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Mon mois d’abstinence — Texte : Marina Desrosiers

J’admire ceux qui adoptent une nouvelle habitude saine et la maintiennent. Parce qu’on va se le

J’admire ceux qui adoptent une nouvelle habitude saine et la maintiennent. Parce qu’on va se le dire, le défi est souvent là : être plus tough que l’appel de la mauvaise habitude qui refuse de mourir. Si c’était si facile de changer nos vieilles façons de faire, on ne casserait pas le bécyk ! On prendrait la décision et hop ! La nouvelle habitude serait rentrée au poste.

Ahhhhh ! Qu’on aimerait donc avoir une baguette magique super puissante !

Mais revenons à la réalité.

Certaines personnes coupent la cigarette du jour au lendemain. Disent adieu à l’alcool à la fin de leur verre et n’y reviennent plus jamais. Se mettent à s’entraîner et continuent, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde pour eux.

Tant mieux pour ces personnes-là. Mon admiration n’est pas moins grande.

Et il y a tous les autres. Ceux qui rushent quand vient le temps de se lever plus tôt, de manger mieux, de reléguer aux oubliettes le grognon qui gronde en eux. Ceux dont la volonté est inversement proportionnelle à la constance. Ceux qui se promettent souvent d’arrêter ou de commencer quelque chose. Et qui se déçoivent presque aussi souvent.

Je dis « presque », parce que l’essentiel, c’est de tenir notre promesse une seule fois, mais pour de bon. Que ça fasse deux ou dix fois qu’on essaie de prendre une meilleure habitude de vie, ça peut être celle-là, la bonne !

En ce début du Défi 28 jours sans alcool, j’ai le goût de célébrer avec vous mon premier mois d’abstinence. Non, je n’ai pas arrêté de boire, de fumer ou de me piquer. Ça n’a jamais fait partie de ma vie. Ce qui faisait (vous remarquez que je parle au passé ?!☺) de ma vie depuis neuf ans, c’était les pilules. Celles pour relaxer, celles pour dormir, celles pour la douleur. Bref, des pilules pour m’endurer.

J’ai longtemps résisté au somnifère et à l’antidépresseur déguisé en anxiolytique. Pas que j’étais contre. J’avais déjà soigné une dépression avec des pilules et des rencontres hebdomadaires. Je ne fais pas partie de ces gens qui préféreraient presque mourir que prendre un médicament. Mais j’avais de jeunes enfants. J’étais souvent seule avec eux. Je ne voulais pas ne pas me réveiller s’ils avaient besoin de moi la nuit. Je ne voulais pas devenir accro non plus. Me sevrer de l’antidépresseur après deux ans n’avait pas été mon expérience de vie préférée…

Mon médecin m’avait déjà proposé des alternatives naturelles et des prescriptions. Elle respectait mon choix. Quand je suis retournée la voir pour une prescription de somnifères qui gèlent un peu le cerveau, c’est que j’étais devenue dangereuse. Je dormais une heure par nuit depuis des mois. Je m’endormais zzzzzzzzzz en conduisant. Mon humeur n’était pas au top (comment ça aurait pu être autrement avec des hormones sens dessus dessous et le cerveau dans la graisse de bine ultra dense ?). Et ça continuait de dégénérer.

Bref, il était plus que temps que ça change.

Connaissant ma génétique et mon historique familial, le médecin m’avait prévenue que j’aurais peut-être besoin d’un traitement constant, à plus petite dose que ce que ça prenait pour me remettre sur le piton. J’étais prête à cette éventualité. On n’enlève pas l’insuline aux diabétiques ni l’anticoagulant aux personnes cardiaques…

J’ai accueilli les améliorations avec un grand soulagement. Dormir une nuit complète m’a sauvée. J’ai arrêté (la plupart du temps) de m’arracher la peau à force de me gratter (on ne contrôle pas comment l’anxiété s’exprime !). Je n’ai pas refait d’attaque de panique. Avec ben de l’amour et du soutien, mon humeur s’est améliorée. Mes colères se sont apaisées. Ma tristesse est encore là on and off ; la joie a repris du service.

Quand tout a été plus stable, on a établi une dose de croisière. Moins forte que pour réparer les dégâts, mais assez forte pour reprendre le goût de vivre et la capacité de dormir.

Neuf années à prendre mes pilules chaque soir. S’étaient ajoutées dernièrement d’autres pilules pour gérer les douleurs articulaires qui viennent avec l’âge. Ça ne marchait pas tout le temps, mais ça m’a permis d’expérimenter ce que ça pouvait être, une journée légère sans souffrir. Une découverte !

J’ai eu le goût de revivre ça plus souvent. En ayant moins mal, j’ai pu recommencer à bouger. Je me récompense moins avec la nourriture parce que je suis moins à bout et moins souffrante.

J’ai donc essayé de diminuer les médicaments. Progressivement. Attentivement. Avec beaucoup d’amour pour moi, pour mon corps, pour mon esprit, pour mon foie aussi ! C’était rendu que j’avais le foie gras d’un alcoolique à force d’y faire transiter des médicaments chimiques !

J’ai coupé de moitié. Puis j’ai recommencé. Et encore. Je n’étais pas encore prête à subir les effets secondaires du sevrage, même si j’étais ben tannée des effets secondaires de la médication. Et il y a un mois, j’ai dit adieu aux médicaments. Ou au revoir, peut-être, parce que je pourrais en avoir à nouveau besoin plus tard. Beaucoup plus tard. Mais je vais essayer d’installer les meilleures habitudes possibles pour me gérer sans ça.

J’ai dû regarder mes symptômes de sevrage en face. Traverser plusieurs nuits d’agitation avec la foi que le sommeil reviendrait. Construire une nouvelle routine d’endormissement. Gérer les coups de fatigue que je savais temporaires. Noter comment s’exprime maintenant l’anxiété et ce qui la calme. Je me suis parlé, parfois fort, pour ne pas écouter l’appel du contenant de médicaments. Et j’ai réussi.

Le brouillard mental s’est dissipé. J’ai retrouvé mes idées claires, une certaine motivation, ma concentration. J’ai continué à bouger. Je n’ai pas perdu le poids accumulé, mais j’ai perdu le poids qui pesait sur mes épaules. Je continue à prendre soin de moi et de mes émotions qui dégèlent. Je continue à accueillir le soutien offert. Mais autrement.

Alors aujourd’hui, je peux le dire fièrement : je suis abstinente de médicaments depuis un mois ! Et comme pour les anciens alcooliques et les anciens toxicomanes : un jour, un instant, une nuit à la fois.

Marina Desrosiers

Le jour où j’ai été faible – Texte : Anouk Carmel-Pelosse

Ces derniers mois, je ne me sentais plus moi-même. J’ai toujours fait de l’anxiété mais cette

Ces derniers mois, je ne me sentais plus moi-même. J’ai toujours fait de l’anxiété mais cette fois, c’était pire. J’avais l’impression de passer mes journées avec un collier autour du cou sans savoir si quelqu’un allait tirer dessus pour m’étouffer. J’avais tous mes symptômes habituels, mais maintenant, ils étaient décuplés par 100.

Troubles d’insomnie, plus de patience avec mes enfants, plus envie de manger. J’avais l’impression que tout le monde me méprisait et mes tocs étaient de plus en plus présents. Et ça, c’est sans parler des pensées envahissantes qui ne me lâchaient pas.

Ça faisait un moment que ça empirait, mais je me disais que j’étais capable de gérer. J’étais forte et je m’en sortirais toute seule. Je voyais toutes les femmes, les mères autour de moi gérer leur vie comme des superhéroïnes. Pourquoi moi, je ne serais pas capable ?

Alors j’ai essayé de faire comme si de rien n’était. Plus le temps passait et plus ça empirait. Si vous saviez à quel point c’est difficile d’essayer de retenir la tempête qui fait rage en dedans. J’ai lu une phrase un jour qui disait : « L’anxiété c’est comme avoir peur de faire un accident d’auto, tout en étant assis dans son salon ». C’est quand même très représentatif.

Puis un jour, il n’y a pas si longtemps, j’ai eu un rendez-vous de suivi avec ma médecin de famille. Lorsqu’elle m’a demandé comment j’allais, j’ai ouvert mon sac. Je me suis sentie faible, mais avec elle, je n’avais pas peur de me faire juger. Elle m’a écoutée et on est venues à la conclusion que je devais commencer une médication pour dormir et une autre pour m’aider à gérer mon anxiété.

En sortant du bureau, j’ai eu l’impression que le simple fait d’en avoir parlé avait retiré le collier imaginaire autour de mon cou. J’ai réalisé que parfois, être forte, c’est aussi aller chercher de l’aide et des outils afin de s’en sortir. Être forte, c’est reconnaitre ses faiblesses. Peut-être que les autres femmes autour arrivent à gérer leur vie sans aide, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Et il n’y a pas de honte à ça.

Aujourd’hui, je ne peux pas dire que tout est redevenu à la normale, mais je peux dire que je fais tout pour apprendre à gérer la situation. On ne se sent pas honteux de prendre des médicaments lorsque nous avons une douleur physique, ça devrait être la même chose lorsqu’on veut soigner notre tête.

À toutes les personnes qui souffrent en silence, que tu souffres d’anxiété comme moi ou d’un autre trouble de santé mentale, je vous souhaite d’être assez forts et fortes pour demander de l’aide. Seul, on peut gagner quelques batailles, mais c’est en équipe qu’on peut gagner la guerre.

Anouk Carmel-Pelosse

Pas facile de vivre avec de l’anxiété !

Ma fille de 20 ans vit tout comme moi de l’anxiété. Nous avons le

Ma fille de 20 ans vit tout comme moi de l’anxiété. Nous avons le même diagnostic : anxiété généralisée.

Je la regarde, je l’observe et je me revois à son âge. Il y a tellement de similitudes entre nous deux que ça me fait parfois peur.

Pourtant, nos vies ont été si différentes sur tous les plans.

Pendant sa petite enfance, ma cocotte était une petite fille enjouée, joyeuse, sociable. Elle avait plein d’amis, elle était bien entourée et toujours occupée. Spectacles de danse et de chant auxquels elle invitait ses amis à participer. Vélo, patin, soccer, baignade. Elle était très active, tout comme ses frères.

Elle était rarement à la maison, trop occupée à vivre sa vie de petite fille. Sa vie sociale se déroulait très bien.

Par contre, sur le plan académique, c’était plus difficile. Orthophoniste, orthopédagogue, psychologue scolaire ont fait partie de son parcours. Elle devait toujours travailler plus fort que les autres pour y arriver. Plusieurs démarches ont été faites pour l’accompagner et la soutenir afin qu’elle puisse vivre des réussites. Malgré toutes les rencontres avec les spécialistes, jamais ils n’ont été capables de prononcer un diagnostic pour qu’elle puisse recevoir l’aide nécessaire. Et le secondaire est arrivé avec son lot de défis.

Puis vers l’âge de 15 ans, tout a basculé. Elle a fait une crise d’épilepsie à la maison. En réalité, elle en a fait deux en moins de 15 minutes. On ne savait pas ce qui se passait. J’ai eu la peur de ma vie. Diagnostic : épilepsie juvénile. 

Le neurologue lui a prescrit une médication adaptée à sa nouvelle condition. Mais plus le temps passait, plus je voyais ma fille s’engouffrer dans un tourbillon de peur, d’anxiété et de souffrance émotionnelle. 

Elle ne voulait plus prendre l’autobus scolaire le matin, car les autres jeunes la regardaient défiler dans l’allée pour se trouver une place. Elle craignait le jugement des autres. Elle avait peur de leur regard posé sur elle. Elle voulait passer inaperçue. 

Elle se plaignait de toutes sortes de maux pour éviter d’aller à l’école. 

Elle avait peur de faire une crise d’épilepsie et que tout le monde la voie dans cet état. 

Elle a arrêté de jouer au soccer, car elle avait perdu confiance en elle. Et elle s’imaginait que ses coéquipières la trouvaient poche.

Elle s’isolait de plus en plus et refusait les invitations de ses amis. Elle restait dans sa chambre, seule, à vivre toutes ces émotions qui bouleversaient son quotidien, qui chamboulaient sa vie d’adolescente.

Je ne la reconnaissais plus. Ni son père ni les autres membres de la famille.

Nous avons pris rendez-vous avec son médecin de famille, nous avons aussi consulté de nouveau le neurologue et il nous a appris que 5 % des gens qui prenaient ce médicament avaient développé des symptômes de dépression…

Alors, changez sa médication au PC, monsieur le docteur ! Je veux que ma fille retrouve sa joie de vivre.

Mais l’autre médicament avait aussi des effets secondaires. Prise de poids, perte de cheveux, peau sèche, sueurs nocturnes… rien pour aider une jeune fille.

Elle a décidé de lâcher l’école en quatrième secondaire. Ma cocotte n’arrivait plus à gérer son anxiété et ses difficultés scolaires.

L’anxiété s’est de plus en plus infiltrée dans son quotidien. Elle avait des idées noires. Elle a commencé à prendre des antidépresseurs. J’avais inscrit des numéros de téléphone, des sites Internet sur le frigo, juste au cas où. J’ai aussi appelé au CLSC. Ils lui proposaient une thérapie pour les 18 à 25 ans. Elle n’a pas voulu y participer.

Le retour à l’école ne s’est jamais fait, du moins jusqu’à maintenant. Elle a eu un emploi pendant près d’un an. Elle travaillait avec son frère jumeau. Mais quand celui‑ci a quitté cet emploi pour entreprendre une formation, son anxiété a augmenté et elle a quitté son travail.

Elle a 20 ans. Elle ne réussit pas à trouver ce qui la passionne. Pourtant, elle a plein de potentiel dans plusieurs domaines.

Elle adore la mode, la décoration, elle est très créative. Elle fait le toilettage de notre chien et elle est très habile. Elle est capable d’apprendre d’autres langues assez facilement. Elle aime l’histoire, l’architecture… Elle a une très bonne écoute, une belle empathie et plein de bienveillance. Elle est une jeune femme autonome, organisée, mature et responsable. Mais quand je lui nomme toutes ses qualités, elle ne me croit pas. 

Depuis quelques mois, elle va bien. Elle va mieux. Elle se questionne, réfléchit à son avenir. Son anxiété est toujours présente, mais elle la gère mieux. Parfois, elle vient encore me réveiller la nuit, car son anxiété l’empêche de trouver le sommeil. Son hamster lui raconte des histoires qui n’arriveront sûrement jamais. Je les connais ces petites bêtes, alors je peux l’aider. Mais pas toujours ! 

Je lui souhaite de trouver son chemin, celui qui la guidera vers le monde des adultes. Sa route sera différente des autres, mais elle va y arriver, j’en suis certaine.

Aie confiance en toi ma grande !

Line Ferraro 

J’en veux pas de ta pilule! Ce trop-plein d’énergie, c’est mon moteur!

Cher pro

Cher professeur,

Cher médecin,

Cher professionnel,

Cher parent à bout…

J’en veux pas de ta pilule! J’ai trop d’énergie? J’ai de la misère à me concentrer? Je n’écoute pas les consignes? Je fais l’andouille en classe? Je pars dans tous les sens

Je refuse que tu m’assommes! Je ne veux pas endormir ce trop‑plein, c’est mon moteur!

C’est moi! J’ai besoin de bouger beaucoup! Tout le temps! Pis je parle! Tout le temps! Dans ma tête, ça va vite, vite, vite! C’est ça qui fait que j’avance, que je crée, que je rêve, que je suis dynamique! Ne m’enlève pas ça!

J’en veux pas de ta pilule!

J’aimerais mieux que tu me laisses faire une ou deux heures de sport chaque jour. Laisse‑moi courir! Laisse‑moi défouler ce tigre qui gronde en moi.

J’en veux pas de ta pilule!

J’aimerais mieux que tu m’écoutes. Parce que tu sais, souvent, je n’ai pas confiance en moi et j’ai peur de trop de choses. Souvent, je me perds. Souvent, c’est trop compliqué à expliquer.

Et toi, tu manques de temps. Tu manques de ressources.

Ta pilule, j’en veux pas!

Elle étouffe mon moteur. Elle éteint mon étincelle. Elle vole une partie de mon âme. 

Lis donc les journaux : même les pédiatres pensent que tu la donnes trop facilement, cette pilule‑là. Il était temps que quelqu’un se lève et le crie haut et fort : «Arrêtons d’endormir nos enfants!». Laissons‑les exister!

Moi, ta pilule, j’en veux pas.

 

Gwendoline Duchaine

 

Les lettres de ta vie (TDAH/I)

Les lettres de ta vie ( TDAH/I) partie 1</a

Les lettres de ta vie ( TDAH/I) partie 1

 

La médication : la suite

 

Il y a une suite à ce matin-là. Tu as avalé la pilule comme une grande, d’un seul coup. Tu étais tellement fière de toi. Moi, j’angoissais, j’avais peur. Deviendrais-tu un zombie? Deviendrais-tu l’ombre de toi-même? Est-ce que je venais de tuer ta spontanéité, ta créativité? J’ai attendu, avec toi. Il y avait de l’école ce jour-là, mais je t’ai gardée avec moi.

 

Ça faisait maintenant une heure que tu avais cette pilule dans le ventre et que moi, j’avais une enclume d’inquiétudes dans le mien. Je te trouvais différente, encore plus impulsive, plus agressive. Je me suis dit que ce n’était peut-être qu’une mauvaise journée. Si seulement ça n’avait été qu’une dure journée…

 

Ce soir-là, je me suis couchée. Je n’arrivais pas à trouver le sommeil. Je ne savais plus trop quoi faire. La médication devait t’aider, pas tout empirer! Le lendemain, matin, je t’ai donné la pilule avec une certaine appréhension. Et c’est là que trente minutes plus tard, tu as explosé.

 

Une crise d’une telle intensité que je ne savais plus quoi faire. Moi, éducatrice spécialisée de formation, j’ai figé. Tu me frappais fort, trop fort. Je suis sortie de ma torpeur. J’essayais de te calmer avec des paroles. Rien n’y faisait. Tout, tout, alimentait ta colère. J’ai eu peur pour tes sœurs, j’ai demandé à ton grand frère de les amener au sous-sol avec lui. Et j’ai fait ce que je ne croyais jamais faire avec mes enfants, de la contention. Je n’avais plus le choix, tu lançais tout ce qu’il y avait à ta portée. Tu te frappais. Je n’en pouvais plus. Je t’ai tenue contre moi… Et j’ai attendu que la crise passe. Tu me vomissais des injures, des insultes, en te débattant férocement. J’encaissais à grands coups de bleus sur le cœur. Je pleurais. Tu étais devenue Mr. Hyde. Une fois calmée, je t’ai conduite à l’école; nous étions aussi épuisées une que l’autre.

 

Je suis revenue à la maison. Je n’arrivais plus à contenir mes larmes. Je peinais à respirer, je paniquais. Je ne sais pas comment, mais j’ai réussi à appeler la pharmacie. Ils m’ont dit : « Tu arrêtes maintenant et tu appelles ton médecin ». C’est ce que j’ai fait. J’ai raconté notre histoire de façon maladroite à sa secrétaire, mais elle a senti l’urgence. Elle m’a fait patienter quelques minutes au bout de la ligne. Elle m’est revenue en me disant : « Est-ce que tu peux venir maintenant? Le médecin t’attend. » J’ai cette chance-là, d’avoir un médecin super.

 

Il m’a expliqué que nous n’avions pas la bonne molécule, qu’il fallait en essayer une autre. Il m’a dit que malheureusement, avec le TDAH, c’est de cette façon qu’on fonctionne, avec des essais et des erreurs. On a changé la molécule…

 

Cette fois-ci fut la bonne. Je reçois des billets de bons comportements de l’école. Tu es même l’élève du mois. Tu as retrouvé ton sourire. Tu recommences à croire que tu peux y arriver. Tu ne parles plus de vouloir mourir. Tu apprends à être fière de toi.

 

Est-ce que tout est parfait… non. La médication nous aide, mais elle ne règle pas tout. On continue de travailler fort avec toi. On poursuit le suivi en psychoéducation.

 

Et ce matin, en prenant ta pilule, tu m’as dit : « Maman merci! Le monstre dans mon ventre est calme. J’arrive à me concentrer, tout est plus calme dans ma tête. Il n’y a plus de tempêtes. Je t’aime maman! »

 

Mélanie Paradis

 

Les lettres de ta vie (TDAH/I)

La médication

Ce matin-là, le cadran a sonné à 5 h 30, comme

La médication

Ce matin-là, le cadran a sonné à 5 h 30, comme tous les matins. Contrairement à l’habitude, il ne m’a pas réveillée, je l’étais déjà. Je ne pourrais pas dire depuis quand je fixais le plafond. Une heure, deux, peut-être même trois. Je savais que ce matin-là serait différent. Car c’est ce matin-là que je te donnerais pour la première fois ta médication. On a vu le médecin la veille, il a confirmé ce que l’on savait déjà : TDAH/I,  beaucoup trop de lettres de l’alphabet pour une aussi petite fille.

Vers six heures, je vous ai réveillées, les trois merveilles de ma vie. J’étais de bonne humeur, trop, je ne suis pas comme ça le matin. Je rechigne, je bougonne. J’ai besoin de ma tasse de café et ensuite, je commence lentement ma journée. Pourtant, ce matin‑là, je faisais tout pour que tu ne voies pas mon stress. Que tu ne vois pas mon cœur en miettes. Que tu ne voies pas les larmes dans mes yeux ou encore ma main qui tremblait en te donnant la fameuse pilule.

Je ne doutais pas de notre décision. Ton impulsivité t’amenait dans un endroit sombre. Tu t’en voulais, tu regrettais, tu culpabilisais. La tristesse te gagnait à un tel point qu’un jour, tu as dit à ta grande sœur que tu voulais mourir. Ta grande sœur est rentrée en pleurs dans la maison, en me répétant tes mots. Mon cœur a sombré, je me suis écroulée. On ne peut pas vouloir mourir à six ans.

Tous nos efforts, nos rencontres avec la psychoéducatrice, nos interventions, ce n’était pas assez. Nous n’avions pas compris à quel point les lettres de ta vie t’affectaient.

Tu n’avais pas compris quelle petite fille merveilleuse tu es.

Nous devions agir et vite. Ton cerveau avait besoin d’aide, nous allions la lui donner.

Après tout, on ne prive pas un enfant qui voit mal de ses lunettes ou un enfant diabétique de son insuline. Ton cerveau en a besoin, pour trouver les bons chemins.

Il nous reste du travail à faire. Pour que tu te voies, comme nous te voyons. Une petite fille merveilleuse, avec un potentiel sans limites. On trouvera le chemin qui augmentera cette estime de toi.

On trouvera ensemble le chemin du bonheur. Parce ta vie, tu ne le sais peut-être pas, sera exceptionnelle.

 

Mélanie Paradis

 

L’anxiété, mon alliée !

Tout le monde a déjà vécu un stress avant un examen, avant une <e

Tout le monde a déjà vécu un stress avant un examen, avant une date, avant de passer une entrevue, avant un rendez-vous chez le médecin, bref, vous savez ce que je veux dire !

Mais une angoisse, la première fois que ça arrive, je te jure que tu ne comprends pas ce qui se passe ! Pourquoi tu as les mains moites, pourquoi tu as l’impression de ne plus entendre les gens parler autour, pourquoi ton cœur s’emporte, pourquoi tu as envie de t’isoler en boule dans ton coin ?

En fait, tu ne sais même pas qu’il s’agit d’anxiété, puisque tu crois que tu fais une crise cardiaque, que tu ne redeviendras jamais « normale ». Tu sais seulement que tu as mal en dedans, et qu’il faut vite que ça cesse ! Comme ça ne t’est jamais arrivé auparavant, parce que oui, ça pogne d’un coup sec cette affaire-là, tu penses tout de suite que tu as une maladie, que ta vie est finie, que tu ne pourras plus travailler, ni même sortir pour voir tes amies, bref tout te semble une montagne !

Après une visite aux urgences, pour te faire dire que c’est seulement de l’anxiété, on te donne une pilule miracle, puis on te renvoie chez toi. « Qu’est-ce que je vais faire si ça recommence, qui peut m’expliquer ce qui se produit dans mon corps lorsque je suis anxieuse ? », te dis-tu. Par chance, tu as un amoureux extraordinaire et une famille hors du commun. Ils ne comprennent pas tout à fait ce qui se passe, mais ils seraient prêts à tout pour que tu retrouves ton sourire ! Tu essaies de leur expliquer ce que ça te fait, d’où ça part, mais quand tu ne souffres pas (j’utilise bien le verbe « souffrir », parce que quand tu ne sais pas ce que c’est, c’est très souffrant), tu ne peux pas comprendre ce qu’est l’anxiété.

Finalement, tu te mets sur une liste d’attente dans un endroit spécialisé en troubles anxieux (puisqu’on t’a dit que c’est de cela qu’il s’agissait). Durant tout ce temps d’attente, tu continues de prendre tes médicaments, qui t’ont été prescrits un peu à la hâte. Les jours avancent et malgré les effets secondaires des médicaments et ta tristesse, tu reprends peu à peu le dessus en lisant sur Google (non, je blague ! Quelle mauvaise idée), mais tu te rends compte que tu n’es pas seule.

Un an plus tard, on te rappelle pour te donner un rendez-vous avec une psychiatre ! Une psychiatre ? Moi ? Quoi ? Non ! Je ne suis pas folle ! Puis tu angoisses pendant les jours avant ton rendez-vous, puis tu ne dors pas la veille dudit rendez-vous ! Il s’avère finalement que la dame en question est une vraie perle et qu’elle te fait te sentir tout à fait normale ! Elle t’explique en détail de quoi il s’agit, ce que provoque l’anxiété dans ton corps et ta tête. Elle banalise cette maladie mentale (non pas que ce n’est rien, mais on n’en meurt pas) ! Elle te propose même une thérapie de groupe avec des gens comme toi. Croyez-moi que si vous avez cette chance un jour, saisissez-la ! C’est un beau cadeau que vous vous faites en acceptant d’aller parler de vous, devant des gens qui, comme vous, souffrent d’anxiété de différentes façons.

Puis, la vie suit son cours et tu apprends à vivre avec cette nouvelle alliée ! Parfois, tu trouveras qu’elle est trop présente et parfois, tu l’accepteras et tu te diras qu’elle fait désormais partie de toi. Elle t’aura appris à prendre soin de toi, à dire non, à faire des choses que tu aimes, à prendre du temps pour toi, à éloigner les mauvaises choses qui te causaient tant d’anxiété.

Mais avant tout, cette alliée sera la preuve d’une grande force en toi et fera de toi la magnifique personne que tu seras devenue. Non, ça ne sera pas toujours beau ; oui, tu auras des moments de détresse où tu croiras revenir au point de départ, mais sache que tout ce que tu as accompli et que tu continues d’accomplir fera toujours partie de toi ! Et crois-moi, tu n’es jamais seule et tu es magnifique telle que tu es !

Vanessa Lamoureux

 

Je lancerais bien mes médicaments par la fenêtre

Depuis plus d’un an, je suis médicamentée. Ça m’aide vraiment

Depuis plus d’un an, je suis médicamentée. Ça m’aide vraiment à gérer mon anxiété. Et aussi mes colères. Ça joue même un rôle bénéfique sur mes tendances dépressives. Efficace, pour une petite pilule blanche! La pilule miraculeuse, diraient certains! Mais des fois, je lancerais bien mes médicaments par la fenêtre. Et je brûlerais la boîte et la prescription pour être sûre.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été perçue comme une personne zen et tolérante. Intense émotivement, surtout à l’adolescence (qui ne l’est pas?), mais tout de même calme et patiente. Mes gènes sont entachés de maladies mentales. Dépression, bipolarité, schizophrénie, psychose, dépendances, name it. Je transporte en moi ces fragilités neurologiques et le risque était grand que je les transmette à mes enfants.

J’ai toujours su qu’un jour, je m’enfoncerais dans une dépression. Cette certitude a sûrement joué un rôle dans l’arrivée d’une dépression à la fin de ma vingtaine. Elle m’a aussi protégée, puisque je suis allée chercher de l’aide psychologique dès l’âge de douze ans. Je n’ai pas attendu de péter au frette pour m’informer sur les symptômes et sur les solutions. Pourtant, ça m’a pris deux ans pour allumer : j’étais en  dépression majeure et j’avais besoin d’une solide thérapie et d’une médication adaptée.

Après plus d’un an, j’ai pu arrêter la médication. Ça allait mieux, mais je ne peux pas dire que j’étais top shape, psychologiquement parlant. À vrai dire, ce n’est que depuis quelques mois que j’ai retrouvé presque toute mon énergie d’antan, donc dix ans plus tard dans les Maritimes. C’est long, dix ans, quand on pense à mourir au quotidien. On marche toujours sur la corde raide avec laquelle on pourrait se pendre.

Entre temps, ma fille aînée a reçu un diagnostic d’anxiété généralisée. Les intervenants qui la suivaient me trouvaient hyper stressée, trop contrôlante. Mon mari me trouvait trop colérique, avec raison. Moi qui étais auparavant si zen, si « Roger-bon-temps », je pétais une coche à rien. Un presto sous haute tension. Je ne m’aimais pas ainsi, mais il m’était plus qu’impossible de me contrôler.

Ma fille aînée reçoit une médication depuis qu’elle a sept ans. Et grâce à ma fille, j’ai compris que moi aussi, j’avais besoin d’une aide chimique en plus de toutes les ressources thérapeutiques que j’allais chercher. Mon médecin est très pro médecines alternatives. Elle valorise en priorité les approches naturelles comme la massothérapie, la méditation, les changements nutritionnels et l’amélioration du style de vie. Alors, quand elle m’a dit : « Nathalie, je ne veux pas te faire peur, mais ça se peut que toi, tu aies besoin d’une médication toute ta vie pour fonctionner normalement », je l’ai prise au sérieux.

Après tout, ce n’était pas une surprise. J’avais tout essayé pour avoir de l’énergie, pour gérer mon stress et mes sautes d’humeur, pour voir la lumière au lieu des ténèbres, bref, pour être heureuse. J’y arrivais parfois deux jours de suite, mais après, tout s’écroulait. Même pas besoin de raison concrète ni de SPM.

Ce soir, ma grande Peanut m’a traitée de tous les noms. Elle a réussi à se calmer rapidement et s’est excusée. Elle m’a avoué qu’elle n’avait pas pris ses médicaments les deux derniers matins. Elle voulait profiter des vacances pour « tester » ce qui arriverait si elle cessait sa médication. « Maman, je suis tannée de dépendre des médicaments pour me contrôler. J’aimerais ça, continuer à dire des choses gentilles et à bien agir même quand je ne prends pas mes pilules. »

« Ma peanut, moi aussi, ça m’arrive de vouloir lancer mes médicaments par la fenêtre. Parfois, je suis tellement écœurée de les prendre que j’ai le goût de les engueuler. Mais quand ça m’arrive, je repense à la façon dont je me comportais avec ma famille avant que la dose soit la bonne pour moi. Je me souviens que je me sentais tout le temps fâchée, inquiète, dépassée. Ça me convainc de continuer à les prendre. Tu as fait d’énormes progrès, tu te contrôles de mieux en mieux, tu te connais de plus en plus. On va continuer le travail avec la psychologue, ton cerveau et ton corps vont continuer à se développer. Peut-être qu’un jour, tu vas pouvoir diminuer ou même arrêter de prendre des médicaments. Quand ça arrivera, on va le faire progressivement, avec l’aide de ton médecin. Pour l’instant, tes médicaments t’aident, comme les miens m’aident aussi. N’oublie pas qu’on est là pour toi et avec toi. »

Autant de lourdeur dans une si petite pilule. Mais aussi, autant d’espoir au jour le jour. Un médicament qui supporte la santé mentale, c’est une béquille qui aide à faire des pas (parfois de bébé, parfois de géant) pour continuer d’avancer.

 

Ma vision du TDAH : Travail, Détermination, Amour, Humilité 

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que nous

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que nous sommes confrontés, en 2016, à vivre une vie en accéléré. Non seulement nous devons tout faire rapidement, nous devons en plus viser un niveau de performance très élevé. La pression est forte sur nous, alors imaginez sur nos enfants. Nous leur demandons de performer à l’école,  dans les sports et dans toutes sortes de sphères de leur vie. Ils sont vite jetés dans un cercle de performance.

Cette année,  mon cadet à fait son entrée en première année. Vous savez, ce petit garçon que l’on soupçonne incapable de suivre les règles à la lettre. Mon fils adore bouger, faire du sport, apprendre à son rythme ce qui lui plaît. Il a de la difficulté à se tenir sur les quatre pattes de sa chaise, pour lui l’option est plutôt d’une ou deux pattes, tout au plus. Ce n’est pas qu’il n’aime pas l’école, au contraire, mais tout ne va pas assez vite pour lui. Les neuropsychologues et pédopsychiatres appellent ça un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité. Vous savez, ce fameux terme qui semble nous envahir depuis quelques années : TDAH.

Aux yeux des autres, nous (les parents de ses enfants souffrant du TDAH) sommes souvent blâmés de ne pas exercer LA bonne discipline envers nos enfants. Pourtant, rien ici n’est question de discipline inadéquate. Le TDAH est un désordre neurologique. Malheureusement, malgré tout l’amour que nous avons donné à nos enfants lors de leur confection, nous n’avons eu aucun contrôle sur comment leur petit cerveau s’est développé. D’ailleurs, plusieurs facteurs peuvent être en cause.

Le jour où j’ai demandé une consultation en clinique privée, j’étais complètement exténuée. Je voulais simplement aider mon enfant dans sa détresse et obtenir des réponses à mes questionnements. Lorsque le diagnostic est tombé, j’ai eu l’impression de recommencer à respirer. C’est étrange à dire, car je ne souhaitais pas qu’ils décèlent un problème, mais je me sentais enfin appuyée et je savais que je n’exagérais pas la situation.

Aujourd’hui, soit un peu plus d’un an après le diagnostic, j’apprends de jour en jour à vivre avec un enfant un peu différent. Un enfant qui est surtout heureux, bon vivant. C’est surtout ce que je retiens de la personnalité de mon garçon. C’est ma petite bombe d’amour. Il peut exploser à tout moment, mais je l’aime ainsi et ça fait de lui un petit être unique.

Malgré ma grande période de découragement, seul le diagnostic m’a aidé à avoir une approche différente envers lui. J’ai discuté longuement avec des familles dans la même situation que nous. L’histoire de la médication revient souvent. Pour notre part, notre fils n’est pas médicamenté. Il le sera peut-être un jour, seul le temps nous le dira. Il est important de prendre une décision éclairée selon la gravité du trouble de votre enfant, selon ses résultats académiques notamment. Plusieurs enfants se retrouvent en échec scolaire alors qu’ils ont les capacités pour réussir. Pour l’instant, dans notre foyer, nous nous sommes créé une approche différente. Nous avons donné une autre signification à ces quatre lettres :

Travail
Détermination
Amour
Humilité

On trouve ça plus beau, plus chic. Ce sont les quatre principales qualités à adopter avec des enfants souffrant d’un TDA avec ou sans H.

Ce n’est pas facile tous les jours,  je vous l’accorde. Prenez l’habitude de soulever les bons coups de votre enfant et créer votre propre livre d’histoire. Comme le temps des devoirs et des leçons est recommencé, plusieurs ont déjà mal à la tête. Moi y compris. C’est une période où nous devons trouver des solutions qui conviennent à notre enfant. Pourquoi ne pas répéter ses additions, ses verbes ou même sa présentation orale, en lui faisant faire du patin à roues alignées autour de l’îlot de la cuisine? Faire un dix minutes de leçons ou devoirs pour ensuite lui laisser le temps de bouger un peu. Ensuite, on reprend. On peut également,  selon l’âge de l’enfant, y aller avec la méthode de la récompense. Nul besoin qu’elle soit monétaire!

 

Ayez confiance en vous et en votre enfant. Voyez la vie objectivement et répétez-vous :
 « Travail, Détermination,  Amour, Humilité ».

Références/ressources :
TDAH, mon amour
TDAH Québec 
Vivre le TDA-H/Québec