Ton premier Noël vide. Le deuil dans le temps des Fêtes
Cette année, Noël goûte bizarre pour toi. Une saveur flat qui manque d’assaisonnement. Des Fêtes qui sentent la mort et la place vide.
Cette personne qui embellissait ta vie depuis tellement d’années est partie en 2016. Ton conjoint, ton épouse, ta mamie ou ton père adoré, ton petit frère ou ta princesse, ton chum de gars ou ta best est décédé. Celui pour qui tu as cuisiné tes meilleures tourtières ou que tu as observé dormir chaque soir en cachette t’a dit adieu. Et ça fait mal.
Depuis que l’annonce de la mort est tombée, tu as mal au cœur. La nausée de la vie sans lui, sans elle. Mais là, Noël approche et les Ho! Ho! Ho! du gros bonhomme rouge te donnent des frissons. Sans parler des tounes de Noël omniprésentes à la radio (je t’avertis, à partir du 26, les rigodons seront encore pires pour ton moral! Une vraie masse qui massacrera le bout de deuil que tu avais fait. Tu ferais peut-être mieux de barrer toutes tes radios à double tour, histoire de t’empêcher de les garrocher de rage).
Tu as bien eu quelques jours de congé pour faire ton deuil (comme si ça se faisait en si peu de temps!). Tu t’es peut-être même senti(e) soulagé(e) (et coupable!) si la personne aimée est morte au bout d’une interminable maladie. Tu t’es tapé le supplice de la file de monde qui te serre la main au salon funéraire. Tu as reçu des tonnes de courriels et quelques cartes de condoléances. Il t’est arrivé de ressentir l’amour et la tendresse qui t’entouraient. Mais toi, tu aurais voulu garder l’amour que tu as cessé de recevoir le jour où la faux a frappé.
Quand tu t’es rendu compte que tu faisais grimper les revenus de Scotties à force de remplir tes poubelles de mouchoirs, tu t’es ressaisi(e). Tu t’es presque convaincu(e) que tu étais plus fort, plus forte que ça. Mais en ce décembre 2016, le Monsieur Muscle du moral ou la Madame Hop-la-Vie est en train de s’émietter et hibernerait s’il s’en donnait le droit. L’avouer ressemble trop à un échec, à une rechute. Un cancer émotif qui prend toute la place.
Alors tu dis oui aux invitations (« Viens donc! Ça va te changer les idées! »). Mais pendant que tu mets ta petite robe noire ou ta cravate de Snoopy de Noël, tu te demandes pourquoi tu fais ça. Tu te rappelles que la dernière fois que tu t’es habillé(e) chic, c’était aux funérailles. Tu te demandes ce que cette personne que tu aimais/aimes tant penserait de toi qui oses essayer de t’amuser. Quand est-ce qu’on revit malgré le vide?
Laisse-moi te dire que devant l’assiette vide à la table familiale, tu vis. Devant la place vide dans le lit, tu vis. Devant le siège vide dans l’auto, au bureau ou au bar, tu vis. Même si tu as l’impression que le vide prend toute la place, tu vis. Et tu le fais de ton mieux et à ton rythme.
Depuis le décès, chaque occasion de célébrer est une obligation de se rappeler et de revivre ton deuil. Une étape à traverser. Et Noël est pour plusieurs endeuillés la pire fête à affronter parce qu’elle signifie tellement, parce qu’elle rassemble tellement de gens. Ça devrait être festif alors que toi, tu as juste le goût de t’enfermer pour écouter « Le Noël au camp » de Tex Lecor en boucle.
Le 26 décembre, tu ne te réveilleras pas en te disant « Oh! Yes, le deuil est terminé! » Mais tu auras vécu une autre étape de ton deuil. La place à côté de toi sera aussi vide que la veille, mais toi, tu auras avancé d’un pas. Tu lanceras peut-être ta radio bourrée de rigodons dans le mur (tu aurais dû m’écouter et la ranger!), mais sais-tu quoi? 2017 s’en vient. Tu auras tout le temps et tout l’espace dont tu as besoin pour réparer tes murs et soigner ton cœur.
En attendant, laisse les autres t’aimer et te le montrer. Je t’envoie un gros câlin réconfortant comme une doudou en polar sur le bord d’un foyer. Et une épaule si tu as le goût de pleurer.
http://citrac.ca/accompagnement-du-deuil/
http://www.deuil-jeunesse.com
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