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Encore la « maudite » grève des CPE – Texte: Kim Boisvert

Oui. Encore. Mais je ne suis pas tannée de devoir avoir mes minis avec moi pendant qu’éducateurs

Oui. Encore. Mais je ne suis pas tannée de devoir avoir mes minis avec moi pendant qu’éducateurs-trices crient haut et fort leurs demandes pour de meilleures conditions.

Nope, ça m’tanne pas, ça. Ce qui me tanne, c’est d’entendre ou de lire les commentaires de gens qui disent des horreurs du genre : « Elles le savaient quand elles ont donné leur CV. »

Ou bien le dernier qui m’a fait perdre des cheveux : « T’es gardienne, tu pensais gagner quoi ? Fais comme tout le monde et change de métier si ça te va pas ou garde en d’sourrrr d’la table pis mets-toi sur le B.S. » Oui, un vrai commentaire déposé sous une publication Facebook. J’pense que j’ai roulé les yeux tellement fort que mon cerveau a voulu m’quitter.

Le mouvement « Valorisons ma profession » est plus qu’important.

Si t’as des enfants qui vont au service de garde, tu dois appuyer ce mouvement.

Si t’as des enfants qui sont allés au service de garde, tu dois appuyer ce mouvement.

Si t’as des enfants, tu dois appuyer ce mouvement.

Si tu connais mes enfants, tu dois appuyer ce mouvement.

Si t’es humain, tu dois appuyer ce mouvement.

Parce que 40 h+ par semaine, ces éducateurs. trices élèvent et forgent la relève, la société de demain.

J’ai la chance d’avoir des éducatrices exceptionnelles pour mes jumelles et un milieu de garde carrément incroyable. Y’a pas une journée où je ne remercie pas le ciel pour ces humains et humaines en qui j’ai 100 % confiance. On dit qu’être parent ça s’apprend. On ne naît pas parents, on le devient à grands coups de pleurs et d’échecs et de remise en question. Constamment. Et on a de la chance d’avoir des gens pour qui ÇA, ces moments, c’est leur quotidien. En fait, ce n’est pas de la chance, ces professionnels de l’éducation à l’enfance sont formés pour s’occuper de nos minis. Mais aussi ils font un soutien parental supra-chiant. Et ça, c’est le bout où leur patience doit être mise à l’épreuve.

Ils et elles gèrent des conflits, des étapes de vie, des émotions, des séparations, des gastros et d’autres bobos, et surtout, sans eux, personne ne pourrait travailler.

Elles/ils ne sont pas là QUE pour nos enfants. Leur présence nous est toute aussi essentielle, pour tous les parents qui ne peuvent pas ou ne font pas le choix de rester à la maison.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je n’aurais jamais pu passer au travers d’un processus au tribunal pour agression sexuelle. Que j’ai gagné.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je n’aurais jamais pu passer au travers de ma séparation du papa quand elles étaient bébés.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je n’aurais jamais pu gagner assez de sous pour vivre.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je n’aurais pas pu prendre soin de ma santé mentale.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je ne serais jamais passé au travers de l’étape de la propreté avec autant de bienveillance.

Parce que sans les éducatrices de mes enfants, je n’aurais pas entendu les mots « Voyons, Maman, les filles sont bien ici, va te reposer, tout va bien. »

Ces mots qu’on m’a dits alors que je sortais de la garderie en pleurant. Parce que j’étais dépassée. Parce que j’avais pas dormi de la nuit pour mon nombril à moi et que je n’arrivais pas à prendre le dessus. Alors que les idées noires m’envahissaient, on validait que ça irait bien.

Parce qu’avec leur soutien, leur présence et leur travail, on le sait que nos enfants vont bien aller. Et nous aussi.

Si t’es humain, tu dois appuyer ce mouvement. Une bataille à la fois, mais soyons solidaires. Même si on doit jongler. Même si on manque du boulot. Même si, même si. Je comprends, je l’entends, mais c’est le temps qu’eux et elles aussi soient entendu. e. s.

#valorisezleurprofession

#yapasdenoussanseux

**** Mention spéciale aux éducatrices de mes minis, ces femmes d’exception à qui je lève mon chapeau chaque fois que je me couche en me disant que la journée a été longue. Sans vous, je ne serais pas là. Y’a pas assez de bulles sur la terre pour vous célébrer.

 

Kim Boisvert

 

Creuser le fossé des inégalités en services de garde éducatifs – Texte: Eva Staire

Pour ne pas identifier qui je suis, ni mettre mon employeur dans l’eau c

Pour ne pas identifier qui je suis, ni mettre mon employeur dans l’eau chaude, je vous dirai seulement que j’ai la chance, dans le cadre de mon travail, de visiter plusieurs types de services de garde dans la région de Montréal. Je vois tous les types de milieux. Des milieux familiaux. Des garderies privées en installation, qu’elles soient subventionnées ou non. Des milieux scolaires. Des Centres de la petite enfance. Et aujourd’hui, j’ai choisi d’écrire sur ce que j’y vois, tous les jours, depuis des années.

Je vois des éducatrices formées, motivées, passionnées. Je vois des milieux éducatifs formidables. Des milieux de vie dans lesquels les enfants sont libres de jouer, d’explorer, de choisir, de s’épanouir… où ils peuvent être des enfants. Je vois des milieux chaleureux dans lesquels on se sent tout de suite bien. Parfois même, j’ai envie de laisser mes carnets de notes sur une chaise et aller jouer avec eux. Dans ces milieux-là, les éducateurs observent les enfants, les connaissent par cœur et les stimulent constamment. Dans ces milieux-là, je vois des enfants rire et déborder de bonheur.

Est-ce que ça existe un milieu de garde parfait en tous points? Non. Comme il n’existe aucune éducatrice parfaite, ni aucune maman d’ailleurs. Il n’existe pas non plus de groupes d’enfants parfaits. Tout le monde a des forces et des défis à travailler, on est tous humains et c’est parfaitement parfait que ça soit imparfait. Parce que dans ces milieux-là, les adultes essaient, chaque jour, de s’améliorer. Ils se remettent en question et ouvrent grand leur cœur pour tenter d’accompagner ces enfants-là.

Ces milieux-là sont nombreux, rassurez-vous. Oui, la grande majorité d’entre eux sont des Centres de la petite enfance. Il existe aussi de bonnes garderies privées et des milieux familiaux formidables, mais le fait est que toutes les statistiques le prouvent : elles se font plus rares. Et aujourd’hui, je veux vous parler de ce que j’ai observé dans plusieurs milieux de garde privés, pas plus tard que la semaine dernière.

Des milieux où les parents n’ont pas le droit d’entrer ou de rester pour voir leurs enfants jouer. Sans aucun rapport à la pandémie. Des milieux de garde où les « Chuteuses » sont plus nombreuses que les éducatrices… C’est quoi une « Chuteuse »? C’est une personne qui se dit éducatrice, avec ou sans formation, qui n’a pour seule réponse aux enfants : « Chut! ». L’enfant veut parler de ce qu’il a fait avec maman hier. « Chut! » L’enfant aimerait dire qu’il a de la peine parce qu’il s’ennuie de son papa. « Chut! » L’enfant voudrait le carton rouge et non pas le noir. « Chut! » L’enfant aurait envie d’aller jouer dehors. « Chut! » L’enfant n’aime pas manger ce repas-là… « Chut! » …Les Chuteuses me mettent hors de moi… Pourquoi travailler avec des enfants si tu n’as pas envie de les accompagner dans leur développement langagier?

Dans ces mêmes milieux, je vois des locaux immenses où s’entassent beaucoup trop d’enfants et où les jouets sont extrêmement rares. Quatre petits bacs de jouets pour vingt enfants de quatre ans… Du bruit infernal parce qu’il y a tout simplement trop d’enfants dans ce grand espace qui raisonne. Des enfants qui n’ont pas la chance de pouvoir s’épanouir, qui n’ont rien pour explorer, faire des choix, jouer… Je vois des adultes qui les forcent à rester assis pendant des heures. Ces milieux de garde se défendent en disant que c’est ce que veulent les parents. C’est faux. Et c’est l’excuse la plus pitoyable à mon sens. Parce que je suis une maman. Et si un de ces enfants était le mien, j’aurais envie de tout casser.

Dans ces locaux, on demande aux enfants de rester assis pour chanter les chansons du jour. On leur demande de rester assis pour faire le bricolage exigé, dix bricolages identiques, qu’ils en aient envie ou non. On leur demande de tracer des lettres et des chiffres, toujours assis. On les force à mémoriser et à réciter des mots dans différentes langues. Et ensuite, ces adultes disent aux parents que leurs enfants ont de la chance de fréquenter un milieu « éducatif » dans lequel on offre des cours de musique, d’anglais, d’espagnol, etc.

Je vois ces enfants-là souvent. Ils ont le regard brisé. Ils n’osent plus poser de questions. Ils savent que les câlins sont interdits. Ils n’ont aucun respect pour leurs éducatrices, ils en ont une peur bleue. Et chaque soir, quand le parent arrive, on lui tend son enfant, on lui remet son « bricolage » et on lui répète qu’il a passé « une belle journée ».

Tu penses probablement que j’exagère. Tu vas avoir envie de défendre telle ou telle garderie en me disant que les services offerts sont de qualité. Alors tant mieux pour toi. Mais ce que j’observe tous les jours, depuis des années, ne semblent qu’empirer. Des milieux de garde qui devraient être fermés le jour même et qui sont encore en opération des années plus tard, j’en connais des dizaines…

Ces enfants-là sont brisés. On déchiquette leur petite âme un peu plus chaque jour. J’ai envie de hurler. Mais je dois continuer mes visites, avec le sourire, et continuer de prendre des notes, qui n’auront jamais de conséquence….

Mais le gouvernement actuel continue de promettre l’ouverture de places, malgré le manque criant de personnel éducateur. Il continue de vouloir ouvrir plus de services de garde, alors que ceux-là continuent de maltraiter nos enfants.

Hier, j’ai eu deux visites à faire. L’une dans un Centre de la petite enfance, et l’autre sur la même rue, dans une garderie privée en installation. Dans les deux cas, on retrouve 80 enfants. Dans les deux cas, la directrice déclarent qu’elle offre un milieu éducatif de qualité. Dans le premier milieu, j’ai trouvé une éducatrice chaleureuse, à l’écoute, ouverte. Des enfants pleins de vie, épanouis, dégourdis et curieux. Dans l’autre, j’ai trouvé une « chuteuse ». Des enfants forcés à rester assis pendant des heures, le regard vide. Une « chuteuse » qui prend leurs mains dans la sienne pour les forcer à tracer leurs chiffres du jour. Pas de jouets dans le local, qu’ils appellent « la classe ». Une peinture défraîchie, un froid glacial dans le local et des tuiles de plancher qui se décollent.

J’aimerais tellement pouvoir vous dire que ce n’est qu’un cas isolé. Mais je vous mentirais. Parce que je vois de ces milieux encore trop souvent… Et dans les milieux privés, on retrouve le plus souvent les enfants qui sont issus des milieux socio-économiques plus défavorisés, qui sont immigrants, ou encore qui ont des défis particuliers. Et dans ces milieux-là, ils sont condamnés. Condamnés à entrer dans le moule du stéréotype. Condamnés à avoir des retards de développement importants et des problèmes de comportements, à entrer à l’école dans quelques années avec une longueur de retard incroyable sur les autres… Ça m’enrage.

Parfois, je m’assois dans ma voiture, après avoir visité l’un de ces trop nombreux milieux qui se prétend « éducatif » et je pleure. Je pleure en pensant à ces enfants. Je me retiens tellement fort pour ne pas y retourner, juste pour prendre ces enfants brisés dans mes bras et leur dire qu’ils sont formidables… Je pleure en pensant à ces parents qui confient ce qu’ils ont de plus précieux à quelqu’un sans se douter une seule seconde du calvaire que vivent leurs enfants là-bas…

Je ne comprends pas que ces inégalités continuent de creuser le fossé entre les classes sociales, entre les quartiers, entre les cultures. Je ne comprends pas que nous acceptions cela, comme société. Je ne comprends pas que le gouvernement laisse cela arriver encore aujourd’hui. Les actions doivent être posées, immédiatement. Tous les parents devraient avoir accès à une place de qualité et de confiance pour ses enfants. Et par-dessus tout, tous les enfants devraient avoir le droit d’être des enfants…

P.S. Si une éducatrice trouve normal de laisser un bébé pleurer pour s’endormir, de forcer un enfant de quatre ans à tracer des chiffres, d’exiger un bricolage identique pour tous les enfants ou d’interdire les câlins… je lui recommande fortement de relire son programme éducatif ou de carrément changer de profession.

 

Eva Staire

Des mini humains sans masque – Texte : Mélanie Paradis

Ce matin, j’accueille une petite cocotte en larmes. Elle ne veut p

Ce matin, j’accueille une petite cocotte en larmes. Elle ne veut pas quitter maman, elle lui tient fermement le cou. Je lui parle doucement et je lui promets un moment de câlins avec doudou et mon amie la chaise berçante. Elle enfouit sa tête dans mon épaule, et par le fait même essuie son nez sur mon chandail au passage. Je sens l’humidité de mon épaule, un mélange de morve et de salive. Ma priorité n’est pas de me changer, non ! Je dois redonner le sourire à cette jolie petite puce, la rassurer, la calmer. Je porte mon masque, mes lunettes. Je ne sais pas trop si je suis protégée. Après deux sorties du gouvernement à propos des masques non conformes… j’ai un doute.

Plus tard dans la journée, j’aide un de mes mini-humains à découper. Je n’ai pas le temps de le voir venir, mais il éternue directement vers mon visage. Super ! Je change de masque, je m’essuie le visage, désinfecte mes lunettes et retourne à la supervision du découpage.

Lucie (nom fictif) est moche aujourd’hui. Elle joue mais elle n’a pas sa bonne humeur habituelle. Après la sortie extérieure, son petit nez coule. Pour le moment, je ne m’en formalise pas, nous étions dehors. Peut-être que la chaleur de la garderie en est la cause. Elle a deux ans, naturellement son premier réflexe est de s’essuyer le nez avec sa manche, qui bientôt est bien remplie. Oups… après le dodo, une petite fièvre s’installe. J’appelle les parents. Malheureusement, je dois la retirer du groupe.

Je retire de la salle tous les jouets qu’elle a pu toucher. Je dois soit les mettre en quarantaine soit les désinfecter pour les remettre. Dans les deux cas, je les manipule. J’ai les mains qui brûlent et piquent. Je les lave tellement souvent, j’utilise le désinfectant avec alcool dans les situations où je n’ai pas accès à un lavabo et à du savon.

Je m’inquiète un peu, je n’ai aucun contrôle sur la vie des familles qui fréquentent mon groupe. J’espère qu’elles respectent les consignes de la santé publique. Je n’ai pas envie d’exposer ma famille.

Chaque jour, je travaille avec mes mini-humains qui eux ne portent pas de masque. Maintenant, on nous dit que les variants s’attaquent aux plus jeunes. Chaque jour, je m’expose. Combien de corps de métier doivent travailler plus de 8 heures par jour avec 8 personnes qui ne portent pas le masque ?

J’aimerais être rapidement vaccinée. Pour me protéger, protéger les miens.

Parce que bien que j’aime mon métier, depuis un an, je travaille chaque jour dans la crainte.

Mélanie Paradis

Éducatrice

Votre réseau de services de garde en hémorragie

M. Lacombe, appuyer sur le site de l’hémorragie, ça fait un temps, mais ça ne règle pas le pro

M. Lacombe, appuyer sur le site de l’hémorragie, ça fait un temps, mais ça ne règle pas le problème.

Monsieur Lacombe, j’ai presque envie de vous appeler Mathieu, tellement vous faites partie de mon quotidien depuis le début de la pandémie, mais je vais me garder une petite gêne parce que vous êtes quand même notre ministre de la Famille.

Je fais partie des éducatrices tombées au combat. En arrêt de travail depuis deux mois, à me reconstruire, à m’armer de tous les outils possibles et inimaginables pour ne pas crouler sous la pression une autre fois.

Je vous ai écouté lors de votre dernière conférence de presse. J’y croyais, vous savez. Je croyais vraiment que vous aviez compris. Honnêtement, je suis contente de penser que bientôt, il y aura de la relève, parce que nous sommes épuisées.

Mais une relève à quel prix ? Vous nous demandez l’excellence, de nous ajuster constamment à vos nouvelles recommandations. Vous demandez de connaître notre programme éducatif quasiment par cœur, pour donner ce que nos enfants méritent de meilleur. Là‑dessus, je vous suis, c’est vrai nos mini humains, c’est l’avenir.

J’aimerais vous dire, vous le savez peut-être déjà, que vous ne faites qu’appliquer une pression sur le site de l’hémorragie. La pénurie de main-d’œuvre, nous la voyons venir depuis longtemps, même avant la COVID-19. Cette cochonnerie n’a été que la goutte qui a fait déborder le vase, et qui vous a fait voir que notre super réseau, comme vous aimez le nommer, s’effondre. Nous le portons depuis beaucoup trop longtemps à bout de bras. Nos gestionnaires ne sont malheureusement pas magiciennes et de toute façon, même Houdini ne réussirait pas.

Permettez-moi de vous dire ce que moi, éducatrice, je vois. Je vois des collègues épuisées, qui continuent de se battre au détriment de leur santé mentale, de leur famille. Pourquoi ? Parce qu’elles ont peur pour nos petits, parce qu’elles croient encore à un réseau même s’il nous oublie.

Ce dont nous avons besoin, c’est que vous soyez là derrière nous, pas seulement avec de bons mots, mais avec des actions concrètes. Nous avons besoin d’une valorisation sociale. Nous sommes encore pour beaucoup trop de monde de simples gardiennes qui jouent avec les enfants chaque jour. Nous avons besoin de meilleures conditions de travail. S’il vous plaît, arrêtez vos coupures. Arrêtez de nous demander de faire toujours plus avec moins. Reconnaissez que notre salaire est insuffisant. Nous faisons partie de la longue chaîne d’éducation de nos petits. Alors, pourquoi notre salaire est‑il si éloigné de celui de nos professeurs ?

Je vous souhaite sincèrement que votre recrutement fonctionne, nous en avons besoin. Mais combien resteront ?

Vous savez, j’aime beaucoup cette citation : « J’aime la goutte qui fait déborder le vase, puisque c’est à ce moment que débutent les changements les plus positifs. »

Allez-vous saisir la goutte COVID pour comprendre que votre si beau milieu de la petite enfance s’effondre lentement, une éducatrice à fois ?

Mélanie Paradis, éducatrice

M. François Legault, j’ai mal à ma profession d’éducatrice par votre faute

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M. Legault. (En temps normal, je me serais adressée au premier ministre en vous. Je n’ai pas l’habitude d’une telle familiarité avec les gens que je ne connais pas, surtout vu votre statut. Permettez-moi donc, M. Legault, cette simple familiarité entre nous. Comme je vous ai entendu discriminer ma profession sans même me connaître, ni entendre mon point de vue ni l’opinion de celles qui œuvrent auprès de la petite enfance, et ce, avec un ton plutôt condescendant envers notre métier, je ne peux faire autrement que d’utiliser le même ton.)

Par vos propos tenus à l’Assemblée nationale, vous nous avez discréditées, mes collègues éducatrices et moi, aux yeux de la population. Par votre adresse, vous nous avez reléguées à un rôle de second plan. Comme s’il y avait des secondes places pour ceux qui accompagnent les enfants. Les enfants sont notre priorité. Permettez-moi de vous ramener à ma réalité, notre réalité à nous, les « techniciennes » en petite enfance. Que dis je, nous, les « professionnelles » de la petite enfance, car j’ai envers mon métier un immense respect et la conviction que nous offrons des services de qualité. Les enfants ne méritent rien de moins. Ils méritent mieux, ce que vous ne semblez pas voir ni vouloir entendre.

Le 14 février dernier, vous vous êtes permis de sous-entendre et de faire miroiter aux Québécois l’idée suivante : « Vous avez le choix entre une garderie avec deux tiers d’employés qui sont des techniciens de garde, ou une maternelle 4 ans avec des enseignants et toute une équipe de spécialistes de l’école primaire ». Comme si cette comparaison donnait la définition de ce qu’il y a de mieux pour nos enfants.

Votre façon de nous rabaisser et de juger notre professionnalisme a été un coup aussi douloureux que si vous nous aviez appelées des « gardiennes ». Des années d’efforts à valoriser notre profession. Des années que vous avez balayées du revers de la main en quelques instants. Des années que vous avez diminuées par vos simples paroles non réfléchies.

Je sais bien que notre manque de ressources en petite enfance nous vient d’un ancien gouvernement. Mais les propos énoncés viennent de vous. Ils dénigrent et indignent des femmes qui travaillent du mieux qu’elles peuvent, avec ce qu’elles ont. Vous faites de vos « ressources offertes » dans les écoles votre cheval de bataille.

Les ressources offertes, comme vous dites, DOIVENT RESTER cette unique bataille. Mais il faudrait que cette lutte ne s’invite pas qu’au niveau scolaire. Pour donner du pouvoir à votre cause, vous avez cru bon de soumettre à la population DEUX CHOIX : un excellent et un moins bon. C’est ce que les gens retiennent. Malheureusement, le message transmis nous donne aussi l’impression que faire des études universitaires, c’est EXCELLENT. Faire une technique, c’est moins bon. C’est acceptable, passable. Vous avez cru bon d’établir une clôture entre deux mondes qui devraient, bien au contraire, s’allier. Vous priorisez ce que vous croyez être le mieux au détriment de l’autre option. Vous restez fermé face à nos paroles en supposant que nos propos ne nous servent que d’excuses. Comme si nous manquions d’ambitions, d’aspirations et d’idéaux. C’est vous qui coupez nos rêves à force de vouloir créer ce qu’il y a de mieux : soutenir les enfants, accompagner les parents.

Vous êtes littéralement « obsédé » par votre projet, comme si l’état d’urgence était d’avoir des classes pour accueillir votre idéal. Je ne suis pas contre l’idée de pouvoir mieux cibler les enfants qui auront besoin de soutien avant leur entrée dans le grand monde scolaire. Comme vous êtes au pouvoir actuellement et que vous ne faites que ce qui vous chante pour y remédier, j’en conclus que vous faites partie de cette équation qui soustrait les ressources que nous avons perdues. Vous êtes, dorénavant, responsable de ne pas faire en sorte que nous ne puissions redonner aux enfants ce que nous avons dû leur soustraire.

Je ne suis pas contre l’idée d’établir un suivi pour que le dossier de l’enfant soit transféré vers le milieu scolaire. L’idée d’établir un suivi n’est toutefois pas une nouveauté. Peut-être pas au goût de VOTRE jour, mais il existe déjà, en CPE, en garderies, en milieux familiaux. Vous semblez incapable de reconnaître ce sur quoi nous avons si longuement travaillé pour accueillir toujours mieux la petite enfance. Vous préférez vous attribuer tous les mérites. Cela nous confirme que vous connaissez peu notre profession, que vous connaissez peu le réseau de la petite enfance. Vous n’êtes pas le premier à vouloir un pont entre les 0-4 ans et l’école. C’est notre travail à nous de guider les enfants et de les amener à devenir des êtres responsables et plus autonomes. Il s’agit d’une obsession qui vous empêche de voir l’ensemble de la situation, l’ensemble du système de la petite enfance et du système scolaire. Votre cheval de bataille a vraiment des œillères.

Pour exercer ma profession, je n’ai effectivement pas de diplôme universitaire puisque je n’ai pas trouvé de doctorat en patience ni en bienveillance. Il n’y a aucune université qui offre le baccalauréat du don de soi. Nous sommes des professionnelles de terrain. Dès les débuts de notre formation, nous avons été plongées dans la pratique. C’est ça, une technique. Embarquer dans des souliers dès le début de notre démarche, de notre cheminement scolaire, sans jamais les quitter. Acquérir toute l’expérience en sautant dedans à pieds joints, corps et âme.

Ces enfants avec qui nous passons du temps de qualité, on finit tellement par les ressentir! On vibre au même diapason qu’eux. On les devine, vous n’avez pas idée. Est ce que cela prend vraiment un diplôme universitaire pour exceller dans notre rôle? Je vous confirme que non. Est ce que cela nous discrédite envers notre profession? Je vous confirme que vous l’avez fait. En plus de 20 ans, j’ai cumulé des perfectionnements, des formations et de l’expérience qu’aucun cours universitaire n’aurait pu m’enseigner.

Nous, les professionnelles en petite enfance, avons goûté à ces multiples coupes budgétaires nous obligeant à rajouter des tâches à notre tâche d’éducatrice. À faire des pirouettes pour offrir encore et toujours la même qualité de service aux enfants et pour répondre aux attentes des parents. Car c’est ce qu’ils méritent. Car c’est notre mandat, nos objectifs de carrière.

Comme bien des Québécois, j’ai fait mon devoir de citoyenne lors des dernières élections. J’ai voté pour un changement. J’ai voté pour être entendue. Vous m’avez laissé croire qu’avec vous, cela serait différent. Vous m’avez laissé croire que vous étiez des nôtres, si près de la population. Cette population que l’on n’écoute que très rarement.

Vous sembliez être l’HOMME de toutes les situations. On vous a donné les rênes en votant pour vous. Mais vous devez maintenant savoir guider votre cheval de bataille dans la bonne direction!

Pour redorer votre titre de premier ministre à l’égard de toute une population féminine (sortez votre calculatrice, vous verrez que nous sommes des milliers), je vous invite donc à vous rétracter. Et pourquoi ne pas vous intéresser à notre profession? Voir de quelle façon les coupures nous ont touchées. Voir combien nous sommes professionnelles. Voir combien notre technique rime avec professionnalisme. Voir combien nous méritons votre reconnaissance.

Et vous, éducatrices qui valent mille fois plus que le simple titre de « techniciennes », avez-vous eu le plaisir de rencontrer de petits êtres pas plus hauts que trois pommes, plus jeunes que 4 ans avec qui une aide spécialisée aurait été d’un grand réconfort pour les accompagner ou pour soutenir leurs parents? Je suis curieuse de lire vos récits, de connaître vos expériences. #EducatriceEtFiereDeLEtre

 

Mylène Groleau

10 raisons pour lesquelles mes enfants n’iront pas dans une maternelle 4 ans

Certains diront que j’ai été éducatrice pendant dix ans et que

Certains diront que j’ai été éducatrice pendant dix ans et que je prêche pour ma paroisse. D’autres diront que j’enseigne en Techniques d’éducation à l’enfance et que je défends les éducatrices. Le fait est que je maîtrise assez bien le sujet et que, certes, mon opinion est faite. Mais je n’écris pas ce texte en tant qu’éducatrice, je l’écris en tant que maman.

Et je précise que si toi, comme parent, tu as fait le choix d’inscrire ton enfant à la maternelle 4 ans, je ne te juge aucunement. Chaque parent prend la meilleure décision pour son propre enfant.

De plus, afin d’alléger le texte, je dirai « CPE » pour illustrer tous les types de services de garde éducatifs, qu’il soit en installation ou en milieu familial. Donc, je vous ouvre mon cœur et je vous explique pourquoi je n’inscrirai jamais mes enfants dans une maternelle 4 ans.

1) « L’enfant apprend par le jeu. » : Il est tout à fait normal, en tant que parent, de ne pas connaître par cœur le programme éducatif en petite enfance proposé par le ministère. Ce qu’il faut en retenir, ce sont cinq grands principes de base. L’un d’eux dit : « L’enfant apprend par le jeu. ». L’enfant, pour pouvoir apprendre réellement, a besoin de jouer, tout simplement. De jouer librement, avec les jeux qu’il choisit et accompagné par une éducatrice qui sait comment soutenir l’enfant dans son jeu. Et c’est en CPE que le jeu de mon enfant sera le mieux stimulé. Pas dans une classe.

2) Apprendre ses lettres et ses chiffres : J’entends tellement de parents me dire qu’ils sont fiers que leur enfant de 4 ans connaisse ses lettres/chiffres/formes/couleurs… Et oui, la maternelle 4 ans va apprendre cela à vos enfants. Mais l’éducatrice en CPE sait que ces apprentissages‑là, ils ne font partie que du développement cognitif de l’enfant. Et qu’en est‑il des quatre autres sphères de son développement ? En CPE, l’éducatrice va stimuler son développement cognitif, certes, mais également son développement moral, social, affectif, moteur, langagier… Je veux que mon enfant soit stimulé dans toutes les sphères de son développement, et pas seulement au niveau cognitif. En CPE, il apprend à s’aimer, à respecter les autres, à prononcer les mots, à demander de l’aide, à être autonome, à agir en société et j’en passe !

3) Être prêt pour l’école : La mission des CPE est de favoriser la réussite éducative des enfants. Cela veut dire que l’éducatrice a pour devoir de s’assurer que l’enfant aime apprendre. Cela veut aussi dire que si elle le bourre d’apprentissages scolaires trop tôt, il aura déjà une écœurantite aigüe avant même sa première année scolaire. Et je veux que mon enfant aime l’école.

4) Le lien affectif : L’un des principes fondamentaux en éducation, c’est que l’enfant doit être vraiment et sincèrement attaché à l’adulte pour pouvoir apprendre avec lui. En le changeant de garderie, en le changeant d’école, en le changeant d’éducatrice, je ne l’aide pas du tout. Parce que le temps qu’il passera à recréer une relation avec une nouvelle enseignante, il aurait pu le passer à apprendre avec une éducatrice passionnée qu’il aime déjà…

5) Le ratio : Peu importe l’école, l’enseignante doit s’occuper d’un plus grand nombre d’enfants de 4 ans à l’école que l’éducatrice en CPE. Mon enfant est en milieu familial, où l’éducatrice a tout son temps pour le stimuler et jouer avec lui, personnellement. Elle le connaît par cœur, elle connaît ses forces et ses faiblesses et sait comment intervenir avec lui. Elle a beaucoup plus de temps pour l’accompagner et l’aider à relever ses petits défis.

6) Le multiâge : À l’école, quoi que fasse mon enfant, il sera toujours dans les plus jeunes. Il a 4 ans. Tous les autres élèves de l’école sont plus grands que lui. Dans sa classe, il n’y a que des enfants de son âge avec lesquels se comparer. Il apprendra alors la compétition et l’anxiété de la performance. En CPE, il voit aussi des plus petits. Dans la cour dehors, il aide un plus jeune à se relever. Il aide un plus petit à apprendre ses couleurs. Il console un bébé qui pleure. Il apprend à s’occuper des autres et à les aider, peu importe leurs difficultés. En CPE, il apprend l’empathie et le respect du rythme d’apprentissage de chacun.

7) L’obligation sociale : Saviez-vous que la maternelle 5 ans n’est même pas obligatoire au Québec ? La majorité des parents l’ignorent et pensent que c’est un passage obligé. Mais non ! La maternelle 5 ans a été créée pour aider les enfants qui n’avaient aucune expérience en garderie à s’intégrer avec les autres. Et le gouvernement veut développer les maternelles 4 ans dans le même but… Le problème, c’est que les parents pensent ensuite à tort qu’il s’agit d’une expérience obligatoire pour leurs enfants, même s’ils ont déjà tout ce qu’il leur faut en CPE…

8) Le dépistage : On vous a fait croire que la maternelle 4 ans permettrait de dépister plus tôt les problèmes de développement des enfants. Encore un mensonge, parce que l’enseignante n’est pas outillée et formée suffisamment pour les enfants de moins de 6 ans et que les spécialistes manquent à l’appel ! Alors que l’éducatrice en CPE a été formée à observer et dépister ces problèmes depuis des années. Elle est encore à ce jour la mieux placée et la mieux formée pour le faire auprès des enfants de 0 à 5 ans.

9) Le Québec et ailleurs : J’entends beaucoup de parents dire : « Mais en France (insérez ici le pays que vous voulez), la maternelle commence à 3 ans ! » C’est vrai. Mais avez-vous visité l’une de ces maternelles ? Si oui, vous savez que c’est un local avec des coins de jeux dans lesquels les enfants s’amusent souvent sans contrainte. Ici, on appelle ça un CPE. C’est uniquement l’appellation qui diffère, mais les autres pays ne scolarisent pas leurs enfants de 4 ans dans des classes !

10) Les besoins de l’enfant : Un enfant de 4 ans a besoin de prendre son temps pour manger, en discutant avec ses amis, dans une ambiance conviviale. À l’école, il doit se dépêcher et le faire en silence. Un enfant de 4 ans a encore besoin de faire la sieste, pas un repos de 15-20 minutes. L’école ne répond pas à ses besoins de sommeil. Un enfant de 4 ans a besoin de bouger. Mais il n’aura pas la place pour le faire en classe. Plusieurs besoins de l’enfant sont comblés en CPE et ils ne le seront plus à la maternelle 4 ans.

Je le répète, vous avez tous les droits d’inscrire votre enfant dans une maternelle 4 ans. Si vous n’avez jamais envoyé votre enfant en CPE, ce sera peut-être sa seule chance de socialiser. Mais personnellement, mon choix est fait. L’enfance, c’est fait pour jouer, pour apprendre en s’amusant, pour chanter, pour avoir des câlins, pour courir et pour rire aux éclats. Nos enfants auront toute la vie pour apprendre les lettres et les chiffres. C’est pourquoi je n’enverrai pas mes enfants en maternelle 4 ans.

Joanie Fournier

 

Je suis éducatrice

Voilà, c’est terminé. Je dois l’avouer, la Semaine des service

Voilà, c’est terminé. Je dois l’avouer, la Semaine des services éducatifs en CPE et en milieu familial, c’est souvent une semaine folle, remplie d’activités spéciales. Une semaine pour nous célébrer. Une semaine, que nous, éducatrices, utilisons pour les rendre heureux, vos enfants, notre passion.

Hier soir, plusieurs d’entre nous avons ouvert une bière froide ou nous sommes versé une bonne coupe de vin, épuisées, mais comblées.

Une semaine folle qui se termine, mais une autre commencera. Tous les matins, nous sommes là, fidèles au poste. Notre passion est toujours là aussi forte.

Chaque jour, nous faisons de notre mieux pour accompagner, soutenir, encourager, guider, faire sourire, consoler (et j’en oublie tellement) votre enfant.

Nous sommes les super héros de l’imaginaire, de leur imaginaire. On saute à deux pieds dans leurs mondes, avec le même plaisir qu’a un enfant qui saute dans une flaque d’eau.

Derrière chacun de nos jeux, qu’ils soient planifiés ou non, se cache un apprentissage. On utilise leurs petits mondes d’enfants pour les préparer aux mondes qui les attendent.

Mais chaque jour est aussi une remise en question. Est-ce que mon intervention était celle qu’il fallait ? Est-ce que j’aurais pu faire mieux ? Est-ce que j’ai pris suffisamment le temps d’écouter les enfants ? Est-ce que j’ai été assez présente pour répondre aux besoins de chacun ? Est-ce que… est-ce que…

Chaque jour, à côtoyer vos enfants, nous grandissons, nous apprenons. Chaque jour, ils nous poussent à nous renouveler.

Notre passion est alimentée par leur sourire, leurs câlins, leurs bisous et leurs « je t’aime ». C’est ce qui nous pousse chaque semaine à être meilleures, à nous dépasser. Parce que c’est ce qu’ils attendent de nous.

Chaque année, nous regardons des enfants nous quitter. Ils ont la tête haute, ils sont remplis de confiance et ils ont les yeux tournés vers l’avenir.

Nos regards sont teintés de fiertés, de confiance, de gratitude et aussi de tristesse. Un rappel que le temps passe vite, trop vite. Chacun de ces enfants aura laissé une petite trace sur notre cœur.

Merci à vous, parents, de sauter avec nous dans leur folie. Merci de nous permettre de vivre tous ces moments. Votre confiance nous va droit au cœur. Ce que nous faisons, nous le faisons pour eux, mais aussi pour vous.

La semaine des services éducatifs se termine. Mais nous serons là, fidèles au poste, à les attendre avec notre sourire et tout notre amour.

Mélanie Paradis Éducatrice

 

S’en prendre à la racine

Malgré ma nature positive et ma passion pour le métier d’éducat

Malgré ma nature positive et ma passion pour le métier d’éducatrice, cette année je me suis demandé : est-ce que c’est ça, un épuisement professionnel?

Mais bon, avec mon caractère de cochon, j’ai décidé de ne pas m’arrêter. Coup par‑dessus coup, les genoux me pliaient, mais j’ai réussi, je ne suis pas tombée à genou.

Et puis un beau jour, je magasinais avec ma mère et soudainement, elle m’a dit : « Marilyne, t’as un gros trou dans le fond de la tête. » Je me dirige vers une salle de bains pour aller voir et là, j’ai pu constater l’ampleur de mon épuisement.

J’avais un gros trou, très visible, sans aucun cheveu, dans le genre que je faisais compétition à Caillou. Mon premier réflexe a été de penser que j’avais une maladie ben grave (allo l’hypocondriaque!), là je paniquais un peu t’sais. Je me suis dépêché de me connecter à Facebook pour demander à mes zens (groupe Facebook) si quelqu’un savait de quoi il s’agissait. En l’espace de quelques minutes, j’avais une dizaine de réponses, dont des réponses de coiffeuses, et ma maladie « grave » se nommait : Stress.

Pis ce stress-là, je savais très bien d’où il provenait!

L’éducation à l’enfance, c’est ma première love story sur le marché du travail. Je fais des pieds et des mains pour ces petits humains-là, je le fais pour EUX et ça me rend heureuse.

Par exemple, plus jamais je ne perdrai un cheveu pour un gouvernement aussi répressif et irrespectueux.

J’ai perdu mes cheveux parce que mon quotidien est rendu nettement plus complexe et difficile qu’autrefois. Il y a maintenant l’over-ratio, les besoins particuliers qui viennent avec peu d’aide, le « tout autres tâches connexes », et je m’arrête là, parce qu’il y en a long à dire.

J’ai perdu mes cheveux parce que la pression d’offrir un service de qualité, celui que MÉRITENT les enfants, était devenue étouffante. Faire autant sinon plus, avec moins, ce n’est pas humain.

J’ai perdu mes cheveux parce que je dois me battre constamment pour tenter de faire voir ma valeur en tant qu’éducatrice à un gouvernement et à une société aveugles. Merci à ceux qui croient en nous; les autres, j’ai fini de perdre mes cheveux pour vous.

Au final, j’ai perdu beaucoup de cheveux et ce n’est pas fini, mais on peut en rire quand même un peu. Mais je peux vous assurer que JAMAIS je n’ai perdu un cheveu à cause des enfants.

J’ai perdu mes cheveux à cause d’un gouvernement qui n’a aucun respect pour les enfants et qui pense que les enfants ne sont pas un bon investissement, alors qu’ils sont notre plus beau joyau et qu’il faut tout faire pour les préserver.

Et après, on vient me dire que je fais la grève pour l’argent. Si vous saviez comment je n’ai perdu AUCUN cheveu pour mon salaire!

Je vais me tenir debout pour VOS enfants, parce qu’ils méritent tellement ce qu’il y a de mieux.

Je vais me tenir debout pour mes droits, pour mes conditions de travail parce que je refuse d’accepter l’inacceptable.

Je vais me tenir debout pour ma profession, NOTRE profession. Que tu sois éducatrice en milieu familial, au privé ou bien en CPE, je vais me tenir debout parce que NOTRE profession mérite entièrement d’être reconnue et respectée.

Je vais me tenir debout pour mes cheveux aussi, parce que je veux encourager ma repousse capillaire 😂

*Depuis quelques années, des centaines de millions de dollars ont été coupés en petite enfance. Nous nous sommes relevé les manches, et nous avons continué à faire notre bon travail, avec moins. De la direction générale jusqu’aux éducatrices, nous avons tous et toutes le même désir : préserver notre beau réseau des centres de la petite enfance (et j’ai envie de dire : on va y arriver!)

Cependant, d’année en année, malgré notre bon vouloir, notre motivation et notre amour du métier… les plumes commencent à tomber.

Par chance que ça repousse et que ça ne nous empêche pas de nous tenir debout!

Marilyne Lepage

Je suis une éducatrice

Je suis une éducatrice. À travers les années qui ont filÃ

Je suis une éducatrice. À travers les années qui ont filé plus vite que les étoiles filantes, j’ai croisé le chemin de centaines d’enfants… J’ai été passionnée et motivée, plus souvent qu’à mon tour. Je suis celle qui déborde d’énergie, qui a des idées plein la tête et des projets toujours aussi créatifs. Ces enfants, tous ceux que j’ai croisés, ont marqué mon cœur d’une façon ou d’une autre.

J’ai été celle à qui on confie les groupes plus difficiles et les enfants plus turbulents. J’ai été celle à qui on a répété : « Mais comment tu fais avec celui-là? » C’est si simple… Pour moi, un enfant est un livre rempli de pages blanches. C’est à nous, adultes responsables et aimants, de lui montrer comment écrire son histoire. Un enfant qui a eu un départ difficile dans la vie ou qui a fait de mauvais choix ne doit surtout pas cesser d’écrire son histoire. Le livre de sa vie sera plein de rebondissements et il est toujours temps d’en changer le dénouement.

J’ai rencontré des enfants attachants, des enfants pour qui j’ai eu des coups de foudre. Ceux-là m’ont marquée au fer et dans mon cœur, le temps s’arrête quand je pense à eux. Rose a encore trois ans et me tient la main dans la cour du CPE… Zyad arbore toujours son sourire vainqueur quand je le maquille… Alice a encore 18 mois et me saute dans les bras quand sa maman part… Dans mon cœur, ces souvenirs sont impérissables et j’ai peine à croire que les années ont passé…

J’ai travaillé dans tous les types de milieux et j’en ai vu de toutes les couleurs. J’ai fait des projets impensables avec des enfants de 9-10 ans et j’en ai bercé des bébés. Je pense que je me souviens de l’odeur de chaque bébé que j’ai bécoté dans le cou…

J’ai tourné aujourd’hui une page importante de ma carrière. Mais je n’oublie pas. Je n’oublierai jamais vos enfants. Et à vous, chers parents, je dois vous dire merci. Merci de m’avoir permis d’aimer vos enfants. Merci de m’avoir confié ce que vous avez de plus cher. Merci pour votre confiance, jour après jour. Merci.

Et à mes chers enfants… aux vôtres en réalité… Merci mille fois. Merci Hubert de me regarder avec tant d’amour et d’admiration. Merci Violette pour tes mille câlins volés dans une journée. Merci Elliot de m’avoir appris le nom de chacun des dinosaures. Merci Leila de t’être ouverte et épanouie à mes côtés. Merci Edouard de m’avoir permis de te regarder grandir. Merci Florence pour ta vivacité d’esprit. Merci Lily de m’avoir offert tes premiers pas. Merci d’avoir fait de moi l’éducatrice passionnée que je suis. Merci de m’avoir donné le droit de vous aimer, pour de vrai.

J’ai eu une chance inouïe de voir s’épanouir ces enfants, ces frères, ces sœurs et ces familles. Et oui, notre travail est parfois ingrat, parce que ces petites âmes peuvent nous oublier avec le temps… Mais j’espère encore me rappeler de tous ces visages. Et si ma mémoire faillit, je sais que j’ai reçu assez d’amour pour toute une vie.

L’éducatrice de vos enfants se dévoue pour eux. Demain matin, prenez-la dans vos bras. Donnez-lui une autre dose d’amour, pour l’aider à se rappeler toute sa vie…

Joanie Fournier