Archives mars 2017

Activité d’hiver : Peinture sur neige

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Une activité d’hiver gratuite et avec du matériel recyclé que je fais à chaque année avec des enfants de tous âges: la peinture sur neige!

Contrairement au colorant alimentaire, l’encre des crayons feutres Crayola ne tache pas. J’utilise les feutres qui ne fonctionnent plus. J’ai placé dans mon local un sac dans lequel les élèves viennent porter leurs crayons au lieu de les jeter à la poubelle. 

1- On fait tremper les crayons pendant au moins une heure dans un contenant d’eau. L’eau colorée doit être le plus foncée possible pour que ça paraisse bien sur la neige. Je suggère donc d’y mettre plusieurs crayons de couleurs similaires dans le même pot. 

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2- On retire les crayons des pots, on s’arme de pinceaux et le tour est joué!

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3- Avec cette eau colorée, en plus de peindre la neige, on peut en faire des boules de neige colorées. J’en ai aussi fait congeler dans des moules à glace pour faire un jeu de chasse au trésor. Les enfants peuvent ensuite jouer ou les frotter par terre pour dessiner. J’ai aussi fait l’expérience de rentrer la neige à l’intérieur dans un gros bac et de la colorer avec des seringues et et des compte-gouttes. 

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Voilà! Amusez-vous! 

 

Krystal Cameron, éducatrice spécialisée 

www.parentsconfiants.ca

Aveux d’un alcoolique — Je suis allergique à la boisson!

Dès mon jeune Ã

Dès mon jeune âge, la boisson était présente dans ma vie. Quand mes parents festoyaient, je me cachais pour boire la broue des bières vides que mes parents avaient bues. Au secondaire, les partys étant plus fréquents, je me suis mis à consommer drogue et alcool. Malheureusement, ces mauvaises habitudes m’ont suivi tout le long de mon adolescence. C’était un cercle vicieux, car je n’y voyais aucun inconvénient ou problème de dépendance dû au fait que mon entourage consommait tout autant.

La conscience!

En vieillissant, ma consommation en est venue à nuire à mes relations amicales, amoureuses ainsi qu’à mes projets et à ma lucidité. Je n’étais plus moi, j’avais perdu le contrôle! Je ne me rendais pas compte de tout l’impact que cela pouvait engager autour de moi ni de la peine que je pouvais causer aux gens que j’aime. Cela m’a pris de nombreuses années avant de comprendre, de réaliser et d’accepter que l’alcool était ma pire ennemie! Il m’a fallu perdre beaucoup d’amis, de blondes et d’argent avant de frapper le mur. Même encore là plusieurs années se sont écoulées jusqu’à ce que j’aie mon fils. C’était définitif : j’étais allergique à la boisson!

Combien de personnes ai-je pu blesser autour de moi? Il n’était pas question que mon fils le soit à son tour. Je devais changer pour le mieux, pour mon bien à moi et celui de mon fils. Je devais briser cette routine qui durait depuis trop longtemps, depuis mon grand-père, mon père et moi-même qui étions alcooliques.

Aujourd’hui et maintenant, j’ai le contrôle de ma vie!

Maintenant, je peux vous dire que je suis fier, mais que la bataille n’est pas encore gagnée puisque ce sera un éternel combat. Mais je peux vous dire une chose : je suis fier de moi! Je suis fier puisque cela fait six mois que je ne consomme plus une goutte d’alcool. Je continue à croire que consommer nous fait sombrer dans le négatif et nous rend tous malheureux. Avec plus de recul aujourd’hui, je peux vous dire que la boisson, cette allergie incontrôlable où tu ne sais t’arrêter, m’a causé plus de mal que de bien. N’hésitez pas à demander de l’aide et n’ayez pas honte! C’est en parlant que les gens s’ouvrent sur leurs problèmes.

SIGNÉ : d’un père fier d’être sobre!

Voici des ressources d’aide pour dépendants à l’alcool, aux drogues ou aux jeux :

– Centre de réadaptation en dépendance pour obtenir des thérapies : https://www.ciusss-centresudmtl.gouv.qc.ca/nos-installations/centre-de-readaptation-en-dependance/

– Pour les proches, amis, familles de dépendants; Al-Anon ou simplement pour parler à quelqu’un : http://al-anon-montreal.org/

– Alcooliques anonymes : http://aa-quebec.org/AA_Quebec/Templates/

– Maison Jean-Lapointe : http://www.maisonjeanlapointe.org/

Trois accouchements, trois expériences

Premier accouchement : Wow ! Quelle expérience !</stro

Premier accouchement : Wow ! Quelle expérience !

Ce sont les premiers mots que j’ai dits suite à l’expulsion de mon aîné. Vingt-et-une heures de travail, deux heures et demie de poussée. Je vous le confirme, j’ai travaillé fort pour rencontrer mon petit homme ! Pour chaque contraction, je poussais comme si je voulais chier un ananas (ben ! Oui, je l’ai dit, c’est vulgaire, mais c’est ça !) pendant que mon conjoint discutait du Portugal, de voyages et de bonne bouffe avec le médecin. Je vous jure, s’ils avaient débouché une bouteille de vin pour continuer leur discussion, je n’aurais pas été étonnée !

Mais bref, j’étais alors âgée de vingt-deux ans. Toute pimpante, innocente et surtout fonceuse. J’ai vécu cet accouchement comme une expérience, tout simplement. Je n’avais aucune idée dans quoi je m’embarquais. Lorsqu’ils ont déposé le petit dans mes bras, le déclic n’a pas eu lieu. Je tenais un bébé dans mes bras pour la première fois, je ne savais pas trop quoi en faire, mais j’écoutais les directives. J’apprenais. En fait, j’apprenais à aimer ce petit être et jour après jour, mon amour grandissait.

Deuxième accouchement : Pu jamais !

Je ne ressentais aucune contraction. Rien. Niet. Nous sommes même arrêtés manger au restaurant en chemin vers l’hôpital (ben ! oui, j’avais faim et on ne contredit pas une femme enceinte !) À l’hôpital, on m’a expliqué qu’ils voyaient un cas comme le mien environ une fois par année. Le travail était bien là ; sur le moniteur, on pouvait très bien voir mes contractions, mais moi, j’étais dans un état de relaxation totale. Je ne voulais pas prendre la péridurale vu mon état, mais mon médecin me l’a fortement conseillée. C’est elle la pro, j’ai donc suivi ses conseils.

Cinq heures plus tard, lorsqu’ils m’ont annoncé que j’étais prête à pousser, je me suis fait rentrer dedans par un train ! Mon seuil de douleur est passé de zéro à dix, en cinq secondes. Sans les contractions pour me préparer, je n’étais vraiment pas prête mentalement. En seulement dix minutes, je tenais mon deuxième fils dans mes bras. J’ai alors regardé mon conjoint droit dans les yeux et je lui ai dit : PU JAMAIS !

Troisième accouchement : Ok, la troisième fois, c’est la bonne !

Je perds mes eaux et je dois m’occuper de mes deux cocos. Je me rends donc à l’école et à la garderie pour revenir à la maison, pour y attendre mon conjoint. J’ai inondé le banc du côté conducteur de liquide amniotique et j’avais les fesses toutes détrempées ! En route vers l’hôpital, nous sommes restés pris dans le trafic. Un travail « normal » : je sentais très bien mes contractions contrairement à mon deuxième accouchement. Je savais ce qui approchait et tout à coup, je ne voulais plus y aller ! Je voulais ravaler mon bébé ou bien rester enceinte à jamais. Tout sauf accoucher !

Six heures plus tard, je me suis mise à pousser. La tête est sortie, mais les épaules ne passaient pas. J’avais un bébé pris à mi-chemin de la sortie. J’étais en transe, telle la fille dans le film Exorcisme. Je me tordais de douleur quand tout à coup, j’ai entendu la voix de mon médecin me ramener à la réalité en me disant de pousser. Une fraction de seconde plus tard, je tenais ma petite dernière dans mes bras.

Pas besoin de dire quoi que ce soit à mon conjoint, il ne veut plus me voir souffrir ainsi et je ne veux plus non plus. La troisième fois était la bonne. Pour NOUS, c’est fini. Notre famille est belle et complète.

Chaque accouchement est différent et chaque accouchement est une expérience absolument spéciale. Nous vivons des sentiments incroyables qui restent à jamais dans nos mémoires. Le meilleur dans tout ça ? C’est que nous oublions vite ! Nous regardons nos chers enfants avec tant d’amour qu’on en oublie toute la douleur vécue… ou presque.

Je n’échangerais mes expériences vécues pour rien au monde. Et disons-le, entre mamans, c’est vraiment intéressant de se raconter nos histoires ! Elles sont si différentes et semblables à la fois.

Geneviève Dutrisac

Ma fille, mon miroir

Ma belle grande fille,

Déjà,

Ma belle grande fille,

Déjà, quand tu étais si petite, tu avais ces traits de caractère bien à toi. Certains diront que tu as toujours été dure d’approche, difficile à comprendre, super réservée, une vieille âme, une enfant plus capricieuse, etc. Mais tu as toujours choisi les personnes avec qui tu voulais être, celles avec qui tu te sentais rassurée. Si mini, avant même de parler et de marcher, tu étais habitée par plusieurs insécurités. «Bah, ça va passer, ce sont des phases», que j’entendais et que j’entends encore souvent. Mais non.

Il y a toutes ces petites choses en toi, qui font que tu es toi. Mais tu as aussi cette volonté de fer qui t’habite et cette conscience particulière.

À peine à quatre ans, tu me disais: «Moi j’aimerais ça être comme mon frère et ne plus être gênée. Je n’aime pas ça, moi, être gênée. Ça me fait de la peine.»

Tu évites trop souvent de demander de l’aide aux autres tant c’est angoissant pour toi. Alors tu as vite compris que c’était plus facile de tout faire toi-même. Maman le sait que depuis que tu es toute petite, tu as de grandes peurs. Et maman le sait qu’elles sont réelles ces peurs.

Mon amour, après avoir tellement lu sur le sujet, après avoir essayé par tant de moyens, j’ai dû demander de l’aide. Ouf… ça, ça a été dur pour la maman-Germaine-habituée de tout régler elle-même que je suis. J’ai pleuré, mais je l’ai fait. Je voyais bien que tes peurs grandissaient toujours et que tout devenait plus difficile. Même pour toute la famille, ça devenait compliqué. Cette année, tu as commencé l’école et en dedans de moi, il y avait une petite voix qui me criait que je devais t’aider à affronter tout ça, à affronter cette vie sans maman toujours à tes côtés.

Des changements, tu en as vécu plus qu’à ton tour. Notre vie folle des dernières années  ne t’a pas aidée, ma pauvre poulette. Mais c’est aussi ça la vie, parfois : c’est fou. Je te l’explique avec des mots différents quand on se parle toi et moi, mais ton petit corps et ta tête sont envahis par ce qui s’appelle « l’anxiété ». Mélangée à tout ça, il y a aussi l’hypersensibilité, mais ça, on s’en reparlera. C’est inscrit en toi, ça fait partie de toi. Et il paraît que ce n’est pas le voisin qui t’a transmis ça. Plus je travaille fort pour t’aider, plus ça me pète en pleine face. Maman est si désolée, ma cocotte.

Je sais ce que c’est que d’avoir peur, et surtout, de ne pas les aimer, ces peurs-là. Qu’à la place, on essaie de tout contrôler pour les éviter.

Je le sais qu’on est faites fortes, tout le monde nous le dit, mais qu’en dedans, on se sent souvent tellement petites et faibles. Je n’avais jamais réalisé, avant, à quel point je portais ça en moi.   Plus je te vois grandir, plus je sais dans quel monde je t’envoie.

Plus je comprends, aussi, certains de mes comportements. Et surtout, quand je te vois, je le sais tellement comment ça peut faire mal en dedans. Pour devoir t’aider convenablement, mon amour, j’ai dû et je dois encore me faire face à moi-même. Être maman, c’est aussi ça : voir notre reflet à travers notre enfant.

C’est admettre qu’on est imparfaites et nos enfants aussi. Parfaitement imparfaits.

Mais aussi, je suis tellement reconnaissante. Me faire face à moi-même, c’est un cadeau difficile, mais un cadeau précieux.

Être maman, c’est avoir la chance d’essayer de devenir une meilleure personne de jour en jour, pour toi, pour tes frères, pour papa, mais aussi, pour moi.

Merci d’être toi.

Merci de m’avoir choisie comme maman.

Merci d’être aussi merveilleuse.

Ensemble, on va continuer à travailler fort.

Ensemble, on va continuer à apprendre.

Caroline Gauthier

Écouter sa petite voix… ou les trois jours de garderie?

Mon fils avait quinze mois, je commençais un nouvel emploi, mon chu

Mon fils avait quinze mois, je commençais un nouvel emploi, mon chum travaillait à temps plein, nous étions donc rendus à trouver une place à la garderie pour notre fils. C’est avec grand bonheur que nous avons appris qu’une bonne amie à moi avait de la place dans son milieu familial. Tout était parfait !

Puis, quand est venu le moment de laisser mon fils dans son nouveau milieu de vie, comme plusieurs enfants, il a pleuré. Il a tellement pleuré qu’il avait la voix rauque le soir quand je l’ai retrouvée. Comme des milliers de mamans et de papas, j’avais le cœur brisé. Je voulais lui faire confiance, je savais qu’il s’y résignerait, qu’il finirait par développer une belle relation avec les gens là-bas. Par contre, il y avait cette petite voix en moi me disait qu’il n’était pas rendu là et nous non plus. Une petite voix que je croyais être celle de l’anxiété. J’essayais de la faire taire, de me dire que je n’avais pas le choix. Puis, on me disait « c’est normal », « il va s’habituer, il va pouvoir socialiser », « il va découvrir de nouvelles choses ».

Je sais que tout cela est vrai, mais je n’en avais pas envie. Je n’avais pas envie de courir chaque matin pour aller le mener avant le travail, de passer du temps avec lui le soir quand tout le monde a sa journée dans le corps, d’être prise au dépourvu quand il serait malade, encore moins qu’il revienne avec les microbes de tout le monde chaque semaine. J’avais envie de regarder le temps passer avec lui, de suivre son rythme, d’assister encore un peu à son développement qui va si vite.

Alors voilà, après trois jours de la marmotte, nous nous sommes assis mon mari et moi, et on a discuté, réfléchi, calculé, rediscuté, recalculé, puis c’était clair : nous allions faire le choix de rester à la maison avec notre fils. Je n’étais plus bien comme maman à la maison à temps plein, mais je n’étais pas prête non plus à retourner travailler quarante heures par semaine. Je n’en avais ni l’énergie ni l’envie. Depuis ce jour, nous alternons donc la garde de notre fils, mon mari et moi. Je réussis à m’accomplir dans mon travail et je me sens bien comme maman. En prime, mon mari passe plus de temps avec notre fils. On a trouvé notre équilibre à nous et ça, je le souhaite à tous.

Je crois qu’au fond, j’avais juste du mal à assumer mon choix en marge de la norme. Comme si j’avais envie de suivre la vague de la normalité malgré mon instinct. Ce choix, il est différent et il vient avec des conséquences, certaines positives et d’autres, plus négatives. Évidemment, on aurait plus d’argent si nous avions deux salaires à temps plein, mais nous avons la richesse du temps. Ce temps qui passe si vite et qui est si précieux. Le bonheur, c’est une suite de choix et nous, notre bonheur, on l’a trouvé comme ça.

Roxane Larocque

 

La diversité culturelle, une richesse pour nos familles

Les derniers événements de janvier dernier ont ramené à l’avant-scène des sentiments et inter

Les derniers événements de janvier dernier ont ramené à l’avant-scène des sentiments et interrogations quant à l’immigration, les accommodements raisonnables, la radicalisation, etc. Je ne suis pas ici pour un débat d’idées sur ces sujets, mais plutôt pour partager une réflexion sur mon parcours depuis vingt ans.

Je suis une fille du 450, une vraie 450, et lorsque j’allais au secondaire dans les années 90, les étudiants s’appelaient Alexandre, Caroline, Sébastien, et les noms de famille étaient assez courants. Des Tremblay, il y en avait !

Ensuite, je suis sortie de ma banlieue pour le cégep de Laval. C’est vrai, là, le dépaysement a commencé à se faire sentir, mais encore là, j’avais un but : réussir ma technique et c’est ce que j’ai fait.

En 2002, je me suis retrouvée en milieu de travail suite à l’obtention de mon diplôme. Ce milieu était à Montréal-Nord. Alors là, pour la première fois de ma vie, j’étais en quelque sorte « la minorité visible ». Ce fut pour ainsi dire une adaptation.

Au-delà de cette impression, mes fonctions faisaient en sorte que je devais dire à des employés plus vieux, d’autres origines, d’autres religions que leurs gestes étaient non conformes. J’avais tout juste vingt-et-un ans. Je peux vous dire qu’il y a eu des accrochages, mais j’en suis sortie enrichie.

J’en suis tellement sortie enrichie, que j’ai même trouvé l’amour dans ce milieu de travail. En effet, je suis en couple avec un homme d’origine haïtienne. En mars, ça fait vingt-trois ans qu’il est au pays et il en a quarante-huit. Faites le calcul, parfois il lui arrive de dire qu’il m’a parrainée tant il s’est intégré. C’est d’ailleurs la clé, s’intégrer. Il me l’a toujours dit : tu prends pays, tu t’intègres et tu vis. Disons que dans son cas, il a bien compris, il a même choisi une Québécoise !

De mon union est née une belle grande fille de six ans et demi (oui, la demie est HYPER important). Nous habitons dans la banlieue est de Montréal. Si je regarde la photo de groupe de ma fille, sur dix-neuf enfants, il y a deux métisses (dont ma fille), un beau garçon avec des origines antillaises, un beau garçon d’origine arabe et une belle petite fille également d’origine arabe. Alors si vous faites un calcul rapide, c’est le quart qui est diversifié dans une ville de banlieue.

De plus, dans les dernières semaines, ils ont fait un calendrier en projet spécial. Il y avait d’inclus les anniversaires de tous les élèves, les jours fériés, les fêtes religieuses traditionnelles ainsi que les fêtes musulmanes qui y ont été intégrées. J’ai trouvé le projet bien fait, permettant l’intégration de tout un chacun, mais surtout sans rendre le tout compliqué !

Au fond, ma génération est probablement une génération de transition vers la diversité. Celle de ma fille est diversifiée et elle évolue de cette façon. Moi, j’invite n’importe quel ministre à aller s’asseoir dans la classe de ma fille. Il pourrait s’en inspirer pour faire avancer les projets de loi. Aussi, il constaterait que la diversité est une richesse et qu’elle se vit au quotidien dans le respect chez les enfants.

 

 

Evelyne Blanchette

Maman est usée

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« Vous êtes une bonne maman! », qu’on me disait parfois quand j’allais au parc ou au restaurant avec mon enfant. Je répondais alors gentiment « Merci », avec un sourire rempli de fierté, parce que je me trouvais bonne aussi. Je n’avais d’yeux que pour mon bébé, mon premier. Je découvrais l’instinct maternel, aussi fascinant que puissant. Quand je parlais à ma fille, chaque mot contenait une telle tendresse, un débordement d’amour. J’étais certes fatiguée, mais comblée par ce petit être qui venait, quelques mois auparavant, quelques années à peine, d’arriver dans ma vie. J’étais pleine d’énergie, débordante d’un bonheur nouveau et inespéré. Je me sentais pleinement compétente et à la hauteur, j’étais fière d’être la maman que j’étais.

Quand je croisais des mamans impatientes, dépassées, surmenées, je ne comprenais pas. Je ne pouvais pas comprendre. Je les jugeais et je me lançais des fleurs en me disant que moi, je l’avais donc l’affaire. Je regardais mon enfant, fière de lui offrir mieux, et j’étais triste pour ces petits qui se retrouvaient coincés dans l’impatience d’une maman de moindre qualité, qui criait pour un rien, qui ne jouait pas au parc, qui finissait par écouter son enfant au bout d’une dizaine de « Écoute-moi maman! »

Les années ont passé, d’autres enfants sont venus, les petits ont grandi. Les congés de maternité se sont prolongés, les « Mamans! » ont débordé, les crises et les disputes se sont multipliées, le bruit s’est intensifié, les mauvaises nuits et les mauvaises journées se sont succédé. Les cernes ont grossi sous mes yeux, de nouvelles rides sont apparues, quelques cheveux gris également et avec eux, les moments de solitude ont disparu.

Un jour, j’ai réalisé que j’étais devenue cette mère que je trouvais si mauvaise. J’étais celle qui, fatiguée et impatiente, criait après ses enfants pour se faire entendre. Celle qui, lors d’une sortie au cinéma avec ses petits, avait du mal à sourire parce que ce jour-là, c’était une mauvaise journée, une de plus. J’étais devenue cette maman à la tolérance malmenée parce qu’usée par toutes les heures de sommeil en retard, les chicanes à gérer, les comportements à analyser et les tâches à accomplir.

Ce jour-là, j’ai pleuré. J’ai pleuré parce que je refusais d’être cette maman-là. Moi, j’étais pourtant une bonne maman : tendre, aimante, qui trouvait les bons mots, qui savait réagir simplement par instinct. J’ai pleuré parce que je connaissais pourtant mes enfants par cœur et je savais faire toutes sortes de folies pour les faire rigoler, pour désamorcer. J’avais été la maman que j’admirais et je ne voulais pas être l’autre; celle qui se met en colère pour un rien, qui a du mal à écouter les histoires remplies d’imagination de ses enfants parce qu’elle a la tête saturée et qu’elle voudrait juste cinq minutes pour ne penser à rien.

Soudain, j’ai repensé à cette mère impatiente du parc et je l’ai vue d’une tout autre façon. Bien qu’épuisée de tout donner à ses enfants, je sais maintenant qu’elle était remplie d’un amour inexprimable et inébranlable pour eux. Cette maman était usée par les années, par le manque de sommeil, le manque de solitude et peut-être même par le manque de soutien. Ce jour-là, elle serait volontiers restée à la maison, mais elle était au parc parce qu’elle savait que cela rendrait ses petits heureux. Puis, je me suis rappelé ce moment où elle était accourue à une vitesse folle vers son enfant lorsqu’il avait failli tomber en courant, poussée par l’inquiétude et la culpabilité à l’idée qu’il ait pu se blesser avant qu’elle ne puisse intervenir.

Je sais maintenant qu’une fois de retour à la maison après la sortie au parc, cette maman avait préparé un dîner au goût de ses enfants, pour leur faire plaisir. Elle avait mis plus de fromage dans l’assiette de son garçon parce qu’elle savait que cela le ferait sourire. Elle s’était assurée de choisir les plus petites carottes pour sa fille puisque c’est comme ça qu’elle les aimait. Et bien sûr, elle avait versé leur lait dans leurs verres préférés. Quand ses plus jeunes s’étaient couchés pour la sieste, elle avait laissé de côté ses tâches quelques instants pour jouer un peu avec sa grande qui, depuis quelque temps, avait un grand besoin de son attention.

Quand son fils était redescendu, elle l’avait bercé, parce qu’elle savait comme il avait du mal à se réveiller. Puis, la sieste de son bébé s’était terminée. Elle était allée le chercher, en souriant tendrement. Le calme était resté jusqu’à la prochaine dispute, jusqu’à la crise suivante, jusqu’à l’incontournable avalanche de demandes. L’impatience était alors revenue rapidement, les cris probablement aussi. Cette tension de plus l’avait laissée de mauvaise humeur. Tout le reste de la journée, elle n’avait pas pu sourire, elle n’avait pas pu être douce et attentionnée. Il y en avait juste eu trop… trop souvent.

Comment vous dire, mes enfants, que maman est fatiguée, que ma tête et mon corps sont usés, mais que je vous aime un peu plus chaque jour?

 

Eva Staire

 

           

           

             

Journée de m*rde – Mère de m*rde

Journée de travail et de garderie terminée, on vient d’arriver Ã

Journée de travail et de garderie terminée, on vient d’arriver à la maison. J’aimerais qu’il soit 20 h. J’aimerais avoir une bouteille de blanc dans le frigo. J’aimerais ne pas avoir trois paniers de linge rose et mou à plier. J’aimerais que tu sois déjà au lit. J’aimerais t’empailler, te transformer en statue, te téléporter chez ton père invisible. Ce soir, tout m’irrite. Toi aussi.

En entrant dans l’auto, après la garderie, tu as jugé bon de cracher par terre parce que quelque chose piquait ta langue. Tu as ouvert ton gobelet de jus de raisins juste au moment où j’ai arrêté l’auto à un stop. Bien sûr, il s’est renversé sur toi. Tu as pleuré en disant que c’était froid et que tu étais mouillée. En sortant de l’auto, tu as glissé sur une plaque de glace. En t’aidant à te relever, j’ai glissé moi aussi. À ce moment, j’ai un peu haï ma vie. Ma journée de marde se transformait en soirée de marde.

Sur les cent mètres qui séparent le stationnement de notre porte d’entrée, tout s’est bien passé. À la fin du trajet, tu as pris un petit glaçon qui se trouvait sous la voiture de la voisine et tu l’as mis dans ta bouche. Je t’ai regardée, mais je n’ai rien dit. À table pour le souper, tu as mis près d’une heure pour manger la moitié d’un fajitas. L’heure du bain venue, tu ne voulais pas y aller. Une fois dedans, tu as fait de l’eau partout et tu as vidé la bouteille de shampoing dans l’eau du bain. Maman, ça pique mes fessssses. Je t’ai rincée. La respiration courte et les mâchoires serrées, mon niveau d’amour inconditionnel a diminué.

Quand j’ai sorti les draps de la sécheuse pour faire ton lit, tu as eu l’imprudente idée de vouloir m’aider. Non, maman, c’est moiiii, toute seule. Je t’ai regardée placer le coin du drap en bas à droite. J’ai vu le coin du drap en bas à droite se défaire quand tu as entrepris de placer le coin du haut à droite. Je t’ai vu revenir placer le coin en bas à droite et vu le coin en haut à droite se défaire. J’ai perdu un millimètre de molaires à force de serrer les dents. À bout », je t’ai dit de te tasser et j’ai fait le lit. Tu as pleuré. Je me suis sentie coupable en plus d’être exaspérée.

Les dents brossées, le pyjama enfilé, je t’ai prise sur moi et j’ai commencé à te bercer. Il était une fois… « Non maman, c’est pas ça l’histoire. C’eeeest tout à coup… le lapin… il se sauve et là, Elisabeth, elle, elle prend l’avion avec Mamie pour aller à Cuba et un mystère méchant arrive sur la pointe des pieds ». « C’pas une histoire, ça, Mia. Je comprends pas ce que tu veux dire ». « Oui, c’est l’histoire de lapinouuuu. » Tu pleures. Je suis une mauvaise mère. Je respire. On finit ton histoire incompréhensible, à deux. J’ai le nez qui saigne et les yeux injectés de sang. Je t’embrasse. Je sors. « Maman, je t’aime », que je t’entends dire dans le noir de ta chambre. Je remplace le « Étouffe-toi » qui me brûle les lèvres par « Moi aussi, mon amour ». Je respire.

20 h 45. Je m’assois sur le divan. Je fais du Facebook. Je regarde des vidéos de bébés chats. J’inspire pour cinq : un, deux, trois, quatre, cinq. Je retiens pour cinq : un, deux, trois, quatre, cinq. J’expire pour cinq : un, deux, trois, quatre, cinq. Bis. Bis. Re-bis. Ça va mieux. Je me relève et je vais dans ta chambre. Tu dors. Tu es si belle et si paisible avec des mèches blondes sur ton front, ta petite main sous ta joue et ton pot de Vicks pour enfants dans l’autre main. Je te borde, je t’embrasse. Tout bas, je m’excuse d’avoir été une maman de marde ce soir. Ce n’était pas toi, c’était moi. Puis je sors… sur la pointe des pieds. J’ouvre le frigo, je ramasse quelque chose à grignoter et je vais dans ma chambre. Assise dans mon lit, je regarde des photos de toi bébé en mangeant le dernier Ficello que tu voulais manger pour le déjeuner. Je souris. Des fois, ça fait du bien de respirer.

Liza Harkiolakis

Le no man’s land des listes d’attente

Entre Israël et l’Égypte, il existe un no man’s land

Entre Israël et l’Égypte, il existe un no man’s land d’un kilomètre : un endroit situé entre deux pays, où l’on doit marcher pour obtenir notre étampe de bienvenue en Égypte une fois qu’on a quitté Israël. Un kilomètre, cinq minutes, à ne pas savoir où on est, à ne pas savoir combien de temps on y sera, à ne pas savoir si notre « candidature » sera acceptée ou si on devra retourner bredouille d’où on vient… ou pire : rester piégé entre deux pays, dans un endroit dans lequel on n’existe pas vraiment puisqu’on n’a pas d’étampe, pas de droits, pas de destination. J’y étais il y a vingt ans, et ce sentiment de vide m’habite encore. Alors imaginez ceux qui passent des années dans un no man’s land !

Plusieurs d’entre vous savent que ces no man’s lands existent ici aussi. Tous ceux qui aiment des enfants atteints de maladies physiques ou mentales qui sortent des sentiers battus. Tous ceux qui prennent soin d’enfants (petits et grands) qui ne cadrent pas dans le moule (social, scolaire, médical…), qui ont des difficultés à suivre le rythme du groupe et à apprendre comme ceux qui répondent bien au programme du ministère de l’Éducation. Tous ceux-là savent jusqu’à quel point les listes d’attente, véritables no man’s land de nos territoires nord-américains, sont inquiétantes. Et interminables parce qu’on n’a jamais la certitude qu’elles auront une fin. Et toujours à recommencer.

Nous avons dû recourir à une aide médicale pour que je puisse devenir enceinte. Naïfs, nous avons opté pour le circuit public. Une année à laisser la nature, une autre à attendre que la requête de notre médecin de famille se rende jusqu’au spécialiste, deux autres années à ATTENDRE, encore. Le temps qui s’étend entre chaque nouveau rendez-vous, entre chaque nouveau résultat, est un calvaire du combattant sans garantie de fil d’arrivée. Heureusement, une fois que notre nom atteint le haut de la liste, on est traités aux petits soins. Gratuitement (ben… avec les impôts qu’on paie, tout de même !), par-dessus le marché.

Quand nos enfants ont eu besoin d’une évaluation de leur douance, nous sommes d’abord passés par le système public. La demande avait été faite au jour 1 de la maternelle. Elle a été entendue au dernier mois de la deuxième année du primaire. Et ça, c’est parce qu’on vivait en Alberta, parce qu’au Québec, on n’aurait même pas eu le droit de compléter la demande auprès de la commission scolaire. Il aurait fallu aller au privé, comme nous l’avons fait avec nos autres enfants. Mais même là, les mois d’attente s’égrainent malgré les centaines (milliers !) de dollars déboursés. Bien sûr, la douance n’est pas une question de vie ou de mort, mais ça peut changer toute, je dis bien toute, la vie d’une personne. Plus c’est compris tôt, plus vite on applique des stratégies gagnantes, et plus ces stratégies sont efficaces. Et plus elles peuvent empêcher l’anxiété de performance de s’installer, le décrochage d’arriver, le mal-être de s’imprégner. Même principe avec tous les troubles d’apprentissage et les difficultés psychologiques.

Même quand on se présente à l’urgence avec un enfant en crise d’asthme ou en crise existentielle, on ne peut pas s’attendre à obtenir un service rapide. Je ne pense pas seulement aux trop nombreuses heures d’attente dans une salle bondée de microbes et de patients impatients. Je pense aux mamans enceintes jusqu’au cuir chevelu qui se font retourner à la maison parce qu’on ne voit pas encore la tête du bébé. Aux individus suicidaires qui se font montrer la porte tournante dès qu’ils ont promis-juré-craché qu’ils ne recommenceront plus. Aux parents à bout d’enfants ou d’adolescents à bout qui doivent attendre d’être en hémorragie émotive pour avoir leur place dans le système. Qu’est-ce qu’un parent est censé faire quand il apprend que son enfant violent et malheureux n’aura pas de rendez-vous avant trois ans ? Ou que son bébé qui maigrit sans arrêt, qui devient plus pâle qu’un fantôme ou qui se plaint de maux de ventre atroces devra attendre, lui aussi, qu’un spécialiste ait une place sur sa liste ? Dans son horaire ?

Ne vous méprenez pas : je ne proteste pas ici contre les humains qui travaillent au bien-être de nos enfants. J’ai perçu une tristesse infinie dans la voix de la réceptionniste qui me disait : « Malheureusement, je n’y peux rien, votre enfant n’aura probablement jamais accès aux services spécialisés parce que son problème n’est pas assez grave » (lire ici : il ne mettait la vie de personne en danger dans l’immédiat). Le spécialiste en fertilité comprend trop bien le désespoir du couple qui arrive à la limite de l’âge « acceptable » pour procréer et qui doit malgré tout attendre un cycle, deux cycles, trois…

Je ne peux pas protester contre ces humains. Quand on finit par recevoir l’appel tellement espéré, par rencontrer le spécialiste qui nous aidera à comprendre ce qui torture le bedon de notre mignon ou ce qui entortille le cerveau de notre jeune, on est placé devant une grande compétence. Une humanité sensible, aussi. Des êtres pris dans un système qui prend son temps et qui teste les réserves de patience. Et qui cause des torts à force de repousser les urgences.

Bien sûr, le secteur privé peut parfois accélérer le processus. Voilà entre autres pourquoi je me tourne souvent vers les approches alternatives au lieu d’engorger les listes d’attente. Mais parfois, on a besoin de plus.

D’ailleurs, les cliniques privées, bien souvent, ne fournissent pas l’intervention combinée de plusieurs spécialistes qui jumellent leurs expertises pour apporter la meilleure solution. Je crois au secteur public de la santé. Une fois qu’on y est, on reçoit ce pour quoi on paie des impôts. Mais les payeurs d’impôts ne sont pas seulement ceux qui ont les veines ouvertes ou qui sont en un arrêt cardiaque. Il y a aussi tous ceux qui sont déprimés et qui cherchent des solutions. Et ceux qui ressentent les premiers malaises liés à une santé défaillante et qui voudraient bien guérir. Guérir avant que la liste d’attente vienne à bout d’eux.

Il y a aussi tous ces parents, tous ces grands-parents, ces familles et ces amis qui s’inquiètent pour un des leurs et qui se sentent impuissants à devoir le regarder marcher au milieu d’un no man’s land qui semble ne mener nulle part.

Nathalie Courcy

Iglou iglou, mais pas chez nous

Du monde saoul, j’en ai vu dans mon enfance! La matante pu capable

Du monde saoul, j’en ai vu dans mon enfance! La matante pu capable de nourrir son enfant dans un party de parenté tellement elle a frenché le goulot… Le mononcle qui cale sa caisse de six pendant un trajet de quarante-cinq minutes, qui arrête trois fois en chemin pour se vider la vessie sur le bord de la 55. Heureusement, son épouse compréhensive avait depuis longtemps pris le relai derrière le volant. Et ce même mononcle de cinquante ans en train de vomir sa vie à odeur de Labatt 50… à peine une heure après le début du réveillon des Fêtes… bel exemple pour la jeunesse. Des cousins ruinés à cause des dettes d’alcool et de drogues, qui ne voient tellement plus clair qu’ils ne voient plus d’espoir, sauf au bout d’une corde… Sans compter ceux qui ont perdu leur emploi et leur famille à cause de la divine bouteille!

Et le grand frère alcoolo avant même de finir son secondaire… jusqu’au jour où le téléphone sonne à huit heures du matin : « Euh… je suis à l’hôpital… Je comprends pas trop ce que je fais ici… le doc m’a dit que j’ai passé la nuit en camisole de force… Il paraît que j’ai calé un 40 onces en trois heures… Je me suis pété la gueule en tombant… Je suis devenu violent… Perdu la carte… Faudrait que m’man vienne me chercher… » Ç’a été la fin de l’abus d’alcool pour lui.

Mais pour d’autres, la dépendance à l’alcool est encore et toujours omniprésente. T’sais, quand en quatre décennies, tu as vu une personne une seule fois à jeun… ça donne une idée qu’elle n’a pas passé beaucoup de journées lucide. Ça donne une idée du nombre de « premières fois » de ses enfants dont elle ne se souvient pas parce que les vapeurs d’alcool étaient trop épaisses. Ça explique aussi pourquoi j’ai longtemps eu peur des effets de l’alcool dans ma vie.

Adolescente, à l’époque des premières rencontres avec la bouteille, mon œsophage se fermait automatiquement après une bière. Comme si j’avais un détecteur de surplus d’alcool intégré. Alors, au lieu de caller l’orignal comme plusieurs expérimentateurs, je flattais le dos de ceux qui se vidaient l’estomac dans le bol de toilette (ou ailleurs). Je téléphonais aux parents des jeunes qui avaient dépassé les bornes, et je lavais les cheveux gluants des filles avant que leurs parents arrivent. Et je ramassais les corps morts et les botchs de cigarettes au petit matin.

Adulte, j’ai eu quelques excès. Une bouteille de Caribou un soir de Carnaval… un enterrement de vie de fille sur la Grande-Allée… mais tout ça de façon plutôt contrôlée. Quand j’ai rencontré mon futur époux, notre première soirée s’est déroulée autour d’un (deux-trois) pichets. Mais rapidement, on a compris qu’on n’était pas dans la gang des alcoolos. On aimait prendre un petit verre en soupant, lui aimait goûter des bières et collectionner les verres qui vont avec, c’est à peu près ça.

Mais ça m’inquiétait tout de même. Chaque verre rempli, chaque verre vidé sonnait une alarme en moi. « Fais attention : alcoolique potentiel! » J’en avais tellement vu… J’en avais trop vu. Quand j’en parlais, ça créait quelques frictions. Il avait l’impression que j’exagérais, que je voyais des bibittes partout. « Voyons donc, je suis loin d’être alcoolo, relaxe un peu! » Mais l’alarme sonnait encore la fois d’après.

À force de vivre ensemble, de discuter, d’analyser ma peur et mon passé, on a compris. J’avais toutes les raisons du monde de craindre l’alcoolisme, mais j’étais tombée sur un gars qui n’avait pas ce problème. Il aimait le goût de l’alcool, il aimait prendre un verre entre amis ou en amoureux, mais pas à n’importe quelle heure, pas dans n’importe quelle occasion, pas au point d’être tout le temps guerlot. Il était bien ancré dans la réalité. Bien loin d’une dépendance.

Il a respecté ma limite, ma crainte. Il m’a écoutée. Il m’a expliqué. Avec douceur. J’ai pris le temps d’observer. D’analyser notre réalité sous l’angle du présent et non du passé. Et j’ai compris que l’alcool pouvait être synonyme de plaisir partagé, de plaisir momentané, de plaisir contrôlé. Je ne regrette pas d’avoir exprimé mes craintes, ça m’a permis de les soigner.

Ce que nos enfants voient, c’est notre relation saine à l’alcool. Ils savent que ça existe, ils savent que ça peut être bon et agréable, ils savent aussi (parce qu’on leur en a parlé) que ça peut faire déraper quelqu’un pendant une soirée ou une vie. Et à mon plus grand bonheur, ils trouvent que ça a l’air dégueulasse!

Faites le test! Mesurez votre niveau de dépendance

http://aa-quebec.org/AA_Quebec/Templates/index.htm

Alcooliques Anonymes Québec

http://aa-quebec.org/AA_Quebec/Templates/index.htm

Dépendances: alcool, drogues, jeu (Portail Santé Mieux-Être du gouvernement du Québec)

http://www.sante.gouv.qc.ca/problemes-de-sante/dependances/

 

Jeunesse J’écoute: Alcool et drogues

http://aa-quebec.org/AA_Quebec/Templates/index.htm

Nathalie Courcy

Traverser ça ensemble

J’ai toujours pensé qu’un couple de

J’ai toujours pensé qu’un couple devait un jour ou l’autre être confronté à un obstacle. Dans mon cas, ce jour est arrivé il y a quelques années. Ça faisait quelques mois que je me posais des questions. L’attitude de mon homme avait changé, il manquait de l’argent. Toutes les choses que je pouvais imaginer sont passées dans mon esprit. J’ai vécu une partie de ma deuxième grossesse avec beaucoup d’angoisse et de tristesse.

 

Un soir, j’ai donc décidé de prendre mon courage à deux mains. Je vivais dans le doute depuis trop de temps. Mon chum avait changé quelques mois après le début de ma grossesse qui nous apporta une belle petite princesse. Rien ne rentrait dans l’ordre, même qu’il était vraiment en chute libre. Je me suis donc mise face à lui en demandant avec mon air de glace : « Ce soir, tu vas me dire ce qui se passe! Tu me parles ou je pars avec nos deux enfants. » C’est alors qu’il baissa la tête en me disant que depuis un certain temps, il avait commencé à consommer…

 

Les mots tombèrent comme une bombe! Je m’en doutais, mais de l’entendre… J’étais fâchée. Pourquoi il avait eu besoin de se réfugier là-dedans? Qu’est-ce que j’avais fait? Était-il malheureux avec moi et nos enfants? Je ne comprenais rien. Je pris donc la nuit de repos en berçant ma fille. Les larmes coulaient sur mes joues. Ce fut dans le regard de ce tout petit être de deux semaines cette nuit-là que je trouvai la force. Je décidai alors de partir une semaine chez mes parents avec mes enfants. Le matin venu, j’ai regardé mon chum et je me souviendrai toujours de mon discours :

 

« J’ai décidé de partir chez mes parents, car je trouve qu’avec les conneries que tu fais en ce moment, tu ne nous mérites pas. Demain matin, à ton réveil, avec la solitude qui sera autour de toi, tu te demanderas si c’est vraiment ça que tu veux! Si tu prends la décision de t’en sortir, je serai là, mais avec certaines conditions à respecter. Si tu veux continuer dans cette voie actuelle, tu risques de tout perdre. Ton travail, ta maison, ta famille et peut-être même ta vie. »

 

Je partis donc avec mes enfants qui mettaient quand même un baume sur cette peine. Mon chum m’appela tous les jours, plusieurs fois par jour. Il pouvait venir voir ses enfants quand bon lui semblait. Il vécut une semaine seul en voyant que sa famille était beaucoup plus importante que de se geler. Je revins alors avec des règles strictes à respecter :

          Fournir toute facture

          Montrer ses talons de paye

          Revenir à la maison directement après le travail

          Changer de fréquentations

Il n’avait plus la possibilité de me cacher quoi que ce soit. Oui, il a vécu deux fois une rechute. Par contre, j’avais pris le temps de parler à d’anciens toxicomanes qui m’avaient donné des trucs pour détecter facilement si mon conjoint avait consommé. Je pouvais le savoir même au bout du téléphone. Il était coincé, soit il s’en sortait avec mon aide ou il allait en centre fermé. (Chose qu’il ne voulait pas trop, car nous avions quand même un fils qui voulait son père)

 

Devant notre garçon alors âgé de deux ans et demi, on essaya de rester neutre et de faire comme si de rien était. Notre fille, quant à elle, était tellement petite que nous avions moins d’inquiétudes. Mes parents ont été d’un grand support et ont toujours cru en mon amoureux. J’aurais aimé pouvoir en dire autant de sa famille, mais eux ont préféré fermer leurs yeux sur tout ça. Eux étaient au courant de tout et ne me disaient rien.

 

Pour arriver à passer au travers de toute cette histoire en gardant ma tête sur mes épaules, parler à mon entourage a été ma thérapie. J’ai été franche avec mon conjoint que je ne pouvais pas faire semblant de rien. J’avais besoin de parler à mon monde pour trouver l’énergie et il n’a pas eu trop le choix de comprendre.

 

Moi qui avais avant des préjugés sur les personnes qui avaient ce genre de problèmes, ma perception changea à ce moment. Aujourd’hui, je me rends compte que personne n’est à l’abri d’une dépression ou d’une faiblesse. Il ne faut pas oublier que dans le fond, ces personnes souffrent et ont juste besoin d’une bonne poussée vers le haut. Il faut savoir être ferme et ne pas les prendre en pitié tout en montrant que nous sommes là pour eux. Presque dix ans après cet épisode, tout va bien. Sans dire que je recommencerais, car oh! Non, je n’en serais pas capable. Je crois que toutes les embûches nous font grandir et apprendre. Donc aujourd’hui en regardant en arrière, je crois que j’ai beaucoup appris de tout ça. Je crois même qu’aujourd’hui, ça fait de nous (mon conjoint et moi) de meilleures personnes.

 

Eva Staire

 

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