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Lory répond à vos questions sur l’image corporelle

Le 18 juillet dernier, nous avons lancé la chronique de questions-

Le 18 juillet dernier, nous avons lancé la chronique de questions-réponses en lien avec la psychologie. Merci à ceux et celles qui ont participé, tant sous la publication que par courriel! Voici les questions que nous avons retenues!

Mélanie P. nous a écrit :

« J’ai trois jeunes filles, j’ai terriblement peur qu’un jour, elles souffrent de troubles alimentaires. On les bombarde tellement d’images de filles parfaites. Comment les aider à s’accepter, s’assumer? Quels signes à surveiller pour déceler un trouble alimentaire? »

Émilie G. nous a également écrit :

« J’ai une jeune fille de onze ans et elle se “trouve grosse”, veut maigrir et se compare énormément à ses amies. C’est normal de se comparer, mais comment l’aider à s’accepter sans parler de régimes et autres? Également, elle a récemment commencé à comparer son visage et ses sourcils à ceux des mannequins que l’on voit à la télé et qui ont des sourcils parfaits! Comment l’accompagner à ce sujet? »

 

Ce sont deux excellentes questions qui regroupent plusieurs aspects importants.

  • La prévention

D’abord, Émilie et Mélanie, vous semblez toutes les deux conscientes que vous pouvez jouer un rôle aidant auprès de vos enfants! En effet, le contexte dans lequel les enfants évoluent peut influencer leur image corporelle.

Ma première question serait donc : quel genre de discours est véhiculé à la maison par les adultes? Parfois, des messages sans mauvaises intentions laissent des traces : « Mon Dieu, j’ai pris du poids! Je ne rentre même plus dans ma robe! »; « Ben voyons, je ne mettrai pas de bikini à la plage! »; « Papa commence à avoir une grosse bedaine de bière! ». Ce genre de phrases qui met l’accent sur le poids peut laisser entendre à l’enfant que l’apparence du corps a une grande place au sein de la famille. Parfois, ce ne sont pas des phrases, mais plutôt des actions qui sont parlantes, comme lorsque le souper est de la lasagne et qu’un membre de la famille mange uniquement la salade pour respecter une diète. Les enfants sont très alertes à tous ces petits signes et les interprètent à leur façon. Il faut donc prendre conscience de votre contexte.

Quant à l’entourage social, comme les amies de la fille d’Émilie, il est vrai que les enfants se comparent entre eux. Toutefois, en maintenant une relation harmonieuse avec vos enfants, vous pourrez avoir accès aux messages qu’ils entendent. Vous pourrez ainsi être alertes aux signes et ajuster vos interventions pour que votre voix, qui prône l’acceptation de soi, soit également entendue.

  • Les troubles alimentaires

 

En ce qui concerne l’inquiétude de Mélanie concernant les troubles alimentaires, je crois qu’elle est partagée par plusieurs parents! D’emblée, il est important de savoir qu’un trouble alimentaire, c’est complexe. Il n’y a pas de cause unique. C’est plutôt un cumul de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux qui peut les expliquer. Cela veut donc dire qu’il n’y a pas de façons de faire précises et universelles pour éviter qu’un enfant ou un(e) adolescent(e) en souffre.

Dans le même ordre d’idée, les signes à cibler sont différents d’un cas à l’autre. Toutefois, soyez alertes à tout changement dans le discours ou le comportement de votre enfant. Semble-t-il très, voire trop, préoccupé par son apparence, son poids ou son alimentation? S’isole-t-il lors de la période des repas? A-t-il un regard sur lui-même qui semble déformé par rapport à la réalité? Réagit-il fortement lorsque vous lui exprimez vos observations? Bref, faites confiance à votre voix intérieure. Si quelque chose vous chicote, n’hésitez pas à vous référer à des ressources professionnelles pour faire le point sur vos inquiétudes.

D’ailleurs, pour plus d’informations, je vous conseille fortement de faire un tour sur le site web d’ANEB Québec (https://anebquebec.com). Cette association a entre autres une ligne d’écoute et le site est une mine d’or d’informations sur les troubles alimentaires.

  • L’accompagnement vers l’acceptation

 

Comme énoncé plus haut, il n’y a pas de procédure généralisée permettant de garantir que nos enfants ne se préoccuperont pas de leur image corporelle à un moment ou un autre de leur vie. Ceci dit, voici quelques idées pour faire de la place à l’acceptation de soi :

1)      Soyez des modèles pour vos enfants, tant dans votre discours que dans vos actions!

2)      Sensibilisez vos enfants à l’image véhiculée dans les médias et aidez-les à développer leur esprit critique à ce sujet.

3)      Valorisez leur personnalité, leurs efforts et leurs idées pour qu’ils intègrent ce message plutôt que l’importance de l’apparence.

4)      Exposez vos enfants à des modèles, des médias et des messages qui mettent en valeur la diversité corporelle.

5)      Entretenez une relation d’ouverture avec vos enfants pour qu’ils s’ouvrent à vous en cas de besoin.

Finalement, dans votre message Mélanie, vous indiquez avoir « terriblement peur » que vos filles souffrent de trouble alimentaire. Comme doctorante en psychologie, je m’intéresserais également à cette émotion. D’où vient-elle et surtout, comment s’inscrit-elle dans votre quotidien quant à l’image corporelle? C’est une bonne chose de vouloir être alerte tout en s’assurant que cela ne devient pas trop envahissant ou central.

J’espère que ces pistes de réflexion sauront vous aider! Merci encore à tous d’avoir participé à cette chronique, et à bientôt pour le prochain thème!

Lory

Veuillez noter que les pistes de réflexion partagées dans le texte ne remplacent en aucun cas le suivi personnalisé avec un professionnel. Veuillez vous référer à votre CSSS ou encore au service social d’Info-Santé (8-1-1) pour obtenir de l’aide.

Phobie, nous te vaincrons !

Pour ma grande Peanut de 13 ans, une seringue, c’est l’équivale

Pour ma grande Peanut de 13 ans, une seringue, c’est l’équivalent d’un missile-laser-longue-portée-nucléaire. L’idée de recevoir un vaccin ou de devoir faire une prise de sang l’angoisse profondément, la fait hyperventiler, la plonge dans l’insomnie, lui donne des maux de ventre et de tête, lui fait faire des cauchemars. Même si elle essaie de se calmer le pompon. Mais aujourd’hui, elle a vaincu.

Retour en arrière.

Petite, grande Peanut accumulait les phobies comme une fillette collectionne les autocollants. C’était devenu impossible de sortir, de voir du monde, d’exister. Mais on le faisait quand même. À petites doses, progressivement. Je ne voulais pas qu’on reste prises dans le duo « fuir ou combattre ».

On en a fait, des mini pas de bébé pour que les choses s’améliorent. Au début, ça s’améliorait parfois et ça dégénérait souvent. Mais à la longue, on a fini par apercevoir un semblant de lueur entre deux séries d’orages.

Quand le temps est venu de recevoir les vaccins de quatrième année du primaire, on a établi un plan de match avec l’infirmière du CLSC. Elle avait bien vu, à l’école, que le cas était sérieux. On ne parlait pas ici d’une peur normale, même pas d’une peur anormale. On parlait d’une vraie phobie. Une peur démesurée, incontrôlable, créée par un sentiment que sa vie est menacée et que la souffrance sera immense et éternelle. Doudou, toutou, musique, Au clair de la lune, bouteille d’eau, visualisation, faire des jokes pour changer les idées : tout y a passé. Ça a pris trente minutes, elle a hurlé, pleuré, essayé de se sauver. Mais on a réussi. Ensemble. Et elle était fière d’elle. Elle avait survécu (littéralement, puisque telle était sa peur), et elle pouvait construire là-dessus pour la fois suivante.

On a célébré ce progrès. Il faut dire que la fois précédente, il avait fallu se mettre à quatre infirmières, une maman et une couverture de contention pour faire une prise de sang. Et ben, ben de la volonté. J’avais perdu cinq livres juste en transpiration. Alors là, trente minutes et juste mes muscles pour la tenir, c’était un grand pas.

Revenons au présent.

Ma fille devait faire une prise de sang ce matin. À treize ans, elle comprend que c’est nécessaire. Elle comprend que ça pique une seconde et qu’elle n’en mourra pas (d’ailleurs, c’est elle qui fait la préparation mentale pour ses frères pour diminuer leurs peurs avant la vaccination). Elle comprend tout ça. Sa tête comprend tout ça. Sa tête connaît aussi tous les trucs pour se calmer, pour éviter d’avoir la patate qui veut sortir de la poitrine, pour dormir malgré l’angoisse. Elle sait qu’il n’y a pas moyen de fuir et que combattre rendra la prise de sang plus difficile, voire douloureuse.

Sa tête sait tout ça. Son cœur veut sincèrement que ça se passe bien.

Ce matin, donc, on arrive au CLSC pour la prise de sang. On s’y rend avant 7 heures pour lui éviter d’angoisser toute la journée. Elle a bu, elle a mangé. Elle respire. Elle a apporté sa musique et ses écouteurs, son livre, mais elle n’a pas la tête à ça. Dès qu’elle voit la porte de la clinique, son corps se raidit, prêt à fuir ou à combattre.

– Maman, je sens le stress monter. J’ai encore plus mal au ventre que la nuit dernière.

Dans la salle d’attente, elle est agitée, elle bâille. Elle se colle sur moi, apprécie que je lui caresse le dos. Elle redevient cette fillette qui collectionnait les autocollants. Elle parle peu, chose inhabituelle mais compréhensible.

– Numéro 515 ? Salle E8.

C’est le temps. Dans quelques minutes, ce sera chose du passé. J’ai même osé porter une jupe, tellement j’ai la certitude que je n’aurai pas besoin de la maintenir de force.

– Maman, j’ai pas envie. Ça va faire mal, je le sais. Pas aujourd’hui, un autre jour. Je suis pas prête. Je peux pas. Ça fait plus ou moins mal qu’un vaccin ? Peux-tu chanter pour moi ? Non, chante pas. Ça me stresse encore plus. Tiens-moi dans tes bras. Faut pas que je voie l’aiguille. Est-ce qu’elle est longue ?

Son cerveau vire dans le vide. Je peux imaginer les influx nerveux se bousculer et s’entrechoquer. Une collision d’heure de pointe. Elle lutte entre sa volonté de rester calme et de faire ce qu’il faut pour être en santé, son désir instinctif de s’enfuir de la clinique (au moins pour une minute, ou pour une journée… mais le lendemain, le stress serait encore plus présent) et son besoin de combattre ceux qui essaient de la piquer.

Un deuxième infirmier arrive. Il l’a entendue pleurer doucement.

– Salut, je m’appelle Jonathan ! Toi, c’est comment ?

Ma fille n’est même pas en état de se rendre compte que quelqu’un lui parle.

La bonne nouvelle, c’est que l’histoire se termine très bien, presque sans larmes. Sans cris.

Une infirmière a tenu sa main pour garder son bras droit, tout en douceur. L’infirmier Jonathan, pas intimidé du tout par sa phobie (« T’sais quoi ? Quand j’avais ton âge, moi aussi ça me faisait paniquer, les aiguilles. Pis r’garde maintenant, je suis infirmier. On peut tout le temps dépasser nos peurs. Heille, c’est super ! C’est déjà terminé ! En plus, tu as du beau sang rouge, même pas vert ! Bonne nouvelle, tu n’es pas une extraterrestre ! »), a piqué et fait les prélèvements tout en lui changeant les idées. Et moi, maman toujours prête, je l’ai prise dans mes bras en détournant sa tête (et la mienne !) de l’aiguille.

Et maintenant, si on se déplace dans quelques mois ou dans quelques années, je peux vous dire que la prochaine fois qu’elle devra se faire piquer pour un vaccin ou pour un prélèvement, elle fera ça comme une championne. Encore plus qu’aujourd’hui ! Parce qu’elle a appris. Parce que son corps apprend à gérer la menace et à la relativiser. Parce que l’empreinte d’une expérience positive (bien qu’inquiétante pour elle) se grave dans son cerveau. Parce que d’ici là, elle continuera de faire des baby steps et des pas de géants. Et elle vaincra sa phobie.

Pour lire d’autres textes qui parlent de l’anxiété de ma grande Peanut et de ses stratégies pour la vaincre :

http://www.mafamillemonchaos.ca/on-jase/non-ne-te-sauverai/

http://www.mafamillemonchaos.ca/on-jase/monsieur-zen-rencontre-miss-peur/

Nathalie Courcy

 

La menace

C’est une soirée de juin, il fait enfin beau et chaud. Après avo

C’est une soirée de juin, il fait enfin beau et chaud. Après avoir travaillé dur et passé une heure dans le trafic pour traverser les ponts, je suis enfin sur l’île de Montréal. C’est le début des festivals, la première soirée des FrancoFolies.

J’entre sur le site et lorsque l’agent de sécurité regarde furtivement dans ma sacoche, je commence à me sentir inconfortable. Quand je réalise que cet agent n’a pas fouillé le sac à dos de mon ami, mon cœur accélère et ma respiration est trop courte. Je me mets à regarder partout autour de moi. On me souhaite une bonne soirée avec un grand sourire.

Ce sourire m’a fichu la trouille. J’aurais préféré que tu vides mon sac à terre et que tu vérifies qu’il n’y avait rien dedans susceptible de blesser des humains. Parce que, de fait, il est possible que quelqu’un ait apporté illégalement quelque chose sur le site… Suis-je devenue paranoïaque? Est-ce normal d’avoir ce sentiment d’insécurité au Québec? Est-ce devenu une réalité ou je m’en fais pour rien? Suis-je réellement en sécurité à Montréal?

Mon rythme cardiaque continue de s’accélérer… c’est trop facile de rentrer ici. J’ai peur. Ils disent qu’il n’y a pas de menace. Je dois donc relaxer et en profiter…

Nous nous approchons de la scène en sirotant une bière. Le monde est à la fête… la foule s’accumule devant la scène. Des milliers de gens sont autour de moi. Et peut-être… que pas loin… dans un sac…

J’ai peur. Je ne veux pas finir déchiquetée ou poignardée dans les rues de Montréal, je refuse qu’un fou m’écrase ou me tire dessus.

Je tremble. Je sens la menace. Personne ne me fera croire que je suis en sécurité. Quel que soit l’endroit où je me trouve sur la planète, je me sens maintenant en danger dans une foule.

J’ai peur. Mais je décide de rester. Si ça arrive, je mourrai heureuse. Si ça arrive, je mourrai libre.

Je refuse que cette menace m’empêche de vivre, d’aller voir des shows, de danser et de chanter le Québec. Les nombreux agents de police présents au milieu des festivaliers me rappellent que notre monde a changé… que les bombes et les coups de feu ont fait disparaître notre insouciance…

Je garde les yeux ouverts. Car nous sommes tous des armes face à cette menace. Ne nous endormons pas au soleil. Soyons vigilants. Chaque jour. Chaque soir. La menace fait partie de notre vie maintenant, nous devons faire avec. Mais ne l’oublions pas.

Arrêtez de dire que la menace n’existe pas. Elle est partout.

Gwendoline Duchaine

La maman et le stress

Vous connaissez ce sourire qui dit: « Vas-y monte dans le module d

Vous connaissez ce sourire qui dit: « Vas-y monte dans le module de jeux où tu pourrais si facilement te casser un bras… te démantibuler une jambe… ou pire encore… vas-y! Fonces! Tu es capable! Je suis fière de toi! ”
Et qu’au même moment, cette voix  intérieure derrière le sourire éclatant qui crie : « Nonnnnn ! N’y vas pas! Viens près de moi! Je vais te surprotéger pour toujours! »

Avouez, vous connaissez?

Moi, c’est ma routine! Je demande humblement pardon à ma mère pour toutes ces fois où j’ai dû lui donner des spasmes cardiaques à effrayer les plus fortes d’entre nous. Maman, je m’excuse. Comme punition, tu peux maintenant rire de moi qui suis rendue là!

« Un jour, tu comprendras! »

Je comprends, maman.  JE COMPRENDS!

Mais comment as-tu pu, maman? (Linda Lemay sors de ce corps!) Comment as-tu fait pour ne pas t’évanouir chaque fois que je faisais les quatre-cents coups? (Notez qu’ici,  j’interdis à QUICONQUE de raconter lesdits quatre-cents coups dont il est question à mes enfants!… NON! Je vous l’interdis!)

Entorses, foulures, poignet cassé, ménisque déchiré, commotion cérébrale… et j’en passe.

DIEU MERCI, aucun de mes trois petits anges n’a eu cela… jusqu’ici. Je croise tout ce que je suis en mesure de croiser pour que ça reste ainsi. Mais existe-t-il une recette de résilience face à ces moments où l’on voit notre enfant souffrir?

Comment faites-vous, les mamans (et les papas bien-sûr!) pour contenir la panique que vous devez ressentir? Je connais bien cette idée où l’on dit que « pour eux, on y arrive ». Mais vu de l’extérieur, ouf que ça fait peur!

Vous l’aurez deviné, je suis de ces mamans, quelque peu névrosée, parfois. Pas toujours. Mais, moyennement souvent. Mea Culpa.

Le pire, c’est qu’on croit qu’après plusieurs enfants, on s’habitue. J’ai mon aîné qui, lorsqu’il était âgé d’environ deux ans, a sauté sur le divan et malgré mes avertissements, a « expérimenté » son tout premier baiser… sur la table du salon! Bouche devant, c’est la lèvre et la gencive qui ont écopé. Mais ça saigne, une gencive fendue! Plus de peur que de mal, celle-ci a bien vite guéri. Papa et maman s’en sont aussi remis après une visite en cinquième vitesse à la clinique sans rendez-vous.

Mon plus jeune a perdu sa première dent! À… treize mois. Papa a failli en mourir. (J’exagère à peine, je vous assure!) Petit homme a décidé de grimper sur la table à langer pour atterrir, lui aussi, bouche devant sur le sol! (Oui je vais devoir les surveiller ces garçons, ils sont précoces des embrassades… mais ça, c’est un autre combat!) Un sachet de ketchup, ça vous rappelle quelque chose? C’est ce que sa petite palette de lait a fait… « plok » : entièrement expulsée! Il s’en est aussi très vite remis.

Puis, ma fille. Oh ma belle puce, je te remercie sincèrement de ne pas être aussi casse-cou que ta maman! Car je dois l’avouer, tes deux frères réunis ne peuvent même pas m’accoter. Alors merci de ne pas avoir hérité de moi pour ce côté-là! Je crois que je n’y survivrais tout simplement pas.

Alors je reviens à toi maman : comment as-tu réussi à me survivre? Je crois que la vie a voulu t’aider, car avec tous ces cheveux blancs que j’ai dû te donner… j’ai commencé à avoir les miens à peine la vingtaine commencée, avant même d’être mère! Karma, j’imagine!

Alors dites-moi, vous qui me lisez : suis-je la seule à avoir les dents serrées dans un sourire plastifié lorsque mes enfants s’élancent vers ce qui est amusement pour eux… mais qui est chaque fois pour nous un ultime danger? Où tout devient un feu auquel il ne faut surtout pas toucher…

Simplement, Ghislaine.

La cigarette, tabou des tabous.

Dans la famille

Dans la famille de mon enfance, il y a peu de tabous. On peut parler de sexe, de religion, d’argent. Mais le tabac et la fumée de cigarette, ayayaye. Si tu veux en parler ou même juste prononcer le mot « cigarette », attache ta tuque avec de la broche d’acier et arme-toi d’un bouclier blindé. Ça va barder.

Je suis pour la liberté. Tu veux fumer? Tu es un adulte informé? Fume. Tu connais les conséquences possibles. Tu es conscient que fumer peut avoir un impact sur ta santé (les campagnes publicitaires, dont certaines très… comment dire… graphiques! ne laissent personne indifférent). Sur tes proches (ça se peut, oui, qu’ils aient moins le goût de te coller, et peut-être que ça fait ton affaire après tout!). Sur ton travail (quarante heures par semaine, quand tu soustrais toutes les pauses-fumée, ça laisse moins de temps pour être efficace). Et évidemment sur ton portefeuille. À moins d’avoir un champ de tabac à même ta cour et de rouler tes propres clopes, fumer, ça coûte cher en ta. Et tu sais aussi que si tu choisis d’arrêter, des ressources existent et sont accessibles facilement.

Je suis aussi pour la liberté d’expression. Je ne te harcèlerai pas pour que tu arrêtes de fumer. C’est une décision qui doit venir de soi, si elle vient un jour. Si j’avais une baguette magique, c’est assez clair que je ferais disparaître cette dépendance. Mais je n’en ai pas. Tout ce que je peux faire, c’est te dire, une fois dans ma vie, jusqu’à quel point j’ai peur. Oui. J’ai peur.

J’ai peur parce que je te vois mourir à petit feu, au même rythme que ta cigarette raccourcit et que ton paquet se vide. Tu me répondras que de toute façon, on va tous mourir. En effet. Par définition, l’humain est un être mortel. Mais es-tu obligé d’accélérer ta mort? Es-tu obligé de te dépêcher de traverser le fil d’arrivée, et de le passer dans la souffrance d’un cancer des poumons ou de la gorge? Je t’entends tousser sans bon sens. Je te vois chercher ton air. Tu me dis que cette année, la grippe a été dure. L’année passée aussi, et l’autre d’avant tout autant. J’ai peur de te voir te battre avec les infirmières pour pouvoir fumer ta cigarette malgré la machine à oxygène qui te sert de meilleur ami. J’ai peur que par orgueil, tu refuses de consulter à temps et que tu nous caches la vérité : la cigarette a eu raison de toi. Elle, elle finira dans un cendrier et sera remplacée par une autre qui lui ressemblera et qui t’apportera autant de plaisir. Toi, tu finiras dans un lit d’hôpital, puis dans un cercueil, et personne ne pourra te remplacer.

J’ai peur parce que je te vois t’éloigner de moi, de nous. Quand j’ai osé mentionner que mon chum asthmatique était en train d’étouffer et devait sortir sur le balcon à -30 pour pouvoir respirer, on s’est moqué de moi, de lui. « Ben voyons donc, tite nature! » Quand j’ai osé imposer ma limite, dire que dans ma maison, il n’y a pas de cigarettes qui s’allument, tu m’as reniée. Des mois sans me parler, parce que j’avais osé parler.

J’ai peur parce que mes enfants commencent à rouspéter quand c’est le temps de te visiter. Ils t’adorent, mais ils ne comprennent pas cette habitude. Ils n’aiment pas cette odeur qu’on conserve des heures après notre départ. Quand ils me demandent pourquoi tu fumes, je leur dis que c’est un choix que tu fais, que c’est très difficile d’arrêter, que tu dois avoir tes raisons. Je sais qu’ils te retourneront la question, que ça créera un malaise parce que la cigarette, c’est tabou. C’est le « sujet-dont-il-ne-faut-pas-oser-parler ». Mais je ne leur dirai jamais qu’ils n’ont pas le droit d’en parler. Quand ils te disent : « Pourquoi tu fumes? » et que tu leur réponds « C’est mon seul défaut, celui-là, je le garde. », tu passes à côté d’un mot d’amour. Dans le fond, quand on ose affronter le tabou, ce qu’on te dit, c’est « je t’aime ».

 

Journée mondiale sans tabac 2017: http://www.who.int/campaigns/no-tobacco-day/2017/event/fr/

Québec sans tabac: https://quebecsanstabac.ca/

Santé Canada: http://hc-sc.gc.ca/hc-ps/tobac-tabac/quit-cesser/index-fra.php

Eva Staire

 

Quand la maladie frappe à l’autre bout du monde

C’est un samedi de printemps, il y a quatre ans. Le

C’est un samedi de printemps, il y a quatre ans. Le ciel gris nous envoie des flocons de neige, comme pour nous rappeler que ce jour est différent. C’est le jour où j’ai pris la décision la plus folle et la plus impulsive de ma vie, la décision la plus sage, la plus humaine, la meilleure des décisions.

Ce jour-là, mon amoureux me laisse devant l’aéroport de Montréal, seule, face à… l’enfer, la peur, la maladie. Mes mains tremblent, les larmes coulent, le cœur me débat. Je viens de laisser mes trois enfants, je viens de planter ma vie là. Je vole au secours de ma maman. Le reste ne compte pas. Comme une automate, je passe la douane, l’embarquement, on contrôle mes papiers. Les passagers me regardent bizarrement : qui est cette jeune femme, seule avec un petit sac, les yeux rouges, complètement déconnectée? Quand l’avion quitte le tarmac et que je vois mon chez-moi s’éloigner, le déchirement entre quitter les miens et rejoindre les miens, quand l’avion monte au-dessus de la neige et des nuages : le soleil éclaire mon âme. Il avait raison mon chéri, je suis capable, je vais affronter ça… Parce que c’est là… C’est maintenant… Je n’ai pas le choix.

Deux jours plus tôt, tel un cataclysme, le diagnostic de leucémie aiguë myéloblastique a tout anéanti autour de moi. Mes repères s’effondraient. La nouvelle m’a été apportée par mon frère. Il m’a dit : « LAM ». Il savait qu’il n’avait pas besoin de me donner plus de détails, il savait que je savais. Pendant deux jours, j’ai pleuré, tout ce qu’il était possible de pleurer. Je ne voulais ni voir ni parler à personne, j’étais pendue au téléphone, avec maman, avec papa. Je leur disais que j’étais là, mais… Je n’étais pas là… J’étais loin… Je les voyais s’effondrer et je ne pouvais rien faire… Je n’avais même pas envie de hurler, rien ne sortait de moi à part des larmes.
Je voyais la maladie, je voyais la souffrance, je voyais la mort, je cherchais l’espoir, je le cherchais dans les mots de ma maman, mais… tout était trop grand, trop fort, trop difficile.

La leucémie venait de me foutre par terre.

Je regardais mes enfants… Que leur dire?

Deux jours d’errance, pas de sommeil, une espèce de survie, l’impression de ne pas être à ma place. C’est mon mari qui m’a donné le feu vert, c’est lui qui m’a poussée à sauter dans un avion. Nous savons que tout est si fragile, nous savons qu’il faut savourer chaque seconde. J’avais l’impression que jamais je n’aurais la force de vivre cela. Mais je savais que je devais y aller, je le savais.

J’ai donc pris un vol le plus rapidement possible vers la France, mon pays, là où sont les miens. Une heure plus tard, je suis en route vers l’aéroport… À peine le temps d’essayer de rassurer ma fille effondrée, à peine le temps de faire un câlin à mes deux gars, j’ai l’impression d’abandonner mes enfants, je laisse tout en plan. Je pars rejoindre mes parents.

Ce jour-là, en traversant l’océan au secours de ma maman, je lui ai donné la force de se battre. Quand la maladie frappe de l’autre côté de l’océan, tout est si terrifiant. Mais ensemble, on est plus fort. L’amour est une arme puissante.

Après des mois de combat, ma maman est maintenant en rémission. Il faut s’accrocher à l’espoir et se dire que dans la vie, rien n’est impossible. Il faut y croire…

Gwendoline Duchaine

La fois où j’ai failli te perdre: ce qu’on doit faire en cas d’étouffement

On pense souvent que les événements dramatiques n’arrivent que c

On pense souvent que les événements dramatiques n’arrivent que chez les autres. Que nous sommes à l’abri de tout et qu’un cours de secourisme n’est pas une nécessité, jusqu’au jour où notre enfant s’étouffe devant nous. Je ne parle pas ici d’un petit garçon qui ne fait que tousser, mais bien d’un petit être de deux ans qui a le visage tout bleu, aucun son qui ne sort de sa bouche, aucune respiration. C’est à ce moment que tu sais que les prochaines secondes sont cruciales à sa survie. Je ne sais pas si vous le savez, mais quand c’est ton propre enfant, ton cerveau est difficile à calmer. Heureusement, l’adrénaline peut faire des miracles.

C’était un mardi soir, bien normal, pour une rare fois le souper se passait sans crises. Mon enfant, tu mangeais avec appétit et sans nous dire « Ark dégueux ». Le moment du dessert est arrivé, je t’ai donné des morceaux de cantaloup. Trois morceaux, pour être précise. Mais toi, mon petit coquin, tu t’es dit : « Pourquoi ne pas essayer de faire comme l’écureuil et de tout mettre dans ma bouche en même temps? »Tu as même décidé d’ajouter la tranche de pain que tu n’avais pas finie au souper. Tu as profité du court moment où je fermais le plat pour débarquer de ta chaise et te mettre à courir pour aller te coucher dans les escaliers. Peux-tu bien me dire ce qui t’est passé par la tête? Heureusement, papa est parti à ta rescousse pour que tu retournes sur ta chaise. C’est à ce moment que tu t’es fâché et qu’un morceau est descendu à la mauvaise place.

Le premier réflexe que nous avons eu était d’enlever ce qui se trouvait dans ta bouche (je sais que ce n’est pas le meilleur). Le mal était déjà fait, ton visage est devenu bleu en peu de temps. Ton petit corps s’est raidi. Nous avons essayé de faire la technique où tu es étendu sur un bras et que nous tapons dans ton dos. L’adrénaline a fait de toi un poids plume. Mais, ça ne fonctionnait pas. Je t’avoue que la panique a augmenté en moi. Malgré mes deux cours de secourisme (je les ai faits car je travaillais en garderie), j’ai oublié l’autre méthode. Mon cerveau était embrouillé. Je criais à ton père d’appeler l’ambulance, soudainement ses mains n’avaient plus de dextérité.

Je me suis ressaisie, je me suis placée derrière toi et j’ai enfoncé avec délicatesse mon poing dans ton bedon. Je crois que ça a fonctionné, car un pleur est ENFIN sorti de ta bouche. Si tu savais le soulagement que j’ai eu à ce moment. Le stress est tombé, j’ai pleuré et j’ai tremblé pendant de longues minutes.

Pour faire sortir le méchant, j’en ai parlé à des amies. L’une d’elles m’a fortement conseillé d’aller consulter pour m’assurer que rien n’était brisé et que le morceau n’était pas dans le mauvais trou. Je me suis alors dirigée vers un hôpital pour enfants de la région. Les médecins ont rapidement examiné mon garçon. Oui, oui, en moins d’une heure quinze minutes, nous étions déjà sortis de l’hôpital. Nous étions rassurés, tout était beau.

Je ne te cacherai pas que les deux jours qui ont suivi ce terrible moment, j’ai angoissé, j’ai imaginé le pire scénario en me disant toujours : « Et si la vie t’avait enlevé à moi? » Une grosse boule s’était installée sur mon cœur pour me faire pression. Aujourd’hui, je suis heureuse d’entendre tes crises de terrible two. Cela signifie que tu es toujours vivant. Je dis tout simplement « merci la vie ». Je laisse maintenant la plume à celle qui m’a bien conseillée, afin de vous expliquer ce qu’il est important de faire dans ces moments terrifiants.

Karine Larouche

Ce qu’il faut savoir

Pourquoi on s’étouffe?

Nous avons deux tuyaux dans la gorge : la trachée, qui est reliée aux poumons (respiration), et l’œsophage, relié à l’estomac (alimentation). Un petit clapet vient fermer la trachée lorsque nous mangeons ou buvons, afin que les aliments ou les liquides passent dans le système digestif et n’aillent pas dans les voies respiratoires. Parfois, ce clapet est moins réactif (c’est le cas des bébés, des personnes âgées ou tout simplement parce que l’on parle en mangeant : le clapet devient tout mêlé!) C’est là que survient la fausse route! Le morceau d’aliment (ou d’objet) est coincé dans la trachée et obstrue les voies respiratoires!

Si la victime tousse, que dois-je faire?

Encouragez-la à tousser. Envoye! TOUSSE! PLUS FORT! TOUSSE!

Détachez le bébé de sa chaise d’appoint, mais ne le prenez pas dans vos bras, sinon il risque d’arrêter de tousser et de vous laisser faire. La toux est un moyen de protection très efficace.

Utilisez la gravité! Mettez bébé ou bambin la TÊTE EN BAS, secouez le corps de Haut en bas et TAPEZ dans le dos!

Si la victime ne tousse pas, ne pleure pas, ne respire pas :

Ses lèvres deviennent bleues et son regard est en panique. Vous devez agir vite, sinon le cerveau va perdre conscience (manque d’oxygénation).

  • Pour les enfants de moins d’un an: la tête orientée VERS LE BAS, ALTERNEZ des tapes dans le dos et des compressions thoraciques.
  • Les enfants qui tiennent debout ou les adultes : utilisez la méthode de compressions abdominales (Heimlich) ou de compressions thoraciques (pour les femmes enceintes ou les personnes trop corpulentes). Mettez votre point dans la région du nombril, enfoncez violemment vers l’intérieur et vers le haut. L’objectif est de remonter très fort le diaphragme qui va écraser l’air qui se trouve dans les poumons et de FAIRE SAUTER LE BOUCHON. (Si la victime tousse, cette méthode ne fonctionne pas puisqu’il y a toujours un peu d’air qui passe.) Si vous n’êtes pas capable d’atteindre le nombril, trouver un moyen pour appuyer fort sur le thorax (technique de RCR), afin d’écraser directement les poumons.

De nombreux parents m’ont témoigné avoir eu une force incroyable avec l’adrénaline et avoir viré leur enfant LA TÊTE EN BAS. C’est un peu comme faire sortir du Ketchup de sa bouteille : tu secoues, tu tapes, tu secoues, tu tapes…

Que faire après un étouffement?

Il est important d’aller consulter un médecin dans les heures qui suivent, et ce, pour deux raisons. Les techniques de désobstruction des voies respiratoires sont des méthodes violentes qui peuvent entraîner des lésions. De plus, un morceau d’aliment peut rester pris dans les bronches, ayant pour conséquence une pneumonie d’aspiration.

Si une toux persiste, il est important d’aller faire une radio des poumons en urgence.

Que dois-je faire si la victime perd conscience?

Appelez le 911 immédiatement! Pratiquez les manœuvres de RCR http://www.mafamillemonchaos.ca/on-sinforme/gestes-peuvent-sauver-vies/

À NE PAS FAIRE – Aller chercher le morceau avec les doigts (le risque de le pousser plus loin est dangereux) – Donner des tapes dans le dos si la victime est debout (la gravité va faire tomber le morceau plus bas et empirer la situation) – Donner de l’eau (l’eau ira dans l’œsophage, la trachée est bloquée, ce n’est pas le même tuyau!)

Si vous souhaitez suivre un cours, toutes les informations sont sur le site de la fondation des maladies du cœur et de l’AVC.

http://www.coeuretavc.ca

Gwendoline Duchaine

Je n’étais pas prête

Sans voir rien venir, je me suis retrouvée parachutée dans le sexe des adolescents

Sans voir rien venir, je me suis retrouvée parachutée dans le sexe des adolescents. C’est comme si ma fille de quinze ans m’avait envoyé un gros coup de poing dans le ventre. Le souffle coupé, le corps plié en deux et l’âme en détresse, je criais à l’aide…

Mon bébé n’était plus. Elle avait franchi le cap, si vite. Trop vite pour moi. Je n’étais pas prête. J’ai eu envie de hurler à ces mains qui la touchent, à ce sexe qui lui a enlevé sa virginité : tu étais trop vite! Je n’étais pas prête!

Je sais bien que c’est sa vie, qu’elle était rendue là et qu’elle est heureuse. Je n’aurais jamais pensé que la vie sexuelle de ma fille pourrait me rendre si triste.

Je n’aurais jamais pensé avoir si peur. L’angoisse étouffante d’avoir un être qui pousse dans son ventre… La crainte des maladies… La trouille de voir son cœur entier se briser quand l’amour fera mal…

Je n’étais pas prête à faire un test de grossesse avec elle. Toutes deux, nous regardions l’urine monter tranquillement le long du bâtonnet. Nous avons arrêté de respirer pendant toutes ces longues secondes… Puis nos larmes quand nous n’avons vu qu’une seule barre mauve…

Je n’étais pas prête à lui faire installer un stérilet : cet objet étranger dans son petit corps… Je l’ai pourtant accompagnée, soutenue, écoutée. Mais mon âme tout entière hurlait…

Je n’ai pas eu le temps de me préparer. C’est allé trop vite. Tout passe si vite.
J’ai devant moi une femme. Des amoureux. Qui font l’amour. Deux corps brûlants d’hormones sous mon toit…

Il est où le mode d’emploi de maman dans ces moments-là? Qu’est-ce que je peux tolérer, encourager, comprendre, accepter?

Je me suis retrouvée parachutée dans la vie sexuelle des ados, avec des tests, des rendez-vous médicaux, des traitements, des doutes, des peurs, de la colère… mais surtout… avec beaucoup d’amour…

 

Eva Staire

Première peur de maman

Hier soir, pour la première fois mon fils, j’ai eu peur pour toi.

Hier soir, pour la première fois mon fils, j’ai eu peur pour toi. Tellement peur.

Pour l’instant, je ne suis pas une maman très stressée. Je dis pour l’instant parce que fiston n’a que quatorze mois et que je suis bien consciente que ça risque de changer. J’ai été une des premières à le lancer en l’air ou à le laisser tomber sur le divan pour qu’il rebondisse, seulement pour l’entendre rire à en être essoufflé. Quand il tombe, je l’encourage à se relever sans me précipiter vers lui. Je considère qu’il n’a pas fini de tomber, alors aussi bien ne pas en faire un drame chaque fois. J’essaie le plus possible de ne pas lui transmettre de stress pour qu’il continue d’explorer son monde pleinement.

Même lorsqu’il était malade, je n’avais pas réellement peur. J’étais préoccupée, oui, et à l’affût encore plus. À certains moments, nous avons jugé, chéri et moi, que c’était plus préoccupant et que nous devions aller consulter, mais à aucun moment, je n’ai été vraiment inquiète.

Pourtant, la majorité des parents de mon entourage ont déjà nommé, d’une manière ou d’une autre, le fait qu’avoir des enfants, c’est être inquiet tout le temps. J’ai lu aussi quelques textes allant dans ce sens; à quel point on n’arrête jamais de s’en faire pour eux, ces petits êtres (et éventuellement bien grands) que nous aimons plus que tout au monde. Bien que je comprenne tout ça, je ne l’avais pas encore ressenti concrètement. J’ai déjà eu l’impression que mon cœur allait exploser d’amour, j’ai déjà eu envie de réveiller mon bébé juste pour lui donner plein de becs. Des fois, ça fait même presque mal tellement je l’aime, mais à aucun moment, je n’ai eu de la difficulté à trouver le sommeil parce que j’avais l’impression d’angoisser.

Jusqu’à hier.

Notre petit aventureux téméraire, mais encore très maladroit, est passé par-dessus le divan et est tombé tête première. Seulement sur la tête, tout son corps comme une chandelle à peine courbée au-dessus de sa tête qui est venue heurter le plancher de bois franc bien solide et bien dur. Pendant la fraction de seconde qu’a duré la chute, j’ai eu peur qu’il se brise le cou. Pendant la fraction de seconde nécessaire pour me rendre à lui, j’ai eu peur qu’il soit paralysé. Avait-il une commotion cérébrale? Devais-je aller consulter ou non? Je me suis déjà demandé quoi faire depuis sa naissance, j’ai souvent douté, mais pour la première fois, je sentais que les conséquences pouvaient être graves si je ne faisais pas le bon choix.

Tout est bien qui finit bien avec pas mal plus de peur que de mal. Chéri et moi sommes conscients de la chance que nous avons d’avoir un enfant en pleine santé qui nous a apporté comme première peur « seulement » une chute sans conséquence et bien peu de « vrai » stress. Malgré tout, je comprends tellement mieux maintenant les inquiétudes quotidiennes des parents. Je sens surtout que ça ne fait que commencer et que mon cœur s’emballera tout autant les prochaines fois!

Jessica Archambault

Même pas peur!

Il m’est arrivé de crier devant mes enfants. De sortir mes gros y

Il m’est arrivé de crier devant mes enfants. De sortir mes gros yeux menaçants. T’sais, une mère à boutte, c’est une mère à boutte. Et quand c’est arrivé, j’ai vu dans le regard de mes enfants une peur, une inquiétude qui m’a fait peur. Je ne veux pas être cette mère-là qui règne parce qu’elle est crainte et se croit toute-puissante. Dans ce temps-là, j’aurais le goût de m’auto-dire : « Vade retro Satanas! »

Mais la plupart du temps, je me contrôle, je gère mes trop-pleins comme j’aimerais que mes enfants gèrent leurs émotions. Un travail de chaque instant.

Ce soir, mes enfants m’ont donné à tour de rôle la petite tape dans le dos qui me félicite de mes efforts et qui renforce mes bons comportements.

***

Belle cocotte : « Maman, c’est quoi, les règles? Pas comme les règles d’école ou les règles de discipline, là… » Après explications d’usage, elle me dit : « C’est l’fun, maman, parce que toi et moi, on est toutes les deux scientifiques. Ça fait que si j’ai des questions, je peux te les poser, et toi aussi, tu aimes ça quand je fais ma “minute scientifique!” »

Les discussions existentielles, ce n’est pas obligé d’être compliqué et cousu de malaises.

***

Moi : « Est-ce que quelqu’un a vu le LeapPad de Coco? Je pense qu’il aimerait jouer avec dans les prochains jours et il est encore ‘disparu’ »

Silence radio.

Trente minutes plus tard, Tiloup vient me voir : « Tiens maman, j’ai trouvé la tablette de Coco. Elle était en dessous de mes couvertures. Je voulais aussi te donner ton colleux bonne nuit. »

Il aurait pu cacher la vérité et la tablette, mais non. Il savait que je ne le chicanerais pas, alors il m’a simplement rapporté le jeu de son frère.

***

Tiloup : « Guliana et moi, on a le même projet pour plus tard. On veut se marier ensemble. »

Cette déclaration sortant de la bouche de mon bonhomme de six ans m’a charmée. C’est parfois si difficile pour les petits garçons de révéler leurs émotions!

***

Grande Peanut, après deux mois à refuser de prendre la médication qui l’aide à gérer son anxiété et ses sautes d’humeur explosives : « Maman, j’ai décidé de recommencer à prendre mes médicaments. Ça n’a pas d’allure, quand je ne les prends pas. Je suis vraiment désolée de tout ce que je vous ai fait vivre dans les dernières semaines. »

Après un câlin mère-fille, je lui dis : « On va appeler cette période, un test? »

Elle : « Oui, un test échoué. »

Moi : « Je parlerais plus d’un test concluant. Ça me soulage que tu choisisses de prendre soin de toi. »

Elle aurait pu continuer à s’enfermer dans un entêtement tiré des plus chaudes luttes de pouvoir. Mais non. Elle a corrigé le tir et m’en a parlé ouvertement.

***

Dix minutes après s’être couché, mini Coco s’est relevé et est venu me voir dans ma chambre : « J’ai juste oublié un petit quelque chose. Ton câlin et ton bisou. » Et il est retourné faire dodo, le cœur rempli de sérénité et de sécurité.

***

Ce sont des petites bulles d’instants, des câlins qui chatouillent le cœur et le font sourire. Après une soirée aussi bien remplie de confiance mutuelle, au dodo! Satan est retourné dans son trou pour y rester.

Les petits soldats

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Ils mènent un combat sans merci, quotidien, contre de méchantes cellules qui envahissent leur petit corps. Ce sont les êtres les plus courageux, les plus souriants, les plus résilients et les plus vivants que j’ai rencontrés dans ma vie.
Quand tu pousses les lourdes portes de l’hôpital pour enfants, et que tu rencontres les petits soldats…

Autour d’eux, il y a une armée : parents, famille, amis, accompagnants, médecins, soignants, associations… une véritable guerre, une croisade… Chacun a son rôle, sa place, le cœur débordant d’amour pour ces enfants qui luttent pour survivre.

Chaque jour est une montagne. Chaque heure est un combat. Contre la maladie et la souffrance. La douleur est présente constamment.
Les armes sont puissantes et les traitements dévastateurs. La déchéance physique de ces êtres si fragiles est terriblement révoltante. Le désespoir se cache derrière toutes les portes… Et pourtant, sur les visages, on ne lit que des sourires. Sur les murs, on ne voit que des dessins. Les couloirs sont remplis de couleurs. La compassion et l’amour sont partout.

Les petits soldats sont entourés de parents dévoués qui tentent de ne pas se noyer. Dévastés par des nouvelles si mauvaises, ils continuent de jouer, de colorier et de chanter des comptines.

Ces enfants-là te remettent les idées en place. Ils te montrent à quel point tu as de la chance d’avoir la santé et comme elle est précieuse. Ils t’enseignent à savourer chaque minute et à la rendre plus belle encore. Ils te font réaliser qu’il n’est pas nécessaire de t’inquiéter quand ton gars a une mauvaise note en histoire ou que ta fille part en voyage seule pour la première fois.

Les petits soldats sont un exemple pour tous : adultes et enfants. Nous devrions tous prendre le temps de les encourager. Même si ça fait mal. Même si ça fait peur. Même si…

Certains retrouveront un jour une vie plus sereine, malgré la maladie qui sera toujours là, malgré les séquelles qui les réveilleront souvent le soir…

Certains soldats tombent au combat. Laissant leurs parents, leurs familles et leurs amis le cœur immensément vide.

Certains soldats tombent au combat, emportant une partie de moi. Anéantissant l’insouciance et la légèreté du quotidien.

Les petits soldats ont besoin de la plus puissante arme du monde : l’amour.
Alors, osez. Osez pousser les trop lourdes portes des hôpitaux pour enfants. Osez apporter votre sourire, votre temps, vos blagues, votre talent, votre cœur. Osez soutenir ces petits soldats et porter leurs parents dans vos bras si apaisants. Osez les bercer, les aimer, même si… certains tombent au combat…

Gwendoline Duchaine