Tag peur

Papa, j’ai une question… S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît…

<span style="margin: 0px; color: black; font-family: 'Times New Roma

Voici le préambule de ma fille cadette lorsqu’elle veut faire un cododo avec nous. Dans ma petite enfance, j’étais comme elle. J’ai dormi à plusieurs reprises avec mes parents parce que j’avais des frayeurs et des terreurs nocturnes qui me terrassaient. Malgré le fait que je dormais dans la même chambre que mes deux frères plus vieux, j’avais peur. La lumière rouge extérieure du voisin ressemblait aux yeux d’un démon, le garde-robe était rempli de monstres, j’avais crainte de me faire prendre par des mains sous le lit et dans le passage, je devais courir comme un fou pour me rendre à la chambre de mes parents, pour ne pas me faire avaler par la lueur de la toilette. Quel bonheur lorsque j’arrivais à destination et que la place à côté de ma maman était libre! Je dois vous dire que je viens d’une famille de quatre enfants et que je suis le troisième de la lignée. Ma sœur, bébé de la famille, avait aussi ses peurs à elle à ses heures. Quelquefois, je devais me contenter de la place à côté de mon Papa. Pas que je n’aimais pas ce côté du lit, mais rien ne peut prendre et remplacer la place d’une maman qui nous accueille et nous cajole pour nous rassurer. 

 

Le cododo a fait partie de mon enfance et je n’y vois que du bien pour l’enfant. Je ne suis pas thérapeute ou pédiatre, mais les frayeurs nocturnes m’ont fait peur longtemps et je peux très bien me mettre à la place de ma fille. Je la guide, lui explique qu’il ne s’agit que de peur que l’on se crée soi-même, mais je la soutiens dans ses peurs. Je sais ce que c’est de vivre ces expériences. Chez nous, le cododo se fait lorsque nous, mon épouse et moi, le décidons. De nuit, nous sommes un peu plus flexibles, disons-le ainsi. 

 

À la maison, chez les Wilky, on appelle cela faire un camping. Maman et Papa font dodo dans leur lit et les filles sont, une au pied du lit et l’autre sur un des deux côtés du lit, au sol. Petit matelas bien confortable, sac de couchage ou mille couvertures, oreiller ainsi que tout le tralala nécessaire pour le dodo et le tour est joué. J’ai un peu pimpé le cododo de ma jeunesse pour celui que j’offre et que je permets à mes filles de vivre aujourd’hui. Elles garderont, j’en suis certain, de beaux souvenirs de ces moments passés dans la chambre de Papa et Maman. Je crois que de mon côté, j’y trouve mon compte aussi. Je peux les regarder dormir avec amour et apprécier le calme de leur dodo. J’apprécie vraiment ces beaux moments, moi aussi.

 

« Papa, j’ai une question… S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît… » 

Ma plus jeune m’apostrophe toujours de cette façon et c’est pour cela que j’ai intitulé mon texte ainsi. Il s’agit maintenant d’un moment de rigolade et de rire parce que lorsqu’elle débute sa phrase en disant : « Papa, j’ai une question », je lui réponds systématiquement ceci : « S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît, on peut faire un camping », en y ajoutant une touche de voix à la BeeGees. 

 

Il est certain qu’il ne s’agit pas d’une histoire de routine. Nous profitons du temps des fêtes, de la relâche scolaire, des jours fériés, des longs weekends pour profiter de ces occasions pour autoriser un camping. Un cododo à la façon camping Wilky n’est pas toujours de tout repos, alors on choisit les moments appropriés pour le faire. 

 

J’adore ces petits rassemblements. Je l’ai mentionné plus tôt, j’étais dans la même chambre que mes deux frères aînés. En quatrième secondaire, j’étais pensionnaire depuis quatre ans dans un collège à Rigaud, mais cette année-là, j’avais ma propre chambre à moi tout seul. J’aimais mes moments de solitudes. Lorsque la nuit tombait, je n’avais pas peur, mais je me sentais seul. Avoir grandi dans une chambre à trois, faire le cododo, être pensionnaire et partager son espace dans un dortoir pendant trois ans avec plusieurs jeunes ados comme moi et ensuite, me retrouver dans une chambre seul, je trouvais cela difficile. Il m’arrivait d’aller rejoindre deux autres amis en cachette lorsque les lumières étaient éteintes dans les corridors en me faufilant dans leur chambre. Je dormais soit dans le lit d’un ami qui me laissait son lit et lui dormait au sol, soit je dormais au sol. 

 

Ces moments ont marqué mon enfance positivement et je m’en réjouis encore en y pensant. Que de beaux et bons moments qui ont bercé ma jeunesse et dont je ne garde que de bons souvenirs aujourd’hui. 

 

Je demeure convaincu que les moments que l’on crée en permettant à nos belles filles, mon épouse et moi, de vivre nos nuits de Camping Wilky marqueront leur enfance à leur tour. 

 

Sur ce, je dois y aller. 

 

J’entends une petite voix douce me demander : « Papa, j’ai une question………. »

 

Karl Wilky

Souvent, nous pardonner

<span style="margin: 0px; color: #333333; font-family: 'Times New Ro

Chez nous, avec trois ados, il y a souvent des chicanes. Et souvent, on s’en prend plein la poire comme parents! Ils sont ingrats ces enfants‑là, ils ne sont jamais satisfaits et pour eux, nous sommes les pires parents du monde!

Lors d’une grosse chicane avec mes enfants, je me suis fait reprocher beaucoup de choses sur leur enfance (t’sais, ils savent frapper là où ça fait mal…) Ils m’ont dit que j’étais comme un tyran! Trop sévère…

Imaginer que mes « bébés » pensent ça de moi a littéralement déchiré mon cœur de maman et j’ai quitté la conversation avec les yeux pleins de larmes…

Suis-je si pire que ça? Ai‑je terrorisé mes enfants? Suis‑je une bonne maman? Comment j’aurais dû faire? Mes petits ont‑ils vraiment grandi dans la peur?

Je me suis effondrée, roulée en petite boule dans un coin et j’ai pleuré (parce que oui! Des fois, une maman, ça pleure!)

Puis la journée a continué, car comme chaque fois, la routine reprend le dessus. Vivre avec des ados, ce n’est pas toujours reposant!

Le soir, en rentrant d’un trajet « maman taxi », j’ai trouvé un mot sur mon oreiller…

« Nous attendre à la sortie de l’école avec une baguette de la boulangerie.
Faire nos gâteaux de fête.
Lire nos histoires.
Nous faire jouer et faire des activités.
Nous faire des albums photo pour des souvenirs.
Nous filmer pour la même raison.
Nous mixer nos fruits et légumes.
Nous avoir fait passer avant ton travail.
Nous avoir soignés.
Nous avoir réconfortés.
Nous avoir éduqués.
Avoir pris soin de nous.
Nous encourager.
Te forcer à faire tout propre et comme il faut.
Répondre à nos besoins.
Nous mettre au monde.
Nous loger.
Nous nourrir.
Nous donner de l’amour.
T’excuser après chaque chicane.
Souvent, nous pardonner.
Nous donner une autre chance.
Nous laisser contourner certaines règles. »

J’ai serré ce petit papier très fort sur mon cœur, et j’ai décidé que oui, je suis une bonne maman.

Nos ados sont tannants, souvent ingrats et pleins de reproches… et nous faisons de notre mieux…
Mais, chers parents, ne doutez jamais de l’amour ni de la reconnaissance que vos enfants ont pour vous, parfois bien cachés, au fond de leur cœur.

Gwendoline Duchaine

 

La fièvre

D’un coup, sans prévenir, tu ne files pas, tu respires rapidement, tes yeux sont vitreux, tu devi

D’un coup, sans prévenir, tu ne files pas, tu respires rapidement, tes yeux sont vitreux, tu deviens mou, tu ne manges plus, tu es chialeux, ta peau est si chaude… Je n’ai même pas besoin de prendre ta température, car je sais qu’elle est de retour… la fièvre…

Chaque fois, ce même moment de panique dans mon cœur de maman : mon bébé chauffe ! Son petit corps lutte contre une infection ! Qu’est-ce qu’il a ? Va‑t‑il se déshydrater, convulser ou mourir ? Mes battements cardiaques accélèrent, j’ai la nausée, je me garroche sur un médicament qui va faire tomber sa température. Je cours vers le téléphone : vite, il faut appeler la clinique !

Je sais pertinemment que ça peut ne pas être grave ! Les dents, un rhume, un virus quelconque… MAIS MON BÉBÉ EST MALADE ET MOI J’AI PEUR !

Parce que t’sais, ça se peut que ce soit dramatique ! Sur Internet, je découvre avec angoisse plein de maladies terrifiantes que mon enfant pourrait avoir !

Quand il finit par s’endormir, le souffle court et les joues si rouges, je n’ose pas fermer l’œil… je veille… je tourne en rond et je suis alerte…

Est-ce ça, l’instinct maternel ? Paniquer complètement quand mon petit chauffe ? Si c’est le cas, ce sentiment n’est-il pas primordial pour la survie de l’espèce ? Ça nous oblige à être à l’écoute de chaque alerte !

Pour mon cœur de maman, la fièvre, c’est une alerte ! Alors toi, médecin, infirmière, amie, conjoint, grand-mère… je n’ai pas besoin que tu me dises que ce n’est pas grave, qu’il faut attendre 48 heures, que je ne dois pas m’en faire… J’ai seulement besoin de ta main sur mon épaule, de ton écoute, de ta présence bienveillante. J’ai besoin de tu me croies…

Car quand une maman dit que son bébé ne va pas bien : elle ne se trompe pas…

 

Gwendoline Duchaine

 

Quand ta crainte de dormir chez une amie vire au cauchemar

<span style="margin: 0px; line-height: 107%; font-family: 'Times New

J’ai une fille avec un tempérament un peu anxieux. Un tempérament qui, au début de son apparition, ne causait pas trop de tort. Mais qui, une fois bien installé, nous a projetés dans les dédales de l’incertitude. Nous a fait frôler le cauchemardesque.

Tes craintes se sont manifestées à priori par de petits signes physiques. Puis, petit à petit, en grandissant, tu as mis des mots dessus. Mais rien à voir avec le rationnel. Non. Tu fabulais, tu racontais des tas de trucs afin de nous faire comprendre que telle ou telle situation te rendait inconfortable.

Nous t’avons tout d’abord soignée. Ton anxiété se manifestait souvent par des « bobos au ventre ». Puis au cœur. Maux de tête. Tu as même déjà souligné que tu croyais avoir les symptômes d’une gastro. L’attention fut renouvelée lorsqu’à travers tes mots et tes histoires, nous avons tenté de comprendre l’entièreté de ton cafouillis. Tu avais compris que plus tu beurrais épais, moins l’aide ne tarderait pas à arriver. L’attention offerte fut ainsi acquise pour les fois suivantes. Nous venions d’entrer dans une roue qui pourrait tourner indéfiniment.

Aller coucher chez une amie était souvent difficile. Tu nous appelais lorsque venait le temps d’aller te mettre au lit, prétextant un mal de ventre. Puis parce que tu n’étais pas à l’aise. À l’aise de quoi? Ça devait faire deux ou trois fois que tu allais passer de longues journées chez cette amie. Le plaisir que tu y trouvais! On ne pouvait imaginer qu’une nuit hors de la maison serait catastrophique pour toi. Et puis oui.

Dans ton imaginaire, il s’en passait des trucs. Plus tu y pensais et appréhendais ce qui s’en venait, plus tu craignais de ne pas nous savoir près de toi. Le temps a filé. Ton petit corps en a pris un coup. L’angoisse et l’anxiété se sont emparées de toi. Elles étaient de connivence. Elles se sont ralliées contre nous. Trop petite pour comprendre ce qui se passait, tu t’es alors jetée dans des histoires afin que nous mettions fin à tes supplices.

Les années ont passé, mais toujours la crainte de la nouveauté te cause des préjudices. Et par ricochet, à nous aussi.

J’avais tout fait en mon pouvoir pour instaurer ce lien d’attachement qui allait t’offrir le cadre nécessaire pour bien te sentir. J’avais toujours droit à une « crisette » lorsque venait le temps de sortir de la maison pour un moment à moi, entre filles ou pour aller faire des courses. Aller à l’école loin de moi t’était parfois impensable.

T’avais-je trop couvée? Avais-je instauré en toi un processus de crainte de la séparation? Avais-je, à un moment ou l’autre, accordé trop d’importance à tout cela, créant du coup du tort à ton développement?

Jamais tu n’avais été confrontée à une séparation angoissante, voire traumatisante au point de créer de l’anxiété.

Nos avertissements et nos menaces n’ont pas le dessus sur ce qui te ronge, t’effraie. On discute avec toi, t’explique ce qui va se passer. Cherche avec toi des solutions lorsque viendra le moment de reconnaître cet état que tu n’apprécies guère. Oui, il y a eu des menaces de perdre tel ou tel privilège si tu allais nous appeler au beau milieu de la nuit. Tu as préféré les retraits plutôt que de rester chez l’amie.

Le temps passera. Ton plaisir prendra le dessus sur l’inconnu. Tu choisiras de te faire confiance et tout ira pour le mieux. C’est bien d’écouter ton instinct, mais faut apprendre aussi à le contrôler. L’apprentissage de ce contrôle te servira pour le reste de ta vie. Fais‑toi confiance!

Je me questionne sur le lien de ce que tu as vécu toute petite et maintenant. Quitter l’enfance pour entrer dans le monde adulte te fera-t-il aussi peur que d’aller passer une nuit chez une amie? Si tu doutes de tes capacités intérieures, qu’en sera-t-il alors des questions existentielles sur ta vie? Moi, je crois en toi, mais je ne veux pas te pousser à croire en toi si tu n’as pas les bons outils pour y parvenir. Tu es ce que tu es. Ni faible ni pas bonne. Tu es toi et je veux que tu croies en toi aussi fort que nous croyons en toi. À un moment de ta vie, tu t’es fragilisée. Nous tâcherons de t’aider à comprendre que le passé n’est un présage ni de ton présent et ni de ton avenir. De t’offrir de nouvelles balises et ensemble de reconstruire ce que tu avais mis en place un peu maladroitement.

Il nous importe de te sentir bien, peu importe où tu te trouves. Là où tu seras, nous y serons.

 

Mylène Groleau

J’ai peur.

<span style="margin: 0px; color: black; font-family: 'Arial',sans-se

Vous connaissez ce sentiment? Celui de se laisser tomber dans le vide… celui de l’inconnu. Ce sentiment tellement épeurant de ne pas savoir où l’on va. Cette peur au ventre qui est constante.

Ce sentiment qui peut être un carburant pour certains, moi il me fait figer. Il me fait douter de moi, de mes capacités et de mes choix. Le doute est constamment présent. La peur de faire une erreur. Je crois que c’est pire que tout. Une voix dans ma tête me dit parfois : « Julie, tu as dix-neuf ans. Tu as la vie devant toi. Tu as le droit à l’erreur. Tu as le droit de recommencer. » Mais une autre me dit : « Julie, tu as dix-neuf ans. La vie va vite. Dépêche‑toi. Faut pas que tu te trompes. » Ces deux voix s’emmêlent parfois. Ces deux pensées contradictoires se bousculent.

C’est effrayant la vie. Parce que quand on y pense, on n’en a qu’une. On ne peut pas se rattraper, tout recommencer. Je ne peux pas retourner en arrière pour tout changer. J’ai peur de l’erreur. J’ai peur que dans quelques années, je regrette certains choix. J’ai peur de foncer. Voilà. Je l’ai dit.

J’ai peur de sortir des sentiers battus. D’essayer autre chose que ce que je connais déjà. Parce que je suis quelqu’un comme ça. Je fais ce que je connais. Je vais aux endroits que je connais. Je ne suis pas une grande exploratrice. Parce que j’ai peur de tout. Et en y pensant bien, c’est triste. Je n’ai même pas encore vingt ans, et j’ai peur en la vie. J’ai peur de la rater. D’en être déçue. D’être déçue des choix que j’aurai faits pour moi-même.

Une amie m’a dit dernièrement : « C’est en te lançant dans le vide et l’inconnu que tu vas trouver des choses que tu n’aurais jamais pensé vivre dans ta vie. Et ce seront les meilleures émotions que tu pourras vivre. Il n’est jamais trop tard pour changer d’idée dans la vie. » Après ces paroles, c’est ce que j’ai fait. Même si la petite fille au fond de moi avait le goût de pleurer. Je me suis lancée dans le vide. Sans attaches. Avec la peur au ventre, mais avec la certitude que je serais plus heureuse. Un jour ou l’autre.

 

N’oubliez jamais d’encourager vos enfants. De leur dire que ce n’est pas grave. Que ce n’est pas grave de se tromper. Que la vie, c’est fait pour prendre d’autres chemins que ceux que l’on croyait emprunter. Que oui, il y aura des moments de doutes. Puis ces moments‑là, ils font mal à l’âme parfois. Ils nous remettent en question. Mais que ce n’est pas grave. Parce que c’est la vie. Puis que la vie est belle.

 

 

Julie Lebrun

 

Un ennemi dans mon frigo

Je suis éducatr

Je suis éducatrice depuis de nombreuses années. Au fil des ans, j’ai connu différents enfants. Chaque fois qu’il y avait un enfant allergique à un aliment, j’étais nerveuse, inquiète. Un seul aliment pouvait dans certains cas enclencher une réaction très grave, voire la mort. Je m’assurais de nombreuses fois que ce qu’il allait manger ne contenait pas son allergène. À chaque repas ou collation, je remerciais le ciel d’avoir des enfants sans allergies. Je me demandais comment les parents vivaient avec cette condition sans mourir de stress.

 

Et puis, récemment, tu t’es mise à avoir mal au ventre, ma grande. On se demandait pourquoi, on est même allés consulter. Personne ne trouvait la cause de tes maux. Je me suis mise à écrire tout ce que tu mangeais, parce que les maux de ventre empiraient. Un pressentiment de maman? Peut-être. Un soir, tu t’es mise à vomir. Mon dieu, je n’avais jamais vu autant de vomi de ma vie. Papa et moi, on a regardé les notes. C’est là que nous avons réalisé que chaque fois que tu avais des douleurs au ventre, tu avais mangé des œufs, dans sa forme pure. On a appelé ton médecin. On a pris rendez-vous. Mais avant même le fameux rendez-vous, tu t’es mise à crier, à hurler de douleur. Je ne comprenais pas, tu n’avais pas mangé d’œufs. Et là, j’ai réalisé que tu en avais mangé, indirectement, dans une recette de galettes. 

 

Papa est allé à l’urgence avec toi. Tu as vu un médecin rapidement. Le verdict est tombé : allergie aux œufs soupçonnée. À partir de ce moment, plus d’œufs dans ton alimentation, jusqu’au test d’allergie. On a arrêté à la pharmacie pour prendre l’Epipen prescrite.

 

Maintenant, je fais partie de ces mamans inquiètes. Je m’informe sur les options de remplacement dans les recettes. Je lis les étiquettes des aliments un million de fois. Chaque fois que tu manges, je suis inquiète, parfois même paniquée. Et s’il y en avait… et que j’ai mal lu.

 

J’ai discuté avec des parents qui vivent avec des enfants allergiques. Il paraît qu’on finit par s’habituer, qu’on devient moins nerveux. On apprend à connaître ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Ils m’ont tous dit la même chose : le pire, c’est dans les restos. Là-bas, on n’aura pas le contrôle.

 

Je ne sais pas pourquoi, mais je pensais qu’à huit ans, tu étais à l’abri. Pourtant, je savais parfaitement qu’une allergie peut se déclencher n’importe quand. Je souffrais probablement de la pensée magique.

 

Mais maintenant… J’ai peur…

 

Mélanie Paradis

Moi aussi j’ai peur pour toi, ma fille

Il pleut ce soir, et j’ai les blues. Mes trois enfants — toutes

Il pleut ce soir, et j’ai les blues. Mes trois enfants — toutes de sexe féminin — dorment et rêvent d’être grandes, sans se douter de ce qui les attend.

La récente pluie de #MoiAussi qui se dynamise sur les réseaux sociaux depuis quelques jours donne malheureusement l’impression à certains hommes pleins de mépris que les femmes sont toutes des saintes-nitouches en quête d’attention. Plusieurs grandes intellectuelles bien mieux outillées que moi pour leur répondre ont pris la parole. Pourtant, j’ai envie aujourd’hui de déposer mon petit grain de sable dans ce sablier médiatique. Et ce grain que je dépose a les couleurs et la texture d’une mère de trois petites filles qui rêvent au prince charmant.

Tout d’abord, j’aurais envie de dire que j’ai toujours été féministe, mais que je le suis devenue de façon encore plus appuyée le 11 décembre 2012 lorsque ma belle Lilianne est née. Les batailles livrées par ces clans de femmes fortes sont alors devenues les miennes, car je ne supportais pas l’idée que ma fille puisse être traitée différemment à cause de son vagin. L’idée qu’elle soit moins payée à cause de lui m’horripilait (et m’horripile toujours), l’idée qu’elle puisse se faire prendre moins au sérieux dans un contexte hiérarchique à cause de lui me hantait (et me hante toujours), l’idée qu’elle puisse être considérée comme une agace parce qu’elle se montre sympathique me damnerait…

Et je me suis rendu compte que je serais détruite que mes filles vivaient des situations semblables à certains événements de mon passé de jeune adulte. Avant de rencontrer l’homme de ma vie et le père de mes enfants, j’ai vécu un an de célibat durant lequel j’ai été pas mal sur le party, et durant lequel j’ai fait beaucoup de rencontres : des merveilleuses comme des affreuses. Durant cette année, j’ai appris à me méfier des buissons et des coins sombres dans les bars, des hommes intoxiqués aux mains baladeuses et aux paroles vicieuses.

Ces souvenirs, déposés sur mes filles plutôt que sur moi-même, auraient le potentiel de me tuer. Pourtant, à voir le nombre de #MoiAussi, peut-être vaut-il mieux que je me prépare psychologiquement à cette triste probabilité. Car même si la majorité des hommes ne sont pas des harceleurs et des agresseurs, les cas récents mettant en scène des vedettes montrent que pour un seul prédateur, il y a un nombre écrasant — et écrasé et écrasable, du moins à leurs yeux — de proies.

Sommes-nous rendus là, à préparer nos filles à cette traque ? À préparer nos filles à cet assaut plutôt qu’à préparer nos garçons à l’amour ?

Ma fille, tu rencontreras un ou plusieurs hommes significatifs dans ta vie. Ces hommes des amis, des amoureux t’adoreront, te chériront. Tu te marieras peut-être avec l’un d’eux, et vous aurez peut-être même des enfants.

Mais il est fort à parier qu’au moins une fois dans ta vie, un homme glissera soudainement sa main dans ton chandail pour empoigner tes seins durant un 5 à 7 à ta résidence cégépienne.

Il est fort à parier qu’un autre soulèvera ta jupe dans un bar pour te pogner le cul en te murmurant à l’oreille une cochonnerie que tu n’as jamais même entendue même dans un film porno.

Un autre essayera peut-être de glisser sa main dans tes culottes pendant que tu dors sur le sofa d’une amie à la fin d’un party.

Oh ! Peut-être aussi qu’on essayera de te forcer à faire une pipe à un gars que tu connais ni d’Ève… et ni d’Adam surtout.

Il y a aussi des risques que tes signaux de détresse ne soient pas pris en compte au moment d’expérimenter une nouvelle pratique sexuelle avec un gars qui visiblement ne te respectera pas tant que ça — ton petit chum d’une certaine époque.

Tu seras harcelée. Traquée, objectivée, agressée.

Tu seras peut-être même violée.

Et j’ai peur pour toi, ma fille.

Et après, on te dira que tu n’avais qu’à rester chez toi en pyjama.

Toutes ces expériences sont les miennes. Si elles n’ont pas été traumatiques pour moi, j’ai peur qu’elles le soient pour elles — et le mot peur est une atténuation. Je préfèrerais revivre mille fois ces intrusions si ça pouvait épargner une seule de ces situations à une seule de mes filles. Ces expériences ne sont pas les plus sensationnalistes que vous pourrez trouver lors de cette ruée médiatique : elles sont somme toute banales dans ce contexte, et c’est justement ça qui fait peur. Des mains glissantes et des bouches sales prêtes à susurrer des dégueulasseries, il y en a partout.

Je ne sais pas trop quelle conclusion je veux donner à ce billet, car je n’ai pas inventé la roue à trois boutons et ne prétends donc pas avoir quelque chose d’original ou d’inédit à proposer pour dénouer ce nœud sociétal. Je ne suis pas une journaliste établie, une chercheure en études féministes, une politicienne de gauche engagée. Je ne suis qu’une maman inquiète, qui souhaite un monde meilleur pour mes enfants : pour mes filles.

Véronique Foisy

 

 

Les idées exprimées dans ce texte appartiennent à l’auteure. Elles ne représentent pas l’opinion générale véhiculée par Ma Famille Mon Chaos ou par les responsables du blogue.

#MeToo

Vous avez sûrement remarqué les nombreux #MeToo (#MoiAussi

Vous avez sûrement remarqué les nombreux #MeToo (#MoiAussi) qui inondent les réseaux sociaux actuellement… Il s’agit d’une campagne dénonciatrice pour toutes celles qui ont été victimes d’agression sexuelle, et une vague immense de solidarité de la part de tous ceux qui soutiennent les victimes.

Pourquoi écrire « moi aussi » ? Et bien parce que ces deux petits mots, mis ensemble, en révèlent déjà beaucoup… Je ne peux pas parler pour toutes les victimes, et je n’ose pas imaginer toutes les atrocités dont l’homme peut être capable… Si cela fait encore de lui un homme. Mais je peux raconter l’histoire d’une adolescente qui s’est tue pendant presque quinze ans.

Aujourd’hui, je suis forte, assumée et articulée. Je défends mes droits, je m’assume et je crie haut et fort ce en quoi je crois. Je pense que je fais jaillir cette force dans tout ce que je fais aujourd’hui, parce que je n’ai pas su être forte ce jour-là.

Cet homme… je n’aurais pas dû lui faire confiance. Je n’aurais pas dû le suivre. Je n’aurais pas dû l’écouter, et encore moins le croire. Je me suis répété pendant des années que JE n’aurais pas dû… Ironique, non ? Parce que oui, c’est peut-être cliché, mais c’est atrocement vrai à quel point on se sent coupable en tant que victime.

Une seule fois, j’ai tenté de raconter à ma mère ce qu’il m’avait fait, dans ce coin sombre d’un pays étranger. Elle a vite conclu que comme j’avais su m’enfuir, et qu’il n’avait pas « été jusqu’au bout », c’était à moi de me relever la tête haute, de sourire et d’oublier. C’est textuellement ce qu’elle m’a dit ce jour-là.

J’aurais aimé, maman, pouvoir mieux t’expliquer. J’aurais aimé savoir trouver les mots pour te montrer ce qu’il avait brisé en moi. Parce que du haut de mes quatorze ans, je n’ai pas trouvé les mots… JE n’avais pas su me protéger, et JE n’arrivais pas à me justifier…

J’ai encore le souvenir de ses mains immenses qui me tiennent les poignets. J’aurai toujours la sensation de ses doigts sur mon corps, quand il a détaché mon soutien-gorge et passé ses horribles mains partout sur moi. J’écris ces lignes et je sens encore sa langue sale et gluante forcer mes lèvres. J’ai fait des cauchemars, toutes les nuits, imaginant qu’il pouvait traverser l’océan et forcer ma chambre. Je l’ai vu, devant moi, chaque matin où j’ai ouvert les yeux en sursautant. J’ai senti son odeur immonde sur chaque homme qui m’approchait. Je me suis empêchée de manger parce que tout avait un goût d’amertume et de honte.

Je me suis aussi ouverte à plusieurs hommes ensuite, parce qu’en fait, je n’avais plus rien à perdre… ni dignité ni valeur.

Puis un jour, un homme est entré dans ma vie. Il a été doux, compréhensif et patient par-dessus tout… Les semaines, les mois et les années ont passé. Ça m’a pris trois ans avant de recommencer à manger normalement… Ça m’a pris trois ans avant de pouvoir regarder dehors et trouver qu’un paysage était beau, tout simplement. Ça m’a pris trois ans avant de sentir à nouveau l’odeur des fleurs, sans arrière-goût âcre ni amertume.

Maman, j’ai tenté de sourire, je te le promets. Mais je n’ai pas réussi à oublier. Je suis désolée, ça doit être de ma faute, ça aussi.

Aujourd’hui, j’ai aussi tapé un « #MeToo » sur un petit écran. Et ces deux petits mots que je vois défiler partout me font me sentir moins seule… Un jour, je pourrai marcher dehors, dans le noir, sans me sentir totalement affolée. Sans avoir l’impression que le monde entier peut faire ce qu’il veut de moi… Une autre partie de moi a encore peur. Peur de voir que si les partages et les #metoo sont si nombreux, c’est que cette société a encore beaucoup à apprendre.

Montrons à nos filles à dénoncer, à crier et à se battre. Apprenons à nos futurs hommes l’égalité, le respect et la dignité. Enseignons à cette société que le combat n’est pas fini.

Eva Staire

Naufragés du système de santé

 

Ça s’est passé un vend

 

Ça s’est passé un vendredi soir. On est rentrés du cinéma et ma fille de seize ans a commencé à se sentir mal. Vraiment mal. Elle se tordait de douleur. Elle s’est mise à vomir. La douleur devenait de plus en plus forte. Elle avait le souffle coupé, la cage thoracique comprimée, des nausées, une barre dans le dos et des vomissements. Puis cette douleur aigüe dans le ventre…
– Je t’en prie, fais quelque chose, je vais mourir…

Alors, on a appelé le 9-1-1…
Les quinze minutes les plus longues de notre vie…
L’ambulance est enfin arrivée et avec elle, le soulagement d’être pris en charge. Les ambulanciers sont comme des anges apaisants, rassurants dans cette angoisse pesante…

Que se passe-t-il? Ma fille va-t-elle mourir? On a besoin d’un chirurgien? Pourquoi souffre-t-elle tant? Pouvez-vous nous aider? Est-ce son cœur? Son ventre? Son appendice? Son utérus?

Je vous assure que tous les scénarios sont passés dans nos têtes de parents apeurés…

L’ambulance arrive à l’hôpital…
On va nous aider maintenant…
L’infirmière… le triage…
Son cœur est ok, ouf...

P4-Civière… douleur 5/10…
Ça, c’est ce qui était écrit dans son dossier…

Dans les faits, notre adolescente pleurait de douleur, elle était si pâle, les nausées étaient si fortes. Elle n’allait vraiment pas bien et nous l’avons signalé plusieurs fois.

Mais t’sais, notre système de santé…
Des professionnels débordés et sollicités par tous, pour tout et rien…
Dans la salle d’attente, pleine de « bobologie », certains patients simulaient des malaises afin d’être réévalués… d’autres perdaient patience et haussaient la voix devant l’infirmière… un gardien de sécurité les forçait à revenir au calme…

Pendant ce temps, ma fille me suppliait…

P4-Civière
Dans les faits, elle n’a jamais eu de civière, car il n’y en avait plus de disponibles. Dans les faits, elle a seulement eu du Paracétamol pour sa douleur…

Savez-vous comment elle s’est sentie?
– Maman, l’infirmière ne me croit pas. J’ai mal. J’ai si mal.
Alors, on a insisté…

Notre fille a fini par recevoir un anti-inflammatoire et un anti-nausée.
Notre fille a attendu 12 heures et 34 minutes sur un fauteuil roulant en salle d’attente avant de voir un médecin…
Il a prescrit un bilan sanguin et une échographie.

Pendant que nous allions à l’écho, j’ai lu le dossier médical de mon enfant. L’infirmière a écrit plusieurs fois que ma fille dormait « paisiblement », avec son papa, en salle d’attente… sauf que son papa dormait à la maison avec nos deux autres enfants. C’est moi qui avais pris le relai. Son visage crispé de douleur n’avait rien de paisible. L’infirmière n’est jamais venue réévaluer notre fille… pendant douze longues heures…

Dans les faits, nous avons passé la nuit toutes les deux, sur des chaises, dans la salle d’attente. Par chance, j’ai toujours des sacs de couchage dans mon auto, ils nous ont permis de fermer un peu les yeux… Entre les allers-retours des patients, les appels des soignants dans l’interphone… je me suis sentie si seule… démunie face à la souffrance de mon enfant… sans filet dans ce système de santé… je me suis sentie oubliée… incomprise…

C’est quand les résultats de la prise de sang ont été connus que tout s’est accéléré…

Et quand le médecin est entré dans la salle d’auscultation… il a posé son regard sur ma fille, il a regardé le sol, a pris une grande respiration et m’a annoncé la nouvelle sans jamais me regarder dans les yeux. Les murs se sont mis à tanguer. Mon souffle s’est arrêté. J’ai senti le sang dans mes veines cesser de couler. Mon ciel bleu s’est couvert. Je me suis accrochée au visage blême de mon enfant…

J’ai posé toutes les questions qui me venaient là… sur le coup… sans me douter que j’allais en avoir des centaines d’autres quand nous serions parties…

D’autres prises de sang… quatorze tubes de sang… dans sa jaquette bleue, ma fille était malade… L’infirmière m’a disputée, car ce n’était pas la bonne carte d’assurance maladie sur les documents. Elle m’a renvoyée à l’accueil… J’étais une automate… les secrétaires me faisaient encore des reproches… Je ne comprenais rien. J’étais sous le choc et je me foutais pas mal de la paperasse…

Je n’ai ressenti aucune compassion. Je me suis sentie seule. Triste, paniquée et seule.

– Son foie est malade.
– Pourquoi?
– Ils ont fait plein d’analyses, il faut attendre…
– C’est grave?
– Oui.

Le médecin nous a alors relâchées, nous donnant rendez-vous dans trois semaines pour interpréter les résultats.

Trois semaines! C’est le bout du monde!
Trois semaines sans savoir… sans filet… naufragés de ce système de santé… nous sommes rentrées à la maison…

Les questions ont commencé à fuser dans nos têtes… et depuis, l’angoisse, chaque jour qui passe… l’angoisse de retourner dans cette ambulance et dans ce système de santé qui laisse un enfant souffrir pendant plus de douze heures sans soins… ce système qui nous laisse sans aucune réponse…

Naufragés… c’est ainsi que nous nous sentons… comme ces centaines de personnes qui traversent les portes des urgences des hôpitaux du Québec…

 

Gwendoline Duchaine

Les manèges et moi

Ma fille, je prends ma retraite des montagnes russes…

<p styl

Ma fille, je prends ma retraite des montagnes russes…

Je suis une fille qui adore les sensations fortes !

Aller à La Ronde était chaque été un incontournable. Je pouvais faire à répétitions les manèges les plus intenses. Et puis j’ai eu des enfants…

Alors là, pas le choix de se priver pour accompagner nos enfants chéris dans ce qui est d’usage pour leur âge. Je rêvais au jour où enfin, mes enfants seraient assez grands pour me permettre de retourner à mes hautes sensations !

Ce jour est arrivé !

Mais mon amour des sensations fortes a foutu le camp !

Je suis rendue trop vieille ? Trop consciente des dangers ? Trop consciente que je n’aime plus le stress dans ma vie ?

Grande fille a mon amour des manèges intenses. Je me force à l’accompagner. Mais l’attente est une torture…

Anxiété, sueur froide, essoufflement, ma tête bouillonne de tous les scénarios les plus catastrophiques… si bien que…

Un jour, assise dans un manège, j’annonce à ma fille : « Bon là ça va faire, je prends ma retraite des manèges, c’est assez ! »

Comment en suis-je arrivée là ?

On a des enfants, on se dit qu’un jour, on va triper avec eux. Que la vie sera exceptionnelle grâce à ces moments. Que la vie est faite pour aller à fond, et en plus quand nos enfants embarquent, c’est le bonheur…

On attend des années pour avoir du fun avec nos kids… pour finalement choker… Et vous, vous vivez un truc pareil ?

Martine Wilky

Je n’aurais jamais assez d’une vie

La vie est courte. Ma tête bouille de rêves et de projets. J’ai

La vie est courte. Ma tête bouille de rêves et de projets. J’ai 37 ans et j’ai l’expression « j’aurais donc dû » beaucoup trop souvent dans la bouche. Ça me laisse un goût amer, comme quelque chose d’inachevé… Le fameux un jour…

Je suis une Montréalaise de naissance. J’avais tout à ma portée. Les écoles, les gros cinémas, les arts, les restaurants et surtout la diversité. Alors pourquoi je ressens ce vide? Je n’ai jamais vraiment voyagé, je n’ai jamais demeuré loin de la maison familiale et surtout, je n’ai pas exploré ce que le monde avait à m’offrir. Je suis restée dans mon confort, car l’anxiété me paralysait. Tout d’un coup que je me trompe? Si je quitte tout et que je n’aime pas? Si Si et Si.

Le grand regret de ma vie

J’ai souvent rêvé de partir sur un coup de tête. Tu décides d’un endroit, tu fais ta valise et puis bye bye la famillia, je suis partie. Au lieu de ça, je suis restée prise dans mes bottes. Je voulais aller apprendre l’anglais en Colombie-Britannique, j’aurais voulu être femme au pair à Los Angeles ou juste étudier au Cégep de Jonquière (je sais, c’est moins exotique, mais pour moi, c’était déjà le bout du monde), mais la peur a pris toute la place. Je ne dois pas vivre dans le regret, car je suis ce que je suis, mais c’est plus fort que moi. Une partie de moi le souhaite encore.

Même côté carrière, je m’y suis perdue

Pendant douze ans, j’ai travaillé dans le milieu culturel. J’ai adoré faire de la coordination et de la production de spectacles et d’albums. J’y étais foncièrement heureuse. Par contre, je désirais une famille. Je ne voulais pas me sentir déchirée entre ma passion et mon enfant. Alors, j’ai pris la décision de faire passer ma famille en premier. Aujourd’hui, ma passion me manque. Le thrill du métier résonne souvent dans mon cœur à chaque spectacle que je vois. Ai-je fait le bon choix? Je crois sincèrement que oui. Mais je me sens quand même incomplète.

Avoir une famille change les perspectives

Maintenant, j’ai une famille. Je ne peux plus partir comme je l’aurais donc souhaité. Ma fille est malade et nous ne pouvons pas nous éloigner trop longtemps de l’hôpital. Par contre, certaines pensées resurgissent. Je m’imagine souvent avoir ma petite maison sur le bord de l’eau dans Charlevoix ou vivre dans la magnifique ville de Québec. Je sens en moi une urgence de changement, d’être déracinée. Qu’est-ce qui me retient? La peur de ne plus voir ma famille aussi régulièrement? La peur de m’ennuyer de la ville? La peur de la solitude? La foutue peur!

Mais qu’est-ce qui m’en empêche réellement

La seule chose qui me bloque, c’est moi. Je pense beaucoup trop. L’inconnu peut être très effrayant, mais aussi très valorisant et ressourçant! Je ne veux pas vieillir avec le sentiment de n’avoir rien tenté. Je veux montrer à mon enfant que peu importe ton rêve, tu as le droit d’y croire. Que l’aventure, c’est un pas vers la liberté. Je veux vivre ce dont moi, j’ai envie! Je souhaite ardemment me souvenir de ma vie, le sourire en coin, car je serais fière de ce que j’ai enfin pu accomplir.

Alexandra Loiselle-Goulet