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Ta non-naissance – Texte : Nathalie Courcy

Aujourd’hui, je célèbre ta non-naissance, comme chaque année. Il y a onze ans, tu es sorti de m

Aujourd’hui, je célèbre ta non-naissance, comme chaque année. Il y a onze ans, tu es sorti de mon ventre, mais tu n’es pas né(e). Je t’ai pris(e) dans ma main, mais je ne t’ai pas bercé(e). Tu es venu(e) dans ce monde pour en repartir aussi tôt. Je ne t’ai présenté(e) à personne, mais je n’ai pas non plus pu te garder pour moi. J’ai dû accepter de te laisser partir sans savoir sous quelle forme tu reviendrais vers nous ni quand. Ni si.

Il y a onze ans, mon bébé, tu as quitté le piège de mon ventre où tu étais mort depuis… quelques jours ? Quelques semaines ? Mon intuition de maman me disait depuis un mois que je ne te donnerais pas la vie. Mon ventre grossissait, bougeait, oui, déjà à trois mois de grossesse. Je sais maintenant que c’était ton frère qui s’exprimait. Peut-être cognait-il à la porte de ta part : « Hey, maman ! Quelqu’un veut sortir d’ici ! ». Savait-il, lui, si tu étais un garçon ou une fille ? Savait-il, lui, que tu étais déjà décédé intra-utéro ? Savait-il, lui, si ton cœur qui avait lâché, ou si ton cerveau fonctionnait mal, ou quel gène était défectueux ? Savait-il, lui, qu’il ne te suivrait pas malgré la porte que tu laisserais ouverte ?

Ton grand frère né après toi a maintenant dix ans et demi. Il est né en janvier, plusieurs mois après toi. Le médecin m’avait pourtant dit : « À partir de maintenant, madame, votre autre bébé a 50 % des chances de s’accrocher et 50 % des chances de partir. Il est en pleine forme, il mesure 10 centimètres, mais la porte est ouverte. Peu importe ce que vous ferez, c’est à lui de décider s’il reste ou non. » J’avais accepté que le meilleur se produirait, comme pour toi. Parfois, on ne comprend pas pourquoi, mais on l’accepte.

Il est resté.

Pendant des mois, je ne l’ai plus senti bouger. Toute la place que tu avais laissée… il barbotait dans le vide. Il devait te chercher. Même après sa naissance, il a continué. Il avait besoin de ta présence et ne comprenait pas que son partner des premiers temps n’y était plus. Encore maintenant, tu lui manques. Vous auriez fait une équipe du tonnerre !

Un intuitif m’a dit un jour que tu avais senti que je n’étais pas prête à avoir des jumeaux et que tu étais parti(e) pour me protéger. Peut-être. On ne le saura jamais. Ce que je sais, c’est que j’avais tout fait pour que tu sois bien, en santé, fort(e). Je n’ai aucun remords, aucun regret. J’aurais aimé te connaître plus longtemps, jouer avec toi, t’enseigner la vie, te voir grandir comme je vois grandir ton frère. Tu serais déjà presque aussi grand(e) que moi ! Tu aurais ta personnalité et non celle qu’on t’a imaginée. Tu aurais tes amis, tes petites habitudes, tes goûts, tes colères et tes joies. Tu aurais ta chambre, ou peut-être voudrais-tu partager celle de ton frère jumeau. Comme le fait votre petit frère, né deux ans plus tard…

Ce petit frère qui vient du même don de sperme que vous deux. Ce petit frère qui vient d’un autre monde tellement il est connecté à l’Univers. Ce petit frère fusionnel, si complice de son grand frère. Ce petit frère qui, chaque fois qu’il regarde vers le ciel noir, s’exclame : « Regarde, maman ! C’est bébé-étoile qui nous dit bonjour ! ». Ce petit frère qui est peut-être toi.

Nathalie Courcy

La fratrie dans tous ses états

Un grand frère, ça dérange, ça veut tout décider, ça se laisse

Un grand frère, ça dérange, ça veut tout décider, ça se laisse traîner.

Une moyenne sœur, ça parle fort, ça veut de l’attention, ça négocie.

Une petite sœur, c’est bébé, ça veut être parfait, ça rapporte.

Mais vos frères et sœurs sont votre plus grande richesse. Ils sont ceux avec qui vous pouvez tout partager. Ils sont votre famille. Le lien qui vous unit est irremplaçable. Depuis que vous êtes petits, je vous répète que votre relation est ce que vous avez de plus précieux. Il faut la chérir et en prendre soin, comme un diamant. Cette relation a une valeur inestimable.

Ensemble, vous avez appris et développé des qualités sociales insoupçonnées. Vous avez appris à prendre votre place et à vous défendre. Vous avez imité des comportements ou décidé de ne pas le faire. Vous avez fait des choix et des concessions, vous avez négocié. Vous avez appris très tôt à partager, tout, même l’attention des parents.

Vous n’avez jamais connu la solitude ni l’ennui. Vous avez toujours eu un ami pour jouer, un public pour rire de vos plaisanteries, des compagnons de voyage. Devenus ados, vous avez partagé ensemble vos doutes, vos difficultés, vos angoisses et vos peines. Pendant les soupers familiaux, vous entendre partager au sujet de vos cours, de vos enseignants et de vos amis est un bonheur.

Vous ne serez pas toujours d’accord. Vous irez dans toutes les directions. Le quotidien de votre vie d’adulte risque de vous séparer. Mais tout ce que vous avez cultivé ensemble depuis votre enfance restera gravé dans vos cœurs. Vous ne serez jamais seuls, même à distance.

On peut donc conclure que :

Un grand frère, ça protège, c’est de bon conseil, ça taquine, ça trace la voie.

Une moyenne sœur, ça rassemble, ça comprend, ça divertit, ça montre le chemin.

Une petite sœur, ça accueille, ça amuse, ça encourage, ça rappelle que tous les sentiers peuvent être empruntés.

Et surtout, une fratrie, ça s’aime.

Nancy Pedneault

L’écho qui fait peur

Sur l’image bicolore, un être à l’identité indéfinie. Un pet

Sur l’image bicolore, un être à l’identité indéfinie. Un petit cœur en formation qui clignote. Je t’ai tellement rêvé, et te voici qui grandit en moi! Mon bébé, mon fœtus! Deux bras, deux jambes, une belle tête ronde, un cerveau qui a déjà commencé à apprendre la vie intra-utérine. Tout y est! La joie intense de mes premiers pas dans la maternité dessinée en noir et blanc sur un écran.

Mais j’ai peur de ce que cette échographie pourrait révéler. Certaines mamans et certains papas ont peur d’un chromosome ou du nombre d’embryons. Moi, mon bébé, j’ai peur que tu sois un garçon. Oser le dire m’horrifie et me soulage. J’adorerais que tu sois un petit bonhomme, te bercer, jouer avec toi, te bécoter et te chatouiller, t’amener à ta première journée d’école… comme je le ferais avec une petite fille!

Mais j’ai peur, parce que tu es mon premier bébé. J’ai peur que le premier enfant que je mettrai au monde soit un garçon. J’ai peur parce que moi, j’ai grandi avec un garçon plus vieux. Un frère qui n’a pas pris soin de moi de la bonne façon. Qui m’a aimée (ouin…) comme il n’aurait pas dû. Donc aujourd’hui, je suis étendue sur une table d’échographie et mon immense joie est teintée par ma peur de voir un petit bout qui dépasse entre tes jambes.

Je n’ai pas peur de ne pas t’aimer, je sais que je saurai, sans aucune retenue. J’ai peur d’avoir peur. Si tu es un petit garçon qui deviendra grand, j’ai peur de ne pas être capable de prendre le risque de redevenir enceinte et que ce soit une fille. J’aurais peur de te faire une petite sœur. J’aurais peur que cette petite fille devienne la petite sœur que j’ai été. J’aurais peur que tu deviennes le grand frère que j’ai subi.

Ma peur n’a rien à voir avec toi. Ça n’a même rien à voir avec le fait que tu aurais un pénis et des testicules : plein de garçons et d’hommes en ont et sont tout à fait gentils avec toutes les filles et les femmes qui les entourent. Ton sexe ne définira pas ce que tu feras avec. Mais s’il était masculin, il réveillerait en moi de mauvais souvenirs et des craintes de ne pas pouvoir protéger mes autres enfants, si j’en avais.

Mon bébé, mon fœtus, je te fais une promesse : peu importe ce que l’échographie montrera, je t’aimerai de tout mon cœur. Toi, ton papa et moi, on prendra les décisions une à la fois, et jamais je ne te ferai sentir que tu dois porter le poids de nos choix concernant des petits frères ou des petites sœurs à venir. Mais d’abord, je prendrai le temps de t’aimer et de te connaître pour tout ce que tu es. Et ma petite voix de maman me dit que tu me donneras la force de croire que ton histoire ne sera pas un écho de la mienne.

 

Eva Staire

Le petit frère fatigant

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Pendant plus de dix ans, mes filles ont été en guerre. Ouverte et violente. On a travaillé extrêmement fort pour réparer leur relation et bingo! Ça a fini par fonctionner. Mon cœur se ramollit devant chaque câlin, devant chaque parole douce entre elles. Et en même temps, ces gestes tendres me replongent dans des souvenirs que j’aimerais oublier. Toutes ces journées où j’ai eu peur autant pour la plus jeune que la plus vieille.

Quand j’ai compris que l’histoire serait différente avec mes garçons, j’ai vécu un choc. La complicité entre mes enfants, je ne connaissais pas. C’était une notion inconnue que je n’espérais plus. J’ai dû apprendre à simplement croire qu’une relation fraternelle pouvait être simple. Et douce. Et bienfaisante.

Quand j’entends mes garçons jouer ensemble de 6 heures le matin jusqu’à l’heure du dodo, je fonds. Quand j’entends le plus vieux dire que son frère est son « camafrère » parce qu’il est à la fois son meilleur camarade et son frère adoré, je fonds. Quand j’entends le plus jeune exprimer sa gratitude chaque soir en disant « Je veux remercier mon frère d’être un aussi bon ami pour moi et de toujours vouloir jouer avec moi », je fonds. Quand je m’aperçois qu’entre eux, il n’y a pas de hiérarchie, pas de petit ou de grand frère, pas de « petit frère fatigant » ni de « grand frère terreur », pas de prises de bec ni de pouvoir, je me sens rassurée sur ma compétence parentale et sur le pouvoir de l’amour.

C’est bien l’amour fraternel et maternel qui a permis à mes garçons de reconnaître l’âme frère en eux. C’est bien ce même amour qui a permis à mes filles de faire renaître l’âme sœur entre elles. C’est bien l’amour qui nous unit et qui donne vie à tous les colleux, les « je t’aime », les bisous et les pardons.

 

Nathalie Courcy

Quelle intuition féminine?

Un jeudi soir, vers 23 h 10. Je passe la vadrouille…

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Un jeudi soir, vers 23 h 10. Je passe la vadrouille…

Je me sens jugée. Je vous entends : « Une autre qui veut jouer à la supermaman, qui veut que tout soit parfait. Elle fait chier! » Je penserais sans doute la même chose. C’est si facile, de juger les autres. Si rapidement. Entre nous, les filles, nous nous donnons rarement le bénéfice du doute.

Petite fille, ma mère m’a parlé de l’intuition féminine. C’était comme un cadeau que les femmes se transmettaient entre elles. Un autre de nos superpouvoirs.

C’est de la foutaise, je n’ai rien vu venir.

Ce jeudi soir comme bien d’autres. Je dois encore tout faire. Épuisée par le manque de sommeil. L’arrivée de l’école, le repas. Vite, filer à l’aréna, pour une (autre) pratique de hockey de fiston. À perdre mon temps dans les estrades, forcée de socialiser. Garder mon masque du « tout va bien ». Tout le temps.

– Roxanne, nous quittons, nous reviendrons vers 21 h 15!

– OK! (lancé du fond de sa caverne, qu’elle ne partage qu’avec sa tablette).

Le retour. L’habituel « … Dépêche-toi de prendre ta douche, il y a de l’école demain! » Je dois encore me battre avec son équipement. Tout préparer pour sa prochaine activité. Je viens de déposer lourdement la poche dans l’entrée…

– Maman, Roxanne est tombée!

Mon cœur de mère s’arrête. Il s’arrêtera plusieurs fois, cette nuit-là. Je grimpe les escaliers. Je la trouve, comme il l’a trouvée. Un petit paquet tremblotant. Il y a du sang partout. Elle me demande d’appeler l’ambulance.

La femme parfaite, la supermaman, elle perd la carte. Je vois sa tablette, à ses pieds. Je la prends, de rage, je la fracasse dans un coin de la salle de bain. La céramique, ça ne pardonne pas. C’est trop fort, mon cerveau a fait un lien entre la tablette et son état. Comme un mécanisme de protection maternelle. Je reviens vite à moi, ça presse.

C’est dans ces moments qu’on voit toute l’efficacité de notre système de santé. Aucune attente à l’urgence. Elle sera hospitalisée dans la section psychiatrique. L’infirmière m’annonce qu’elle a des marques sur toutes ses jambes, des orteils jusqu’aux parties. Partout sur les bras, des mains jusqu’aux épaules. Des centaines de marques, à la lame d’X-Acto. Elle a écrit sa détresse, à fleur de peau. Un message qui restera.

Ma fille commence son long voyage vers le rétablissement. J’ai confiance en elle.

C’est aussi le début d’autres voyages. Le mien. Le combat contre ma perception d’avoir été une mauvaise mère. Ce soir-là. La veille, le mois dernier. Des centaines de fois. Celui de son frère, qui a des photos, imprégnées dans sa tête. Il est si sensible. Il nous faudra de l’aide extérieure, c’est évident.

Je m’attends à recevoir plein de conseils. Voulus ou non. Des sous-entendus, que je suis responsable. Je les juge à mon tour. Elles sont incapables de me comprendre. Elles sont si parfaites, elles ne peuvent croire que ça pourrait tout aussi bien leur arriver.

L’adolescence, c’est souvent un passage douloureux. Nos enfants décident parfois d’emprunter des chemins qui nous sont inconnus. Elle sait que je l’aime. Je vais continuer de le lui dire. Faire de mon mieux pour lui démontrer. Parfaitement imparfaite.

Je sanglote, aucune mère ne devrait avoir à nettoyer le sang de son enfant…

 

Eva Staire

Mon frère

Lui, il me dit mes quatre vérités.

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Lui, il me dit mes quatre vérités.

Lui, c’est mon ami.

Il est mon confident.

Il est mon ancre.

Il est mon frère.

Lui, c’est presque le premier homme de ma vie; il est mon grand frère.

J’ai trente et un ans, lui trente-trois. Pourtant, j’ai encore souvent l’impression que nous en avons  treize et quinze.  Même trois et cinq, quand on dansait et chantait sur « Tourne la page ».

Il est celui qui a toujours pris soin de moi. Celui qui me traînait chez ses amis (parce que c’était aussi les miens, hein!), même si cela ne lui faisait pas toujours plaisir. Celui qui me laissait jouer même pas deux minutes au Nintendo, sachant très bien que Luigi allait mourir bien vite et laisser Mario avancer en paix. Malgré tout, je restais tout le long de la partie à ses côtés. Il était mon partner de bibliothèque. Ouais, on aimait lire, BD ou romans, et on allait dévaliser la biblio ensemble. Grâce à lui, j’ai découvert et je découvre encore des groupes ou des musiciens tellement pas plates. Je lui ai parlé de mes premiers amours, il m’a aussi confié les siens.

Une fois, une seule vraie fois, on s’est chicanés. C’était affreux. On se détestait, mais on s’aimait si fort de cet amour fraternel qu’on ne voulait pas réellement se faire de mal. C’était assurément la dispute la plus ridicule et laide de l’histoire des frères et sœurs. Maintenant, quand je vois mes minis se taper dessus, j’espère de tout mon cœur qu’ils n’auront qu’une seule vraie, ridicule et laide dispute entre eux. Que toujours, ils auront un lien si fort et que jamais ils ne voudront réellement se blesser, blesser le cœur de ces personnes si chères pour eux.

Une fois, j’ai touché le fond. Mon deuxième bébé avait deux mois, ma « grande » avait dix-huit mois. J’avais le syndrome de la superwoman/maman parfaite. Résultat : Je me suis retrouvée à pleurer d’épuisement pendant deux ou trois heures d’affilée dans ma salle de bain. Après avoir repris mes esprits, je lui ai écrit. J’ai écrit à mon frère que je n’allais pas bien, parce que je n’arrivais pas à parler tant je pleurais. Lui, il m’a appelée. Pendant une heure, il m’a parlé, il m’a confrontée à moi-même, il m’a rassurée, il m’a brassée… et moi, pendant une heure, j’ai pleuré. Il n’y avait que lui pour me faire prendre conscience de moi, de mon état et de ce que je m’imposais. Que lui pour trouver les bons mots pour me faire comprendre. Les semaines et les mois suivants, il continuait de s’assurer que sa petite sœur prenait du mieux.

Mon grand frère, c’est aussi celui à qui je peux être des semaines sans parler, mais avec qui je peux spontanément avoir une conversation des plus loufoques qui ne mène nulle part. Il est celui avec qui je peux faire un concours de rots et avoir une conversation des plus réfléchies dans la même soirée. Lui, il me manque parce qu’il habite loin de chez moi depuis quelques années. Mais quand on se voit, c’est simple et c’est mémorable à la fois. Lui, il n’a pas d’enfants, mais il m’enseigne souvent à être une meilleure maman pour les miens. Et de le voir les aimer, les comprendre, les cajoler, les faire rire, les écouter, c’est inestimable.

Je souhaite très fort que mes enfants auront toujours ce lien et cet amour qui les uniront. Qu’ils se taperont sur les nerfs, mais qu’ils seront capables de se le dire et que le reste sera plus fort que tout. Je sais qu’on ne choisit pas sa famille. Mais dans mon cœur de maman, j’espère sincèrement qu’ils choisiront d’être amis.

Lui, c’est mon ami.

Avec lui, je ris, je me confie; avec lui, je suis moi.

Lui, il me connaît parfois mieux que moi-même.

Lui, c’est mon grand frère, même si parfois, il me m’énerve solidement (je sais que je lui fais le même effet!), pour rien au monde je ne l’échangerais. Je m’estime chanceuse d’être la petite sœur d’un homme si merveilleux.

J’t’aime bro!

Caroline Gauthier

Peine d’amour

Métro Strasbourg Saint-Denis, en juin. Il fait chaud. L’air est l

Métro Strasbourg Saint-Denis, en juin. Il fait chaud. L’air est lourd et ça pue. Mon énorme sac à dos m’écrase les épaules et les gens me bousculent, irrités que je reste plantée là. Trois minutes auparavant, tu étais ici, avec moi. Pendant une heure, tu m’as cassé les oreilles avec tout ce que je devais faire et ne pas faire pendant mon voyage. Je te regardais, souriante et un peu exaspérée. Tu avais l’air content, mais inquiet pour moi.

« Ah! Pis en arrivant au port, il va y avoir plein de gens qui vont t’offrir des chambres d’hôtel, fais pas ton épaisse, là. Paye pas plus que quinze dollars pour une nuit. Dors avec ton passeport. Pis sors de Plaka avant 19 h. Mêlée comme t’es, tu seras pas arrivée à l’auberge avant 21 h anyway. Oublie pas de… » « C’est correct, là, j’pense que t’as fait le tour. Je vais manquer mon vol si ça continue. » On s’est embrassés et tu es parti. Après quelques pas, tu t’es retourné et tu m’as souri.

Plantée dans l’escalier qui descendait vers le métro, j’ai eu un grand vertige. Ta silhouette s’est mêlée à celle des passants et je t’ai perdu de vue. On ne s’est plus jamais revus. Tu es mort dans un accident d’auto. Mort au même endroit où tu m’avais dit d’être prudente sur la route. Des fois, quand tu me manques pis que j’ai trop de peine, je te trouve cave de pas avoir suivi ton propre conseil. Conseil de marde pis frère de marde, que j’me répète dans ma tête.

Je rêve souvent à toi. C’est toujours la même chose. Je suis dans l’escalier du métro et je te regarde t’éloigner. Je crie ton nom, mais tu ne te retournes pas. Plus tu avances, plus j’ai de la misère à respirer. « ARRÊTE ! Reviens! Reste! Une minute… juste une minute. » Je me réveille en pleurant. C’est toujours la même fin. Tu me manques tellement.

Enfants, on s’est chicanés, obstinés, battus pis tellement tapés sur les nerfs. J’étais la petite sœur gossante, toi le frère pas très patient. Je me souviens des claques que tu m’as ramassées, des fois où tu t’es fait chicaner à cause de moi. Je me souviens des jeux niaiseux qu’on inventait, des fous rires qu’on avait. Il y a des fois où j’en avais mal au ventre tellement je riais. Le soir, quand tu étais triste ou anxieux et que tu n’arrivais pas à dormir, tu venais dans ma chambre. Tu t’assoyais par terre à côté de mon lit et tu m’écoutais te raconter des histoires. Tu souriais. Je me souviens de toi qui m’attendais à l’aéroport la première fois que je suis allée à Paris. Tu portais un béret noir et tu t’étais cousu une baguette de pain en dessous du bras pour me faire rire. Les gens te regardaient bizarrement. En te voyant, j’ai éclaté de rire. Et après, j’ai pleuré tellement je m’étais ennuyée. « T’es conne !» que t’as lancé, visiblement ému toi aussi. Tu étais ma maison, mes racines, ma pas-vraiment-douce moitié.

Vingt ans plus tard, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi les gens comme toi viennent avec une date d’échéance. J’ai l’impression qu’au fond de vous, vous le savez et c’est pour ça que vous êtes différents des autres. Je suis reconnaissante d’avoir eu la chance de grandir avec un frère comme toi à mes côtés. Tu étais quelqu’un d’extraordinaire. Si intelligent. Si sensible. Si doué.

Si je pouvais revenir en arrière, je te dirais plus souvent que je t’aime et je te dirais de ne pas y aller. Sur cette île-là, dans cette auto-là, avec cette fille-là. Si je pouvais te parler aujourd’hui, je te parlerais de ma fille, je te dirais qu’elle te ressemble, qu’elle a ta sensibilité et qu’elle aime les avocats, comme toi. Je te dirais aussi que tu me manques beaucoup. Dans une autre vie, j’espère qu’on va se retrouver et se reconnaître. C’est la seule chose qui me console. Tu es ma plus grande peine d’amour. Tu es mon vide qui ne s’est jamais comblé.

Liza Harkiolakis

 

Smoothies pour toute la famille

✿Pas le temps de manger? Voici un peu d'aide!✿ C'est connu, on n’a pas tou

✿Pas le temps de manger? Voici un peu d’aide!✿

C’est connu, on n’a pas toujours le temps de bien s’alimenter… SURTOUT LE MATIN! Entre les chaussettes manquantes, le chien qui vole la toast de la plus jeune (qui elle, hurle comme une bonne) et le plus vieux qui trouve dégueu le nouveau pain multi-grains, nous on n’a pas le temps de manger. Combien d’entre-vous êtes en train de vous demander si vous avez finalement déjeuné ce matin ou non? Parce qu’on sait tous que la mémoire est une faculté qui oublie, surtout quand vient le temps de penser à nous. Alors ce matin, on vous donne deux recettes HYPER simples de smoothies maison qui se préparent rapidement.

À la maison on a un extracteur à jus qu’on adore, mais qui demande un peu plus de temps de préparation et de lavage. C’est idéal pour les vitamines, mais un peu compliqué et salissant, La semaine c’est juste “ non “ parce que vous pouvez facilement devenir fous. Allons-y donc avec un mélangeur normal. Ici on a un magic bullet, mais un mélangeur de n’importe quelle autre marque fera la même chose!

 

Un Smoothie idéal au goût des tropiques

Ingrédients:

  • Une demi-banane,
  • 3 cerises (congelées si vous n’en avez pas de fraîches sous la main),
  • 2-3 feuilles de menthe,
  • 1 1/2 de jus d’orange,
  • 1/4 de tasse de yogourt Liberté KÉFIR,
  • une cuillère à thé de Qia.On mélange le tout et ça nous fait un bon fond pour la journée ou une excellente collation.

 

Smoothie #2: Le préféré de la famille

Celui-ci est vite devenu le favori à la maison… Croyez-nous, s’il a passé le test pour Hayden, c’est qu’il est bon!

Les ingrédients sont:

– Une demi-banane, une poignée de bleuets (frais de préférence, mais s’ils sont congelés ça donne une belle texture au smoothie), trois feuilles de menthe, 3-4 feuilles d’épinards, du miel au goût, 1 tasse de lait, 1/2 tasse d’eau de coco, une cuillère à thé de QIA et 1 cuillère à thé de lin.

 

On a bien hâte d’avoir vos commentaires! 🙂

Oh et si vous vous demandez ce qu’est le QIA, voici le lien du produit qu’on achète chez costco —> http://ca-fr.naturespath.com/product/super-aliment…

Bonne journée !!!