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La tendresse de l’allaitement — Texte : Jessica Archambault

Avertissement : L’allaitement est un sujet qui fait réagir. Je suis tout à fait consciente

Avertissement : L’allaitement est un sujet qui fait réagir. Je suis tout à fait consciente que ce n’est pas facile pour toutes. Bien que je prône l’allaitement, je considérerai toujours la santé mentale de la mère comme primordiale et à ne pas négliger dans les différents choix à faire dans sa maternité. Ce texte touche mon expérience bien personnelle.

Pour moi, l’allaitement est simplement naturel. Ce sont des moments précieux et doux avec mes enfants. Au-delà de les nourrir, c’est un puissant réconfort. J’ai l’impression d’être la maison de mon bébé. C’est drôlement dit, mais c’est vraiment le sentiment que j’ai. Lorsque mon bébé boit au sein, comme ses frères avant lui, je le sens apaisé, calme, serein. Je le sens en confiance et complètement abandonné. Il fait le plein de lait, mais aussi d’amour et de tendresse.

J’ai l’immense chance que ce soit facile pour moi. À mes deuxième et troisième bébés, j’ai pu faire des dons de lait à Héma-Québec pour aider de jeunes prématurés nés avant 32 semaines de grossesse. Les bienfaits sont nombreux et je suis heureuse d’avoir pu y contribuer. Je le nomme ici parce que ce n’est pas encore très connu. Je me dis que si ça peut donner envie à quelques mamans de faire de même, ça vaut le coup !

Même si je suis chanceuse dans mon expérience d’allaitement, ça reste un important don de soi. C’est exigeant, notre corps produit tout ce qu’il faut pour nourrir un autre être humain, ce n’est pas rien ! C’est donc aussi de nombreuses heures éveillées, parfois dans de drôles de positions, avoir faim et soif, gérer des canaux lactifères bloqués, peut-être même une mastite. Comme me disait Maïka, « on devrait chaque jour se dire qu’on est hot ! »

En sortie en famille au Centre des sciences, j’ai croisé une maman assise par terre dans un coin, allaitant son bébé. J’ai eu un sentiment de déjà-vu et le sourire que je lui ai fait valait un gros high-five !

Malgré les défis, je suis émotive à l’idée qu’un jour, ce sera terminé définitivement. Pour la première fois de ma vie de maman, je ne sais pas si mon bébé sera le dernier. Je n’ai toujours pas envie d’arrêter le dernier allaitement, ce boire avant le dodo où on s’arrête et se pose, bébé et moi. Peu importe l’intensité de la journée, nous partageons ce moment de douceur et de calme, seulement nous deux. Je crois que je l’apprécie autant que lui. Je m’ancre dans le présent, je savoure la douceur de mon bébé, je suis aussi apaisée.

Que ce soit la fin qui s’annonce bientôt ou que je vive une quatrième aventure d’allaitement, je sens que je vivrai un petit deuil lorsque ce sera terminé, car rien, pour moi, n’est comparable à ces instants de douceur.

Jessica Archambault

Maudit que j’t’aime – Texte : Joanie Fournier

Ça nous arrive de se chicaner. De se chicaner fort. Ça m’arrive de pé

Ça nous arrive de se chicaner. De se chicaner fort. Ça m’arrive de péter des coches, solides. Parce que quand je vois tes bobettes sales par terre, à côté du bac à linge vide, ça fait tilter quelque chose dans mon cerveau. Quand je vois la vaisselle de ton déjeuner, t’sais ton assiette pleine de miettes de pain et de pelures de banane, déposée sagement sur le comptoir, juste au-dessus du lave-vaisselle que j’avais pris la peine de vider, et bien ça fait sortir le Hulk en moi. Bon, je suis bien consciente que la plupart de nos chicanes de couple ont pour cause les tâches ménagères, mais en même temps, c’est pas nouveau…

Donc oui, on se chicane fort parfois. Parce que ça vaut la peine. Toi, nous, tout ce que nous vivons ensemble, ça vaut la peine parfois de se battre pour que ça fonctionne. Pas de se battre à coups de poing, là ! Se battre à coups d’opinions, de valeurs et de convictions. Parce que je veux me battre jusqu’à mon dernier souffle pour que ça marche encore, nous deux. J’ai peur qu’un jour on arrête de se battre, l’un pour l’autre. Qu’on arrête de se chicaner, comme si on baissait les bras et qu’on ne valait plus la peine.

Après presque vingt ans à tes côtés, faut que je te le dise : maudit que j’t’aime. Même si tu ronfles fort, tu ignores encore que je te regarde souvent dormir et que chaque fois, mon cœur est rempli de tendresse. Même si on manque de temps pour se retrouver, tu ignores encore que je te regarde les fesses du coin de l’œil quand tu passes. Même si nous sommes coincés dans un petit espace en cuisinant, tu ignores encore à quel point j’aime quand tu viens derrière mon dos pour me prendre dans tes bras.
Parce que ce que je veux me rappeler de notre histoire d’amour, ce ne sont ni les engueulades, ni les ronflements, ni le manque de temps ou de place. Je veux me réveiller à 80 ans avec en tête toutes les fois où je t’ai regardé avec tendresse, amour et désir.

Je veux encore me réveiller à côté de toi tous les matins, malgré ton haleine.

Je veux encore venir me coller dans la douche avec toi, même si tu me voles mon shampoing et que tu mets toujours l’eau trop froide.

Je veux travailler dans le même bureau que toi, même si tu me tapes sur les nerfs quand tu parles fort au téléphone.

Je veux encore me coller le soir sur le divan avec toi, même si tu mets des miettes de chips partout pis que tu me voles ma doudou.

Je veux encore qu’on plie le linge ensemble le soir devant la télé, même si tu me laisses toujours la pile de bas dépareillés à trier à la fin.

Je veux encore qu’on cuisine ensemble pour le souper, même si je repasse derrière toi pour te dire comment on coupe des piments.

Je veux encore faire l’amour avec toi, même si on aimerait avoir plus de moments d’intimité juste nous deux.

Je veux encore dormir avec toi toutes les nuits, même si tu ronfles et que tu m’accuses de toujours voler la couette de mon bord.

Parce que c’est ça, l’amour. C’est pas tout rose, tout le temps. C’est pas des petits oiseaux qui chantent pis de la musique douce en trame de fond. Parfois on crie, parfois on se chamaille, parfois on se déçoit. Mais le plus souvent, on s’aime en maudit.

Joanie Fournier

 

Ma Noëlla…

L’odeur des draps du lit des invités, fraîchement lavés. Ils avaient

L’odeur des draps du lit des invités, fraîchement lavés. Ils avaient séché sur sa corde à linge. Ils sentaient sa peau, sa maison, son amour. Ma grand-maman Noëlla. Un être d’une bonté infinie, d’une générosité grande comme la terre. Une femme de tête, de cœur, comme plusieurs femmes de notre beau coin de pays.

Ma mémoire ne se souvient pas, mais les photos en témoignent. J’habitais le logement juste au‑dessus du sien. Elle me cajolait, me chatouillait, me faisait rire. Je descendais chercher mon concombre à son jardin tous les matins. Je l’attendais sur le bord de la petite clôture pour qu’elle me donne mon légume favori. Je grandissais à ses côtés, dans ses bras aimants. Mon destin toujours près du sien. Quelques déménagements n’ont pas altéré le lien qui nous unissait. Au primaire, je me revois aller dîner chez elle. La vinaigrette qui a toujours le même goût, les biscuits gaufrettes au chocolat, à la fraise et à la vanille. Ceux qui finissent par ramollir, oui ceux-là, comme ceux de toutes les grands-mamans.

Les soupers de Noël, les dîners du jour de l’An, dans sa maison, on jouait à des jeux en famille. C’était le bonheur. Avec ma douce grand-maman, je partageais des moments d’éternité. Elle m’a appris à jouer au Scrabble, au Boggle, sans oublier le Rummy. Une femme vive d’esprit qui, malgré une scolarité limitée, avait plusieurs connaissances. Elle m’impressionnait toujours.

L’hiver, j’avais toujours des mitaines tricotées par ses mains habiles. Les mitaines avec un motif de losange. Ma sœur en portait des identiques, mais d’une autre couleur… Comme plusieurs enfants de ma génération, je me souviendrai toujours des fins de soirée à me rouler dans les manteaux de fourrure de toute la parenté, déposés sur son lit. Sa chambre où j’entrais toujours à pas de souris, un lieu sacré où ses colliers et son unique bracelet de valeur trônaient sur sa commode. Tout dans cette maison respirait la paix, la santé, la joie et la simplicité. Sa machine à coudre a toujours piqué ma curiosité, un bout de tissus en permanence dans l’attente de son talent. Combien de couvertures, de catalognes avions‑nous à la maison ? Un héritage qui n’a pas de prix, seulement celui du cœur.

Les piqueniques familiaux, au bord du lac, avec la glacière en métal avec le typique motif carreauté de cette époque, les sandwichs avec de la mayonnaise, des tomates tranchées. Tout cela avait un goût, le sien, reconnaissable entre tous.

Je la revois arriver, avec son foulard orangé sur la tête (son fichu comme elle l’appelait), noué sous le menton, bien en selle sur sa bicyclette, arborant un magnifique panier de plastique fixé sur le devant. Elle n’était plus toute jeune, mais se gardait active. Mon grand‑papa restait à la maison, mais elle se donnait le droit de venir nous visiter. Parfois, même, elle revêtait son maillot de bain pour faire trempette avec nous dans notre piscine.

Grand-maman Noëlla n’oubliait jamais de nous apporter des framboises, tout juste cueillies. Je me revois, la serrant très fort, mes bras essayant de faire le tour de sa taille potelée, avec ses gros bourrelets d’amour. Ceux que j’aimais tant : les siens. Si rassurants, si parfaits. Votre grand-maman avait-elle un rire particulier ? Celui qui résonne encore à vos oreilles ? Elle pouffait de rire et pleurait souvent aux larmes tellement elle riait !

Ses appels téléphoniques quotidiens avaient le don de me taper sur les nerfs ! Elle devait absolument dire à ma mère que le bœuf haché était en spécial au Métro ou que la belle‑sœur de Gérard était décédée. Chaque journée de la semaine était synonyme d’une action bien précise. Le samedi à 16 h, elle chantait à la messe. Le dimanche matin, elle s’y rendait encore, à pied. Le lundi, c’était jour de lavage, chez Noëlla. Et il y avait la journée des bigoudis et du casque de plastique pour protéger sa coiffure… Les journées s’écoulaient au rythme d’une routine sécurisante.

J’étais à l’aube de l’âge adulte lorsqu’elle m’a donné un petit ensemble pour mon futur nourrisson. Celui qui comprend un bonnet minuscule, un chandail et des chaussons. Il était vert menthe, tricoté avec une laine fine, soyeuse, douce. Préparé par elle, pour moi. Son amour était infini.

Vers la fin de sa vie, habitant dans une résidence, le dos courbé, une maladie du sang l’empêchant de bien fonctionner, elle courait dans les corridors, perdue, confuse. Arrivée à la fin de la route. Le parcours d’une femme simple, ordinaire, naturelle, battante, forte. Ma grand-maman Noëlla. Je l’aimerai toujours…

Solène Dussault

Vos câlins

Même si je vous le dis, même si je vous le montre, vous ne savez pas à q

Même si je vous le dis, même si je vous le montre, vous ne savez pas à quel point vos câlins me font du bien.

Quand vous vous glissez dans mon lit avant que le soleil trouve le bout de mon nez, à la recherche d’une caresse ou d’une oreille écoute-rêve, je fonds. Je me gâte en étirant le moment avant d’appuyer sur la pédale d’embrayage du quotidien. On réinvente le temps et on s’envahit de mots d’amour et de douceur. Vous ne le voyez pas dans le noir, mais mes yeux somnolents sourient jusqu’au plafond. Et si vous êtes rejoints par les autres câlineux de la famille, c’est toute mon âme qui jubile. Aux Jeux olympiques des meilleurs débuts de journée, vous gagneriez la médaille de diamant.

Quand vous montez l’escalier en courant pour venir me voler un câlin entre deux séances de jeux, vous me faites me sentir là, toute là. Vos bras me confirment que ma présence vous est rassurante même quand elle n’est pas visible ou physique. Vos courses-câlins me montrent qu’ensemble, on a fait un super travail d’équipe pour tisser nos liens, encore et encore. Que vous soyez au sous-sol, dans la cour, chez votre papa, dans la piscine d’un ami ou à l’école, vous transportez une parcelle de moi. Une maman dans le cœur, c’est comme un câlin de l’intérieur.

Vous avez des antennes pour sentir que mon corps est au bout de son rouleau compresseur ou que mon cœur a trouvé le fond de son baril de mouchoirs. Hypersensibles comme vous l’êtes, vous sentez les changements de vibrations et vous me transmettez vos énergies positives à votre manière. Un câlin-lézard-lourd pour réparer mon dos ou pour m’aider à me recentrer. Une caresse de cheveux qui dit « je suis là, j’ai remarqué que ça ne va pas ». Une tête déposée dans mon nid d’épaule pour faire une transition douce entre le jour et la nuit. Dans les valeurs que je voulais vous transmettre, il y avait le « prendre soin » de soi et des autres. Vos câlins me disent que c’est mission accomplie.

Et que dire de nos câlins de bonne nuit… exponentiels, et tellement tendres. Ils ont remplacé nos bains partagés pendant lesquels on se créait une bulle, soir après soir. Vous avez grandi, la bulle s’est déplacée. Mais elle est encore là, prête à accueillir les confidences, les fous rires complices, les récapitulations de fin de journée, les « merci » et les « je te demande pardon », les prises de conscience et les caresses apaisantes. Même quand je vous trouve endormis, je place ma main sur votre tête pour y déposer de jolis songes. Souvent, vous me souriez au creux de votre sommeil.

Vous grandissez et je suis tellement heureuse que les câlins soient encore à l’ordre du jour, qu’ils viennent de vous autant que de moi, et qu’ils s’expriment entre nous et entre vous. Bien sûr, il y a parfois une prise de becs, mais ça se termine toujours par un câlin, sur le coup ou après coup. Ce sont des câlins-répare-tout, des câlins-tout-doux. Des câlins juste à nous.

Plus ça va et plus on se regarde droit dans les yeux sans que j’aie besoin de m’agenouiller. Avant longtemps, c’est vous qui serez capables de me soulever de terre et de me faire tourner dans les airs. Un jour, vous quitterez le nid pour aller construire un nid à votre image, avec une autre personne que vous câlinerez, peut-être avec des enfants à qui vous enseignerez l’art des câlins-coupe-en-deux et des câlins-qui-font-du-bien. Et à ce moment, c’est peut-être moi qui courrai jusqu’à votre demeure à la recherche d’un câlin ! (Mais promis, je ne sauterai pas dans votre lit à 6 h du matin… ;o))

Nathalie Courcy

Merci pour toutes ces nuits

Savais-tu que c’est la journée internationale des câlins? Moi, j

Savais-tu que c’est la journée internationale des câlins? Moi, j’ai envie de faire honneur à ceux qu’on échange sous la couverture.

Par pudeur ou par peur de gêner, nous gardons généralement le silence sur notre sexualité. Même si elle fait partie de nous, même si elle est universelle.

Nous parlons sans tabou de notre travail, nos voyages, nos enfants, alors qu’il y a tout un pan de notre vie qu’on garde caché. Et pourtant, c’est un morceau assez important! Ça passe beaucoup de nuits à se coller, un vieux couple. Je tiens à célébrer autant nos jours que nos nuits.

Je trouve désolant que, par souci de protéger notre intimité, on hésite à dire qu’on s’amuse toujours ensemble. Tous ces moments partagés restent un secret bien gardé entre amoureux. On en vient même à se demander si c’est normal de monter aussi régulièrement au septième ciel… Ça devrait être rendu plate après quinze ans, non?

Autour de nous, cinq couples d’amis qui semblaient bien aller viennent de se séparer. Nous nous faisons bombarder de tristes récits de désir qui s’éteint et de plaisir qui s’empêtre dans la poussière. Les gens heureux n’ont pas d’histoire… et en plus, ils gardent pour eux ce qu’ils vivent chaque soir. Cachez ce bonheur que je ne saurais voir… Surtout, répétez à tous que le désir ne cherche qu’à s’enfuir et que l’amour rime rarement avec toujours.

Eh! bien, les câlins derrière la porte close, moi je les trouve merveilleux et poétiques… J’ai envie d’en parler sur l’espace publique. J’ai envie de rappeler qu’ils existent. J’ai envie de dire qu’on s’endort dans les bras l’un de l’autre, l’esprit ramolli, les cheveux décoiffés. Bercés par cette vague de tendresse qui nous aidera à traverser vents et marées. Et j’ai envie de terminer avec un peu d’humour, en disant : merci pour les orgasmes, mon amour. J’en prendrais encore quelques-uns, si ça ne te dérange pas!

Elizabeth Gobeil Tremblay

La fête de tous les Pères

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Lorsque je suis venue au monde, il y a 31 ans de cela, deux hommes impatients attendaient de voir la binette du petit miracle que j’étais. Le premier, tellement fébrile devant l’accomplissement de l’impossible grâce à l’insémination artificielle par un donneur inconnu. Celui qui allait devenir mon précieux papa et cela contre toutes attentes et après une grosse dizaine d’années d’espoir.

Et un deuxième, un jeune homme fringant aux portes de la vingtaine qui allait devenir mon oncle. Je n’étais pas encore là que notre belle et grande histoire en était déjà à ses premières pages. Cet homme n’était en rien lié à moi par le sang, mais son amour serait de toute façon plus fort que n’importe quelle parenté. Il était le chum de ma tante, la sœur de ma maman.

Dans la plupart de mes souvenirs, il est là, avec ses folies, ses larmes de bonheur et ses grands élans de tendresse. Il m’a toujours protégée comme si j’étais sa propre fille et ce, même après la naissance des deux siennes. Je suis simplement devenue « sa plus vieille ». Jamais, au cours de ma vie, son attachement envers moi n’a changé : il avait été là à mon premier souffle et il continuerait d’être présent toute ma vie comme s’il l’avait promis à l’univers.

Quand ma fille est née, il est devenu fou d’amour. Son amour a simplement doublé à l’arrivée de mon fils et il est devenu pour eux le même oncle précieux qu’il était pour moi. Quand mon père nous a quittés, il a pris une place encore plus spéciale, son amour pour nous s’est une fois de plus multiplié pour combler tous les petits trous laissés par ce grand départ.

Mon onc’ Charley, c’est le clown musical de service, spécialisé en éclats de rire sincères. C’est un homme de musique, de passion et de bonheur, c’est un homme vrai et tous ceux qui le connaissent ou le côtoient sont d’accord. Ses folies sont rassurantes et ses câlins sont authentiques. C’est le plus sensible des comiques ; d’ailleurs, il ne réussira certainement jamais à lire ce texte, et quand ma tante essaiera de le lui lire à voix haute, il risque de ne pas s’en remettre, étouffé dans ses sanglots.

Mais comme la fête des Pères est la fête de tous les hommes importants dans la vie d’un enfant, c’est la fête de tous les hommes présents et aimants. Et mon onc’ Charley, comme tu es exactement ça, je ne pouvais simplement pas passer à côté de cette occasion de te dire : je t’aime.

 

Karine Arseneault

Ces petits gestes tout doux

Chaque jour, je reçois des tonnes de câlins de la part de mes enfa

Chaque jour, je reçois des tonnes de câlins de la part de mes enfants. Des câlins coupe-en-deux tellement ils sont forts. Des câlins chatouilles. Des câlins effleurés à l’heure du départ pour le travail. Des câlins ressourçants, qui font monter mon niveau d’énergie en flèche. Des câlins désespérés, qui cherchent à réparer une grosse peine ou à calmer une peur incontrôlable. Même chose pour les bisous. Soufflés, papillon, beaux-rêves, sur-une-joue-et-sur-l’autre-pour-pas-que-l’autre-joue-soit-jalouse. De l’affection à la pelle mécanique, autant de la part de mes plus jeunes encore à moitié dans mes jupes que de la part de mes grandes qui ont un pied et quart dans l’adolescence.

Et bien sûr, l’affection est à double sens : j’en donne tout autant que j’en reçois! Ils ont appris ces gestes quelque part, n’est-ce pas?

Quand je vois mes enfants se donner mutuellement de l’affection, se dire des mots d’amour, se voler un câlin au passage, je trouve ça magnifique. Lumineux. C’est comme mon diplôme de bon parent, parce que c’est ce que je voulais qui arrive. Quand j’imaginais ma famille avant de lui donner naissance, je visualisais un groupe d’êtres humains uniques, différents, mais qui partageaient souvent des petits gestes tout doux et des paroles d’amour.

Et là, c’est le moment où l’affection se répand en dehors de notre cocon. Je ne parle pas de mon coco de maternelle qui saute dans les bras de ses amis dès qu’il les voit le matin. Je ne parle pas de ma grande peanut qui appuie sa tête sur l’épaule de sa grand-maman pour lui dire qu’elle est bien près d’elle. Ni de mon mini qui donne tellement de colleux à la seconde qu’il comblerait les besoins d’affection de n’importe qui pour les douze prochaines années.

Non. Je parle plutôt de cette petite main que j’ai surprise dans la main d’un « ami » promu au rang d’amoureux. Des doigts de ma fille de onze ans qui s’entrelaçaient avec ceux de son amoureux. Je parle de la caresse dans le dos que j’ai cru voir au moment des au revoir. Je parle de la petite tête blondinette qui a trouvé son nid dans le creux de cou de ce jeune garçon si gentil et si doux.

Depuis le début de l’année scolaire, ma cocotte multipliait les noms d’amoureux, jusqu’à en avoir cinq en même temps. C’était plutôt innocent, c’étaient plutôt des amis. Mais elle me disait ressentir les premiers papillons. Elle ramenait à la maison ses yeux remplis d’étincelles et son manque de courage de donner son numéro de téléphone à un de ses chevaliers. Elle rapportait beaucoup d’hésitation accompagnée d’un désir exprimé de vivre l’amour.

Et c’est arrivé. La demande. Veux-tu être mon amoureuse? Oui, bien sûr!

Ils s’entendent bien. Ils jouent beaucoup. Ils rient beaucoup. Ils étudient parfois ensemble. Ils passent plusieurs heures par jour ensemble, parfois seuls, souvent avec d’autres amis. Ou avec mes garçons comme chaperons. Ils font tous partie de la même « gang » malgré la différence d’âge. Déjà un bon signe que c’est un petit gars respectueux! En plus, quand ils finissent de jouer, c’est lui qui rappelle à ma fille qu’il faut ranger. Quel gendre!

Calmons-nous la belle-mèrite… Je vois bien que pour ma fille, c’est une relation importante. Est-ce que ça continuera jusqu’à la fin de l’année scolaire, jusqu’à la fin des vacances? Peut-être, probablement. Il y aura certainement un premier baiser, s’il n’est pas déjà arrivé. Mon œil de maman les trouve mignons dans leur bulle de tendresse. Mon œil de mère veille tout de même. Entre la caresse tendre dans le dos et la main qui descend sur les fesses, il n’y a que quelques centimètres…

Je suis rassurée par le fait que ma fille me dit la vérité ouvertement, sans que j’aie besoin d’enquêter. Je vois bien le papa qui s’inquiète un peu plus, et je crois que c’est bien normal. Notre cocotte est passée de petite fille à jeune ado amoureuse en quelques semaines. Ayant perdu mon papa quand j’étais petite, je n’ai comme référence adulte de ma propre adolescence que le regard de ma mère. Alors j’apprends au même moment mon propre rôle de mère devant la mutation des petits gestes tout doux et mon rôle de partenaire d’un papa qui vit les choses différemment de moi.

Et dans tout ça, je veux surtout laisser à ma fille un espace sain (et tout de même surveillé!) pour vivre ces petits gestes tout doux. En espérant que la tendresse ne cède pas le pas trop rapidement à ce qui suivra. Inévitablement.

Nathalie Courcy