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À bas les cases!

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Dans ma tête, il y a toujours eu un surplus de cases. Trop pleines, pour la plupart. Trop d’idées, trop de projets, trop d’émotions. Juste trop.

Pendant longtemps, j’ai cru dur comme béton armé que la condition de mon efficacité, c’était la surcharge. J’avais l’impression que dès que j’arrêterais un peu, je m’effondrerais. L’art de fuir la réalité…

Un horaire rempli au quart de tour, chaque seconde à sa place, chaque place occupée. Comme dirait Filiatrault : « Enchaîne! » On va se le dire, avec quatre enfants, je n’ai rien fait pour me simplifier la tâche! Mais c’est comme ça que je me sens vivre. Que je me sentais vivre.

Jusqu’à ce que je me sente mourir, étouffée sous le tas de cases dans mon calendrier et dans mon esprit. Quand c’est rendu que tu dois faire des listes de tes listes de tâches… c’est peut-être signe que tu t’en es trop mis sur les épaules?

Alors j’ai décidé d’élaguer l’horaire. De vider des cases (régler les tâches « faites pour de bon » comme la peinture du sous-sol). D’en reléguer d’autres aux oubliettes, au moins temporairement (ne pas renouveler mes mandats pour les comités d’administration, dire non à certains engagements de bénévolat). De combiner certaines cases (faire une plus grosse recette de sauce à spag et la mettre en conserve pour les soupers pressés de l’hiver). De déléguer, même (les enfants sont capables de faire leur lit et leur lavage à l’occasion, non?)

Et qu’est-ce que je fais avec les cases qui restent? Parce qu’évidemment, je dois continuer de faire mon budget, de faire manger mes enfants… Parce qu’évidemment, je veux me garder des loisirs et des engagements, comme écrire pour Maïka et faire des activités avec mes cocos. T’sais, histoire de me garder saine d’esprit, équilibrée…

Ces cases-là, je les choisis. Je pèse le pour, le contre, je les mets dans la balance des priorités, des urgences ou des tâches à remettre à plus tard. Je me demande si c’est important pour moi ou pour d’autres. Et je classe. Je place les cases en ordre dans mon cerveau. C’est plus facile, maintenant que j’ai fait de l’espace! Un Tetris niveau 2, au lieu du niveau 150 auquel je carburais.

Même processus avec les émotions et les pensées. Lesquelles sont nécessaires? Lesquelles sont nuisibles, lesquelles bouffent mon temps et mon énergie? Lesquelles ne sont pas particulièrement utiles mais me gardent les pieds sur terre? Je choisis ce que je garde en fonction de mes valeurs et de mes rêves. Je fais partir le reste dans les égouts : pensées négatives et récurrentes, déceptions assurées, fausses croyances, émotions douloureuses associées au passé et déjà traitées.

Ce qui est bien avec les cases, c’est que c’est nous qui choisissons lesquelles on conserve, lesquelles on fait disparaître, lesquelles on remet au programme. Mais bien sûr, pour y arriver, il faut réserver une case de notre calendrier occupé pour faire le bilan de ce qu’on est et de ce qu’on veut. On appelle ça une case rentable. Celle-là, on la garde!

Je vous invite à faire le ménage des cases vous aussi. Ça fait du bien!

 

Nathalie Courcy

Deux heures pour moi

On a déménagé cet été. On a fait des boîtes pendant des mois.

On a déménagé cet été. On a fait des boîtes pendant des mois. Tous les soirs, tous les congés. En arrivant dans la nouvelle maison, il fallait faire plusieurs travaux. Puis redéfaire des boîtes. Puis préparer la rentrée scolaire. Bref, ça fait trois mois que nous sommes dans notre nouvelle maison, et on commence tout juste à s’y poser réellement.

Lundi arrive, je regarde mon agenda. Je prévois les rendez-vous, prépare les réunions et fais ma traditionnelle to-do list pour la semaine. Et je remarque quelque chose de vraiment inhabituel. Vendredi après-midi. Il n’y a rien à mon horaire. Je vérifie et contrevérifie. C’est bien vrai. De 13 h à 15 h, je n’ai rien de prévu. Rien.

Pour plusieurs d’entre vous, c’est peut-être une chose habituelle. Mais pour moi, c’est juste l’équivalent de la veille de Noël. Faut le prendre quand ça passe, pis j’ai le goût de me gâter. Je réalise que ça fait plusieurs mois que je n’ai pas eu une petite minute pour moi. Je ne suis pas le genre de personne qui s’arrête facilement, disons‑le. Mais là, j’ai deux heures à moi, juste à moi.

Pis ça m’excite! Je pense à tout ce que j’aimerais faire… Je m’emporte à rêver à toutes les petites activités qui me rendaient heureuse, avant ma vie de maman. Qu’est-ce que je pourrais bien faire de tout ce temps? Aller magasiner? Monter à cheval? Prendre un bon bain moussant? Aller dîner avec une amie? Faire une vraie sieste? Les possibilités sont infinies. J’te jure, je suis tellement excitée qu’on dirait que je vais monter le Kilimandjaro. T’sais, quand c’est rendu que deux petites heures pour moi représentent une épopée risquée!

Vendredi arrive. Midi sonne. Je pense encore à ce que je vais faire. Et je pense à tout ce que je ne ferai pas. Pas de vaisselle. Pas de visite ni de bénévolat. Pas de ménage. Surtout, pas de pliage de linge. Pas de correction d’examens. Non, madame. Et surtout, pas de culpabilité.

J’ai pris mes deux petites heures pour moi, et on est allées faire un tour ensemble. Je suis allée manger dans un restaurant que j’adore, et que je ne me permets pas souvent. Je suis allée m’acheter deux paires de bottes. Pas une, deux. C’est la première fois que je m’achète quelque chose pour moi depuis environ cinq ans. J’te jure, je porte encore mes bobettes de maternité. Honte à moi…

Et là, j’entends déjà plusieurs mamans qui seront outrées de ces quelques lignes et qui prôneront le temps pour soi. Mais honnêtement, un p’tit après-midi une ou deux fois par année, j’ai juste pas besoin de plus que ça. Je ne pars pas en voyage dans le Sud, sans mes enfants. Je préfère voir leurs yeux s’émerveiller chaque fois qu’on va à l’aquarium. Je ne vais pas au gym. Je préfère aller courir avec les enfants au parc. Je préfère nettement une soirée de film collée avec mes enfants qu’une soirée où je dois endurer des talons hauts. Je suis peut-être mal faite, mais j’adore ma vie de maman. Et non, je n’ai pas besoin de m’en évader.

À 15 h pile, j’étais debout devant l’école de mes enfants quand la cloche a sonné. Parce que j’aurais pu prolonger mon séjour de congé, mais que j’avais trop hâte de les retrouver. Ma grande fille a vu mes nouvelles bottes dans l’auto. Je vous le jure, elle m’a dit : « Wow! Elles sont trop belles tes nouvelles bottes, maman! T’as bien fait de te faire plaisir! » Et son sourire m’a fait encore plus plaisir que ma nouvelle paire de bottes elle‑même.

Je pense que c’est aussi ça, la vie de maman. C’est rêver d’avoir une minute pour soi, pour ensuite passer cette minute à penser à nos enfants. Parce que dans dix ou quinze ans, les enfants auront quitté la maison. Je pourrai m’acheter toutes les bottes que je veux et prendre tous les après-midis pour moi. Mais je ne pourrai jamais revenir en arrière. Si je ne profite pas de mes enfants maintenant, il sera trop tard. Je ne veux rien manquer de leur enfance. Et je veux que mon amour et ma présence marquent leurs souvenirs. Parce que plus tard, ils ne se rappelleront pas mes nouvelles bottes. Mais ils se rappelleront leur maman qui les attendait devant l’école quand la cloche sonnait.

Joanie Fournier

 

Le temps de s’en remettre

J’ai hésité longtemps. Je voulais essayer par moi-même, jusquâ€

J’ai hésité longtemps. Je voulais essayer par moi-même, jusqu’au bout. Jusqu’au bout de quoi au juste? De moi-même? De ma santé? De ma force de femme pas plus invincible que n’importe qui d’autre?

Quand mon (pas encore ex) mari est parti en mission militaire, j’ai essayé jusqu’au bout de garder mon emploi à temps plein, mon engagement communautaire à temps plein, mon entreprise qui me demandait tout ce qui restait en dehors de mon temps plein. J’ai demandé de l’aide avec mes enfants, je me suis fait violence pour ne pas entreprendre d’autres formations, pour repousser mes projets d’écriture. Je faisais des choix, mais pas assez. Quand j’ai vu que je coulais, j’ai demandé la permission de faire du télétravail deux jours par semaine. Histoire de continuer à travailler à temps plein.

Quand je me suis séparée, je suis retournée au travail le lendemain, comme si de rien n’était. Puis, pour le déménagement, je me suis octroyé un très généreux deux jours de congé. Le lundi, j’étais à mon bureau, comme une scoute. Pas super concentrée, avec des muscles endoloris et le cœur en bouilli, mais j’étais assise devant mon ordi. Je frisais le présentéisme. Mais j’y étais.

Puis, quand les choses ont dérapé, j’ai fait mes heures, du mieux que je pouvais. Quand l’école appelait, je partais en panique. « S’cuse boss, je dois partir là-maintenant-tout-de-suite. Je t’explique par texto. » Quand je prenais des rendez-vous pour prendre soin de moi, je rentrais tôt au bureau et je revenais dès la fin du rendez-vous. Un massage ou une séance d’art-thérapie squeezés entre une réunion et une conférence téléphonique, ça limite l’effet bénéfique.

Tout ça parce que ça me donnait l’impression, je crois bien, de gérer la situation. De survivre. Peut-être, aussi, parce que je n’avais pas le goût d’entendre un médecin prononcer le mot « dépression ». Been there, done, that, je n’avais pas envie de refaire le même parcours.

Quand je suis allée voir mon médecin pour des maux de tête chroniques (ah! ce que le stress peut faire!), de l’insomnie chronique (ah! ce que le stress…), des pensées suicidaires pas loin de chroniques (ah!…), elle m’a arrêtée. Pas au complet. Juste assez. Me garder dans la réalité, éviter le choc du retour au travail, se donner du temps. Elle m’a prescrit un congé maladie une journée par semaine, le temps de m’en remettre. Et un peu plus, pour être certaine d’être vraiment remise. Pas juste en surface. Régler l’épuisement que je traînais depuis des années.

Ça fait quelques semaines de ça. Au début, je m’écrasais sur mon divan toute la journée, juste à côté de ma culpabilité qui me tirait du jus comme un enfant qui gosse son frère. J’avais tellement besoin de ne rien faire! De réapprendre à ne rien faire.

J’avais déjà fait le tri dans mes engagements. Je répondais déjà moins rapidement aux demandes qui m’arrivaient de toutes parts. Je ne me donnais plus le rôle de maintenir les amitiés : les vraies résisteraient d’elles-mêmes et seraient au rendez-vous quand je reviendrais dans mes souliers.

Puis, j’ai commencé à me réorganiser. J’ai déterminé ce qui me causait le plus de stress. Ce que je pouvais régler rapidement et pour de bon. Ce qui était urgent. Ce pour quoi je pouvais demander de l’aide. Ce pour quoi j’avais besoin d’outils supplémentaires (couper le gazon à la mitaine, ça se fait, mais ça va plus vite avec une tondeuse…) Et j’ai agi.

Pour la première fois depuis des années, je sens mes épaules plus légères. Je sens moins l’étau autour de mes poumons. J’ai recommencé à dormir et à me sentir énergisée le matin. J’ai appris à être. Comme dans « être assise au parc avec les enfants sans penser à mon budget » ou « être dans ma voiture et respirer, sans rager parce que je ne suis pas en train d’écrire le roman du siècle ».

Je ne sais pas si cet état va persister. Ce que je sais, c’est que je construis sur ce temps que je me donne pour créer des habitudes saines et durables. Je me re-rencontre et j’aime ce que je vois : une femme qui reprend espoir, qui vit au lieu de survivre. Parce qu’il faut l’admettre, quand on sur‑vit, on sous‑vit.

Nathalie Courcy

Place à papa

Les papas sont de plus en plus présents, au point où c’est la no

Les papas sont de plus en plus présents, au point où c’est la norme pour plusieurs et en voie de le devenir pour beaucoup. Parmi les conseils donnés aux mamans, j’ai souvent entendu ou lu de laisser de la place aux papas, de les laisser faire les choses à leur façon. Je suis tout à fait d’accord. Par contre, j’ai envie de dire à certains parents et futurs parents que ce ne sera peut-être pas facile.

Permettez-moi d’abord une précision. Dans ce texte, j’utilise les termes « maman » et « papa » parce que pour la majorité des familles, c’est la femme qui prend le long congé et l’homme qui retourne au travail, mais on pourrait remplacer « maman » par « le parent qui passe le plus de temps avec les enfants » et « papa » par « le parent qui travaille à temps plein » par exemple.

Papa doit apprivoiser bébé et il est fort probable qu’il doive le refaire quelques fois. Selon les phases que traverse l’enfant ou les périodes plus occupées de la famille, cet ajustement peut être nécessaire plus d’une fois.

Nous l’avons vécu avec notre premier fils. Il devenait parfois plus difficile pour mon mari de le réconforter, de l’endormir, mais chéri-mari persévérait et ça se plaçait. On a de nouveau traversé une de ces phases récemment. Notre deuxième de quatre mois s’endort rapidement dans mes bras, mais comme papa ne l’avait pas endormi depuis quelque temps, ç’a été la crise au moment de le faire.

C’est certain que quand tout le monde est fatigué, c’est tentant de redonner bébé à maman pour que ça aille plus vite ou parce que maman trouve difficile que bébé pleure plus quand c’est si facile avec elle. Mais c’est si important de persévérer. Déjà le lendemain, bébé pleurait beaucoup moins et après quelques jours à peine, c’était revenu. Papa pouvait de nouveau l’endormir aisément. Oui, il y a eu plus de pleurs, mais il n’était pas en danger, il était dans les bras de son papa qui lui faisait doucement comprendre qu’il y était en sécurité.

Il en a été de même pour le portage. Pendant les vacances, pour diverses raisons, papa avait moins porté, voire pas du tout. Bébé pleurait donc quand il s’y est remis. Chéri-mari l’a alors fait sur de plus petites périodes, a pris le temps de le rassurer chaque fois, mais il n’a pas arrêté. C’est revenu aussi.

Et je l’ai laissé le faire. Si je veux que mon mari soit un parent aussi significatif que moi auprès de nos enfants, je dois lui permettre d’essayer, oui. Mais je dois surtout lui laisser le temps d’apaiser les enfants. Tout comme je dois laisser le temps aux enfants de s’habituer à ses bras plus poilus, à sa voix pour les chansons, à ses mains qui flattent leur front, à son odeur… C’est certain que ça semble plus naturel pour moi, je passe toutes mes journées avec bébé. Chéri-mari travaille. Ce n’est pas moins naturel pour lui, il n’a simplement pas autant de temps que moi. On doit donc lui en laisser.

J’entends souvent des mamans dire qu’elles essaient de laisser le petit au papa, mais que ça ne fonctionne pas, alors elles font tout ou que c’est plus long, que ça les agace et qu’elles préfèrent s’en occuper. Je trouve ça dommage.

C’est précieux que papa puisse réconforter, donner des bisous sur les bobos, rassurer durant la nuit, bercer un petit malade… La vie de famille s’affronte mieux en équipe. Mais si on veut que papa soit aussi efficace que maman, il faut le laisser essayer, mais surtout lui donner le temps et les conditions pour réussir!

Jessica Archambault

Nouvelle maman, fais-toi un cadeau ! Texte: Martine Wilky

Je me souviens du premier moment où grande fille est née. Je me su

Je me souviens du premier moment où grande fille est née. Je me suis dit que je voulais passer chaque minute à ses côtés. Je n’avais pas si bien dit.

Parce que c’est pas mal ce qui est arrivé. Si bien qu’un jour je me suis retrouvée dans un avion vers Paris, seule avec des copines, à faire une crise de panique car je perdais mes repères.

Ben oui, j’ai oublié d’être une femme et de me donner du temps. Depuis la naissance de mes enfants, je ne voyage que pour le travail, en amoureux ou en famille. Chaque destination est en fonction de mes filles.

Mais là, je suis dans l’avion, sans mes filles, sans mon chum… juste moi.

Je me sens perdue.

Je panique littéralement.

T’inquiète, je me suis occupée de mon malaise et honnêtement, j’ai vécu un voyage extraordinaire avec mes super copines !

Mais j’ai réalisé que toutes ces années, j’étais passée à côté de quelque chose de vraiment magnifique.

Du temps pour moi, je n’en ai jamais vraiment pris.

Je ne faisais presque pas d’activités pour moi.

J’organisais mes temps libres autour de ma famille. Je ne plaçais à l’horaire que ce dont la famille pouvait bénéficier.

Oh je ne suis pas une femme contrôlée, pas du tout. En fait, je me suis placée moi‑même dans cette cage dorée.

Celle où j’avais la sensation que tout était parfait dans ma vie. Tout sauf ce côté de ma vie de femme.

Mais comment pouvais‑je souffrir d’un manque que je ne connaissais pas ?

En le vivant tout simplement !

Je ne le vois pas aujourd’hui comme si j’avais perdu toutes ces années à me choisir.

Non, je ne suis pas comme ça.

Mais à compter de maintenant, je sais que je vais me choisir des escapades pour moi.

Des moments à moi, qui ne seront pas réservés uniquement quand ça convient dans l’horaire de la famille.

Si tu es une nouvelle maman, sors de chez toi, prends soin de toi pour toi. Pas juste pour nourrir ton couple, pas juste pour travailler, pas juste pour aider ta chum… pour TOI !

 

Martine Wilky

 

Vacances j’oublie tout?

Vraiment…

Bien avant le salai

Vraiment…

Bien avant le salaire, la première préoccupation qui nous traverse l’esprit est : « Combien de semaines de vacances? » Avec l’expérience, c’est même « le » critère; placé en haut de la liste, juste sous celui des dollars.

Quel beau mirage de notre société moderne!

Pendant les études, les vacances sont l’équivalent de travailler pour les payer… les études.

Récupérer un peu, nous le ferons ensuite en cours d’année. Ensuite, un premier emploi. On retrousse ses manches et on travaille fort. Une carrière à bâtir. Un soir, une fin de semaine à la fois. L’orgueil de pouvoir dire qu’on est dans ceux qui font le plus d’heures. Se mentir que le citron… c’est pas nous!

Je me souviens très bien de ma première négociation annuelle. J’étais prêt. Une certaine attente salariale. Mais, surtout, quelques bonbons à obtenir. Lorsque l’élastique sera blanc. Cerise finale… une semaine de vacances de plus. Et, normalement, ça fonctionne si le citron a fourni ses méga litres de jus.

Avec le temps, et les responsabilités, les mathématiques de base nous sautent aux yeux : V = (E+T)². Chaque semaine de vacances devient hors de prix. Comme la formule est de mon cru, la voici décortiquée : Vacances = (Épuisement + Travail)². Où l’épuisement est aussi multiplié par le nombre d’enfants (famille conjuguée souvent au passé recomposé).

On est le dernier vendredi, votre tête y est presque. Le stress augmente. Ai-je oublié quelque chose? Les valises seront-elles prêtes à temps? Et alors ˗ même si on s’y attend ˗ le courriel de 16 h 30 — 16 h 45. Celui qui demande une réponse immédiate ou qui sent seulement le transfert du singe d’un dossier important.

L’intervention de toutes ces personnes pour qui le travail… c’est de le faire faire par d’autres. Ceux qui ont très bien noté votre date de départ. Ces ânes, broutant dans l’enclos vert, qui rient des quelques-uns qui sont attelés à faire tourner la roue.

Comme nous sommes presque tous branchés, pas trop de choix. Sans doute du travail à distance. Mais, le ménage de ses messages, ce n’est pas vraiment décrocher.

Des vacances, comme la majorité les souhaiterait. Relax, sur le bord de la mer. Le petit vino de 16 h 30. La petite bière froide bien méritée. Un lâcher prise total sur l’agenda qui nous mène toute l’année par le bout du nez.

Pendant que vous avez ce sourire béat… Bang! « Maman/Papa/Chose… j’ai rien à faire! » « Je veux ceci, mais pas ma sœur/mon frère! » « Il/elle m’énerve! » La vie familiale, elle, ne prend jamais de vacances. Et, comme les heures sont étendues, la plage de fatigue augmente aussi pour vous. C’est sans doute aussi la plage… dont vous profiterez le plus!

Au bureau, au retour, vous entendrez les collègues dire qu’ils en sont presque heureux… que les vacances soient terminées. Paradoxe! Vous n’aurez pas le temps de confirmer. Les bottines d’alpiniste aux pieds, vous attaquerez déjà la montagne qui s’est accumulée.

Après tout, les prochaines vacances viendront si vite…

michel

 

Pourquoi on a viré la télé ?!

Il faut se le dire, j’adore écouter la télévision.

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Il faut se le dire, j’adore écouter la télévision.

Ce sentiment d’évasion où je navigue d’une série à l’autre est vraiment un truc que j’aime.

Pouvoir me coller contre chéri mari ou mes filles pendant quelques heures chaque soir est un bonheur.

Par contre, je sais que quand je suis devant la télé, je n’accomplis rien.

Je viens de passer mon dimanche entier à regarder une série et, bien que j’ai eu un super moment, je n’ai qu’une seule envie…

Annuler la télévision !

Oui oui, je n’en veux plus !

Je trouve que mon cerveau, mon énergie et ma motivation disparaissent à l’instant où la télévision s’allume.

Je deviens léthargique au maximum, une vraie zombie.

Ma famille se sent comme cela aussi et même si cela nous fait vibrer dans la peur du manque, on va le faire quand même.

Alors on va se libérer de ce qui nous rend comme des zombies !

Notre famille a déjà passé plus de deux années sans télévision, donc on va survivre.

On a Netflix pour les journées de pluie ou pour des moments que l’on va s’offrir sporadiquement.

Mais on s’engage vers une autre façon de vivre qui sera bénéfique à chacun d’entre nous.

Ce qui nous a emmenés dans cette réflexion familiale est que, quand un d’entre nous passe beaucoup de temps devant un écran, les autres sont inspirés à faire pareil… surtout si c’est un parent.

De plus, le nombre d’échanges que l’on a ensemble diminue.

On devient accro et il nous arrive même de manger au salon pour écouter plus de télévision.

Quand on se regarde et qu’on fait notre travail intérieur, la question qui remonte entre moi et chéri est : est-ce vraiment ce que l’on veut léguer à nos enfants ?

La réponse est NON.

Il n’y a pas de mal selon moi à être devant la télévision ou d’autres écrans par moment et par loisir, mais il faut être raisonnable (ce qui est difficile pour nous, honnêtement).

La Société canadienne de pédiatrie suggère un temps d’écran très limité :

Avant deux ans : pas d’exposition ou seulement pour des communications parentales (Skype, FaceTime), ou s’il y a exposition, des émissions de grande qualité avec présence parentale.

De deux à cinq ans : pas plus d’une heure par jour, idéalement avec présence parentale.

De cinq à onze ans (tout écran confondu) : deux heures par jour.

Bien sûr, ce sont des suggestions et c’est à nous, parents, de faire des choix alignés avec nos valeurs.

Chez nous, on est des consommateurs d’écran : je suis Web Entrepreneure, mon mari fait de l’édition vidéo, grande fille est à l’âge d’avoir son propre cellulaire et mini est dans une classe iPad.

Nous sommes conscients que nous passons déjà beaucoup de temps devant nos écrans chaque jour, donc voilà ce qui justifie notre choix.

Nous sommes à l’aise avec notre décision même si, pour notre entourage, nous sommes des êtres bizarres qui ne savent pas vraiment ce qui se passe aux nouvelles. On s’assume pleinement.

Et vous, êtes-vous trop devant votre télévision (écran) selon vous ?

Martine Wilky

Les enfants, les consignes et leur rythme

Avez-vous remarqué comment les enfants n’ont pas le même rythme

Avez-vous remarqué comment les enfants n’ont pas le même rythme que les adultes ? Que dis‑je… C’est SÛR que vous avez remarqué comment vos petits cocos n’ont pas la même notion du temps que vous. Quand vous n’avez plus une once d’énergie, ils courent partout comme des fusées. À l’inverse, quand vous avez une réunion ultra importante en avant‑midi, c’est bien évidemment le matin qu’ils seront les plus lents ever. Votre plus grand prend cinq minutes avant d’enfiler sa première botte, alors que pour votre plus petit, cela fait huit fois que vous répétez : « Allez, lâche le bout de papier par terre, viens mettre ta tuque, c’est le temps de partir ! »

Des fois, c’est vrai, les enfants pourraient faire un peu plus d’efforts pour collaborer. Souvent par contre, le parent ne réalise pas suffisamment comment la vie se passe à travers les yeux d’un enfant. Lorsqu’on est haut comme trois pommes, la vie n’est pas une question d’horaires, de trafic ou de tâches à accomplir dans la journée. Et plus ils sont jeunes, moins ils ont conscience de ce qui peut tracasser son parent lorsque celui‑ci pense à sa journée à venir. Les enfants n’ont pas cette conception du temps, et c’est tant mieux !

C’est parce qu’ils ne l’ont pas qu’ils sont aussi émerveillés par les petites choses de la vie (le fameux bout de papier !) et qu’ils se concentrent sur l’ici et maintenant. Alors que nous, les adultes, avons davantage tendance à planifier et à garder en tête un agenda de ministre. Les parents stressent en pensant qu’ils vont arriver en retard, qu’ils auront à vivre de la honte auprès de leurs collègues et qu’ils devront se justifier à leurs patrons. Les parents sont conscients, eux, que s’ils arrivent plus tard, ils auront l’impression de courir après leur temps toute la journée, qu’ils devront probablement finir plus tard… et donc arriver plus tard à la garderie, repartir avec des enfants fatigués et vivre une soirée moche parce que tout le monde est épuisé.

Dans ces moments de chaos, rappelez‑vous qu’une famille est constituée autant des enfants que des parents. Ainsi, vous désirez certes que vos enfants s’ajustent à votre rythme, mais peut-être devriez-vous également considérer le leur. Par exemple, lorsque vous donnez une consigne à votre enfant, êtes-vous trop exigeant quant à la rapidité d’exécution qu’il devrait avoir ? Certains parents souhaiteraient que cela se fasse sans jamais avoir à répéter ou que la tâche soit effectuée dans la seconde qui suit. C’est bien évidemment impossible. Ce n’est pas dans la nature de l’enfant, parce que lui se demande plutôt comment finir sa construction de blocs. Et pour lui, ÇA c’est important. Même qu’en réalité, ça l’est vraiment pour ses apprentissages ! Bref, soyez conscient de vos attentes.

Vous demandez à votre enfant de ranger sa peluche une première fois. Il ne le fait pas. Pourquoi ne pas compter jusqu’à « X » dans votre tête avant de la répéter ? Vous pourriez être surpris de voir qu’en ayant un délai, votre enfant répond à votre consigne, mais que d’habitude, vous ne lui auriez pas laissé le temps de passer à l’action ! À d’autres moments, vous pourriez vous demander : « Est-ce que c’est si pressant ? » Peut-être réaliserez-vous qu’en intégrant davantage le rythme de votre enfant, vous redécouvrirez certains aspects de votre vie. Parce que les enfants aussi ont beaucoup à nous apprendre.

Lory Zephyr

 

Les ados et Internet

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« Moi, dans mon temps »… Je ne pensais jamais dire ça une fois dans ma vie. Du haut de mes trente-trois ans, je viens d’avoir une belle claque au visage.

Moi, dans mon temps, Internet à treize ans n’existait pas. On vivait nos expériences, une étape à la fois et surtout, dans l’intimité. Maintenant, à treize ans, les ados ont leur cellulaire. On leur en fournit un en promettant qu’une fois par mois, on va fouiller dedans pour question de sécurité… ce qu’on laisse tomber bien assez vite parce que nos enfants, on leur fait confiance.

Le cellulaire fait partie intégrante de leur vie, il est « scotché » à leur main et c’est la catastrophe si on les sépare.

Moi à treize ans, je voyais mes amies, on dansait, on chantait et on riait. On avait nos petits chums et on jasait dans le sous‑sol, collées sur eux. Sans plus.

Aujourd’hui, à treize ans, elles s’abonnent à des sites de rencontres pour adultes en mettant une fausse date de naissance. Elles voient des profils de garçons qui mentent sur leur âge et surtout, elles voient des vidéos qu’elles ne devraient pas voir, à treize ans…

Moi à treize ans, j’avais un appareil photo, on se prenait en photo lors de nos partys de sous‑sol, on s’arrangeait pour qu’elles soient belles parce qu’on devait attendre quelques jours avant de les voir. Pas question d’avoir des photos ratées ou encore des photos gênantes parce qu’un inconnu s’occupait de les faire développer! On ne voulait pas avoir honte en allant les chercher!

Aujourd’hui, à treize ans, elles font des selfies et des « shooting photos » avec le ventre à l’air à moins trente, dehors. Au début, on pense que c’est inoffensif même si ça nous rend inconfortables par en dedans, mais on les laisse faire, parce qu’on leur fait confiance.

Moi dans mon temps, j’en ai bu de l’alcool, pour essayer. Oui, même à m’en rendre malade, parce qu’à treize ans, on ne sait pas boire! Parce qu’à treize ans, on commence à faire nos expériences. On expérimente, le mot le dit, c’est normal.

Aujourd’hui, à treize ans, il faut boire de l’alcool, sinon on est out…

Moi, dans mon temps, on jouait à la bouteille. Ben oui, on l’a tous fait. On embrassait notre voisin de droite pis on trouvait ça drôle. Mais c’était dans l’intimité, entre amis.

Aujourd’hui, les ados se dévoilent sur Internet, à la vue de tout le monde. « Oui, mais on s’en fout, ils ne voient pas notre visage ».

Et là, notre monde s’écroule. On réalise que les ados d’aujourd’hui sont loin de ce qu’on était « dans notre temps ». Oui, la vie change, elle évolue, parfois beaucoup plus rapidement qu’on le souhaiterait, mais ce n’est pas une raison pour accepter n’importe quoi. On passe pour des méchants ou des vieux dépassés qui ne comprennent rien. Mais mon cœur de maman n’arrive pas à comprendre la naïveté des ados.

On a beau leur donner une confiance aveugle, je réalise qu’il faut quand même faire la police du cellulaire de temps en temps. Juste pour les protéger, avant que ça aille trop loin. Même si nos ados trouvent qu’on exagère, même si nos ados nous disent « c’pas grave m’man », on se doit, en tant que parent, de faire notre boulot, que ça plaise à nos ados ou non.

Faites‑le, même si vous pensez que vos ados n’ont rien à se reprocher : jetez un œil à leur contenu de cellulaire… ça pourrait peut-être sauver bien des catastrophes.

Tania Di Sei

 

 

L’effort du temps

Plusieurs couples autour de nous se sont séparés ces derniers temp

Plusieurs couples autour de nous se sont séparés ces derniers temps. Vous saviez que cette maman s’était oubliée elle-même. Elle traversait ses journées, le teint gris et le dos courbé. Elle s’effaçait de plus en plus, de jour en jour. Et ce papa, à ses côtés, qui n’était devenu qu’un stéréotype de papa fainéant et bedonnant. Ils se sont levés un matin, en réalisant qu’ils en avaient assez des disputes, des vieilles rancunes et des longs silences… Et ce jour‑là, ces super ‑parents ont choisi de refaire leurs vies avec un autre humain.

La même maman a pris du temps pour elle. Tant qu’à être seule la moitié du temps… aussi bien se remettre en forme. Elle s’est remise à la course. Elle a couru et couru encore, de plus en plus loin et de plus en plus longtemps. Elle a découvert qu’elle se dépassait, qu’elle repoussait ses limites et qu’elle apprenait à apprécier le souffle du vent.

Celui qu’elle appelait son homme s’est aussi ressaisi. Plus personne pour passer derrière lui… pas le choix de se ramasser. Et il s’est mis à laver, à frotter, et surtout, à réaliser tout ce qu’elle avait fait pour lui. Parce que quand on est seul la moitié du temps, ça nous en laisse encore beaucoup pour réfléchir.

Puis, ils ont respectivement rencontré un petit quelqu’un qui les faisait se sentir spécial à nouveau. Plus rien n’était tenu pour acquis, tout était à reconstruire. Prendre soin de l’autre, tout en prenant du temps pour soi. Laisser de l’espace à l’autre et lui faire de la place en soi. Se laver, se raser, se coiffer… Recommencer à se sentir désirable et désiré.

Et c’est à ce moment‑là qui me vient une réflexion, aussi frappante que déstabilisante. Et si chacun d’eux avait fait les mêmes efforts pour l’autre, que ceux qu’ils ont faits pour rencontrer quelqu’un de nouveau? Et si ces deux anciens amoureux avaient pris soin l’un de l’autre, autant que d’eux‑mêmes?

Et si cette maman, encore en couple, avait pris du temps pour elle? Et si elle s’était remise à la course et à aimer la vie?

Et si ce papa avait commencé à ne pas tout tenir pour acquis, ni sa femme ni ce qu’elle faisait pour lui?

Et si, ensemble, ils avaient choisi de retomber en amour l’un avec l’autre, au lieu de se chercher un nouvel humain à aimer?

Attention, je ne condamne pas ici la séparation et je trouve tout à fait normal que l’on cherche à être heureux et qu’on prenne les moyens nécessaires pour le devenir. Ce qui me désole, c’est que dans cette société où on surconsomme sans arrêt, nous en soyons venus à échanger même les humains pour des meilleurs modèles. La vérité, c’est que la personne avec laquelle tu partages ta vie, ce n’est pas un téléphone intelligent que tu peux changer pour un plus performant.

Être en couple, c’est facile. Aimer, cajoler, faire l’amour, c’est facile. Mais essayer de se souvenir de qui nous sommes et prendre soin de soi, tout en donnant à l’autre cette même liberté, ça, c’est dur! Mais si, au quotidien, on traite l’autre comme si c’était encore tout nouveau, on a une belle solution en main.

Prendre soin de soi. Laisser à l’autre de la liberté. Aimer ses différences. Accepter ses imperfections. Et surtout, ne rien tenir pour acquis. L’embrasser, comme un adolescent. Lui faire l’amour, comme dans les premiers temps.

Si tu es en couple depuis longtemps, demande‑toi : à quand remonte ton dernier déshabillé ? Parce que oui, quand on est un vieux couple, les grosses bobettes beiges sont des choix confortables. Mais les mettrais‑tu devant un nouvel amant? Non? Alors voilà! Si on mettait tous les mêmes efforts pour notre partenaire de vie que ceux que ça nécessite pour en conquérir un nouveau, les couples tiendraient certainement plus solidement.

Rappelle‑toi pourquoi tu as choisi d’avoir des enfants avec lui ou avec elle. Rappelle‑toi ce qui t’a fait tomber en amour. Rappelle‑toi du coup de foudre et de la passion du début. Et ne laisse pas le temps effacer tout ça. Parce que la recette miracle d’un couple heureux, c’est de mettre tous nos efforts pour combattre le temps.


Joanie Fournier

 

Une mère, c’est essentiel. Une tante, c’est important : lettre à ma nièce

Ma belle niènièce d’amour,

Ma belle niènièce d’amour,

Tu es venue au monde le 28 avril 2017, alors que j’étais déjà maman de deux petites filles et que j’allais l’être une troisième fois à nouveau à peine trois semaines après ta naissance. Il m’a semblé — mais peut-être est‑ce fou — que notre relation était condamnée à l’avance. Que j’aurais ben beau t’aimer avec mon grand cœur de nouvelle tatie, jamais je n’aurais le temps et l’énergie de m’investir dans cet amour, car ma machine maternelle et maternante surchauffait déjà. Il me semblait que t’aimer, je ne pourrais le faire qu’à distance.

Quand tu es née, j’étais une enflure sur deux pattes, une planète qui tourbillonne avec vigueur pour se déplacer dans l’espace. J’étais enceinte de trente‑huit semaines. J’étais fatiguée, ankylosée, courbaturée, mais émerveillée de te voir enfin le bout du nez. Je me souviendrai toujours de la première visite que je t’ai rendue, à la maison de naissance de Blainville, en compagnie de ta grande cousine Lilianne qui te regardait avec les yeux brillants d’étoiles. Par respect pour ma petite sœur qui tenait son petit bébé avec une légère nervosité de petite maman, je n’ai pas osé te tenir dans mes bras, même si je me disais avec tristesse que les occasions de te prendre manqueraient au cours de ta vie, de la mienne. Mes bras, ils serviraient bientôt de hamac et de perchoir pour mon bébé alors encore dans mon ventre.

Pourtant, à peine vingt‑quatre heures après ton retour à la maison, une occasion en or s’est présentée à nous. Une occasion déguisée en haute pression maternelle et en haute fatigue paternelle. Une occasion pour moi de devenir l’héroïne du jour en proposant de venir te bercer une nuit complète. Une occasion pour moi de te tenir longuement dans mes bras, de humer ton parfum naturel sucré que tu portes encore à ce jour, de te couvrir de ma tendresse de tatie. Je me suis dit que ma vie était un beau chaos, et donc qu’entre les cours de théâtre de Lilianne, les crises d’asthme de Mandoline et les tétées d’amour de mon bébé à venir, je n’aurais certainement plus jamais le temps de bercer ma belle niènièce en oubliant que le temps file et que les aiguilles tricotent. Je me suis dit que je serais sûrement tellement occupée à être une maman que jamais je n’aurais le temps d’être un tant soit peu une tatie.

Mais je me suis surtout dit que cette nuit de l’extrême fin-avril, elle nous appartenait, à toi et moi, et nous appartiendrait pour toujours. Que tout l’amour que je porte à mes propres enfants ne pourrait néanmoins pas nous l’enlever. Que ma fonction de mère de tes trois cousines ne pouvait rien contre cette nuit. Qu’elle était là, gravée sur mon cœur comme un tatouage sur Kat Von D. Que je serais ta tatie pour toujours, même si parfois, voire souvent, les circonstances exigeraient que j’exerce ma tatitude de loin, à trois bras de distance.

Je me suis dit que ça prenait un village pour élever un enfant, et que je ferais partie de ton village. Qu’une mère, c’est essentiel; qu’une tante, c’est important.

Que mes enfants sont tout mon univers, et que toi, tu es mon soleil.

 

Véronique Foisy