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Mon mois d’abstinence — Texte : Marina Desrosiers

J’admire ceux qui adoptent une nouvelle habitude saine et la maintiennent. Parce qu’on va se le

J’admire ceux qui adoptent une nouvelle habitude saine et la maintiennent. Parce qu’on va se le dire, le défi est souvent là : être plus tough que l’appel de la mauvaise habitude qui refuse de mourir. Si c’était si facile de changer nos vieilles façons de faire, on ne casserait pas le bécyk ! On prendrait la décision et hop ! La nouvelle habitude serait rentrée au poste.

Ahhhhh ! Qu’on aimerait donc avoir une baguette magique super puissante !

Mais revenons à la réalité.

Certaines personnes coupent la cigarette du jour au lendemain. Disent adieu à l’alcool à la fin de leur verre et n’y reviennent plus jamais. Se mettent à s’entraîner et continuent, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde pour eux.

Tant mieux pour ces personnes-là. Mon admiration n’est pas moins grande.

Et il y a tous les autres. Ceux qui rushent quand vient le temps de se lever plus tôt, de manger mieux, de reléguer aux oubliettes le grognon qui gronde en eux. Ceux dont la volonté est inversement proportionnelle à la constance. Ceux qui se promettent souvent d’arrêter ou de commencer quelque chose. Et qui se déçoivent presque aussi souvent.

Je dis « presque », parce que l’essentiel, c’est de tenir notre promesse une seule fois, mais pour de bon. Que ça fasse deux ou dix fois qu’on essaie de prendre une meilleure habitude de vie, ça peut être celle-là, la bonne !

En ce début du Défi 28 jours sans alcool, j’ai le goût de célébrer avec vous mon premier mois d’abstinence. Non, je n’ai pas arrêté de boire, de fumer ou de me piquer. Ça n’a jamais fait partie de ma vie. Ce qui faisait (vous remarquez que je parle au passé ?!☺) de ma vie depuis neuf ans, c’était les pilules. Celles pour relaxer, celles pour dormir, celles pour la douleur. Bref, des pilules pour m’endurer.

J’ai longtemps résisté au somnifère et à l’antidépresseur déguisé en anxiolytique. Pas que j’étais contre. J’avais déjà soigné une dépression avec des pilules et des rencontres hebdomadaires. Je ne fais pas partie de ces gens qui préféreraient presque mourir que prendre un médicament. Mais j’avais de jeunes enfants. J’étais souvent seule avec eux. Je ne voulais pas ne pas me réveiller s’ils avaient besoin de moi la nuit. Je ne voulais pas devenir accro non plus. Me sevrer de l’antidépresseur après deux ans n’avait pas été mon expérience de vie préférée…

Mon médecin m’avait déjà proposé des alternatives naturelles et des prescriptions. Elle respectait mon choix. Quand je suis retournée la voir pour une prescription de somnifères qui gèlent un peu le cerveau, c’est que j’étais devenue dangereuse. Je dormais une heure par nuit depuis des mois. Je m’endormais zzzzzzzzzz en conduisant. Mon humeur n’était pas au top (comment ça aurait pu être autrement avec des hormones sens dessus dessous et le cerveau dans la graisse de bine ultra dense ?). Et ça continuait de dégénérer.

Bref, il était plus que temps que ça change.

Connaissant ma génétique et mon historique familial, le médecin m’avait prévenue que j’aurais peut-être besoin d’un traitement constant, à plus petite dose que ce que ça prenait pour me remettre sur le piton. J’étais prête à cette éventualité. On n’enlève pas l’insuline aux diabétiques ni l’anticoagulant aux personnes cardiaques…

J’ai accueilli les améliorations avec un grand soulagement. Dormir une nuit complète m’a sauvée. J’ai arrêté (la plupart du temps) de m’arracher la peau à force de me gratter (on ne contrôle pas comment l’anxiété s’exprime !). Je n’ai pas refait d’attaque de panique. Avec ben de l’amour et du soutien, mon humeur s’est améliorée. Mes colères se sont apaisées. Ma tristesse est encore là on and off ; la joie a repris du service.

Quand tout a été plus stable, on a établi une dose de croisière. Moins forte que pour réparer les dégâts, mais assez forte pour reprendre le goût de vivre et la capacité de dormir.

Neuf années à prendre mes pilules chaque soir. S’étaient ajoutées dernièrement d’autres pilules pour gérer les douleurs articulaires qui viennent avec l’âge. Ça ne marchait pas tout le temps, mais ça m’a permis d’expérimenter ce que ça pouvait être, une journée légère sans souffrir. Une découverte !

J’ai eu le goût de revivre ça plus souvent. En ayant moins mal, j’ai pu recommencer à bouger. Je me récompense moins avec la nourriture parce que je suis moins à bout et moins souffrante.

J’ai donc essayé de diminuer les médicaments. Progressivement. Attentivement. Avec beaucoup d’amour pour moi, pour mon corps, pour mon esprit, pour mon foie aussi ! C’était rendu que j’avais le foie gras d’un alcoolique à force d’y faire transiter des médicaments chimiques !

J’ai coupé de moitié. Puis j’ai recommencé. Et encore. Je n’étais pas encore prête à subir les effets secondaires du sevrage, même si j’étais ben tannée des effets secondaires de la médication. Et il y a un mois, j’ai dit adieu aux médicaments. Ou au revoir, peut-être, parce que je pourrais en avoir à nouveau besoin plus tard. Beaucoup plus tard. Mais je vais essayer d’installer les meilleures habitudes possibles pour me gérer sans ça.

J’ai dû regarder mes symptômes de sevrage en face. Traverser plusieurs nuits d’agitation avec la foi que le sommeil reviendrait. Construire une nouvelle routine d’endormissement. Gérer les coups de fatigue que je savais temporaires. Noter comment s’exprime maintenant l’anxiété et ce qui la calme. Je me suis parlé, parfois fort, pour ne pas écouter l’appel du contenant de médicaments. Et j’ai réussi.

Le brouillard mental s’est dissipé. J’ai retrouvé mes idées claires, une certaine motivation, ma concentration. J’ai continué à bouger. Je n’ai pas perdu le poids accumulé, mais j’ai perdu le poids qui pesait sur mes épaules. Je continue à prendre soin de moi et de mes émotions qui dégèlent. Je continue à accueillir le soutien offert. Mais autrement.

Alors aujourd’hui, je peux le dire fièrement : je suis abstinente de médicaments depuis un mois ! Et comme pour les anciens alcooliques et les anciens toxicomanes : un jour, un instant, une nuit à la fois.

Marina Desrosiers

Pensées multicolores — Texte : Audrey Boissonneault

Jour 589 ; 3 h 57. Encore des minutes à retirer à mon sommeil « réparateur ». Les g

Jour 589 ; 3 h 57.

Encore des minutes à retirer à mon sommeil « réparateur ». Les guillemets prouvent à leur façon l’ironie de la réelle signification qui, en fait, se retrouve à jongler par ci et par là, en compagnie de cauchemars ou bien des rêves sans aucun bon sens.

J’ai cherché pour comprendre, trouver d’où tu sors. Foutu problème à dormir. Foutue tête qui n’arrête jamais de ramoner chacune des pensées qui s’y trouvent.

Jour 590 ; 1 h 16

C’est parti pour une autre nuit. Les yeux fixés à mon plafond, j’essaie d’ignorer le feu qui prend forme au bas de mon ventre. Je n’arrive même plus à différencier l’inspiration et l’expiration. Mon souffle est si rapide, mais si faible à la fois. Malgré la froideur de ma peau, aucune couverture n’arrive à rester sur celle-ci. Les tremblements ainsi que les mouvements brusques l’amènent loin de moi.

THEARTIDOTE | ARTWORK BY @PEDROTAPA.

Jour 591 ; 2 h 4

Je me revois petite fille souriante, gênée, mais sans une once de stress qui parcourait son esprit, au fil des journées. Le temps filait et les problèmes s’ajoutaient jusqu’à ce que le trop-plein soit arrivé, puis tout déboulait. Pas un ou deux ni trois. Parfois, dix à la fois. Les yeux remplis d’eau, la courbe de mon sourire s’abaissait tout comme mes fossettes.

Jour 592 ; 0 h 47

L’intérieur de mon corps est victime de violentes secousses. On annonce à mon oreille une dure tempête dans les heures à suivre. Quatrième journée de la semaine et aucune nuit sobre de douleurs psychologiques. Épuisée, de toutes les façons possibles. Au travers de tout ça, il y a, seulement, l’idée de ne jamais arriver à être complètement heureuse. Finir sa vie à avoir cette boule noire qui ne se cache pas loin de toi, celle qui t’attaque de sa petite voix afin de te faire entendre que tu ne seras, jamais, assez.

Jour 593 ; 5 h 38

Les sueurs froides et les orteils recroquevillés, je me retrouve, assise, au milieu de mes draps. Shit, une autre nuit de gâchée, il faut croire. Tu le revoyais, sur son lit de mort. Sa présence, son caractère, sa personne. Puis, encore une fois, tu n’as pas pu t’empêcher de penser. Lorsque le battement de cœur deviendra une ligne droite, enfin tu seras quelqu’un d’apprécié. Tu rassembles tes cheveux avec l’élastique te coupant la circulation au poignet, avant de t’étendre à nouveau puis de supplier le défunt de t’aider à franchir le cap de ta journée.

 

Je pourrais continuer des jours, des semaines, des mois et bien plus encore. Pourtant la seule demande qui jure au bout de mes lèvres, est d’avoir la paix. Celle au fond de mon être, de mon esprit et de mon corps. Il existe tant de façons d’être éveillé par l’anxiété. J’ai toujours dit que chaque concept de ce monde était rempli et idéalisé par un arc à ciel de couleur. De mon point de vue, même les sujets les plus sombres sont ceux qui dégagent le plus de ressentiments.

En analysant la profondeur de mon anxiété, elle me démontre certains problèmes de confiance et de calme. Une perte de joie et de positivité. Ne pas savoir assimiler l’équilibre de la croissance et la stabilité au travers du temps.

Le bleu, le vert et le jaune se jumellent avec chacun de leurs émois. J’en viens à me demander, peu importe la noirceur de ta douleur, pourquoi on nous demande de se l’imaginer en thérapie si ce n’est pas l’authentique signification? Pourquoi se concentrer sur un semblant de vérité ? Pourquoi continuer à s’arracher le cœur en s’imaginant que l’univers est fait que d’une seule nuance ?

Et si, au lieu, on utilisait les pigments de nos souffrances pour en faire de l’art…

Audrey Boissonneault

Je ne veux plus mourir – Texte: Nathalie Courcy

J’ai passé la moitié de ma vie à vouloir mourir. À trouver que

J’ai passé la moitié de ma vie à vouloir mourir. À trouver que la vie ne valait pas la peine. Je souffrais trop. Je ne voyais pas le but de me lever tous les matins. Je me rivais le nez sur des échecs répétitifs qui cachaient les succès que je vivais sans les vivre. Ma génétique et les trop nombreux suicides dans ma parenté m’avaient convaincue que j’étais née pour être déprimée.

Médicamentée ou pas, en thérapie ou pas, ça allait downhill de toute façon. J’avais la tête dans une gelée de cumulonimbus sombre et grandissante. Vous dire la lourdeur de l’enclume qui pesait sur mes épaules, à force de porter tout ce malheur.

Et pourtant. J’avais des diplômes avec mention honorable. J’avais une maison, un mari. J’avais des enfants en santé, une famille, des amis. J’avais un bon emploi. J’avais suffisamment d’argent.
Mais. Mais je ne me sentais pas adéquate. Je ne me sentais pas à l’abri ni aimée. Je ne me sentais pas entourée. Je ne me sentais pas à ma place. Je ne me sentais pas en sécurité, financière et morale. Je n’étais pas la maman que je voulais être : calme, drôle, énergique, en santé mentale et physique. Je n’étais pas celle que je voulais être : heureuse, équilibrée, libre, amoureuse.

J’étais une habituée des thérapies. Psy, masso, chiro, t.s., art-thérapeute, acupuncteur… je les avais tous essayés. Même chose pour les médicaments. Anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères, antidouleurs… toujours avec un suivi adéquat, merci de demander. Mais je restais enfermée dans mon gros nuage noir. C’est frustrant, rester prise dans un gros nuage noir mélasse quand tu patauges sans arrêt pour t’en sortir.

Un jour, j’ai supplié d’avoir un médecin de famille. Que j’ai eu. Miracle, de nos jours. Et j’ai été honnête. Elle s’est étonnée que je tienne debout. Quand je dormais deux heures, je me trouvais chanceuse. Je ne pleurais pas, oh non ! J’étais gelée. Pas de drogue (merci à moi, je ne suis pas attirée par les drogues ni l’alcool [comme dit ma fille, l’alcool, ça goûte les pieds !]). Juste le cerveau embourbé, engourdi, comme si ma boîte crânienne était envahie par une glue visqueuse, pas de glitters. Mon corps était devenu immobile, toute mon énergie étant réservée à passer à travers mes journées de travail et mes soirées avec les enfants. Auto, boulot, dodo. Repeat. On repassera dans vingt ans pour le plaisir.

On a travaillé ensemble pour d’abord régler mon problème de sommeil. Ajuster la chimie du cerveau, mais aussi mon rapport à mon lit, à la nuit, à mon mari. J’ai mis des limites, je suis partie, je suis revenue vers moi, peu à peu. Le plus petit pas possible. PPPP. Quatre lettres qui m’ont sauvée, parce que si je m’étais fiée à la hauteur de la montagne à escalader, je n’aurais jamais osé. Elle m’aurait écrasée. Kapout.

Je me suis construit un nouveau nid, j’ai récupéré mon corps, je me suis activée. Je me suis pardonné plein de choses, et je me suis félicitée pour plein d’autres. D’abord de m’être choisie. D’avoir cessé d’attendre que d’autres le fassent à ma place. J’ai remis au centre de ma vie ce qui était important pour moi. Mes enfants, l’art, la créativité, l’écriture, la spiritualité, la famille, les amis, la santé. Puis l’amour.

Mais en premier, au tout début du parcours et ensuite à chaque jour, à chaque instant, je ME suis mise en premier. Égoïste ? Non, je ne crois pas. Si moi, je ne vais pas, rien ne va autour de moi. Si j’ai mes lunettes noires avec les verres salis par la glaise qui me sort du cerveau, je ne peux pas voir la beauté. Je ne peux pas percevoir l’amour, les bonnes intentions, la chance d’être en vie. Je ne porte pas de lunettes roses pailletées, ne vous en faites pas. J’ai les deux pieds sur terre, et c’est clairement mieux que s’ils étaient sous terre. Mais j’ai remisé mes perceptions erronées pour voir la vie comme elle est : variée, grande, lumineuse même dans ses bouts de noirceur.

Depuis l’adolescence, je restais en vie pour ne pas faire de peine à ceux qui restent. Je ne voulais pas déranger par mon départ. Je ne voulais pas laisser un vide dans la vie de ceux qui m’aiment. Je ne voulais pas générer de la culpabilité. Je ne voulais pas laisser comme héritage un gros sac de questions sans réponses.

Maintenant, si je reste, c’est pour moi. C’est parce que je vaux ce que je vaux et que je trouve que la vie est belle, même quand un nuage passe. Justement parce qu’il passe.

Si je reste, c’est aussi pour encourager les autres à rester. Un jour à la fois. S’il le faut, une heure à la fois. PPPP.

Nathalie Courcy

#BellCause

Une nuit dans ma tête

Bienvenue entre mes deux oreilles, tu peux entrer! Ne regarde pas le fouill

Bienvenue entre mes deux oreilles, tu peux entrer! Ne regarde pas le fouillis. C’est long pour moi de faire le ménage de mes idées après une nuit d’insomnie. 

Bien oui, tout est beau comme ça, de l’extérieur. J’ai l’air bien calme et sereine. Je semble en parfait contrôle de mes émotions. Mais c’est faux. Regarde attentivement et tu verras, les poches sous les yeux, les rides au front… 

Dans ma tête, certaines nuits, on dirait qu’un tsunami est passé et qu’il a brisé tout sur son passage. C’est la crise d’anxiété qui m’envahit qui cause ces dommages. J’en ai pour quelques jours à ressentir de minuscules secousses que je devrai contrôler. 

Des trucs? J’en connais des tonnes pour arrêter mes pensées, mais quand le tsunami tourne dans ma tête, c’est difficile. Il arrive comme ça, sans prévenir. Il est difficile à maîtriser. Je respire, je médite, je me change les idées, je compte par bonds impairs, à l’envers, je fais du yoga… mais il est là. Et il m’empêche de réfléchir de façon logique. 

Le matin arrive, le soleil se lève et avec lui, l’espoir du renouveau. Tranquillement, je retouche terre, mes pensées s’adoucissent, ma logique revient. Je respire un bon coup et démarre ma journée avec ces soubresauts de ma nuit d’insomnie. 

Tu aimerais m’aider à faire le ménage de mon fouillis, je sais. Mais puisque la majorité de mes idées ne sont pas logiques, il est difficile pour moi de te les partager. Déjà, de te laisser entrer est un grand pas. Mais ne t’inquiète pas, j’arriverai à démêler tout ça. Un petit morceau à la fois.  

Aujourd’hui, je ferai du sport et je prendrai du temps pour moi afin d’être en contrôle de mes idées. J’écrirai des mots positifs que je lirai avant de me mettre au lit. Et j’espère que la prochaine nuit me permettra de récupérer le sommeil perdu. 

Reviens me visiter dans quelques jours. Chaque idée sera à sa place, il y aura de la musique et des fleurs. À ce moment, je serai capable de te partager ces idées noires qui m’envahissaient. Mais d’ici là, reste près de moi et sois patient, j’y arriverai. 



Nancy Pedneault

Mon amie l’insomnie

Mon amie,

Depuis plusieurs annÃ

Mon amie,

Depuis plusieurs années, j’ai une amie qui me rend visite au moins deux fois par semaine et plus je vieillis, plus ses visites sont fréquentes. Pourquoi? Il me semble que j’ai assez donné. Elle le fait toujours la nuit, autour de 2 h. Elle arrive sournoisement, sans crier gare, sans prendre le temps de m’aviser de sa visite ni du nombre d’heures qu’elle passera chez moi. Parfois, ses visites sont de courtes durées, mais à d’autres moments, elle me fait royalement suer, elle s’incruste dans ma vie, dans mes nuits.

Mon conjoint n’est plus du tout dérangé par ma visiteuse, car depuis quelque temps, il dort ailleurs. En fait, il dort ailleurs depuis la venue de cette nouvelle amie. Elle prend beaucoup trop de place.

Parfois, je quitte ma visiteuse pour me réfugier dans les bras de mon homme en espérant qu’elle me laissera enfin tranquille.

Elle me réveille toujours et m’empêche de dormir; pourtant, elle le sait que j’en ai besoin. J’ai des tonnes d’heures de sommeil à récupérer! J’ai quand même eu trois enfants qui m’ont tenue en éveil des nuits et des nuits.

Aujourd’hui, ils ont dix‑huit et vingt ans et il leur arrive encore de me tenir réveillée, soit par leurs entrées et sorties tardives ou parce qu’ils ne sont pas rentrés du tout. Ou tout simplement parce que je m’inquiète pour eux.

Cette généreuse et aimable amie (grrrr) provoque souvent en moi des réflexions, des questionnements lors de ses visites inattendues et cela réveille mon hamster. Alors là, ils s’amusent comme des petits fous tous les deux.

Moi, pendant ce temps, j’essaie de relaxer, de me rendormir. Tourne sur un bord, tourne sur l’autre. J’ai chaud! J’ai froid! J’ai soif! Je me lève pour faire pipi! Je prends un livre, mais je n’arrive pas à me concentrer. J’écoute de la musique douce, j’essaie de méditer, mais en vain.

Au début, je me fâchais. J’étais vraiment en colère contre elle. J’avais beau lui dire de me laisser tranquille, de revenir plus tard vers 5 h 30 ou 6 h, mais rien à faire.

Elle s’entête! Elle aime bien venir me déranger au beau milieu de la nuit. Plus je m’impatiente, plus elle rit de moi et ses visites s’éternisent dans le temps.

Alors, j’ai décidé de la jouer cool! Je ne m’en occupe plus. Je la laisse seule. Je ne l’écoute plus et je ne me fâche plus. Ça ne donne rien. Mon hamster s’apaise aussi lorsque je l’ignore.

Cette nuit, elle s’est présente vers 1 h 30. J’ai pris le temps de jaser avec mon hamster pour savoir si je n’avais pas oublié de mettre mon linge dans la sécheuse, ce que j’allais porter lors de ma sortie, pourquoi la télé était encore allumée. Pourquoi ma fille n’arrête pas d’aller aux toilettes, est-elle malade? Ah ben! Elle ne s’est pas lavé les mains, pourtant elle le sait! Je lui ai quand même souvent répété l’importance du lavage de mains! Ouin! Décroche, la bonne femme. Ta fille est presque une adulte.

Mon fils est venu me demander pourquoi je ne dormais pas encore à 3 h 30. Tu te couches tard, qu’il me dit! Ben non! Je suis couchée depuis 21 h 30. Ben tu travailles demain… Ben oui, stie, je le sais mon grand!

Bon! Mon hamster s’est endormi, mon amie cligne des yeux et baille. Je crois que je vais pouvoir retourner au pays des rêves. Allez! Ouste! Dégage!

Shit! Il est déjà 4 h! Il ne me reste plus beaucoup de temps avant que sonne l’alarme de mon réveil-matin.

Maudite insomnie! Merci quand même pour ta précieuse collaboration!

Line Ferraro

Fatiguée pas à peu près

Selon ma montre intelligente, ma nuit moyenne compte à peine plus d

Selon ma montre intelligente, ma nuit moyenne compte à peine plus de trois heures de sommeil et l’équivalent de sommeil agité. Beau temps, mauvais temps. Avec des somnifères dans le système, je me rends parfois à cinq heures. Si je suis chanceuse.

Ça a quand même des avantages. Je ne me fais jamais réveiller par le beep beep beep agressant du réveil matin. Je souffre assez peu des nuits écourtées par les petits bobos des enfants ou par les insomnies temporaires. Au lieu d’avoir seize heures d’éveil quotidien pour être efficace, j’en ai une vingtaine. Yé! Yé?

Pourtant, je me suis améliorée. Il n’y a pas si longtemps, ma nuit normale commençait systématiquement par trois heures d’insomnie, de virage de bord, de tirage de couvertures, de jambes agitées. Gros party disco de hamsters dans le cerveau. Non-stop. Ça arrive encore, mais c’est rare. Et seulement quand je m’en donne la permission. Parfois, ça fait du bien de perdre le contrôle.

Quand j’étais une petite jeunesse, ça pouvait toujours aller. Le corps suivait, la tête réagissait au quart de tour. Mais à la longue, ça use, des nuits aussi courtes! Ça brise l’énergie, ça fragilise l’humeur, ça nuit à la famille, ça affaiblit le système immunitaire. Exit, la concentration. Ciao bye, les idées claires. Attention! Chute de quotient intellectuel à l’horizon!

Quand je suis devenue maman la première fois, je me souviens avoir pensé que c’était impossible de mourir de fatigue. Donc, le sommeil était LA chose à sacrifier pour survivre. Résultat : je me suis poussée à bout. Ma fille aînée se réveillait à 5 h du matin. Sa petite sœur vivait la nuit. Dans les quelques heures pendant lesquelles elles dormaient en simultané, je préparais mes cours et je corrigeais les travaux de mes étudiants. Et j’essayais de dormir. En réalité, je ne dormais pas : je m’effondrais.

Pendant plusieurs années, j’ai fonctionné sur le pilote automatique. Un robot. Gauche, droite, gauche, droite. J’avais l’impression que je contrôlais ma vie, j’étais efficace, je réussissais, je jonglais avec tellement de projets en même temps! On ne meurt pas de fatigue, n’est-ce pas?

Puis, les maladresses et les erreurs d’inattention se sont mises à s’empiler dans mon quotidien. Je portais mes jeans à l’envers et je m’en rendais compte en les enlevant le soir (merci, pull-up pants!), j’entendais mes collègues me dire : « Euh… ton chandail… les coutures sont en dehors…» Je portais deux souliers différents et je passais la journée à me demander si une de mes jambes avait grandi pendant la nuit. Je faisais des accrochages mineurs en auto…

Un jour, je revenais de chez ma mère. Cinq heures de route. Les quatre enfants endormis dans leur siège. Je venais de traverser le pont entre l’Ontario et le Québec. Il me restait moins de dix minutes de route avant d’arriver à destination. J’avais combattu le sommeil pendant tout le trajet. Je ne pouvais quand même pas louer une chambre d’hôtel en plein jour et y stationner toute la famille pendant que je ronflais! Lumière rouge. Je me suis endormie. Deux fois. La vie de mes enfants et la mienne entre les mains, juste à la place du volant. Je me suis endormie. Contre ma volonté. Contre la loi.

Je suis arrivée tant bien que mal chez moi. J’ai réveillé les enfants pour les faire entrer dans la maison. Et je me suis réveillée pour vrai. Il était plus que temps que je me repose. Que je prenne soin de moi. Que j’enfonce les freins à fond. Avant qu’il soit trop tard.

J’ai pris une pause de conduite automobile pour un bout. J’ai appris à faire des siestes. Je me suis forcée à me coucher un peu plus tôt, progressivement. J’ai regardé dans les yeux ma peur de ne pas m’endormir. Je me suis convaincue que j’avais du pouvoir sur mon sommeil et sur mon niveau de stress.

Je n’aurai probablement jamais besoin de huit heures de sommeil en ligne. Mais rien ne m’empêche de gérer mon repos autrement. Quelques minutes de calme sur l’heure du dîner, cinq minutes de méditation au retour du travail, un câlin de bonne nuit prolongé après l’histoire du dodo : ça maintient mon niveau de repos dans une zone sécuritaire, autant pour ma santé physique et mentale que pour mes enfants. C’est pas mal plus facile d’être heureuse et de prendre de bonnes décisions quand on est reposé!

On ne meurt pas de fatigue. Mais la fatigue peut nous tuer. Et je refuse.

Nathalie Courcy

 

Quand le hamster court…

Tu sais, quand tu as couru toute la journée, quand tu poses ta têt

Tu sais, quand tu as couru toute la journée, quand tu poses ta tête sur l’oreiller, que tu es épuisée, que tu fermes les yeux et que… ton hamster se réveille!

C’est à quelle heure la game de soccer demain? Est-ce que j’ai barré la porte? J’ai oublié d’envoyer un courriel à mon client! Il reste du lait? Oh non! J’ai laissé une brassée de linge dans la sécheuse! Tu crois que ma fille va se remettre de sa blessure? Le dîner chez ma mère dimanche… on apporte quoi? Le vaccin du chien… je dois prendre un rendez-vous! Quand vais-je avoir le temps d’aller acheter des souliers pour numéro trois? Je mets quoi demain? Ils annoncent quelle météo cette semaine? Il est où, le jeu préféré de numéro deux? C’est quand, la parade annuelle des cadets? On va manger quoi pour le souper?

STOP! Je veux dormir!

C’est à cet instant que je fais cette erreur : je regarde l’heure…

Oh non! Je me lève dans sept heures et quatre minutes! Je vais être fatiguée! Je suis déjà si fatiguée… C’est quand que je vais avoir du temps pour faire du sport? Pourquoi mon client avait un air si bête tantôt? Mon oncle va-t-il s’en sortir? Pourquoi j’ai bu une tisane? J’ai encore envie de faire pipi!

STOP! Pendant ce temps, à mes côtés dans le lit, le mâle dort… sa respiration régulière m’énerve…

Comment il fait pour dormir, lui? Il ne s’inquiète de rien! J’espère qu’il ne va pas se mettre à ronfler… C’est quand la fête des Pères, au fait? Ça fait quoi, mourir? Et si je ne me réveille jamais? Que vont devenir les enfants si je meurs? Pourquoi je pense encore à la mort?

STOP! Je me lève, je vais aux toilettes. Il est presque minuit. Tout le monde dort. Et moi, je regarde la lune par la fenêtre de la cuisine. Mon réveil sonne dans six heures…

On fait comment pour tuer ce fichu hamster?

Gwendoline Duchaine

 

Mon chum ronfle ou La nuit où j’ai failli dormir

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Je vous écris ce texte avec mon xe café à la main. J’attends toujours que la caféine fasse son œuvre. Mais honnêtement, je crois qu’elle a abandonné la partie. Dès la première gorgée de café, elle s’est dit « Ok, c’est le moment de faire la grève, elle est irrécupérable ».

 

Une nuit à oublier. Je n’ai pas mal dormi. J’ai pas fermé l’œil de la nuit. Ma dernière est grippée. Je me suis tapé deux crises de faux croup. Pour calmer les crises, je suis allée deux fois dehors avec elle. Entre son sommeil entrecoupé de pleurs et ses crises, pas eu le temps de dormir. Lorsqu’enfin vers deux heures du matin, elle a sombré dans un sommeil profond, l’homme a décidé de se mettre à ronfler. Je sais qu’il ne décide pas volontairement de ronfler, mais cette nuit, c’était de SA faute.

 

Cette nuit a été précédée de plusieurs où j’ai mal dormi. L’endroit dans mon cerveau où le raisonnement logique se fait sonnait occupé. Je voulais juste dormir. Pis non, j’avais pas le goût d’aller dormir sur le divan devenu inconfortable par les sauts des enfants. Je voulais dormir dans mon lit… notre lit. Cette nuit-là ben, c’était juste le mien… BON!

 

J’ai tenté la manière douce : « Mon amour, tu ronfles ». Suivi d’un « Je ronfle pas, pas le moyen de dormir ici ». J’ai senti la colère monter en moi. Ben oui, je suis du genre à inventer les bruits infernaux qu’il fait, question de passer une nuit de merde.

 

J’avais déjà épuisé le peu de compassion qu’il me restait; fini la manière douce. Coups de pieds, tirer l’oreiller, bean sur le bras sont devenus mes solutions évidentes. À part une accalmie d’une dizaine de secondes, je n’y gagnais rien.

 

C’est à ce moment que j’ai évalué la possibilité de lui mettre un bas dans la bouche… Ok, pas réellement, mais juste l’image m’a fait du bien.

 

Je me suis même demandé si les trucs des infopubs antironflement marchaient réellement. Oui, j’étais écœurée de l’entendre à ce point-là. Je me suis souvenu des bandelettes pour mieux respirer. À part que l’homme a dû se frotter le nez avec du beurre de peanut pour enlever la colle (moment hilarant), ça n’a rien donné.

 

Il a finalement cessé de ronfler. J’ai failli m’endormir, mais le cadran a sonné.

 

Ma journée commençait…

 

Mélanie Paradis

 

 

 

Les « plusse-meilleures » raisons des enfants pour se relever le soir

Les enfants ont un don particulier pour écourter la soirée en amou

Les enfants ont un don particulier pour écourter la soirée en amoureux de leurs parents, ou pour empêcher leur papa ou leur maman de clencher le ménage afin d’avoir quelques minutes calmes avant d’aller dormir à son tour. Qui n’a pas entendu des « plusse-meilleures » raisons pour se relever cinquante fois au lieu d’aller se coucher pour vrai?

–          J’ai envie de pipi.

C’est sûr, mon tiloup, que si tu te tapes trois verres d’eau entre le moment du bain et du coucher, il y a des chances que ta vessie soit sur le bord d’éclater. Go pipi, et après, fais un nœud.

–          J’ai peur du noir.

Ok. Je vais allumer ta veilleuse.

–          Il y a trop de lumière! Je ne peux pas voir mes rêves!

Ferme tes trois petits yeux, tu vas voir qu’il va faire noir.

–          Il y a des monstres en dessous de mon lit!

Oui, et si tu passais le balai plus souvent, il n’y aurait pas de monstres. Parce que tu sais quoi? Les monstres se nourrissent de poussières et de bubus qui volent. Pas de poussières = pas de monstres. Assure-toi de rentrer tes pieds en dessous de tes couvertures, au cas où tu aurais le modèle de monstres mangeurs d’orteils.

–          Je m’ennuie de papaaaaaaaaaaaa!

Ça adonne bien, moi aussi! Alors on l’appellera demain, on lui fera un dessin, on lui enverra des photos. En attendant, allez, dors avec le toutou singe qui ressemble à papa.

–          J’ai soiffffffff!

Eille, le comique! Ton verre d’eau était sur ta table de chevet. Tu l’as renversé à moitié dans ton bedon, à moitié par terre. Alors c’est assez pour ce soir (en partie à cause du numéro 1, en partie parce qu’un bon moment donné, la mère se tanne de jouer à la serveuse). Tu ne devrais pas te déshydrater complètement d’ici demain.

–          Je veux que ma porte soit fermée.

Lève-toi et marche! Mais ne t’avise pas d’en profiter pour rallumer ta lumière et faire des mauvais coups en cachette! Une maman, ç’a des yeux partout.

–          J’ai. Mal. Au. Ventre.

Okidou. On va masser ton petit bedon, tout doucement, tout gentiment. On va mettre une bouillotte. On va chasser les idées stressantes en gardant la séance de quête de solutions pour les moments où il fera clair.  Bonsoir, bonne nuit, pas de puces, pas de punaises.

–          J’ai quelque chose à te dire, ça presse!

Pourquoi, donc, tu n’as jamais rien à me raconter quand je te demande ce que tu as fait à la garderie ou à l’école, mais que tout à coup, tu as quatorze histoires urgentes à partager là-maintenant-tout-de-suite?

–          Ma sÅ“ur me dérange!

Oui, et toi aussi tu l’empêches de dormir. Vous faites un excellent travail d’équipe, mais gardez ça pour des objectifs plus louables que pour vous empêcher mutuellement de dormir.

–          Comment ça s’écrit, ornithorynque?

Euh… comme ça se dit? Avec deux ou trois lettres bizarres.

–          Ma musique s’est arrêtée!

En effet. C’est parce qu’au bout d’une heure, tu devrais déjà dormir. Même Ari Cui Cui a besoin de faire dodo la nuit, alors laisse-la se reposer.

–          Maman, c’est dans combien de dodos, ma fête?

  1. Tu as le temps de penser à tes cadeaux et à tes invitations. À un autre moment.

–          Qu’est-ce qui va arriver si tu meurs en dormant? Qui va s’occuper de nous?

Ce n’est pas dans mes intentions, mais si je ne peux pas aller me coucher bientôt, ça se peut, oui, que je meure de fatigue. Allez! Dodo!

–          Maman! J’ai vraiment quelque chose à te dire! Si je ne te le dis pas, la Terre va exploser! Trump va être élu! (oups … too late!)

Ok. Une dernière, dernière, dernière chose. Qu’est-ce qu’il y a, mon poussin?

 

–          Je t’aime, maman. Je pourrais te donner un dernier câlin?