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Notre rentrée – Texte : Eva Staire

Cette année j’avais ma grande ainsi que mon milieu qui entraient au secondaire. Quelle magnifi

Cette année j’avais ma grande ainsi que mon milieu qui entraient au secondaire.

Quelle magnifique entrée au secondaire pour mon 12 ans !

Ma grande, ç’a été plus rough, une crise d’anxiété qui l’a fait hospitaliser en salle de réanimation vu son cœur qui battait trop vite.

Une rentrée spéciale, avec mon plus jeune de 8 ans : nous avons dû aller voir le changement, la classe, la prof et la case la journée avant la rentrée.

Une rentrée spéciale en soi…

Parce que ce n’est pas facile pour toutes les familles.

La rentrée cette année a été spéciale. Maman qui a perdu son travail, mais une chance que cette aventure est arrivée. Parce que jamais je n’aurais pu prendre soin de ma grande fille.

 

M’arrêter, réaliser, écouter… cela ne faisait pas partie de ma vie de maman monoparentale. Car mon besoin principal était de subvenir à leurs besoins fondamentaux.

Mais ces besoins, nous croyons que c’est un toit, de la nourriture sur la table, les bons effets scolaires…

Malheureusement ce n’est pas que ça… C’est l’amour, la compréhension.

J’adore voir toutes ces photos sur mon fil d’actualité de la rentrée. C’est un beau moment dans la vie de plusieurs.

 

Mais pourtant, pour moi, c’est le pire moment de l’année.

Ce moment où mon enfant a décidé de s’automutiler (j’ai encore beaucoup de misère à écrire ce mot).

Sans que moi la maman ni papa ne nous en rendions compte. C’est difficile, difficile à un tel point…

Une rentrée en couleurs… mais la rentrée pour nous maintenant, c’est :

Anxiété

Courage

Panique

Bon temps.

 

Svp écoutez les cris du cœur de vos enfants.

Ce n’est pas si beau ni si facile… Prenez le temps d’écouter les signes de détresse qu’ils vous adressent !

 

Bonne rentrée !

Eva Staire

La vie reprend son cours…Texte: Joanie Fournier

La rentrée approche à grands pas. À pas de géant. Elle nous rattrape,

La rentrée approche à grands pas. À pas de géant. Elle nous rattrape, court d’une case à l’autre du calendrier pour nous rejoindre. On termine nos achats scolaires, on profite de nos derniers jours de l’été. On essaie de cocher toutes les cases de notre To-do List estivale. On veut pouvoir se dire que l’on a fait toutes les sorties qui nous plaisent, qu’on a visité nos amis, qu’on a arrêté le temps aussi longtemps que possible, avant qu’il ne nous rattrape. On essaie de trouver le temps de se reposer, mais souvent, l’approche de la rentrée nous donne des fourmis d’excitation. On a envie de tout faire et d’en profiter au maximum. Quel privilège immense nous avons de pouvoir côtoyer nos enfants, les regarder grandir, apprendre à les connaître, juste eux et nous.

Cette fois, pour la première fois depuis deux ans et demi, j’ai enfin l’impression que la vie reprend son cours. Autour de moi, je n’entends plus parler de masques, de microbes, de maladies… Aux nouvelles, les scientifiques nous disent que les gens sont inconscients du mal qui nous côtoie encore. Mais moi, je pense juste que nous avons un besoin vital de reprendre nos vies. Ce n’est pas de la méconnaissance, ni de l’inconscience, ni de l’insouciance. C’est juste qu’on a besoin de se retrouver, et de reprendre nos vies en main. On a besoin de se convaincre que tout cela est bien derrière nous, juste parce que notre santé mentale a besoin d’un avenir plus prometteur. Les dernières années ont été si rudes… On a besoin de se dire que la vie reprend son cours.

Je pense que rendus là où nous en sommes, nous savons tous et chacun que nous avons fait le maximum de ce qui était possible pour se défendre et pour protéger les plus vulnérables de la société. On a écouté la science et on lui a fait confiance. Des années plus tard, on a besoin de faire confiance à la vie maintenant. On a envie de remettre nos destins entre ses mains.
Je vois les enfants dans les rues courir, crier, bouger, se mélanger. Je vois des amis qui prennent une sangria sur une terrasse. Je vois des grands-parents se joindre aux sorties de leurs petits-enfants. Je vois des sourires et des gens heureux. Je vois des enfants se faire des câlins et des adultes qui se rapprochent. Je vois la vie, la vie d’avant. Pis c’est beau à regarder. Juste beau. Pour la première fois depuis trop longtemps, rien de tout cela n’est menaçant. L’angoisse a fait place à la confiance. Ça fait un bien fou de se sentir serein.

Alors la rentrée nous rattrape à la vitesse grand V. Les enfants se demandent qui seront les amis dans leurs classes et qui seront leurs professeurs devant le tableau. Ils ne se demandent plus s’ils auront à respecter des bulles, s’ils pourront aller jouer partout dans la cour extérieure, s’ils devront porter un masque ou avoir des places obligatoires dans le transport scolaire… Ils ne parlent que de leur nouveau sac, de leurs amis, de leur hâte de les retrouver en classe. Je leur souhaite de garder cette excitation et leurs cœurs légers encore un peu. Ils le méritent.

Je ne dis pas qu’il faut ne plus s’en faire et laisser tomber toute logique scientifique. Je dis juste que cette pause, où la vie reprend son cours, ça fait vraiment du bien. Ça fait du bien aux cœurs esseulés et aux esprits angoissés. Ça fait du bien de respirer, à pleins poumons. Ça fait du bien de ne pas toujours regarder derrière son épaule dans la file d’attente. Ça fait du bien de se prendre dans nos bras. Je n’ai jamais été super confortable dans une grande foule, pourtant je réalise que les gens me manquaient.

Profitez bien de vos dernières semaines de l’été. Continuez d’arrêter le temps, aussi souvent et longtemps que vous le pouvez. Continuez de respirer, le cœur léger. Continuez de rire et de profiter de la vie. En mémoire à tous ceux qui ne le peuvent plus, vivez. Pleinement et sereinement. Laissons la vie reprendre son cours.

Joanie Fournier

Débuter l’année scolaire la peur au ventre – Texte : Annick Gosselin

Pour la majorité des enfants et des parents, le retour à l’école est synonyme de bonheur. Mais

Pour la majorité des enfants et des parents, le retour à l’école est synonyme de bonheur. Mais pour beaucoup de familles, la rentrée scolaire rime avec anxiété.

Je parle ici des parents qui ont un enfant différent, qui ne rentre pas dans le moule de notre société. Ces familles ont vécu une ou plusieurs années scolaires difficiles et le retour à l’école n’est vraiment pas une expérience agréable.

Leur réalité est un enfant qui a des difficultés scolaires, des difficultés d’adaptation, qui est différent et qui finit par manquer de confiance en lui, qui réalise qu’il n’arrive pas à être comme les autres élèves de sa classe, qui subit une intimidation discrète, qui revient de l’école frustré, révolté et le cœur plein de tristesse.

Les parents voient leur enfant qu’ils aiment plus que tout dans cet état chaque soir en rêvant de l’école et le voyant partir le matin avec une grosse dose d’anxiété. Ça finit par être devenir une situation familiale difficile.

Malgré toute la bonne volonté des enseignants et leur support indéfectible, la réalité pour ces élèves est qu’ils souffrent en silence chaque jour, ou presque. C’est si difficile de voir un enfant souffrir en silence. Il manque cruellement de ressources dans nos écoles et chacun fait de son mieux pour rendre le quotidien de ces enfants plus léger.

Votre bataille comme parents ou comme enseignants pour aider ces enfants ne semble pas donner de résultats au quotidien. Mais le temps est votre meilleur ami. Tout l’amour et les outils que ces enfants reçoivent aura assurément un impact positif à long terme sur le cheminement des élèves en difficulté.

Je suis passée par là, comme élève et comme maman. Je crois qu’en fin de compte, ces élèves qui en ont tellement arraché finissent par devenir les personnes les mieux adaptées pour affronter leur vie d’adulte. L’adaptation et la résilience font partie intégrante de leur vie, depuis leur plus jeune âge, et on les a rapidement outillés pour réagir avec sérénité avec les difficultés que la vie leur envoie.

Chers élèves avec plus de difficulté ou différents, croyez en vous et en vos capacités. Ce n’est pas parce que vous avez l’impression d’être en marge des attentes de la société que vous valez moins, au contraire : vous représentez l’avenir le plus solide de notre société.

Annick Gosselin

Ton entrée à la maternelle – Texte : Roxane Larocque

Tu es arrivé sur terre il y a 5 ans. Notre premier travail d’équipe officiel. On apprenait déj

Tu es arrivé sur terre il y a 5 ans. Notre premier travail d’équipe officiel. On apprenait déjà à se connaître depuis 9 mois, chacun occupé à grandir, à devenir. Tu te transformais en humain, je me transformais en maman. Mais ce jour de ta naissance, c’était la première fois que tes yeux rencontraient les miens, ta peau gluante et chaude dans mes bras qui ne voulaient plus te quitter, nos deux regards dépassés par les événements qui se croisaient pour la première fois et qui se demandaient comment on allait se remettre de tout ça. Ton odeur de bébé tout neuf que je respirais profondément à travers tes petits cheveux tout fins.

Depuis ce jour, nous tissons notre relation, quelques mailles de travers à refaire, mais surtout bien du bonheur, de la douceur et de l’amour. On apprend à se défusionner, doucement, depuis ce jour où tu as quitté mon corps. Mon envie de retrouver mon corps, mon temps, mes esprits. Ton envie d’avoir plus d’autonomie, de découvrir le monde qui t’entoure et de partir à l’aventure loin de moi.

Comme il passe vite, le temps.

J’étais celle qui guérissait tous tes maux par ma seule présence, celle qui devinait tes besoins avant même que tu les nommes. Te voilà maintenant hors de cette période de survie depuis longtemps, à vouloir toujours plus de liberté, à réclamer ton intimité, à construire ton univers. C’est parfait, c’est ce que je nous souhaitais, c’est le cours normal de la vie. Mais il reste que mon cœur de maman est rempli d’émotions mélangées en ce moment, puisque tu es maintenant à la veille de ton entrée scolaire.

La fierté, celle de connaître de plus en plus ta belle âme, ton intelligence, ta douceur. La confiance, puisque je te sais prêt, mais aussi la peur, celle que tu sois blessé, que tu souffres, que tu aies mal.

C’est un grand saut vers la société que tu t’apprêtes à faire. Et cette société est un peu mal en point, faut le dire. Elle a bien besoin de vous, petits enfants pourtant déjà si sages. Allumés, près de vos émotions, criant notre vérité, celle que l’on ne veut pas toujours entendre.

Je vous souhaite, à tes copains de classe et toi, d’en apprendre plus sur qui vous êtes et non sur ce qu’on voudrait que vous soyez. Je vous souhaite de croiser sur votre route des enseignants qui vous aideront à garder votre unicité, vos talents, plutôt que d’essayer de vous conformer à des standards vides de sens. Je vous souhaite de recevoir suffisamment d’amour pour avoir envie d’en redonner partout autour de vous. J’espère que l’on verra qui vous êtes et non juste vos diagnostics, les réels et ceux qu’on invente quand on ne vous comprend pas. J’espère que ce milieu saura vous faire briller et non vous éteindre. Vous permettre de découvrir d’autres modes de pensées, d’autres façons de voir la vie. Je vous souhaite un milieu stimulant qui accepte vos souffrances plutôt que de vouloir les effacer.

Ton chemin sera unique. Il y aura des embûches, des défis, des moments difficiles, mais c’est à travers tout ça que tu découvriras tout ton potentiel. Ce que tu aimes, ce que tu détestes, les valeurs qui t’habitent. Et il aura nous, ta famille. Nous serons toujours là pour toi. Ta tribu, ton clan, ton refuge. À juste distance, en bienveillance.

Bonne rentrée scolaire !

 

Roxane Larocque

Une rentrée sans « si » – Texte: Sophie Barnabé

Première journée d’école. À la radio, on demande aux parents comment ils vivent cette étapeâ€

Première journée d’école. À la radio, on demande aux parents comment ils vivent cette étape… Il y a quelques rares spécimens qui semblent plus confiants ; leur enfant est un p’tit vite et tant mieux ! Toutefois, à écouter les commentaires, ça ne ment pas : l’anxiété est sur toutes les lèvres ! Même toi, t’en parles pas trop, mais tu le ressens déjà. Ton p’tit est anxieux pis ça te tord en dedans quand tu le vois rouler ses mains moites dans le bas de son chandail. Et tôt ou tard, il aura mal au ventre…

J’te comprends donc ! Les miens n’y ont pas échappé… J’avais pourtant lu tous les livres sur la parentalité, appliqué leurs meilleures astuces, écouté les conseils de l’une puis de l’autre… J’me revois encore le premier matin d’école, marcher main dans la main avec mon plus vieux. Qu’il était donc fier avec ses souliers qui faisaient de la lumière ! Il y a plus de quinze ans maintenant. Ce matin‑là, mon cœur jouait au yoyo entre l’envie de le laisser aller et celle de le retenir… juste un peu. Mon esprit imaginait la cour d’école comme une fausse aux lions.

En chemin, j’lui répétais ce qu’il avait dans son lunch, qu’il devait remettre la fiche santé à son professeur, bla bla bla, tu connais ça. Bienveillante, j’lui prodiguais de bons conseils parce que je voulais que tout se passe bien. « Si un ami n’est pas gentil, tu iras voir ton professeur ? », « Si jamais tu te sens stressé, respire. », « Si ça va trop vite, demande à ton professeur de ralentir un peu… ». Si… Si… Quand on commence une phrase avec un « si », c’est souvent comme si on appuyait sur le bouton panique avant même que le danger ne se présente. À force de vouloir prodiguer à mes enfants de Si bons conseils pour que tout aille bien, je leur ai inculqué l’anxSIété ! Oui, oui, l’anxSIété ! Souviens-toi de ça !

À force de « si », j’ai inculqué à mes enfants qu’il y avait potentiellement un danger partout et je leur ai fait penser à des situations qui n’arriveraient peut-être jamais ! Je voulais juste bien faire… On veut toutes bien faire.

Depuis quinze ans, des matins où ils restaient figés, des crises de larmes, des crayons que la rage a brisés, des devoirs chiffonnés, j’en ai vu, t’as pas idée ! Combien de fois le sentiment d’impuissance devant leur souffrance ou celui de l’incompétence m’a fait pleurer en silence ?! Et si c’était moi qui avais provoqué, du moins en partie, cette maudite anxiété ?

Avec le recul, j’estime que mes enfants ont peut-être vécu une quinzaine de situations conflictuelles par année scolaire. Ils se sont fait écœurer par les grands, rejeter par les amis, ont eu le souffle coupé après avoir reçu la garnotte de l’année au ballon chasseur… Malgré tous mes « si »… ben oui !

Avoir su que tout ce que j’anticipais était inévitable, je me serais contentée de gérer le problème au moment où il arrivait pour ensuite passer à un autre appel. Tout compte fait, cette quinzaine de situations par année a mis un nuage sur l’équivalent d’une trentaine de journées sur les cent quatre-vingts jours prévus au calendrier scolaire. Est‑ce que ça valait vraiment la peine que je prévienne mes enfants et qu’ils soient sur leurs gardes pratiquement tous les jours, juste au cas ? Pas du tout ! À trop vouloir prévenir, sans m’en rendre compte, j’entretenais l’anxiété à grands coups de Si !

À bien y penser, peut-être vaut-il mieux remplacer les « si » par des silences, par un « ben oui mon grand, ça arrive ! » ou par le mot « essaie »… Les défis qui appartiennent à ton enfant n’appartiennent à personne d’autre, même pas à toi. C’est ça apprendre la vie. Tout ce que tu fais instinctivement pour l’empêcher de souffrir peut même lui nuire ! Lâche prise. Plus facile à dire qu’à faire, tu m’diras, mais crois-moi, je suis passée par là.

Ton p’tit vient d’entrer à l’école… Reste tout près, garde l’œil ouvert bien sûr, mais laisse-le expérimenter. Contente-toi d’être la maman, c’est déjà bien assez ! J’te l’dis, j’aurais dû laisser mes enfants tomber pour qu’ils apprennent à se relever par eux-mêmes plus tôt dans leur vie. Ça leur aurait bien servi !

Notre job de mère, ce n’est pas celle d’un agent de sécurité ni celle d’un psy. Ce n’est pas non plus de paver le chemin que notre enfant décide de prendre. Notre job, c’est de le guider, de l’encourager quand sa route sera cahoteuse, de lui ouvrir nos bras quand il aura besoin de pleurer et de lui apprendre à s’aimer tel qu’il est.

Bonne rentrée sans trop d’anxSIété !

 

Sophie Barnabé

Je t’aime déjà !

Et voilà ! La glace est brisée, nous nous sommes rencontrés !

Et voilà ! La glace est brisée, nous nous sommes rencontrés ! 🤗

Tu t’es installé dans ma classe, dans TA classe et tu y as fait ton nid pour quelques mois. Je te connais un peu, mais j’ai hâte d’en savoir plus et de découvrir qui tu es !

Après quelques jours, je te sens déjà plus rassuré et plus confiant. J’ai le sentiment que tu sais que je vais tout faire pour que ton année à mes côtés soit riche et mémorable.💫

J’aime que tu me parles de tes enseignantes des dernières années, ce sont mes amies ! 🌷 Je sais combien elles t’ont aimé. Elles m’ont déjà beaucoup parlé de toi, le sai ‑-tu ? 😉

Lors de ton départ aujourd’hui, quand tu m’as dit que tu avais déjà hâte de revenir en classe, tu m’as fait le plus beau des cadeaux ! Lorsqu’on est enseignant, on souhaite votre bonheur avant toute chose ! Merci pour cette confidence.❤️

L’année est à peine commencée et tu sais quoi ? Je t’aime déjà !

Karine Lamarche

Six mois avec vous

Lundi, ce sera la grande rentrée. Ici, c’est la grande réouverture des

Lundi, ce sera la grande rentrée. Ici, c’est la grande réouverture des écoles. Parce qu’avec la Covid-19, ça fera tout près de six mois qu’on est encabanés tous ensemble à la maison. Pas d’école, pas de garderie, pas de visite, pas de camp de jour… Et j’avais envie de faire un bilan de tout ça. Un bilan de tout ce que j’ai appris durant cette pandémie.

J’ai appris à être reconnaissante. Parce qu’autrement, jamais je n’aurais eu la chance de vivre six mois consécutifs avec vous. Six mois complets, juste vous et moi. Vous avez pu vivre les tout premiers instants avec votre bébé-frère, vous étiez là à chaque première fois. J’ai pu vous voir grandir, évoluer, jouer et rire tous les jours. J’ai été témoin de vos jeux et de la magie qu’ils suscitent encore dans vos yeux.

J’ai développé mon « système D ». Je me suis improvisée enseignante de primaire. Dès le 16 mars, j’étais prête. Nous avons fait des sciences, de la musique, de la couture, du tricot, des mathématiques, de la lecture, de l’écriture, du yoga et j’en passe ! J’ai appris que j’aimais beaucoup vous enseigner à la maison. Vous enseigner la vie. À ma manière. Avec les matières qu’on avait tous envie d’apprendre. Dans le plaisir et sans obligations. Quand les cours à distance obligatoires ont été instaurés, avec les dizaines de rencontres par semaine, les devoirs forcés et le grand vide laissé par l’incertitude collective, là en revanche, j’ai eu moins de plaisir à improviser… Je l’avoue.

J’ai appris à arrêter le temps. J’ai appris à oublier l’heure et à laisser le frigo ouvert 24/7. J’ai appris à lâcher prise sur ce que vous mangiez et quand vous le mangiez. J’ai appris à fermer les yeux sur le bordel. J’ai appris à vous faire confiance à travers vos mille expériences scientifiques. J’ai appris à profiter de chaque câlin, de chaque rire et de tous les petits instants magiques du quotidien.

J’ai appris à vivre avec vous, pas juste en mode routine-métro-boulot-dodo. Non, vivre avec vous chaque moment et non pas juste survivre à la routine. J’ai appris à quel point j’aimais être votre maman. J’ai découvert que j’aurais sûrement été une bonne maman à la maison. Mais j’aime trop mon travail pour en faire une expérience permanente.

J’ai appris que votre père et moi, on fait un maudit beau travail d’équipe. Parce qu’avant, on manquait de patience devant vos disputes. Souvent. Mais après six mois, je ne sais pas ce qui a changé… Soit c’est vous qui avez appris à mieux jouer ensemble. Soit c’est nous qui sommes devenus plus tolérants, sans le tourbillon de la vie. Soit c’est un peu des deux… Mais une chose est sûre, c’est que tous ensemble, on forme une fichue belle famille.

J’ai hâte que l’école recommence. J’ai hâte de retourner travailler. Pour de vrai. Vous devant votre pupitre et moi devant mon bureau. J’ai hâte de sortir de la maison. J’ai hâte d’aller prendre un verre avec une amie. J’ai hâte de faire des lunchs. J’ai hâte de m’ennuyer de vous, juste un peu. J’ai hâte d’aller vous chercher à la sortie des classes. J’ai hâte que vous me parliez de votre journée, de vos amis et de ce que vous avez appris sans moi. J’ai hâte de vous voir évoluer loin de moi aussi.

Je sais que sans cette pandémie mondiale, je n’aurais jamais eu la chance de rester six mois au complet avec vous tous. Certes, les morts sont nombreux et chacune de ces morts est tragique. Mais ici, on lui doit beaucoup, à cette pandémie. Je n’ai pas envie de me plaindre. Le train-train de la vie reviendra bien vite. Je veux me retourner et voir derrière moi tout ce que cette expérience nous a appris. Parce qu’au‑delà de l’obligation de porter un masque, de garder ses distances et de laver ses mains, je suis certaine qu’on a appris plein de belles choses durant les derniers mois.

Joanie Fournier

 

Le retour de la routine

Le retour à la routine

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Le retour à la routine

On le sait tous, le retour à l’école est synonyme du retour à la routine. On le sait aussi : ce n’est pas toujours facile de jongler avec tout ce qui va avec. Personnellement, j’aime être organisée, savoir où je m’en vais et être à temps. Je retourne au travail après un an de congé de maternité et avec un bébé de plus à gérer. Je tiens à ce que ça se passe bien et j’ai donc réfléchi à ce que j’aurais à faire pour que le retour se fasse positivement. Voici un résumé des trucs que j’ai acquis au fil du temps pour faciliter mon quotidien et qui j’espère, me serviront encore cette année.

La gestion du temps le matin

On le sait tous, le temps est parfois notre plus grand ennemi, surtout quand on est pressé. On pense que tout va bien puis pouf, on fait face à un imprévu. Bien qu’il m’arrive encore de me faire avoir, voici ce qui fonctionne généralement pour moi : j’essaie d’estimer le temps nécessaire pour tout faire, puis j’ajoute dix minutes. Pourquoi ajouter dix minutes ? Parce que bien souvent, mon deuxième va faire un dégât ou mon bébé va salir sa couche quelques minutes après que je l’ai changée. On ne peut pas prévoir l’imprévisible, mais on peut quand même essayer d’améliorer notre sort.

Pour gagner du temps, j’essaie aussi de préparer quelques petites choses la veille. Je demande à mes enfants de choisir et de sortir leurs vêtements pour le lendemain. Je prépare les verres de lait et je mets le café dans la cafetière. Ça peut paraître anodin, mais ces petits gestes peuvent parfois faire une différence.

Les lunchs

J’avoue que je déteste faire les lunchs. C’est plate et je dois en faire environ 600 par année. Mon truc pour alléger mes souffrances : je prépare tous les à-côtés le dimanche, et ce, pour la semaine au complet. Je coupe les légumes et les fruits, je mets du yogourt et des craquelins dans des petits plats, je fais cuire des muffins. Je sais qu’on ne peut pas tous faire ça par manque d’espace dans le frigo mais ici, mon frigo du sous-sol sert principalement à ça. Ça me prend une heure ou deux et après, c’est fait.

Un autre truc pour gagner du temps en lien avec les lunchs : je prépare les boîtes à lunch le soir. Il ne me reste plus qu’à mettre un bloc réfrigérant dedans le matin (et à faire chauffer les thermos quand mes cocos mangent des repas chauds). Ici, pour motiver les garçons, j’ai décidé que le premier à avoir complété correctement sa routine peut sortir les boîtes à lunch du frigo. L’art de transformer une tache en privilège !

Les leçons et les devoirs

En tant qu’enseignante, je me permets de vous donner ce conseil : laissez un peu de temps à vos enfants pour décompresser le soir en arrivant, avant de vous attaquer aux devoirs et aux leçons. Si vous le pouvez, prenez aussi ce temps pour relaxer. Nous accumulons tous un petit lot de fatigue et de stress au cours de la journée. Prendre quelques minutes pour respirer ne fait jamais de tort. Ça vous permettra par la suite d’effectuer le travail à faire ensemble, dans une ambiance plus calme et harmonieuse. J’ai pris cette habitude et croyez-moi, c’est beaucoup plus efficace de travailler avec un enfant reposé qu’avec un enfant bousculé et stressé par sa journée.

En soirée

Après le souper, je vous suggère de répartir les tâches avec votre conjoint. Quand tout le monde sait ce qu’il a à faire, c’est plus simple et plus efficace. Mon chum s’occupe de la vaisselle et du nettoyage de la cuisine alors que je gère généralement les bains et les douches des plus petits. Parlant de douches, je ne sais pas si c’est partout comme ça mais ici, c’est comme une guerre. Mes deux plus vieux se chicanent toujours parce qu’ils ne veulent pas aller se laver en premier ou ils essaient de gagner du temps avant d’y aller. Il y a donc maintenant une règle : c’est chacun son tour à être le premier et à 18 h 45, on entre dans la douche à moins d’être victime d’une attaque nucléaire.

Bien entendu, je n’ai pas la science infuse. Ces astuces me conviennent, mais elles ne sont peut-être pas adaptées à votre quotidien. J’ose quand même penser qu’elles sauront vous être utiles. Bonne chance et bonne rentrée !

Caroline Girard

Mon sac vide

La rentrée scolaire arrive. Je vois plein de publicités qui montrent du m

La rentrée scolaire arrive. Je vois plein de publicités qui montrent du matériel que j’aimerais bien avoir dans mon sac à dos. Je n’ai pas vraiment hâte de retourner à l’école, mais j’aime bien avoir de nouveaux crayons dans mon étui et de nouveaux cahiers dans mon sac.

Malheureusement, je sais que je commencerai mon année scolaire le sac vide, comme chaque année. Pourtant, j’ai demandé à mes parents d’aller acheter mon matériel. J’aurais même pu récupérer des effets de l’année passée. C’est meilleur pour l’environnement. Mais pour toutes sortes de raisons, ils n’y ont pas pensé. Alors voilà, c’est ma première journée et je suis différent des autres.

La deuxième activité de la journée est de vider mon sac, mais le mien est déjà vide. Avec sa voix rassurante, ma nouvelle enseignante, madame Julie, me répète que ce n’est pas grave. Je dois avouer que j’aurais bien aimé ranger mes cahiers neufs dans mon bureau en même temps que les autres élèves. Je fais comme si ça ne me dérange pas, mais dans le fond, j’aime bien faire comme mes amis. Je devrai vider mon sac plus tard cette semaine, quand mes amis feront une activité.

À côté de moi, il y a une fillette que je ne connais pas encore. Ses parents ont oublié d’écrire son nom sur chacun de ses crayons. C’est vrai que ça doit être long. Madame Julie nous a expliqué que les crayons se ressemblent tous et qu’on les perd souvent. L’étiquette permet de les remettre aux élèves qui les ont perdus. Sans étiquette, le pot d’objets perdus se remplit rapidement et on n’arrive pas à savoir à qui appartiennent les objets. J’avoue qu’un crayon de plomb, ça ressemble à un crayon de plomb. J’ai donc aidé ma voisine à écrire son nom sur tout son matériel.

Nous avions ensuite une activité dans laquelle il fallait écrire des informations sur nous. J’ai dû emprunter des crayons à mon enseignante. Le garçon derrière moi a eu beaucoup de difficulté à aiguiser ses crayons. La mine cassait sans cesse. J’ai essayé de les tailler à mon tour, mais je n’ai pas réussi. Même madame Julie n’a pas réussi avec son taille‑crayon. Tous les crayons de son paquet neuf avaient le même problème. Elle a donc sorti des crayons de son tiroir pour les donner à mon voisin. J’espère que j’aurai des crayons de bonne qualité dans mon sac.

J’ai quand même passé une belle première journée d’école. En arrivant à la maison, je vais sortir mon étui de l’année passée pour vérifier si mon nom est écrit sur mes crayons. Je peux les réutiliser quand ils ne sont pas brisés. J’aurai au moins un peu d’outils de travail. J’espère que mes parents auront pensé d’aller se procurer le matériel qui manque. Je vais même pouvoir les aider à mettre les étiquettes. Ensemble, ce sera plus rapide. J’ai déjà hâte à demain.

Plusieurs organismes, dans toutes les régions, viennent en aide aux familles défavorisées pour qui la rentrée scolaire est difficile.

Soyez généreux !

Nancy Pedneault

La rentrée de mai

Il y a deux mois, les écoles ont fermé. Deux mois, comme des vacances dâ€

Il y a deux mois, les écoles ont fermé. Deux mois, comme des vacances d’été. Mais sans été.

Les élèves sont partis. Sans savoir.

Les concierges ont tout désinfecté.

Les enseignants ont déplacé leur bureau de travail dans leur cuisine ou leur sous-sol.

Ils ont tout fait pour se réinventer. Pour apprendre de nouvelles façons de communiquer avec leurs élèves, avec les parents, avec l’équipe-école, avec les collègues. Team work encore plus que d’habitude.

Ils ont appris le fonctionnement de toutes les plateformes de partage de fichiers et de vidéoconférences. Ils sont devenus leurs propres techniciens informatiques, leurs propres cameramen ou camerawomen. Ils ont adapté leur matériel d’enseignement et d’évaluation à une modernité qu’on avait plus ou moins vue venir : l’enseignement à distance, à grande échelle, au secondaire comme au primaire. Je ne peux même pas imaginer de quoi ça a l’air avec les petits de maternelle…

***

Et maintenant que l’école rouvre ses portes, on fera le chemin inverse, comme à toutes les rentrées scolaires.

Les enseignants sont déjà de retour dans leur classe. Ils ont placé les pupitres (mais en ont sorti la moitié dans le corridor). Ils ont refait leur liste d’élèves (enthousiastes de retrouver ceux qui reviennent, tristes que la moitié du groupe reste à la maison ou soit envoyée dans une autre classe). Ils referont cette liste chaque semaine, en fonction des nouvelles inscriptions et des changements d’idée.

Ils planifient l’horaire des premières journées :

  • Beaucoup de temps consacré aux nouvelles règles à respecter (deux mètres de bulle, des collants aux planchers pour indiquer la direction des déplacements, des lavages de mains encore plus fréquents, et l’obligation d’attendre son tour deux par deux au lieu d’attendre en rang).
  • Le casse-tête des arrivées et des départs d’élèves, des récréations et des dîners.
  • Les matières (en nombre réduit) à réviser ou à enseigner en groupe live et à distance, sans autre matériel scolaire que ce qui se trouve dans les pupitres des élèves et dans l’imagination du prof.

Viendront les journées de canicule, la fatigue de fin d’année et la période des évaluations. Coronavirus, on n’y échappe pas ! Normalement, c’est balancé avec les voyages de fin d’année, les BBQ de juin, les célébrations de finissants, les activités extérieures dans les jeux d’eau et les parcs… mais pas cette année. Juin 2020 sera drabe. Mais mémorable.

Puis, le concierge refera sa tournée, encore et encore. Et encore. Chaque classe, chaque racoin, chaque lieu partagé. Matin, midi, soir. Tout sera nettoyé, organisé, désinfecté. Ça sentira l’eau de Javel dans les corridors ! Chaque jour. Je vous jure, les élèves ne s’enfargeront pas dans les boîtes à lunch qui traînent. Ce sera (en bon québécois) spik’n span.

Puis sonnera l’heure du retour des élèves. Comme à chaque mois de septembre, ce sera progressif, pour ne pas étourdir les enfants et les intervenants. C’est juste que là, la rentrée est en mai. C’est juste que là, la plupart des élèves connaissent leur école, leur classe, leurs amis, leur prof. Mais ils devront les regarder avec des yeux nouveaux. Des yeux prêts à découvrir un nouveau monde stérile en microbes, mais tout aussi fertile en apprentissages et en amitiés. C’est juste que là, les parents ne tiendront pas les mains de leur enfant jusqu’à la porte de la classe. Ils devront plutôt les badigeonner de Purel avant de leur dire au revoir de loin.

Si je me fie à ce que j’ai vu sur l’écran de mon ordinateur cette semaine, quand l’enseignante de mon fils de première année lui a fait visiter sa classe virtuellement, élèves et enseignants attendent ce moment avec impatience, même s’il sera rempli d’inconnu. Tout le monde (incluant les spécialistes du gouvernement, Horacio en tête) aura ses réticences et ses inquiétudes, et une hâte peut-être faite de maux de ventre et d’attentes trop élevées. Et tout le monde apprendra de tout ça.

Les profs et les enfants ont déjà compris que leur plus grand défi, ce sera de résister à l’appel des câlins. Et mon garçon, lui, sait que sa prof a déjà collé dans son pupitre la photo de son toutou préféré parce qu’il devra le laisser à la maison. Bien qu’il ait très hâte de retourner à l’école, il s’ennuiera aussi de son cocon familial. Au moins cette fois-ci, les vacances arriveront à peine un mois après la rentrée !

Nathalie Courcy

Pas de mammouths à l’école!

Veille de rentrée scolaire, trois minutes après l'heure du coucher

Veille de rentrée scolaire, trois minutes après l’heure du coucher, moment propice par excellence pour que la machine à soucis s’emballe.

 

– Maman, je ne me sens pas bien, j’ai mal au ventre, j’sais pas ce que j’ai…

– Hum… genre des papillons dans l’estomac?

– Ouin…

– Des papillons féroces à grandes dents qui te dévorent l’intestin?

– Ouin…

– Ça ressemble étrangement à de la nervosité… La rentrée scolaire te stresse?

– Ben non voyons, j’aime ça, l’école!

– Même si tu aimes l’école, tu peux être nerveux. Une première journée, dans une nouvelle école en plus… Même les profs et les directeurs d’école ont des papillons la veille de la rentrée. Je t’ai déjà parlé des mammouths, hein?

Mes enfants connaissent l’histoire des mammouths, mais un petit rappel est parfois le bienvenu. En tant qu’abonnés aux ateliers de gestion de l’anxiété, nous avons entendu et raconté cette histoire plusieurs fois. En plus, ce n’est même pas de la fiction! Quoique je n’étais pas là à l’époque pour témoigner…

Il y a des milliers et des milliers d’années, les humains vivaient au milieu des mammouths. Quand ils voyaient une gang de mammouths courir vers eux, ils avaient trois choix :

– Qu’est-ce qui arrive si on s’écrase par terre en boule et qu’on fige devant une gang de mammouths?

– On se fait écraser. On devient une crêpe. Ce n’est pas une bonne solution.

– Parfois, figer et prendre le temps de réfléchir, c’est la meilleure solution. Mais pas devant une urgence mammouths. Le deuxième choix, c’était de se battre.

– Ben là maman, on n’est pas assez forts!

– En effet. Tu as beau avoir des super muscles, ton petit coup de poing sur le nez d’un mammouth ne t’amènera pas très loin. Même chose à l’école : si tu es fâché parce qu’un prof te donne une dictée ou parce qu’un plus petit t’a embêté, sortir tes poings et tes passes de karaté, ça ne t’aidera pas. Tu n’auras pas ce que tu veux. En plus, tu vas avoir des conséquences et tu risques de blesser quelqu’un. Enlève la violence de ton répertoire d’options.

– Et la troisième solution?

– Devant le danger, on peut aussi s’enfuir. Penses-tu que c’est une bonne solution face à des mammouths?

– Faut courir vite en titi, mais ça peut nous sauver.

– En effet. Mais courir vite, ce n’est pas la solution à tout. Si tu te sauves de l’école et que tu cours dans la rue, tu te mets en danger et tu inquiètes pas mal de monde.

– Mais si je m’éloigne pour me calmer ou parce que quelqu’un fait des bruits qui m’énervent, ça va.

Dans la vraie vie de maintenant, on peut parler, écouter, demander de l’aide. Les mammouths sont plutôt rares. Mais dans le temps, le corps humain devait permettre de figer, de frapper ou de s’enfuir. Pour ça, une grande partie du sang était subitement dirigée vers les pieds pour courir et vers les mains pour frapper.

Résultat : le cerveau et le bedon recevaient moins de sang et donc moins d’oxygène.

– Tu te souviens, quand je te dis de prendre des grandes respirations?

– L’air, c’est comme l’eau qu’on boit : ça aide à réfléchir et à se calmer le pompon.

– Si un jour, tu te fais courir après par un mammouth, tu ne prendras pas le temps de penser à toutes les options. Tu vas frapper, tu vas courir ou tu vas figer. Tout ton corps va réagir à l’urgence.

– Comme quand je me suis fait piquer par une guêpe.

– Voilà. Tu ne t’es pas demandé si la guêpe aurait mal ou si elle serait triste que tu la frappes. Tu as crié, tapé, couru. Après, on a pris le temps de réfléchir pour te soigner et pour enlever le nid de guêpes. À l’école, tu as le temps de respirer pour calmer ton cerveau. Ton instinct de survie peut relaxer.

Et le ventre, dans tout ça? En mode panique, notre digestion ralentit. Ce n’est pas la priorité. Si nos organes reçoivent moins de sang, ils font moins bien ce qu’ils ont à faire. Donc en état de stress, on peut avoir des crampes, un peu comme si des engrenages mal huilés essayaient de tourner dans l’estomac. On peut avoir de la difficulté à aller aux toilettes ou au contraire, avoir des selles liquides, parce que notre système ne réagit pas comme d’habitude. Dans ces cas, boire de l’eau, se reposer, respirer, être en contact avec la nature, recevoir des câlins, penser à des choses qui nous font du bien, ça aide beaucoup.

– Tiloup, merci de m’avoir dit que tu ne te sentais pas bien. C’est une excellente façon de faire taire le mammouth-papillon-à-grandes-dents qui essaie de te faire croire que tu es en danger.

P.S. Quelques minutes après le début de la première journée d’école, les papillons à grandes dents, les mammouths et les maux de ventre étaient portés disparus…

Nathalie Courcy