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Je me suis perdue

Je me suis perdue, et j’en ai conscience. Chaque jour, je retrouve devant

Je me suis perdue, et j’en ai conscience. Chaque jour, je retrouve devant le miroir une personne que je ne reconnais pas. Chaque jour, je retrouve ce que j’ai toujours jugé.

Je l’admets, je t’ai jugée, toi qui as passé la trentaine à ne pas prendre soin de ton apparence et de ton âme. Je t’ai jugée avec tes joggings sales, ton chignon défait, ta trâlée d’enfants habillés de vêtements dépareillés. Je t’ai jugée avec tes cernes, ton mascara inexistant et ton peu d’estime de toi. Faut se l’avouer, tu étais à la fois tout ce que je voulais et tout ce qui me rebutait. Tu étais une mère à la tête de ta famille, tu étais importante, mais tu n’étais plus que l’ombre de toi‑même.

En fait, c’est ce que je me disais. Je m’expliquais mal tout ça. 

Parce que hey… MOI, j’avais deux enfants, un chum incroyable, un travail, un poids idéal et pas encore l’ombre d’une ride. J’avais 27 ans et j’étais fière de moi… mais je t’ai secrètement jugée. Je l’avoue. L’espace d’un instant, je t’ai regardée et je me suis dit… jamais je ne serai comme toi. Puis, j’ai continué mon chemin, avec mes enfants, mon mascara, ma toque juste assez défaite pour qu’elle soit belle et avec mes rondeurs inexistantes. 

Toute ma vie, j’ai su que le karma existait. En fait, pour moi il est toujours là. Tout près. 

En fait, je ne sais pas si je peux appeler ça le karma, ou tout simplement la vie. 

Depuis toujours, la vie se charge de me faire vivre les situations que j’ai jugées, pour que je puisse apprendre et comprendre.

Aujourd’hui, j’ai trois enfants. Je les aime. Mais je suis parfois/souvent épuisée.

Aujourd’hui, j’ai un travail que j’adore, mais j’ai pris la décision de ne plus vouloir atteindre les étoiles pour réussir. Je suis bonne dans mon travail, je pense même être excellente. Par contre, je prends ce qui passe. Je me dis qu’un jour, mes enfants seront grands et je travaillerai des 60 heures par semaine pour atteindre mes buts. J’ai choisi de les faire passer avant moi et avant mes rêves.

Aujourd’hui, j’ai 40 livres de plus qu’il y a deux ans. Je porte les mêmes leggings depuis neuf mois. J’ai quatre chandails qui me font dans ma garde-robe beaucoup trop pleine de vêtements qui représentent qui j’étais avant. J’aime bien en rire. Ça rend le tout si normal… Rendre les choses normales, les banaliser… ça aide à ne pas faire face à la réalité, non ?

Aujourd’hui, j’ai réalisé que je n’ai pas fait mes sourcils depuis… beaucoup trop longtemps. Ç’a l’air de rien, mais avant… ça ne serait pas arrivé.

J’ai aussi réalisé que je ne mets plus de mascara ni de cache‑cerne. Que mes cheveux sont remontés négligemment en toque parce que je n’ai pas le temps de les placer.

Aujourd’hui, j’ai reçu des vêtements que j’ai achetés en ligne. Je m’imaginais déjà dedans. J’avais hâte. Je les ai enfilés avec empressement et je n’ai pas reconnu la personne devant le miroir. 

Je me suis perdue…

Je n’ai jamais osé parler aussi ouvertement parce que j’avais peur du jugement. 

Je sais très bien que parmi vous, plusieurs se diront que je chiale pour rien. Certaines d’entre vous ont un poids plus élevé que le mien, d’autres rêvent d’engraisser. 

J’entends déjà les soupirs et les pleurs de celles qui ne peuvent avoir d’enfants et qui donneraient tout pour ne pas avoir les sourcils faits et pour tenir un petit être dans leurs bras. 

Secrètement, je vous entends… et je sais que vous avez toutes, à votre façon, raison.

Je sais aussi que des femmes comme moi, il y en a beaucoup. Et j’avais envie de leur dire qu’elles ne sont pas seules. 

J’ai envie de dire qu’il est temps que nous reprenions le contrôle de notre vie et de notre corps. 

Je ne veux pas être celle que je deviens, et je ne veux surtout pas dire à mes filles que c’est correct de s’oublier.

J’étais et je suis encore une femme de carrière. Une femme fière. Je serai toujours celle que je veux être. Je dois seulement apprendre à m’aimer assez fort pour me respecter. 

Ça ne veut pas dire de mettre mes enfants de côté… JAMAIS !!! Je serai toujours un pilier pour eux. Mais je veux devenir un pilier pour moi‑même d’abord et avant tout. Je veux être forte pour moi, et pour eux.

Je pense qu’aujourd’hui… il est temps que je me retrouve.

Et si on parlait un peu d’actualité ?

Je ne vous apprends rien si je vous parle du retour progressif du système

Je ne vous apprends rien si je vous parle du retour progressif du système scolaire de nos enfants.

Combien d’entre vous se sont proclamés sur le retour en classe de vos enfants ? En fait, combien d’entre vous n’ont pas été jugés en fonction de leurs décisions parentales ? Elle est plus là, la vraie question. 

Depuis quelques jours, je vois plusieurs amies et connaissances se proclamer haut et fort sur cet éventuel retour. Ça fait partie intégrante des réseaux sociaux, c’est le sujet de l’heure… Personnellement, ce qui m’attriste le plus dans tout ça, c’est le nombre de gens qui jugent. C’est triste de voir notre belle société s’indigner contre les personnes qui ne partagent pas notre opinion. 

Maman monoparentale de trois enfants, je travaille quarante heures par semaine et je suis présentement en télétravail. Je voyais presque la réouverture des écoles comme une bénédiction. Mais comme deux de mes enfants ont des difficultés respiratoires, j’ai décidé d’attendre quelques semaines pour voir où en seront les statistiques. Je me suis fait juger en tant que maman, je me suis même fait dire que je nuisais à leur éducation. 

Pourtant, cette même éducation n’a pas débuté au niveau scolaire, mais bien dès leur naissance. Depuis maintenant onze ans, j’éduque mes enfants non pas à la perfection, mais au mieux de ma connaissance.

Je rêve d’un monde où les gens arrêteront d’avoir peur de s’exprimer à cause de la peur de se sentir jugés par leur famille, leurs amis. 

Et si je vous disais que la meilleure décision, c’est vous chers parents qui la prendrez pour le bien‑être de vos enfants ? 

J’ai confiance en l’humanité des gens. Chaque famille prend les décisions en fonction de son histoire. Cessez de juger et essayez de comprendre les autres qui vous entourent.

Seuls on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! 

Jessica Thériault

Des efforts, j’en fais! Texte : Cristel Borduas

L’autre jour je discutais avec des collègues à propos de différ

L’autre jour je discutais avec des collègues à propos de différents enjeux de nos vies personnelles. Tu sais, les classiques conversations qui impliquent notre couple, les enfants, la famille. Ça m’a heurtée de voir à quel point les pistes de solutions ont l’air évidentes dans le discours de l’autre, mais surtout que la vitesse de changement n’est pas perçue de la même façon. Vivre une situation difficile et ne pas la régler en un claquement de doigts est tout à fait normal. Pensons à la perte de poids, à un changement d’habitude de vie ou une séparation, pour ne nommer que ceux-là. Pour bien faire les choses, il y a un certain ordre à respecter et des étapes à franchir. Le tout, de façon bien personnelle bien sûr.

Le rythme et les moyens pour atteindre nos objectifs varient d’un individu à l’autre. Qui sommes-nous pour dire à quelqu’un qu’il ne prend pas le bon chemin ou que ça devrait déjà être réglé? Qui sommes-nous pour dire à l’autre qu’il n’en fait pas assez? Le fait que tu aies l’impression que ma situation ne bouge pas assez vite ou que toi, tu ferais le tout autrement ne donne pas le droit de juger. Je rage intérieurement quand j’entends des commentaires comme : Pourquoi tu restes avec lui? Tu n’as qu’à te séparer! Si tu n’aimes pas ta job, trouves-en une autre! Ou pire encore : Tu ne dois pas être assez malheureuse si tu restes dans cette situation. Ne pas prendre de décisions hâtives ou drastiques n’est pas un signe d’inaction. Parfois, il faut observer, réfléchir, se déposer et s’ajuster. Parce que je le sais, les actions ne sont pas toujours visibles.

Tu as sûrement déjà vu passer ce fameux graphique qui fait la différence entre le plan que nous avons de la vie et ce qui se passe en réalité. Alors s’il te plaît, garde tes commentaires qui me feront sentir que je ne fais rien ou que je reste là à me plaindre.

Si je parle de mon couple qui bat de l’aile, ça ne veut pas dire que je ne fais rien. Qu’à la maison, je fais comme si de rien n’était. Mais non, des efforts, j’en fais. Si je souhaite perdre du poids mais que tu me croises à la restauration rapide, ne va pas croire que je n’ai aucune volonté. Bien au contraire. Je suis un humain. Un humain imparfait qui fait de son mieux. Parce qu’au-delà des objectifs à atteindre, il y a la vie. Cette vie qui fait qu’on se lève tous les matins avec le désir sincère de passer une belle journée. Cette vie, qui parfois nous étend un tapis de clous plutôt qu’un chemin de pétales de fleurs. Rien n’est parfait et je ne cherche pas cette perfection. Laisse-moi plutôt m’engager sur le chemin qui a le plus de sens pour moi. Si tu souhaites marcher à mes côtés, tu es bienvenue.

Cristel Borduas

 

Mascarade

  Sommes-nous vraiment rendus là?

Des dirigeants municipau

 

Sommes-nous vraiment rendus là?

Des dirigeants municipaux vont décider pour nous. Gérer notre vie familiale. Tout simplement, ils nous disent sans masque que nous n’avons aucun jugement. Juste ça. Mais tout ça!

Aujourd’hui c’est le 31 octobre. C’est l’Halloween!

Pas hier, pas demain. Que la météo soit favorable ou non. Noël non plus, ce n’est pas le 24 décembre ni le 26. Qu’il y ait tempête de neige, verglas ou toute autre catastrophe naturelle.

Les enfants — les miens, les vôtres, en fait — seraient déçus si la fête était impossible, qu’ils nous répondent. Mieux vaut remettre le tout à demain. Leur sécurité doit primer. Sans dire que la météo, pour demain, c’est à peine mieux.

Mais quand avons-nous voté pour que les élus décident à notre place de tout ce qui concerne la sécurité de nos enfants?

Je crois, vous aussi sans doute, avoir suffisamment de jugement pour en décider. Et, à écouter certains reportages sur les délibérations de nos élus, je suis certain d’avoir souvent plus de jugement qu’eux. Sur une multitude de sujets.

Quand on constate la gestion des travaux routiers, on peut également rire d’une telle préoccupation pour la sécurité de tous, enfants inclus.

À tous les dirigeants de municipalités qui veulent changer la date de l’Halloween, je dis non merci! Je n’ai pas besoin de vous pour décider pour moi. Si je décide que cette année, c’est juste les trois maisons d’à côté, juste celle de mamie ou qu’il faut rester à la maison, ça sera mon choix!

Après tout, comme quand ils sont malades, c’est moi qui devrai les gérer. Personne d’autre.

michel

Le mouton noir le plus éduqué

Je viens d’une famille modeste. Des parents travaillants et soucie

Je viens d’une famille modeste. Des parents travaillants et soucieux de nous offrir un avenir meilleur. Mes parents ne sont pas restés longtemps sur les bancs d’école. Leur génération n’a pas trop valorisé la poursuite de longues études. Et qu’on se le dise, la pression d’aller sur le marché du travail était forte. Malgré cela, ils m’ont appris l’importance de l’éducation et que l’obtention d’un diplôme pourrait me simplifier la vie. Ils m’ont encouragée comme ils ont pu dans mon cheminement scolaire.

Le temps a passé et j’ai quitté mon petit village pour m’investir dans la grande ville. Je découvrais à quel point le monde pouvait être riche. Oh combien toutes ces nouvelles informations étaient stimulantes pour moi! Poursuivre des études était non seulement une façon de m’assurer un avenir professionnel, mais surtout, j’avais l’impression de devenir quelqu’un. Le savoir est devenu une bouée de sauvetage.

Je suis une personne ordinaire. Je n’ai pas de talent particulier et je ne me démarque pas spécialement. Mais à l’université, je devenais quelqu’un. Pas au sens glamour de la chose, mais plutôt face à moi-même. J’ai rapidement découvert que l’école et la bibliothèque pouvaient m’ouvrir un monde auquel je pouvais m’identifier. Côtoyer des gens qui aiment réfléchir et échanger est vraiment stimulant. J’apprenais une nouvelle façon de percevoir la société et les humains. À mes yeux, je demeurais la même personne, mais avec des connaissances en plus! Sans m’en rendre compte, un nouveau vocabulaire s’est installé. Sournoisement, un écart s’est creusé avec mes proches. On tentait tranquillement de me faire comprendre que la nouvelle version de moi-même commençait à déranger. Ce qu’on m’avait encouragée à faire devenait maintenant une source de rejet.

J’avais vraiment sous-estimé les impacts de mon cheminement académique sur mes relations familiales. C’était comme si, soudainement, j’étais devenue une personne avec qui ils n’avaient plus rien en commun. Les sujets d’actualités ne les intéressaient pas et les conversations d’opinion étaient tout aussi limitées compte tenu des idées arrêtées.

Tranquillement, on commençait à me glisser des phrases du genre : ah, on sait ben toi avec de grands mots compliqués…. Ah, écoute donc parler l’autre qui est allée à l’université… Bon, toi avec tes grandes théories…On avait décidé que j’étais une personne hautaine, qui se prenait pour une autre. On m’accusait de faire chier avec mes diplômes. Diplômes qui, étrangement, m’amenaient à travailler auprès des plus démunis. Eh ben! C’était tellement incohérent pour moi! Je souhaitais simplement jaser de mes journées avec les membres de ma famille. Et peut-être les faire bénéficier de mes connaissances, au même titre qu’on demanderait conseil à son beau-frère mécanicien.

Après plusieurs années à m’entêter et à essayer différentes approches, j’ai dû faire un choix. Cette situation prenait trop de place. Sans vivre de conflit ouvert, je sentais qu’un malaise planait et j’évitais les contacts. Avoir une bonne relation avec les membres de ma famille fait partie de mes valeurs les plus chères, mais je devais me fixer une limite personnelle.

La fille nerd qui aime les bibliothèques et qui s’implique dans des causes féministes devait se faire plus discrète. Sans nier qui je suis. Pour y arriver, j’ai surfé jusqu’à ce que je trouve l’équilibre entre mon identité et mes relations familiales. Cela n’a pas été sans défis. La preuve, mon nom ne se retrouve pas au bas de ce texte. Simplement parce que cela n’apporterait rien de mieux à ce que nous vivons.

L’effort de réflexion a été pour nous la façon de nous concentrer sur l’amour que nous avons les uns envers les autres. Garder nos liens simples, prendre soin les uns des autres et passer du temps de qualité ensemble.

Eva Staire

La honte

La honte, un sentiment d’abaissement, d’humiliation qui résulte

La honte, un sentiment d’abaissement, d’humiliation qui résulte d’une atteinte à l’honneur, à la dignité. Ou bien encore mieux, un sentiment d’avoir commis une action indigne de soi, ou une crainte d’avoir à subir le jugement défavorable d’autrui.

Oui, c’est bien de cela que je veux vous parler : la peur d’avoir à subir le jugement défavorable des autres, la honte !

Mais revenons‑en au début… Tout le monde dans sa vie a déjà vécu un moment de honte. Non ? Si ce n’est pas le cas, ça devait être tout près de la honte.

Je me rappelle très bien lorsque j’étais militaire à la base de Valcartier : un beau matin, j’occupais le poste de caissier de la base. J’avais des responsabilités importantes. J’étais le seul qui effectuait les divers paiements et à la fin de la journée, ça devait balancer. Puis ce matin‑là, une des superviseurs est passée et m’a dit « Bonjour Carl ». Elle m’a regardé et m’a dit : « Tu n’as pas l’air de bien aller, ce matin ». C’est alors que j’ai fondu en larmes et suite à cela, elle m’a demandé si je voulais un rendez-vous en santé mentale à la base militaire, ce que j’ai accepté.

Mais comme tout bon soldat, peu importe la tâche, la priorité, c’est toujours de servir son pays en premier ! Soi-même, ça passe après ! Bien, c’est ce que j’avais appris de la vieille armée ! C’est pour cela que c’est toujours difficile d’être militaire et père de famille en même temps. Quand le devoir t’appelle, souvent, l’éventail de choix n’est pas très large. Notre pays, le Canada, passe souvent avant la famille pour les militaires.

Arrivé à l’hôpital de la base, je devais emprunter l’escalier pour monter au deuxième étage. Le deuxième étage comprend seulement les services de santé mentale. Bon OK, avant d’aller vers l’escalier, je devais m’assurer que personne ne me voie ! Bien non, c’est l’escalier de la honte et en haut, c’est l’étage de la honte. Ce n’est pas permis pour moi qu’un autre me voie emprunter cet escalier pour aller en haut. Qu’est‑ce qu’ils vont penser de moi ? Je vais être un faible ?

J’ai attendu que le corridor soit libre de gens et j’ai emprunté l’escalier. J’étais encore stressé dans les marches parce que je ne savais pas si j’allais voir d’autres militaires à l’étage. Arrivé au deuxième étage, soulagement total ! Aucun militaire en vue, seulement du personnel civil. Après avoir été accueilli par les réceptionnistes, je me suis dirigé vers la salle d’attente. Et boom ! Ce fut la catastrophe, deux autres militaires étaient assis et attendaient, mais personne n’osait se regarder. De temps en temps, je regardais du coin de l’œil pour voir si on me regardait, mais non. Personne n’osait se regarder. Je n’étais pas le seul à avoir honte ! C’est ça la honte, la peur d’avoir à subir un jugement défavorable d’une autre personne.

Ce fut encore le même scénario, à la base militaire de St-Jean. J’avais ce réflexe de m’assurer que personne ne me voie monter au deuxième étage. Quand même honteux pour un sergent, d’aller au deuxième étage. Surtout quand tu as été instructeur et capable de former des pelotons de soixante recrues !

Quand on m’a diagnostiqué un trouble de stress post-traumatique l’année passée, je me suis dit : « Bon, est-ce que j’en parle ? » Et tout de suite, je me suis dit oui, je ne cacherai pas cela.

Pourquoi ? Parce que cela fait quatorze ans que je souffre de cette blessure sans le savoir. Ma femme a dû endurer beaucoup de crises et de colère de ma part. J’ai frôlé le divorce à plusieurs reprises. Mes enfants ont souffert de voir un papa qui criait envers eux pour des riens comme si c’était la fin du monde. Parfois, je leur ai même fait peur à mes tout petits enfants d’amour. Et pourtant je les aime tellement, mais j’étais blessé et personne ne m’avait aidé. Ils ont failli me perdre à plus d’une reprise, car j’étais dépressif.

Je me suis dit : au lieu d’avoir honte, je vais en parler. Je vais aider ceux qui sont comme moi. Ceux qui ont honte, ceux qui sont isolés et qui ont besoin d’aide. Parce que moi, les aider, ça me fait du bien aussi.

La honte c’est la peur d’avoir à subir le jugement défavorable des autres. La peur ne sert à rien dans la vie. Mais vaincre sa peur, voilà une chose enrichissante. Voilà une chose que je vais enseigner à mes enfants. Transformer sa peur en courage !

Carl Audet

36 secondes

Ce n’est pas long, 36 secondes, hein ?

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Ce n’est pas long, 36 secondes, hein ?

C’est pourtant le temps qu’il aura fallu à un homme et sa famille pour sombrer dans le recoin le plus sombre des réseaux sociaux. Une vidéo, de 36 secondes, c’est tout. La radio, la télévision, les partages Facebook : c’était partout en claquant des doigts.

Un entraîneur en colère qui crie après un joueur, c’est tout ce qu’on peut y voir. Que dit‑il ? Pourquoi est‑il en colère ? Nous ne le savons pas. On suppose. Tout le monde spécule. Dans tout ça, il manque le plus important de l’histoire : le contexte. Le fameux deuxième côté de la médaille. J’entends déjà qu’aucun enfant ne mérite de se faire engueuler pour une game. Vous avez bien raison ! Mais encore là, on spécule, parce qu’on ne le sait pas, au fond.

Ce n’est pas long, 36 secondes, hein ?

Ce n’est pas assez long pour qu’on puisse comprendre que finalement, c’est un père qui chicane son fils. J’ose moins lui jeter la première pierre, soudainement. En tant que parent, la soupape saute parfois.

Ce n’est pas assez long pour qu’on puisse voir qu’il n’est peut‑être pas question de la game non plus. Outre les atrocités dans les commentaires sur Facebook, on peut y lire une autre version des faits de certains parents présents ce jour‑là, qui expliquent que le père était en colère à cause d’un comportement inadéquat de la part de son fils sur la glace. Sous le coup de l’émotion, il a crié. Est‑ce que ça justifie les cris ? Non, mais ça permet de mieux comprendre.

Mais ça, on ne le voit pas parce que, ce n’est pas long 36 secondes, hein ?

Les justiciers des réseaux sociaux disent que cet enfant a été humilié par son coach. Sauf qu’entre cet évènement‑là, et l’humiliation qu’il vit à chaque fois qu’il ouvre la télé, qu’il entend son histoire à la radio ou encore quand il va à l’école et doit affronter le regard de tous, je me questionne vraiment à savoir quelle humiliation est la pire. Ce petit garçon doit assurément souffrir de la lapidation de son papa sur la place publique. Pas mal plus, que ces 36 secondes‑là.

Par pitié, si vous craignez réellement pour la sécurité d’un enfant, c’est la police qu’il vous faut appeler. Filmer sans jamais intervenir, ça ne rend service à personne.

C’est ça, le danger des réseaux sociaux, ça a le pouvoir de détruire des gens, alors qu’il nous manque de précieuses informations pour interpréter la situation adéquatement.

Parce qu’au fond, ce n’est pas long 36 secondes, hein ?

En tout cas, clairement pas assez pour que certains se donnent le droit de dire à un père de famille, qui a crié après son fils, d’aller se pendre dans sa garde‑robe. Ça pis un lot hallucinant de menaces et de paroles horribles.

Marilyne Lepage et Jessica Archambault

Moi, je vous aime, bon !

Pourquoi construire un mur entre les gens ? Et là, je ne parle pa

Pourquoi construire un mur entre les gens ? Et là, je ne parle pas du mur que notre voisin du sud veut bâtir. J’ai lu presque TOUS les commentaires sur les réseaux sociaux concernant le fameux bar qui a refusé l’accès à l’humoriste à cause de sa chevelure. Ok, je m’étais promis d’arrêter de faire ça, mais cette fois-ci, c’était plus fort que moi parce que je voulais comprendre.

J’avoue être assommée.

J’avoue également ne pas vouloir partir de débat à ce sujet mais maudit, pourquoi faut‑il toujours finir par entendre parler en mal de la différence ? La vie serait tellement plus simple si tout le monde s’aimait tel qu’il est, non ?

Est‑ce qu’il y a juste moi qui ne vois pas cette différence ? Que tu sois blanc, jaune, noir ou mauve, que tu aies les cheveux longs, courts, rasés pourris ou sales, que tu manges des toasts pour déjeuner, un steak ou des coquerelles, si tu es heureux, who cares ?

Si tu es sympathique, que tu ris et que tu es une personne positive dans la vie, je t’aime déjà ! Je n’en ai rien à faire de ton origine, de ton orientation sexuelle et de ce que tu fais dans tes temps libres !

Pourquoi faut-il toujours diviser les gens ? Pourquoi parle‑t‑on toujours de racisme ? Pourquoi ce mot existe-t-il, en fait ? Pourquoi la vie n’est-elle pas aussi simple que la vision à travers les yeux d’un enfant ? Pourquoi en venez-vous toujours à pointer la différence et surtout, pourquoi jugez-vous la différence ?

Qu’est-ce-que-ça-peut-ben-faire-que-l’autre-ne-soit-pas-comme-vous ?

C’est ÇA la beauté du monde : LA DIFFÉRENCE !

Sortez de chez vous ! Voyagez, visitez votre voisin, ouvrez‑vous aux autres et vous verrez que la vie est belle et que les gens sont tous beaux, à leur manière ! Vous verrez que les gens ont de belles histoires à raconter et surtout, vous apprendrez ! Vous apprendrez à aimer et à vous ouvrir sur le monde !

Moi, je vous aime, bon !

Tania Di Sei

La comparaison malaisante

Malgré qu’on sache qu’il ne faut pas comparer les enfants, nous

Malgré qu’on sache qu’il ne faut pas comparer les enfants, nous le faisons tous plus ou moins. Certaines comparaisons peuvent être saines ou, du moins, inoffensives. Par exemple, je trouve intéressant de voir des enfants un peu plus vieux que les miens. Ça me donne un aperçu de ce qui s’en vient, de ce qu’ils feront bientôt. Ça peut aussi me donner des idées d’activités ou de jeux à faire avec eux, des pistes d’éléments à stimuler.

La comparaison peut aussi être rassurante. Notamment quand on traverse une phase plus difficile. Je ne me réjouirai jamais d’une crise de bacon d’un mini à l’épicerie. Je suis remplie de compassion pour ses parents. Par contre, quand j’étais en plein dedans avec mon grand, ça me rassurait de voir qu’on n’était pas seuls. Discuter avec une maman qui traverse des défis, petits ou grands, semblables aux nôtres, peut faire beaucoup de bien.

Par contre, j’ai beaucoup de difficulté lorsque la comparaison dénigre ou rabaisse. « Mon gars n’est pas rendu là, il doit être retardé! » Hein?! Ça me laisse sans voix. Peut-être n’aurais-je pas dû raconter le bon moment qu’on a passé à jouer à un jeu de société calme avec notre presque trois ans super énergique. Peut-être que ça parle des angoisses de cette maman. Je ne sais pas trop. Je trouve cependant sa façon de le dire inadéquate. Il est fort probable que son fils n’aime simplement pas ce genre de jeux. Je suis de plus convaincue que cet enfant fait des choses que le mien ne fait pas. C’est tout à fait normal, les enfants ne se développent pas de manière identique. Il n’est aussi peut être simplement pas encore rendu-là, effectivement. « Il doit être retardé » était-il vraiment nécessaire? Ça me met mal à l’aise. Je n’ai pas envie de continuer cette conversation, car je sens que cette maman se sert de ce que je raconte pour dénigrer son enfant.

Ah! Et je suis en mesure de détecter l’humour et l’ironie. Si c’était le cas avec ces propos, je ne les soulèverais pas.

Ces comparaisons malaisantes, je suis en mesure de les recevoir et, souvent, de les éviter. Mon inconfort est néanmoins encore plus grand lorsque l’enfant en est témoin. « Ton petit parle vraiment bien! On comprend rien quand le mien parle, ç’a pas de bon sens! Écoute… C’est ce que je disais, j’ai rien compris! » Oh! Mon cœur se serre. L’apprentissage du langage est déjà tellement intense pour les tout petits. C’est déjà tellement difficile pour eux de gérer les frustrations associées au fait qu’ils ne se font pas bien comprendre durant cette période. Si en plus, ton mini se fait dire plusieurs fois par jour qu’il est incompréhensible et qu’il ressent ton exaspération, ce n’est rien pour l’encourager à persévérer.

J’aimerais réussir à répondre à ces mamans respectueusement et sans jugement que leurs enfants ont surtout besoin d’encouragements, de sentir qu’ils sont capables, que leurs parents sont patients et qu’ils les accompagnent dans leur développement. J’aimerais aussi les rassurer, elles ont le droit de s’inquiéter, c’est tout naturel, et il est sain qu’elles en parlent, mais les enfants entendent tout. Il faut donc faire preuve de délicatesse lorsqu’ils sont à proximité. Mais je ne sais pas comment faire. Je sais qu’un jugement serait perçu dans mes propos malgré mes efforts et mes gants blancs.

Ça me désole. Alors je l’écris.

Jessica Archambault

Quand le tableau de bord s’allume

Dès ses premiers cris, un système dont tu ignorais l’existence s

Dès ses premiers cris, un système dont tu ignorais l’existence s’active en toi. Ce système est d’une puissance incomparable, tu le sens dans tout ton être et il s’appelle l’instinct parental.

Ton mini humain grandit. Que ce soit lors des premiers jours, mois ou années, il se pourrait que sur ton tableau de bord, des pitons dont tu ignorais l’existence jusqu’à présent se mettent à clignoter.

Quand une lumière allume dans le tableau de bord de ta voiture, hors de question de mettre ça entre les mains de n’importe qui. Tu vas en jaser ici et là et tu vas même avoir droit à la théorie de monsieur et madame Tout-le-Monde. Le starter, la batterie, le moteur ou encore la transmission, tout va y passer. C’est bien gentil tout ça là, sauf que tu sais qu’il n’y a rien de mieux qu’un bon mécano pour trouver le problème et le réparer.

Tu me vois venir?

Quand ton tableau de bord commence à s’énerver, peu importe à quel niveau, tu devrais faire la même démarche que pour ta voiture. Juste pas avec un mécano, ça, ça pourrait être bizarre!

Quand tu en parles, monsieur et madame Tout-le-monde qui s’improvisaient mécaniciens tantôt, s’improvisent désormais spécialistes en petite enfance :

« Ben non, c’est juste un enfant. »

« Hey, c’est un gars, un gars, ça bouge. »

« Hey, c’est une fille pis les filles sont chialeuses. »

« C’est la faute de son cousin/sa cousine/son frère/sa sœur/un voisin. »

« Vous autres de vos jours, vous appuyez sur le piton panique ben vite! »

Toutes ces réponses calment tes craintes l’espace de quelques secondes, mais elles n’éteignent aucune lumière. Pis là, ça sonne encore et c’est fatigant.

C’est tabou de dire qu’on consulte autre chose qu’un médecin en 2018, alors tu ne t’imagines pas combien c’est tabou de consulter des spécialistes pour un enfant. Tu dis que ton enfant a mal au bras depuis quelque temps, monsieur et madame Tout-le-Monde te demandent avec une pointe d’inquiétude si tu as consulté un médecin. Tu parles des difficultés de ton enfant, monsieur et madame Tout-le-Monde te regardent d’un air incertain avec le bruit de criquet en arrière-fond, en te disant que c’est dans ta tête pis que c’est juste un enfant. Pourtant, une douleur physique n’est pas plus visible qu’un trouble psychologique/neurologique/alouette.

Tu devrais tout simplement discuter avec l’éducatrice de ton enfant. Elles ont l’air de rien ces petites bêtes‑là, mais elles ont de solides skills* dans le domaine des mini-humains. Ensuite, il y a le pédiatre ou le médecin de famille qui demeurent ta porte d’entrée pour les références vers d’autres spécialistes. Même si tu as dans ton entourage des gens que tu aimes bien et qu’ils connaissent ça, les enfants, c’est toujours mieux de prendre en compte l’avis de plusieurs personnes, y compris des gens extérieurs puisqu’ils sont plus neutres face à la situation. Qu’on se le dise, l’environnement de l’enfant influe sur ses comportements. Ce qui se passe avec toi, dans son milieu de garde, chez papi et mamie, ce n’est pas la même histoire.

À travers tout ça, ce que je veux te dire aujourd’hui, c’est de faire confiance à ton tableau de bord. Personne ne connaît mieux ton enfant que toi‑même, pis si tu penses que vous avez besoin d’un petit coup de main, va chercher de l’aide. Les spécialistes ne sont pas là que pour donner des diagnostics et des pilules. Je sais, c’est ce que monsieur et madame Tout-le-Monde ont tendance à croire, mais au contraire ils sont une source inépuisable de solutions.

Pis t’sais, dans le pire des cas, tu vas juste être allée au garage pour faire une mise à jour et ça va éteindre la lumière. Toi pis ton petit, vous allez pouvoir ensuite reprendre la route en toute tranquillité d’esprit.

Skills: Expression utilisée pour désigner les forces, les compétences et le travail colossal de nos éducatrices en petite enfance. Ou terme utilisé dans le but de me sentir plus jeune et à jour dans les expressions.

 

 

Marilyne Lepage

Le regard des autres

Dans la vie, on souhaiterait être la personne qui ne se fait jamais

Dans la vie, on souhaiterait être la personne qui ne se fait jamais juger, celle qui reçoit des commentaires gentils des gens, à l’école comme à la maison, avec nos parents ou lors de réunions familiales. On aimerait être la personne que tout le monde aime, la fille ou le gars dont tous les gens parlent positivement.

Désolée de briser ta bulle, mais nous ne vivons pas dans un monde comme ça. Certaines personnes peuvent être désagréables avec toi en partant des rumeurs à ton sujet, pour te faire souffrir et pour qu’elles se sentent mieux. Mais en gros, ce sont elles qui souffrent, intérieurement.

Tandis que d’autres vont être très gentilles avec toi en te disant des choses gentilles, par exemple, à quel point elles aiment comment tu es habillé ou en te complimentant sur ta personnalité, en disant qu’elles trouvent que tu es une personne intelligente, forte, belle ainsi que plusieurs autres qualités.

Les sentiments que tu ressens quand tu entends un commentaire sur toi font que tu es triste et fâché lorsque les commentaires sont désagréables, ou tu peux te sentir content, heureux et confiant lorsque les commentaires sont agréables à entendre.

À certains moments, on peut se sentir jugé ou observé et l’on peut penser que les gens parlent de nous en négatif ou sont en train de répandre des rumeurs quand la plupart du temps, ils parlent de toi en bien. Tu peux te sentir observé après un moment de malaise, comme si tu essaies de faire de la danse dans un lieu public et que tu finis par tomber par terre. Peut‑être que pour toi, le moment était inconfortable, mais tu as peux être ajouté une petite touche d’humour à la journée des autres.

À l’école, avec les surveillants et les enseignants, on peut se sentir jugé sur la manière dont on est habillé ou dont on agit. Parfois, nos vêtements peuvent ne pas respecter le code vestimentaire de l’école et se faire avertir pour cela. Dans ma tête, je suis souvent en train de me dire : « J’hallucine ou la manière dont je décide de m’habiller est plus importante que mon éducation ? »

Parfois, on peut se sentir un petit peu excité alors on va s’amuser comme des enfants dehors, mais même quand on pense que l’on a la paix et que l’on peut enfin être soi‑même, on se fait regarder de travers. Par exemple, durant l’hiver, j’avais l’habitude de monter sur les montagnes de neige et de sauter en bas ou juste essayer de courir sur la neige qui était tellement dure, que tu glisses dessus. Même durant ces moments, les surveillants nous regardent de travers parce que l’on ressemble à des enfants du primaire…

Parfois, nos enseignants sont fiers de nous et nous encouragent dans notre travail. Sinon, j’ai certains profs qui vont faire des commentaires sarcastiques comme « Wow Maryka, t’as des beaux cheveux aujourd’hui » quand en gros, j’ai les cheveux mêlés comme si je revenais d’une randonnée de deux semaines sans me brosser les cheveux ! (Cette situation plutôt commune chez les femmes se nomme le bad hair day !)

Nos parents nous trouvent toujours beaux, même lorsque nous, on se trouve moins beau. Nos parents nous trouveraient magnifiques même après qu’on a couru un marathon. La plupart du temps, ils sont fiers de nos actions et des décisions que l’on décide de prendre, mais parfois, ils sont moins contents. Par exemple, lorsque l’on a fait une niaiserie ou que l’on a brisé quelque chose d’important pour eux. Mais sinon, il sont toujours heureux que nous soyons dans leur vie.

Dans la famille et avec les amis proches, souvent les gens trouvent que tu grandis vite (la réplique du siècle : « Arrête de grandir sinon tu vas me dépasser ! »), que tu changes beaucoup et que tu deviens comme une jeune adulte.

Je tiens à mentionner que j’aimerais être un enfant jusqu’à dix‑huit ans et j’aimerais vivre mon enfance heureuse, sans me forcer à devenir une adulte tout de suite !

Aussi, d’autres qui me disent que je deviens une belle jeune femme : j’aime ce genre de commentaire, ça me rend heureuse et contente.

D’autres gens vont mal réagir à cause de certaines décisions que j’ai prises, comme le jour où je me suis fait faire un piercing dans le nez.

Le lendemain, j’avais un souper de fête avec ma famille et je peux dire que ça a fait réagir quelques personnes puisque mes parents ont reçu des texto parlant de mon piercing.

Dans mon quotidien, j’essaie de travailler plus le regard que je pose sur moi que celui que je pose sur les autres, en voyant le beau des gens au lieu de me concentrer sur le négatif. Le plus important dans la vie n’est pas le regard que les gens posent sur toi, mais bien celui que tu poses sur toi-même.

Si tu aimes de quoi tu as l’air et qui tu es, l’avis des gens importe peu.

Maryka Wilky  😉