Lorsque j’étais petite, j’ai été victime d’un accident impl
Lorsque j’étais petite, j’ai été victime d’un accident impliquant un homme, quelques bouteilles et une voiture. S’en sont suivies de bonnes blessures, dont je vous épargnerai les détails scabreux.
Chez moi, mes parents ne conduisaient pas. Du coup, durant mon enfance, je n’ai pas pris place bien souvent dans une voiture. Rendue adulte, j’ai voyagé parfois comme passagère. Mais je dois vous l’avouer, j’étais morte de trouille à chaque fois! Pire, le traumatisme le plus profond de mon accident aura été une peur panique, quasi viscérale, de conduire à mon tour.
En 2003, j’ai pris mon courage à deux mains, je suis allée faire mon examen théorique et je l’ai réussi du premier coup.
Oui, je suis suffisamment vieille pour avoir eu la « chance » de ne pas devoir suivre de cours « obligatoires » comme c’est le cas aujourd’hui…
Par la suite, chaque année, je renouvelais mon permis « d’apprenti ». Je devais prendre mon temps, j’avais peur. Cela aura duré treize ans!
Treize années où j’ai été incapable de conduire. Je savais le faire, mais mon corps entier se braquait. J’avais soudainement le Nil qui coulait dans mon dos! Les dents me grinçaient et le cou me barrait! J’avais tellement peur! Les jointures blanchies à serrer le volant si fort. J’étais incapable de détacher ne serait-ce que mon petit doigt pour mettre mon clignotant! Mon corps entier me disait qu’il était terrifié et tétanisé!
Durant ces treize années, je suis devenue mère, trois fois. Comblée. Mon époux étant sur la route, être piétonne n’était pas toujours aisé. Alors, j’essayais de passer par-dessus mon traumatisme, sans succès.
Un jour, mon fils ainé m’a demandé pourquoi je ne conduisais pas. Je lui ai raconté. Il m’a écouté, empathique, comme il sait si bien l’être. Il m’a même fait un gros câlin! Puis, me regardant droit dans les yeux, il me lança :
– Maman, tu as peur. Mais tu nous dis toujours qu’on doit passer par-dessus nos peurs! Pourquoi tu ne le fais pas ?
…
Dans ses yeux bleus, l’interrogation était complète et il avait bien raison! Alors, je lui ai répondu tout bonnement :
– Tu as raison mon chaton, on peut toujours combattre nos peurs, alors je vais conduire! Ça va me prendre du temps, mais je vais le faire! Je te le promets!
À partir de là, je me suis forcée à conduire. Chaque fois que je prenais le volant, mon époux à mes côtés, les enfants restaient calmes. Puis, de temps en temps, une des trois petites voix chuchotait: « Bravo maman té bonne! »
À quelques reprises, en arrivant à destination, je suis sortie de la voiture, en laissant mon homme s’occuper des enfants, me sauvant toute tremblante. Je me sauvais pour pleurer. J’avais si peur! Chaque fois, je revenais et mes trois amours m’entouraient de leurs beaux mots. Les mêmes mots que je leur répétais depuis leur naissance: « Bravo, je suis fière de toi, continue! N’abandonne pas! »
Le 25 juillet dernier, je l’ai fait! Après treize ans et bien des pleurs, JE L’AI FAIT ! Mes enfants m’ont aidée, plus que quiconque, à passer cette peur. Aujourd’hui, je conduis, encore nerveuse, mais en contrôle.
Ce matin, mes deux ainés étaient à l’école. Nous étions, mon plus jeune et moi, en route pour faire quelques achats. Tout en conduisant, j’ai appuyé sur le bouton de la radio. Cela n’a l’air de rien, mais je n’ai jamais réussi à conduire avec la radio ouverte! Une seconde plus tard, mon petit homme de quatre ans me lance tout bonnement :
– Hey maman, tu as ton permis de radio ?!?
– Bha oui chéri d’amour, maman continue sa route.
Je n’arrive pas encore à sortir de ma ville, mais ça viendra… Promis !