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Guide de survie pour la mère que je suis

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Les enfants. Mes enfants que j’aime tant. Je les louangerai une autre fois. Ce qui m’occupe ici ce sont toutes les fois où dans ma tête, je les aurais mis au chemin. Vendus sur Kijiji. Pire : toutes ces fois où je les aurais donnés ou échangés contre un voyage dans le Sud. Super maman me direz-vous. Ça n’a aucune importance. L’effet est là. Ça m’apaise, me libère et vous aurez compris : je ne l’ai pas fait. Ils sont toujours vivants. Et moi aussi.

Toutes ces crises au supermarché, ces refus tenaces de collaborer, les pleurs à ne plus finir, les engueulades avec le frère ou la sœur, la moue qu’ils font quand on leur présente le souper qui bien sûr ne leur plaît pas et les terribles argumentaires avec nos ados où on se croirait en plein plaidoyer. Toutes ces fois où elle a largement dépassé l’heure de rentrée — et qu’on s’imagine déjà qu’elle a été enlevée — attachée dans une sombre cave — seule; criant notre nom — qu’on passera à Denis Lévesque en réclamant notre bébé… Toutes ces fois où il nous répond par des grognements, ayant oublié le langage humain; tous ces mensonges éhontés et surtout mon dieu, surtout leur sourire arrogant et triomphant.

J’en peux plus.

Faudrait pas non plus oublier cette fantastique invention, mais ô combien terrible pour des parents. La voiture. Milieu fermé et diaboliquement hermétique. Quatre portes. Deux enfants à bord qui se chamaillent, crient et pleurent. Lequel je laisse sur le bord du chemin? Dilemme confrontant parfois. Je me suis même surprise à chantonner ma petite vache qui a mal aux pattes en les pointant du doigt. Mais non; ils ne m’ont pas vue…

Tout y est passé dans ma tête. Pour chacun d’entre eux. Dix-sept ans que ça dure par intervalles. Du bac de récupération jusqu’à une pancarte au cou dans une vente de garage. Mais ça me fait un bien fou. Les images se bousculent, je ferme les yeux et je respire un grand coup. Et après tout cela, je serai la première à accourir à mon bac imaginaire en m’excusant d’avoir pu penser toutes ces obscénités, ces choses dont on ne parle pas, car il ne faut pas lorsqu’on est une bonne mère.

Maudite culpabilité.

J’entends déjà crier au scandale. Ça m’importe peu. D’avoir mes fantaisies, de me permettre de les vivre par en dedans, de les écrire fait de moi une meilleure mère. Je ne leur donne pas vie. Je ne les actualise pas si cela peut vous rassurer sur ma santé mentale. Afin d’être une mère assumée et aimante, afin de désirer être un phare dans leur vie, une lumière si petite soit-elle, je dois composer avec ma zone d’ombre. Et avec la leur.

Est-ce que je suis en train de me justifier, là?

Pas toujours facile d’être mère. Pas toujours facile d’être père. Pas toujours facile la vie de parents. Pas toujours facile la vie d’enfants.

Mais bon dieu que je les aime.


Isabelle Bessette

 

Ma mère est une force de la nature…

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Ma mère est devenue veuve lorsque j’avais un an et demi. Elle se retrouvait avec deux bébés, seule à nous élever. Malgré sa peine incroyablement profonde, elle a réussi à nous déménager près de sa famille et à prendre soin de nous.

 

Je n’ai pas grandi avec un père, mais je n’ai jamais manqué d’amour. Je me suis toujours sentie aimée. Nous n’avions pas de richesses; d’ailleurs de ce côté, ma mère sait faire des miracles. Je ne me suis jamais non plus sentie moins bien nantie que mes amis. Elle a toujours tout fait pour nous. Elle a été mon père et ma mère. C’est une femme qui représente très bien, parfois trop, le don de soi. Elle est d’une générosité incroyable. Elle est la personne qui écoute le mieux sur cette planète. Sans te juger, sans arrêter de t’aimer.

 

Elle a survécu à la mort de son mari et plus tard, à celle de son fils. J’ose à peine imaginer ce que cela peut être pour une mère de perdre son enfant. Lorsque ton enfant choisit de mettre fin à ses jours, alors là, comment passer au travers? La douleur me tenaille juste à y penser. Mais encore là, elle s’est relevée et a continué. On a vécu des deuils très différents. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs à cette époque. Mais jamais elle ne s’est effondrée.

 

Ma mère, c’est aussi une Superwoman. Elle n’a pas attendu après un homme pour s’établir. Elle va chercher ce dont elle a besoin. Elle est tendrement appelée « la BM » par son gendre. Elle est Madame Bricole, elle répare tout ce qu’elle peut. Elle cuisine le meilleur bœuf aux légumes de la terre. Elle a cousu plus qu’à son tour. Elle entretient son terrain et sa maison elle-même. Il n’y a rien à son épreuve!

 

Ma mère est la meilleure accompagnatrice de l’humain que je connaisse. Si tu ne vas pas, elle est la meilleure à qui parler. Si tu es malade, c’est la meilleure infirmière que je connaisse. Si tu as besoin d’aide, elle est toujours présente. Elle a aussi accompagné dans la mort tellement de gens qu’elle a aimés. Mais malgré sa propre souffrance, elle affiche présente. Elle est l’Amour même.

 

Ma mère est une femme toute petite, toute mince, tellement douce et qui semble toute fragile. Ne vous laissez pas tromper, car en fait ma mère est… une force de la nature!

 

 

Maman est usée

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« Vous êtes une bonne maman! », qu’on me disait parfois quand j’allais au parc ou au restaurant avec mon enfant. Je répondais alors gentiment « Merci », avec un sourire rempli de fierté, parce que je me trouvais bonne aussi. Je n’avais d’yeux que pour mon bébé, mon premier. Je découvrais l’instinct maternel, aussi fascinant que puissant. Quand je parlais à ma fille, chaque mot contenait une telle tendresse, un débordement d’amour. J’étais certes fatiguée, mais comblée par ce petit être qui venait, quelques mois auparavant, quelques années à peine, d’arriver dans ma vie. J’étais pleine d’énergie, débordante d’un bonheur nouveau et inespéré. Je me sentais pleinement compétente et à la hauteur, j’étais fière d’être la maman que j’étais.

Quand je croisais des mamans impatientes, dépassées, surmenées, je ne comprenais pas. Je ne pouvais pas comprendre. Je les jugeais et je me lançais des fleurs en me disant que moi, je l’avais donc l’affaire. Je regardais mon enfant, fière de lui offrir mieux, et j’étais triste pour ces petits qui se retrouvaient coincés dans l’impatience d’une maman de moindre qualité, qui criait pour un rien, qui ne jouait pas au parc, qui finissait par écouter son enfant au bout d’une dizaine de « Écoute-moi maman! »

Les années ont passé, d’autres enfants sont venus, les petits ont grandi. Les congés de maternité se sont prolongés, les « Mamans! » ont débordé, les crises et les disputes se sont multipliées, le bruit s’est intensifié, les mauvaises nuits et les mauvaises journées se sont succédé. Les cernes ont grossi sous mes yeux, de nouvelles rides sont apparues, quelques cheveux gris également et avec eux, les moments de solitude ont disparu.

Un jour, j’ai réalisé que j’étais devenue cette mère que je trouvais si mauvaise. J’étais celle qui, fatiguée et impatiente, criait après ses enfants pour se faire entendre. Celle qui, lors d’une sortie au cinéma avec ses petits, avait du mal à sourire parce que ce jour-là, c’était une mauvaise journée, une de plus. J’étais devenue cette maman à la tolérance malmenée parce qu’usée par toutes les heures de sommeil en retard, les chicanes à gérer, les comportements à analyser et les tâches à accomplir.

Ce jour-là, j’ai pleuré. J’ai pleuré parce que je refusais d’être cette maman-là. Moi, j’étais pourtant une bonne maman : tendre, aimante, qui trouvait les bons mots, qui savait réagir simplement par instinct. J’ai pleuré parce que je connaissais pourtant mes enfants par cœur et je savais faire toutes sortes de folies pour les faire rigoler, pour désamorcer. J’avais été la maman que j’admirais et je ne voulais pas être l’autre; celle qui se met en colère pour un rien, qui a du mal à écouter les histoires remplies d’imagination de ses enfants parce qu’elle a la tête saturée et qu’elle voudrait juste cinq minutes pour ne penser à rien.

Soudain, j’ai repensé à cette mère impatiente du parc et je l’ai vue d’une tout autre façon. Bien qu’épuisée de tout donner à ses enfants, je sais maintenant qu’elle était remplie d’un amour inexprimable et inébranlable pour eux. Cette maman était usée par les années, par le manque de sommeil, le manque de solitude et peut-être même par le manque de soutien. Ce jour-là, elle serait volontiers restée à la maison, mais elle était au parc parce qu’elle savait que cela rendrait ses petits heureux. Puis, je me suis rappelé ce moment où elle était accourue à une vitesse folle vers son enfant lorsqu’il avait failli tomber en courant, poussée par l’inquiétude et la culpabilité à l’idée qu’il ait pu se blesser avant qu’elle ne puisse intervenir.

Je sais maintenant qu’une fois de retour à la maison après la sortie au parc, cette maman avait préparé un dîner au goût de ses enfants, pour leur faire plaisir. Elle avait mis plus de fromage dans l’assiette de son garçon parce qu’elle savait que cela le ferait sourire. Elle s’était assurée de choisir les plus petites carottes pour sa fille puisque c’est comme ça qu’elle les aimait. Et bien sûr, elle avait versé leur lait dans leurs verres préférés. Quand ses plus jeunes s’étaient couchés pour la sieste, elle avait laissé de côté ses tâches quelques instants pour jouer un peu avec sa grande qui, depuis quelque temps, avait un grand besoin de son attention.

Quand son fils était redescendu, elle l’avait bercé, parce qu’elle savait comme il avait du mal à se réveiller. Puis, la sieste de son bébé s’était terminée. Elle était allée le chercher, en souriant tendrement. Le calme était resté jusqu’à la prochaine dispute, jusqu’à la crise suivante, jusqu’à l’incontournable avalanche de demandes. L’impatience était alors revenue rapidement, les cris probablement aussi. Cette tension de plus l’avait laissée de mauvaise humeur. Tout le reste de la journée, elle n’avait pas pu sourire, elle n’avait pas pu être douce et attentionnée. Il y en avait juste eu trop… trop souvent.

Comment vous dire, mes enfants, que maman est fatiguée, que ma tête et mon corps sont usés, mais que je vous aime un peu plus chaque jour?

 

Eva Staire

 

           

           

             

Être maman

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Nous devenons une maman à l’instant même où les nausées du matin nous font réaliser le grand changement qui s’opère dans notre corps. Un jour, des papillons au creux de notre ventre nous confirment qu’un petit être est là : en nous. Un hôte bien particulier qui sera désormais notre priorité. Il change tout : nos repères, nos priorités, nos valeurs. Et il donne un sens insoupçonné à notre vie. Nos enfants poussent en nous et je crois qu’ils seront toujours une partie de nous.

En effet, quand nous sommes au travail, nous nous demandons toujours ce qu’ils font : sont-ils en route pour l’école? Ont-ils oublié leur boîte à lunch? Ont-ils pensé à prendre leurs affaires de sport? Leur clé de maison?

Quand nous passons du temps avec notre amoureux, nous nous préoccupons : sont-ils bien? Ont-ils chaud, froid, faim, peur? Sont-ils en sécurité?

Si dans leur regard, il y a de la tristesse, notre cœur pleure. Si leurs yeux pétillent de joie : notre cœur rit lui aussi. S’ils relèvent fièrement la tête et bravent les défis, notre cœur déborde de fierté.

Nous sommes eux, un peu… même s’ils détestent que l’on dise cela : MON bébé, MON enfant, MON grand… Ils veulent être EUX-MÊMES et se détacher… 

Alors, avec amour et résilience, nous leur faisons croire qu’ils sont libres. Mais au fond de notre cœur, la fusion ne nous quitte jamais vraiment. Quel que soit l’âge de nos enfants, ils seront toujours nos petits. Un cœur de maman aime, pardonne, donne sans compter, et bat au rythme de celui de ses enfants.

Si quelqu’un ose toucher à nos enfants ou les blesser, nous devenons des lionnes sans pitié; s’ils sont aimés et respectés, nous sommes apaisées.

Tous les livres de psychologies veulent nous forcer à les laisser aller, mais dans le fond de mon cœur de maman, mes trois bébés feront toujours partie de moi. Comme une continuité de la vie que j’ai semée. Ils sont un peu moi… Mais chut… Ne leur dites surtout pas…

Je garde ce secret au fond de mon cœur. C’est cela être maman : continuer de trembler chaque fois que nos enfants perdent l’équilibre, mais sans le leur montrer… 

 

Lettre à toi, maman qui se tape seule la routine du soir…

Ton chum a une grosse semaine et rentre tard ces jours-ci?

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Ton chum a une grosse semaine et rentre tard ces jours-ci?

Sache que je te comprends… Tu dois donc te taper seule la routine du soir…

Tu fais la tournée après le boulot: école, garderie, pharmacie…

Les enfants crient qu’ils ont faim. C’est vrai, tu ne les nourris pas..

Tu sors seule de la voiture les dizaines de sacs et le ti-parapluie rose de ta plus jeune; c’est ça le gugusse qu’elle a réclamé, ce matin. (On n’est jamais trop prudent… Et si son éducatrice décidait de les laisser dehors sous la pluie?)

Tu n’as pas encore mis le pied à l’intérieur que la chicane commence; les deux veulent ouvrir la porte. Ben plus le fun que de sortir son sac d’école de la voiture.

Tu sors les crudités. Ta plus vieille se rue sur TOUS les concombres, comme si ce légume allait disparaître sous peu. Ta plus jeune crie qu’elle n’a pas eu de concombres. Sa vie est fichue.

Nourris le chien, sors le chien, rentre le chien, mets les plats au four. Vide le lave-vaisselle, remplis le lave-vaisselle avec la vaisselle du matin parce que TU ÉTAIS SEULE, cherche la boîte à lunch de ta plus vieille… Zut, elle est dans la voiture…

Si tu as de la chance, tes filles aiment le repas que tu as préparé avec amour et le souci de leur servir des plats équilibrés. Certains soirs, ça peut dégénérer par contre…

Donne les bains, mets tout ce beau monde en pyjama en te demandant s’il restait de l’eau dans le bain après avoir ramassé tout ce qu’il y avait sur le plancher de la salle de bain.

Les.Devoirs.

Je suis enseignante et à entendre ma fille, je n’y connais rien. R.I.E.N.

C’est madame Sandra qui sait tout.

Je PENSAIS te comprendre, chère maman, mais maintenant que c’est à mon tour, sois certaine que JE COMPRENDS!

Je me console en me disant que dans quelques maisons, pour quelques enfants, c’est moi qui sais tout.

Brossage de dents. Ta plus jeune veut ouvrir le nouveau tube de dentifrice au lieu finir l’autre, ta plus vieille veut mettre de la crème, toi tu veux la PAIX!

Ouf! Il reste l’histoire et plus vraiment de sourire sur ton visage. Habituellement, c’est ta progéniture qui choisit l’histoire; ce soir, t’es crevée. Tu prends le premier livre qui te tombe sous la main: “Monsieur Heureux”.

QUOI!!!!??? Ben oui, quelle ironie! Impossible de lire cette histoire sur un ton enragé! Tu t’accroches un sourire, profites de ces minutes de bonheur et tu te dis que tu les adores tes petits humains.

C’est l’heure des bisous et des câlins…

Maman que je comprends, c’est maintenant TON moment…

En souhaitant que tes petits ferment l’œil sans trop de demandes (l’heure du dodo, ça craint parfois!).

Lettre à toi, maman qui se tape seule la routine du matin

Chère maman qui se tape seule la routine du matin,

Sache que j

Chère maman qui se tape seule la routine du matin,

Sache que je te comprends.

Tu as beau programmer l’alarme de plus en plus tôt, l’appétissant café que tu vois ici-bas ne sera jamais le tien. PAS LA SEMAINE…cafe-matinal

Tu as beau marcher sur la pointe des pieds, longer les murs, séquestrer le chien dans ta chambre; c’est écrit dans le ciel, tes enfants se lèvent. Si tu as de la chance, juste un. Pour trois minutes. Oublie le café au lait. « Salut Bonjour »? Penses-y même pas; tu es condamnée à regarder Yoopa jusqu’à ta délivrance : ton départ au boulot.

Certains matins, ta plus vieille est envoûtée; elle prépare les céréales et le jus de ta plus jeune. Charmant! C’est quand tu mets le pied dans la cuisine (en même temps que sur des céréales collantes) que tu constates qu’elle était probablement sur le radar en les versant dans le bol. Ah! oui, elle a ouvert une boîte neuve parce qu’aucune des neuf autres sortes ne lui plaisait… C’est beau un enfant autonome!

Tu poursuis ta routine et remercies les auteurs de « Pat Patrouille » pour ton moment de détente : les cinq minutes que tu consacres à te préparer, question d’être présentable!!! C’est à la sixième minute que, généralement, survient la première chicane. Une fois celle-ci réglée, tu retournes à la salle de bain maquiller ton deuxième oeil.

On approche de la fin, encore un petit effort!

 

Brossage de dents et coiffure. C’est immanquable, une des deux finit avec du dentifrice partout et cette étape est INTERMINABLE. Pendant qu’elles se brossent les dents avec ce qui leur reste de dentifrice, tu tentes de les coiffer. Les TORTURER,  à les entendre.

 

Tu as tenu ton bout! Continue, tu es presque en fin de parcours!

 

C’est l’heure de mettre la veste, les les bottes, la casquette. En fait, peu importe ce que tu vas leur demander, tes enfants refuseront de le porter!

Le hall d’entrée est le point culminant de ta routine du matin, chère maman que je comprends! Si tu es chanceuse, il y aura des matins où tes enfants ne s’obstineront pas pour trimbaler un toutou ou autre gugusse de la maison jusque dans l’auto.

Tu démarres la voiture. C’est un départ!

On se donne des bisous, des câlins et on se dit à ce soir 😊.

C’est plus fort que toi. Tu te sens soulagée, mais ce sentiment fait vite place à la culpabilité… Tu as peut-être parlé un peu fort. Des framboises, tu en as tout le temps d’habitude. Les tresses françaises, c’est vrai que tu les as fait serrées.

C’est pas facile de se taper les routines du matin, je te comprends. Je sais que tu fais tout cela, souvent. Par contre, peut-être que comme moi, tu ne passes pas la souffleuse, tu ne tonds pas la pelouse et tu ne répares pas TOUT ce qui brise chez toi.

Mon homme, le matin, il est dans sa voiture. Moi, j’ai la chance d’être avec mes poulettes. Il y a des matins plus difficiles, mais ils tendent à s’adoucir.

Ça s’en vient, maman que je comprends.

 

 

J’ai pris la pose pour la cause : Calendrier 2017 pour la lutte au cancer du sein

 

Chaque année, partout dans le monde, le mois d’octobre es

 

Chaque année, partout dans le monde, le mois d’octobre est consacré à la sensibilisation au cancer du sein. Sensibilisée, je le suis. Particulièrement cette année…

 

Cela fait presque un an que j’ai reçu mon diagnostic. Un an que je vis ma vie sous le signe du ruban rose. Un an que mon corps subit toutes sortes de transformations brutales, mais vitales, me contraignant à repenser ma perception du corps et de ma féminité.

Alors, lorsque j’ai été sélectionnée, en septembre dernier, pour faire partie du calendrier 2017 pour la lutte au cancer du sein et qu’on m’a demandé si j’étais prête à poser nue, sans hésiter, j’ai dit “oui”.  Après tout, cela fait un an que j’ai l’impression que mon corps ne m’appartient plus. Et que le cancer a démystifié mon décolleté.

J’ai donc pris la pose pour la cause. Les seins nus. Ainsi dévêtue, je me donne à vue au mois de novembre du calendrier 2017 pour la lutte au cancer du sein.

Lorsque j’ai montré la photo à ma fille, elle s’est exclamée, perplexe :

– Mais maman, tout le monde va voir tes parties intimes ?!?

Encore une fois, ma dualité femme – mère est interpelée, mais pas déstabilisée. Car après tout, si je suis mère, c’est parce qu’avant tout, je suis femme.

Mais comment expliquer à ma fille la notion d’intimité dans ce contexte ? Comment lui enseigner que la nudité ne va pas à l’encontre de l’intimité, lorsqu’elle n’est pas imposée à soi ou aux autres ? Comment une mère devrait-elle montrer à sa fille, ce qu’est la féminité ? Comment lui apprendre à apprivoiser et à démystifier son corps? Et surtout, l’accepter et le respecter tel qu’il est ?

 

Et bien, je crois que les réponses à toutes ces questions se trouvent dans cette photo.

 

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Cette photo redonne sa juste place au corps de la femme. Elle dévoile de façon sublime la frontière fragile qui existe entre nudité et intimité.

Par ce geste, j’ai mis en pratique toutes les valeurs que j’essaie de transmettre à mes enfants, et à ma fille en particulier.

Cette photo, c’est de la poésie, une nature vivante, de la beauté vraie, de l’art d’être bien dans sa peau. Parce que je me suis dénudée sans complexe, mais pas sans pudeur! Et c’est cette nuance, en tant que mère, que je tente d’enseigner à mes enfants.


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Puisque la gestion de la pudeur et l’éducation donnée quant à l’intimité du corps sont déterminantes de la perception que mes enfants auront d’eux-mêmes pendant leur adolescence, il est primordial de leur inculquer les notions de pudeur, d’intimité, de respect de soi et des autres, sans diaboliser le corps !

 

 

« La vraie pudeur est de cacher ce qui n’est pas beau à faire voir. »

Georges Courteline, romancier et dramaturge

 

 

Pour moi, la nudité qui porte les stigmates du cancer du sein est belle de vie et de vérité. Alors tant pis pour ceux qui déteste la vérité, par pudeur, parce qu’elle est nue…

 

 

Pour vous procurer le calendrier, et ainsi soutenir cette cause :

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nes@vanessaboisset.com

Pour en lire plus sur mon quotidien avec le cancer, visitez : www.laviecontinuemalgretout.com

Les petits-enfants que tu n’as pas connus

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Il y a maintenant douze ans que tu es partie, maman. Dans les heures qui ont suivi ton départ, je savais déjà que ce deuil serait suivi par d’autres. Parce que j’étais très jeune, mais assez vieille pour comprendre. Parce qu’à 27 ans, la vie, la vraie, commence.

Tu ne serais pas présente à mon futur mariage, et même s’il n’était même pas planifié à cette époque, ce constat m’avait peiné. Heureusement, tu avais eu l’occasion de côtoyer, pendant quelques années, l’homme qui partage toujours mon quotidien. Ça, c’est un grand soulagement pour moi! Je suis heureuse de penser que tu es partie en sachant que j’étais bien accompagnée et en sécurité!

Rapidement, j’ai réalisé que tu ne connaîtrais pas tes petits-enfants, NOS enfants. À cette idée, j’ai cru que j’en serais attristée toute ma vie. Ma sœur et moi n’étions pas rendues à l’étape de la maternité. Tu aurais été une mamie rigolote, c’est certain, et très « gâteau »!

Ma première grossesse et mon premier accouchement, je les ai vécus partagée entre deux sentiments : la joie de devenir mère à mon tour (le plus grand bonheur de ma vie), et la tristesse de ne pouvoir le partager avec toi.

J’ai eu tant de questions, maman, depuis la naissance des filles. Tant de questions auxquelles seule une maman peut répondre. Il n’y a qu’une maman pour se souvenir que son petit avait le hoquet, bien au chaud, dans sa bedaine… Tant de questions sans réponses. Les filles grandissent et des questions, j’en ai toujours.

J’ai des questions, mais aussi tant de bonheurs que j’aimerais te partager! À quelques reprises, il m’est arrivé d’avoir le réflexe de te donner un coup de fil : étrange sentiment…

Douze ans plus tard, je me surprends encore à envier mes amies. Elles ont la chance de pouvoir passer du temps avec leur mère. À l’aube de mes quarante ans, nos discussions seraient si différentes. Plus posées, plus réfléchies.

Expliquer à mes filles qui tu es est une tâche douloureuse. Elles sont encore petites pour comprendre. Elles savent que tu habites dans le ciel. C’est comme ça que je leur explique, pour le moment. Je leur parle de toi quand j’en ai l’occasion, le plus souvent possible.

Tu m’accompagnes d’une autre façon. Je le sens.

L’automne dernier, j’ai dû dire au revoir à mon gros Chummy, le beau labrador que tu as connu, le temps de sa première année de vie. Tu adorais ses grands yeux verts. J’ai compris, quelques mois après son départ, qu’à travers son décès, je revivais le tien. Tu aimais tant les animaux. Nous avons toujours eu un gros toutou dans nos vies.

Ce chien, c’était le dernier lien qui m’unissait à toi. Un lien qui transcendait la réalité. Un coup dur. Je ne m’en suis pas encore remise.

Ma vie continuera d’être parsemée de petits et de grands deuils, et d’évènements que je vivrai sans toi.

Ce texte, je l’écris en pensant à vous, mes amis, qui traversez les mêmes étapes. On se comprend si bien! Et au-delà du chagrin immense qui nous envahit lorsqu’on perd un parent, il faut savoir qu’on est capable de se relever et qu’on devient plus fort. Difficile à croire, mais c’est pourtant vrai.

Je t’aime maman.

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Je suis une maman avec des maladies mentales

Je suis une maman qui souffre de maladies mentales. Neuf, pour être

Je suis une maman qui souffre de maladies mentales. Neuf, pour être exacte. Tous ces beaux diagnostics m’ont été faits par des médecins spécialistes et une psychiatre. Je ne me suis pas autodiagnostiquée un beau matin en me disant « me semble que ça manque de piquant par icitte! » ou encore pour attirer l’attention. Les maladies mentales, ce n’est mauditement pas une partie de plaisir, surtout quand tu es maman.

 

Voici ma liste 

 

Troubles anxieux

  • L’anxiété généralisée (TAG)
  • Le trouble panique
  • Le trouble obsessionnel compulsif
  • Le trouble de stress post-traumatique

Troubles de l’humeur

  • La dépression

Troubles du comportement alimentaire (TCA)

  • La boulimie
  • L’hyperphagie boulimique
  • L’anorexie

Syndrome de déréalisation (DR)

Du plus loin que je me souvienne, j’avais trois ans. Je sentais que ma tête était à côté de mon corps, que mon âme n’était plus là. J’essayais tant bien que mal d’expliquer ça à ma maman, mais dans les années ’80, les maladies mentales « ça n’existait pas ». Elle n’avait jamais entendu de propos comme les miens auparavant. J’ai donc appris très tôt à ne pas parler de mes états d’esprit bizarres. Dans ma tête de petite fille, je sentais que quelque chose clochait, mais qu’il ne fallait pas que j’en parle.

Dans ma maison de jeunesse, toute la nourriture était contrôlée. J’ai souvent volé du p’tit change à mon père pour aller acheter un gâteau McCain au dépanneur et le bouffer au complet dans le parc. Mes crises de boulimie n’étaient pas toujours liées à des gros binges. Parfois, une pomme pouvait être « de trop » et déclencher des épisodes de vomissements. Et vers 17 ans, j’ai cessé de manger puis j’ai débuter l’entrainement excessif, soit environ plus de quatre heures par jour, à tous les jours. J’étais en surpoids XXL et en quelques mois à peine, j’avais perdu plus de 100 lbs. Pis un matin, j’avais faim. Je suis allée à l’épicerie et j’ai acheté tout ce qui s’y trouvait. C’est assise dans mon char que j’ai tout engouffré jusqu’à ce que la culpabilité embarque et que la poubelle d’un parc accueille mes vomissements. L’engrenage a ainsi commencé.

Fastforward ça à l’automne 2007. C’est assise ben amochée, sur un coin de rue dans un quartier quelconque de Manhattan, avec mon amoureux (futur mari et père des deux fruits de mes entrailles) que j’ai avoué, pour la première fois, souffrir de troubles alimentaires. À notre retour à Montréal, nous en avons reparlé et il a dit une phrase qui restera marquée forever dans mon esprit « Imagine si nous avons des filles plus tard et que tes troubles alimentaires deviennent les leurs… » #BestHusbandEver

C’est alors que j’ai entrepris ma première thérapie à vie. Au début, je l’ai faite pour lui et pour nos futurs enfants, mais éventuellement, je l’ai faite pour moi. Une thérapie qui a duré deux ans et qui m’a coûté 15 000 $. J’étais à la clinique, en thérapie de groupe ou individuelle de 9 h à 16 h , puis à 17 h, je travaillais comme barmaid au centre-ville jusqu’aux petites heures du mat’, du lundi au vendredi. Faut VRAIMENT vouloir guérir. Mais en guérit-on vraiment? À 36 ans, mon problème principal est l’hyperphagie boulimique, qui est officiellement reconnue dans le DSM-5 comme une entité clinique distincte tout comme l’anorexie nerveuse et la boulimie. En gros, il s’agit de compulsion alimentaire. S’empiffrer de 40 biscuits soda, suivi de 400g de noix pis de la plus grosse portion de salade que t’as vu dans ta vie, en moins de 15 minutes, c’est du déjà-vu pour moi. Suite à la recommandation de ma psychiatre, je vais commencer une thérapie dans les prochaines semaines au CLSC avec une psychologue spécialisée en TCA.

C’est suite à l’accouchement de ma deuxième que l’anxiété refoulée depuis 30 ans s’est décidée à sortir, chapeaux et trompettes, pour faire une entrée crissement remarquée. J’ai tellement eu peur de mourir de complications post-accouchement… Faque quand ta plus grande peur en tant que TAG est de mourir, le cocktail n’est pas super winner. À l’hôpital, j’ai eu des moments de névrose, où j’étais certaine qu’un maniaque viendrait tous nous tuer dans notre chambre. Tout ça se passait dans ma tête et ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai avoué à ma psychiatre ces moments de folie. Malgré que je fusse médicamentée depuis environ quatre ans et que je croyais mes crises sous contrôle, ce choc post-traumatique a éveillé en moi du gros caca mou dans l’cerveau.

J’ai consulté une psychologue qui traitait l’anxiété par l’hypnose. Ça n’a rien à voir avec ce que Messmer fait sur scène, là. Je n’ai jamais fait le poulet en criant des mots bizarres. Je suis plutôt retournée très loin en arrière et j’ai fait la paix avec ben ben des bibittes que je trainais depuis trop d’années. J’ai aussi consulté une deuxième psychologue, cette fois en méditation pleine conscience. Cette technique peut paraître bien simple, genre « Vis le moment présent, allumes de l’encens pis chantes kumbaya », mais c’est complexe pas à peu près de s’arrêter un moment quand ton brain lui, pourrait faire 74 marathons les uns en arrière des autres. Ces deux thérapies ont changé ma vie.

Après avoir passé l’été dernier à tester différents médicaments (call me : Rat de laboratoire), nous avons finalement trouvé LE grand gagnant. Ma dose de médoc est forte, pis c’est À VIE. J’entends souvent « Ça va passer, c’était une période difficile! », mais je vous confirme que non, ça ne passe pas. Il y a un déséquilibre chimique dans mon cerveau. Je suis née comme ça et je vais mourir comme ça. Le côté positif est que je suis à l’écoute fois 1000 de mes filles. Je connais ça l’anxiété, la souffrance mentale, l’hypersensibilité et la pauvre estime de soi. J’ose croire que la vie m’a choisie pour être la maman de ces deux grenouilles pour une raison simple : je suis la meilleure pour elles. Elles sont LA raison pour laquelle je me bats contre la stigmatisation.

Ce que je comprends des maladies mentales, c’est qu’elles font partie de moi, mais je ne suis pas elles. Ce qui me pousse dans le dos tous les jours, ce sont mes enfants. Je ne veux en aucun cas minimiser la maladie mentale chez un « non-parent », LOIN DE LÀ. La réalité est simplement différente. Faire une crise de panique où tu es certaine que tu vas mourir dans les dix prochaines secondes, en face de tes kids, ce n’est pas super évident à gérer. Les palpitations cardiaques excessives, les tremblements, les douleurs thoraciques, les nausées, les étourdissements, les engourdissements et picotements, ce sont tous des symptômes de mon quotidien. Ma grande sait que maman a des bobos dans sa tête et je ne lui cacherai jamais ces derniers. La petite, elle, ne comprend pas encore. #CestBeaulInnocence

Depuis deux ans, je réalise tous les tabous derrière les maladies mentales. Je me trouve souvent chiante de parler tout haut de ce dont personne n’ose parler, mais c’est important. La stigmatisation doit cesser. Il faut de tout pour faire un monde, peu importe ton sexe, ton orientation sexuelle, ta religion, ta stabilité psychologique, ton handicap ou ta couleur de peau. Si nous avions un peu plus de compassion les uns pour les autres, la terre se porterait beaucoup mieux.

 

N’hésitez pas, allez chercher de l’aide :

Clinique BACA

ANEB Québec

Mindspace clinic

Psychologie Montréal

Calm

 

 

 

Le premier jour où je t’ai haï

Quand t'es parti, j'ai su que t'allais jamais revenir. Je le voyais

Quand t’es parti, j’ai su que t’allais jamais revenir. Je le voyais dans ton regard, je le sentais dans tes gestes. Je le savais, mais j’ai étouffé ce sentiment parce que Mia n’avait pas besoin d’une maman triste. Elle avait besoin d’une maman forte qui allait veiller sur elle. Le cœur en mille miettes, je te regardais embrasser ta fille pour la première et la dernière fois. C’était le 23 septembre 2012, on revenait du CLSC. J’avais les seins scraps, des montées de lait interminables et un début de baby blues. “Je règle mes choses et je reviens” que tu m’as dit avant de monter dans ton camion. Ce matin-là, quand t’as refermé la porte, je t’aimais encore.

Une, deux, trois, quatre semaines sans nouvelle. Je t’ai attendu, mais t’es jamais revenu. Disparu dans la brume. En t’attendant, je suis allée en ostéopathie pour traiter le nerf coincé dans le cou de Mia, toute seule. En t’attendant, je suis allée chez l’acuponcteur pour traiter ses reflux gastriques, toute seule. En t’attendant, j’ai « moppé et lavé du régurgi» à tous les soirs pendant des semaines, toute seule. En t’attendant, je me suis réveillée toutes les nuits, j’ai essayé de soulager ses coliques, ses maux de dents et sa petite plaque d’eczéma qu’elle a sur la cuisse, toute seule. En t’attendant, j’ai magasiné des garderies, fait des purées maison, je l’ai bercée tous les soirs avant de la coucher dans son lit. Toujours toute seule. En t’attendant, j’étais seule. J’étais triste, épuisée, des fois découragée, mais je ne te haïssais pas.

Pendant 2 ans, je t’ai envoyé des photos presque tous les jours. J’ai attendu que tu répondes. J’ai attendu que tu vois ton regard dans le sien, attendu que tu reconnaisses ta chair dans la sienne. Attendu que tu sois prêt à la voir, prêt à te souvenir que tu voulais ce bébé et que tu étais heureux d’annoncer son arrivée. Toutes les nuits, je regardais mes courriels en espérant un signe de vie. Cette année, un peu avant sa fête, je t’ai envoyé des photos “postmaster notice“, ton courriel ne marche plus. J’ai perdu le seul lien qui pouvait te connecter avec elle. Ça m’a rendue triste, mais je ne t’en ai pas voulu.

Au fil des mois, j’ai apprivoisé ma solitude. Je ne voulais pas éprouver d’amertume ou du ressentiment pour toi. Malgré les obstacles, les problèmes financiers, la fatigue et des fois le découragement, j’ai toujours misé sur le beau. Je me rappelais qu’elle était mon choix aussi et j’avançais, forte. Forte pour nous deux.

Un après midi, en allant chercher Mia à la pré-maternelle, l’éducatrice m’a dit que son langage était sous les acquis, que ça pouvait mettre en danger son intégration à la maternelle. C’est peut-être des mots qu’elle utilise souvent et c’est loin d’être un verdict de cancer, mais moi, ça m’est rentré dedans. La goutte qui a fait déborder mon vase. Je descendais le long escalier recouvert de tapis brun et mon cerveau a “shuttdowné”. Comme un vieux disque égratigné, j’entendais sa voix en écho sous les acquis. Ce jour-là, c’est la petite main chaude et collante de ta fille qui m’a empêchée de tomber. “Maman, maman, c’est moi qui ouvre la porte !” qu’elle m’a dit en souriant. « Ok, Mia, c’est toi.».

Dans l’auto, elle me parlait sous les acquis. À la maison, on a joué aux pouliches, on a soupé et on a pris un bain, sous les acquis. On s’est bercées, on a chanté À la claire fontaine et on s’est collées, sous les acquis. Je l’ai couchée dans son lit. Je l’ai embrassée et je suis sortie de la chambre. Sous les acquis. “Maman, je t’aime gros comme toute la vie”. “Moi aussi mon amour… gros comme toute la vie.”

J’arrivais plus à respirer. J’ai marché jusqu’à la salle de bain. J’ai fermé la porte et je me suis effondrée. Toute seule. J’ai pleuré toutes les larmes que je n’ai pas pleurées en quatre ans. En silence. Et je t’ai haï. Crisse que je t’ai haï. Pour toutes les nausées que j’ai eues, les échographies que t’as pas vues, pour ma grossesse de marde, pour l’oisiveté, la fébrilité que ton départ m’a enlevées. Je t’ai haï pour toutes les nuits d’insomnie, pour tous les soucis que je ne peux partager avec toi, son “autre parent”. Je t’ai haï parce qu’on devait faire ça ensemble. À cet instant-là, même vide de larmes, j’ai continué de t’haïr parce que j’allais encore vivre ça toute seule. Osti que je t’ai haï.

En petit bonhomme, le cul collé sur ma céramique passée date, j’ai braillé quatre ans de peines, de déceptions, de tristesse, de solitude, de détresse pis je t’ai haï. Un moment donné, j’ai eu mal aux fesses feque je me suis relevée. J’ai constaté les dommages dans le miroir : paupières bouffies, petites veines pétées dans les yeux, rides du front plus profondes et petit duvet de moustache (mais ça, c’est une autre histoire!). Je me suis aspergée d’eau glacée, j’ai fermé la lumière et je suis allée dans le salon. J’ai pris mon IPhone et j’ai tapé “orthophoniste Rive-Sud de Montréal”. Il était 22h00. J’ai laissé quatre ou cinq messages et je suis allée me coucher. Épuisée, je ne t’haïssais  plus, j’avais eu ma dose pour l’année. À 22h45, je suis passée à autre chose.

Parce que, tu sais, c’est ça qu’ils font les parents qui élèvent seuls leurs enfants : ils passent à autre chose. Ils se cachent dans la salle de bain, dans le lit sous les couvertures, dans le noir de leur char, dans un parking désert pis, tout seul, ils braillent leur trop plein. Une fois la tempête passée, ils sèchent leurs larmes, ils prennent une grande respiration et reviennent en souriant. Le soir venu, ils embrassent leur enfant, se font un plan de match pis ils s’en vont se coucher. Seuls. Pis les jours où ça va mal ou qu’ils sont trop fatigués, ils prennent dans leur main une petite main chaude et collante et ils continuent d’avancer.

 

Au secours ! “Miss bougonne” a ses règles !

Vivre avec une préado n’est pas de tout repos, surtout quand elle

Vivre avec une préado n’est pas de tout repos, surtout quand elle est nouvellement une tornade riche en émotions. Elle sourit; elle crie, elle rit; elle pleure.  Elle veut quelque chose et la seconde suivante, elle ne la veut plus…  Oui, vous avez bien compris, Miss a maintenant ses règles!

À 11 ans, elle devient un petit bout de femme, et ce, même si elle ne sait pas encore comment s’autogérer.  Des fois, mon avis compte plus que tout au monde et d’autres fois, tout ce que je dis est faux. Il ne faut pas chercher à comprendre, c’est une préado qui est toujours en pleine crise existentielle!

Il y a des moments qui sont pires que d’autres. Quand aller faire l’épicerie devient pire qu’aller au parc d’attractions. Quand les étourdissements et les vertiges sont présents parce que Miss ne sait plus ce qu’elle veut : Houston, on a un problème!  

– Qu’est-ce que tu veux manger pour souper?

– Ahhh, j’sais pas. E-rien.

Au bout du compte, peu importe  ce que tu choisis, ça ne fait pas son affaire : Houston, sors-moi de là!

Quand Miss bougonne déjà avant même d’avoir eu la réponse à sa question. Quand elle me dit qu’elle sait que je vais répondre “non” à sa question, donc qu’elle se fâche avant même d’avoir essayé : on se calme les hormones, s’il-vous plaît!

Quand elle hurle, claque les portes, se fâche après elle-même et pire, quand elle se fâche après le chien qui ne fait que respirer : Houston, sors-moi de là TOUT DE SUITE!

Quand les jours paraissent interminables, mais que plus la semaine avance, plus la tornade s’estompe: ouf, on recommence à respirer!

– Qu’est-ce que tu veux manger pour souper?

– N’importe quoi. Ça ne me dérange pas.

C’est ainsi que la tempête se résorbe tranquillement et que la préado se remet lentement à sourire et à chanter…  Jusqu’au mois suivant où la tornade frappe de nouveau…

– Qu’est-ce que tu veux manger pour souper?

– E-rien. Laisse-moi tranquille!

– Bin c’est ça, mange E-rien!

Comment fait-on pour éviter de se faire emporter par la même tornade que nos filles?  Je suis un peu tanné d’entendre : « laisse le temps aller, ça va se replacer ». Dans le fond, on n’a pas d’autres choix; on doit les laisser vivre leurs émotions, on doit les laisser les découvrir et surtout, les laisser les apprivoiser, à leur temps à elles.

Ce n’est pas facile pour ces petites filles-là d’apprendre à vivre avec une réalité d’adultes. C’est encore moins facile quand on leur demande de se gérer.  Entre les jeux, les hormones et les garçons cool du village, il y a aussi les peurs, les responsabilités et la vie d’adolescente qui se prépare. C’est tellement trop en si peu de temps! Alors, c’est à nous les parents de montrer à nos filles comment se préparer face aux changements. Mais, on s’entend que ce n’est pas plus facile pour nous que pour elles… Surtout, quand leur mère a un caractère tout aussi explosif!

Malgré tout, je ne vivrais jamais sans ma petite tornade!