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Le véritable amour – Texte: Arianne Bouchard

Je suis une incorrigible romantique et j’ai de la chance, car j’

Je suis une incorrigible romantique et j’ai de la chance, car j’ai rencontré l’amour de ma vie. Comment je le sais ? Ces choses-là, tu le sais c’est tout. À la seconde où il est entré dans ma vie, j’ai su que plus rien ne serait jamais pareil. Les couleurs étaient plus vives et le soleil rayonnait autant que moi-même à la simple vue de mon Roméo. Je ne me suis jamais posé la question. Je le sens dans mes tripes, depuis le début. Dès que je l’ai rencontré, je l’ai aimé. J’ai appris à le connaître et je suis à nouveau tombée amoureuse. Certes sa beauté a attiré mon œil, mais c’est sa personnalité qui a capturé mon cœur. Je le sentais du plus profond de mon être : c’est ce gars-là que j’allais épouser, lui, mon véritable amour.

Le véritable amour, c’est un gros risque à prendre. Offrir son cœur, son âme et tout donner en espérant que ça suffise. Ça n’a rien à voir avec une personne avec qui tu veux faire ta vie, non. Au contraire, c’est plutôt une personne sans qui tu ne peux pas la faire. Tu l’aimes tellement que dans une certaine mesure, c’est douloureux. Ça fait mal de s’imaginer sans lui. Son toucher, sa présence, ça te manque instantanément lorsqu’il s’éloigne de toi. Il te chavire et te fait perdre pied comme personne. Son rire et sa douceur te chavirent le cœur. Quand tu penses à lui, c’est davantage que quelques papillons dans le ventre, c’est littéralement un insectarium ! T’as le souffle coupé chaque fois qu’il t’embrasse et cette sensation douce-amère chaque fois que ses lèvres quittent les tiennes. T’as l’impression que si tu ne pouvais jamais plus l’embrasser, c’est simple, t’en mourrais. Bien sûr, tu veux passer toute ta vie avec lui alors t’essaies de pas trop y penser, mais quelquefois… ben t’y penses pareil !

Et s’il ne t’aimait plus ? Oh que ça fait mal cette simple pensée… Tu l’aimes tellement ! La question ne se pose même pas. Tout ce que tu veux, c’est son bonheur, même si ça ne t’inclut pas. Tu serais prête à le laisser partir, tout en espérant que vous resteriez suffisamment en bon termes pour qu’il ne sorte pas définitivement de ta vie, si jamais c’était le cas. Oui, tu y penses, car toute ta vie, tous les livres que tu as lus, tous les films que tu as vus, toutes les chansons que tu as écoutées t’ont mis ça dans la tête : toutes les histoires d’amour ont une fin heureuse. Quel mensonge ! Le véritable amour ne connaît jamais de fin. Vous passerez vos vies ensemble et même au-delà, car même la mort n’empêche pas deux cœurs de s’aimer. Le véritable amour, c’est maintenant, c’est plus tard, c’est toujours.

Arianne Bouchard

 

Le dragon-cracheur-de-feu – Texte : Solène Dussault

Depuis quelque temps, un dragon loge sous mon toit. Dès qu’il se lève le matin, tout couetté, i

Depuis quelque temps, un dragon loge sous mon toit. Dès qu’il se lève le matin, tout couetté, il me pulvérise de ses yeux rouges et vengeurs, l’air de dire « ah non, tu habites encore ici, toi ? ». Ce dragon a 15 ans et je n’ai pas vu venir le réveil de la bête.

C’est son été des grandes nouveautés, son été de tous les possibles. Il a commencé à travailler à l’épicerie du coin, c’est son premier emploi étudiant. Je suis bien heureuse pour lui, qu’il vive cette expérience enrichissante. Il apprend à servir des clients (oui servir, dans le sens de répondre à des besoins autres que les siens) et à faire des phrases de plus que deux mots. Il apprend à faire des demandes à un gérant (parce qu’à cet âge-là, il faut structurer sa pensée si on veut pouvoir se faire accorder quelques jours de congé. On ne peut pas juste grogner et marmonner). Mais le dragon en lui est irrité à la moindre contrariété : un autre employé ne fait pas les tâches comme il le devrait et il en râle toute la soirée parce que LUI, le dragon-fidèle-au-poste, fait bien son travail.

Et c’est aussi en ces lieux bénis qu’il a rencontré sa première flamme : une toute belle. SA première toute belle. C’est dans le vestiaire des employé.e.s qu’ils se sont embrassés pour la première fois. Voir son visage, quand il s’est assis dans l’auto qu’il m’a dit « Maman, je l’ai embrassée !!! ». Ça valait tour l’or du monde. J’étais heureuse et fière qu’il me partage ce moment d’intimité. Il n’était pas obligé de me faire cette confidence l’ado-dragon.

Mais voilà que cette nouveauté dans sa vie l’a transformé. Il est passé de l’enfant docile à JE-VEUX-VIVRE-MA-VIE-ET-PRENDRE-DES-DÉCISIONS. Il veut décider des journées où il la voit. Il veut décider de l’heure à laquelle je dois aller le reconduire à leur lieu de rencontre. Il veut prendre des décisions avec elle. Il veut partir de chez moi, il a tellllllement hâte de vivre sa vie. Sa diarrhée verbale déferle sur moi sans fin. Il me fait monter de force dans le manège des montagnes russes.

Assis au comptoir de l’îlot de cuisine, il me lance ses flèches piquantes. Il me crache qu’il est tanné que je décide pour lui. Il veut être autonome, il veut se péter le nez tout seul en vivant ses expériences lui-même. Il veut décider de son heure de retour à la maison. Il veut TOUT TOUT TOUT…

En quelques jours, son feu intérieur a brûlé les traces de son enfance pas si lointaine. Il voulait encore que j’aille dans sa chambre lui dire « Bonne nuit ». Il dormait encore la porte de sa chambre ouverte. Il acceptait encore de m’accompagner dans certains magasins. Cette époque est révolue. Mais lorsqu’il peut encore tirer des bénéfices de sa mère, le dragon peut être futé. Il aimerait bien que je lui fasse cuire ses rôties, que je prépare son lunch, que je fasse le taxi. Bref, que je continue à lui donner ma chemise malgré son air bête et les cornes qui lui sont poussées.

Et là, un moment donné, la mère bienveillante et compréhensive en moi le « call » pour une rencontre au sommet. Je m’assois à la table de la cuisine avec une feuille de cartable et un stylo. Il SAIT. Lorsque je m’installe avec mes outils de mère-qui-veut-trouver-des-solutions, il sait qu’il ne gagnera pas et qu’il devra collaborer. Il déplie son long corps, évacue quelques respirations par ses narines fumantes, se lève avec un écouteur Air-pod à l’oreille et vient me rejoindre à la table en disant « Ah non, pas encore tes cr**** de feuilles ». Je me retiens pour ne pas partir à rire. Parce qu’à ce point, je suis déjà gagnante. Il s’est levé et est venu à ma rencontre. Avec un dragon, il faut y aller très lentement et lui donner l’impression qu’il décide.

Je commence mon bla-bla, lui demandant quels sont ses besoins. Il me jette un regard qui veut dire « Ben voyons toé, mes besoins, de kossé que tu veux dire ??? ». Et j’attends sans rien dire. Je suis calme et lui aussi. Je vous épargne le reste de la démarche ultra pédagogique. Il repart avec la feuille, sur laquelle j’ai écrit les quatre besoins qu’il m’a dictés. Et j’ai fait des beaux p’tits croquis pour qu’il comprenne des concepts de la vie. Mais il retient une chose de mon message on ne peut plus clair : il a 15 ans et aura une liberté de dragon de 15 ans dans un cadre d’amour fixé par les adultes de son entourage. Ce cadre de stabilité et d’ouverture y restera jusqu’à ses 18 ans. Que notre accompagnement ira ensuite en diminuant…

C’est le matin, le lendemain de ma rencontre au somment avec lui. Son aide-mémoire est dans sa chambre. Je ne sais pas s’il l’a chiffonné, déchiré, jeté. Je ne sais pas si à son réveil, l’ado-dragon se souviendra de notre discussion d’hier soir. Peut-être aura-t-il tout oublié ? Je répéterai avec plaisir. Mon dragon, je l’aime et je sais qu’un jour, il retournera se coucher dans sa grotte. Je me dirai alors que c’était une période de cauchemars vraiment nécessaire à son épanouissement et que je découvrirai un homme souriant, heureux, libre et en pleine possession de ses moyens.

 

Solène Dussault

Promesse d’amour — Texte : Liza Harkiolakis

Hier, huit mois après mon déménagement, j’ai défait et rangé la dernière boîte qui restait.

Hier, huit mois après mon déménagement, j’ai défait et rangé la dernière boîte qui restait. LA boîte « divers » qu’on finit toujours par oublier. Celle qu’on fait in extremis une heure avant que les déménageurs arrivent ; ramassis de fonds d’armoires, de tiroirs, et de dessus de comptoirs. Nos disparates, nos impossibles à jeter ou à classifier.

D’une fois à l’autre, c’est pas mal toujours les mêmes choses que je « pitch » dedans. À la différence que cette année, en plus des mini lunettes de soleil, mini chaussures à paillettes ; mini peignes à cheveux, mini bandeaux à cheveux, mini sacs à main, mini rouges à lèvres et autres mini gogosses et accessoires de poupées de ma fille, il y avait aussi des échantillons de peinture, des bouts de céramiques brisés et une lettre d’amour jamais envoyée.

Cette lettre, c’était ma promesse d’amour écrite pour mon chum. Assise par terre dans mon grand walk-in, comme dans une scène de film, je l’ai relue. Et j’ai pleuré. Pour plein de bonnes et de moins bonnes raisons. J’ai pleuré, car nous ne sommes plus en couple aujourd’hui et qu’encore, certains soirs, son corps et son odeur me manquent. Son humour aussi. Accepter un deuil ou une situation, même si elle est pour le mieux, ne nous rend pas moins nostalgiques.

Après cette lecture, je me suis demandé si les choses auraient été différentes si je lui avais donné la lettre. Si notre rupture était davantage liée au contexte difficile des derniers mois ou si nos besoins, nos attentes et nos façons d’aimer étaient simplement trop éloignés. La valse étourdissante des « Si on avait fait ceci » ou des « si j’avais fait ça » a recommencé. Je suis médaillée d’or des valses mentales. Des fois, j’en doute, des fois je regrette et des fois je reste coincée dans mes grands questionnements. Une chose pour laquelle je ne doute pas cependant, c’est que ma vision de l’amour a changé à ses côtés. Depuis lui, je n’aime plus de la même façon.

Avant, je voulais de grands vertiges, de l’indélébile. Avant, je likais ces longs textes poétiques qu’on voit passer sur les médias sociaux. Ceux qui martèlent qu’on « mérite » un amour qui nous lève de terre et qui efface nos blessures à grands coups de frissons. L’amour idéal, immuable qui chasse la noirceur et les démons, mais l’amour n’a pas ces fonctions et ce serait de mentir que de promettre que mon amour à moi fait ou fera tout ça.

« Mon amour n’arrivera pas à te faire oublier les blessures et les trahisons d’amour qui t’ont profondément marqué.

Mon amour n’arrivera jamais à remplir le manque ou la sensation de vide qui peut parfois t’habiter.

Mon amour, même s’il est puissant et sincère, ne sera jamais suffisant si tu n’as pas envie de le recevoir ou s’il ne correspond pas à ce que tu crois être bon pour toi.

Mon amour n’aura jamais la saveur de ton premier amour. Il ne se rapprochera jamais de celui que tu as ressenti quand tu avais 17 ans.

Mon amour ne te tiendra peut-être pas réveillé toute la nuit, mais peut-être qu’il t’aidera à t’endormir les dimanches soirs ou ça ne va pas.

Mon amour a 44 ans.

Il arrive plein d’espoirs, de désirs, de sincérité, mais il arrive aussi seconde main, reconstruit, réusiné.

Je ne chasserai pas tes démons, mais je resterai à tes côtés même quand ils y seront. Je ne te soulèverai pas de terre tous les jours, mais je t’accepterai comme tu es et même quand, malgré moi je te blesserai, j’essayerai de comprendre tes déclencheurs et mes erreurs afin que tu te sentes en sécurité. C’est cette promesse d’amour que j’ai envie de faire aujourd’hui. Un amour doux, loyal et vrai. Un amour qui s’installe et qui grandit ; un amour qui s’ancre et qui dure dans le temps. »

Aujourd’hui, mon émotion est passée et j’ai arrêté de pleurer. Je viens de relire cette lettre. Je suis en paix et remplie de gratitude pour ce qu’on a vécu et traversé. Lundi prochain, jour de la Saint-Valentin, je vais lever mon verre d’eau de puits aux moments doux qu’on aura eus et à tous les amoureux qui s’aiment. Et je remercierai la vie de m’avoir donné, tant de fois, la chance d’aimer avec autant de sincérité.

Liza Harkiolakis

Croire en une confiance oubliée – Texte: Shanie Laframboise

La chance de se faire détruire, nous l’avons tous déjà volontairemen

La chance de se faire détruire, nous l’avons tous déjà volontairement prise en osant offrir à certaines personnes l’accès à l’arme la plus puissante que l’on possède : notre confiance. Peut-être n’ont-elles aucune intention de s’en servir, mais notre cœur affligé nous rappelle la souffrance de notre corps qui nous est revenu trop souvent brisé. Et puis, nous avons conscience qu’il est fort possible qu’elles nous blessent encore, par accident, comme un vase fragile perdant toute valeur une fois tombé et dont on ne tarde pas à se débarrasser. 

On l’apprivoise pas à pas, on donne notre confiance goutte à goutte, mais il ne suffit que d’un faux pas pour la perdre par litres. Par peur de faner telle une fleur si fragile qui ne repoussera pas perpétuellement, on se console en se disant qu’il vaut mieux vivre dans l’indépendance pour dissimuler la réalité de notre crainte d’accorder cette confiance. Il nous est donc plus facile de nous masquer la vérité pour nous protéger d’être une fois de plus atterré en un claquement de doigt par une déchirure qui perdure. Une fois que le mal est fait, alors que ceux qui la méritaient le moins en ont abusé, nous refusons trop souvent notre confiance à ceux qui la méritent le plus. Nous nous mentons à nous-mêmes en évitant nos besoins de croire et d’être compris, par peur d’offrir ce que nous possédons de plus intime : l’accès à notre cœur. 

C’est vrai, parfois, la peur d’investir dans la déception s’estompe et on retrouve l’espoir de pouvoir croire. On croit qu’elle peut durer, on croit qu’elle peut nous accompagner ainsi qu’elle peut nous relever, et ce, jusqu’à tant qu’on retombe les pieds sur terre et qu’on se rappelle que la confiance est éphémère. Elle réussit à nous faire espérer, jusqu’au moment où on se la fait enlever par le temps qui la fait filer entre nos doigts. Parce qu’on la souhaite plus que temporaire, on tente d’agripper de toutes nos forces le mince fil la retenant, celui qu’on voit glisser et qu’on sent nous échapper, jusqu’à ce qu’on le brise plutôt qu’il soit. 

Parce que toute cette dite confiance se change en méfiance, on cohabite avec le vide de notre solitude en essayant de se relever d’une chute dont on n’aurait jamais envisagé la possibilité. Il nous semble parfois plus facile de s’éloigner et de se détacher des autres que de devoir assumer des décisions sur lesquelles on n’a pas de contrôle et qui nous donnent l’impression de tomber dans le vide sans savoir où nous allons atterrir. Cessons de nous cacher le fait qu’il nous est plus facile de crier haut et fort notre solidarité et de nous répéter que tout va bien aller, alors qu’au fond nous cherchons à fuir l’évidence de nos vies isolées. À quoi bon se mentir à soi-même en tentant de se convaincre qu’on vit ensemble dans l’humilité, alors qu’on arrive à peine à distinguer notre authenticité et qu’on vit tous repliés faute de se sentir incompris ? Rendons-nous à l’évidence qu’à la place d’affronter nos souffrances, on s’étourdit sans prendre le temps de s’arrêter pour réaliser que nous passons à côté de la possibilité de se libérer de ce papier que l’on tente de défroisser. À force de vouloir se protéger pour éviter d’exposer notre vulnérabilité, on n’a plus personne à qui se confier pour guérir la honte et la culpabilité de notre château de cartes qui s’est écroulé. Parce que c’est l’une des rares choses qui n’a pas de valeur monétaire, on n’a plus le temps et la patience à lui consacrer. Et si, au fond, c’était l’investissement le plus profitable ?  

Le risque de remettre l’entièreté de ce que l’on est entre les mains qui se tendent à nous est difficile à accepter, mais personne ne cherche à cesser de vivre par peur de mourir, alors pourquoi cesser de s’ouvrir par peur de souffrir? Le moment où nous oserons nous révéler sincèrement et en toute intégrité sera fort probablement celui où naîtront les plus belles confidences créant des liens d’une inexprimable puissance. On n’a pas à ouvrir le ventre du mystère pour essayer de deviner où cela va nous mener et pour réaliser que c’est cette simple beauté qui nous fera redécouvrir le bien-être que l’on a oublié. 

 

Shanie Laframboise 

La dépendance affective – Texte: Ghislaine Bernard

Quel titre ! Depuis notre naissance, nous vivons tous des relations familiales, amicales et amoure

Quel titre ! Depuis notre naissance, nous vivons tous des relations familiales, amicales et amoureuses, c’est un fait. Nous partageons notre vie ou des parcelles de celle-ci avec autrui, ce qui est de la plus simple normalité, voire nécessité. La plus grande relation qu’on devrait vivre est avec soi-même. Mais parfois pour diverses raisons, cette relation est difficile, même à certains moments, trop demandante. Car bien vivre avec soi est un défi de tous les jours. La confiance en nos aptitudes n’est pas toujours au rendez-vous, alors nous recherchons chez ceux qui nous entourent l’approbation, l’encouragement et surtout l’affection qu’on ne réussit pas à se procurer soi-même.

Vous allez me dire que c’est normal de rechercher chez les gens que l’on aime ces propulsions de positivisme et vous avez, à mon humble avis, raison.

Mais à quel moment l’affection devient-elle une dépendance ?

Je crois que dans la vie, il est tout à fait normal d’avoir des piliers sur lesquels nous appuyer de temps en temps. Là où, je crois, il commence à y avoir un problème, c’est lorsqu’une personne n’est plus « un » pilier, mais « LE » pilier. C’est de mettre toutes nos attentes sur une seule et unique personne. C’est de constater que cette personne ne fait pas partie de notre aventure, mais qu’elle « est » notre aventure. La seule, l’unique. Que sans cette personne, nous ne fonctionnons plus ou juste sur « l’automatique ».

Je crois aussi qu’il est normal et sain qu’à certains moments de notre vie, surtout à la suite de traumatismes affectifs, que l’on ait plus « besoin » de l’approbation des autres. Mais ça ne doit durer qu’un temps individuel à chacun et surtout ne pas perdurer en temps et intensité.

J’ai moi-même vécu des situations qui m’ont chamboulée au point de perdre totalement confiance en moi en toutes choses, et je sais que j’ai demandé, sans le savoir, beaucoup à mes gens. J’ai demandé en encouragement, j’avais constamment le besoin d’être rassurée, encouragée, félicitée. Cela est encore présent à certains niveaux, mais je ne dépends plus de ce sentiment d’insécurité. J’ai réappris à croire en moi plus qu’il y a quelque temps et chaque jour, j’apprends davantage.

Dans le passé, j’ai appris à me passer de tout, de tous. Puis je me suis effondrée, ce qui a eu l’effet contraire. Ce qui a pu à certains moments sembler être une dépendance affective aux yeux de certains. Mes insécurités, mes demandes non verbalisées d’encouragements et ce besoin de faire valider mes choix ont dû peser sur certaines personnes. Je remercie ces gens aujourd’hui, car ils m’ont redonné espoir en moi, ils m’ont remise devant ce miroir que j’évitais depuis si longtemps.

Lorsque vous percevez que tout repose sur les autres, posez-vous quelques questions :

Suis-je dépendant de l’avis de cette personne ou de ces personnes ?

Suis-je irrationnellement apeuré de perdre cette personne ?

Suis-je jaloux ?

Ai-je toujours besoin de son approbation avant de prendre une décision ?

Ai-je des comportements impulsifs ?

Est-ce que je tourne en rond constamment durant ses absences ?

Si vous répondez oui à plusieurs de ces questions, c’est que vous vous approchez, si vous n’y êtes pas déjà, de la dépendance affective.

Il existe des dangers relationnels à rester dans cet état, alors prenez-en conscience et sachez qu’il existe de l’aide pour sortir de cette dépendance. N’oubliez pas que l’amour est une construction qui prend pied dans le respect de chacun, dans le respect des individus et de leurs aspirations. Sortir de la dépendance affective est un apprentissage pas-à-pas qui demandera beaucoup d’efforts de votre part, mais aussi une certaine patience de la part de vos congénères. Mais déjà en prendre conscience en est le premier. Apprenez à reconnaître vos agissements de dépendance et à changer ceux-ci par des actions positives pour vous d’abord et avant tout.

Vous vous apercevrez rapidement que chaque jour est moins lourd qu’il n’y paraît, que vous n’avez plus autant « besoin » de l’approbation des autres. Que vous vous faites confiance dans vos décisions. Que les autres autour de vous vont percevoir ces changements et certains iront jusqu’à vous féliciter, mais vous ne serez plus en attente de ces félicitations. Vous allez les accueillir avec joie certes, mais même si elles ne viennent pas, cela ne vous freinera plus.

Reprenez les rênes de votre vie. Il est tout à fait normal d’échanger avec les autres, de consolider certaines décisions, d’avoir un partenariat décisionnel dans votre couple et vos relations interpersonnelles, mais vous n’en serez plus dépendant.

Si vous n’arrivez pas à dépasser cette dépendance, sachez qu’il existe de l’aide, que ce soit par suivi psychologique, thérapie ou même par accompagnement en relation d’aide alternative. Il existe énormément d’outils pour évoluer dans votre cheminement vers un mieux-être, vers votre indépendance affective, le tout, dans différentes approches qui vous rendront la force qui a toujours été la vôtre, même si vous l’avez oubliée pour des raisons tout à fait légitimes.

Soyez le maître de votre vie, ne marchez ni derrière ni devant les autres… apprenez à marcher à leurs côtés !

Simplement Ghislaine

Où en sommes-nous après ça ? Texte : Joanie Therrien

Après les premières fois Après les études Après l’achat d’une maison Après la naissance

Après les premières fois
Après les études
Après l’achat d’une maison
Après la naissance des enfants
Après leur rentrée à l’école
Où en sommes-nous ?

Après les lunchs
Après les devoirs
Après les entraînements de hockey
Après les soupers de famille
Où en sommes-nous ?

Après les rénovations
Après les semaines de travail
Après les hauts et les bas
Après les rendez-vous médicaux
Où en sommes-nous ?

On pourrait se poser la question des milliers de fois par jour.
On pourrait douter de temps à autre. On pourrait se remettre en question quand on est en désaccord.
On pourrait même hausser la voix quand tout tourne de travers.
Mais où en sommes-nous après tout ça ?

C’est simple. On est à la bonne place, au bon moment et avec la bonne personne.
On se comprend en un regard. On règle nos conflits avec peu de mots, mais avec beaucoup d’humour.

On s’écoute, on se parle, on se respecte. On avance dans le même sens, sur la même route et vers la même destination. Celle de la simplicité et du bonheur.

Et maintenant, si on me demandait de recommencer tout à zéro et de remarcher dans les mêmes souliers que ceux avec lesquels on s’est rendus jusqu’ici, je répondrais : oui, je le veux.

Et si au fond, c’était là qu’on était rendus ? 😉

 

Joanie Therrien

 

Ta belle-mère…

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Il y a déjà si longtemps, tu rencontrais l’homme qui allait donner un sens à ta vie. Peu de temps après, tu rencontrais sa mère, celle qui deviendrait ta belle‑mère.

 

Tout était merveilleux : vous aviez le même sens de l’humour, vous avez rapidement développé une belle complicité.

 

Souvent, elle t’a confié être si heureuse que son fils adoré soit tombé sous ton aile, que tu étais formidable.

 

Puis, les années ont passé. La grande demande est arrivée. Et les choses ont changé. 

 

Tu lui arrachais « pour vrai » son fils, sa chair.

 

Ses visites se sont faites plus rares, ses commentaires à ton endroit, plus cinglants. Un froid s’est installé. Doucement, elle devenait à tes yeux la vilaine belle‑mère, celle qu’on décrit si souvent. Celle que tu croyais ne pas connaître.

 

Quelques années ont passé encore. Ton premier enfant est né. Sa façon de s’imposer, de t’arracher ton trésor et de critiquer tes méthodes a envenimé votre relation.

 

Par respect pour l’homme de ta vie, tu n’as pas parlé. Tu t’es effacée lors de ses visites parce que ses commentaires réveillaient la lionne en toi. 

 

Puis, ton deuxième enfant est né. Même scénario, même façon de t’arracher ton bébé. Un manque de délicatesse que tu ne lui avais jamais connu. Comme si porter le titre de « grand-maman » lui donnait tous les droits sur ses petits‑enfants. Le droit de décider ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Le droit de te juger en tant que maman. Le droit de te faire sentir que tes choix ne sont pas les bons. 

 

Puis, tu as choisi, avec ton homme, que tes enfants ne seraient pas baptisés. C’en fut trop pour elle. La méchante, c’était toi. 

 

Et les liens ont été coupés. 

 

Tu t’es sentie coupable. Tu as ressenti tout le poids de cette dispute. Tu t’es sentie responsable d’un conflit que tu ne croyais pas possible dans ta propre famille. Tu te sentais à l’abri.

 

Désormais, tu vis avec les morceaux d’un pot cassé qui, semble‑t‑il, reste irréparable.

 

Tu as choisi de te tourner vers le positif, de vivre une vie heureuse avec tes proches au quotidien. Tu as réalisé que d’autres, autour de toi, vivaient une situation semblable. Tu en as voulu, en secret, aux filles qui ont un lien spécial avec leur belle‑maman. Tu as fini par accepter que pour toi, ce n’était plus possible.

 

Un jour, tu es parvenue à écrire ton histoire, à résumer, en quelques lignes, ton chagrin. 

 

Et tu t’es sentie bien à nouveau.🌸

 

Eva Staire

La fois où, plus capable de te sentir, je t’ai collé au frigo

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Il fut un temps où je me sentais à court de tout face à ton opposition. Face à toi. Tu t’opposais à TOUT. Tu étais la meilleure en TOUT. Nos idées étaient de la m**de. Tu roulais des yeux plus rapidement que les roues d’une voiture sport sur une piste d’essai. J’en suis venue à détester cette attitude. Toi, je t’aimais. Mais honnêtement, je frôlais parfois la déraison et je mélangeais mon dégoût de ton opposition et de ton toi tout entier.

J’étais l’adulte. Toi, tu n’étais que l’adulte en devenir. Je savais que tu étais en apprentissage. Il existe toutefois une zone entre le réel et l’émotionnel qui fait que l’on balance rapidement vers l’envie de haïr le TOI en devenir. Une zone grise qui est décrite, mais tant et aussi longtemps qu’elle n’a pas été vécue, elle ne peut être comprise.

J’en ai passé des nuits à te bercer. À te consoler. À t’aimer en tout point. Mais là, plus rien n’allait. Nous étions aux antipodes. Je redoutais le moment où je te lancerais que j’en avais marre de cette attitude qui te rendait si méprisable. Que je ne pouvais imaginer avoir enfanté un être aussi peu respectueux à notre égard. J’en ai ravalé des paroles. Essuyé des larmes. J’ai prié comme jamais pour que tu redeviennes ce petit être si chéri dans mon cœur. J’ai lu et relu des articles et bouquins qui parlaient de ton état : L’ADOLESCENCE.

J’avais besoin de renouer avec le beau en toi. Celui vers lequel je courais pour m’y retrouver tellement notre complicité était belle et bonne pour nous deux. Jadis.

J’ai mis en place des plans d’action. Renforcements positifs. Puis des retraits, des conséquences. De la DISCIPLINE. Plus tu t’éloignais, plus je te voulais près de moi. Puis… le plus loin possible de moi. Juste de me replonger dans cet état me donne la nausée. M’imaginer te rejeter loin de moi qui t’avais tant désiré allait à l’encontre de tout.

Et puis… la nostalgie des beaux jours m’est revenue. J’étais à deux doigts de tout. Je le sentais. Notre proximité m’était plus qu’importante.

J’ai écrit sur une feuille les moments où tout allait bien entre nous deux. Les moments où tu étais disponible au NOUS que nous étions auparavant. J’ai pris soin de placer ces moments à la vue, à ma vue. Directement sur le frigo. Tu ne lis pas ce qui s’y trouve. Tu n’ouvres la porte que pour la collation ou le déjeuner. Moi, je les lisais souvent. Chaque fois que je passais devant.

J’ai pris soin de mettre de côté tous les mauvais moments que nous passions ensemble pour ne me consacrer qu’à l’essentiel. Ne me consacrer que sur le positif. Nous refaire. Lire et relire les moments que nous aimions tant passer ensemble et où j’avais ton entière collaboration m’ont projetée vers l’envie de les recréer. Tu étais disponible à mettre la table, je me garrochais là-dessus. J’accordais toute mon énergie à ces trop rares moments qui passaient. Petit à petit, nous avons réappris à rire. À passer du bon temps ensemble. Nous avons recréé des moments importants à vivre.

Petit à petit, j’étais moins la mère qui te confrontait, mais de plus en plus la mère qui collaborait. Nous n’étions plus dans une atmosphère de contrôle, mais de plus en plus dans une atmosphère d’épanouissement.

Les moments positifs ont finalement pris le dessus sur le négatif que nous avions créé.

Cette liste, je l’ai maintenant dans mon cœur et j’y rajoute des moments inoubliables tous les jours. Je tente de faire en sorte que l’on puisse toujours rester connectés. J’ai vu que toi aussi, tu fais des efforts et ils sont si salutaires.

Jamais je n’aurais cru que notre frigo aurait fait en sorte que nous allions nous rejoindre à nouveau. Comme quoi la cuisine est et restera vraiment un lieu rassembleur.

 

Mylène Groleau

Votre mariage à votre image

Ma sÅ“ur et son amoureux se sont mariés! Oui, je vous avais racontÃ

Ma sÅ“ur et son amoureux se sont mariés! Oui, je vous avais raconté que ma sÅ“ur avait annulé son mariage le printemps dernier. Eh bien, après avoir pris de belles vacances en famille… ils ont laissé mûrir l’idée de vivre un mariage à leur image. C’est donc dans une magnifique chapelle et dans la plus grande intimité qu’ils se sont dit OUI! Savoir mettre sur la glace un projet est plus sage que de le réaliser à tout prix. C’est le temps qui leur a permis de vraiment sentir leur désir de s’unir. C’est aussi ce temps qui leur a permis de donner à leur mariage une signification plus forte et plus grande que ce qui s’annonçait.

Ça m’a permis de finalement leur composer un mot tout spécial inspiré du magnifique film : Beauté cachée, dans lequel jouaient Will Smith et Kate Winslet.

L’Amour, le Temps, la Mort

Nous sommes ici, sur cette Terre, pour créer des liens!

Depuis tous les temps, l’Amour, le Temps, la Mort sont trois abstractions qui relient absolument tous les êtres humains sur cette Terre.

Nous désirons tous l’Amour.

Nous voulons plus de Temps.

Nous craignons la Mort.

Alors, comment vivre l’Amour sans craindre la Mort et sans gaspiller son Temps? J’ai un début de réponse à vous partager.

Pourquoi ne pas faire de votre Vie une quête? Cherchez à mourir avec l’esprit en Paix! Je suis curieuse de savoir ce que cela changerait. Imaginez comment cela transformerait votre réveil. Comment cela transformerait vos conversations? En quoi ce serait différent dans vos relations? Parce que si vous souhaitez mourir avec l’esprit en Paix, vous chercherez à vivre dans l’Amour. Si vous vivez dans l’Amour, vous verrez le bien en tout et chacun. Vous souhaiterez du bien à tous ceux que vous croiserez et vous laisserez votre ego de côté. Vous passerez votre Temps à faire ce qui vous importe. À faire ce qui est « ImporTemps ». Votre attention, ce temps que vous accordez à quelque chose, sera assurément attirée vers le bien, vers la beauté, vers votre potentiel, vers celui de vos enfants. Vous laisserez de côté vos jugements, les étiquettes, celles qui blessent. Elle est là, la beauté cachée que vous trouverez!

Cette beauté cachée, c’est votre cadeau de la Vie. C’est un lien profond entre vous qui se symbolise dans votre Mariage, dans votre Famille. Et aujourd’hui, vous en prenez conscience. Prenez le temps de vous observer et de chercher cette beauté cachée. Car elle se trouve derrière les futilités du quotidien, derrière des tensions teintées de fatigue, derrière des besoins en dormance qui créent des frustrations.

Elle est là, cette beauté cachée, dans votre famille, dans les liens qui vous unissent.

Assurez-vous de toujours voir cette beauté cachée, la vôtre, celle de l’autre, celle qui vous lie.

Longue vie à votre amour, ma sœur et mon beau-frère! Je vous aime!

 

Stéphanie Dionne

Autopsie d’une rupture

Mon ex était assis dans mon salon ce soir. Il est venu installer lâ

Mon ex était assis dans mon salon ce soir. Il est venu installer l’internet chez moi. Dans un mélange de compassion, de gentillesse et d’incompréhension, il s’est offert en échange d’un repas « sur le bras ». Gentiment. Gratuitement. J’ai dit oui.

Pendant qu’il essayait de régler un problème lié à la connexion sans fil, ma fille (qui n’est pas la sienne) s’est jetée sur lui pour faire la « bataille ». Il a ri. Suspendue à son cou, elle criait, le brassait d’un bord et de l’autre et lui, il continuait ses trucs. Sans s’exaspérer. Sans se fâcher. Il agissait comme il a toujours agi envers elle, avec patience, tendresse, calme, amusement.

En le regardant, je le trouvais beau, encore. En parlant avec lui, je le trouvais drôle, encore. En le voyant agir avec elle, je le trouvais gentil. Encore. J’ai passé les sept dernières années de ma vie à penser à lui, à l’aimer. J’ai toujours cru en lui, en ce qu’il était, en ses capacités. La « belle » partie de lui et l’étrange et surtout improbable complicité qu’on avait développée m’ont toujours manquée, même lorsque j’étais avec d’autres hommes.

En le regardant ce soir, je me suis demandé à quel moment de notre histoire on avait décidé, dans nos têtes et nos cœurs, que c’était terminé. À quel moment on s’était détachés, qu’on avait simplement décidé qu’on en avait fait assez? Que c’était juste « pu ça ». Je n’ai pas trouvé de moment précis. J’ai juste vu une succession de petits moments brisés, d’incapacité à communiquer, de déceptions jamais vraiment pardonnées. Ça m’a rendue triste. Pas nostalgique.

J’ai dépassé depuis un bon moment l’étape de l’idéalisation où on ne fait que se souvenir des bons côtés de l’autre sans se rappeler les raisons de la rupture, sauf que, ce soir, quatre mois plus tard, je me pose beaucoup de questions. Pas en lien avec lui ou nous, mais sur l’amour et les raisons qui nous poussent — un jour — à ne plus aimer.

À quel moment celui ou celle qu’on a sincèrement aimé devient cette personne avec qui l’on ne se voit plus continuer?

Pourquoi on arrête d’y croire, pourquoi on arrête de s’aimer?

Pourquoi, un matin, on décide de se laisser partir sans bruit, sans chicane, sans raison précise?

Est-ce par paresse qu’on laisse aller l’autre ou par incapacité de communiquer?

Quelle est la différence entre les couples qui durent et ceux qui ne durent pas?

S’aiment-ils davantage? Sont-ils moins exigeants? Ou juste plus patients?

Comment sait-on qu’on est avec LA bonne personne ou, plutôt, à quel moment de notre relation décidons-nous d’en faire LA bonne personne?

Un ami m’a dit un jour que l’amour n’a rien à voir avec la passion et le hasard. Selon lui, l’amour, c’est un choix qu’on fait tous les jours. Une décision qu’on prend matin après matin, soir après soir, même quand c’est plate, même quand l’autre nous exaspère. C’est de voir l’herbe plus verte ailleurs, sans avoir envie d’aller la goûter. Pas de recette miracle. Pas de philtre d’amour, pas de conseils Coup de pouce pour nous aider. Ce qu’il faut, selon lui, c’est de vouloir raviver ce désir un peu abimé de voir l’autre vieillir à ses côtés. C’est de l’estimer pour ce qu’il est et, dans les moments les plus durs, savoir qu’on gagne infiniment plus qu’on ne s’effrite à ses côtés.

Je ne sais pas si les choses auraient été différentes s’il m’avait dit tout ça avant ma dernière rupture, mais ce dont je suis certaine c’est que je m’en souviendrai pour la prochaine relation. Pas par dépit, pas par peur de la solitude, mais par envie d’avancer avec MA bonne personne. Celle que j’aurai fait le choix d’aimer.

Liza Harkiolakis

Ta deuxième vie débuta un 1er juillet

À toi qui rêves de liberté. Qui aspires à te propulser dans le v

À toi qui rêves de liberté. Qui aspires à te propulser dans le vaste monde des adultes à la vitesse grand V. Toi qui crois en toi et en ta vie.

Nous y voici. À ce grand jour dont tu trépignais tellement d’envie et où nous nous questionnions à savoir si nous avions failli à notre tâche à un certain moment donné… Si nous avions omis de t’inculquer des choses qui te seront importantes pour affronter seule les aléas de la vie, de TA propre vie.

Le jour où la fille de mon conjoint nous a annoncé qu’elle avait déniché LE coin de paradis pour aller compléter ses études, j’ai versé des larmes. Une fois de plus. Comme quatorze ans auparavant lors de son entrée en maternelle. Ma voix s’est éteinte au bout du fil et je marmonnais sans cesse des « Je suis contente pour toi ! Tu sembles si heureuse ! ». Mes balbutiements m’empêchaient en fait de sombrer dans les questions existentielles.

Elle a grandi. Je sais qu’elle a su lire à travers ma voix éteinte toutes mes inquiétudes. Mais elle n’a pas l’expérience de pouvoir les comprendre. Puis, à son arrivée à la maison, elle nous a déroulé sous le nez son billet pour sa liberté… Ce bail avec ces milles signatures et initiales, ses annexes et alinéas. Plus les pages tournaient, plus notre cÅ“ur battait la chamade… Et si nous avions omis de lui enseigner quelques choses d’ultra important !?

Puis, pendant les semaines qui nous séparaient du jour J, on s’était fait des plans afin de lui permettre de vivre ses nouvelles responsabilités. De petites suggestions ici et là qui, dites autrefois, n’auraient pas eu le même impact. Lui permettre de devenir l’adulte qu’elle voulait devenir avant son grand départ. On acceptait un tant soit peu qu’elle en soit rendue là… et que c’est grâce à nous tous qui avions gravité autour d’elle qu’elle s’y était si bien rendue.

Le contexte de son départ ne se fait pas dans la cohue ou dans la discorde, mais plutôt dans son affirmation de jeune adulte qui clame haut et fort : « Faites-moi confiance ! »

Depuis qu’elle a l’âge de marcher que son papa et sa maman choisissent ce qui est le mieux pour elle. Lors de leur séparation, leurs choix ont toujours été faits dans l’intérêt de leur enfant. Qu’elle obtienne les meilleures chances afin de se développer et de vivre de belles occasions.

Un peu à la manière de la maman canne, nous lui permettons de déployer vigoureusement ses ailes en tentant de garder pour nous-mêmes nos inquiétudes afin de ne pas les lui transmettre. L’important réside dans le fait qu’elle sache que peu importe ce qui va se passer, nous serons là pour l’accompagner. Il y a toutefois une large marge entre « la sauver de toutes les situations qu’elle rencontrera en faisant tout et en payant tout à sa place », et l’accompagner dans la quête de ses responsabilités.

Le rôle de parent consiste en gros à s’assurer d’offrir à l’enfant un brin d’estime de soi, à lui permettre d’acquérir l’autonomie et le sens des responsabilités nécessaires une fois rendu à l’âge adulte. À cela s’ajoute l’équilibre émotionnel et un niveau de développement social, tout en assurant les besoins de base. C’est tout un contrat ! Le bail d’une vie qui nous appartient jusqu’au jour où nos enfants veulent s’émanciper, se libérer de nous, de notre autorité.

Mais il n’y a rien de plus beau que de voir un enfant déployer ses ailes et foncer tête première dans sa plus belle aventure : devenir responsable. Chaque réussite lui appartient à part entière. À chaque embûche rencontrée, nous serons là pour la soutenir et l’épauler. Mais nous ne ferons rien à sa place.

Lorsque ce jour est arrivé, je me suis sentie comme la première fois où je l’avais laissée seule dans l’immense cour de récréation avec pour seule référence sa nouvelle enseignante rencontrée cinq grosses minutes auparavant. Seule avec son immense sac à dos pour la protéger de tout, de tous et pour s’y lover. Elle tenait fermement les bretelles de son sac comme elle avait tenu ma main lorsque nous avions franchi la clôture d’accès à la cour quelques minutes avant. Mes yeux remplis de larmes et le cœur en miettes, mais remplis de fierté, je la laissais plantée là, en l’observant au loin.

Puis, la même émotion de séparation m’est revenue deux autres fois, à trois ans d’intervalles. J’ai toujours eu le même cœur serré et les mêmes yeux dans l’eau. J’ai pleuré de la voir si grande, pleuré d’être incertaine de mes tâches de maman que j’avais accomplies, pleuré pour tout et pour rien. Chacune des larmes laissaient couler une émotion différente. Mais les retours étaient tellement agréables. Tellement remplis de joies. Je passais du vide en moi et je me sentais à nouveau remplie par cette présence.

La semaine dernière, nous étions tous là pour déménager sa petite vie emballée dans des boîtes de carton. Nous étions tous là, pour souligner cette étape. J’ai eu du mal, une fois de plus, à la laisser plantée là, seule… au cas où elle aurait encore besoin de nous. Mais son amoureux était là. Ses colocataires seront là. Et nous resterons là, à l’attendre pour qu’elle nous raconte sa vie. Sa vie où nous resterons, quelque part.

Et cette étape se répètera. Deux fois encore où je revivrai la même sensation de vide en moi. Où il y aura les mêmes incertitudes, les mêmes inquiétudes. Mais aussi la même immense satisfaction du devoir accompli. Et les retrouvailles de toute ma famille qui se réunira le plus souvent possible autour de la table pour que chacun me raconte sa vie. Des retrouvailles qui me feront oublier ces étapes d’affranchissement.

Bonne chance ! La vie te sera belle !

Et si… si jamais il y a des si… sache que notre porte te sera toujours ouverte.

Mylène Groleau