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À toi mon p’tit homme – Texte : Caroline Lortie

  Tu n’avais même pas 24 heures de vie encore que je savais qu’il y avait quelque chos

 

Tu n’avais même pas 24 heures de vie encore que je savais qu’il y avait quelque chose qui « clochait ». Tous les tests auditifs et visuels ont été rapidement faits.

Dès ce moment, un long parcours nous attendait. Dès tes premiers mois, certaines sphères de ton développement prenaient du retard tandis que d’autres évoluaient à la vitesse grand V.  En accord avec ton pédiatre, nous sommes directement allés vers le Bouclier, un centre de réadaptation pour enfants. Tes difficultés langagières étaient lourdes et plusieurs autres petits retards étaient soulevés.

Mais on parlait toujours de retard… donc, tout serait rapidement rattrapé. Plus le temps avançait et plus tes petites fesses n’arrivaient pas à rester sur une chaise et plus les papillons ou les coups de vent tout simplement faisaient qu’il t’était impossible de rester concentré sur une tâche plus de 20 secondes. Avec une équipe formidable, avant ton entrée à la maternelle, nous avons pu pallier tes retards intellectuels, mais deux points restaient à démystifier… ta concentration et ta bougeotte !

Les quatre lettres flottaient déjà dans l’air. T-D-A-H. Tu n’avais même pas encore 5 ans.

La maternelle est arrivée. Tu étais tellement surexcité tout le temps d’apprendre, d’être avec tes amis, de voir madame Gabrielle ! Les journées de pluie durant lesquelles tu devais rester à l’intérieur étaient un vrai calvaire pour toi. Mais on trouvait des moyens de te faire dépenser ton énergie de guépard dans ton petit corps de 5 ans.

L’école primaire est arrivée. Durant ta première année, tes enseignants et nous-mêmes avons vite compris que l’école serait difficile pour toi. Ouf ! Devoir rester en place et écouter un adulte parler durant des heures était mission impossible pour toi. Même avec tout le sport, les trucs, les attentions particulières.

Tu revenais le soir en ayant mal à la tête, en me disant que la souris dans ta tête courait beaucoup trop vite et qu’elle t’empêchait d’écouter en classe…

Te voyant si désespéré, nous avons accepté la médication. Ton médecin, tes profs et les professionnels de l’école étaient tous du même avis. Tu avais besoin d’un petit coup de pouce.

L’entente était celle-ci : le médicament pendant la semaine, et relâche les weekends. Il faut dire que cette petite molécule te coupait totalement l’appétit et te voir ne rien avaler de la journée nous était pénible.

J’ai retrouvé mon p’tit homme tellement heureux et souriant ! Enfin, tu arrêtais de te faire sermonner sans arrêt de te rassoir sur ta chaise. Enfin, tu arrivais à écrire correctement. Enfin, tu réussissais tes dictées…. tes exercices… tes apprentissages !

Et comme l’effet de la fameuse pilule s’estompait le soir, tu retrouvais ton énergie de petite tornade !

C’est pas facile, mon coco. Et nous en sommes tellement conscients. T’as pas toujours envie de la prendre ta torpinouche de pilule le matin parce que tu veux manger tes lunchs… parce que tes amis te parlent de tes médicaments….

C’est pas facile de te voir comme ça non plus. Tout doux, tout calme. Mais, quand tu me dis que ta petite souris arrive enfin à rester en place pour écouter ce qu’on a à te dire et que c’est facile maintenant pour toi de ne pas bouger et rester concentrer, ça console mon cœur de maman.

C’est pas facile de se faire dire qu’on « bourre notre enfant de chimique ». Mais, on sait nous, ce que ta souris est capable de te faire… et on ne veut plus que tu pleures à cause de ça.

Mon beau Gabriel, tu es maintenant un grand garçon de 9 ans. Tu es un futur joueur de soccer vedette. Tu arrives maintenant à te faire des amis. Tu pètes des scores à l’école sans besoin de te forcer à en avoir mal à la tête. Je t’aime tellement, toi, ton TDAH et ta petite souris dans ta tête 😉

Caroline Lortie

 

Chaque enfant est maître de son destin. Texte: Eva Staire

Chez nous, il y a un principe très clair : chaque enfant est maître de son destin. Chacun a sa per

Chez nous, il y a un principe très clair : chaque enfant est maître de son destin. Chacun a sa personnalité, ses préférences et ses goûts, et on essaie le plus possible de les encourager à les respecter dans toute cette unicité. Au quotidien, ça fait surtout qu’on refuse d’inscrire nos enfants en bas âge à toutes sortes d’activités que nous, comme parents, on pourrait juger bonnes pour eux. C’est justement à eux de se développer, d’essayer des trucs et de faire des demandes pour s’inscrire à telle ou telle activité. Ce n’est pas à nous de décider pour eux.

Je n’inscris pas mes enfants à 3 ou 4 ans au soccer, ni au hockey, ni au patinage artistique, ni au ski, ni à la natation… Je sais, je suis étrange comme parent. Bien sûr, je veux que mes enfants bougent, parce que je trouve ça primordial pour leur santé. Alors comment on fait? On va marcher en montagne chaque fois que c’est possible, tous ensemble. On bâtit une patinoire dans la cour extérieure et les enfants y vont, pour s’amuser, chaque fois qu’ils le veulent. On va marcher ensemble dehors après le souper. On va faire du vélo en famille. On a tous nos vélos, nos patins, nos skateboards et nos trottinettes. On bouge, parce que c’est l’fun, pas parce qu’il est samedi matin, 9h00, et qu’on y est forcés parce que le cours commence…

Je ne suis pas du tout contre les activités de groupe. Je suis contre le fait les y inscrire « parce que ». « Parce que je trouve ça important comme parent ». « Parce que je veux qu’ils bougent ». « Parce que je veux qu’ils essaient des nouveaux trucs… » « Parce qu’il faut bien qu’ils apprennent ». Tout ça, à mes yeux, ce ne sont pas des raisons valables pour les inscrire à des activités… Si je veux que mes enfants essaient de nouveaux trucs et fassent de l’activité physique, et bien c’est simple, je le fais avec eux. Parce qu’un enfant apprend avec des modèles, et pas avec de belles paroles.

Alors oui, mes enfants font des activités. L’une de mes enfants a commencé la danse vers 4 ans, parce qu’elle adorait la musique. Elle était inscrite au centre communautaire, pour s’amuser. De la musique, des belles couleurs, des lumières et du plaisir. Pas de compétition, pas de niveau. Ça, ça collait avec ce qu’elle voulait vraiment. Elle m’a demandé quand elle avait 7 ans d’apprendre à jouer du piano, parce qu’on en avait un qui prenait la poussière à la maison et qu’elle le trouvait magnifique. C’est venu d’elle, et c’est tout ce que je voulais.

Pour une autre de mes enfants, ça a été autre chose. Elle a essayé la danse, parce qu’elle prenait sa grande sœur comme modèle. Elle a essayé, une ou deux sessions. Puis bof. Ça ne lui disait plus et c’était bien correct comme ça. Elle est tombée en amour avec une chanteuse populaire (Roxane Bruneau, pour ne pas la nommer) et elle a voulu apprendre la guitare pour pouvoir jouer comme elle. Alors go pour la guitare.

Ma plus jeune adore les animaux. Elle aurait envie de jouer de tous les instruments de musique, mais elle avoue elle-même qu’elle n’a pas la patience d’essayer de se concentrer. Elle, son coup de cœur, ça a été l’équitation. On a trouvé un petit ranch près de la maison qui lui donne des cours spontanément, quand elle en a envie. Pas de compétition, pas d’obligation. Et je pense sincèrement que pour une enfant de 6-7 ans, c’est ça l’idéal.

Mes enfants ne sont pas intéressés à s’inscrire aux activités sportives. Et ce n’est pas parce qu’ils n’aiment pas le sport. C’est juste qu’on bouge tellement tous ensemble qu’ils ne ressentent pas le besoin de le faire par obligation… Et je suis honnête avec moi-même, ça fait aussi bien mon affaire. Je lève mon chapeau à tous les parents qui passent leurs samedis matins dans les arénas, leurs mardis soirs dans les gradins au parc et leurs jeudis soirs entre deux transports. Honnêtement, je ne suis pas prête à faire ça uniquement par principe de faire essayer un sport quelconque à mon enfant. Et là, plusieurs parents vont se fâcher en disant que leur enfant adore son sport et que ça lui apprend plein de choses… Si ça vous convient, c’est génial. Ce que je dis, c’est que moi personnellement, je veux attendre que mon enfant ait une passion et l’encourager autant que possible, c’est tout. Je refuse de lui indiquer une route à suivre. On voit trop d’enfants qui continuent pour faire plaisir à leur parent. On voit trop de parents qui se voient dans leur enfant et qui aurait souhaité avoir la même chance plus jeune. On voit trop d’enfants qui disent à leurs parents qu’ils aiment ça, mais qui disent le contraire à leurs amis.

Je sais bien que plusieurs vont avoir envie de me lancer des roches. J’imagine que je suis habituée… la différence attire la haine de tellement de gens. Plusieurs vont se sentir jugés ou visés par mes propos, alors que ce n’est absolument pas le cas. Ce que je dis, c’est que je veux que mes enfants choisissent eux-mêmes ce qui les passionne dans la vie. Rien de plus, rien de moins.

Plusieurs me disent qu’il faut que mes enfants essaient les activités, pour savoir s’ils aiment ça ou non et pour qu’ils connaissent leurs choix possibles. Je ne suis pas d’accord. Je ne connais aucun adulte qui n’a aucune idée de ce qu’est le hockey, la danse, le soccer, le piano, le ski… En revanche, je connais des adultes qui se découvrent des passions justement parce qu’ils essaient des trucs qu’ils aiment en vieillissant. Je n’ai pas besoin d’essayer d’apprendre le violon pour savoir que je n’aime pas ça. Et à mon avis, c’est sous-estimer la connaissance de soi de mes enfants que de prétendre qu’ils ne savent pas ce qu’ils aiment vraiment.

Alors voilà, je veux que mes enfants prennent leurs propres décisions dans la vie. Ça vaut pour les activités, ça vaut pour les programmes scolaires, ça vaut pour leur profession… Je pense que mon rôle de parent, c’est de les soutenir et de les encourager. Je veux simplement qu’ils aient le choix, un réel choix. Peu importe leur âge et leur sexe. Je veux qu’ils aient leur vie en main et je pense que ça commence quand ils sont tout petits…

Eva Staire

Toutes ces choses que je n’aurais jamais pu t’apprendre… Texte : Karine Lamarche

Tu es loin, privé de tes amis, de ton univers que tu te plais parfois à bouder, mais qui te manque

Tu es loin, privé de tes amis, de ton univers que tu te plais parfois à bouder, mais qui te manque atrocement, pourtant.

En sécurité, en mou, dans la chaleur de ton foyer, tu es là, fidèle au rendez-vous.

Je comprends que peut-être, parfois, tu as le sentiment d’apprendre moins. Pourtant, je t’assure, tu apprends, mais autrement !

Cette pause de ta vie scolaire t’oblige à t’adapter, à te débrouiller. Apprendre la vie, c’est important, ça aussi.

Quand papa et maman sont occupés et que moi, je ne suis pas disponible, il t’arrive de devoir trouver une façon d’arriver à tes fins par tes propres moyens. Trouver un accent sur le clavier, se rappeler la démarche pour me faire parvenir ton travail, réchauffer ton dîner, peut-être ! Le cuisiner, même ! Te présenter à l’heure à chacune de nos rencontres. ☺️ Organiser ton travail de façon beaucoup plus autonome que tu ne le ferais à l’école, gérer ton temps.

Tu sais, ce sont des choses que je ne peux t’apprendre à l’école. La vie, ça s’apprend quand on a le nez dedans.

Je veux simplement te dire que je vois bien tous tes efforts, que je suis fière de toi. J’aime te voir interagir avec tes amis dans les salles virtuelles ; je te trouve tellement bon ! Tellement grand !

On aura fait un petit bout de chemin spécial ensemble et je voulais t’en jaser un peu. Tu sais, les adultes autour de toi, et j’en fais partie, sont fatigués de toutes ces règles. Cependant, je ne suis pas d’accord lorsqu’ils prétendent que tu n’apprends pas. Tu apprends plein de choses ! Il n’existe pas de diplôme pour les qualités que tu développes en ce moment.

La récompense se trouve en toi.🌟

Continue ! On se revoit très bientôt ! 💕

 

Karine Lamarche

Enseignante

 

Je ne veux pas que ça finisse!

Ne me lancez pas des roches (de toute façon, je suis à plus de deu

Ne me lancez pas des roches (de toute façon, je suis à plus de deux mètres). Pas tout de suite, en tout cas. Attendez au moins d’avoir lu jusqu’au bout.

Le confinement, je ne veux pas que ça finisse (à quelques détails près).

Le coronavirus, oust. DÉGAGE! Tu nous fais mal, tu déjoues nos efforts et nos lavages de mains.

Les questionnements angoissants : Jusqu’à quand le compte en banque résistera‑t­‑il à la perte d’emploi? Le test, il est positif ou négatif? Qui nous appelle au milieu de la nuit?… Tout ça, on le jette aux poubelles, que dis-je, au déchiqueteur.

Les humains qui tombent comme des mouches, comme dans la chanson « Plus rien » des Cowboys fringants : on fait un reset, on arrête le carnage!

Les mourants que personne ne veille parce qu’ils ne peuvent pas être les bienvenus, les funérailles où seul le mort est invité, c’est trop. C’est inhumain, insupportable.

Les statistiques qui roulent en boucle aux nouvelles : la courbe, on ne veut pas l’aplatir, on veut l’écrapoutir.

À tous ceux qui vivent les contrecoups de la pandémie (bref, tout le monde, genre, tout humain qui habite sur la planète Terre en ce moment), sachez que je suis de tout cœur avec vous en pensées, en ondes et en tout ce que vous voudrez.

 

Mais pour le reste? J’ose dire que j’en prendrais encore longtemps :

Des tonnes de câlins matin, midi et soir avec mes cocos, n’importe quand!

Des journées en famille, en pyjama ou pas, go! User mes pantoufles, j’adore ça!

Aucune obligation sociale, même pas celle de se maquiller…

Pas de centres commerciaux pour aller dépenser (désolée pour l’économie mise à mal ; ce n’est rien contre les entrepreneurs ni les employés… c’est juste que je suis mieux dans mon cocon que coincée dans le capitalisme)…

Pas de parades de conducteurs stressés deux fois par jour, pas de nervosité à l’idée d’arriver en retard à un rendez-vous ou à l’école, pas de « dépêche‑toi », pas de « tabarouette, l’essence a encore monté »…

La chance de télétravailler aux côtés de mon amoureux (et de créer des stratégies pour rester concentrés)…

Pas de taxi-mom, pas de papou-taxi…

Des repas partagés, des recettes inventées, mille occasions de s’entraider…

La permission de vivre et d’apprendre au rythme de chacun, pas de pression, pas d’évaluations…

Pas d’appels de l’école pour discuter d’un comportent dérangeant ou d’un devoir non remis (un soulagement, je vous dis!)…

Mon rêve d’enseigner à mes enfants, même si dans ma tête, ça ne se passait pas comme ça…

Du temps en quantité pour écouter mes enfants, les entendre rire, accueillir leurs plaintes (« C’est long, maman! Quand est-ce qu’on retourne à l’école? ») et trouver des solutions, pour observer leurs défis, leurs progrès, pour combler leurs besoins et les convaincre que les autres aussi en ont…

Des semaines intensives de maternage pour analyser l’impact de mes interventions parentales, pour admirer les fleurs qui poussent et ajouter un tuteur là où la tige a poussé croche…

Du soleil pour jouer, de la pluie pour danser, de la neige pour se blottir au chaud avec un bon roman…

Le ciel qui se dégage, les rivières qui retrouvent leur transparence, la planète qui arrête de trembler de peur…

Le temps de prendre le temps…

Tout ça, j’en prendrais encore longtemps. Plus la permission d’aller voir ma maman.

Nathalie Courcy

Apprendre constamment

Quel processus fascinant que celui de l’apprentissage, n’est‑c

Quel processus fascinant que celui de l’apprentissage, n’est‑ce pas? Apprendre à apprendre quelque chose de nouveau. C’est d’ailleurs ce que j’adore du milieu de l’éducation : un milieu humain en constante évolution.

En février 2018, j’ai pour la #1ereFOIS fait l’expérience de la planche à neige. J’ai adoré! Il nous a suffi d’une initiation gratuite en planche pour les enfants et moi pour transformer l’expérience en cadeau de Noël pour les enfants la même année. Comme on ne veut pas être des « parents estrades », on s’est nous aussi équipés en planches. On s’est dit : on sera au même niveau qu’eux, débutants! On va se le dire, ils pognent ça beaucoup plus vite que nous. Je rectifie, ils apprennent beaucoup plus vite que moi. Une chute m’avait sérieusement ralentie dans mon élan d’enthousiasme et d’espoir d’être une fière planchiste. Et une peur s’est installée. Quel combat fascinant, celui qui nous oppose à nos peurs.

« Ok, j’y vais… »

« Euh. Non! » (J’ai peur 😫). Je plonge par terre.

Ok, je me relève et je recommence. Ce sera sûrement la bonne fois.

Non, c’est pas mieux.

Je me décourage.

« Fudge, comment y arriver?! »

J’étais tellement découragée que j’ai pensé revenir au ski. Au diable l’ambition d’apprendre quelque chose de nouveau. Je suis bien en ski, pourquoi tenter le snow? La famille m’attend durant chaque descente. Je me sens tellement nulle. J’avais le sentiment d’efficacité personnelle dans les talons 😥😫😔. Pourtant, je sais bien que c’est en traversant cette barrière de peur et en pratiquant que je pourrai un jour vivre une première descente satisfaisante. Je sais bien que c’est en pratiquant que je pourrai progresser. Je sais bien que c’est en croyant en moi que j’aurai le courage de me lancer et de faire mon premier virage. Je sais bien et pourtant… Comment gagner confiance en moi pour me lancer en toute sécurité?

J’avais besoin d’être accompagnée. J’ai suivi un cours d’initiation. 🏂 Et voilà! C’est rentré dans le muscle ou plutôt dans les muscles. Outch! J’ai eu les mollets et les cuisses en feu. Ça fait partie du processus d’apprentissage. Utiliser des muscles moins sollicités, respecter ses limites et les repousser en même temps. Tout est une question de doux dosage, comme disait un grand pédagogue que j’ai eu le bonheur de côtoyer. Dans ma pratique professionnelle, je dis souvent : quand ce que tu fais ne fonctionne pas, fais autre chose. C’est tellement aidant d’apprendre auprès de quelqu’un qui connaît le chemin à parcourir pour atteindre ton objectif et qui croit que tu pourras y arriver.

En une heure, ma monitrice m’a expliqué.

Elle m’a fait essayer.

Elle m’a encouragée.

Elle m’a conseillée.

Elle m’a regardée pratiquer.

Elle m’a questionnée.

Elle m’a tenue pendant mon premier virage.

Elle m’a rassurée.

J’ai tenté seule et j’ai réussi.

Au terme de mon cours, je suis lancée avec confiance dans la Familiale! 😎 J’ai réussi les plus beaux virages en « S » de toute ma vie… de planchiste! JOIE!

Cette expérience me donne le goût d’apprendre constamment! C’est pas tous les jours que je débute quelque chose de complètement nouveau qui m’oblige à apprendre à partir de zéro. J’ai maintenant la volonté de continuer d’apprendre à apprendre et vivre encore une foule de #1ereFOIS.

Je me suis fait un cadre sur lequel j’ai inscrit :

Vis simplement

Aime inconditionnellement

Apprends constamment

Ce sont les cibles au cœur de mes actions pour 2020 dans toutes les sphères de ma vie.

Ça me rappelle d’entreprendre mon rôle de mère comme une guide auprès de mes enfants qui vivent et vivront plusieurs expériences pour la première fois. Je vous partage les grandes lignes qui décrivent comment je vois mon rôle. Souligner leurs forces, les encourager à s’entraîner, à pratiquer et à prendre des risques. Leur rappeler d’essayer et d’ajuster leur cible en ayant en tête de continuellement s’améliorer. Ils feront des erreurs, c’est inévitable, et nous ferons en sorte que ce soit bénéfique. Les encourager à être dans l’action, ça aide à trouver sa voie.

Dans ce processus, j’espère qu’ils apprendront à écouter leur cœur, à être patients, à avoir foi en eux, en la vie. Parce que je souhaite sincèrement qu’ils soient conscients et responsables de leurs choix. Parce que chaque décision a un impact tant sur eux-mêmes que sur les autres.

Stéphanie Dionne

 

« Congé de lecture »

Mes deux plus grandes filles vont maintenant à l’école primaire.

Mes deux plus grandes filles vont maintenant à l’école primaire. Nous avons vu passer près d’une dizaine d’enseignantes dans leurs vies scolaires depuis le tout début. Nous avons rencontré des femmes passionnées qui leur ont donné envie de lire, d’écrire et d’apprendre… Et personnellement, c’est ce que je trouvais le plus important. Moi aussi, j’enseigne. Moi aussi, j’essaie d’user de pédagogie pour transmettre des savoirs. Mais ce n’est pas l’enseignante ici qui vous écrit. C’est la maman.

Parce qu’en tant que maman, je vais peut-être vous choquer, mais je m’en fou un peu de ce que mes filles apprennent à l’école. Ce qui m’importe, c’est bien plus « comment » ça leur est transmis. Je pense qu’elles ont encore beaucoup de temps devant elles pour apprendre des notions de mathématiques ou des accords de français. Mais il y a une chose qui doit leur être transmise tous les jours : L’envie d’apprendre. Cette soif d’apprendre, de découvrir, d’être curieuses et de remettre les choses en question, ça, c’est le plus important. Les amener à réfléchir, à penser par elles-mêmes, à philosopher… À avoir envie d’en apprendre encore plus tous les jours. Pour moi, c’est ça le plus important à l’école. Parce que quand on apprend dans le plaisir, tout est mémorisé beaucoup plus rapidement et efficacement.

J’ai une grande fille de 9 ans qui lit à une vitesse impressionnante et qui a un vocabulaire vraiment riche. Mais par-dessus tout, elle aime lire. Que dis-je? Elle adore lire. Elle lit tous les jours en arrivant de l’école, pas parce que je lui demande, mais juste parce que ça l’aide à se détendre. Ça calme son anxiété. Ça l’aide à gérer ses émotions. La lecture lui permet de s’évader le temps d’un roman. Et des romans, elle en lit des tonnes ! Cet amour de la lecture évidemment est encouragé chez nous et transmis également aux plus jeunes. Parce qu’en tant que maman, je pense que la lecture ouvre tout un monde d’apprentissages et de réflexions.

Mais cette année, les méthodes utilisées par l’enseignante de ma fille viennent heurter mes valeurs… Elle a une enseignante qui a beaucoup d’expérience. Elle utilise ses bonnes vieilles méthodes depuis des décennies. Mais ce n’est pas parce qu’on a l’habitude de faire quelque chose que c’est forcément la bonne chose à faire… Pour la première fois depuis cinq ans, ma fille doit s’asseoir pour faire plus de trente minutes de devoirs tous les soirs. Il y a 20 minutes de lecture obligatoire tous les soirs. Sauf le vendredi, où c’est écrit dans son agenda : « Congé de lecture. »

Ma fille adorait faire des exercices en devoirs. Parce qu’il n’y avait aucune obligation. L’été, elle me suppliait d’aller lui acheter des cahiers d’exercices et de lui imprimer des mots croisés sur Internet. Elle lisait aussi tous les soirs parce qu’elle adorait ça. Ça ne fait qu’un mois que ma fille est avec sa nouvelle enseignante et ça fait déjà des ravages sur son envie d’apprendre… Elle a bien retenue ce que son enseignante lui enseigne : La lecture est un devoir, une corvée. Maintenant, elle fait ses devoirs en pleurant et en rageant de fatigue. Elle refuse de lire du vendredi au lundi, parce que tsé, c’est pas obligatoire. La lecture qui était pour elle une grande passion est devenue une corvée.

« Congé de lecture. » Ces petits mots ont marqué son esprit. Parce qu’un congé, c’est forcément une pause de quelque chose de désagréable. Congé de travail. Congé de devoirs. Congé de tâches ménagères… Pourquoi ne pas écrire « Lecture pour le plaisir » ? Ces petits mots ont tellement de pouvoir…

La semaine dernière, ma fille a fait une dictée sans faute. Qu’elle était fière d’elle ! Parce qu’elle adore écrire. Parce qu’elle sait qu’elle est bonne là-dedans et que ça lui fait du bien. Et bien vous savez ce que son enseignante lui a donné comme récompense ? Oui, vous l’aurez deviné… « Congé de dictée. » La dictée que ma fille aimait tant. La dictée, qui pour elle, n’avait jamais représenté un examen où il faut se stresser. Ce n’était pour elle qu’un autre exercice pour le plaisir. Ma fille m’a demandé pourquoi elle était punie d’avoir eu 100% à sa dictée… Pourquoi elle n’avait pas le droit de faire la dictée la semaine prochaine… Et elle avait vraiment de la peine. Encore une fois, ce simple « congé de dictée » lui apprend que la dictée doit être vue comme une tâche, un devoir, un fardeau.

Mon cœur de maman trouve le début de l’année bien difficile… Parce que ma fille ne se plaindra pas à l’école. Elle va encaisser sans rien dire et continuer de sourire à son enseignante parce qu’elle veut lui plaire. Mais moi tout ce que je vois, c’est la petite graine que cette enseignante a planté dans son esprit fertile… Cette petite graine qui germera trop vite… Et dans quelques années, quand ma fille aura une boule d’anxiété dans le ventre devant chaque examen, quand elle lira à reculons les livres obligatoires en français et que je devrai tenter de la soudoyer pour qu’elle accepte de faire ses devoirs, et bien je saurai où tout ça a commencé. Parce que quand on plante des petites graines dans les esprits de demain, il faut savoir qu’on a énormément de pouvoir sur leurs avenirs. Et les petits mots sont si puissants…

Je veux être optimiste. Je continue de dire à ma fille qu’elle passera une belle année avec son enseignante. Je lui parle des projets qui s’en viennent dans sa classe. Je mets l’accent sur le positif. Parce que j’essaie à mon tour de planter quelques graines… Je sais qu’être enseignante est exigeant et que ces femmes ne comptent plus leurs heures depuis des années. Je sais qu’elles sont sous-payées et qu’elles méritent tellement plus de reconnaissance. Je sais que c’est une profession vraiment difficile et que plus les années avancent, plus le système scolaire est fragile. Mais ma fille ne vivra cette année qu’une seule fois dans sa vie… Et les idées qu’on lui transmet resteront à jamais… Je fais le choix de faire confiance à son enseignante. Ce n’est peut-être qu’un début d’année difficile… Ses méthodes vont peut-être changer… J’espère seulement qu’elle réalise tout le pouvoir qu’elle a entre les mains, chaque jour. Et avec des grands pouvoirs, viennent de grandes responsabilités…

Eva Staire

J’ai trois ans et un travail à temps plein

Un jour, je serai grande et j’irai passer mes journées assise en

Un jour, je serai grande et j’irai passer mes journées assise en classe, devant une enseignante qui me remplira de connaissances et d’habiletés pour pouvoir être indépendante et travaillante. Je choisirai une profession qui me correspondra. Mais avant tout ça, je dois travailler. J’ai trois ans et je travaille à temps plein. En milieu de garde. Déjà. Et parfois, au‑delà des quarante heures. Et ce, sans salaire. Sauf la plus belle des occasions d’apprendre et d’évoluer dans un milieu sain et bénéfique pour mon développement.

Toi, du haut de ton âge, tu penses que je joue à longueur de journée. Pourtant, j’acquiers un tas de connaissances qui me permettent de me développer.

On se lève plutôt tôt. Trop tôt même. Comme c’est toi qui m’amènes au boulot, je dois respecter ton horaire. Déjeuner, m’habiller, faire ma toilette et entendre à répétition « GOOOOOO! Je vais être en retard. » Comme s’il n’y avait que toi qui travailles… Puis, direction le service de garde. Je vais t’avouer qu’il y a des jours où j’aimerais mieux rester au lit. Mais tu me ramènes rapidement à la réalité… sécher mes larmes, faire ma grande de trois ans et accepter que la journée soit longue sans toi. Chacun de notre côté, nous travaillerons. Toi pour gagner des sous et moi, pour un jour en gagner aussi.

Tu n’as pas si tort en disant que je vais jouer. Mais sais-tu que jouer me permet de créer une liaison entre toutes mes sphères de développement? Je combine mes idées, mes intuitions, mes déductions. J’apprends à avoir une opinion, à analyser selon les expériences que je vais vivre tout au long de ma journée. Plus je vais grandir, plus cela va évoluer, se complexifier. Mon jugement et mes capacités d’analyse.

Là, je vais te parler de termes que tu ne connais probablement pas. Il s’agit de mots scientifiques pour exprimer ce que je fais comme travail. Je développe :

Mes habiletés motrices. Apprendre par des jeux à développer mes mains, mes doigts. Un jour, je pourrais bien tenir un crayon et me mettre à écrire sans cesse. C’est important de savoir bien tenir les objets dans ses mains. Savoir les diriger pour exécuter les bonnes actions. Tu sais que ça prend une bonne dextérité pour être chirurgien?

Les habiletés intellectuelles : Apprendre à analyser et à déduire. Me construire une logique. Apprendre à gérer mon temps. Planifier. Ça requiert beaucoup, énormément de pratique. De répétition, d’exécution. Rien de moins pour construire une base en mathématique.

Les habiletés sociales : On ne vient pas au monde avec des habiletés sociales. Je dois les apprendre, pour ainsi communiquer facilement. Je dois d’abord être en mesure de bien parler, faire des demandes, comprendre ce que veut dire « à tour de rôle ». Je pourrai ainsi mieux communiquer, mais aussi interagir avec mes collègues de la garderie et avec vous, chers parents.

Les habiletés langagières : Le langage, ce n’est pas qu’émettre des sons. C’est aussi être en mesure d’entendre, de comprendre pour ensuite être en mesure répondre. Mais pour répondre, je me dois de construire un bon vocabulaire diversifié. Pour cela, je dois entendre de nouveaux mots et les associer pour ensuite les mettre en application.

Les habiletés affectives. Ces habiletés qui vont me permettre de mieux me connaître pour ainsi être capable de bien gérer mes émotions. Connaître mes limites. Reconnaître que je suis bonne et aimée, pour ainsi forger mon estime. Tu sais que si j’ai de bonnes habiletés affectives, j’ai plus de chance de persévérer à l’école et de me rendre loin dans mon cheminement scolaire? Je serai en mesure de mieux gérer le stress, la colère. J’aurai plus d’empathie.

L’adulte ou le plus grand que moi m’aide en m’orientant, mais aussi en me laissant deviner. Il me laisse choisir pour que je puisse déduire par moi-même. Lorsque j’explore, c’est moi qui m’amène à mieux comprendre le monde qui m’entoure et dans lequel j’habite. J’assimile plus rapidement. Je bâtis peu à peu mon estime personnelle. Pour cela, j’ai besoin d’encouragements et de patience. Je sais, je sais, je ne suis pas toujours l’employée du mois, mais bon, j’essaie fort.

J’apprends énormément sur des tas de trucs différents en même temps et parfois, cela me fatigue. Je deviens alors moins patiente. Je sais que cela te demande beaucoup de m’expliquer encore et encore. De nommer le sentiment qui m’habite pour que je puisse comprendre ce qui se passe en moi. À la longue, je finis par tout mélanger. C’est l’expérience qui rentre!

Pour mieux m’aider à être une employée efficace, j’ai grandement besoin de toi. Toi l’adulte. J’ai besoin que tu définisses une routine autour de mes journées. Je vais donc ainsi associer plus rapidement avec celles‑ci l’ordre des choses. Mentalement, mon cerveau va se préparer et je pourrai mieux anticiper ce qui m’arrive. Je sais, pour toi c’est acquis et tu ne vois pas l’importance de bien te sentir là‑dedans, mais moi, ça m’aide à devenir autonome. Et qui dit « autonomie » dit « ça va goaler les matins pressés ».

Et le dodo! Si tu savais, j’en ai tellement besoin!! Tu sais que mon cerveau travaille encore lorsque moi je dors? Tout ce que j’ai enregistré durant la journée, mon cerveau profite de ce petit calme pour tout mettre en place pour que dès demain je puisse m’y référer vitement. Je continue de grandir et tout mon système se réinvente, se refait. Ça m’évite d’attraper des petits microbes, car mon système est plus fort. J’ai déjà essayé, mais, lorsque je suis malade, je ne suis pas efficace au travail.

Sais-tu qu’il est prouvé que passer plus de quarante heures en service de garde peut m’amener à être plus agressive? Un peu comme toi, passé tes quarante heures au boulot, tu le dis souvent à la maison que c’est vraiment éreintant. Je te comprends donc! C’est pour cela que j’attends, moi aussi, les vacances pour décrocher de la routine de mon emploi. J’en ai besoin pour faire un arrêt et ensuite reprendre le boulot en forme, remplie d’une bonne et belle énergie. Pour me soustraire du bruit du service de garde. Il paraît que le bruit en garderie équivaut au bruit en décibels d’un marteau piqueur qui fracasse l’asphalte. C’est difficile d’apprendre et d’assimiler dans autant de bruits.

Merci à vous, papa et maman, de considérer mon temps en milieu de garde comme mon milieu de travail. Là où j’apprends, je grandis et j’évolue. Là où ma paye se mesure à grands billets de laissez-passer pour un avenir meilleur.

Mylène Groleau

 

Quand il prend le volant

Un jour, avant même que tu aies eu le temps de réaliser, ton enfan

Un jour, avant même que tu aies eu le temps de réaliser, ton enfant prend le volant. Il s’assoit fièrement à gauche du véhicule, en avant… il met les clés dans le contact, attache sa ceinture, règles ses rétros et te regarde les yeux brillants :

– On y va maman? Tu es prête?

NON JE NE SUIS PAS PRÊTE!!!

Je lui souris tendrement…

– Bien sûr, je suis prête, quand tu veux champion!

Tu es assise à droite, la main serrée beaucoup trop fort sur la poignée de la porte, le pied collé sur un frein imaginaire, le cerveau en alerte, le cœur qui débat et la trouille au ventre.

Pourtant, tu souris paisiblement…

Tu dois mettre ta progéniture en confiance, l’accompagner, lui enseigner, lui faire confiance…

C’est quand mon enfant a, pour la première fois, pris le volant, que j’ai réalisé à quel point mes parents avaient été de bons accompagnants! Eux aussi ont frôlé la crise cardiaque lors de la première sortie! Pourtant, avec patience et calme, ils m’ont montré…

Jamais le terme « lâcher prise » n’a eu autant de sens pour moi. Les trois premières sorties, j’ai manqué d’air et j’ai failli mourir de peur dix fois! J’ai vite compris l’importance d’une communication claire et précise.

J’ai réalisé que, depuis des années, mon enfant m’observe quand je conduis… depuis qu’il est tout petit, il attend ce moment et me regarde aller. Il met en place les mêmes techniques. Il absorbe depuis tout ce temps mes qualités et aussi mes défauts…

Nous sommes un exemple. Soyons un exemple sécuritaire et respectueux sur les routes. Car nos enfants adoptent nos comportements…

Acceptons aussi de nous remettre en question. Nos enfants nous montrent eux aussi le chemin.

Avec la pratique et le temps, je me sens bien avec mon enfant derrière le volant. Je suis fière de ce cheminement vers son autonomie. Pis… j’ai pas vraiment hâte aux nouveaux défis que l’hiver va nous apporter sur la route!

Gwendoline Duchaine

 

Je ne savais pas

J’ai toujours su que je voulais être maman. J’étais enfant et

J’ai toujours su que je voulais être maman. J’étais enfant et je le savais. On rit encore, mon amie et moi, de nos discussions au secondaire. Elle, à quinze ans, disait ne pas vouloir de bébé parce qu’elle ne voulait pas accoucher. Et moi, gentiment, je riais d’elle et je lui assurais le contraire. (Elle est d’ailleurs maman, maintenant.)

Avant de faire mon premier test de grossesse, je savais que j’étais enceinte. Quand j’ai vu le +, j’ai eu un petit vertige. J’étais enceinte. C’était vrai : j’allais être maman. J’ai pris le téléphone et j’ai appelé l’amie qui, à quinze ans, ne voulait jamais accoucher. Dire qu’elle est maintenant la marraine de mon troisième, ma p’tite boule d’amour!

Mais là, je ne savais pas ce qui m’attendait.

Je ne savais pas que j’aimerais déjà à la folie, même si mini, ce petit être que je fabriquais de toutes pièces, que je tricotais. Je ne savais pas que je m’inquièterais déjà pour lui et que ce sentiment se répèterait à toutes les grossesses. Que je devinerais déjà les traits de personnalité de mon bébé-bedon, mais que cette petite bibitte finirait toujours par me surprendre.

Je ne savais pas que mon corps serait autant mis à l’épreuve, grossesse après grossesse. (Disons simplement que je n’avais pas des grossesses de rêve.)

Est arrivé le jour de l’accouchement. Lorsqu’on a déposé bébé sur moi, ma poulette adorée, que j’ai pu la tenir et la regarder enfin, ça m’a rentré dedans comme une tonne de briques.

Je ne savais pas. Vraiment pas.

Je ne savais pas que je pouvais aimer autant. Que je pouvais avoir mal en dedans chaque fois que je regarderais mon bébé. Que mon univers serait chamboulé, car ma vie prenait tout à coup un sens complètement différent.

Je ne savais pas que je ne me tannerais jamais et que je serais encore aussi émue de regarder ma fille et mes fils dormir, même à sept ans. Surtout, je pensais m’habituer à toutes ces émotions si complexes qui viennent avec la maternité, mais non. J’ai trois enfants, et les trois me remplissent d’une émotion indescriptible tellement je les aime. L’amour, la fierté, les angoisses, les peurs, la protection, name it… Tout ça, mélangé à beaucoup de fatigue qui occasionne souvent la disparition de la patience, disons‑le. Ce n’est pas toujours simple, hein! D’ailleurs, je ne savais pas que je pourrais être autant à bout, par moment.

Je ne savais pas que « choisir ses batailles » deviendrait ma devise. Que j’aurais un instinct qui deviendrait mon meilleur allié. Qu’une wannabe superwoman ainsi qu’une maman ultra poule cohabiteraient dans mon p’tit corps. Que parfois, ces deux rôles-là me nuiraient. Je ne savais pas que je n’aurais pas toujours réponse à tout. Que je me poserais souvent trop de questions. Même si les p’tits vieillissent, ça n’arrête jamais. Je ne savais pas que je deviendrais ma pire juge.

Je ne savais pas que ma mémoire me lâcherait sans cesse, mais que je me souviendrais du jour de mes accouchements à la seconde près. Je ne savais pas que mes enfants me feraient prendre conscience de moi-même. Que je me verrais en eux, que j’apprendrais à mieux me connaître. Qu’ils m’amèneraient à me dépasser, mais aussi à ME respecter.

Je ne savais pas que devenir parent serait le rôle plus beau, tout en étant le plus difficile de toute ma vie.

Il y a bien d’autres choses que je ne savais pas, et d’autres que je ne sais assurément pas encore.

J’ai peut-être toujours su que j’allais être maman. Sauf que, maintenant, je sais ce que c’est que d’être UNE maman.

Je me souviendrai toujours de ce jour en 2011, quand mon premier enfant est né. Et de ceux de 2012 et de 2014. Je me souviendrai de chaque naissance, pratiquement de chaque minute.

Sept ans déjà que je suis maman…

Je ne savais pas que ça passerait si vite.

Caroline Gauthier

L’école de la vie

Quand on allait à l’école, on redoublait d’efforts pour excell

Quand on allait à l’école, on redoublait d’efforts pour exceller partout. On nous bourrait le crâne de matière grise en nous disant que tout était tellement important. On en a passé, des nuits blanches à étudier et des veilles d’examens à stresser… On a dû prouver qu’on connaissait des centaines de dates, de données et de noms par cœur. On nous a aussi mis à l’épreuve avec des travaux pratiques… Puis un jour, on nous a mis un diplôme entre les mains en nous disant qu’on avait réussi.

Puis, les années ont passé. On a réalisé avec elles que le plus important, en fait, on ne l’avait pas encore appris. Parce que la vie aussi vient avec son lot de tests, d’examens et de travaux pratiques…

Des petits tests, par-ci, par-là, pour nous apprendre des petites leçons… La première toilette qui se bouche, les premiers impôts à envoyer, le premier accrochage en voiture, etc. De petites épreuves, pour nous montrer de petites choses…

Puis des examens, pas mal plus importants, pour nous aider à comprendre que de grandes responsabilités viennent avec de grandes décisions… Avoir un enfant, choisir son ou sa partenaire de vie, payer une hypothèque, etc.

Sans oublier les travaux pratiques… Parce que oui, la vie vient aussi avec des travaux pratiques, juste pour voir si on a bien assimilé les leçons… Des chutes, des pertes, des deuils… Des moments difficiles desquels il faut apprendre à se relever. Juste pour passer l’examen.

Et pendant qu’on passe quarante heures par semaine à travailler, pendant qu’on court entre le gym et les rendez-vous, on oublie encore de retenir le plus important…

Et tout comme notre parcours scolaire, l’école de la vie se terminera un jour aussi. On nous annoncera que c’est terminé, sans qu’on ait pu voir la fin arriver. Et tout comme à l’école, on réalisera qu’en fait, on n’a pas eu le temps d’apprendre le plus important…

Parce qu’on était trop occupés à courir à gauche et à droite. Parce qu’on en a vécu, des hauts et des bas. Et parce qu’on ne sera jamais allé aussi loin qu’on aurait voulu… et que pendant ce temps-là, la vie, elle, continuait aussi de se presser pour arriver à temps.

On aura oublié de s’arrêter. On aura oublié d’apprécier. On aura oublié de s’aimer…

Et si on écoutait les professeurs de la vie? T’sais, ceux et celles qui ont déjà vécu la leur et qui ont tellement à raconter… Il serait peut-être temps de les croire, quand ils nous répètent que « ça passe trop vite et qu’il faut en profiter ».

Et si on choisissait de les entendre, au lieu d’attendre que notre vie passe pour réaliser qu’on a oublié d’apprendre la plus grande des leçons… Et si au lieu de donner notre 110 % chaque jour au travail, on essayait d’obtenir une meilleure note avant la fin de notre existence…?

Lorsque la cloche sonnera, quelle note voulez-vous sur le bulletin final de votre vie?

 

Joanie Fournier

La perfection…

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Toute cette histoire de perfection m’a frappée au visage un soir de semaine. J’arrivais au CPE de ma grande fille, dans le but évident de la ramener à la maison (ben oui, t’sais, je suis une mère-extraterrestre, mais j’ai toujours hâte d’aller retrouver mes enfants rapidement après le boulot). L’éducatrice me voit arriver, tout sourire, et me parle de la belle journée de ma grande. «Belle journée. Belle fille. Sage fille. Toujours sage… parfaite.»

Et là, ça me frappe. De plein fouet. Un coup de massue su’l’nez! Parfaite? Elle a quatre ans! Je ne veux pas qu’elle soit parfaite! Je veux qu’elle tombe, pour apprendre à se relever. Je veux qu’elle crie, pour apprendre à parler. Je veux qu’elle frappe, pour apprendre à câliner. Je veux qu’elle ait le droit d’être en colère, en colère noire. Attention, je lui souhaite tout le bonheur du monde. Mais un bonheur vrai, et senti. Un bonheur parsemé de petites colères, qui nous font simplement apprécier davantage les petites joies. CE genre de bonheur!

Et l’éducatrice restait là, devant mes grands yeux écarquillés et mon expression bouche bée (parce que je venais de recevoir un coup de massue, vous vous rappelez?) Elle ne semblait visiblement pas au courant de la cause de mon malaise… Alors elle continua. «Ben ouiiii… Elle est si parfaite cette enfant-là! On se demande bien de qui elle tient?!» Et, à ce commentaire rempli d’un fascinant mélange de jugement et de bonne volonté, elle ajoute un clin d’œil suggestif, me désignant comme l’exemple de perfection?!

J’ai réalisé à ce moment-là, et seulement à celui-ci, ce que je pouvais dégager comme maman. Il faut tout faire n’est-ce pas? Et d’un point de vue extérieur, c’est vrai que ça peut avoir l’air «parfait». Je remettrai donc les choses en perspective :

• De l’extérieur, j’ai une carrière florissante. La réalité, c’est que j’ai ouvert ma propre entreprise parce que je ne cadrais plus dans cette société où il fallait tout concilier. J’ai donc travaillé cinquante heures par semaine pendant des années. À la maison, certes, mais je vous jure que les journées semblaient parfois interminables. Aujourd’hui, j’ai un fabuleux poste à trente heures par semaine, et ça me convient par-fai-te-ment.

• De l’extérieur, j’ai suivi des formations pour rester toujours «au top»! La réalité, c’est que finir un baccalauréat, de soir et de fin de semaine, en travaillant cinquante heures par semaine, avec trois enfants de moins de cinq ans, c’est… suicidaire. Possible, mais suicidaire.

• De l’extérieur, j’ai un mariage inébranlable. La vérité, c’est que mon mari, je l’adore. Et que oui, on s’engueule. Oui, il dort parfois sur le divan. Oui, je fais des scènes monstres. Et que non, ce n’est pas facile tous les jours de rester soudés dans cette vie de fous!

• De l’extérieur, mes enfants sont si bien élevés ! La réalité, c’est que non, ça ne s’est pas fait tout seul, les élever. Et non, ce n’est pas non plus évident tous les jours (même avec les formations, t’sais!). Comme tous les enfants, les miens font des crises de bacon, me crient par la tête que je suis une mauvaise mère et refusent leur déjeuner parce que, t’sais, c’est pas la bonne couleur d’assiette ce matin-là. Je ne suis pas meilleure que personne.

Et le pire dans l’histoire, c’est que chacun d’entre nous dégage cette perfection, puisque l’herbe est toujours plus verte chez le voisin! Sinon, les réseaux sociaux n’auraient jamais eu autant de succès…

Là où je veux en venir, c’est que ça peut être agréable, voire flatteur, de sentir qu’on est l’idéal de quelqu’un. Mais là où le bât blesse, c’est que nos enfants aussi voient en nous cette image de perfection! Et j’ai réalisé ce jour-là que je refuse d’être une mère-parfaite. Pas juste aux yeux des autres. Aux yeux de ma fille. Je veux qu’elle me voie échouer et persévérer. Je veux qu’elle sache que la réussite n’est pas gratuite et qu’on n’obtient rien sans efforts. Je veux qu’elle entrevoie mes failles… et les siennes. Et je veux que ma fille sache qu’elle est humaine, et que si elle est parfaite, c’est bien dans toutes ses imperfections.

Je veux qu’elle se donne le droit d’être en colère et de le crier haut et fort. Je veux qu’elle se donne le droit d’être triste et de pleurer comme une madeleine. Je veux qu’elle se donne le droit d’échouer, sans se taper sur la tête indéfiniment. Je veux qu’elle vive sa vie à fond et sans regrets. Pas pour plaire aux autres, pas pour avoir une vie parfaite. Juste pour ressentir le bonheur, CE genre de bonheur.

Et je devrais sûrement écouter mes propres conseils, juste des fois.

 

Joanie Fournier