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Un moment à la fois – Texte : Audrey Boissonneault

Le cœur qui bat à toute vitesse, la respiration qui semble difficile, les tremblements, les sueurs

Le cœur qui bat à toute vitesse, la respiration qui semble difficile, les tremblements, les sueurs froides, le corps crispé. Puis, les ruminations, les inquiétudes, les obsessions, les doutes et les craintes. C’est de cette façon que l’on décrit l’anxiété.

Trop souvent j’ai l’impression de chercher mon souffle. Je sens battre mon cœur à une telle vitesse. J’arrive à le ressentir dans chacun de mes membres. Je me tiens au meuble à côté, sachant que je n’arriverais pas à tenir debout. Les étourdissements me forcent à m’assoir et à m’allonger, par la suite. On dirait que mon cœur va lâcher. Tout comme ma respiration, je n’ai plus d’air. Je m’accroche au lit comme si ma vie en dépendait, je me demande pourquoi mon corps réagit ainsi, je fonds en larme. Je me sens seule, je suis perdue, je ne sais plus quoi faire.

Je finis par fermer les yeux, la vue embrouillée par mes larmes. J’ai mal à la poitrine. Je suis épuisée physiquement, mais mentalement encore plus. J’ai explosé, je n’ai pas réussi à contrôler la crise.

L’anxiété a gagné sur moi, encore une fois.

Chère anxiété, si, seulement, tu savais le mal que tu me fais. J’aimerais pouvoir me débarrasser de toi, me dire que je suis « guérie ». J’aimerais ne plus avoir honte de dire que je n’arrive pas à sortir à cause du stress qui me consomme. J’aimerais ne plus sembler comme une extraterrestre auprès des autres, j’aimerais qu’on m’accepte.

Alors j’ai décidé de m’accepter, moi.

Un jour, j’aurai tant d’amour pour ma personne que plus rien ne m’atteindra.
D’ici là, un moment à la fois, je réussirai.

Audrey Boissonneault

Apprendre à s’aimer — Texte : Audrey Boissonneault

Tout a un début et se termine par une fin. Les pages défilent, les chapitres se suivent et les der

Tout a un début et se termine par une fin. Les pages défilent, les chapitres se suivent et les derniers mots arrivent. On dépose le livre, avant d’en ouvrir un autre. On dit un dernier au revoir, avant de pouvoir saluer à nouveau. Il y a certains moments où l’on saute quelques phrases, mais elles finissent par nous rattraper, un peu plus loin. Nous avons des préférences et ceux qu’on aimerait effacer. On relit sans cesse les bons passages et la difficulté survient au moment de les faire partir. On voudrait échanger les lieux, les réactions, les sentiments qui nous ont provoqués.

Puis, vient le moment où on accepte et on ferme les yeux en espérant tomber sur un meilleur exemplaire.

Je sais que ça fait peur, voir noir, ne pas savoir où l’on va se retrouver demain. Je sais que ça fait peur, revoir tous ces souvenirs en laissant reposer tes yeux, au moment de dormir. Parcourir chacune des sensations en revoyant les images de tes souvenirs. Je sais que ça fait peur, se diriger vers un chemin sombre sans savoir où tu vas atterrir, parce que c’est beaucoup plus facile de revenir sur ses pas lorsqu’on sait ce qui nous attend. Mais il le faut, la plupart du temps, nous le savons déjà, mais l’exécuter, c’est le réaliser, pour de vrai.

Si je peux me permettre, à toi qui lis ces mots, rappelle-toi chaque larme qui a coulé sur tes joues dans la dernière année. Remémore-toi tous les efforts que tu as mis envers ta personne ou tes projets. Souviens-toi de tes poings serrant ta couverte le soir pour essayer de camoufler le son de tes pleurs, qui ne demandaient qu’à sortir. Revis chacun des commentaires qui t’ont blessé, qui t’ont ramené à zéro. Rappelle-toi tous ces mots, gestes, personnes qui t’ont détruit à leur façon.

Tu ne pourras, jamais, être parfait aux yeux de tous. Aussi fort que tu travaillerais, il va y avoir quelqu’un pour te reprocher quelconques éléments, faits ou gestes. Je sais que tu crois ne pas mériter le bonheur, que tout mauvais évènement se produit par ta faute et que tu n’apportes rien de bon autour de toi. Je sais que tu crois que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, dans plusieurs moments, je sais que tu forces le sourire à s’afficher dans ton visage, mais crois-moi, ce moment n’est que passager.

Tu mérites de trouver le bonheur, les personnes qui te feront sentir bien, mais avant tout, tu dois trouver la paix intérieure avec toi-même. Tu dois accepter le fait que tu ne pourras jamais plaire à tout le monde. Je suis loin d’être parfaite et je n’ai, certainement, pas tout compris à la vie, mais une chose qui m’est rentrée dedans lors de la dernière année, c’est qu’il faut apprendre à voir sa propre valeur. C’est la seule façon dont tu arriveras à rester debout lorsqu’on voudra te guider vers le bas. Tu en vaux la peine, tu le mérites, tellement.

Sois passionné, trouve un nouveau passe-temps, occupe-toi et essaie de nouvelles choses. Lis un livre, commence à écrire des chansons ou des textes, trouve un sport qui va te faire rêver, fait de nouvelles recettes, dessine ou FaceTime avec ton ou ta meilleur(e) ami(e). Permets-toi de relaxer et d’écouter Netflix avant de faire une sieste d’après-midi. Sois ouvert à ce que ton mental aille mieux, entoure-toi de positif, mais n’accepte plus qu’on te traite de manière inacceptable, sois égoïste, parce que si toi, tu ne t’aimes pas, qui va le faire ? Tu es la priorité dans ton histoire et ne laisse rien ni personne t’ôter le droit de vivre ta vie comme tu le veux.

Alors toi qui, comme moi, te sens seule et inutile par moment, avançons ensemble. Formons une équipe et promets-moi qu’un jour à la fois, on va avancer d’un tout petit pas. On met le point final à dépendre de quelqu’un pour se sentir aimer, pour se sentir important. Il faut que tu saches que tu n’es pas seul, moi je suis là, dans le même combat avec toi. Tu as, littéralement, tout pour réussir. Tu es fort(e), beau/belle, intelligent(e), travaillant(e), en fait, tu es sur la coche sur tous les points, tu dois juste y croire. La bataille va être longue et ardue, mais une fois sorti de là, rien ne pourra t’abattre comme tu as pu l’être, dernièrement.

Le jour où tu réaliseras ta valeur, ton authenticité, ta magnifique personne, tu vas accepter que tu ne t’entendes pas avec chacun et que certains soient proches de toi. C’est l’acceptation qui rendra la tâche difficile.

Lâche pas et garde la tête haute parce que, moi, j’ai confiance en toi.

Audrey Boissonneault

25 juin : la Journée mondiale du vitiligo ou la beauté sous toutes ses formes – Texte : Nancy Pedneault

Depuis quelques années déjà, je sensibilise les gens de mon entourage à l’acceptation de l

Depuis quelques années déjà, je sensibilise les gens de mon entourage à l’acceptation de la diversité corporelle. C’est certain qu’en souffrant du vitiligo, j’ai appris à vivre avec le corps que je porte et parfois supporte. J’essaie donc de parler le plus possible de ma maladie pour que cessent les regards surpris et parfois méprisants. Ça arrive encore trop souvent, et ce n’est même pas discret. Il faut que ça cesse !

 

Je dois tout de même avouer que depuis quelque temps, sur les médias sociaux, je vois une certaine évolution de l’image corporelle. Et ça me donne espoir pour les jeunes qui forment leur identité.

 

D’abord, j’ai remarqué que plusieurs compagnies soignent leur image en incluant des gens de toutes tailles, de toutes nationalités, de tous genres confondus et même tachetés. Il y a de la place pour tout le monde ! Enfin, je me sens représentée, je me sens normale.

 

Je vois aussi de plus en plus d’influenceurs qui sensibilisent leurs abonnés et parlent de l’acceptation des diversités corporelles. Les discours changent concernant les régimes et les troubles alimentaires. Des portes s’ouvrent sur un monde qui a été bien trop longtemps caché.

 

Les jeunes qui forment leur pensée critique ont de plus en plus de beaux exemples à suivre, des modèles positifs et diversifiés. Il y a même des livres jeunesse qui font progresser les idées (merci, Simon Boulerice !).

 

La vraie vie, c’est ça ! Nous sommes tous différents, nous sommes tous beaux ! La beauté passe par ce que tu dégages, ce que tu montres aux autres dans tes actions. La beauté, elle est dans toute ta personnalité.

 

Alors aujourd’hui, en ce jour de sensibilisation au vitiligo, j’ai envie de le déclarer haut et fort : JE ME TROUVE (enfin) BELLE ! Vous verrez mes taches, je ne les cacherai plus. Elles font partie de ma vie. Elles m’ont permis de développer ma personnalité et ma confiance en moi.

 

Et je ne suis plus seule, il y a plein de modèles qui me ressemblent maintenant ! L’avenir se dessine positivement pour la beauté, sous toutes les formes.

 

Nancy Pedneault

Aide-moi à m’aimer – Texte: Véronique Daigle

Vieillir n’est pas un moment de gloire pour tout le monde. Chacun

Vieillir n’est pas un moment de gloire pour tout le monde. Chacun va vivre sa petite affaire à sa façon et le courant de sa vie va continuer. Je me souviens que quand j’étais petite, on me disait souvent que vieillir était difficile autant pour le corps que pour l’esprit. Honnêtement, je n’y croyais pas. Je regardais autour de moi et les gens que je voyais, je les trouvais beaux. Je ne comprenais pas cette urgence de vivre que certains exprimaient et ce mal de vivre que d’autres démontraient. Aujourd’hui, à l’aube de mes 38 ans, je comprends.

Où est passée la fille de 20 ans énergique qui mordait dans la vie ? Qu’est devenue la demoiselle pleine de fougue que j’ai jadis été ? Personne ne m’avait parlé de cette préménopause arrivée trop vite. De ses symptômes aussi anodins que dérangeants. Comment est-ce possible de s’aimer avec autant de changements ?

Quand j’entendais « préménopause », je voyais cette dame plus vieille qui vivait un calvaire. Aujourd’hui, quand j’entends « préménopause », je me vois… moi ! Moi, la fille qui n’a jamais vu cela arriver, moi la fille qui vivait dans le déni. Aujourd’hui, je dois vivre avec les changements et maudit que je trouve cela difficile de m’aimer.

Est‑ce que j’ai tant changé ? Est-ce que tout cela va finir par arrêter ? Des questions que je me pose régulièrement pour ne pas dire trop souvent. Oui, il y a les fameuses bouffées de chaleur, les changements d’humeur et les changements physiques, mais il y a aussi les changements que vous ne voyez pas.

Avant, je n’avais jamais eu peur de vieillir. Je me disais que comme un bon vin, j’allais m’améliorer avec le temps. Il est vrai que l’on s’améliore, il est vrai que nous évoluons, mais est‑ce toujours pour le mieux ?

Des petites rides au coin de mes yeux, des vergetures sur mes cuisses, des cheveux blancs qui se pointent dans tous les sens et une fatigue de plus en plus présente. Je sais, je ne devrais pas me plaindre. Je suis en pleine forme et ce ne sont que de petits inconvénients de la vie, mais maudit que c’est difficile de s’aimer quand on y est confronté.

Avec du recul, je comprends que personne ne peut vraiment m’aider dans cette acceptation de mon nouveau moi. Je dois aussi apprendre à vivre avec ces petits changements pour évoluer avec le temps. Je sais qu’aux yeux de mes enfants, je serai toujours la plus belle ; qu’aux yeux de mon amoureux, je suis la même qu’il y a 10 ans et qu’aux yeux de mes parents, je suis cette enfant qui grandit. Il faut juste me donner du temps. Je dois m’accorder ce délai pour réapprendre à m’aimer telle que je le suis. Au-delà des apparences, au-delà des changements, je dois retrouver celle que j’étais pour faire un tout avec cette nouvelle moi. Je dois m’aider à m’aimer…

Véronique Daigle

Miroir, miroir, dis-moi…

Depuis toujours, toi, Miroir, tu me joues des to

Depuis toujours, toi, Miroir, tu me joues des tours. Depuis toujours, l’image que tu m’envoies n’est pas à mon goût. Du plus loin que je me souvienne, regarder mon reflet n’a rien d’agréable. Je prendrais un peu plus de ci et un peu moins de ça. Et pourtant…

Quand je regarde les photos de moi, plus jeune, je me trouve magnifique. J’en conclus donc que c’est toi, cher Miroir, qui me rends la vie dure. À moins que ce soit ton ami, Pèse-personne. Là, je l’avoue, tout est déréglé. Le nombre inscrit sur le cadran est celui d’une grosse fille. Mais quand je m’attarde aux images du passé, je vois une belle fille. Que se passe-t-il ? Où est le problème ?

Dans mon magazine « Fille d’aujourd’hui », les filles sont minces, blondes avec des cheveux raides. Elles remplissent leur soutien-gorge beaucoup plus que moi. Toi, tu me renvoies l’image d’une brunette, frisée, avec des fesses. C’est bien confortable, mais ce n’est pas à la mode. Les pantalons sont toujours trop serrés pour moi, même ceux à ma taille. Je dois être grosse.

 

Un peu plus tard arrive le terme « poids santé ». Ça y est, ce que tu me montres depuis des années est confirmé par les experts. Ce n’est pas rien. Ils doivent bien le savoir. Je suis grosse. Alors, tu avais raison, mon cher. S’enchaînent donc régimes de toutes sortes et entraînements. Mais la conclusion demeure la même. Pèse-personne me dit toujours que je fais de l’embonpoint et toi, Miroir, tu m’envoies encore la même image.

Puis un jour, je suis devenue maman. Mon image a changé pour vrai. Ce n’est pas juste toi qui me joues des tours. Mon ventre a perdu sa fermeté, des lignes y sont apparues par dizaines. Quelques rides de souci ont commencé à tapisser mon front. Les filles des magazines aussi ont changé. On commence à parler d’un concept tout nouveau : la diversité corporelle. Mon regard envers moi-même s’adoucit. Pèse-personne ne fait plus partie de ma vie.

Aujourd’hui, à plus de 40 ans, je dois te l’avouer, je me trouve belle. Tu me renvoies l’image de mes taches, mes vergetures, mon petit surplus de poids, mes rides et mes cheveux blancs. Et tu sais quoi ? Je m’en fous ! Je me trouve belle comme je suis. Alors, Miroir, je dois avouer que je t’ai accusé à tort. Tu n’es pas le problème. C’est plutôt la société qui envoie depuis des années une image lisse de la femme. Offre mes excuses aussi à Pèse-personne qui n’y était pour rien lui non plus.

Maintenant maman de deux magnifiques adolescentes, je veux leur montrer l’exemple de l’acceptation de soi, que la beauté est dans la différence. La personnalité d’une personne la rend unique et magnifique. J’ai envie qu’elles n’attendent pas d’avoir 40 ans pour se trouver belles.

Heureusement, les temps changent et des femmes différentes sont représentées dans les diverses publications. J’ai espoir pour les filles qui grandissent. On a encore du chemin à faire, mais nous sommes sur la bonne voie. Vive la diversité corporelle !

 

 Nancy Pedneault

Ma petite quête – Texte: Julie De Pessemier

Tu étais mon amie parce que tu étais gentille avec moi. Tu me partageais

Tu étais mon amie parce que tu étais gentille avec moi. Tu me partageais tes Barbies et ta belle Corvette rose. On s’amusait dans ton sous-sol, on se déguisait avec le vieux linge du garde-robe de cèdre et on riait. On préparait des spectacles interminables qu’on présentait à ta mère, qui y assistait sûrement bien malgré elle, en souriant et en finissant par nous ovationner. Je n’avais même pas remarqué que parfois, tu avais de la misère à attacher le dernier bouton de ton pantalon. J’étais bien trop occupée à m’amuser avec toi.

Puis, à l’école, il y en a un qui a murmuré « la grosse » dans un chuchotement non assumé. J’ai réalisé qu’on était bien différentes ; que les camarades pouvaient être méchants. Toi, c’était ça et moi, eh bien j’étais le champ de fraises. Même si c’est loin derrière, que ça n’a pas été dit très souvent, les souvenirs restent et blessent encore.

S’effacer en se laissant pousser un toupet qu’on traîne devant ses yeux comme un rideau qu’on peut tasser pour entrevoir le monde, baisser la tête le plus souvent possible afin d’éviter de présenter ta fleuraison printanière sur tes joues, attirer le moins de regards possible en étant silencieuse et petite. Je voulais absolument éviter d’être la cible. J’ai passablement réussi.

Puis, le printemps s’est tranquillement tassé de mon visage et j’ai pu attacher mon toupet. J’ai découvert que j’avais de jolis yeux. J’ai cessé d’aplatir mes cheveux au fer à repasser et j’ai accepté ma tignasse frisée. J’ai eu mon premier chum qui m’a trouvée belle.

Me sentir belle et bien dans ma peau est une longue quête. À 25 ans, je défendais la beauté naturelle, je prônais le « accepte‑toi comme tu es » avec mes seins fermes et droits, ayant pour seuls plis dans mon visage mes fossettes. Et que dire de ma chevelure dorée !

À chacun sa propre définition de la beauté, à chacun sa propre quête. Pour ma part, à 37 ans, je n’accepte pas les rides qui décorent mon front. Je compte les rayons de soleil qui entourent mes yeux, et que dire de mon gris chat qu’arborent mes tempes. Je n’ai plus le même discours qu’à 25 ans. Pour me sentir belle et bien dans ma peau, je dois camoufler ce qui me dérange. Je ne juge personne dans ces choix, mais moi, si je pouvais me le permettre, je remplirais les sillons qui se creusent hypocritement sur mon visage à chaque éclat de rire. 

Julie De Pessemier

Mon sac est plein…

Ce matin, mon sac ne ferme plus. Il est plein à craquer, rempli de toutes vos moqueries, de tous vo

Ce matin, mon sac ne ferme plus. Il est plein à craquer, rempli de toutes vos moqueries, de tous vos gestes insidieux, de vos regards de dégoût.

 

Mon sac est si plein, si lourd que je peine à le mettre sur mon dos. Je n’arrive plus à supporter toute cette haine.

 

As-tu remarqué?

 

Je ne me fâche jamais. Je dis toujours oui lorsque tu me demandes un service. Je retiens la porte lorsque tu arrives derrière moi. Je me montre disponible si tu as une question.

 

As-tu remarqué?

 

Jamais je ne dis de commentaires désobligeants à l’endroit des autres. Jamais je ne me plains de ce que mes enseignants me demandent. Jamais je ne rouspète si l’un d’eux me reprend.

 

Mon sac est lourd. Je suis triste. Tout le temps. Depuis longtemps.

 

Je te demande de cesser tes taquineries, de m’accepter tel que je suis et d’apprendre à me connaître ; tu serais surpris!

 

Si tu faisais un peu plus attention à moi, je serais sans doute moins inquiet de retourner à l’école, chaque matin.

 

Si tu faisais un peu plus attention à moi, peut-être que ce chagrin immense finirait par s’estomper…

 

Qu’en dis-tu? Qu’en dites-VOUS…?

 

D’un élève qui ne demande

qu’à être aimé et surtout, compris

 

Moi, je vous aime, bon !

Pourquoi construire un mur entre les gens ? Et là, je ne parle pa

Pourquoi construire un mur entre les gens ? Et là, je ne parle pas du mur que notre voisin du sud veut bâtir. J’ai lu presque TOUS les commentaires sur les réseaux sociaux concernant le fameux bar qui a refusé l’accès à l’humoriste à cause de sa chevelure. Ok, je m’étais promis d’arrêter de faire ça, mais cette fois-ci, c’était plus fort que moi parce que je voulais comprendre.

J’avoue être assommée.

J’avoue également ne pas vouloir partir de débat à ce sujet mais maudit, pourquoi faut‑il toujours finir par entendre parler en mal de la différence ? La vie serait tellement plus simple si tout le monde s’aimait tel qu’il est, non ?

Est‑ce qu’il y a juste moi qui ne vois pas cette différence ? Que tu sois blanc, jaune, noir ou mauve, que tu aies les cheveux longs, courts, rasés pourris ou sales, que tu manges des toasts pour déjeuner, un steak ou des coquerelles, si tu es heureux, who cares ?

Si tu es sympathique, que tu ris et que tu es une personne positive dans la vie, je t’aime déjà ! Je n’en ai rien à faire de ton origine, de ton orientation sexuelle et de ce que tu fais dans tes temps libres !

Pourquoi faut-il toujours diviser les gens ? Pourquoi parle‑t‑on toujours de racisme ? Pourquoi ce mot existe-t-il, en fait ? Pourquoi la vie n’est-elle pas aussi simple que la vision à travers les yeux d’un enfant ? Pourquoi en venez-vous toujours à pointer la différence et surtout, pourquoi jugez-vous la différence ?

Qu’est-ce-que-ça-peut-ben-faire-que-l’autre-ne-soit-pas-comme-vous ?

C’est ÇA la beauté du monde : LA DIFFÉRENCE !

Sortez de chez vous ! Voyagez, visitez votre voisin, ouvrez‑vous aux autres et vous verrez que la vie est belle et que les gens sont tous beaux, à leur manière ! Vous verrez que les gens ont de belles histoires à raconter et surtout, vous apprendrez ! Vous apprendrez à aimer et à vous ouvrir sur le monde !

Moi, je vous aime, bon !

Tania Di Sei

Un corps de maman et la saison du maillot de bain

Lorsque j’étais enceinte de mon premier enfant, j’ai demandé

Lorsque j’étais enceinte de mon premier enfant, j’ai demandé à mon conjoint un abonnement au gym en guise de cadeau d’accouchement. J’étais jeune, ignorante et mes priorités n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. Bien sûr, ce n’était que fabulation puisqu’à l’arrivée de bébé, j’étais beaucoup trop épuisée pour m’entraîner.

Je m’en souviens encore comme si c’était hier. J’étais assise dans mon lit d’hôpital, bébé était parmi nous depuis un bon vingt-quatre heures et je regardais mon ventre. De la peau à plus finir. Une espèce de pâte à modeler que l’on peut étirer sans fin. Je l’étirais, la tâtais, la rentrais vers l’intérieur comme si j’allais trouver un passage secret pour la remettre au fond de mes entrailles. Vous l’aurez deviné, je n’ai jamais trouvé ce fameux passage.

J’ai eu droit à mille et un conseils de bébé durant ma grossesse et pourtant, personne ne m’avait jamais mentionné que je resterais prise avec de la grosse peau molle au ventre! J’ai dû imaginer que lorsqu’on accouchait de bébé, toute la peau qui s’étire tel un ballon gonflé à l’hélium disparaissait comme par magie.

On ne sait pas trop où la mettre, hein?! On la rentre de force dans notre pantalon ou si on est légèrement relaxe, oups! Bonjour le muffin top!

Mais bon, vous savez quoi? Cette peau molle est là pour rester alors je l’ai adoptée! Si ma belle-mère de soixante ans porte encore des bikinis et bien, ce n’est pas mon mou de bébé qui va m’en empêcher! Parfois, il faut s’inspirer de la confiance des autres.

J’ai fait trois petites merveilles, mon corps a travaillé fort. Il mérite donc un répit. Ironiquement, je suis plus en paix avec mon corps qu’à mes vingt ans. Je n’ai rien à prouver à personne et je ne cours plus après la perfection. De toute façon, je n’ai pas le temps, je cours après mes trois enfants!

Que ce soit votre cellulite, vos vergetures ou vos livres en trop, on s’en fout! Chacune d’entre nous est complexée par une partie de son corps, alors pourquoi ne pas s’en foutre. Je dis : à bas les stéréotypes! Nous finirons toutes vieilles et ratatinées, à quoi bon se torturer? La beauté est dans la diversité.

Les petites rêvent d’être grandes. Les grandes rêvent d’être petites. La jeune voudrait l’expérience de la plus vieille. La vieille voudrait la santé de la plus jeune. C’est une roue sans fin puisque l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Pouvons-nous apprécier ce qui nous est donné?

Dégagez le bonheur et l’assurance. Regardez vos enfants et dites-vous : hey! J’ai réussi à mettre ces beaux humains-là au monde. I ROCK! Répétez-le autant de fois qu’il le faudra pour que ça vous rentre dans la tête.

Soyons bien dans nos corps de mamans afin de donner l’exemple à nos filles. Arrêtons de courir après un standard de beauté irréaliste et assumons-nous! Parce que nous LES MOMS, ON ROCK!

Geneviève Dutrisac

 

Ton p’tit gras de bedaine

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Il est là et ne part pas. Ton p’tit gras de bedaine… Tu as pourtant essayé fort : le sport, l’alimentation, les massages, l’arrêt des boissons alcoolisées… Rien n’y fait… Il est tenace, accroché, pendouillant… Il t’énerve et te pourrit la vie. Ta petite brioche, souvenir de tes grossesses…

Quand tu regardes ces mamans, belles et fines, qui exhibent leur corps de rêve sur les réseaux sociaux, tu te sens molle et flasque. Pourquoi n’ont-elles pas ces marques que tu portes? Tu as beau te trouver des excuses (trois césariennes en moins de quatre ans, ta bedaine ne peut pas être comme avant!), tu te sens poche. Parce que tu n’as pas ce joli ventre plat. Tu te caches sous des vêtements un peu plus amples et tu détestes les bikinis…

Comme tu n’as pas réussi à t’en débarrasser, tu essaies de l’accepter, ton petit bedon. La plupart du temps, il ne t’embête pas vraiment, sauf quand tu essaies des vêtements, sauf quand tu vois ton reflet dans un miroir, sauf quand tu te mets en maillot, sauf quand tu es dans ta semaine, sauf quand… C’est comme une ombre dans ta vie, un nuage dans ton ciel bleu. Tu n’as pas le choix de faire avec.

Tu l’entretiens à petits coups de houblon et de morceaux de chocolat… Il devient une véritable attraction quand ton bambin s’amuse à taper dessus ou à le brasser comme du Jell-0.

Ton p’tit gras de bedaine, c’est la marque que t’ont laissée tes enfants. Si tu arrêtes un instant de te regarder le nombril (anyway, il a quasiment disparu!) et que tu admires ta progéniture, tu oublies ces tracas et tu portes fièrement ces vestiges du temps. Car tu es une maman. Et jamais plus ni ton corps ni ton cœur ne seront comme avant.

 

Gwendoline Duchaine

 

Ma fille est maintenant mon fils

Ma doudoune, oups! Mathis va avoir dix-sept ans. Il sait maintenant

Ma doudoune, oups! Mathis va avoir dix-sept ans. Il sait maintenant ce qui se passe en lui. Il s’est informé sur ce qui se passait dans sa tête et dans son corps. Il peut mettre des mots sur ce qu’il ressent. Il a pris contact avec un jeune qui vit la même chose que lui. Il communique avec lui, lui pose des questions. Il ne se sent plus seul. Il peut enfin affirmer, confirmer qu’il est bien un garçon dans un corps de fille.

C’est pour cela qu’il m’a envoyé un texto pour me dire qu’il n’était pas bien dans son corps, qu’il n’était pas dans le bon corps. Biologiquement, mon enfant est né fille, mais son cerveau lui dit le contraire. Maintenant, je comprends tellement de choses! Mon fils a une dysphorie de genre, qu’on appelait autrefois un trouble de l’identité.

Après le choc de son coming out, j’ai versé beaucoup de larmes, je pleure encore cachée dans ma chambre. J’ai été en colère, car je me sentais coupable. Qu’est-ce que j’avais fait pour qu’il se sente ainsi? J’ai cherché de l’information sur le net, il n’y en a pas beaucoup. J’en ai parlé avec mon chum, mais il garde tout pour lui. Avec la jumelle de Mathis, qui est tout à fait à l’aise avec la décision de Mathis. Pour mon fils le plus vieux, c’est une autre histoire, mais comme il me l’a déjà dit : « Je comprends pas, mais je vais toujours l’aimer. »

Ce n’est pas toujours facile, l’angoisse me monte souvent à la gorge et m’empêche de respirer, mais je ne peux que l’aimer, le soutenir, l’accompagner dans sa transition.

Maintenant qu’il se sent de mieux en mieux dans son corps et dans sa tête, il est beaucoup plus calme, agréable, souriant, drôle, joyeux, moqueur, disponible pour ses études et ses apprentissages. Il ne fait presque plus de grosses colères, il est beaucoup moins impulsif et il me permet maintenant de l’embrasser, de lui faire des massages aux pieds, de gratter son dos, il veut parfois que j’aille le border, on fait des blagues ensemble. Cela faisait tellement d’années que je n’avais plus de contact affectueux avec lui. Il ne me laissait plus l’approcher.

N’ayez crainte, il est comme tous les autres adolescents que je connais, il passe par sa crise d’adolescence lui aussi! Et ce n’est pas toujours une partie de plaisir!

J’ai dû contacter le CLSC pour avoir une personne ressource pour aider Mathis à prendre la bonne décision. Une sexologue clinicienne a pris Mathis en charge et elle le voit régulièrement à l’école depuis le mois d’octobre.

Mon fils a fait sa transition sociale. Il se fait appeler Mathis par sa famille et ses amis. Nous utilisons le pronom « il », il nous parle de lui au masculin. Je le trouve fort et courageux. Je le découvre, j’apprends à le connaître.

Il s’habillait déjà avec des vêtements de jeune homme, donc pas si nouveau comme changement, et facile d’adaptation pour sa famille et ses amis.

Il en a parlé à deux de ses professeurs en qui il a confiance. La directrice, l’éducatrice spécialisée, le médecin de famille, la coiffeuse sont maintenant au courant.

Il s’est fait pousser le poil sur les jambes et sous les aisselles, un p’tit choc pour maman!

Il avait les cheveux longs jusqu’aux fesses, maintenant ils sont très courts. Il a perdu tout le blond doré de ses belles bouclettes… Un autre choc pour maman!

L’autre changement qu’il voulait faire le plus rapidement possible, c’était de cacher ses seins. Sa sœur jumelle, Mathis et moi sommes partis à Montréal, dans une ressource pour personnes trans pour qu’il puisse faire l’acquisition d’un chest binder (camisole d’un tissu extrêmement rigide qui permet de cacher ses seins) Nous étions tous les trois dans la salle de bain lors de l’essayage. On a eu quelques fous rires, ça nous a fait du bien.

Mais ça ne s’arrêtera pas là! Mathis veut se faire enlever les seins à dix-huit ans! Un ostie de gros choc pour Maman!

Je trouve ça pénible de savoir que mon enfant va souffrir physiquement lors de cette intervention. Même si je sais que présentement et depuis quelques années, il souffre psychologiquement. C’est comme un point de non-retour!

La sexologue nous a donné le numéro de la clinique du Dr Gosh. Il est le seul pédiatre au Québec spécialisé en la matière. L’attente fut longue pour Mathis. Il s’est mis en colère à plusieurs reprises, car ça n’allait pas assez vite pour avoir un rendez-vous, et c’est moi qui payais pour cela. Il devenait agressif envers moi. Une chance que j’avais du soutien moi aussi de la part de la sexologue et qu’elle m’aidait dans tout ce cheminement.

J’avais aussi besoin de m’exprimer sur ce que j’étais en train de vivre comme maman. J’avais besoin de comprendre, j’avais besoin de pleurer, j’avais besoin de dire tout haut ce que j’avais sur le cœur, sans jugement, sans taire ce qui me blessait au plus profond de mon être.

Mon bébé a choisi de vivre une vie différente de celle que je lui ai offerte.

Mon bébé a choisi un chemin de vie difficile. Et j’ai peur pour lui.

Peur qu’il souffre des commentaires et des jugements des autres. Peur qu’il ne trouve personne pour l’aimer comme il le mérite, peur qu’il vive de l’intimidation, peur qu’un jour il regrette…

Nous avons posé nos questions, Mathis aussi! Nous sommes repartis avec une requête pour des prises de sang et une prescription pour des bloqueurs d’hormones (transition médicale). Mathis a encore le temps et le droit de changer d’idée à cette étape. Mais je ne crois pas qu’il le fera. Mais pour moi, c’est rassurant! Il est très heureux de savoir qu’il n’aura plus à subir de cycle menstruel.

Prochaine étape, ce sera la thérapie hormonale qui va commencer autour du mois de juin.

Je m’arrête ici, car j’essaie de vivre une étape à la fois. Le « ici et maintenant »! Le moment présent!

Ha oui! Mathis est un jeune homme qui pogne avec les filles. Merci aux parents qui vont peut-être croiser le chemin de mon fils. Merci d’être ouverts d’esprit, merci de l’accepter, de ne pas porter de jugement. Merci de respecter le choix de vie de votre fille, de respecter mon enfant. Nous les adultes avons souvent peur des différences, peur de ce que nous ne connaissons pas, peur des qu’en dira-t-on. Mais donnez-vous la chance de connaître mon enfant, il est et il sera un homme d’une belle droiture.

Line Ferraro