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Ma fille devient une femme, que je le veuille ou non

- Mom, qu’est-ce que ça te fait de me voir vieillir ?

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– Mom, qu’est-ce que ça te fait de me voir vieillir ?

Voilà une question que ma fille m’a posée cette semaine. Ouch, le cœur de mère vient de prendre une débarque ! Ma mini a un chum. Un vrai. Elle m’a même annoncé que pour la première fois de sa vie, elle était à l’aise et elle l’a embrassé. Re-ouch, mon cœur veut pleurer !

Qu’est-ce que ça me fait de la voir grandir ? J’ai une immense fierté de la voir aller, mais j’ai aussi l’impression de la perdre. Je perds mon bébé un peu plus chaque jour. On m’avait dit que ça passerait vite, mais je n’avais jamais réalisé que ce serait si vite. Ça me fait réaliser qu’un jour, elle n’aura plus besoin de moi. Un jour, je serai « seulement » sa mère. Un jour, elle me trouvera dépassée, comme les autres. Un jour, elle me trouvera « trop vieille pour comprendre ». Et ça, ça me fait peur…

Ma petite fille devient une femme, que je le veuille ou non.

Je veux que tu saches, ma fille, que maintenant, tu es autonome. Tu prends tes décisions, tu les assumes et tu m’en parles quand ça te fait du bien. Sache que ma porte sera toujours ouverte, si tu as besoin de conseils ou simplement si tu as besoin de te confier. En attendant, je te laisse voler, voler de tes propres ailes, mais n’oublie jamais ceci :

  • Ne laisse jamais personne t’obliger à faire des choses que tu n’as pas envie.
  • Ne laisse personne décider à ta place.
  • Respecte-TOI en premier, écoute ton cœur et suis ton instinct ; c’est fort l’instinct !
  • Fais-TOI confiance en premier lieu.
  • La vie est magnifique : aime, savoure, amuse-toi.
  • RIS. Ris aux éclats, le plus souvent possible.
  • Poursuis tes rêves, n’abandonne pas et ne laisse personne te décourager.

La vie d’ado n’est peut-être pas facile tous les jours, mais en passant au travers, tu deviendras celle dont tu as toujours rêvé ! Aie confiance en toi autant que moi, j’ai confiance en toi et tu défonceras toutes les barrières avec ton caractère !

Un caractère d’ado n’est pas facile à gérer, mais utilise-le en positif ! Sois têtue envers tes convictions, tiens-les, ne les abandonne pas sous l’influence des autres ! Fonce, ose, rêve.

Il n’y a que toi pour décider du genre de femme que tu veux devenir. Prends soin de toi. Aime-toi et ne t’abandonne surtout pas. Sois forte et reste forte pour toi.

Tu feras ton chemin, tu créeras ton bonheur et tu seras fière de toi, et ça, c’est ce qu’il y a de plus important !

Tania Di Sei

Ma fille, tu me fais douter…

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Ma fille, mon amour, mon trésor, tu es tellement précieuse dans mon univers! Je t’aime de cet amour de maman : indescriptible, sans fin, sans condition. C’est tellement bien fait l’amour d’une mère, c’est inconditionnel.

 

Mon univers est chamboulé, tu me mets à l’épreuve, tous les jours, chaque fois un peu plus. J’essaie tellement fort de te comprendre, de me comprendre. Parfois, je suis à court de solutions et la colère l’emporte. S’il te plaît, ne m’en veux pas. Je suis ta maman et je t’aime, mais je te demande de me laisser commettre des erreurs, de me tromper, de tomber et de me relever. En échange, je te promets de ne jamais cesser d’essayer. Je serai toujours là à te tenir la main (quand tu le voudras bien); sinon, je serai deux pas derrière toi à attendre ta main tendue.

 

Mon amour, je me remets tellement en question. Je doute. Je doute de moi, de mes compétences de maman. Je doute : et si je n’étais pas là pour toi dans ces moments où tu en as tellement besoin? Je doute : et si je n’étais pas la maman parfaite pour toi? Je doute, j’ai peur de te gâcher, que tu ne deviennes pas la femme extraordinaire que je sais que tu pourrais être, parce que j’ai failli à mon rôle de maman.

 

Je me réconforte en me disant que lorsque tu n’étais encore qu’une poussière d’ange, tu m’as choisie. Toi, tu n’as pas douté. Tu as su que j’étais la maman parfaite pour toi. Tu as su que je serais là pour toi, malgré mes faiblesses, malgré mes échecs. Tu as su qu’ensemble, on réussirait à être plus fortes que ce trouble d’opposition. Toi, tu as eu confiance en moi.

 

Tu as raison, petite fleur. On y arrivera, même si maman doute. Même si toi, ma belle petite rose, tu te défends souvent avec tes épines. Parce qu’à travers chacun de tes « je t’aime », tu me rappelles que tu crois en moi et que tu comptes sur moi pour te guider au travers de ce chemin tumultueux.

 

Ce chemin, c’est le tien et malgré toutes les embûches que nous rencontrerons, celles qui me feront douter de moi, souviens‑toi toujours que je croirai en toi.

 

Je croirai en nous… parce c’est en équipe qu’on y arrivera.

 

Mélanie Paradis

Les manèges et moi

Ma fille, je prends ma retraite des montagnes russes…

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Ma fille, je prends ma retraite des montagnes russes…

Je suis une fille qui adore les sensations fortes !

Aller à La Ronde était chaque été un incontournable. Je pouvais faire à répétitions les manèges les plus intenses. Et puis j’ai eu des enfants…

Alors là, pas le choix de se priver pour accompagner nos enfants chéris dans ce qui est d’usage pour leur âge. Je rêvais au jour où enfin, mes enfants seraient assez grands pour me permettre de retourner à mes hautes sensations !

Ce jour est arrivé !

Mais mon amour des sensations fortes a foutu le camp !

Je suis rendue trop vieille ? Trop consciente des dangers ? Trop consciente que je n’aime plus le stress dans ma vie ?

Grande fille a mon amour des manèges intenses. Je me force à l’accompagner. Mais l’attente est une torture…

Anxiété, sueur froide, essoufflement, ma tête bouillonne de tous les scénarios les plus catastrophiques… si bien que…

Un jour, assise dans un manège, j’annonce à ma fille : « Bon là ça va faire, je prends ma retraite des manèges, c’est assez ! »

Comment en suis-je arrivée là ?

On a des enfants, on se dit qu’un jour, on va triper avec eux. Que la vie sera exceptionnelle grâce à ces moments. Que la vie est faite pour aller à fond, et en plus quand nos enfants embarquent, c’est le bonheur…

On attend des années pour avoir du fun avec nos kids… pour finalement choker… Et vous, vous vivez un truc pareil ?

Martine Wilky

Ma petite chérie

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Tu as déjà franchi le cap des deux ans et pourtant, tu resteras mon bébé à jamais. J’ai toujours voulu savourer chaque moment passé avec tes frères, mais avec toi, ce sentiment est encore plus flagrant. Tu es notre petite dernière et le temps est décidément contre moi. Il file à toute allure…

Tu as une personnalité à couper le souffle. Il est vrai qu’avec deux frères aînés, tu n’as pas réellement le choix. Tu te dois de prendre ta place. Ils te chérissent, te protègent, te font pleurer, te bousculent, te consolent. Sans même le savoir, tu es la plus chanceuse de toutes. Tes frères t’aiment tellement! Déjà, ils feraient n’importe quoi pour toi. Ils seront toujours là pour toi même lorsque nous, nous ne le serons plus.

Déjà du haut de tes deux ans, tu me sembles si indépendante. J’espère qu’en vieillissant, tu me souhaiteras à tes côtés. Je sais qu’à l’adolescence, nous risquons de nous perdre quelque peu, mais j’attendrai toujours. J’attendrai ton appel. J’attendrai que tu t’arrêtes en chemin pour venir souper avec tes vieux parents. Peut-être serons-nous chanceux et que tes frères seront là, eux aussi. J’attendrai que tu me présentes celui qui fera battre ton cœur. J’attendrai que tu me racontes ta plus récente aventure en terre inconnue. Mais sache que je t’attendrai toujours.

Parfois, je manque de patience et j’en suis désolée. Certaines journées sont plus difficiles que d’autres. Mais sache que je fais et ferai toujours de mon mieux. Parfois, me diviser en trois relève d’un miracle en soi. Alors je le répète, je fais de mon mieux, ma chérie. Je serai toujours là pour toi, jamais bien loin. Si tu as besoin de moi, j’accourrai à toute vitesse. Peu importe la raison, peu importe ton âge. Idem pour tes frères.

Être une femme peut être si beau et si dur à la fois. Tu peux tout accomplir, ma belle. Ne laisse jamais personne te dire le contraire. J’ose espérer que tu auras une belle et douce vie sans trop de grosses embûches. Ton père et moi te guiderons et t’appuierons de notre mieux. Sans oublier que si tu as des ennuis, je suis convaincue que tes frères seront les premiers à te porter secours.

Je me vois tellement en toi : ce petit bout de femme que personne ne peut arrêter. La seule chose que je souhaite est que tu restes fidèle envers toi-même. Ne prends pas les décisions pour le bonheur des autres. Ta vie t’appartient, ma fille, et tu n’en as qu’une seule. Chéris-la. Fais de tes rêves la réalité. Peu importe ce qui te rendra heureuse, nous serons heureux avec toi.

Maman qui t’aime,

 

Geneviève Dutrisac

Phobie, nous te vaincrons !

Pour ma grande Peanut de 13 ans, une seringue, c’est l’équivale

Pour ma grande Peanut de 13 ans, une seringue, c’est l’équivalent d’un missile-laser-longue-portée-nucléaire. L’idée de recevoir un vaccin ou de devoir faire une prise de sang l’angoisse profondément, la fait hyperventiler, la plonge dans l’insomnie, lui donne des maux de ventre et de tête, lui fait faire des cauchemars. Même si elle essaie de se calmer le pompon. Mais aujourd’hui, elle a vaincu.

Retour en arrière.

Petite, grande Peanut accumulait les phobies comme une fillette collectionne les autocollants. C’était devenu impossible de sortir, de voir du monde, d’exister. Mais on le faisait quand même. À petites doses, progressivement. Je ne voulais pas qu’on reste prises dans le duo « fuir ou combattre ».

On en a fait, des mini pas de bébé pour que les choses s’améliorent. Au début, ça s’améliorait parfois et ça dégénérait souvent. Mais à la longue, on a fini par apercevoir un semblant de lueur entre deux séries d’orages.

Quand le temps est venu de recevoir les vaccins de quatrième année du primaire, on a établi un plan de match avec l’infirmière du CLSC. Elle avait bien vu, à l’école, que le cas était sérieux. On ne parlait pas ici d’une peur normale, même pas d’une peur anormale. On parlait d’une vraie phobie. Une peur démesurée, incontrôlable, créée par un sentiment que sa vie est menacée et que la souffrance sera immense et éternelle. Doudou, toutou, musique, Au clair de la lune, bouteille d’eau, visualisation, faire des jokes pour changer les idées : tout y a passé. Ça a pris trente minutes, elle a hurlé, pleuré, essayé de se sauver. Mais on a réussi. Ensemble. Et elle était fière d’elle. Elle avait survécu (littéralement, puisque telle était sa peur), et elle pouvait construire là-dessus pour la fois suivante.

On a célébré ce progrès. Il faut dire que la fois précédente, il avait fallu se mettre à quatre infirmières, une maman et une couverture de contention pour faire une prise de sang. Et ben, ben de la volonté. J’avais perdu cinq livres juste en transpiration. Alors là, trente minutes et juste mes muscles pour la tenir, c’était un grand pas.

Revenons au présent.

Ma fille devait faire une prise de sang ce matin. À treize ans, elle comprend que c’est nécessaire. Elle comprend que ça pique une seconde et qu’elle n’en mourra pas (d’ailleurs, c’est elle qui fait la préparation mentale pour ses frères pour diminuer leurs peurs avant la vaccination). Elle comprend tout ça. Sa tête comprend tout ça. Sa tête connaît aussi tous les trucs pour se calmer, pour éviter d’avoir la patate qui veut sortir de la poitrine, pour dormir malgré l’angoisse. Elle sait qu’il n’y a pas moyen de fuir et que combattre rendra la prise de sang plus difficile, voire douloureuse.

Sa tête sait tout ça. Son cœur veut sincèrement que ça se passe bien.

Ce matin, donc, on arrive au CLSC pour la prise de sang. On s’y rend avant 7 heures pour lui éviter d’angoisser toute la journée. Elle a bu, elle a mangé. Elle respire. Elle a apporté sa musique et ses écouteurs, son livre, mais elle n’a pas la tête à ça. Dès qu’elle voit la porte de la clinique, son corps se raidit, prêt à fuir ou à combattre.

– Maman, je sens le stress monter. J’ai encore plus mal au ventre que la nuit dernière.

Dans la salle d’attente, elle est agitée, elle bâille. Elle se colle sur moi, apprécie que je lui caresse le dos. Elle redevient cette fillette qui collectionnait les autocollants. Elle parle peu, chose inhabituelle mais compréhensible.

– Numéro 515 ? Salle E8.

C’est le temps. Dans quelques minutes, ce sera chose du passé. J’ai même osé porter une jupe, tellement j’ai la certitude que je n’aurai pas besoin de la maintenir de force.

– Maman, j’ai pas envie. Ça va faire mal, je le sais. Pas aujourd’hui, un autre jour. Je suis pas prête. Je peux pas. Ça fait plus ou moins mal qu’un vaccin ? Peux-tu chanter pour moi ? Non, chante pas. Ça me stresse encore plus. Tiens-moi dans tes bras. Faut pas que je voie l’aiguille. Est-ce qu’elle est longue ?

Son cerveau vire dans le vide. Je peux imaginer les influx nerveux se bousculer et s’entrechoquer. Une collision d’heure de pointe. Elle lutte entre sa volonté de rester calme et de faire ce qu’il faut pour être en santé, son désir instinctif de s’enfuir de la clinique (au moins pour une minute, ou pour une journée… mais le lendemain, le stress serait encore plus présent) et son besoin de combattre ceux qui essaient de la piquer.

Un deuxième infirmier arrive. Il l’a entendue pleurer doucement.

– Salut, je m’appelle Jonathan ! Toi, c’est comment ?

Ma fille n’est même pas en état de se rendre compte que quelqu’un lui parle.

La bonne nouvelle, c’est que l’histoire se termine très bien, presque sans larmes. Sans cris.

Une infirmière a tenu sa main pour garder son bras droit, tout en douceur. L’infirmier Jonathan, pas intimidé du tout par sa phobie (« T’sais quoi ? Quand j’avais ton âge, moi aussi ça me faisait paniquer, les aiguilles. Pis r’garde maintenant, je suis infirmier. On peut tout le temps dépasser nos peurs. Heille, c’est super ! C’est déjà terminé ! En plus, tu as du beau sang rouge, même pas vert ! Bonne nouvelle, tu n’es pas une extraterrestre ! »), a piqué et fait les prélèvements tout en lui changeant les idées. Et moi, maman toujours prête, je l’ai prise dans mes bras en détournant sa tête (et la mienne !) de l’aiguille.

Et maintenant, si on se déplace dans quelques mois ou dans quelques années, je peux vous dire que la prochaine fois qu’elle devra se faire piquer pour un vaccin ou pour un prélèvement, elle fera ça comme une championne. Encore plus qu’aujourd’hui ! Parce qu’elle a appris. Parce que son corps apprend à gérer la menace et à la relativiser. Parce que l’empreinte d’une expérience positive (bien qu’inquiétante pour elle) se grave dans son cerveau. Parce que d’ici là, elle continuera de faire des baby steps et des pas de géants. Et elle vaincra sa phobie.

Pour lire d’autres textes qui parlent de l’anxiété de ma grande Peanut et de ses stratégies pour la vaincre :

http://www.mafamillemonchaos.ca/on-jase/non-ne-te-sauverai/

http://www.mafamillemonchaos.ca/on-jase/monsieur-zen-rencontre-miss-peur/

Nathalie Courcy

 

Ma mère, ma précieuse

Ah maman ! Par où commencer ?

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Ah maman ! Par où commencer ?

J’aurais tellement de choses à te dire, à me faire pardonner, ou même à t’avouer…

Le jour où je suis née, tu as déposé un baiser sur le bout de mon nez, et tu as fait la promesse de faire tout en ton pouvoir pour qu’on ait une belle vie ensemble. C’était écrit dans le ciel que j’aurais la meilleure maman du monde. Et depuis ce jour, tu n’as jamais manqué à ta promesse.

Tu sais maman, j’étais trop petite pour m’en souvenir, mais je sais que tu as tout fait pour moi. Tu te levais en plein milieu de la nuit, morte de fatigue, mais tu me souriais quand même en me disant des mots doux. Tu accourais au moindre bruit, me consolais, me faisais rire, et j’en passe.

En vieillissant, quand j’avais environ dix ans, lorsque tu devais me faire garder, tu allais me mener chez grand-maman (j’aimais tant y aller, je donnerais TOUT pour y retourner). Tu m’as élevée pas mal toute seule, je voyais mon père une fin de semaine sur deux. Bien sûr, j’avais une belle relation avec mon père, on se parlait de temps en temps, mais le plus gros de la « job », on va se le dire, c’est toi qui l’as relevé haut la main ! Tu te privais de tout pour que je ne manque de rien.

Rendue à l’adolescence, je t’en ai fait vivre de toutes les couleurs. Je te trouvais donc fatigante (« Ramasse ta chambre, sinon tu ne sors pas ! »), si le souper n’était pas prêt à 17 h en revenant de l’école, je te boudais (tu ne voulais pas que je mange de collations, de peur que je « scrappe » mon souper). Si je me chicanais avec mes amies ou avec mon copain, c’est toi qui écopais. Pourtant, tu étais la première à me tendre ton oreille ou à me donner ton épaule pour pleurer. Tu travaillais cinquante heures par semaine dans une usine, en plus de faire de l’overtime la fin de semaine pour que je puisse faire du patinage artistique ou bien jouer au soccer. À ton remboursement d’impôts, tu m’amenais magasiner parce que tu savais que ça me faisait plaisir (alors que je sais aujourd’hui qu’à mon remboursement d’impôt, j’en profite pour payer mes dettes). Mais toi, ça te faisait plaisir de me rendre heureuse. Tu n’avais pas des salaires de fous, mais tu me donnais de l’argent de poche pour que j’aille au restaurant avec mes amies ou que je puisse faire des petites sorties.

À ma première peine d’amour, tu as presque tout lâché pour t’occuper de moi. À travers les rendez-vous chez la psychologue et chez la travailleuse sociale (parce que je maigrissais à vue d’œil), tu faisais passer tes besoins et ta vie de couple en deuxième. Maman, si tu n’avais pas été là et si tu ne m’avais pas donné tant de forces, je ne serais jamais rendue où je suis maintenant. Tu me disais que peu importaient mes choix, tu serais toujours derrière moi, que tu m’aiderais à porter le poids de la terre entière s’il le fallait.

Rares sont les fois où tu m’as refusé quelque chose, mais je me rappelle que je n’aimais pas me faire dire non. Ma pauvre mère, si j’avais su tout ce que je sais aujourd’hui, il y a tellement de choses dont je t’aurais épargnée. Malheureusement, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Ça me permet cependant aujourd’hui d’apprécier notre relation privilégiée et de prendre soin de toi à mon tour.

J’adore ces moments passés en ta compagnie, à seulement parler, à s’étendre au soleil, à dîner ensemble… Bref, chaque moment me rappelle combien je suis chanceuse de t’avoir et combien je t’aime !

Merci pour toutes ces fois où tu m’as tendu la main, merci pour toutes ces fois où tu as tout pris sur tes épaules, merci pour toutes ces fois où tu m’as simplement aimée !

Je t’aimais, je t’aime, et je t’aimerai.

Vanessa Lamoureux

Ma fille, nos passions et moi

Depuis qu’elle est née, ma fille aînée a bien dû se faire dire

Depuis qu’elle est née, ma fille aînée a bien dû se faire dire 300 millions de fois (sans exagération bien sûr!) qu’elle me ressemble sans bon sens. Elle est à l’âge où ça lui fait encore plaisir (ouf!), mais aussi à l’âge où elle se rend compte à quel point notre ressemblance dépasse notre binette.

Au-delà de notre teint et de nos cheveux foncés et de nos yeux bridés, on partage aussi plusieurs passions : les livres, les arts, l’écriture, les mots. Alors quand on peut, on en profite pour se faire une journée entre « grandes » (bon… 5′ 2″, ce n’est pas nécessairement ce qu’on appelle « grandes », mais disons qu’on est les plus vieilles de la famille à part le papa). Plus ça va, et plus ces journées sont ressourçantes!

Pendant plusieurs années, la relation entre nous deux a été tendue, limite destructrice. Ses crises m’usaient, mon impatience grandissante l’enrageait. Mauvais match. Entre nous, le principe de l’enfant qui reflète son parent (et inversement) s’applique à 2000 %. Nous nous connaissons tellement par cœur que même inconsciemment, nous sommes capables d’appuyer avec insistance sur les boutons pression de l’autre. Pas winner, quand tu essaies d’avoir une famille zen.

On a travaillé très, très fort ensemble pour améliorer les choses et pour retrouver le plaisir que nous avions à être ensemble quand elle était petite et pas compliquée. Et on a réussi! Donc maintenant, quand les plus jeunes accompagnent papa dans ses aventures Pokemon, nous en profitons pour vivre un condensé d’activités qui nous plaisent et pour reconnecter.

En fin de semaine, bonus : nous avions trois jours ensemble, juste toutes les deux. On a pris ça cool… cinéma, dodo jusqu’au milieu de l’avant-midi, soirées à jaser, quelques heures écrapoues sur le divan pour qu’elle m’enseigne les rudiments de son logiciel de dessins (ça fait longtemps qu’elle m’a dépassée dans l’art de dessiner, et si on ajoute le mulltimédia aux techniques traditionnelles, je suis complètement out!) J’étais sincèrement intéressée, et elle était sincèrement comblée.

Tout un dimanche à magasiner, à vagabonder au Michael’s (le paradis pour mon artiste!) et dans les librairies, à manger de la crème glacée molle trempée dans des délices à l’érable et aux Oréo, à dire des niaiseries et des réflexions philosophiques, à se donner des colleux, à dessiner ensemble et à prendre le temps de vivre. Non mais, c’est qui la chanceuse? Bibi! Ma fille me répète souvent qu’elle se trouve chanceuse d’avoir une mère qui ne lui fait pas honte, qui n’est « pas juste une mère » et qui la comprend vraiment. Elle rit de mes conneries et de mes maladresses, et elle écoute mes homélies sans protester.

L’inverse est aussi vrai. Je suis chanceuse d’avoir une grande fille comme elle. On en a arraché pendant des années, mais maintenant que les crises et les sautes d’humeur incontrôlables sont choses du passé (la plupart du temps), on a vraiment du plaisir ensemble. On se comprend mutuellement sans s’expliquer, et pourtant, on s’explique quand même, juste parce qu’on aime ça, parler. Elle me rend fière. Je ris de ses conneries et de ses maladresses, et j’écoute toutes ses histoires (ok, parfois, je lui demande de me donner une pause! Elle a le mâche-patates à spin encore plus que moi!). On se fait du bien.

Avoir passé ces années à l’aimer et à chercher des solutions pour qu’elle redevienne elle-même rend notre relation encore plus solide. Elle exprime maintenant sa reconnaissance devant mon entêtement à l’aider et à la soutenir. Elle se veut gentille et elle l’est. Vraiment. Et quand on prend le temps d’être ensemble, juste toutes les deux, loin du tourbillon de ce que représente une famille de six personnes, on se rend encore plus compte du chemin parcouru. C’est un moment privilégié qui nous permet d’être, tout simplement, et de vivre nos passions et notre ressemblance.

Il m’est important de vivre ces tête-à-tête avec chacun de mes enfants, avec mon amoureux et avec moi-même. Ça me permet de remettre le compteur à zéro, d’approfondir les relations et d’intensifier le bien-être.

Et vous, vous réservez-vous des moments en tête-à-tête avec chacun de vos enfants? Que faites-vous quand vous vous accordez ce privilège?

Lauriane ou l’instigatrice du fondement de notre famille

Lorsque je me mets à discuter avec d’autres mamans sur les sujets

Lorsque je me mets à discuter avec d’autres mamans sur les sujets de la maternité, je me rends bien compte à quel point rêver d’avoir des enfants ne m’avait pas beaucoup effleuré l’esprit. Pendant que certaines en rêvaient depuis la tendre enfance ou encore que d’autres clamaient haut et fort que jamais, au grand jamais, la maternité ne ferait partie de leurs plans élaborés de vie, moi, l’éducatrice en petite enfance entourée de bambins au quotidien, je n’avais jamais soulevé la question dans mon cœur ou dans mon esprit. Je n’étais ni pour ni contre. Non, seulement pas encore arrivée à la croisée des chemins pour me poser cette question.

Et puis, sans crier gare, la question n’a pas eu le temps de se poser… elle m’était passée sous le nez à la vitesse de l’éclair… La réponse avait trouvé place en mon ventre sans que je n’aie eu le temps d’y réfléchir.

À l’époque, je venais à peine de rencontrer ton papa.  Un grand gaillard qui cumulait les heures de travail pour subvenir aux besoins de sa fille dont il avait la garde une semaine sur deux. Une blondinette aux grands yeux bleus d’à peine deux ans et demi. Nous entamions une relation remplie d’incertitudes qui ne savait trop par quel bout commencer.

Nous venions de débuter « l’officialisation » de notre couple que nous annoncions par la même occasion ta venue neuf mois pile poil après le début de notre relation. Pourquoi faire compliqué lorsque l’on peut faire si simple!

Et c’est à ce moment précis que tu as fait, à toi seule, grosse comme une crevette dans mon océan, opérer toute la magie telle une véritable Fée Clochette de Disney.  Moi qui n’étais pourtant certaine de rien face à cette vague de nouveautés dans ma vie, j’ai pourtant décidé de plonger à pieds joints dans celle-ci. Ton papa et Julia ont emménagé avec moi. Nous avons fondé, une semaine sur deux, notre petite famille, nous acclimatant ainsi à cette nouvelle réalité de temps plein qui arrivait à grands pas.

Toi si petite, qui venais de bousculer mon grand univers et mes immenses certitudes, tu restais pourtant si discrète. Une grossesse de rêve! Tu valsais dans mon ventre telle une ballerine de haut niveau. Je vaquais à mes occupations et toi, toujours, tu suivais sans grandes manifestations.

J’ai apprivoisé cette nouvelle réalité et plus le temps avançait, plus j’avais hâte de devenir TA maman. Pour nous faire languir, tu t’es pointée avec du retard : 41 semaines et trois jours.  Seize jours après l’effroyable effondrement des tours jumelles de New-York durant lequel l’idée d’accoucher en pleine guerre me terrassait. C’est par césarienne qu’on t’a fait sortir de ta réconfortante position.  Dans mon univers utérin, il n’y avait que de l’amour, que de la quiétude et de la douceur à ton égard. Pourquoi se presser? Cela n’avait tellement rien à voir avec les projections d’horreur qui nous subjuguaient les esprits.

Aujourd’hui, à l’orée de tes seize ans, papa et moi sommes toujours en amour. Nous vivons par contre notre coup de foudre à retardement. C’est maintenant que nous nous offrons la latitude de nous découvrir… Avant, nous étions trop occupés à fonder notre famille. Vous avez, tes sœurs et toi, atteint l’âge de l’autonomie et c’est tant mieux pour nous deux… Nous nous découvrons comme couple et c’est si merveilleux.

Encore aujourd’hui, chère Lauriane, tu es celle qui a le plus confiance dans ce que tu fais et dans la direction où tu vas. C’est par cette même conviction que tu devais savoir, dans mon ventre, que papa et moi allions fonder notre famille. Aussi certaine que ta grande sœur Julia ferait toujours partie de nos vies.

Tu as cédé un peu de ta place pour la venue de ta petite sœur Emmanuelle qui, malade, a pris beaucoup de notre temps, en laissant ainsi moins pour toi.  Tu t’ajustes à toutes les situations. Devenant à ton tour grande sœur, tu avais cette maturité de tout comprendre et pour toi, tout était toujours correct.

Toi, Lauriane, tu as la confiance dans tous tes gestes et tes paroles. Tu as la détermination, la douceur et la passion enfouies dans tout ton être. Tes pas sont dictés par ta volonté inébranlable. C’est tellement beau de te regarder devenir une jeune femme assumée.

Merci d’avoir bousculé mes plans. Emprunter la voie de ton assurance aura été le plus beau des chemins que j’aurai parcourus.

Grâce à toi, j’ai un mari que j’aime de tout mon cœur et qui m’aime en retour comme jamais je n’ai été aimée auparavant.

Grâce à toi, j’ai choisi d’aimer et de laisser entrer Julia dans ma vie. Quelle belle rencontre ce fut d’être sa belle-maman, et ce l’est encore chaque jour.

Grâce à toi, nous avons agrandi la famille, laissant venir au monde notre belle Emmanuelle, te permettant de jouer à la fois un rôle de petite et de grande sœur.

Ne va surtout jamais croire que tu n’as pas été désirée ou que par la force des choses, nous avons dû nous accommoder à ta présence. Non… il n’en est rien. Tu es la plus belle des surprises que la vie puisse offrir à quiconque et tu ne cesses de nous surprendre!

Par ta venue, nous sommes une famille unie et inébranlable, remplie de souvenirs et de traditions que nous tentons de recréer année après année. Une famille qui continue de cheminer et sur qui on peut toujours s’appuyer lors des coups durs. Une famille avec laquelle on peut festoyer toutes les réussites. Le reste nous appartient. Mais notre histoire débute par toi!

Ta maman qui t’aime xx

Mylène Groleau

Ces petits gestes tout doux

Chaque jour, je reçois des tonnes de câlins de la part de mes enfa

Chaque jour, je reçois des tonnes de câlins de la part de mes enfants. Des câlins coupe-en-deux tellement ils sont forts. Des câlins chatouilles. Des câlins effleurés à l’heure du départ pour le travail. Des câlins ressourçants, qui font monter mon niveau d’énergie en flèche. Des câlins désespérés, qui cherchent à réparer une grosse peine ou à calmer une peur incontrôlable. Même chose pour les bisous. Soufflés, papillon, beaux-rêves, sur-une-joue-et-sur-l’autre-pour-pas-que-l’autre-joue-soit-jalouse. De l’affection à la pelle mécanique, autant de la part de mes plus jeunes encore à moitié dans mes jupes que de la part de mes grandes qui ont un pied et quart dans l’adolescence.

Et bien sûr, l’affection est à double sens : j’en donne tout autant que j’en reçois! Ils ont appris ces gestes quelque part, n’est-ce pas?

Quand je vois mes enfants se donner mutuellement de l’affection, se dire des mots d’amour, se voler un câlin au passage, je trouve ça magnifique. Lumineux. C’est comme mon diplôme de bon parent, parce que c’est ce que je voulais qui arrive. Quand j’imaginais ma famille avant de lui donner naissance, je visualisais un groupe d’êtres humains uniques, différents, mais qui partageaient souvent des petits gestes tout doux et des paroles d’amour.

Et là, c’est le moment où l’affection se répand en dehors de notre cocon. Je ne parle pas de mon coco de maternelle qui saute dans les bras de ses amis dès qu’il les voit le matin. Je ne parle pas de ma grande peanut qui appuie sa tête sur l’épaule de sa grand-maman pour lui dire qu’elle est bien près d’elle. Ni de mon mini qui donne tellement de colleux à la seconde qu’il comblerait les besoins d’affection de n’importe qui pour les douze prochaines années.

Non. Je parle plutôt de cette petite main que j’ai surprise dans la main d’un « ami » promu au rang d’amoureux. Des doigts de ma fille de onze ans qui s’entrelaçaient avec ceux de son amoureux. Je parle de la caresse dans le dos que j’ai cru voir au moment des au revoir. Je parle de la petite tête blondinette qui a trouvé son nid dans le creux de cou de ce jeune garçon si gentil et si doux.

Depuis le début de l’année scolaire, ma cocotte multipliait les noms d’amoureux, jusqu’à en avoir cinq en même temps. C’était plutôt innocent, c’étaient plutôt des amis. Mais elle me disait ressentir les premiers papillons. Elle ramenait à la maison ses yeux remplis d’étincelles et son manque de courage de donner son numéro de téléphone à un de ses chevaliers. Elle rapportait beaucoup d’hésitation accompagnée d’un désir exprimé de vivre l’amour.

Et c’est arrivé. La demande. Veux-tu être mon amoureuse? Oui, bien sûr!

Ils s’entendent bien. Ils jouent beaucoup. Ils rient beaucoup. Ils étudient parfois ensemble. Ils passent plusieurs heures par jour ensemble, parfois seuls, souvent avec d’autres amis. Ou avec mes garçons comme chaperons. Ils font tous partie de la même « gang » malgré la différence d’âge. Déjà un bon signe que c’est un petit gars respectueux! En plus, quand ils finissent de jouer, c’est lui qui rappelle à ma fille qu’il faut ranger. Quel gendre!

Calmons-nous la belle-mèrite… Je vois bien que pour ma fille, c’est une relation importante. Est-ce que ça continuera jusqu’à la fin de l’année scolaire, jusqu’à la fin des vacances? Peut-être, probablement. Il y aura certainement un premier baiser, s’il n’est pas déjà arrivé. Mon œil de maman les trouve mignons dans leur bulle de tendresse. Mon œil de mère veille tout de même. Entre la caresse tendre dans le dos et la main qui descend sur les fesses, il n’y a que quelques centimètres…

Je suis rassurée par le fait que ma fille me dit la vérité ouvertement, sans que j’aie besoin d’enquêter. Je vois bien le papa qui s’inquiète un peu plus, et je crois que c’est bien normal. Notre cocotte est passée de petite fille à jeune ado amoureuse en quelques semaines. Ayant perdu mon papa quand j’étais petite, je n’ai comme référence adulte de ma propre adolescence que le regard de ma mère. Alors j’apprends au même moment mon propre rôle de mère devant la mutation des petits gestes tout doux et mon rôle de partenaire d’un papa qui vit les choses différemment de moi.

Et dans tout ça, je veux surtout laisser à ma fille un espace sain (et tout de même surveillé!) pour vivre ces petits gestes tout doux. En espérant que la tendresse ne cède pas le pas trop rapidement à ce qui suivra. Inévitablement.

Nathalie Courcy

Mai, le printemps, la fête des Mères….

Le mois de mai vient de faire son entrée, et qui dit mois de mai di

Le mois de mai vient de faire son entrée, et qui dit mois de mai dit fêtes des Mères…. C’est ma septième fête des Mères… C’est pour moi un moment pour faire une mise au point sur la mère que je suis. Je travaille fort pour faire exit avec la culpabilité et non, rien n’est parfait. Mais je crois que je fais comme le bon vin, je m’améliore en vieillissant.

Je me souviens qu’au début, je culpabilisais quand j’avais un rendez-vous chez la coiffeuse. J’y allais sans en profiter vraiment, en me souciant du retard pour mon rendez-vous. Mon corps était sur la chaise, mais mon cœur à la maison. Maintenant, ma fille me met presque dehors pour avoir un moment avec son père.

La fête des Mères, c’est aussi le moment où l’on reçoit son petit cadeau fait par son enfant, je parle au singulier, car dans mon cas, je n’en ai qu’une. Je me souviens de l’année où ma fille avait peinturé un pot de yogourt et planté une graine dans la terre. Elle allait avoir deux ans et était remplie de fierté de me le remettre. Aussitôt arrivée à la maison, pendant que j’avais le dos tourné un instant pour ranger les manteaux, ma mini moi avait versé toute la terre dans mon entrée. Je n’ai jamais pu voir ma fleur pousser.

Je me souviens également du bonheur qu’elle a eu à se remplir l’estomac avec les cupcakes au citron que j’avais faits pour ma mère et moi. Une enfant de trois ans qui trippe autant sur le citron… Dans la même logique aujourd’hui, elle adore le chocolat 70 % cacao. Il reste que la fin de semaine de la fête des Mères de 2014 est probablement une de mes meilleures. Je rentrais par avion le samedi matin d’un congrès à Toronto sans trop de culpabilité. J’avais eu beaucoup de temps pour prendre soin de moi, bref une belle pause. Ma fille s’était dont ennuyée, je me souviens encore de la force de sa caresse et de son « MAMAN! » à mon retour à la maison. Je savais que cet ennui avait été difficile, mais en même temps rempli d’une nouvelle énergie.

Cette année, j’ai eu droit à un cadeau avant le temps. Il y a quelques jours, ma fille m’avait préparé un petit mot (elle a appris à écrire) et ce petit mot disait que j’étais et je cite, « cool », qu’elle m’aimait et que cela me faisait un beau souvenir de mon enfant… J’avoue, j’ai eu un moment d’émotion. Et voir qu’elle pouvait maintenant me l’écrire…!

Alors à vous toutes les mamans, je vous souhaite une belle fête des Mères remplie d’amour, de tendresse, de bricos faits par vos tout-petits ou d’un brunch fait par vos plus vieux.

Evelyne Blanchette

Ze conversation sur le sexe

« Maman, j’ai une question. Qu’est-ce que ça veut dire, fair

« Maman, j’ai une question. Qu’est-ce que ça veut dire, faire l’amour? »

Je vous vois déjà blêmir. Si vous êtes sur le bord de perdre connaissance, prenez le temps de vous asseoir, ça ne fera pas mal. Une simple conversation. Des mots, c’est tout. Une belle complicité. Même des fous rires. Et ça se termine avec un doux câlin mère-fille. Prenez une grande respiration. Voilà. Vous êtes revenus de vos émotions? On peut continuer?

Alors, je disais donc : c’est quoi, faire l’amour?

Cette question se fait toujours entendre à un moment où on ne l’attendait pas. Je m’estime chanceuse que ma fille de onze ans me l’ait servie sur un plateau d’intimité, dans la chambre parentale, tout de suite après le bain. Ça aurait pu être pendant un souper de parenté ou dans l’autobus, entre une petite vieille scandalisée et un jeune ado aux grandes oreilles indiscrètes. Mes plus jeunes mettaient leur pyjama dans leur chambre, ma plus vieille était dans sa bulle au sous-sol : on avait donc quelques minutes à consacrer à cette discussion. Parce qu’il faut quand même s’assurer d’avoir suffisamment de temps. On ne voudrait surtout pas s’arrêter au milieu de la saga du spermatozoïde et que tout ça vire en coït interrompu.

Vous comprenez par mon ton que j’ai accueilli la question de ma cocotte avec plaisir. Pour moi, ce n’est pas gênant de parler de sexualité avec mes enfants. En grande partie parce que la sexualité n’est pas cachée chez nous. Ils savent à quoi ressemble un corps humain, ils voient leurs parents s’embrasser et se faire des mamours (du niveau de l’acceptable en société familiale, wo les nerfs!), on a toujours nommé un chat, un chat. Et un pénis, un pénis. (D’ailleurs, c’est plutôt récent que mes enfants se sont donné le mot pour réclamer qu’on appelle l’engin masculin un « tagadapouettepouette ».)

J’ai toujours dit à mes enfants qu’ils pouvaient se sentir libres de nous poser des questions sur tous les sujets, que si on n’avait pas la réponse, qu’on les aiderait à la trouver. J’ai toujours répondu à leurs questions avec respect, en gardant un peu d’humour pour détendre les conversations plus délicates. Alors quand ma grande de onze ans, qui commence à s’intéresser aux garçons mais qui est encore dans un cocon de fées et de licornes, me pose une question simplement, au bon moment, avec les bons mots et en me faisant confiance, je n’ai aucune raison de redouter ce qui va suivre.

Ça va de soi, je lui ai retourné la question : « Toi, qu’en penses-tu? » « Dans quel contexte as-tu entendu l’expression “faire l’amour”? » Puis, les félicitations de routine : « Ça me touche que tu me fasses assez confiance pour poser cette question. Je suis fière de toi, tu as osé mettre des mots sur une question qui pourrait être gênante. »

Mais bon. Ça ne répond pas à sa question. « Faire l’amour, c’est quand deux personnes s’aiment d’une façon bien spéciale et ressentent beaucoup d’attirance l’un pour l’autre. »

–          Ah, comme quand j’ai des papillons en pensant à A…?

–          Oui, mais en mille fois plus fort. C’est quand on a tout le temps le goût d’être collé sur l’autre personne, qu’on a le goût de se faire des caresses spéciales, des baisers.

–          Ah, comme quand papa et toi, vous vous donnez des câlins?

–          Oui, c’est vrai que papa et moi, on ressent beaucoup d’attirance l’un pour l’autre. Mais on peut se faire des caresses et des bisous sans nécessairement faire l’amour. Quand deux personnes font l’amour, souvent, elles sont couchées ensemble et elles sont nues.

–          Mais qu’est-ce qui se passe exactement?

(J’avoue que là, j’ai eu une petite hésitation à entrer dans les détails. Mais j’ai comme principe qu’un enfant qui pose une question aussi précise est prêt à entendre la réponse. J’ai pris le temps d’aiguiser mon œil de lynx maternel pour détecter tout malaise ou bouchage d’oreilles soudain, et j’ai continué.)

–          Tu sais comment on fait les bébés, n’est-ce pas?

–          Oui, il y a le pénis, les spermatozoïdes et les ovules, les cellules se multiplient jusqu’à ce que le bébé soit prêt à naître…

–          C’est ça. Ben, la plupart du temps, les personnes qui font un bébé, c’est parce qu’ils ont fait l’amour. Le pénis de l’homme entre dans le vagin de la femme pendant qu’ils font l’amour. Mais faire l’amour, ce n’est pas juste une question d’organes, c’est toute une relation d’amour et de tendresse. Et faire l’amour, ça ne fait pas toujours des bébés. Mais ça peut.

–          Tu sais maman, j’ai vu l’autre jour que dans un autre pays, une petite fille de huit ans avait donné naissance à un bébé…

Ici, il y a eu une parenthèse sur le fait que normalement, il y a un âge acceptable (flexible, certes, mais huit ans, même onze ans, c’est tôt en titi pour ressentir le désir de faire l’amour) pour commencer à avoir des relations sexuelles, et qu’il y a aussi des risques. Comme les infections transmissibles sexuellement.

–          Ah, c’est à ça que ça sert, les petits ronds en genre de plastique-caoutchouc un peu transparent avec un anneau autour… mais comment ça marche? Je ne comprends pas…

Une question menant à une autre, j’étais bien contente que ce soir-là, mes garçons aient choisi de jouer tranquillement dans leur chambre plus longtemps qu’à l’habitude. Dans mon cœur de maman, je ressentais un amour infini pour cette petite puce prépubère qui découvre le monde avec un filet de sécurité, en choisissant de s’informer auprès de nous au lieu de se fier à ce qu’elle entend à l’école ou ce qu’elle voit sur Internet (pas de panique, c’est surveillé! Mais on ne peut pas filtrer 100 % de ce qui arrive aux oreilles et aux yeux de nos enfants!) J’étais immensément fière de ma fille qui a mis des mots sur ses interrogations et qui a pris le temps d’écouter mes explications. Et j’étais fière de nous, ses parents, qui avons bâti le socle de sa confiance en nous.

On aura encore des conversations de ce genre. Ma fille me l’a promis. Après qu’elle ait déclaré haut et fort à ses petits frères : « Pas de souci, les gars. Maman et moi, on parlait juste de sexe! »

Et je sais aussi qu’il y aura une suite à ze discussion parce que, quelques jours plus tard, en regardant un film, elle a allumé qu’il y avait sûrement eu une histoire impliquant un tagadapouettepouette entre le père et la mère pour que leur enfant vienne au monde :

« Hey! Ses parents, ils ont sûrement fait l’amour! »

Bruit de criquet dans la maisonnée (et rire étouffé).

« Mais maman, comment ils ont fait pour faire l’amour? Ça ne peut pas marcher, elle porte une robe! »

Ça, ma cocotte, ça ira dans le deuxième tome de l’explication! Il faut bien garder un peu de mystère…

P.S. : Ne cherchez pas le terme « tagadapouettepouette » dans le dictionnaire. Mon logiciel de correction m’indique que ce n’est pas encore accepté par l’Académie française…

Nathalie Courcy