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L’instinct maternel qui avait oublié de se pointer le jour de ta naissance

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42 semaines… 42 semaines à cohabiter. 42 semaines à connecter. 40 semaines, c’est une moyenne, paraît-il. J’avais si hâte de te voir! Te découvrir. Te prendre. Être ta maman. 42 semaines à te bercer au sein de mon ventre. À te chanter une berceuse. Toujours la même. Comme si j’instaurais une routine. En tout cas, cette berceuse me calmait. Alors, je la fredonnais souvent. Tout le temps même.

Un accouchement que je n’avais jamais imaginé. Toute ma grossesse avait été de rêve. Tu valsais en moi. Tes mouvements étaient légers et délicats. C’était si agréable de te porter que t’accoucher serait un véritable conte de fées. Ben non! Rien de tout ça. Un accouchement pour m’ébranler un peu et me montrer que la maternité, c’est parfois autre chose que du bonbon.

On devait me provoquer, car tu semblais trop bien en moi et que tu ne faisais aucun effort pour que le travail débute. Finalement, le travail a commencé son œuvre au lever du jour. Un soleil entrait par la fenêtre de chambre pour créer une ambiance féérique. Et puis… pendant des heures, l’obstétricienne qui n’arrivait pas à crever la poche des eaux. Mal placée, semblait-il. Le col qui ne dilatait pas. Le col qui ne s’effaçait pas. Huit heures d’essais atroces et interminables pour percer cette poche. On provoquait ton arrivée. Mais comme tu as toujours été calme, pourquoi t’en faire? Tu restais là. Attendre que l’on vienne te chercher. On m’annonce finalement que ce sera une venue par césarienne. Il y en a pu de problèmes, rendu là! Je veux te voir et te sentir dans mes bras! Et que cette douleur prenne fin. Je suis légèrement confuse. Je m’abandonne aux décisions de la médecine.

J’étais à la merci d’une équipe de travail qui était bien compréhensive envers mes inquiétudes. Je n’étais plus moi-même. Pleine de médicaments pour amoindrir ma conscience de ce qui se tramait autour de ta venue. J’ai perdu le fil de ce qui se passait. J’ai vu tes pieds passer au-dessus de ma tête. Ton père est parti avec toi. On m’a refait une beauté du bas ventre et je suis montée en salle de réveil. Puis à ma chambre, papa t’a amenée contre moi. J’étais encore sous médication. J’avais mal au cœur. J’ai grommelé un : « Enlève-la de là… je vais lui vomir dessus. » L’infirmière est venue te chercher pour me laisser reprendre mes sens qui avaient assurément pris la fuite dans la salle d’opération. Ta première nuit lui a appartenu. À elle, cette inconnue pour nous deux. Cette infirmière qui t’avait toute à elle et rien pour moi. J’ai passé, tout comme toi, ma nuit sous surveillance.

À mon vrai réveil, un interne t’avait amenée dans ma chambre froide de toutes décorations. Aux murs aussi pâles que mon teint. Je n’arrivais pas à m’asseoir pour mieux te regarder dans ton petit lit de verre. Tu bougeais aussi calmement que dans mon ventre. Je t’ai reconnue, aussitôt. Tes pas de danse, nous les avions chorégraphiés ensemble, au fil des mois.

Nous avons eu quatre jours pour nous apprivoiser à l’hôpital. C’était toi. Rien pour en douter. Mais je ne connaissais rien de toi. C’était rassurant d’avoir quelqu’un à mes côtés pour prendre la relève le cas échéant. Ton papa avait le tour avec toi. Bien lovée dans ses bras, tu y trouvais la sécurité, la chaleur. Moi, frêle d’une forte anémie, je peinais à t’offrir ce dont tu avais besoin.

Nous avons quitté l’hôpital en nouvelle petite famille que nous étions devenus. Papa a dû partir dès notre arrivée à la maison. Une équipe de jeunes athlètes l’attendait sur le terrain de foot. La vie ne pouvait cesser parce que princesse Lauriane était là. Il a quitté, malgré ta peine du moment. Une peine de quoi? Je l’ignorais! J’allais rester là, plantée au beau milieu du salon un bon moment. Toi dans mes bras avec ta peine. Moi, avec mon immense peine de ne pas savoir quoi faire. Anéantie par mon incompétence! Et si je n’y arrivais pas? Et si je n’y arrivais pas? Jamais! Ce ne serait certainement pas ton seul chagrin à vie! Tu avais une couche toute propre, tu venais de boire. J’ignorais ce qui pouvait bien provoquer cette peine. Et puis…

… Alors, je ne sais pour quelle raison, je me suis mise à fredonner cet air que nous connaissions par cœur, toutes les deux. Cette chanson, fredonnée lorsque tu étais au creux de mon moi tout entier, tu l’as reconnue. Comme dans un moment de pure magie, nous nous sommes regardées dans la plus grande profondeur de nos âmes et c’est à ce moment précis que j’ai compris que j’avais en moi tous ces répertoires pour te protéger, t’accompagner au gré de ta vie, de tes embûches, de tes peines et de tes bonheurs. J’avais en moi cet instinct qui me connectait à toi.

Depuis, j’ai encore parfois douté, je douterai encore, mais jamais je ne cesserai de fredonner nos airs à nous. Ceux qui font que nous nous faisons confiance mutuellement.

 

Mylène Groleau

Toi, ce héros qui donne la vie

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Tu approches à mon chevet, le regard encore un peu endormi. Les marques de ton oreiller sur ta joue trahissent ton réveil hâtif. Pourtant, tu es souriant et alerte.
Tu poses ta main sur mon épaule :
– Alors… c’est pour ce soir?
Il est 2 heures du matin. Les contractions se sont rapprochées, puis tout ce liquide est sorti de moi et la douleur a envahi mon corps tout entier.
– Je crois que oui…
– On va regarder tout ça. Respirez bien. Je vais vous examiner et décider de la suite des choses. Ne vous en faites pas. Tout ira bien.

Toi, ton travail, c’est de mettre des bébés au monde. Chaque jour. Avec ton grand sourire réconfortant. Tu arrives avec ton savoir et ta magie, puis tu donnes la vie.
Comme ça.

Quand la situation se complique, tu agis rapidement malgré le fait que tu sors à peine de ton petit lit en salle de garde. Combien de bébés sont nés depuis que tu travailles aujourd’hui? Combien de fois as-tu été réveillé? Combien de mains as-tu posées sur combien d’épaules? As-tu des enfants toi aussi? Que fais-tu ici en ce soir de congé férié, loin des tiens? Où trouves-tu la force de penser, de décider, de déléguer, d’agir?

Je veux te demander tout cela, mais les mots se cognent dans ma tête. Toi, tu as déjà ta main en moi. Tu fais ta job. Tu donnes la vie.

Soudainement, tout s’embrouille, j’entends mon chum qui crie, je distingue des silhouettes fourmiller autour de moi, les bruits des alarmes résonnent trop fort… Je m’accroche à ta voix si paisible et directive. Tu es comme le chef d’orchestre d’une symphonie bien rodée. Les événements s’enchainent si vite… Toi, ce héros qui fait naître des enfants, tu restes calme.

Comment fais-tu? N’as-tu pas peur? Je suis si terrorisée. J’ai si mal. Vais-je mourir? Sauve mon bébé, je t’en supplie!

Enfin, j’entends ce pleur, ce premier bruit que fait un nouvel être… et je vois ton immense sourire. Tu es fier. Le temps s’arrête… Tu viens de donner la vie et de sauver la mienne… Tu es un héros qu’on réveille en pleine nuit et qui fait des miracles! Tu as la job la plus impressionnante du monde!

Je te regarde quitter la pièce avec gratitude. Que vas-tu faire maintenant? Manger? Dormir? Blaguer avec tes collègues? Boire un bon café? Te recoucher? Courir dans une autre salle et donner la vie à nouveau? Annoncer une mauvaise nouvelle? Finir tes notes? Appeler ta famille?

Chaque jour, chaque heure, tu es un héros qui fait naître des enfants…

Gwnedoline Duchaine

Mon anxiété, merci de m’avoir rendue au bout !

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C’était un lundi, le 21 août 2017. Une autre journée à me lever avec le sentiment que l’on m’étrangle, le sentiment de manquer d’air, le cœur qui veut sortir de mon corps ! T’sais ce genre de matins que j’endure tant bien que mal depuis maintenant six ans. L’âge de ma fille !

 

Y a-t-il un lien entre cette anxiété qui s’est ancrée en moi et la naissance de l’amour de ma vie ?! Bien évidemment. J’étais une personne somme toute très calme avant sa naissance ! Je gérais mes émotions de façon autonome et je chassais les petites bibittes de mon esprit assez rapidement. Et BOOM, tu es arrivée dans ma vie après trente‑six heures de contractions, une césarienne d’urgence et plus de petit pouls. Non mais t’sais, t’as fait ça en grand !

 

Heureusement, tu es bien vivante, sans séquelles et magnifique.

 

Il y a donc six ans, j’ai expérimenté ma première crise de panique. La sensation que j’allais tout simplement mourir, que je perdais le contrôle, que je ne respirais plus, la sensation de perdre conscience ! Et depuis six ans, j’expérimente de façon plus ou moins intense, mais ce de façon quotidienne, l’anxiété généralisée. Le fameux TAG !

 

Pendant ces six dernières années, j’ai essayé de gérer cet état de mal-être et de sensation constante de ne pas avoir le contrôle de mon corps et esprit, comme une superwoman ! T’sais, celle que la société nous impose d’être, celle que les revues, les blogues et les pages Facebook de mamans extraordinaires, jamais brûlées et toujours souriantes nous montrent.

 

J’ai essayé, mais derrière tous ces efforts, une petite voix appelée « anxiété généralisée » nuisait à ma vie. Avez-vous déjà amené votre enfant à la garderie en pensant : « Est-ce que la gardienne va bien clôturer ses escaliers, est-ce qu’elle va couper ses raisins en quatre comme je le fais pour éviter les étouffements, est-ce qu’elle sait quoi fait si elle s’étouffe ?! » Non mais, est-ce épuisant d’avoir ce genre de pensées quotidiennes, et ce depuis six ans ?!

 

Alors voilà, le 21 août 2017, mon anxiété, celle que je pensais être en mesure de finalement affronter seule, m’a mise au sol. BANG ! K.O. !

 

Je me suis rendue par moi-même dans le centre hospitalier où je travaille, à l’urgence…

 

Je me suis assise devant une collègue au triage et je lui ai lancé en pleurs : « Je suis ici parce que je suis plus capable de me sentir comme je me sens présentement, en panique constante. Je suis malade et si je ne me présentais pas ici, j’ai aucune idée où j’allais me retrouver ! Je suis à bout, aide-moi ! »

 

J’ai été hospitalisée un mois en psychiatrie ! Ohhhhh la psychiatrie ! L’étage de mon hôpital que j’avais un vilain plaisir à regarder à travers ces portes barrées et en me demandant quel genre de fous il y avait là (quel jugement merdique au final !)

 

Eh bien moi, Isabelle, trente-quatre ans, maman infaillible d’une magnifique petite fille de six ans et travaillant dans le domaine de la santé… je me suis retrouvée derrière ces portes et vous savez quoi ?! C’est ce qu’il me fallait pour maintenant me sentir libre… libre de cette maladie mentale qui s’appelle « anxiété généralisée » !

 

On m’a écoutée, on m’a soignée, on m’a confrontée et voilà ! Ce mois d’hospitalisation m’a fait comprendre quelque chose d’important : personne n’est à l’abri ! Surtout pas toi, super maman forte et inépuisable, travaillant à temps plein et veillant à ce que la famille se porte bien !

 

Oui, la maladie mentale est encore taboue ; oui, nous sommes quelques-uns à avoir honte de nous sentir ainsi mais, vous savez quoi ? J’aime maintenant l’idée de savoir qu’il y a une sortie de secours, qu’il y a des gens pour nous aider et que même si on a honte de ne pas se sentir assez « fort », il n’y a pas plus grande force que de demander de l’aide !

 

Mon anxiété, mon mal-être m’a sauvé la vie ! On peut s’en sortir !

 

Merci à toi, mon anxiété, de m’avoir rendue au bout… Sans toi, je ne serais pas la maman pleine d’espoir et de vie que je suis aujourd’hui !

 

Isabelle Nadeau

 

 

À toi qui es devenue maman pour la première fois

Je ne sais pas quelle décision tu as prise lorsque vous avez enfin

Je ne sais pas quelle décision tu as prise lorsque vous avez enfin obtenu votre congé de l’hôpital. Est-ce que tu t’es assisse à l’arrière avec ton petit trésor pour votre retour à la maison ? C’est difficile, n’est-ce pas, de cesser de le contempler ? C’est fou cet amour qui t’inonde le cœur lorsque tu tiens ta septième merveille du monde dans tes bras. C’est magique et magnifique, mais tellement angoissant à la fois. Voici ce que j’aimerais de te dire.

  1. Donne-toi du temps.

Même si tu l’as porté en toi pendant neuf mois, ce petit être magnifique, tu apprendras à le connaître chaque jour de sa vie. N’angoisse pas si parfois, tu ne sais pas quoi faire. Chaque jour, tu prendras confiance en toi et tu prendras toujours les meilleures décisions pour lui au meilleur de ta connaissance.

  1. Allaitement ou biberon

Un gros débat dans lequel je ne me lancerai pas. Je suis pour le choix. Choisis ce qui te rend le plus confortable, ce qui te rend heureuse. Un bébé a besoin d’une maman en accord avec ses choix, il a besoin d’une maman heureuse.

  1. Dors

À la suite de l’accouchement, il y a cette période d’adrénaline où nous nous sentons forte et invincible. Dors quand ton bébé dort, parce que cette adrénaline finira par tomber et la fatigue arrivera.

  1. Les coliques

Il n’y a pas de remède miracle, sauf le temps. C’est épuisant et éreintant, mais ça finit par passer.

  1. Les dents

(voir coliques)

  1. Les maladies

Lorsque le temps sera venu pour toi de retourner au travail, bébé ira en garderie. La première année, il sera souvent malade (rhume, gastro, fièvre, alouette !). Ne t’en fais pas, il vieillira et son système immunitaire se renforcera. Une fois à l’école, tu pourras prendre des congés de maladie pour toi (parce qu’enfin, il t’en restera).

  1. Tu es sa maman

Il n’y a que toi et le papa qui savez ce qu’il y a de mieux pour votre petit trésor. Tout le monde aura son mot à dire. Faites-vous confiance.

  1. Ton instinct

Un instinct de maman ça se trompe rarement. Tu comprendras le sens de cette phrase très bientôt.

  1. Post-partum

Ce n’est pas une légende. Ça existe et c’est fréquent. Il ne faut pas avoir peur d’en parler à ton médecin. N’hésite pas à demander de l’aide lorsque tu te sens dépassée, que tu vives un post-partum ou pas.

  1. Le temps passe vite

Profite de tous les petits moments avec ton bébé. Le temps passe si vite. Dans un avenir rapproché, tu vivras sa rentrée scolaire en te disant que tu as pourtant l’impression de venir d’accoucher.

  1. Le soleil et les tempêtes

Être maman, c’est une montagne russe d’émotions et d’aventures. Prends le temps de savourer le premier sourire (et tous ceux qui suivront). Le premier « maman » sera une douce musique à tes oreilles. Ton cœur flanchera lorsque, pour la première fois, il courra vers toi, enroulera ses bras autour de ton cou et te dira « Je t’aime maman ! » Célèbre chacune de ses réussites, si petites soient-elles. Garde chacun de ces moments dans ta mémoire, car ce sont eux qui te permettront d’affronter les tempêtes. Parce que, oui, il y en aura.

  1. Être maman, c’est pour la vie

Il n’y aura jamais de fin à ton contrat tant que tu vivras. Même s’il a quarante ans, ton enfant restera toujours ton petit bébé. Tu t’inquiéteras toujours autant pour lui et tu l’aimeras toujours autant.

Être maman sera la plus belle aventure de ta vie.

Mélanie Paradis

 

La fête de tous les Pères

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Lorsque je suis venue au monde, il y a 31 ans de cela, deux hommes impatients attendaient de voir la binette du petit miracle que j’étais. Le premier, tellement fébrile devant l’accomplissement de l’impossible grâce à l’insémination artificielle par un donneur inconnu. Celui qui allait devenir mon précieux papa et cela contre toutes attentes et après une grosse dizaine d’années d’espoir.

Et un deuxième, un jeune homme fringant aux portes de la vingtaine qui allait devenir mon oncle. Je n’étais pas encore là que notre belle et grande histoire en était déjà à ses premières pages. Cet homme n’était en rien lié à moi par le sang, mais son amour serait de toute façon plus fort que n’importe quelle parenté. Il était le chum de ma tante, la sœur de ma maman.

Dans la plupart de mes souvenirs, il est là, avec ses folies, ses larmes de bonheur et ses grands élans de tendresse. Il m’a toujours protégée comme si j’étais sa propre fille et ce, même après la naissance des deux siennes. Je suis simplement devenue « sa plus vieille ». Jamais, au cours de ma vie, son attachement envers moi n’a changé : il avait été là à mon premier souffle et il continuerait d’être présent toute ma vie comme s’il l’avait promis à l’univers.

Quand ma fille est née, il est devenu fou d’amour. Son amour a simplement doublé à l’arrivée de mon fils et il est devenu pour eux le même oncle précieux qu’il était pour moi. Quand mon père nous a quittés, il a pris une place encore plus spéciale, son amour pour nous s’est une fois de plus multiplié pour combler tous les petits trous laissés par ce grand départ.

Mon onc’ Charley, c’est le clown musical de service, spécialisé en éclats de rire sincères. C’est un homme de musique, de passion et de bonheur, c’est un homme vrai et tous ceux qui le connaissent ou le côtoient sont d’accord. Ses folies sont rassurantes et ses câlins sont authentiques. C’est le plus sensible des comiques ; d’ailleurs, il ne réussira certainement jamais à lire ce texte, et quand ma tante essaiera de le lui lire à voix haute, il risque de ne pas s’en remettre, étouffé dans ses sanglots.

Mais comme la fête des Pères est la fête de tous les hommes importants dans la vie d’un enfant, c’est la fête de tous les hommes présents et aimants. Et mon onc’ Charley, comme tu es exactement ça, je ne pouvais simplement pas passer à côté de cette occasion de te dire : je t’aime.

 

Karine Arseneault

Un nouvel être

Aujourd’hui, tu as débarqué. Tu es sorti de moi et tu as poussé

Aujourd’hui, tu as débarqué. Tu es sorti de moi et tu as poussé ton premier cri. Mon cœur a immédiatement explosé d’amour. Un amour dont je ne soupçonnais pas l’existence. Un nouvel être est né. J’ai l’impression que le monde entier danse de joie !

C’est incroyable comme tu es parfait. Je ne me lasse pas de te regarder. Ta peau est si douce. C’est tellement apaisant de te sentir contre moi, et la chaleur de ton souffle sur ma poitrine est rassurante.

Ta tête si petite, tes oreilles, ton nez, ta bouche, tes doigts si longs et minuscules et tes adorables pieds… j’ai du mal à réaliser que mon corps a fabriqué tout ça. Cellule après cellule, un magnifique assemblage… J’oublie la douleur, j’oublie les mois de nausées, j’oublie la fatigue, j’oublie la peur… Je me laisse flotter dans ce bonheur, bien au chaud dans notre bulle. Mon bébé…

Je sais que demain, tu auras déjà changé. Je sais que tout va trop vite. Je savoure chaque seconde, j’admire chaque bouffée d’air qui remplit tes petits poumons et j’écoute chaque gorgée de lait que tu avales. Je suis là… pleinement consciente de la magie de cet instant unique.

Je décide de boucher mes oreilles sur le monde extérieur, de fermer mes yeux et d’être juste avec toi. Mon nouveau petit être. Ton papa et moi, nous avons créé ta vie en nous aimant si fort. C’est universel, simple et tellement incroyable !

Je veux te bercer encore et encore. Tu peux rester là, contre moi ; on est si bien… Tu es comme le prolongement de moi. Nous avons la vie pour apprendre à nous éloigner. Alors profitons, mon bébé… Profitons de cette douceur infinie qui surgit quand un nouvel être prend vie.

Gwendoline Duchaine

 

Petit cours prénatal tout en humour pour futurs papas inexpérimentés

Hello mon homme. Tu as très hâte à l’arrivée de ton b

Hello mon homme. Tu as très hâte à l’arrivée de ton bébé, mais lire les 1001 livres sur le sujet que ta femme a lus en moins de deux ça ne te branche pas vraiment? C’est pas grave! Voici une liste de faits cocasses sur la grossesse, l’accouchement et la petite vie postnatale qui pourrait t’éviter bien des surprises!

– Yo! Tout d’abord : ta blonde veut un bébé, mais tu te demandes si tu es prêt? Tu peux tester tes aptitudes en logistique familiale en te pliant à un exercice des plus simples. Promène-toi toute la journée avec une poche de farine dans un bras, et tente malgré tout de fonctionner : passe le balai, mets la table, pitonne à ton ordinateur, toujours sans jamais lâcher ladite poche… Si tu réussis malgré cette entrave à arriver au bout de ta journée (en te fixant des objectifs raisonnables), ben félicitations, tu es prêt à être père!

– Tout au long de la grossesse, mais de façon plus prononcée vers la fin, il se pourrait que ta femme ait mal à des endroits bizarres. Oui, y’a le très connu mal de dos, mais certaines femmes ont mal à des endroits plus ténébreux, comme l’aine et la vulve. C’est normal : ça pèse un bébé, un placenta et un gros utérus gorgé de liquide amniotique.

– Oh oui, pis, vers la toute fin aussi, elle risque d’avoir vraiment les lèvres enflées. Pas celles situées sous son nez, mais bien celles situées sous son nombril!

– Yo, en fin de grossesse, beaucoup de femmes ont le flux. C’est normal, leur corps se prépare à se vider de pas mal de choses, alors les selles (pour lors liquides) y passent aussi.

– Oh pis, parlant de caca, ta femme… elle risque d’en produire et d’en évacuer durant l’accouchement. Eh oui, c’est sûr que c’est dégoûtant à priori, mais impossible de forcer du bas ventre en ouvrant la valve vagin et en fermant la valve anus. Qui dit sortir un bébé dit sortir du caca.

– Yo, ton bébé, il va peut-être naître couvert d’une substance blanche bizarroïde, de sang et de caca (le sien, car certains bébés, sous le stress de l’accouchement, défèquent dans le ventre de leur mère). Don’t panic! On aspirera rapidement ses voies respiratoires pour s’assurer qu’il n’y a pas de caca dedans, et ça risque de s’arrêter là. La substance blanchâtre, appelée le vernix, sert à protéger le bébé. Et le sang (de l’utérus de ta femme), bah, s’il est là en relative petite quantité, y’a pas de raisons de s’inquiéter.

– Ton bébé, ton premier, il va peut-être avoir une tête de ballon de football en naissant. Don’t panic! C’est normal, sa tête molle a pris la forme du bassin de ta blonde. Ça va rapidement se replacer, en dedans de quelques heures.

– Oh pis, il se peut qu’il soit bleu. Tu vas peut-être avoir le temps de formuler dans ta tête « Mais c’est un schtroumpf! » avant de te rappeler que, ça va, c’est normal!

– Yo, ton fils aura des testicules deux fois plus gros que son pénis à la naissance, et c’est normal. Ta fille aura les lèvres de la vulve enflées, et c’est normal aussi. Encore une fois, weird, mais normal : P

– Ta femme, en accouchant naturellement ou avant qu’elle ne reçoive l’épidurale, elle risque de gémir, de crier. Ces cris vont peut-être te rappeler des nuits olé olé que vous aurez passées tous les deux. Don’t panic! C’est normal! Qu’elle crie de douleur durant l’accouchement ou de plaisir durant l’amour, reste que c’est la même femme qui crie. C’est donc normal que ce soit similaire, même si, on s’entend, les sensations sont diamétralement opposées.

– Ou ta femme peut aussi se mettre à faire des sons extrêmement graves que tu pensais qu’elle ne pourrait produire qu’avec un saxophone baryton. C’est normal! Faire des sons graves durant l’accouchement permet une meilleure ouverture du bassin et du vagin pour faire sortir le bébé. Ne ris pas, et même, tiens : sois solidaire, et encourage-la en émettant ces sons graves avec elle, surtout si tu sens que la douleur des contractions monte et que ta femme tend à vouloir pousser des sons plutôt aigus. Sons aigus = fermeture du bassin et du vagin. Tu ne veux pas ça.

– Même chose avec la respiration! Si tu sens que la douleur l’empêche de plus en plus de prendre de longues respirations, respire lentement (et bruyamment quand même, pour qu’elle t’entende. Pense à la respiration de ta grosse tante fumeuse depuis 1959) pour l’aider à revenir à ce rythme. Tu vas alors voir que tu as ton utilité durant l’accouchement!

– Yo, il se pourrait que ta douce moitié chiale pas mal aussi durant l’accouchement. Même si tu la trouves chialeuse et désagréable, ce qui sort de ta bouche doit lui donner l’impression qu’elle est une déesse! « Tu es merveilleuse, belle, bonne, fine, capable », n’importe quoi! : P

– Hé hé, certaines femmes ont une haleine PUTRIDE durant l’accouchement. C’est en partie hormonal et en partie aussi dû au fait qu’elles soufflent beaucoup durant l’accouchement. C’est normal, et il faudra vraiment que tu « prennes sur toi ». Si tu es proche d’elle, elle va sûrement te souffler son haleine de poisson en plein dans les narines. Il te faudra être tough, solide, et faire semblant de rien! Bonne chance 😉

– Yo, après la naissance de votre bébé, ça risque de lui prendre un p’tit bout avant de vouloir refaire des prouesses au lit. Premièrement, son cerveau va focaliser sur une seule et même chose : votre bébé. Deuxièmement, elle va se sentir probablement slaque de la noune et du ventre pendant quelques semaines, ce qui est pas mal un libido-killer. Troisièmement, elle risque d’accumuler pas mal de fatigue au fil des jours et des semaines, ce qui ne donne vachement pas envie de façon générale de s’adonner à une petite partie de jambes en l’air, aussi tendre soit-elle. Et, finalement, beaucoup de femmes ne récupèrent leur libido qu’une fois leurs menstruations revenues. C’est hormonal! Si certaines femmes ont leur retour de règles quelques semaines seulement après l’accouchement, d’autres peuvent attendre jusqu’à deux ans avant de revoir des gouttelettes de sang dans leur fond d’bobette. Deux mots : sois patient.

– Yo, une fois le bébé né (ou même parfois avant!), quand ta femme vivra une émotion forte, y’a des chances qu’elle se mette à pisser du lait (si elle allaite, bien sûr). En entendant son bébé pleurer, en pensant à son bébé resté à la maison avec toi quand elle est à l’épicerie… en faisant l’amour! Don’t panic, c’est normal. Garde le focus, ne la fais pas sentir mal de ça, surtout durant l’action. Bon, après l’amour, tu peux peut-être le mentionner avec un petit sourire en coin (car reste qu’une douche de lait, c’est cocasse) : vas-y selon le degré de susceptibilité de ta blonde. Après tout, tu la connais, tu sais si elle a un bon sens de l’autodérision. En rire gentiment peut devenir un beau moment de complicité! Tiens compte de son état général du moment aussi. Si elle déprime à cause des changements corporels qui viennent de pair avec l’arrivée d’un bébé, tiens ça mort!

– Le début de la lactation (fabrication du lait dans les boules de ta blonde) demande beaucoup à la femme. Certaines font de la fièvre, mais c’est surtout des liquides du corps dont je veux te parler. Tous les liquides produits par ta femme seront sollicités à cet effet. Par conséquent, ta blonde, elle va avoir vachement soif en allaitant, alors sois un ange et amène-lui un grand verre d’eau lorsqu’elle allaite 🙂 Ensuite, fait étonnant, il se pourrait qu’elle soit temporairement assez sèche entre les deux jambes. Si elle est willing de faire l’amour avec toi, cours donc chercher du lubrifiant!

– Yo, le baby blues (petite déprime hormonale post-accouchement) est sous-estimé. Ta blonde va pleurer comme une madeleine (à gros sanglots là) pour n’importe quoi. Laisse-la pleurer pis flatte-lui les cheveux en lui disant que tu l’aimes et qu’elle est belle (même si ça risque de la faire pleurer un peu plus!).

– Quelques semaines après avoir donné naissance à votre progéniture, ta femme aura ce qu’on appelle des lochies : des genres de turbo méga menstruations. Certaines femmes saignent sur un moyen temps, alors attention, papas sensibles!

– Si ton bébé est un garçon, il faut le changer de couches en trente-deux secondes ou moins. Sinon : POMPIER!

– Oh pis, peu importe le sexe de ton bébé, sache qu’un pet en plein changement de couches peut te repeinturer une chambre en moins de deux. Il faut être efficace!

– Et ce n’est pas parce que bébé est dans le bain qu’il ne peut pas faire caca.

– Yo, aussi étrange que ce soit, un nombre impressionnant de bébés font de l’acné durant leurs premières semaines de vie. C’est normal! C’est dû au boost d’hormones maternelles durant l’accouchement, absorbées par le bébé. Certains bébés (gars et filles si je ne m’abuse) peuvent même avoir un peu de lait dans leurs mamelons (renseignez-vous sur la bonne réaction à avoir en pareilles circonstances), et les fillettes peuvent même avoir des mini-menstruations. C’est normal! On s’entend : c’est weird, mais normal ;p

– Le bout de cordon accroché au nombril de ton bébé restera pour quelques jours. Il faut attendre qu’il s’assèche complètement et tombe de lui-même. Il faut savoir que c’est un corps en putréfaction, donc, ça peut chlinguer sur un moyen temps! Des odeurs immondes peuvent émaner de cette région, et c’est normal, tant que la région du nombril n’est pas chaude (signe d’infection).

– Ton bébé risque de loucher les premières semaines. Don’t panic! C’est juste que sa vision n’est pas encore des plus excellentes. Aussi, la forme de nez de certains bébés peut donner l’illusion d’optique que le bébé louche quand en fait, il ne louche pas.

– Et yo, étonnamment, les selles d’un bébé uniquement allaité ne sentent presque rien! Enjoy, mais prépare ton masque à gaz pour l’introduction de l’alimentation solide vers l’âge de sept mois!

Des questions?

Véronique Foisy

Jumeau perdu, jumeau vécu (première partie)

Nous écrivons ce texte à quatre mains en souvenir des deux cœurs

Nous écrivons ce texte à quatre mains en souvenir des deux cœurs que nous avons portés. Nous avons toutes deux vécu une grossesse gémellaire qui s’est soldée par le décès in utero d’un des jumeaux et la naissance d’un bébé vivant.

L’annonce d’un bonheur multiplié par deux

Nathalie : En clinique de fertilité, j’avais annoncé au médecin que j’étais en train de devenir enceinte de jumeaux. Il ne me croyait pas. Le jour même de la prise de sang confirmant la grossesse, le médecin m’envoyait passer une deuxième prise de sang dès le lendemain. Je savais intuitivement que le taux de HCG était dans le piton et le lendemain, il atteignait l’Everest. Huit semaines après l’insémination, l’échographie nous montrait deux cœurs et deux mini embryons.

Mélanie : Premier mois d’essai, première grossesse. Je tenais le test de grossesse dans mes mains, fébrile, un mélange de toute sorte de sentiments virevoltait en moi. J’étais heureuse, inquiète, j’avais peur, j’avais hâte. J’ai su tout de suite que cette grossesse était spéciale. J’avais tous les symptômes puissance dix et très tôt. Déjà à neuf semaines, j’avais un petit bedon. J’ai dû aller m’acheter des pantalons de maternité. Les gens qui me rencontraient me disaient : « Mon Dieu! Tu grossis vite! Tu attends sûrement des jumeaux. » Je ne savais pas, dans le temps si tout se passait bien. On n’avait pas d’écho avant dix-neuf semaines, mais quelque chose en moi savait. Une première intuition de maman, je suppose.

Adieu, mon bébé

Nathalie : Le lendemain de l’échographie de huit semaines, je partais enseigner en France pendant un mois. Comme pour mes grossesses précédentes, j’avais peu de symptômes, mais la fatigue était plus grande. En lisant à propos des grossesses gémellaires, j’ai appris qu’il pouvait arriver qu’un seul fœtus se rende à terme. (Je sais maintenant que ça arrive très souvent, mais que la plupart du temps, le jumeau disparaît sans que personne n’ait connu son existence. Il peut même être « absorbé » par l’autre bébé). Une semaine avant de revenir au Canada est née en moi l’intuition que je ne donnerais naissance qu’à un seul bébé. Cette idée s’est transformée en certitude.

À treize semaines d’aménorrhée, je séjournais chez ma mère avec mes deux filles. J’ai commencé à avoir mal au ventre et au cœur, comme si j’avais une indigestion. Après quelques jours, je suis partie seule au cinéma. La noirceur et la solitude m’ont fait du bien et m’ont remise sur pied. Mais la nuit suivante, à cinq heures, j’ai senti un liquide couler entre mes jambes.

Je suis allée à la salle de bain et j’ai accueilli dans mes mains un caillot d’une longueur de dix centimètres. Je ne voulais pas réveiller mes filles. Je ne voulais pas qu’elles voient cette boule sanglante. J’avais peur de les traumatiser, alors j’ai déposé mon bébé dans l’eau froide de la toilette et j’ai fait partir l’eau. Comme si je le baptisais.

Quelques heures plus tard, un médecin confirmait par échographie qu’un des fœtus avait laissé derrière lui un hématome de quelques centimètres. Sur l’écran noir et blanc, je voyais un bébé, un seul, étendu de tout son long puisqu’il avait soudainement beaucoup d’espace. Alors que je sentais déjà les mouvements des bébés dans mon ventre avant la fausse couche, j’ai dû attendre la vingt-quatrième semaine avant de recommencer à sentir mon bébé bouger. J’étais inquiète, j’avais peur d’être dans le 50 % malchanceux de celles qui perdent le deuxième fœtus même s’il est en santé.

Pourtant, je n’ai eu aucune hémorragie. La grossesse s’est poursuivie comme si de rien n’était, comme si je n’avais pas perdu la moitié de mes espoirs.

Mélanie : J’avais fait le voyage jusqu’à Québec pour faire les boutiques de maternité. Le lendemain de mes achats, mon gros bouvier bernois est tombé malade. Très malade. J’ai dû prendre la décision de le faire euthanasier. Pourquoi je vous raconte ça? Parce que c’est là que le destin a frappé. Je pleurais beaucoup, je l’aimais tellement, ce chien-là! Je pleurais même sans arrêt. J’ai commencé à avoir mal au ventre, je me suis dit que je pleurais trop, que ça devait être ça. Un peu plus tard, j’ai su que quelque chose n’allait pas.

En allant faire pipi, je me suis relevée et l’eau de la toilette était rouge, beaucoup trop rouge. Je paniquais, j’étais à Québec, je ne savais pas où aller. J’ai pensé téléphoner à une amie qui était dans la région. Elle m’a dit : « J’arrive ». Elle m’a conduite à l’hôpital. Je saignais beaucoup. Au triage, l’infirmière, avec toute sa délicatesse, m’a dit : « Ton bébé, tu l’as perdu, il y a beaucoup trop de sang. Le médecin te verra plus tard, retourne dans la salle d’attente ».

Assise sur la petite chaise droite de la salle d’attente, je pleurais en silence. J’attendais que le médecin confirme la nouvelle. J’ai attendu longtemps. La salle était bondée. J’ai finalement vu le médecin urgentiste. Il m’a examinée et a confirmé beaucoup plus gentiment que je n’étais probablement plus enceinte. Il m’a envoyée passer une écho pour être certain qu’il ne restait plus rien. Encore de l’attente, avec un peu d’espoir… Je flottais dans une sorte de bulle je ne voulais juste pas croire que tout ça était vrai.

Finalement installée sur la table d’échographie, le technicien en radiodiagnostic a posé le petit machin sur moi. Il m’a dit : « Je ne comprends pas, tu es toujours enceinte ». Un profond soulagement s’est installé en moi. « Mais il y a un hématome plus bas. Tu étais enceinte de jumeaux, maintenant il n’en reste qu’un. »

J’étais toujours enceinte, mais un des bébés avait repris ses ailes d’ange sans que je puisse le tenir dans mes bras… Un mélange de désespoir et d’espoir s’était installé en moi. Je pleurais mon bébé perdu, mais j’étais soulagée pour le bébé qui se battait toujours pour rester.

À suivre…

http://jumeauxandco.com/grossesse-gemellaire-2/le-syndrome-du-jumeau-perdu/

http://jumeauxandco.com/interviews/conseils-dexperts/devenir-parents-de-jumeaux-quels-impacts-psychologiques/

Nathalie Courcy et Mélanie Paradis

Césarienne : On m’a volé mon bébé.

Tu bougeais dans mon ventre, nous étions ensemble, tu étais en moi

Tu bougeais dans mon ventre, nous étions ensemble, tu étais en moi. Lorsque je mettais ma main sur ma bedaine, tu venais te blottir… Et d’un coup, sans prévenir, la douleur a commencé. Si fort. J’avais si mal. Tu allais arriver! Je ressentais un mélange de joie et de terreur. Ta naissance était imminente!

Lorsque j’ai compris que ça n’allait pas… quand j’ai vu les médecins et les infirmières courir… Quand j’ai croisé leur regard grave… l’angoisse c’est installée en moi. Que se passait-il?
Tout est allé vite, si vite, trop vite.
Je me suis retrouvée seule au bloc opératoire, sans mon chéri à mes côtés. Seule avec cette idée que nous allions mourir toi et moi. Seule avec ce chirurgien qui m’annonçait qu’il me couperait en deux et te sortirait de mes entrailles.

On m’a volé mon bébé. On l’a arraché de moi. On m’a volé ta naissance. Je ne t’ai pas mis au monde : j’ai été opérée d’un enfant. On m’a volé mon estime de moi. On m’a volé ma maternité. On t’a sorti violemment de mon corps.

Puis il y a eu la douleur. La douleur lancinante qui me prenait la joie de ta venue au monde. Chaque respiration faisait mal. Clouée dans mon lit d’hôpital, accrochée aux tubulures, me tordant de douleur. C’était ça, être maman?
Je ne pouvais pas me lever, alors… j’ai manqué ton premier bain, j’ai manqué tes premières couches, j’ai manqué tes soins. Il a fallu que tu aies trois jours avant que je te vois tout nu. À chaque pas, j’avais mal. Mal à mon ventre et mal à mon âme. On m’avait volé mon bébé.

Je me suis sentie devenir mère en bataillant comme une folle contre les professionnels de santé, pour te donner exclusivement mon lait. Mon corps fabriquait ça pour toi. On m’avait volé ta naissance, alors je me suis vengée. Mon corps n’avait pas été capable de te mettre au monde, mais il t’a nourri pendant deux ans.

La césarienne est une chirurgie. Ce n’est pas anodin. La cicatrice fait mal longtemps. Chaque fois que tu tétais, mon ventre se tordait douloureusement. Je ne pouvais pas manger normalement, j’avais si faim! Pour moi, la césarienne était un échec, une défaite.

Et il y a les gens…

– Tu es chanceuse, tu es comme neuve en bas.
– Au moins, tu n’as pas ressenti la douleur des poussées.
– J’aurais tellement aimé avoir une césarienne…

Oh! non, tu n’aimerais pas ça… ça hypothèque ta santé pour le reste de ta vie. Il faut des mois pour s’en remettre et une année pour ne plus avoir mal à chaque cycle qui revient. Il y a tout ce sang que tu perds, il y a les adhérences, il y a le risque d’infection, la crainte de faire une phlébite et les injections d’anticoagulants que tu dois t’administrer chaque jour pendant des semaines.
Crois-moi… ça ne te tente pas…

Une semaine après la naissance, en poussant la porte de la maison, j’ai fondu en larmes. Ça ne devait pas se passer comme ça. Dans mon livre à moi, notre histoire ne s’écrivait pas ainsi. On m’a volé mon bébé…

Accoucher d’un bébé du temps des Fêtes

Mettons quelque chose au clair tout de suite : mon but n’est pas

Mettons quelque chose au clair tout de suite : mon but n’est pas de partir un débat sur la meilleure ou la pire période de l’année pour accoucher. Mais on s’entend qu’une naissance entre Noël et le Jour de l’An, ce n’est pas le jack pot? Pour les parents quand ça arrive et pour l’enfant tout le reste de sa vie…

Mes deux filles aînées sont des bébés de printemps. La belle vie, à part pour le prix exorbitant des manteaux d’hiver de maternité et pour les risques de chutes sur la glace. Crampons aux bottes et bras galants pour nous soutenir font habituellement le travail.

Mon médecin a déclenché mon troisième accouchement à quarante semaines un 25 janvier, sinon j’aurais accouché de Hulk. Il n’y avait plus grand’ place pour la tourtière et les petits œufs farcis, mais j’ai pu danser quelques gigues pendant les partys des Fêtes. Surtout, mon garçon peut inviter des amis à sa fête sans qu’ils soient déjà coincés dans des soupers de Noël ou partis se chauffer la couenne dans le Sud.

Mais pour mon dernier, ce sera différent. On l’attendait vers le 10 janvier. Je n’avais jamais accouché à l’avance, ma poche des eaux ne crevait jamais seule, bref, on s’attendait à ce qu’il cuise au four jusqu’à sa date prévue le lancement.

En novembre, j’ai attrapé une saleté de bronchite. Soignée naturellement et à grands coups de repos et de liquide. De rendez-vous médical en rendez-vous médical, les choses ne s’amélioraient pas. «Je ne donne pas d’antibiotiques, c’est presque fini», me répétait le médecin. Pendant ce temps-là, je toussais ma vie.

Quelques jours avant Noël, je suis allée voir le spectacle de Jean-Michel Anctil avec mon amoureux. On a ri comme des fous, mais on a aussi toussé sans arrêt pendant trois heures. Je m’excuse aux personnes des rangées J et K du balcon de la salle Odyssée. Le lendemain, chaque fois que je toussais, une minuscule quantité de liquide coulait. Je savais bien que ce n’était pas de l’urine. Mais je préférais jouer à l’autruche pour ne pas accoucher avant trente-sept semaines.

On a passé Noël dans notre cocon familial. Mon format gargantuesque faisait de la compétition à la largeur du sapin de Noël. Et gagnait. Je n’osais pas dire à mon mari que ma poche des eaux était sûrement fissurée, je ne voulais pas qu’il me force à entrer à l’hôpital.

Noël a passé. L’anniversaire de ma mère a passé (c’était déjà difficile pour elle d’avoir sa fête entre le petit Jésus et la nouvelle année, je ne voulais pas en plus lui faire le coup du nouveau-né qui vole toute l’attention!). Le 29 décembre, à cinq heures du matin, j’étais réveillée et ça coulait doucement entre mes jambes. À peine plus que la veille. À sept heures : «Chéri, faudrait que tu te lèves. Je vais aller à la maternité, je suis pas mal certaine que c’est aujourd’hui qu’on va rencontrer notre petit chou. »

« Ben voyons! Tu n’as même pas de contractions! »

J’ai appelé une amie pour qu’elle m’accompagne jusqu’à l’hôpital. Ma mère pour qu’elle annule son souper des Fêtes (désolée encore!) et qu’elle se tape cinq heures de route en pleine tempête pour prendre le relais auprès des enfants. L’hôpital pour qu’ils préparent le test qui détecte le liquide amniotique.

Pendant que le papa finalisait les bagages et le ménage, je me conduisais moi-même vers l’hôpital. « Bon ben, madame, c’est aujourd’hui que ça se passe! »

Le temps d’installer le soluté et de shooter l’ocytocine, j’ai pu finir de tricoter le bonnet de naissance de mon bébé. « Ouin, c’est pas votre premier, hein? »

« Non, mais c’est le premier dans le temps des Fêtes ».

Un beau bébé est arrivé un peu après le souper, et on a pu retourner à la maison le 31 décembre en après-midi. Notre réveillon a été magasiné dans le rayon des surgelés à 16 h 44. J’ai regardé le Bye Bye avec mon mari pendant que j’allaitais mon nouveau-né.

Depuis, mon fils reçoit tous ses cadeaux de l’année en moins d’une semaine, la moitié des présents emballés en rouge et vert, les autres  avec du papier d’anniversaire. Ou il reçoit des plus gros cadeaux. Il fêtera son anniversaire avec ses cousins et ses cousines plutôt qu’avec ses amis tant que nous célébrerons les Fêtes ailleurs qu’à la maison. Il aura sûrement ensuite une « fausse fête » après le retour à la routine scolaire.

Peut-être qu’à l’occasion, il sera de ceux qui vont dans le Sud pour se faire dorer la couenne pendant les vacances des Noël. Mais peu importe, nous essaierons chaque année de lui créer des souvenirs uniques de son anniversaire.

Nathalie Courcy

Choisir un prénom : Expédition à travers une forêt dense

Parce que la parentalité commence dès l'instant où apparait un pe

Parce que la parentalité commence dès l’instant où apparait un petit signe positif sur le test de grossesse, nous vous proposons aujourd’hui une brève randonnée dans la forêt foisonnante des prénoms, de laquelle il n’est pas certain que vous ressortiez vivants!

 

Côté prénoms : quelles sont les tendances au Québec ?

Thomas, Charlotte, Félix ou Camille ? William, Emma, Elliot ou Kelly ? 

 

Le retour de vieux prénoms

Les données sont claires : les vieux prénoms reviennent en force, tant pour les masculins que les féminins! Alors que certains parents préfèrent en choisir des plus « classiques », comme Juliette, Alice, Léonie, Antoine, Henri et Émile, d’autres se laissent tenter par des prénoms moins souvent attribués dans les dernières décennies. Il n’est donc pas rare de tomber sur des petits Caleb, Hubert, Léon, Jules et Éloi, et des petites Simone, Éléonore, Agathe, Estelle et Clémence.

Si comme ces parents vous vous prenez d’affection pour ces prénoms des siècles passés, sachez que votre enfant ne sera pas une bibitte extraterrestre pour autant! Vous pouvez donc prendre part à cette dynamique vague qui ne va qu’en accélération, mais si vous désirez vous joindre à la danse tout en restant un brin en marge, vous pouvez toujours dépoussiérer un prénom pas encore si souvent donné dans cette ère qui nous est contemporaine. Agnès, Aimée, Cécile, Félicité, Gemma ; Laurier, Edmond, Hector, Maximilien, Wilfrid : les choix ne manquent pas!



L’influence
anglo-saxonne sur le choix ou l’épellation des prénoms

Les transferts plus directs de la culture anglo-saxonne dans l’univers des prénoms sont aisément visibles par le biais, d’abord, des Kate, Logan, Emy, Zack, Madison et James que l’on retrouve ces dernières années. Toutefois, cette vogue de la culture anglaise peut aussi s’imposer d’une façon plus subtile, comme en priorisant la lettre « y », qui supplante de plus en plus la lettre « i », particulièrement dans le cas des prénoms féminins. Ainsi, Lili devient Lily, Mélodie devient Mélody, Livia devient Lyvia ou Livya… D’autres lettres connaissent un sort semblable: le « z » peut parfois prendre le pas sur le « s » comme dans Élisabeth (Élizabeth), le « k » peut se greffer à un prénom qui n’en nécessite pas un dans sa forme originale (Zacharie devient Zackarie).

 

La création de prénoms tout à fait inusités

Si ce courant est pour l’instant plus timide, il n’en demeure pas moins qu’il gagne en importance. C’est par souci de complètement se distancer des prénoms à la mode que certains parents opèrent à grands coups de créativité pour adouber leur enfant d’un prénom original, de sorte qu’il est de moins en moins rare qu’on rencontre des bouts de choux avec des prénoms uniques: des Théana, des Louam, des Daiwa, des Ema-Lee… Vous pouvez donc prendre part à ce bourgeon de mouvement en soudant ensemble, à votre tour, des syllabes et lettres qui vous font rêver!

 

Maintenant que vous savez ce qui en est aujourd’hui, en termes de prénoms, vous savez quoi faire pour donner un prénom dans le vent à votre enfant. Si toutefois vous désirez plutôt prendre vos distances avec ces grandes vagues…

 

Voici quelques pistes possibles à emprunter

 

  • Faire ressortir des prénoms de votre propre génération. Ceux-ci ne sont pas du tout à la mode en ces années 2010. Vous pouvez y aller avec une Marie-Quelque chose (Ève, Claude, Claire, Soleil, Philippe, Andrée, Neige, Ange…), un Marc-Quelque chose (André, Olivier, Antoine, Aurèle…), un Jean-Quelque chose (Philippe, François, Sébastien…) ou même un Pierre-Quelque chose (Luc, Marc, André, Alexandre…). Les Caroline, les Valérie, les Julie, les Yannick, les Christian et les Martin ont en effet presque complètement disparu de la carte!
  • Retourner à l’épellation originelle. Opter pour une version plus épurée d’un prénom dont la mélodie vous fait vibrer. Revenir à son expression la plus simple, sans forcément ajouter des lettres.
  • Déconstruire un prénom en vogue. Vous aimez « Florence », mais ça vous dérange qu’il fasse partie du top 5 des prénoms féminins de 2015 ? Optez pour une version alternative de ce beau nom: Florie, Flora, Flore ou même Fleur! Emma peut devenir Emmanuelle, Emmy ou Émeraude, Alice peut se transformer en Aline, Noah se métamorphoser en Noam ou en Noé, Hubert se transmuter en Aubert ou en Hébert…
  • Éviter les prénoms en « ia » ou en « ya », car ces temps-ci, ils fusent vraiment de partout! Mia, Olivia, Sofia, Victoria, Maya, Alicia, Amélia…

 

 

Si suite à la lecture de cet article vous vous sentez étourdi par tous ces courants et contre-courants, prenez un moment de repos et de recul, fermez les yeux, et arrêtez tout simplement votre choix sur un prénom qui emplit votre coeur d’étincelles durables. N’est-ce pas, après tout, la seule règle d’importance, choisir un prénom avec amour ?

 

*Notre petite étude maison s’est basée principalement sur les 150 prénoms les plus populaires de l’année 2015 pour les garçons et les filles.