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Un homme de dos tenant une bouteille donne une fleur à une femme triste

À toi – Texte : Eva Staire

Quand on s’est rencontrés, je me suis ouverte à toi. Je t’ai r

Quand on s’est rencontrés, je me suis ouverte à toi. Je t’ai raconté mes dernières fréquentations qui soit me cachaient qu’ils étaient mariés et avaient des enfants, soit qu’ils menaient une double vie, soit qu’ils étaient des drogués explosifs. Je t’ai dit que désormais, je souhaitais trouver une personne honnête et équilibrée pour marcher à mes côtés pendant que je me reconstruisais. 

Tu m’as parlé de ton passé. De tes années à enchaîner les filles une derrière l’autre, soir après soir, pour te venger d’une ex-femme qui t’avait trompé. De tes soirées à boire dans un bar et à ramener n’importe quelle fille que tu jugeais « potable ». 

Mais tu m’as aussi raconté tes années de thérapies. Tes mois à réfléchir et à travailler sur toi pour devenir une meilleure personne et te déprogrammer de cet homme que tu étais devenu. Tu étais alors prêt à t’engager avec moi. Pour une relation saine, honnête, douce et belle. Et c’était le cas. 

Ta petite manie de boire un peu trop souvent et même à t’ouvrir une bière à 9 h le matin me titillait un peu. Mais selon toi, c’était ton petit péché mignon. Comme moi, mon verre de vin après le travail. 

Tu disais que j’étais spéciale. Qu’enfin, tu avais trouvé une femme qui t’enlevait le goût de retourner sur les sites de rencontre. Que tu étais enfin heureux et bien avec une seule femme. J’avais été trompée deux fois dans l’année précédente. Mon cœur brisé commençait enfin à ressentir un peu de bonheur. Quand j’étais avec toi. Toi avec mes enfants, moi avec tes enfants, nos enfants ensemble, moi avec tes parents, toi avec ma famille. C’était beau, c’était doux, c’était vrai. J’avais retrouvé l’amour. Et je te faisais confiance. 

Même si plusieurs me disaient de rester sur mes gardes. Même si ta famille ne se gênait pas pour parler de tes nombreuses conquêtes devant moi. Tu m’avais dit avoir terminé ta thérapie avec succès et ne plus avoir envie de vivre cette vie-là. Et je te croyais.

Tu m’as détruite. Je n’ai même pas été capable d’avoir de peine. J’avais juste pitié de toi. Quand cette fille t’a écrit un message pendant qu’un film jouait sur ton téléphone et que tu t’étais endormi, j’ai juste souri. Encore plus lorsque j’ai réalisé qu’il n’y en avait pas une, mais plusieurs qui passaient par ton lit quand nous n’étions pas ensemble. Je me suis juste dit : « encore une fois »…

Mais tu vois, cette fois, je n’ai pas commencé à me flageller. Je ne me suis pas détruite en cherchant ce que j’avais fait pour te pousser à jouer avec moi. Parce que je savais que je n’avais rien fait. Je te faisais confiance, je t’aimais et nous étions bien quand nous nous voyions. 

La femme de ta vie, comme tu m’appelais, venait de réaliser que le problème, c’était toi. Et j’avais pitié de toi. J’avais pitié de ta fille qui pensait que c’était normal de voir des filles différentes chez papa. Ou que son papa parlait régulièrement avec d’autres filles en cachette de sa blonde. J’ai pitié pour elle parce qu’elle va grandir avec cette image de la femme et elle fera partie de ces femmes jouets plus tard. L’image d’elle-même est en train de se solidifier avec ce que tu lui montres. Elle entre dans l’adolescence avec l’image d’un homme qui s’amuse avec les femmes et les jette aux poubelles le lendemain.

Fais-toi soigner. Pour ta fille. Pour la petite fille qu’elle est. Pour la femme qu’elle deviendra. Pour les hommes qui joueront avec son cœur et son corps. Fais-le pour elle.

De mon côté, je vais bien aller. Parce que je sais que je ne suis pas le problème. Et que de toute façon… entre une douzaine de bières le soir ou une douzaine de filles dans ton lit, je n’avais clairement pas ma place. 

Je te souhaite sincèrement de guérir. Parce qu’une femme n’est pas un jouet. Et parce que mis à part tout ça, t’es un homme vraiment bien.

Eva Staire

Survivre à ta rupture – Texte : Arianne Bouchard

Ça y’est. C’est fini. Vous vous êtes quittés. Deux âmes entrelacées à jamais séparées. S

Ça y’est. C’est fini. Vous vous êtes quittés. Deux âmes entrelacées à jamais séparées. Sentiments dévastateurs, comportements destructeurs, pourquoi était-il l’élu de ton cœur ? Tu te poses probablement des tonnes de questions. Tu es probablement en train de faire une crise existentielle à remettre en question tous tes choix de vie.

Il y a plus de sept milliards de personnes sur cette terre, et pourtant, tu es tombée amoureuse de lui. Tu lui as ouvert ton cœur, tu lui as montré tes faiblesses, et lui, qu’est-ce qu’il a fait ? Il s’est joué de toi ! Ma belle, j’aimerais te dire que ton chagrin s’estompera aussi rapidement qu’il est parti, mais ce serait te mentir. Tu vas avoir besoin de temps, et le temps lui-même va avoir besoin que tu lui donnes un peu de laisse. Tu seras peut-être tentée de noyer tes chagrins à coup de bouteilles de vin, mais sache que ça ne sert à rien, les vrais chagrins savent nager. Oublie ton ex. Comme il y a un « X » dans le mot ex, justement, fais une croix dessus ! Tu ne peux pas te contenter de ramasser les morceaux de votre relation et tout réparer cette fois-ci, car comme on se blesse à ramasser les bouts de verres cassés, tu vas te blesser à réparer ce qui ne peut pas l’être.

Tu vas recommencer à vivre. Tu vas recommencer à sourire et puis un jour, sans crier gare, tu vas même retomber amoureuse. C’est beau l’amour, cette sensation que le temps s’arrête, le souffle coupé et les papillons qui te terrassent le ventre tellement tu es toute chose quand il est là. Tu vas connaître cela à nouveau, je te le promets. Tu vas trouver cet homme merveilleux qui va ruiner ton rouge à lèvres plutôt que ton mascara. Celui qui ajoutera de la vie aux années et peut-être même qu’il te donnera l’impression d’ajouter des années à la vie, par votre amour profond et éternel.

Je sais que ta souffrance est immense. N’y a-t-il pas plus grand chagrin que de savoir que celui qui fait couler tes larmes est le seul à pouvoir les sécher ? Je voudrais tellement trouver les mots pour te réconforter. Je voudrais tellement trouver les mots pour amoindrir ta douleur et la remplacer par une brise d’infinie douceur. Sèche tes larmes, ma belle, car à trop pleurer pour avoir perdu ton soleil, tes larmes t’empêcheront de voir les étoiles. Et même si parmi ces étoiles, tu ne trouves pas la tienne, n’oublie jamais que c’est peut-être finalement la lune qui t’est destinée.

Tu vas y arriver. Tu vas passer au travers. Tu es une fille forte et incroyablement résiliente. Tu dois faire face à la vie, comme elle vient, au jour le jour.

Inspirer. Expirer. Résister. Ne pas pleurer. Voilà ton nouveau mantra.

Ne gaspille pas tes larmes pour un homme qui n’en comprendra jamais la valeur. Protège ton cœur de son sourire charmeur et continue d’avancer. Ne fais pas de toi une prisonnière. Ne retourne pas dans ta cellule. Tu dois profiter de chaque instant de liberté et ne pas replonger dans cette relation qui t’a tant volé.

Je me dis que ça prendrait peut-être un videur pour ton cœur, pour ne pas laisser entrer n’importe qui. Ce n’est pas un buffet à volonté où chacun peut prendre ce dont il a besoin, à l’excès, et se casser après avoir fait le plein. L’amour, c’est beaucoup plus complexe que cela et c’est pourquoi certains se méprennent tant. Ce n’est pas donné à tout le monde d’en comprendre les subtilités, surtout que malheureusement, il n’y a pas de mode d’emploi pour cela. Et même s’il y en avait un, qui aurait réellement pris la peine de le lire ?

Je sais que tu te dis que peut-être que finalement vous n’auriez pas dû tomber amoureux. Vous auriez peut-être dû tout simplement vous aimer. Tout ce qui tombe se brise et l’amour n’en est certes pas l’exception. Peut-être que finalement, les fins heureuses n’existent que dans les contes qu’on raconte aux enfants. Avec l’amour, même s’il rime avec toujours, il suffit que l’un le délaisse pour qu’il rime avec tristesse. Tout chagrin d’amour commence par une belle histoire, où tu rencontres quelqu’un et tu te dis « il est différent » avec un dénouement cynique où tu te dis « il est comme tous les autres ».

Mais non. Arrête de faire ta drama queen, sèche tes larmes et lève la tête bien haute, car c’est maintenant que tu reprends le contrôle de ta vie.

Arianne Bouchard

 

Tu as le droit

Tu l’attends depuis que tu es toute petite. Tu as vu tous les film

Tu l’attends depuis que tu es toute petite. Tu as vu tous les films qui racontent l’histoire d’une princesse qui rencontre son prince charmant. Et, dans ta tête de petite fille, ça ne peut pas faire autrement que de se passer comme cela pour toi aussi. Toutes les princesses vivent ce conte de fées, alors pourquoi pas toi ? Vous savez, l’homme que tu rencontres par hasard, qui tombe amoureux fou de toi, qui demande à tes parents s’il peut te marier et avec lequel tu vas avoir trois beaux enfants. Jamais de dispute, jamais de mésentente, des enfants sages comme des images et des photos de famille parfaites. C’est ça que tu vois depuis que tu es toute petite. C’est ton idéal de vie, tu te bases sur cette fausse réalité pour construire tes rêves.

Et puis, tu grandis. Tu rencontres le premier homme avec qui tu commences une vie de couple. Tu te dis que c’est lui ton prince charmant. Il est censé être comme ceci et faire comme cela. Tu te rends vite compte que la vie à deux, ce n’est pas comme un conte de fées. Tu as des enfants et tu es toujours toute seule pour tout faire. Tu ne te sens pas soutenue, tu ne te sens pas aimée comme une princesse est censée l’être. Tu te sens seule.

L’amour que vous vous portiez au début est en train de disparaître tranquillement pas vite. La routine prend toute la place dans ton couple. Tu ne peux pas compter sur ton homme comme tu le voudrais. Qu’est‑ce que tu peux faire ? Personne ne t’avait avertie que ta relation de couple pourrait se dérouler comme cela. Alors vient la fameuse séparation. Et oui, tu seras une maman monoparentale. Une maman 2.0. Une super maman, une superwoman ! Dans quel film on la voit, cette maman‑là ?

Tu te mets sur le pilote automatique. Tu travailles, tu élèves tes enfants, tu fais le taxi pour les rendre heureux et tu t’oublies. Tu oublies qu’en plus d’être une maman et une professionnelle, tu es une femme. Une femme qui mérite d’être aimée à sa juste valeur et une femme qui a des besoins de femme ! Une femme qui rêve de vivre dans un conte de fées même si tu le sais que ça n’existe presque plus, ces histoires‑là ! Tu te mets à la chasse au prince charmant. Tu te rends bien compte que les princes se font rares au 21e siècle. Ils se sont plutôt transformés en rois de la jungle. Plus aucune règle n’existe entre les hommes et les femmes et le lion est devenu solitaire et macho.

Tu décides donc de te consacrer à ta vie de famille et tu te convaincs (hahaha) que tu es bien seule et que tu n’as besoin de personne dans ta vie pour te combler. Tu es capable de tout faire toute seule, même visser une tablette au mur tout en faisant une lasagne et une brassée de lavage. Tu te sens forte, tu te crois invincible. Tu combles tes besoins charnels ici et là et tout est bien comme cela. Mais, au fond de toi, tu le sais qu’il te manque quelque chose. Il te manque cette petite dose d’amour et d’affection qui fait battre ton cœur tellement fort que tu sens qu’il va exploser.

Et puis un jour, quand tu as accepté qui tu es et que tu as fait une croix sur ton passé, tu te sens prête à enlever cette carapace qui est si lourde sur tes épaules et à enfin ouvrir ton cœur. Et c’est à ce moment que tu le rencontres. Ton prince. Celui pour qui ton cœur bat si fort que les gens autour de toi l’entendent. Celui avec qui tu as envie de tout partager, celui que tu as envie de présenter à tes enfants, celui qui fait un avec toi.

Cette sensation que tu croyais morte est redevenue si intense que tu en as mal. Tu ne te reconnais plus. Tu as envie de partager tous tes moments avec lui, tu penses à lui sans arrêt, tu te surprends à faire déjà des projets à long terme. Mais qu’est‑ce qui se passe ? Est‑ce cela qu’on appelle l’amour, le vrai amour ? Celui où tu te sens acceptée comme tu es et celui où même les défauts de ton amoureux ne te dérangent pas. Tu te sens si bien ! C’est une émotion que tu avais si hâte de retrouver mais en même temps, elle te faisait si peur. Tu as si peur de t’abandonner, de te laisser aller, de t’ouvrir. Tu as peur qu’on te rejette encore, tu as peur de perdre le peu d’estime qu’il te reste. Tu as peur d’impliquer ta petite famille dans cette histoire dont tu ne connais pas la longévité.

Mais arrête de te bloquer comme ça. Avance, regarde en avant, écoute ton cœur. Qu’est‑ce qu’il te dit ton cœur quand tu le regardes ? Arrête d’écouter ta tête, tu l’as écoutée trop longtemps celle‑là. Quand c’est le bon, tu le sens dans tout ton corps. Ça te prend aux tripes. Ça t’en a pris du temps pour le trouver. Tu as été patiente. Mais il est là maintenant. Il est là pour prendre soin de toi et de ton petit cœur qui a été si souvent blessé. Accueille‑le, c’est le bon, c’est l’homme de ta vie. C’est ton loulou !

Karine Filiatrault

#MoiAussi: On est toute une gang

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On est toute une gang à avoir utilisé le mot-clic #MoiAussi ou #MeToo ces derniers jours. Malheureusement. On aurait tant aimé que ce mouvement ne soit pas nécessaire, que les cas d’agressions sexuelles, de harcèlement, de viols soient rarissimes, inexistants. On aurait aimé ne pas faire partie de celles et de ceux qui ont une ou des raisons de l’utiliser. On aurait aimé que nos sœurs, nos filles, nos femmes, nos mères, nos cousines, nos amies, nos voisines, n’aient rien vécu qui leur donne l’élan de reprendre ce mot-clic. Et pourtant.

Pourtant, on est toute une gang à avoir publié notre #MoiAussi. À avoir hésité. À s’être demandé si on oserait révéler une vérité que plusieurs autour de nous ne connaissaient pas. À avoir choisi de montrer notre mal à nu.

Certaines ont repris le mot-clic sans explications, sans justifications. Une façon de dire « J’en suis » tout en restant discrète, sans entrer dans les détails qu’on n’est pas prête à approfondir le sujet, à plonger dans un passé qu’on préférerait ne pas traîner derrière nous, dans notre chambre à coucher, au travail, dans nos relations familiales… Respect pour ces humains qui ont osé, tout en se respectant.

Certaines ont utilisé le mot-clic comme un tremplin pour faire (re)connaître leur histoire et la laideur de ceux qui les ont blessées. Une façon de dire « Voici la réalité », de détruire le tabou, de dire ce qui se passe vraiment quand une personne est agressée sexuellement. Le mot-clic «MoiAussi » prend quelques secondes à publier. Le mouvement durera un temps, quelques jours, quelques semaines. Il sera remplacé par une autre lutte, tout aussi pertinente. Mais les gestes, les crimes engrangés dans ce mot-clic restent présents dans la mémoire corporelle des victimes et dans leurs souvenirs conscients et inconscients. L’impact demeure, fait souffrir évolue. S’éternise, même s’il rend plus fort.

Derrière certains #MoiAussi, j’ai revu l’étincelle triste que j’avais perçue dans les yeux d’amies en les rencontrant. J’ai imaginé le cheminement parcouru pour devenir des citoyens exemplaires, des travailleurs efficaces, des conjoints équilibrés, des parents capables de transmettre à leurs enfants leur amour de la vie, des partenaires sexuels qui ont réussi à redonner un sens sain à des gestes qui auraient pu les anéantir. J’ai compris le lien intuitif que je sentais avec des personnes de mon entourage. On est toute une gang à partager un secret, devenu un peu moins secret ces derniers jours…

Espérons que la solidarité créée par le mouvement #MoiAussi persistera. Espérons que ces femmes, ces quelques hommes aussi, se reconnaîtront comme membres d’un groupe de soutien. Espérons qu’ils n’auront plus la honte au cœur et le mal de corps. Espérons qu’ils oseront se parler, se dire « Toi aussi, ça t’est arrivé ? Je suis là pour toi ».

Et espérons que la sensibilisation engendrée par ce mouvement virtuel empêchera des brutes de se servir d’une femme, d’un homme, d’un enfant, pour assouvir ses instincts sexuels sans sa permission. Je rêve en couleurs, je sais, mais je me donne quand même le droit de rêver. Parce que j’ai des filles, une mère, des cousines, des voisines… Parce que #MoiAussi.

 

Nathalie Courcy

 

#MeToo

Vous avez sûrement remarqué les nombreux #MeToo (#MoiAussi

Vous avez sûrement remarqué les nombreux #MeToo (#MoiAussi) qui inondent les réseaux sociaux actuellement… Il s’agit d’une campagne dénonciatrice pour toutes celles qui ont été victimes d’agression sexuelle, et une vague immense de solidarité de la part de tous ceux qui soutiennent les victimes.

Pourquoi écrire « moi aussi » ? Et bien parce que ces deux petits mots, mis ensemble, en révèlent déjà beaucoup… Je ne peux pas parler pour toutes les victimes, et je n’ose pas imaginer toutes les atrocités dont l’homme peut être capable… Si cela fait encore de lui un homme. Mais je peux raconter l’histoire d’une adolescente qui s’est tue pendant presque quinze ans.

Aujourd’hui, je suis forte, assumée et articulée. Je défends mes droits, je m’assume et je crie haut et fort ce en quoi je crois. Je pense que je fais jaillir cette force dans tout ce que je fais aujourd’hui, parce que je n’ai pas su être forte ce jour-là.

Cet homme… je n’aurais pas dû lui faire confiance. Je n’aurais pas dû le suivre. Je n’aurais pas dû l’écouter, et encore moins le croire. Je me suis répété pendant des années que JE n’aurais pas dû… Ironique, non ? Parce que oui, c’est peut-être cliché, mais c’est atrocement vrai à quel point on se sent coupable en tant que victime.

Une seule fois, j’ai tenté de raconter à ma mère ce qu’il m’avait fait, dans ce coin sombre d’un pays étranger. Elle a vite conclu que comme j’avais su m’enfuir, et qu’il n’avait pas « été jusqu’au bout », c’était à moi de me relever la tête haute, de sourire et d’oublier. C’est textuellement ce qu’elle m’a dit ce jour-là.

J’aurais aimé, maman, pouvoir mieux t’expliquer. J’aurais aimé savoir trouver les mots pour te montrer ce qu’il avait brisé en moi. Parce que du haut de mes quatorze ans, je n’ai pas trouvé les mots… JE n’avais pas su me protéger, et JE n’arrivais pas à me justifier…

J’ai encore le souvenir de ses mains immenses qui me tiennent les poignets. J’aurai toujours la sensation de ses doigts sur mon corps, quand il a détaché mon soutien-gorge et passé ses horribles mains partout sur moi. J’écris ces lignes et je sens encore sa langue sale et gluante forcer mes lèvres. J’ai fait des cauchemars, toutes les nuits, imaginant qu’il pouvait traverser l’océan et forcer ma chambre. Je l’ai vu, devant moi, chaque matin où j’ai ouvert les yeux en sursautant. J’ai senti son odeur immonde sur chaque homme qui m’approchait. Je me suis empêchée de manger parce que tout avait un goût d’amertume et de honte.

Je me suis aussi ouverte à plusieurs hommes ensuite, parce qu’en fait, je n’avais plus rien à perdre… ni dignité ni valeur.

Puis un jour, un homme est entré dans ma vie. Il a été doux, compréhensif et patient par-dessus tout… Les semaines, les mois et les années ont passé. Ça m’a pris trois ans avant de recommencer à manger normalement… Ça m’a pris trois ans avant de pouvoir regarder dehors et trouver qu’un paysage était beau, tout simplement. Ça m’a pris trois ans avant de sentir à nouveau l’odeur des fleurs, sans arrière-goût âcre ni amertume.

Maman, j’ai tenté de sourire, je te le promets. Mais je n’ai pas réussi à oublier. Je suis désolée, ça doit être de ma faute, ça aussi.

Aujourd’hui, j’ai aussi tapé un « #MeToo » sur un petit écran. Et ces deux petits mots que je vois défiler partout me font me sentir moins seule… Un jour, je pourrai marcher dehors, dans le noir, sans me sentir totalement affolée. Sans avoir l’impression que le monde entier peut faire ce qu’il veut de moi… Une autre partie de moi a encore peur. Peur de voir que si les partages et les #metoo sont si nombreux, c’est que cette société a encore beaucoup à apprendre.

Montrons à nos filles à dénoncer, à crier et à se battre. Apprenons à nos futurs hommes l’égalité, le respect et la dignité. Enseignons à cette société que le combat n’est pas fini.

Eva Staire

Depuis que chéri est en dépression…

Cela fait quelque temps que chéri ne va pas trop. Ses performances

Cela fait quelque temps que chéri ne va pas trop. Ses performances au travail n’en sont pas affectées, mais son attitude a changé. Il entre du travail, obsédé par tout ce qui ne va pas. La circulation, la température, les clients, les boss, les collègues. Tout est lourd. Il ne voit que ce qui ne va pas. Quand il en parle, il tente de nous convaincre que ce qui se passe n’a pas de sens. De cette façon, cela le conforte dans le fait qu’il a bien raison. Il ne dort plus ou plutôt ne se couche plus. Mais au petit matin, il n’arrive pas à se lever. Ce qui commence sa journée du mauvais pied. L’anxiété prend de plus en plus de place dans sa tête, comme une bête assoiffée de souffrance.

Petite visite de routine chez le médecin et tout s’effondre. Le médecin a vu clair. Il fait une dépression! Cela l’a happé comme un boulet de canon. Il est arrivé à la maison encore surpris d’en être rendu là. La honte, l’anxiété, le doute, la frustration, toutes ces émotions sont entremêlées. Mais la pire, c’est la peine. Ce désespoir qui émerge soudainement et qui surprend mon chéri, tout comme moi.

Les filles arrivent de l’école. On va devoir leur dire. Elles sont tellement surprises de le voir à la maison en après-midi. Pour elles, c’est presque la fête sauf que…

Sauf que leur père est une loque.

Son visage est déformé par toutes les larmes qui ont trouvé refuge sur ses joues. Il n’arrive pas à leur annoncer ce qui se passe. Alors en bonne mère germaine, je prends le lead et je leur dis : « Les filles, votre père va passer quelque temps à la maison. Il ne va pas bien. Son corps n’est pas malade, c’est son cœur et sa tête qui souffrent.  On va prendre soin de lui. Il doit prendre soin de lui. »

Il ne nous a demandé qu’une chose, de ne pas en parler. De ne pas dire qu’il faisait une dépression…

Je ne sais pas à quel point elles ont compris. Elles venaient d’entrer dans leurs vacances d’été et elles ne voyaient que du positif à avoir leur père à la maison. Oh! oui, c’était super, jusqu’à ce qu’elles se rendent compte que…

Leur père ne riait plus. Il dormait le jour et vivait une partie de la nuit. Qu’il ne faisait pas attention à elles. Qu’il ne mangeait plus et même parfois, il ne se lavait plus. Leur scénario d’avoir leur père meilleur partenaire de jeux à la maison n’était vraiment pas en train de se produire. Lui qui est un clown, toujours prêt à faire plaisir à ses filles, n’est plus qu’un ombre.

Moi, je galérais pour maintenir le cap : travailler, m’occuper de la maison, m’occuper de chéri, mais surtout, tout tenter pour que mes filles voient le moins possible la descente aux enfers de leur père. Je le voyais s’enfoncer profondément dans sa noirceur. Voir l’homme de sa vie disparaître, ça fait mal. Ne plus le reconnaître, sentir que de son côté, la connexion est coupée. J’avais mal pour lui. Je souhaitais tellement le retrouver.

Au fil des semaines, mes émotions se sont transformées. J’en avais assez. Assez de le voir avachi sur le sofa. Assez de tout me taper toute seule. Assez de tout porter sur mes épaules. Et à ce moment-là, je l’ai détesté. J’étais outrée qu’il se laisse tomber, qu’il NOUS laisse tomber. Que ni lui, ni nous, n’avions d’importance. Que je me retrouve seule à élever NOS filles. Que le gars que j’ai tendrement épousé soit devenu un corps sans lumière. J’étais exaspérée de tout faire pour ne pas me laisser aspirer vers le fond avec lui. En même temps, je m’en voulais de ressentir tout ça. J’étais épuisée.

De son côté, il fallait reconnaître qu’il mettait tous les outils pour atteindre une guérison. Il avait plusieurs techniques entre les mains, mais parfois souvent, il n’avait pas la force de les appliquer. Il remontait un jour, et puis pendant une semaine, il retournait dans son monde de souffrance.

Un jour, il en a eu assez. Assez de cette souffrance. Il a compris que la souffrance, c’est juste le temps qu’on accorde à notre douleur. La douleur, il en avait eu plus que sa dose. La victime a fait place au guerrier. Il a travaillé tellement fort pour se reconstruire! Pour bâtir l’homme qu’il a toujours désiré être. Il est parfois retombé un instant, mais juste assez pour rebondir et atteindre un nouveau niveau de guérison.

Le jour où chéri mari est retourné travailler, j’étais dans une confusion émotionnelle totale. J’étais heureuse de le voir retrouver une vie normale, soulagée même. Inquiète de sa journée. Enthousiaste pour l’homme qu’il devenait. Émue de ses accomplissements. Complètement apeurée de revoir une ombre revenir du travail aussi.

Chéri va bien. Il sait qu’il doit être attentif aux signes qui l’ont amené vers cette dépression. Il travaille encore sur lui. Il veille à conserver son niveau de bonheur. Il est aussi conscient qu’il n’est pas à l’abri d’une rechute. Il fait donc tout en son pouvoir pour ne pas que cela se produise. Il utilise sa boîte à outils pour aller toujours mieux…

Mon chéri mari va bien…

Martine Wilky

Les gars et le sexe (vus par une fille)

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De vrais scouts, vous êtes! Toujours prêts. Maître Yoda serait fier de vous, les hommes. Adolescents, les jeunes padawans que vous étiez s’exerçaient fréquemment (pour ne pas dire tout le temps… Hé! Oui, je le sais, j’ai un ado à la maison). En devenant jedi à l’âge adulte, vous avez maîtrisé l’art du sexe sur le bout de votre sabre laser.

 

Chérie, j’ai envie de faire l’amour. Ha! Oui? Quelle surprise! L’homme peut me dire cette phrase plus souvent qu’autrement. Il a envie de faire de l’amour lorsque nous faisons l’épicerie, lorsque nous mettons la vaisselle dans le lave-vaisselle, lorsque je me brosse les dents, lorsque je me mouche (il y a ici une petite note d’exagération). Il ne faut que très peu de choses pour attiser le désir de mon homme.

 

Et lorsque le désir est là, le brasier s’enflamme rapidement. Même si mon manque évident de collaboration est plus que flagrant. Même après un non assez convaincant, un non genre sans appel, une lueur d’espoir continue de briller dans les yeux mon homme.

 

C’est alors qu’il amorcera sa danse de séduction dans le but évident d’attiser mon désir. Il usera de tous les moyens possibles et inimaginables pour me convaincre que faire l’amour est ce que je désire le plus ardemment à ce moment précis.

 

Pour en avoir discuté pendant un souper de filles, les moyens utilisés pour allumer la flamme du désir chez la femme diffèrent d’un homme à l’autre. Les phrases telles que :

1.      Je dois être l’homme le moins sexe de la Terre pour que tu n’aies pas envie.

2.      C’est toi la chanceuse que je désire et pas une autre femme.

3.      Maintenant que l’on a des enfants, tu n’es plus aussi partante qu’avant.

4.      Tu sais, si on ne fait pas l’amour, c’est comme si on était juste des colocs.

5.      Tu ne sais pas ce que tu manques!

 

Si le chantage affectif n’atteint pas son but, il y aura quelques gestes posés comme le ménage et le lavage pour que nous, les femmes, soyons moins fatiguées. Laisser traîner des livres érotiques par hasard sur la table de chevet ou encore en acheter un et l’offrir en cadeau peut aussi faire partie des tactiques. Une petite danse de l’homme exhibant son appareil peut aussi, dans un dernier effort pour nous allumer, faire son apparition.

 

Dans le fond, je l’admire mon homme. Tout comme au début de notre couple, son désir est toujours aussi présent. Moi, en devenant maman, je crois que trop souvent, j’oublie mon couple. Cependant, ne confondez pas amour et désir. J’aime mon homme un peu plus chaque jour. C’est l’homme de ma vie, mon ami, mon confident, mon partenaire et mon amant. Peut-être pas aussi souvent qu’il le voudrait, mais c’est lui le seul et l’unique.

 

Mélanie Paradis