même, pour tes collègues qui auront à dealer avec ton absence et avec les coupes budgétaires du gouvernement.

7— Quand ta progéniture a le même âge que les enfants avec lesquels tu travailles, ta vie est comme la série Pat Patrouille : tu sais qu’aujourd’hui c’est un nouvel épisode, mais ça revient toujours à la même affaire. Tu ne fais que RÉPÉTER les mêmes interventions jour… et nuit. « Tu es fâché, dis-le-lui », « NON! Les dents c’est pour manger, pas pour mordre! », « Occupe-toi de tes choses à toi », « C’est pas important de savoir qui a commencé, on cherche une solution, là », « Non, pousser, c’est pas une solution », « Regarde mon visage! Je suis fâché! » Et c’est rendu que tu le dis même aux adultes que tu côtoies par pur réflexe. Tu as droit à huit terrible two au travail et un de plus rendu chez vous! Tu as vingt ados de sept ans à l’école et deux de plus une fois rendu chez toi! Par contre, tu as droit aux plus beaux côtés X 1000! Pas beaucoup de gens se font accueillir au boulot par quatre-vingts sourires « troués » ou ont cinquante câlins par jour et plein d’anecdotes vraiment marrantes!

8— Tu interviens de façon pédagogique presque 24 heures sur 24. Tu gesticules plus que la moyenne et tu prononces tous-les-bons-mots-en-mettant-l’accent-sur-les-mots-difficiles-ou-omis. Tu as l’air d’un prof de chant qui fait des vocalises avec tes bruits de bouche exagérés! Ça t’arrive même de le faire avec ton entourage. « On dit S’ASSEOIR, pas s’assire, alors oui, je viens M’ASSEOIR si c’était ça ta question. » Ce n’est même pas pour bien faire, c’est juste qu’à être en mode pédagogique à la garderie, à l’école et en plus, rendu à la maison, tu as de la misère à mettre la « switch pédagogique » à off.

9— Tu te mets de la pression pour bien élever tes enfants. Tu as eu tout plein de cours et de formation pour savoir comment intervenir avec ces petits êtres humains. C’est vraiment pratique, mais ça fait que justement, tu sais comment intervenir. Alors, quand tu fais quelque chose de pas « pédagogique », tu le sais aussi et tu te sens coupable ou encore tu te dis que les autres te jugent. Ça fait aussi que ton enfant te dit des phrases d’éducatrice (celles que tu répètes au no 7) : « Maman! Regarde mon visage, je suis fâché! » Tu as probablement assez de matériel pédagogique chez vous pour ouvrir une garderie ou une école.

10— Tu es passionné par ton métier. Tu ne comptes pas les heures travaillées on the side, un flash par-ci, un résumé d’intervention par-là, une planification d’activités et de la correction chez toi, cher prof. Le tout, pendant que tu berces ton plus jeune ou que tu termines ton café froid. Mais tu le sais que ça vaut la peine d’y mettre tout ce temps et toute cette énergie. Parce que tu sais que ces enfants et les tiens sont les adultes de demain et que tu aides à faire grandir du mieux que tu peux la prochaine génération.

Krystal Cameron, éducatrice spécialisée

www.parentsconfiants.ca

 

Le suicide et les enfants

On explique ça comment à un enfant, toute la douleur qui mène au

On explique ça comment à un enfant, toute la douleur qui mène au suicide? J’en ai discuté avec ma mini-sœur de douze ans, Layla, qui en avait huit quand notre père s’est enlevé la vie. Je ne me prétends pas spécialiste du deuil chez les enfants, loin de là. Cependant, la famille s’est organisée autour de la plus petite; mon frère, ma sœur et moi avions respectivement 28, 20 et 25 ans (et oui, même papa et même maman, mais c’est une autre (très belle) histoire). Avec notre mère, nous sommes allés chercher les conseils de spécialistes et nous avons surtout fait de notre mieux avec nos propres émotions à gérer et avec les connaissances que nous avions.

Diverses recherches révèlent que les enfants endeuillés par suicide ont plus de chances de faire une tentative dans leur vie. On a beau ne pas se considérer comme une statistique, celle-ci frappe.

Dans ce qui a aidé ma sœur à comprendre, il y a l’explication de la dépression apportée par la psychiatre de l’hôpital qui nous avait accompagnés pour lui apprendre la nouvelle. Ce récit m’avait aussi marquée et je l’ai moi-même repris plusieurs fois. Il n’est probablement plus exactement le même, mais l’essentiel reste :

« Ton papa souffrait de dépression. Tu sais à quoi ressemble une toile d’araignée quand des insectes y sont pris au piège? C’est un peu la même chose, mais elle était invisible. Ton papa était pris dans cette toile qui était froide et triste. Même si tu voulais le consoler, que tu l’aimais beaucoup, ça ne se rendait pas à son cœur parce que la dépression faisait comme un bouclier de froideur et de tristesse autour de son cœur. Ton papa voyait tout ton amour, mais il n’était pas capable de le ressentir. »

Layla m’a dit que cette explication a grandement contribué à sa compréhension de la dépression. Par contre, elle n’arrivait pas à concevoir pourquoi mon père en avait souffert. « Pourquoi lui? » Ça lui a pris plus de temps pour ce bout-là.

Elle a par ailleurs ressenti certaines frustrations et désaccords avec la façon dont nous l’avons accompagnée. Par exemple, la psychiatre nous avait fortement déconseillé d’amener Layla voir le corps de notre père, qui était pourtant présentable. Avec le recul, Layla comprend bien que nous avons suivi les conseils de cette spécialiste, mais elle lui en a voulu longtemps, car elle est convaincue que ça aurait grandement contribué à ce qu’elle réalise et comprenne ce qui arrivait.

Ce n’est pas évident de suivre les recommandations tout en s’adaptant à la réalité de l’enfant qu’on veut aider et accompagner.

Dans ce qui l’a le plus aidée à traverser son deuil, Layla parle de son imaginaire. Elle s’est beaucoup évadée dans ses histoires et ses personnages. Elle raconte encore aujourd’hui que c’est ce qui lui faisait le plus de bien.

Finalement, elle a fait partie d’un groupe pour enfants endeuillés par suicide. Elle en parle encore avec émotions. Elle a adoré son passage dans ce groupe et est convaincue que ce serait très aidant pour d’autres enfants qui vivraient une situation semblable à la sienne. Elle avait notamment réussi à expliquer ses émotions grâce à une série de dessins représentants son cœur. Sur le premier, le cœur était complètement brisé. Au fil des images, il se réparait doucement pour redevenir entier sur le dernier dessin, mais une cicatrice y était toujours. Layla explique ainsi que son cœur s’est tranquillement reconstruit, mais qu’elle sera toujours marquée par le départ brusque de notre père.

Aussi, lorsque notre histoire est sortie dans les médias, Layla n’était pas en mesure de saisir réellement ce processus. Plus d’un an plus tard, elle a ressenti le besoin d’en parler elle aussi. Elle voulait contribuer elle aussi. Patrick Lagacé a accepté de venir lui parler et d’écrire, comme elle le lui demandait. Je ne sais pas s’il était conscient de l’importance de son geste dans le cheminement de Layla. Pour lire ce texte, c’est ici http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/patrick-lagace/201406/14/01-4775791-trois-dessins-de-papa.php Le message de Layla y est rapporté de manière fidèle, elle y aborde d’ailleurs sa plus grande frustration, le fait de ne pas avoir vu notre père.

Layla m’a dit que ce qu’elle a eu le plus de difficulté à comprendre et, surtout, à accepter, c’est que les gentils ne gagnent pas toujours. Dans le cas de mon père, elle a l’impression que les méchants ont été plus forts. Pour les adultes aussi, c’est difficile à accepter…

Reste qu’à travers ce parcours imparfait, on s’en est tous sortis, Layla aussi. Le deuil est déjà si difficile à expliquer aux enfants. Quand c’est par suicide, ça ajoute une complexité immense à tout ça. Si l’histoire de Layla et ses conseils peuvent aider des parents qui traversent une telle histoire, pourquoi ne pas la partager?

Jessica Archambault

Elle se suicidait

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Depuis quelque temps, nous parlons beaucoup de maladies mentales. Quand j’étais enfant, j’aurais tellement aimé que l’on m’explique, qu’on arrête de me cacher la vérité et de me dire que tout allait bien. Car non, tout n’allait pas bien. Maman se suicidait…

Je me souviens de l’avoir trouvée si pâle, la respiration si rapide, les lèvres si bleues, les yeux si vides. Je me souviens d’avoir crié : «Maman! Maman!» Je me souviens de l’avoir secouée si fort.


─ Ma maman est morte.
J’avais sept ans.
Mon petit frère de quatre ans pleurait.
─ Ma maman est morte et je ne sais pas quoi faire.
La voix rassurante dans le téléphone me disait de ne pas m’en faire, que les secours étaient en route.
Quand ils sont arrivés, ils l’ont branchée à plein de fils. Puis ils l’ont emmenée.
Maman est partie.

Je me souviens de ce soir-là, quand mon père est venu m’embrasser.
─ Qu’est-ce qu’elle a, maman?
─ Elle est juste un peu fatiguée, ce n’est rien du tout, ça va aller.
Il a refermé la porte de ma chambre.
J’avais envie de hurler.
Ça ne va pas du tout! Menteur! Menteur! Maman veut mourir! Et ce n’est pas la première fois! Menteur!

Je me suis promis, ce soir-là, de ne plus jamais croire les grands. Jamais. Et je me suis promis de ne jamais mentir à mes enfants.
Car un enfant imagine le pire… Dans ma tête à moi, ma maman ne voulait plus vivre à cause de moi.

─ Je ne suis pas assez gentille. Je pense que je ne l’intéresse pas. Je ne suis pas assez bien pour que maman ait envie de vivre. Elle n’aime pas la vie avec moi.

Je me sentais abandonnée. Sans savoir poser des mots sur ces sentiments-là. J’ai grandi tout croche à cause de ces non-dits.
L’angoisse d’abandon ne m’a plus jamais quittée.

Ma maman souffrait d’une sévère dépression. Un sujet tabou. Alors. On n’en parlait pas. Alors, enfant, j’ai avancé avec ce vide. J’ai toujours pensé qu’elle pleurait par ma faute. J’ai longtemps eu une image de moi catastrophique.

La maladie mentale est terriblement difficile pour les proches (je sais combien mon papa s’est inquiété si souvent). Elle est dévastatrice pour les enfants.

J’ai eu longtemps très peu de compassion pour les gens qui tentaient de mettre fin à leur jour. Je les trouvais égoïstes. J’en ai longtemps voulu à ma maman.

Si quelqu’un, juste une personne, s’était assis à côté de moi et m’avait expliqué. Si on avait pris le temps de m’en parler, de parler… J’aurai eu de la peine, mais j’aurais compris. Que son mal-être était si grand et que je n’en étais aucunement responsable…

Parlez à vos enfants. Expliquez-leur. Pleurez avec eux s’il le faut. Mettez les vrais mots sur les maux. Soyez honnêtes. Ils en seront plus forts et plus sereins.

 

Eva Staire

Pour toi ma fille

Chère fille,

Les vacances de N

Chère fille,

Les vacances de Noël viennent tout juste de se terminer. Elles t’ont fait un grand bien comme à tous tes amis à l’école, j’en suis certaine. Avant Noël, tu étais vidée, cernée, bref pour être franche, j’avais de la difficulté à te reconnaître.  Puis, la magie des vacances a opéré. Même si j’ai travaillé, j’ai quand même passé du bon temps avec toi et j’ai pu constater à quel point tu étais en train de devenir une jolie jeune fille.

Maman est très fière de toi. Nous avons pu passer du temps à dessiner des mandalas, jouer au Monopoly, faire des jeux de mémoires, se coller, se dire qu’on s’aime. Tu as aussi démontré une grande générosité. Le 24 décembre, avant d’aller chez tes grands-parents pour fêter Noël, tu leur as préparé à chacun un petit cadeau dans lequel on trouvait ta photo d’école, des mots doux de ta part (car tu sais lire et écrire !) ainsi que des sous. Je te confirme, ta maman n’avait pas ce réflexe à ton âge. Aussi, ton plaisir lors de la distribution des cadeaux, ce n’était pas d’être la première pour déballer, non! Ce que tu voulais, c’était être la fée des étoiles et donner les cadeaux.

D’ailleurs, concernant la magie de Noël, je crois que ta tête a compris cette année que le Père-Noël n’existe pas, mais ton cœur lui, non. Garde cette magie, ma fille. Elle te sera un plus dans le monde dans lequel nous vivons.

Aussi, cette année, tu as eu la chance de passer des journées seule avec ton père pendant que maman travaillait et également seule avec moi, ton parrain, tes grands-parents. Après chacune de ces journées, je pouvais sentir ce qu’elles t’avaient apporté. Ton cœur était en paix et tu avais su apprécier chacun de ces moments. Dans le monde où nous évoluons, la gratitude aide à se centrer sur l’essentiel et toi, d’instinct, tu l’as.

Un autre beau  moment que nous avons vécu ensemble, ce sont tes débuts en patin. Je dois dire que pour moi, c’est sûrement le meilleur moment que j’ai passé avec toi. Tu l’as pigé assez vite, tu n’as pas pleuré et je ne t’ai pas entendue chialer sur les bleus que tu t’es faits. Parce que tu es un enfant équilibré et que les sports que tu as pratiqués avant t’ont fait développer des aptitudes importantes, tu as su toutes les mettre ensemble et en l’espace d’un après-midi, c’était fait. Maman avait sa fierté accotée au ciel en te voyant.

C’est ce que je voulais te dire ma fille: je suis fière de qui tu es. Oui, je pourrais vivre dans la nostalgie de lorsque tu étais plus jeune et que tu avais besoin de nous pour tout, mais je dois te laisser déployer tes ailes et être tout près pour t’aider à grandir dans ce monde pas toujours facile.

Ma chérie, sois fière de qui tu es et j’ai bien hâte au prochain moment d’arrêt pour constater toute ta richesse et ton évolution.

Avec tendresse,

Maman