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Ça sent les impôts ! Texte : Nathalie Courcy

La neige fond, les petits oiseaux font cui-cui, on ouvre les fenêtres pour entendre la joie des enf

La neige fond, les petits oiseaux font cui-cui, on ouvre les fenêtres pour entendre la joie des enfants qui jouent dehors sans être écrasés par mille couches de manteaux… Ça sent la gadoue bien fraîche, le trou d’eau qui dégèle et le nid de poule qui apparaît pour notre plus grand bonheur (nope ! )…

Et qu’est-ce qu’on voit qui trône fièrement sur notre comptoir de cuisine ? Nos papiers d’impôts.

Le post-it nous rappelant de prendre notre rendez-vous chez le comptable ou d’acheter le logiciel de déclaration de revenus.

Non mais, est-ce que ça tente à quelqu’un, ça, de passer des heures à rassembler des tonnes de papiers datant de plusieurs mois, de rentrer des chiffres dans des colonnes, de stresser parce qu’il manque un formulaire ou parce que les calculs ne balancent pas ?

Est-ce que quelqu’un trouve ça plaisant de voir ses revenus fondre au soleil au fil des tranches d’imposition ?

Bien sûr, on a des services qui viennent avec, qu’on soit d’accord ou non. Mais quand même, ça fait mal au compte en banque quand on voit une partie de son salaire partir dans les poches de la société (je ne dis pas « dans les poches du gouvernement », c’est voulu, parce qu’après tout, l’argent est redistribué dans la communauté, merci de ne pas partir de débat politique, ce n’est pas le but de l’article. Et si vous voulez vraiment en partir un, go ! Je ne m’embarquerai pas dedans).

Bien sûr, si on a payé des impôts toute l’année, ça se peut qu’on reçoive un remboursement d’impôt qui fait du bien au moral. Mais c’est toujours ben juste parce qu’on en avait trop donné ! Et ça n’enlève pas le « pas de fun » qu’on a eu à faire notre déclaration de revenus.

La mauvaise nouvelle : qu’on aime ou pas, ça revient chaque année. Chaque fois, ça me prend six mois pour me remettre de cette période de platitude et c’est déjà presque le temps de recommencer. Si on a plein d’enfants ou une entreprise, des logements, un travail autonome, c’est pire. Ça nous prendrait un entrepôt juste pour stocker la paperasse. (Remerciement sincère aux entrepôts de données en ligne qui permettent de classer de façon plus écologique nos nombreuses factures !)

La bonne nouvelle : on peut s’aider en mettant un système en place. Je vous le dis tout de suite, je suis curieuse de connaître vos trucs et astuces.

✏️ Mettre de l’ordre au fur et à mesure dans nos factures. Un système par mois ou par saison, par catégorie, en ligne ou en papier, mais un système. Chaque année, je teste de nouvelles méthodes, j’améliore ma façon de faire, je note les do’s and don’t. Je m’en viens pas pire pantoute.

✏️ S’y prendre d’avance. Vous le savez que rendus au 15 avril, les comptables ont de la broue dans le toupet. Prenez votre rendez-vous d’avance et honorez-le ! À bas la procrastination, ça ne vous tentera pas plus dans deux semaines. À minuit moins une le 30 avril, si le bouton ENVOYER n’envoie pas, vous risquez de renvoyer à force de stresser.

✏️ Se donner le temps. Ce n’est pas l’activité la plus palpitante à faire un samedi matin, mais c’est mieux qu’un vendredi soir quand on a le cerveau magané et le corps épuisé. Une petite coupe de vin (une… pas trois! Faut que vos chiffres balancent!), de la bonne musique, de la place pour étendre toutes nos feuilles et pas d’oreilles chastes et pures autour. Comme ça, si vous sacrez, vous ne ruinerez pas l’éducation de vos enfants.

✏️ S’entourer de personnes de confiance. Les logiciels de comptabilité et de déclaration de revenus peuvent être vos amis, mais le moindrement que votre dossier est complexe, allez chercher de l’aide. C’est rassurant pour vous, ça vous évite des erreurs qui pourraient coûter cher, vous recevrez probablement plus à votre retour d’impôt, et en plus, une fois que vos papiers sont en ordre, vous déléguez le reste du travail. Un excellent investissement qui enlève de la pression et vous redonne du temps libre pour profiter du printemps.

✏️ Respirer. Faire sa déclaration de revenus, ça fait partie des choses qu’on ne contrôle pas. Par contre, on peut choisir notre attitude quand on la fait.

✏️ Se récompenser. Célébrer l’envoi de notre déclaration de revenus, célébrer le remboursement d’impôts, célébrer le fait qu’on a un emploi et un salaire, célébrer le fait qu’on vit dans un pays et dans une province où il y a des services et de la liberté, célébrer le printemps…

Un truc : plus on fait sa déclaration tôt, plus on a de mois pour célébrer avant le retour de cette période satanique!

On se revoit le 1er juin, quand tout le monde aura appuyé sur le bouton ENVOYER!

Nathalie Courcy

Vivre le pire cauchemar de sa mère – Texte : Eva Staire

Notre histoire était simple. Je suis ton seul enfant. Tu avais tellement organisé tes vieux

Notre histoire était simple.

Je suis ton seul enfant.

Tu avais tellement organisé tes vieux jours.

Tous tes souhaits de vie ou de fin de vie, tu les avais couchés sur papier et notariés.

« Une chance qu’on s’a » qu’on se disait souvent.

Nous avons été une équipe toute notre vie, maman.

On a fait le choix ensemble qu’on prendrait soin de toi le plus longtemps possible, afin que tu repousses le plus possible une vie en CHSLD.

Nous avions notre plan et nous étions en paix avec la suite.

Tu avais tellement peur de devenir méchante.

De te transformer en quelque chose que tu n’as jamais été.

Malheureusement aujourd’hui, tu es et tu vis ton pire cauchemar.

Surtout que tu es maintenant entre les mains de personnes mal intentionnées.

Tu es le pantin de la personne à qui tu nous avais tant prévenus de faire attention.

Des mains qui ne voulaient que changer ton testament.

Des mains qui essaient de déconstruire à tes yeux toute notre vie ensemble, maman.

Des mains qui se lèvent pour me faire du mal et t’aliéner.

Mais tu ne peux plus le voir, tu n’as plus toute ta tête.

Tu vis ton pire cauchemar et je suis impuissante.

Comment j’aurais pu savoir qu’à vouloir prendre soin de toi, je me mettrais dans la marde ?

Comment j’aurais pu savoir qu’en faisant exactement ce que tu désirais, j’étais pour nous mettre, ma famille et moi, dans une situation impossible à vivre ?

Comment j’aurais pu penser que je devrais faire une liste détaillée de tout ce que tu m’as offert dans ma vie comme cadeau ?

Comment j’aurais pu croire qu’un jour, tu me ferais arrêter ?

Même si je sais que ce n’est plus toi.

Tu ne ferais jamais cela.

Mais c’est quand même toi.

Nous vivons depuis des mois un cauchemar qui ferait frissonner les adeptes de films d’horreur.

Je te raconterais en détail ce que nous vivons, toi qui lis ces lignes, mais tu ne me croirais pas.

Surtout si tu as pu croiser un jour ma maman et nous voir en relation.

Jamais tu n’aurais pu croire que notre histoire à ma maman et moi finirait comme cela.

Quelqu’un me vole actuellement les derniers moments de lucidité de ma mère et je ne peux rien faire contre cela.

Va voir la police : c’est fait

Parle avec des avocats : nous sommes en processus, mais nous avons les mains liées.

Parle avec des organismes : c’est tout fait… nous tombons systématiquement dans les trous du système.

Je me dis que je ne dois pas être la seule.

Mais comment cela se fait-il que personne ne parle ouvertement de toutes ces choses ?

Comment cela se fait-il que des personnes âgées se sentent protégées, mais que tout puisse changer ?

Surtout si elles ne se sont pas protégées d’elles-mêmes.

Ma mère avait tout fait dans les règles de l’art.

Elle a payé le gros prix pour se faire conseiller et organiser ses désirs, pour finir par devenir sa propre victime et apporter une énorme souffrance sur son passage.

J’ai un conseil à donner en ce moment et sache que ce conseil, jamais je n’aurais cru le dire puisque c’est littéralement aux antipodes de mes valeurs.

Mais je te suggère de filmer et de faire signer tes parents chaque fois qu’ils te donnent un cadeau, peu importe leur âge. Il est important que tu aies des preuves et qu’ils témoignent de leur volonté de t’offrir ce cadeau.

Ne laisse jamais tes parents te donner un héritage avant décès et ne sois jamais leur moyen de cacher leur argent sans que ce soit notarié et que tu aies des preuves de leur geste. Garde surtout des preuves de leur capacité à penser. Même s’ils disent que c’est pour ton bien et qu’ils veulent te voir profiter de la vie avant qu’ils n’en soient plus capables.

Les personnes âgées savent qu’elles doivent se départir de leur argent avant d’entrer en RPA ou en CHSLD, car leurs frais de résidence seront basés sur leur actif. En tout cas, c’est ce que l’on m’a dit toute ma vie et j’ai eu certaines confirmations à ce sujet.

Je te suggère de ne JAMAIS prendre ton parent en charge ou de cohabiter avec lui ou elle, car tu n’as plus de témoins.

À la place, même si cela crève le cœur, tu dois laisser la personne que tu aimes perdre son autonomie.

La laisser dépérir malgré le manque de dignité que cette personne peut vivre, attendre que quelque chose arrive et que cette personne devienne inapte avant à prendre soin d’elle.

Tu peux lire ceci et te dire que cela ne t’arrivera jamais.

Je croyais cela aussi.

Nous avions l’histoire la plus simple du monde.

Nous n’étions que ma mère et moi…

 

Eva Staire

 

Le prix de la liberté (ou : Mais pourquoi donc travailler?) – Texte : Nathalie Courcy

Pourquoi, donc, mon ado adorée, faudrait-il que tu travailles ? P

Pourquoi, donc, mon ado adorée, faudrait-il que tu travailles ? Pas nécessaire, t’sais ! Tu es logée, nourrie, habillée, transportée, éduquée. Tu as même des REEE engrangés pour payer tes prochaines années d’études, don généreux de tes parents si aimants (et si parfaits… awèye, avoue !) Qu’est-ce qui pourrait bien te motiver à utiliser tes précieux temps libres pour travailler au salaire minimum et te faire possiblement suer à répondre à la caisse à des clients pas tout le temps fins-fins ?

Tu as un bon point. Mais moi j’en ai sept ! Pis 7, ben, c’est un chiffre parfait. Faque, j’ai raison.

  1. Tu as le goût de t’acheter (cocher les cases appropriées):

a) Des bonbons trop sucrés, pas full recommandés par ton dentiste et ta mère grano.

b) Des vêtements à la mode qui coûtent un bras pis la peau des deux.

c) Du maquillage, de la teinture, tout ce qui ne rentre pas officiellement dans la catégorie « Essentiels de l’hygiène corporelle ou mentale ».

d) Un voyage quelque part (ça c’est cool, parce que la pandémie te donne plus de temps pour économiser !)

e) Un ordinateur ou une machine à coudre ou un char ou… n’importe quelle bébelle électrique ou à moteur qui ne fait pas partie du budget familial.

   2. Tu as des ambitions d’études, de carrière ou de vie qui t’amèneront (trop vite à mon goût) à vivre loin du cocon familial. Je veux bien t’aider, mais je ne suis pas prête à payer deux hypothèques pendant vingt ans.

   3. Ton vécu dans la famille et à l’école t’a permis de prendre beaucoup de maturité et d’autonomie depuis près de 18 ans. Mais là, c’est le temps de passer au niveau suivant d’un jeu nommé Reality Check. Ça se joue comme Mario Bross, sauf que les pièces de monnaie ne s’attrapent pas en faisant des acrobaties dans les airs (et tu ne peux pas t’amuser à perdre des vies… tu tomberais direct Game Over si tu sautais dans le vide, faque essaye pas). Et je te jure que quand tu TE trouveras, tu crieras VICTOIRE ben plus fort que quand Mario trouve la princesse.

   4. Je me doute que ton but dans la vie n’est pas de passer des codes-barres au-dessus d’une machine qui fait des BIP stridents mille fois par jour ou de faire des crèmes glacées enrobées dans le chocolat à l’érable version cabane à sucre saupoudré de sparkles Il n’y a pas de sots métiers, c’est ce que ma prof d’Éducation au Choix de Carrière (ECC, pour les vieux de ma trempe) disait, et je suis d’accord. Mais je te connais, tu as une vision plus… visionnaire ? Pendant que tu fais tes heures, un, tu ne te mets pas dans le trouble (dans une ancienne vie dans la capitale québécoise, on disait que le travail et les cadets sortaient les jeunes du Carré d’Youville et les empêchaient de devenir des poteux… dire que maintenant, c’est légal !!) et deux, tu apprends. Mais ma foi du bon Dieu, qu’est-ce que tu apprends donc ? Deux ou trois notions pertinentes, du genre la politesse, l’effort, la ponctualité, l’esprit d’équipe, l’adaptation aux imprévus, le respect, la valeur des choses et du temps, l’organisation. Et plein d’autres belles valeurs quétaines dont tu découvriras l’importance à un âge vénérable comme le mien.

   5. Que dire des lignes que tu ajoutes dans ton CV ! À 16 ans, on peut se permettre de n’avoir que des expériences de gardiennage et de bénévolat dans son CV. Mais à 26, c’est moins hot. Ça prend des références. Ça prend des compétences en plus des diplômes. Ça prend des preuves que tu peux être une bonne employée, ou une bonne employeuse. Ou une bonne ce que tu voudras être. Ça prend aussi de l’expérience d’entretien d’embauche, parce qu’entre toi et moi, se présenter en entrevue peut être aussi agréable que d’essayer des maillots de bain dans une boutique où tous les miroirs sont en dehors des cabines d’essayage.

   6. Et puis oui, ça prend de l’argent. Mauvaise nouvelle, hein ! Les choses ont un prix. Je ne veux pas t’écœurer, mais la vie coûte cher, même pour ceux qui font du 0 déchet minimaliste tirant sur la simplicité volontaire. C’est en gérant ton propre budget que tu apprendras que le montant qui sort de ton compte doit toujours être moins élevé que ce qui y entre. Maths de base, 1reannée du primaire. Avec le temps, tu continueras à comprendre les mystères des taxes, des rabais, des factures et des T4, la joie de faire tes impôts et la nécessité de payer tes cartes de crédit avant la date limite.

   7. Un jour, tu verras dans ton compte le nombre magique que tu attendais depuis un bon bout. Celui dont tu rêvais, celui pour lequel tu travaillais si fort. Tu verras le montant qui te permettra de t’acheter ce qui te donnera encore plus l’impression d’être une jeune femme autonome. Ce sera à toi, comme aucun vêtement ni aucun objet que j’ai pu t’acheter depuis ta naissance. (Je me souviens encore de la radiocassette avec deux haut-parleurs intégrés que je m’étais achetée « dans le temps »… 130 beaux dollars bien économisés. Ihhhh ! Que je me sentais grande !) Cette journée-là, peut-être que tu seras reconnaissante que je t’aie un peu botté les fesses pour que tu te trouves un emploi.

Mais ma grande, j’y pense. Je t’ai souvent dit que nos enfants ne nous appartiennent pas et que la plus belle valeur que je peux vous transmettre, c’est la liberté. Mais pas n’importe laquelle. Une liberté responsable et assumée. L’argent n’achète pas tout, bien sûr. Mais l’argent bien géré aide à atteindre ce type de liberté. Et c’est ce que je te souhaite.

P.S. Tu te souviens, hein, de ce qui est écrit en mini caractères dans notre contrat mère-fille ? Quand tu seras riche, tu m’amèneras faire un tour de machine au soleil et tu me payeras la crème glacée. Je vais prendre celle aux mangues avec enrobage de chocolat blanc. S’il te plaît.

Nathalie Courcy

Se sentir pauvres

J’ai longtemps hésité avant d’écrire ce texte. L’argent, câ

J’ai longtemps hésité avant d’écrire ce texte. L’argent, c’est un grand tabou dans la société et à moins d’en gagner beaucoup, l’argent est souvent synonyme de honte et de culpabilité. Je me suis aussi demandé si j’allais publier ce texte de façon anonyme… mais je réalise que ce serait cette honte qui me pousserait à le faire, alors j’ai choisi de lever le voile et d’assumer.

Notre famille n’a rien d’exceptionnel et je sais que plusieurs se reconnaîtront à travers nous. Je suis mariée à un homme que j’adore profondément, et ce, depuis plusieurs années. Nous avons étudié tous les deux et avons des emplois qui nous rendent heureux. Nous avons eu des enfants. Oui, on a une famille. Oui, c’était notre choix. Cela étant dit, cela n’a jamais changé notre situation financière. Nous en sommes au même point qu’avec un seul enfant. On a une maison, une belle grande maison. Nous n’avons pas acheté une grande maison pour vivre au-dessus de nos moyens, au contraire. On a juste été chanceux d’attraper une belle opportunité et notre grande maison nous coûte le même prix qu’un loyer.

Quelqu’un m’a dit un jour qu’on était « dans les plus riches des pauvres ». Et c’est très vrai. Nous ne sommes pas à plaindre, nous avons un diplôme, un emploi, une maison… Pourtant, on se sent pauvres pareil et oui, souvent, on en a honte.

Chaque jour, on vérifie dans l’application quel chèque est passé dans le compte bancaire et quelle dépense il reste à payer pour le mois en cours. Chaque jour, on regarde les chiffres défiler avec la peur au ventre que la prochaine facture ne passe pas… parce que quand on calcule nos revenus, moins nos dépenses, on arrive à zéro. Chaque mois.

On n’a pas de voiture de l’année, on ne voyage pas, on reste à la maison pendant nos vacances, on ne se paye pas de sorties extravagantes avec les enfants… On n’a pas de femme de ménage ni de déneigeur, et quand quelque chose brise, on essaie de le réparer nous-mêmes… On ne se paye pas de luxe, aucun. Nos sorties au restaurant se résument à une sortie en famille dans les grandes chaînes ornées d’un coq, une fois par mois. On ne se paye jamais de vêtements. On habille la plus vieille à sa fête et elle repasse ses vêtements aux plus jeunes. Les grands-parents les gâtent avec des morceaux plus chics ou des kits d’hiver à leur anniversaire.

J’ai lu l’autre jour que lorsque l’on paye toutes nos factures et que nos comptes sont à zéro, c’est qu’on est responsables. Eh bien, on ne se sent pas responsables. On se sent pauvres. Et oui, on a honte. C’est vrai qu’on est fiers de ne pas avoir de dettes qui s’accumulent, mais les cartes de crédit accusent tous les mois quelques déficits qu’on peine à repayer à la prochaine paie…
On n’a jamais d’argent de lousse. On n’a pas d’économies. On ne vit pas dans le luxe. On n’achète rien de congelé et on cuisine tout nous-mêmes. Même nos plantes de maison nous ont été offertes. Quand un des enfants est invité à une fête d’amis, la seule chose à laquelle on pense, c’est comment on va faire pour débloquer un peu d’argent pour un petit cadeau.

On aimerait ça se payer un sac de chips à l’épicerie. On aimerait ça amener les enfants au zoo, au parc de manèges, ou au centre d’amusement. On aimerait ça leur acheter des tonnes de jouets pour Noël. On aimerait ça les amener au restaurant toutes les fois qu’on en a envie. On aimerait ça être capable de se payer une gardienne pour sortir en amoureux. On aimerait ça voyager. On aimerait ça avoir une voiture qui ne menace pas de rester prise à chaque grand froid. On aimerait ça finir les rénovations dans la maison. On aimerait ça…

Mais non. On reste responsables, hein ? Pas de luxe, pas de fla-fla. On paye des factures, de justesse. On repaye les cartes de crédit, avec le cœur serré chaque mois. Pis on a chaud devant la caissière à l’épicerie, parce qu’on a honte de la payer avec de l’argent qu’on ne sait pas si on a… On ne sait jamais si la petite machine va écrire « Transaction acceptée. Merci. » Et la seconde de délai nous paraît toujours interminable.

On sait aussi qu’il y a des milliers de familles dans des situations plus difficiles que la nôtre. Je pense souvent aux familles monoparentales, aux parents qui n’ont pas obtenu leur diplôme et à ceux qui sont nés dans la vraie grande misère… Alors on refuse de l’aide. On refuse l’aide de nos proches ou des organismes qui sont là. Parce qu’on veut qu’ils aident des gens qui en ont encore plus besoin de nous. Alors on reste là, devant le suspens de la machine à l’épicerie, la peur au ventre que la transaction soit refusée.

On continue, chaque jour, de vérifier les comptes et d’essayer de garder la tête hors de l’eau. Et à chaque imprévu de la vie, on a honte. On a tellement honte. Parce qu’on fait de notre mieux, mais que ça ne suffit pas. Et le pire dans tout ça, c’est que ça ne changera jamais. Alors on se répète que c’est ça, la vie.

Joanie Fournier

 

La valise de Sébastien

Dans son livre Mon grand-père disait… 2.0, Boucar Diouf

Dans son livre Mon grand-père disait… 2.0, Boucar Diouf dit ceci : « Chacun de nous, par son éducation et son histoire familiales, reçoit un pratique sac à dos de bonnes choses et une encombrante valise de choses moins désirables. En libérant nos mains, le sac à dos facilite notre cheminement dans la vie ; la valise qu’on traîne, elle, nous ralentit ». Dans l’histoire que je m’apprête à vous raconter, Sébastien, né quelque part dans les années 80, a malheureusement hérité d’une lourde valise…

Après avoir déposé sa boîte à lunch presque vide dans son casier et suspendu son manteau beaucoup trop léger pour le froid mordant de janvier, Sébastien s’avance devant sa nouvelle classe. Frêle de constitution mais plutôt confiant, se présenter devant des amis encore inconnus ne l’effraie plus, puisque c’est la troisième école qu’il fréquente cette année. Il tire sur son chandail de Superman un peu court pour lui et se lance :

Salut. Je m’appelle Sébastien et j’suis nouveau ici. Y’a fallu déménager, parce que l’électricité marchait pu dans l’autre appartement. J’suis un peu énervé parce que demain, je vais avoir neuf ans et pour fêter ça, mon père va m’amener aux courses de chevaux. On va faire une sortie de gars. Ça va faire changement des bingos où ma mère m’emmène souvent avec mes deux sœurs. C’est un peu plate le bingo, mais quand elle gagne, ma mère nous achète du linge au sous-sol de l’église pis des barres de chocolat. Mais demain, mon père dit que j’vais lui porter chance et qui va gagner aux courses. Ça fait qui va m’acheter un vélo. Mon père, c’est le meilleur! Il nous le dit tout l’temps qu’il va nous gâter quand il va gagner.

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Sébastien est fébrile. Aujourd’hui, il va s’adresser au groupe de soutien du centre jeunesse pour une dernière fois. Après un séjour de trois ans, il est heureux de retourner à la maison, mais à la fois inquiet. Ici, il mangeait à sa faim et dormait dans la même chambre soir après soir. Il enroule ses mains dans le bas de son chandail et commence :

Salut. Je suis Sébastien et c’est ma dernière journée icitte. Ouain… à douze ans, quand on a déménagé à Montréal pis que j’ai changé d’école pour au moins la vingtième fois, j’suis rentré dans un gang de rue. C’était la seule façon d’arrêter de me faire niaiser. Pis j’étais tanné d’être pauvre. Avec la gang, on volait des chars pis on vendait un peu de dope. J’avais enfin du cash pour moi. Je pouvais me payer des bons snacks et en donner un peu à mon père pour ses courses. Il était content et il disait qu’il m’en donnerait la moitié quand il gagnerait. Après un bout, la police m’a pogné, ça fait que j’me suis retrouvé ici. Là ça va mieux. Je vais passer des journaux, aider mon père avec ses comptes pis retourner à l’école. J’ai hâte de revoir ma famille pis eux autres aussi ont hâte.

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En cette soirée pluvieuse et froide, Sébastien marche à grands pas dans la rue obscure. Il s’engouffre rapidement dans ce bar où il a passé plus d’une soirée. Il doit faire vite, car il a dit à son amoureuse qu’il sortait quelques minutes s’acheter des cigarettes et il lui a promis qu’il ne jouerait plus. Il s’avance confiant vers la barmaid qui le reconnaît et le salue d’un signe de la tête. Elle lui sert sa bière et lui donne du change. Elle connaît ses habitudes. « Ça va. Ça fait longtemps qu’on t’a vu! » lui dit-elle. Sébastien attrape le rebord de son chandail détrempé par la pluie et lui raconte :

— Ouain… Mon père vient de mourir d’une crise de cœur. Y me manque, ça fait que je vais jouer aux machines à sous. De même, j’me sens proche de lui. J’ai l’impression de le sentir à côté de moi quand j’appuie sur les boutons. C’est fou, mais j’ai même le feeling qu’il me dit de pas lâcher, que la machine va cracher. Avec cet argent-là, j’vas payer mes dettes pis gâter ma blonde.

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Pour la première fois de sa vie, Sébastien avance, incertain, sur le trottoir de ce grand boulevard. Son cœur bat si fort, qu’il a l’impression qu’il va sortir de sa poitrine. Il ouvre la porte dissimulée derrière l’église, la main tremblante. Bien qu’on l’accueille chaleureusement, il est nerveux. Pour se donner du courage, il jette un coup d’œil à son chandail délavé de Superman qu’il a déniché dans une friperie. Machinalement, il saisit le bas de celui-ci et lâche :

Bonjour. Je m’appelle Sébastien et j’suis joueur anonyme. J’ai trente-huit ans, j’ai deux magnifiques petites filles. Y m’a fallu deux séparations, une faillite personnelle et une tentative de suicide pour admettre que j’avais un problème de jeu. Maintenant que je l’sais, j’vais faire l’impossible pour me sortir de là. J’vais l’faire pour moi et pour mes deux filles. Pour pas qu’elles connaissent la pauvreté et pour qu’elles sachent que la vie est là, maintenant. Ça va être difficile, mais même si je l’aime fort, j’veux pas faire c’que mon père a fait toute sa vie.

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Les enfants aiment leurs parents de façon inconditionnelle et marcher en dehors de leurs pas est un véritable défi. Alors, à nous, parents, de nous assurer que ce qu’on leur donne ira dans leur sac à dos plutôt que dans leur valise.

Je souhaite à tous les « Sébastien » de ce monde d’avoir l’humilité d’admettre et la force de s’en sortir.

Isabelle Lord

 

À vos marques…

Il me fa

Il me faut des Lois, des Gazelle couleur or…

Bien au-dessus de tout, c’était indispensable. Comment faire autrement? Ma vie d’adolescent en dépendait. Vraiment? Vraiment! Comme quoi il est facile, alors, de faire preuve de constance. De répéter, inlassablement, la même chose à sa mère. Une guerre d’usure.

Que j’ai souvent gagnée, à défaut de gagner celle pour la motoneige…

Depuis que j’ai des enfants, j’admire davantage ce type de patience. De résistance parentale. Et encore, il n’y avait même pas, à mon époque, d’accès facile au marketing sournois. Ces items n’étaient pas prônés par des vedettes. YouTube et Instagram ne créaient pas une nécessité artificielle. Momentanée. Il y avait juste quelques pubs dans les revues. Pour les jeans, celles à la télé.

En fin de parcours, des Wallabees. Pour les plus jeunes, allez voir des photos. Celles en suède brun, avec la semelle en gomme beige. Le must, pendant quelques années. Sérieux. J’ai de la difficulté à ne pas rire de moi. De ce que je trouvais si important. Essentiel! Essentiel, vraiment?

La fierté, consommée par l’image.

J’ai ces souvenirs, alors qu’on me parle de Yeezy. De leur prix. Heureusement que j’ai ma fille pour m’aider à comprendre le phénomène. On parle d’un rappeur à la mode. Et quand je dis à la mode, ça peut atteindre jusqu’à 4 500 $. Bientôt le prix d’une motoneige.

J’essaie d’avoir un discours sensé sur le sujet. Que ce prix, il est totalement artificiel. Des espadrilles, ça reste un produit fabriqué en usine dans des endroits où on exploite. Allégrement. Ensuite, ça continue; c’est l’acheteur qu’on exploite. Naturellement. Entre les deux, toute conscience sociale doit être perdue.

Un processus commercial dirigé contre les plus vulnérables. Ceux qui cherchent à se forger une identité. Des êtres acceptés. Presque à tout prix. Dans un moment charnière de leur développement. En plus, il faut également former les consommateurs de demain. Là, à tout prix.

Pourtant, on réalise en vieillissant qu’un bien de consommation, ça reste ça. Un plaisir temporaire. Un bien, souvent inutile. Faisant encore plus ressortir notre vide intérieur. On comprend également que ce rappeur, lui, il fait des millions avec cette dépendance. Un vendeur de drogue légale. Rien de moins.

Pour le moment, je croise les doigts. Le chant de ces sirènes ne résonne pas trop fort à la maison. J’espère aussi que mes enfants sont plus sensibilisés que je ne l’étais. À toutes ces réalités. En trouvant même la musique pour m’accompagner :

Avoir l’essence. Du bon sens. Du non-sens…

 

michel

 

Ignorer sa chance!

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J’hésite à sortir, la foudre peut me frapper même en plein soleil…

En moins d’une semaine, on m’informe que :

·         J’ai gagné près de 5,7 millions de dollars au casino;

·         J’ai un remboursement d’impôt de 621,15 $;

·         Je dois corriger un versement, fait en trop à mon compte PayPal;

·         Enfin, je dois agir pour avoir accès de nouveau à mon compte bancaire en ligne.

Ce dernier courriel « officiel » est certainement le plus drôle. Je n’ai jamais eu de compte à l’institution financière mentionnée! Et c’est la troisième qui veut ainsi mon bien. L’amnésie, sans doute, qui me frappe en plein front. Ou simplement, pêche au filet oblige, la liste de toutes les banques opérant ici.

Comme je veux éviter que ma matière grise devienne une fausse sceptique, je vais passer volontairement loin de toutes ces belles occasions. Jusqu’à accepter de ne plus avoir accès à mes fonds… imaginaires. 

Surtout, je vais encore me questionner. À l’autre bout, c’est tout le respect qu’ils ont pour mon intelligence? Je dois m’éviter cette autre angoisse existentielle. Simplement me répéter que j’appartiens à un peuple de naïfs. Ciblé par ces escrocs à l’orthographe douteuse et à la syntaxe limitée.

Mais, alors, je ne suis pas fier de nous…

Je pourrais aussi embrasser à pleine bouche les théories du complot. La plus évidente, que ce sont les sociétés d’antivirus qui accouchent de ces épouvantails. Ou l’autre, selon laquelle les données qu’on utilise fréquemment sont revendues à notre insu au plus offrant. Que ce soit par les réseaux sociaux, désormais incontournables, ou par des entreprises en qui nous avons confiance. Ou pire, par des fonctionnaires insatisfaits de leurs émoluments.

Ne me dites surtout pas que c’est par l’inscription à des concours… Comme il se doit, j’utilise une autre adresse courriel pour participer. Je vous rassure aussi, pour la même raison, Facebook devrait être exclu. Élémentaire, mon cher Watson!

D’ailleurs, je constate que j’ai beaucoup moins de « chance » avec l’adresse bidon. On semble faire la distinction; soit de la fréquence, soit du contenu des envois. Cibler les adresses courriel qui, au minimum, échangent des fichiers.

L’étau se resserre. Le dénominateur commun, l’infâme société de Bill Barrières? Une fenêtre, on voit au travers. Des deux côtés! D’autant que j’ai encore plus de chance à la loterie du bogue. Vite une (autre) mise à jour, qui semble toujours si bien tout… dérégler!

Je devrais tenter le virage de la Pomme, si je ne doutais pas aussi du fabricant de la puce. Après tout, personne n’apprécie cet animal parasite.

Je vais plutôt lancer le défi anonyme à tous les jeunes en manque de sensations virtuelles. Quand vous serez blasés de faire des percées dans des systèmes informatiques connus, ça ne vous tenterait pas de les viser? Qu’à chaque envoi, les fraudeurs en reçoivent automatiquement mille.

Tous des courriels identiques…

« Le destinataire est si reconnaissant de votre envoi, qu’il veut vous le laisser savoir sans modération. Chanceux! »

Je suis même prêt à utiliser les 5,7 millions de dollars, à leur réception, pour créer un concours annuel afin de récompenser les meilleurs d’entre vous!

michel

 

De babiche et de coton ouaté

Quand j’étais

Quand j’étais petite, ma famille n’avait pas beaucoup d’argent. Juste un salaire, qui est disparu avec le décès du parent pourvoyeur. Ce n’est pas avec les rentes de veuve et d’orphelins qu’on se paye du luxe, disons. Mais quand même. Notre mère a fait des miracles avec ce qu’elle avait.

On portait des habits de neige rapiécés et des vêtements cousus à la main (je me souviens encore de mon ensemble rose en coton ouaté, du jaune aussi, et du vert! Tous très confortables, pas très seyants, mais parfaits pour ce qui comptait le plus dans mon enfance : jouer!)

On mangeait des repas cuisinés avec amour. Notre jardin occupait un terrain complet. On cultivait assez de framboisiers pour nourrir tous les enfants et tous les oiseaux du quartier. En prime, on trouvait dans la terre les vers bien dodus qui nous permettaient d’aller pêcher sur le fleuve. Dans le temps où la couleur du Saint-Laurent était plus ragoutante.

On avait des amis, plein d’amis. À une époque, on a même eu des amis de piscine! Jusqu’à ce que la 24 pieds rende l’âme. Après ça, on s’est contentés avec bonheur d’avoir des amis tout court. Les vrais. Et avec eux, pas de compétition pour savoir qui a le plus beau tricycle ou la maison la mieux décorée : on jouait dehors. Dans nos habits de neige rapiécés et nos cotons ouatés à la « Thérèse ».

On sortait peu, mais ce n’était pas l’époque où les enfants avaient fait le tour du monde avant d’avoir atteint l’adolescence. Pas besoin d’aller au Biodôme pour admirer la flore et la faune : on les côtoyait dans notre cour. On allait parfois au cinéma, au centre d’achats, à la bibliothèque, au musée. Mais sérieusement, ça ne m’a jamais manqué et ça m’en a fait plus à découvrir quand j’ai été en âge de partir avec mon sac à dos. On était trop occupés à se voisiner, à jouer au 99 et à chanter autour du feu.

Dans le village où j’habitais, il y avait un magasin de bonbons à 1 cenne. À quoi ça m’aurait servi d’avoir des 20 piasses? Derrière chez moi, il y avait un immense champ, et derrière l’immense champ, il y avait une immense forêt. On avait des raquettes en babiche (les jeunes : vous chercherez ça sur Google, le mot « babiche »!) et des bottes d’hiver pour se promener autant qu’on voulait. Pendant l’été, on avait des rues sécuritaires pour faire du vélo, sans autoroutes ni violeurs.  

Notre richesse, c’était le temps qu’on avait. Le « pas de stress ». Le temps avec notre mère et nos voisins pendant l’été et après l’école. On avait une voiture qui roulait de façon sécuritaire, une école accueillante où on pouvait apprendre, un village où tout le monde connaissait tout le monde, et la liberté de faire ce qu’on voulait de notre vie, parce qu’on avait appris à se débrouiller pour avoir ce qu’on voulait. Parce qu’on avait appris à travailler pour réussir. Parce qu’on avait vu nos parents le faire avant nous.

Quand j’étais petite, je n’ai jamais eu l’impression qu’on manquait de quoi que ce soit, argent inclus. Je suis allée au privé au secondaire et au collégial, je suis allée à l’université, j’ai voyagé. J’ai acheté ma première maison à vingt-deux ans. Je sais comment faire un budget, mais je n’ai pas besoin de le faire pour arriver. Toute une liberté!

J’ai gardé mon côté écureuil qui emmagasine pour l’hiver. J’achète en plus grande quantité quand le papier de toilette est en rabais, je congèle mes légumes à l’automne, je mets mes propres confitures de framboises en conserve. Je couds, je jardine, je cuisine, je suis encore capable d’enfiler un ver sur un hameçon et d’attacher des raquettes (même les plus modernes! Mais j’avoue avoir un attachement symbolique à mes raquettes en babiche.) Mais c’est plus par plaisir que par nécessité.

J’ai changé de braquette d’impôts, mais ce qui n’a pas changé, c’est ceci : je chéris mon temps et mes amis. Et ma mère, qui m’a tant appris.

 

Nathalie Courcy

Nostalgie pour l’été de mes 24 ans ou quand tout était plus simple

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Je m’ennuie du temps où mon seul souci pendant l’été était de savoir quelle saveur de crème glacée j’allais manger.

 

Maintenant, mon souci est de savoir si je vais avoir assez d’argent pour payer tous mes comptes. La crème glacée, c’est trop cher de toute manière.

 

Je m’ennuie du temps où ma mère me donnait 1 $ pour m’acheter un steamé à la Belle Province et que j’avais l’impression d’être riche.

 

C’est triste de constater que je suis encore contente de récupérer 1 $ que je croyais avoir perdu.

 

Je m’ennuie du temps où je prenais un ensemble au hasard dans mon garde-robe et je ne me demandais pas si c’était beau : c’était confortable, alors c’était parfait.

 

Hier matin, j’ai passé vingt minutes à changer mes ensembles pour finalement revenir avec mon choix initial. Je voulais être certaine que les gens trouvent cela beau.

 

Je m’ennuie du temps où je sortais à l’extérieur pour aller jouer au parc avec ma maman. Elle me poussait si haut que j’avais l’impression de m’envoler dans les nuages.

 

Dorénavant, quand je passe près d’un parc, je pense égoïstement à mon futur enfant que je pourrai amener au parc pour me balancer avec lui, comme avant.

 

Je m’ennuie du temps où je sautais dans la piscine sans regarder la température et que les grands me trouvaient si courageuse.

 

Aujourd’hui, je trouve les gens fous de sauter dans la piscine à 78. Je suis triste d’être devenue aussi moumoune.

 

Je m’ennuie du temps où je pouvais manger du Kraft Dinner sans me sentir coupable.

 

Maintenant, je surveille attentivement tout ce que je mange pour être en santé. Quand je me fais un cheat day, je me le rappelle constamment.

 

Je m’ennuie du temps où je mettais du gloss transparent et que je trouvais que je ressemblais à la plus belle des top-modèles.

 

J’avoue, je passe parfois des heures à regarder des tutoriels beauté sur YouTube, en étant toujours déçue de ne pas ressembler à Cynthia Dulude après avoir essayé.

 

Je m’ennuie du temps où mes amis ne me jugeaient pas sur les actions que je pouvais faire.

 

Quand je regarde les gens autour de moi qui se jouent dans le dos et qui se disent amis, je me dis parfois que ça ne vaut presque pas la peine d’avoir des amis…

 

Je m’ennuie du temps où les seules dettes que j’avais étaient celles de la cour d’école où j’avais échangé des cartes Pokémon contre des pailles de sucre.

 

En ce moment, j’ai une dette d’études, mais d’autres suivront éventuellement, et ça me stresse.

 

Je m’ennuie du temps où je me regardais dans le miroir et où j’étais fière d’avoir grandi.

 

Présentement, je me regarde dans le miroir et je suis fière d’avoir maigri.

 

Je m’ennuie du temps où jouer à l’ordinateur était un luxe.

 

Je me rends compte maintenant qu’en 2017, une panne d’électricité qui devient une source d’angoisse est vraiment un énorme problème.

 

Je m’ennuie du temps où je passais du temps de qualité avec ma famille, où je riais à en avoir mal au ventre.

 

Maintenant, je tague les membres de ma famille dans des publications Facebook pour dire que je les aime plutôt que de le dire devant eux ou d’au moins les appeler.

 

Je m’ennuie du temps où je n’avais pas de pression. J’avais mes propres modes, mes propres idées.

 

Pression au travail, pression de la famille, pression-obsession de la santé, pression portant sur le physique, pression sur mes opinions. Même écrire ce texte me met de la pression.

 

Je m’ennuie du temps où je me sentais tout énervée après avoir croisé mon enseignante à l’épicerie.

 

Présentement, je fuis du regard toutes les personnes que je pourrais connaître et que je croise.

 

Je m’ennuie du temps où je regardais le ciel le soir et où je me demandais comment les étoiles pouvaient être aussi belles.

 

Ah, pour ça, rien n’a changé. Je suis encore la même petite fille quand je regarde le ciel étoilé la nuit. Il faut bien que je me préserve un peu.

 

Être adulte, ce n’est pas facile, mais au moins, j’ai la chance d’avoir assez de maturité pour constater mes forces et mes faiblesses et du coup, pour m’améliorer.

 

Stéphanie Parent

Dix bonnes raisons de NE PAS aller dans le Sud!

Je dois dire que je fais une écœurantite aiguë! Il me semble que

Je dois dire que je fais une écÅ“urantite aiguë! Il me semble que TOUT LE MONDE va dans le Sud, revient tout bronzé avec plein de belles choses à raconter! Et moi… je regarde défiler les gens, aller, revenir… mon teint reste pâle et le seul sud que je vois : la rive sud du fleuve…

Alors je me suis trouvé dix bonnes raisons de NE PAS aller dans le Sud.

  1. Mon compte en banque est heureux! Un voyage dans le Sud, c’est si cher! Les passeports, les billets d’avion, la bouffe, etc. Comme je n’y vais pas, je ne creuse pas mon crédit plus qu’il ne l’est déjà! Et si je veux aller manger au resto ou sortir voir un show: je peux me le permettre!
  2. Je ne vais pas mourir dans un crash d’avion! J’ai tellement peur en avion… l’angoisse! Je déteste cet engin! Si on y pense bien : c’est bien trop pesant pour voler un avion, non?
  3. Je n’aurai pas le flu! J’entends toutes sortes d’histoires qui ne me donnent vraiment pas envie de manger dans le Sud! Pis me bourrer de probiotiques pour partir en vacances : non merci!
  4. Je ne brûlerai pas! Notre peau, pas du tout habituée au soleil en hiver, se retrouve confrontée à des UV très agressants et dangereux. Le monde se fait cramer sur les plages en plein mois de mars! Venez pas chialer si vous avez un mélanome!
  5. Je ne perdrai pas ma valise! Il me semble qu’arriver en vacances en bottes de neige, tuque et mitaines, sans son bikini qui s’est perdu avec ta valise à l’autre bout de la planète, c’est… plate!
  6. Je ne dormirai pas dans un hôtel miteux! Je serai bien au chaud dans mon lit, sans les traces des ébats sexuels du locataire précédent, sans cheveux étrangers coincés dans l’oreiller et sans bibittes qui me grimpent le long des jambes!
  7. Je ne pleurerai pas parce que mon avion est en retard ou que je l’ai manqué car il est parti plus tôt que prévu! Non, mais… il en arrive des mésaventures quand tu es tributaire du système de transport aérien!
  8. Je ne ramènerai pas Zika! Ainsi, toutes les femmes enceintes de mon entourage et leurs conjoints ne vont pas stresser ni me mettre en quarantaine. D’ailleurs, si vous êtes enceintes, les voyages dans le Sud : ce n’est vraiment pas une bonne idée!
  9. Je n’aurai pas de piqûres! Hey! Vous avez vu la liste de vaccins pour partir dans le Sud! J’ai une phobie des aiguilles! Je n’en veux pas!
  10. Je n’aurai pas le cafard de rentrer au Québec à la fin de mon séjour… parce que je ne serai pas partie!

Franchement! Quelle idée d’aller dans le Sud!

 

Gwendoline Duchaine

 

Kit de survie pour travailleurs autonomes en cas de maladie grave

Lorsque j’ai reçu mon diagnostic de cancer, et que les questions d

Lorsque j’ai reçu mon diagnostic de cancer, et que les questions des enjeux financiers ont émergé, j’ai commencé à me renseigner… Et c’est là, que les « Avoir su ! » et les « J’aurais donc dû » ont commencé à germer, comme de la mauvaise herbe, dans mon compte bancaire.

Donc pour faire suite à mon dernier article sur le coût de la vie quand la maladie vient jouer dans le budget familial, comme une boule dans un jeu de quilles… Voici le kit de survie pour les travailleurs autonomes afin de protéger votre famille de certains « STRIKES » indésirables de la vie.

Mais attention, ce kit ne se veut pas exhaustif! Ces conseils sont simplement tirés de « faits vécus »…

Assurance-emploi

  • Trop peu de travailleurs autonomes savent qu’il existe un programme de l’assurance-emploi pour travailleurs autonomes. Ce programme permet, en cas de maladie grave, de recevoir des prestations maladies pendant un maximum de 15 semaines… Ça vaut la peine de s’y inscrire… Pensez-y bien!

Infos sur l’assurance-emploi pour travailleurs autonomes

Assurance hypothécaire

  • Aussi assurez-vous d’avoir souscrit une assurance hypothécaire. En cas de maladie grave, vous serez dispensés de payer vos mensualités pour la durée de votre arrêt. (Cela permettra aussi de ne pas reporter la pression financière de la maladie sur votre conjoint(e))

Assurances collectives et invalidité

  • Si vous n’avez pas d’assurances collectives avec votre syndicat ou via votre conjoint(e), il existe des organismes et des fondations qui ont des programmes d’aides financières ponctuelles, pour les personnes souffrant de cancer, et en situation précaire, pendant les traitements. Renseignez-vous auprès des travailleurs sociaux de votre CLSC. Mais rassurez-vous, le gros des traitements et soins sont pris en charge par la RAMQ.
  • Il est également possible de souscrire une assurance invalidité avec votre carte de crédit. Là encore, ça peut aider de ne pas à avoir à repayer son solde de carte de crédit!
  • Les plus prévoyants d’entre vous souscriront un contrat d’assurance invalidité. Plusieurs produits financiers de ce type sont disponibles sur le marché. Voyez avec un planificateur ou un conseiller financier.

Contrat de vie commune

  • Si vous avez un conjoint(e) de fait et que donc vous ne vous êtes pas promis d’être là l’un pour l’autre dans la santé ET la maladie. Sachez que personne ne peut prévoir comment la maladie peut affecter votre amour. Il arrive plus souvent qu’on ne le croit que le pouvoir de l’amour ne soit pas aussi puissant sur longévité de votre relation que la maladie. Et devoir mener de front une bataille contre le cancer et une séparation vous mettra dans une situation vulnérable pour les questions d’argent et de partage des biens. Et j’imagine que je ne vous apprends rien en vous disant que votre ex-conjoint(e) n’a aucune obligation légale d’être généreux, clément ou juste envers vous, MALGRÉ la maladie… À moins que vous ayez, pendant les beaux jours de votre relation, définit dans un contrat de vie commune, les termes et conditions de votre séparation. Vous pourriez même y inclure une clause spécifique « en cas de maladie grave ».

Voilà.

Alors, sans revendiquer le qualificatif de « spécialiste de la question », j’espère, du moins, prêcher par le mauvais exemple!

Pour en lire plus sur mon quotidien avec le cancer, visitez www.laviecontinuemalgretout.com