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Une excursion dans une classe du primaire

Depuis quelques semaines, on parle beaucoup d’éducation dans les

Depuis quelques semaines, on parle beaucoup d’éducation dans les médias. Des coupes par-ci, des investissements par-là, des cris du cœur. Des spécialistes partagent leurs points de vue, leurs émotions, leurs dénonciations. Mais surtout, des non-spécialistes critiquent beaucoup les milieux, les enseignants, les élèves. Ce n’est pas facile avec tout ce brouhaha de comprendre ce qui se passe.

Je suis enseignante au primaire. C’est ma première année, j’ai eu mon premier contrat. Et j’écoute ce qui se passe. Et ça me fâche. Vraiment. Je ne pense pas être la mieux placée pour dire ce qui doit être fait dans nos écoles québécoises. Je peux toutefois vous partager ce que je connais. Du genre nos difficultés. Je ne vous parlerai pas de salaire. Je ne vous parlerai pas du temps supplémentaire fait par tous les enseignants. Je ne vous parlerai pas de nos « vacances ». Je vous parlerai simplement de ce qui se passe dans les classes. De 8 h 30 à 15 h 30.

La cloche sonne. Je prends mes présences. Il me manque un élève. Je le note absent. La secrétaire m’appelle deux minutes plus tard.

– Oui, Stéphanie ? Ton élève n’est pas absent. Il était en crise dans la cour d’école. La technicienne en éducation spécialisée l’a pris en charge.

Bon, beau début de journée. L’élève revient quinze minutes plus tard. On le sent fragile.

En groupe, on corrige le devoir que les élèves avaient à faire. La moitié de la classe l’a fait. C’était un travail important. Donc on ne le corrige pas. Les élèves qui ne l’ont pas fait viendront en récupération pour le faire.

À la deuxième période, l’orthopédagogue vient me voir. Elle m’annonce qu’elle ne pourra plus prendre trois élèves avec elle, car du temps d’orthopédagogie a été coupé et qu’ils doivent se concentrer sur les élèves en grandes difficultés. En plus, elle travaille aussi dans une autre école, alors elle doit maximiser son temps.

Au retour de la récréation, l’élève en crise du matin revient de nouveau en crise. Il frappe un élève. J’appelle la T. E.S. Aucune réponse. Je vois une chaise qui se fait lancer dans la classe. Un élève pleure. Je ne sais pas quoi faire. J’empêche les élèves d’entrer dans la classe pour leur sécurité. Ma collègue d’en face me propose d’aller trouver la T.E.S. dans l’école. Elle arrive cinq minutes plus tard avec la directrice. Cette dernière amène l’élève à son bureau.

C’est le temps de la période de bibliothèque. Cinq élèves me montrent que le livre qu’ils ont choisi est brisé. Je les mets de côté en voyant leur visage triste de ne pas pouvoir le lire. On a assez de livres, semble-t-il.

La récupération du midi. Je laisse les élèves travailler sous ma supervision. Je constate que plusieurs n’ont absolument rien compris de ce qu’ils devaient faire. Même si le travail a été expliqué pendant vingt minutes la veille et que j’ai demandé aux élèves de me dire s’ils ne comprenaient pas. Je leur enseigne de nouveau la matière. Moi qui pensais avoir un dîner tranquille.

Au retour du dîner, c’est l’évaluation d’écriture. Pendant que les élèves sont en détente, je prépare tout. J’allume les cinq ordinateurs pour mes élèves dyslexiques et dysphasiques afin qu’ils puissent utiliser le logiciel nécessaire. Je sépare les documents de travail. Je n’ai que quinze élèves qui feront la tâche en entier. Deux auront droit à du temps supplémentaire, une mesure d’adaptation choisie en plan d’intervention. Les trois autres voient leur tâche réduite. Au lieu de 150 mots, c’est 75 mots. Ils sont évalués dans un niveau inférieur dans le bulletin. C’est une modification choisie pour le plan d’intervention aussi. Je devrai aussi corriger différemment. Par exemple, si dans leur niveau, ils n’apprennent pas le verbe avoir au passé composé, je ne peux pas leur mettre une erreur. Je dois bien connaître ma progression des apprentissages pour évaluer convenablement.

À la dernière période, ce sont les ateliers. Chaque élève a un atelier à faire chaque jour. Quatre élèves en français, quatre élèves en mathématiques, quatre élèves en univers social. Avec les quatre autres, je fais du soutien personnalisé. On revient avec ce qui été vu précédemment, on fait des entrevues de lecture, des tests. Pendant ce temps, j’ai des dizaines d’élèves qui lèvent la main pour se faire corriger, pour une question ou simplement pour me dire qu’ils m’aiment ou me trouvent belle.

« Simplement pour me dire qu’ils m’aiment ou me trouvent belle. » Pas simplement. Plutôt heureusement. Parce que c’est ça ma paie. Malgré cette journée difficile (qui est isolée, il faut se le dire, ce n’est pas comme ça TOUS LES JOURS), je trouve quand même la force de leur sourire, de leur dire qu’ils sont bons, qu’ils sont capables, qu’ils sont des champions. Parce que ce n’est pas facile pour eux non plus tout cela. Malgré tout, je ne me verrais pas faire un autre métier. Je débute dans la profession, je n’ai pas vécu le plus difficile encore. Toutefois, je les aime d’un amour infini mes élèves, même s’ils me créent parfois de grands questionnements. Ma devise en enseignement : Un élève à la fois.

On constate à travers mon texte qu’il manque d’aide et de soutien dans les classes pour des raisons totalement hors de mon contrôle. Donc avant de critiquer les enseignants et leurs élèves, je vous invite à passer une journée dans une classe, primaire ou secondaire. Vous verrez que ce n’est vraiment pas ce que le gouvernement a comme vision d’une classe.

Stéphanie Parent

L’enseignante démissionnaire

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Dans une autre vie, j’ai été prof. J’enseignais les littératures à l’université, dans une autre province. Je parle au passé. Parce que j’ai démissionné.

J’ai toujours voulu enseigner. Une vraie vocation. Je portais encore des lulus et un une-pièce jaune poussin, et je déclarais déjà : « Moi plus tard, je vais être professeure. » Dans ma chambre au deuxième étage, j’installais devant moi mes toutous poilus, mes poupées avec les yeux qui ferment quand on les couche. Je me plaçais près d’un tableau imaginaire et j’enseignais. Je transmettais mes connaissances : 2 + 2 = 4. 4 + 4 = 8. Les verbes avec « tu » finissent par un « s ». Sauf les exceptions : tu veux, tu peux… Même quand mes frères aînés apprenaient leurs leçons, je répondais à leur place.

Au primaire, j’aidais mes enseignantes à corriger les devoirs à la fin de la journée d’école. Je n’étais pas seulement responsable de mettre les autocollants : c’est moi qui corrigeais les évaluations, qui détenais le pouvoir du stylo rouge. J’étais payée en Minces aux légumes et en tête-à-tête avec ma prof, mon idole.

Au secondaire, j’étais l’élève rebelle qui se faisait envoyer chez le directeur, mais je participais aux dictées régionales et au journal étudiant. Dans mes temps libres, j’apprenais les bases des techniques d’instruction et de l’art oratoire dans les cadets de l’aviation. À seize ans, j’enseignais tous les vendredis soirs à des jeunes en uniforme et je tripais. Le thrill d’un comédien sur une scène. Moi qui étais si rougissante pendant les présentations orales, si tremblante quand c’était le temps de donner mon opinion dans un groupe… j’enseignais et je me sentais à ma place.

Au cégep et pendant mon baccalauréat, répondre aux questions des profs était une torture. J’ai réussi à vaincre mon trac pendant les présentations orales en m’autorisant à m’asseoir pour sentir mes racines plus solides. Je cachais mes jambes en guenilles et mes mains en processus de liquéfaction derrière le bureau. Je me suis rendu compte que plus je savais de quoi je parlais, moins j’étais stressée. Alors je suis allée chercher le maximum de connaissances et de compétences.

Puis j’ai plongé à hémisphères cérébraux joints dans la maîtrise et le doctorat. Donner des conférences, présenter mes recherches, assumer mes idées est devenu un passage obligé. Pas de prises de paroles, pas de bourses. Et un jour, une professeure de littérature a jugé ma conférence assez pertinente pour la publier dans un collectif. Tout un élan de fierté, de « t’es belle, t’es fine, t’es capable! » J’ai continué à parler en public, à y prendre goût.

Je m’imaginais enseigner au cégep. Mais c’est l’Université de l’Alberta qui est arrivée sur mon chemin. Il y a pire dans la vie. Mais peut-être que j’aurais dû m’écouter.

Ne vous méprenez pas, j’ai adoré enseigner les littératures et la langue française. La relation prof-étudiant me passionnait, j’aurais tout donné pour ces humains assoiffés de connaissances et de culture. Et j’en ai donné, des heures, des nuits, des fins de semaine. Pour préparer mes cours, pour corriger des essais et noter des examens, pour commenter des textes, pour dénicher LA façon d’expliquer l’accord du participe passé ou l’impact de la colonisation sur les littératures africaines.

Mais justement, ce temps, cette énergie, j’aurais voulu, en même temps, les consacrer à mes enfants. Ils étaient si jeunes, si exigeants, si curieux de tout… et moi, je devais si souvent m’enfermer dans mon bureau pour pouvoir remettre les travaux corrigés à temps. J’ai tenté de mettre des limites permises par l’expérience (travailler un seul soir et une seule journée de fin de semaine par semaine). J’ai tenté d’élaborer des stratégies pour rendre mon travail plus efficace, pour le garder valorisant, pour me garder à jour sans y perdre ma santé. Mais je trouvais tout de même que la valeur que je voulais donner à ma famille n’y trouvait pas sa place.

J’ai fini par démissionner de mon poste après plus de cinq ans au même endroit. J’étais enceinte de mon quatrième enfant, mon conjoint était transféré vers Ottawa, j’étais épuisée de ce rythme de vie dans lequel l’humain et la vie personnelle ont peu d’espace pour respirer. J’ai fait le choix de me lancer dans le vide du chômage, en me disant qu’avec tout le bagage d’enseignement, de communication, de connaissances, de qualités humaines, d’organisation que j’avais, je trouverais quelque chose le temps venu.

Ce moment est arrivé quand mon bébé avait neuf mois. Je ne travaille plus dans l’enseignement, mais j’utilise chaque jour ce que j’ai appris pendant mes années de formation et de profession. Vais-je, un jour, redevenir enseignante? Peut-être, quand les circonstances familiales seront différentes. Mais pour l’instant, j’enseigne la vie à mes enfants et ça aussi, c’est l’un des plus beaux métiers du monde.

 

 

Nathalie Courcy

 

Dix trucs que tu dois connaître sur le prof de ton enfant

En tant que prof et parent, je sais que parfois on aimerait savoir 

En tant que prof et parent, je sais que parfois on aimerait savoir comment ça se passe en classe et ce que pense la personne qui enseigne à notre enfant dix mois par année.

 

Voici dix trucs que tu dois connaître sur le prof de ton enfant

 

1- L’enseignant de ton enfant est systématiquement attiré par les autocollants et autres gugusses cute qui pourraient égayer sa classe et rendre le milieu d’apprentissage plus stimulant.

2- Même s’il est à l’aube de la retraite, il renouvelle sa pédagogie, se lance dans de nouveaux projets en se disant que certains élèves apprendraient davantage (comme si 30 ans d’expérience ne suffisaient pas…).

3- Quand la cloche sonne et que ton enfant quitte pour la maison, il ne quitte pas la tête de son prof; son prof se questionne, prend des notes, consulte ses collègues… Il imagine une leçon plus amusante, crée du nouveau matériel (un prof, ça aime ça PLASTIFIER!!!).

4- Le prof de ton enfant cache des jujubes dans son tiroir…

5- Il arrive que le prof de ton enfant lui offre des jujubes.

     Pour un service rendu, un geste gentil 😉

6- Son prof a des papillons quand il constate que les efforts fournis donnent finalement de beaux résultats. Il a des étincelles dans les yeux!

7- Quand il t’écrit ou t’appelle, c’est toujours en marchant sur des oeufs, avec délicatesse. Son prof est conscient que ton enfant, c’est ton trésor le plus précieux. Son prof te veut complice, il veut le meilleur pour ton petit.

8- Sa collation, il peut arriver qu’il la partage ou même qu’il l’offre à un ami de ton enfant. Ça arrive, parfois.

9- Le prof de ton enfant a des papillons lorsqu’il reçoit des nouvelles de lui, quelques années plus tard, ou mieux encore, sa visite!

10- En juin, il peut arriver que ce prof, cet être doté d’une capacité d’amour exponentielle (pour aimer tant de petits humains, ça prend un don, je suppose!), ait le ♥ cÅ“ur gros ♥ et même, qu’il verse une larme.

 

 

Merci, chers enseignants !!

En ce merveilleux et coloré jour d’automne, nous fêtons aujourdâ

En ce merveilleux et coloré jour d’automne, nous fêtons aujourd’hui la journée mondiale des enseignants et des enseignantes. L’opportunité de remercier tout le corps professoral qui nous entoure nous est donnée. Nous ne laisserons pas passer notre chance de faire le point sur cette merveilleuse profession.

Peu importe de quel milieu vous venez. Peu importe de quel endroit vous venez. Peu importe votre âge. Peu importe votre métier. S’il y a une chose de certaine, c’est que vous avez eu la chance de côtoyer plusieurs enseignants dans votre vie. Plusieurs ont dû vous marquer.

Étonnamment, pendant leurs études, les étudiants ont un don particulier pour se plaindre des travaux, des règles, et surtout, des enseignants. Pour une raison qui m’échappe, les étudiants ne sautent jamais de joie devant une interdiction de manger en classe, ou l’annonce d’un examen…

MAIS. Mais une fois sortis de l’école… Ces mêmes étudiants ont vieilli, évolué, maturé. Et ils remarquent que les souvenirs qui restent sont ceux des enseignants dévoués.

Le dévouement. La passion. Le dynamisme. La volonté de partager ses connaissances. L’amour de la profession. Tant de qualités dont nos enseignants savent faire preuve. Tant de qualités qui font d’eux des personnes ressources, des modèles de vie, des gens qu’on n’oublie pas.

Aujourd’hui, nous avons la chance de saluer le travail remarquable qu’ils accomplissent tous les jours pour nous. Car n’oubliez pas que les enseignants œuvrent à tout âge et dans tous les milieux ! Ils enseignent à nos tout-petits, à nos enfants, à nos adolescents, à nos adultes, à nos immigrants, à nos aînés… Peu importe l’apprenant, l’enseignant est là, prêt à lui transmettre ses connaissances.

Nos enseignants transmettent évidemment leur savoir et leur savoir-faire… Lire, écrire, compter, calculer, composer, jouer, etc. Mais en plus, les meilleurs d’entre eux inculquent le savoir-être. Et ça, ça n’a pas de prix ! Grâce à eux, la politesse, l’empathie, le don de soi, la compassion et le respect font encore partie de notre société. Ils en sont les premiers exemples.

Souvenons-nous des enseignants marquants de nos vies. Madame Auger, qui se déguisait en moine pour nous raconter l’histoire. Monsieur Pierre, qui dessinait des ciseaux pour diviser les centaines. Madame Leclerc, qui nous laissait nous exprimer et nous défouler dans les arts. Madame Malenfant, qui nous chantait des comptines. Madame Fournier, qui nous a tous fait pleurer en lisant une simple histoire. Monsieur Lemieux, qui prenait des pauses de mathématiques pour nous laisser débattre sur l’actualité.

Les meilleurs enseignants resteront gravés dans la mémoire de chacun de leurs élèves, comme dans la mémoire collective. Et les plus doués d’entre eux savent toucher l’Enfant. Vous savez… l’Enfant qui a besoin qu’on l’écoute, qu’on l’entende, qu’on l’aime… Et un seul adulte peut changer toute une vie quand il enseigne avec dévotion.

Merci. Merci à vous, chers enseignants de tous les niveaux. Merci d’apprendre à nos citoyens à vivre en société, à socialiser et à prendre soin les uns des autres. Merci de leur transmettre votre passion pour l’Apprentissage, avec un grand A. Merci de leur donner envie d’en connaître toujours plus, de se dépasser, de se surpasser. Merci de les pousser toujours plus loin, parce que vous savez qu’ils en sont capables. Merci.

Merci de la part de tous ceux qui ont foulé vos planchers de classe. Merci de la part de ceux qui y sont encore. Merci de la part de tous ceux qui suivront. C’est grâce à vous tous que nous avons des ingénieurs, des médecins, des psychologues, des comptables, des directeurs, et surtout, des enseignants.