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Famille, je t’agrandis, oui ou non?

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Je regarde le linge de bébé qui est tout bien rangé dans les bacs, j’ai la larme à l’œil. Ma tête et mon cœur se livrent toute une bataille ces jours-ci. Une veut revivre les beaux moments de l’étape « nourrisson » et l’autre me rappelle comment c’est difficile. Il y a un mois, j’ai dit à mon chum que je voulais un troisième bébé. Puis là, je recule, j’ai peur et je doute sans arrêt.

 

Je ne sais pas ce qui fera en sorte que ma décision sera claire. Peut-être ne la sera-t-elle jamais. Aurai-je toujours un pincement au cœur à voir de petits bébés? Est-ce que c’est l’ennui du temps qui a passé trop vite qui fait surface ou est-ce vraiment un désir? Est-ce qu’en tant que maman, un jour, on sait que c’est vraiment fini ou il y aura toujours ce souhait d’enfanter à nouveau?

 

Je pense souvent que notre famille est bien comme ça. J’ai deux garçons merveilleux et en santé. Ils sont heureux et je le suis aussi. Je sais que si un troisième petit humain se joint à nous, il aura sa place. Nous nous tasserions dans notre petit confort pour l’accueillir. Nous partagerions notre chaise, nos jouets, mais surtout notre amour. Par contre, quand j’y réfléchis, je pense aux sacrifices que nous devrions faire. Des sacrifices personnels, des rêves qui seront mis sur pause, mais également des sacrifices pour la famille. Ai-je envie de les faire?

 

Je devrais à nouveau m’adapter au fait de travailler et de courir pour que tout soit en ordre avec les enfants. Il y a des jours où je suis déjà si essoufflée, ma tête est tout juste sortie de l’eau. Qu’adviendra‑t‑il si j’ajoute un enfant de plus à l’équation? Est-ce que je croulerai sans pouvoir remonter à la surface ou si encore une fois, je trouverai la bouée qui m’aidera à m’en sortir? De plus, ma patience peut déjà s’enfuir loin, je sais qu’un troisième ne la convaincra pas de rester plus souvent à la maison. Je serais une maman encore plus fatiguée.

 

Les moments de tranquillité se feraient encore plus rares. Aurais-je encore du temps avec moi-même ou en amoureux? J’ai peur que notre vie de couple ne soit plus, qu’elle ne devienne qu’une vie de parents. Qu’en sera-t-il du temps de qualité avec chacun de mes petits minous? Présentement, je peux me permettre d’en avoir avec eux, seul à seul, malgré que parfois, je néglige déjà le plus grand. Puisqu’il est autonome, je le laisse plus souvent « s’arranger » pendant que je gère le terrible two. Après quelque temps, je découvre que lui aussi a besoin qu’on s’occupe de lui, à parts égales. Je n’ose pas imaginer si en plus, je dois partager mon attention avec un mini coco.

 

Mon grand va chez son papa une semaine sur deux, alors je me dis que Félix s’emmerdera peut-être pendant ces semaines-là. Et si Jacob s’éloigne de son petit frère, car il le trouve trop « jeune »? S’ils perdaient leur complicité du moment? Je verrais peut-être, à ce moment, la souffrance dans les yeux de mon cadet. Je me sentirais une fois de plus coupable.

 

Ma logique pense également à l’aspect financier. C’est bien beau l’amour, mais je n’ai plus envie de retourner dans un creux monétaire. Je désire que mes enfants puissent manger à leur faim. Dans mes projets les plus fous, je veux faire découvrir le monde à mes trésors. Leur montrer que la vie ne s’arrête pas ici. Mais à trois, ce rêve reculera, peut-être même devra-t-il s’effacer. Pour un temps, je devrai également changer ma berline pour une minivan, les coûts s’élèveront. Je sais que ce sont des détails, mais quand l’angoisse des finances fait partie de ton quotidien pendant longtemps, tu n’as plus envie de t’y enfoncer à nouveau.

 

Je vais être honnête, j’ai si peur de regretter mon choix de ne plus avoir de bébé. Par contre, je sais que je ne regretterai jamais le fait d’ajouter un membre à notre famille. Je l’aimerai d’amour. Mais, probablement qu’il m’arrivera de vouloir m’évader dans mes rêves que j’aurai laissés de côté. M’imaginer qui je serais si nous en étions restés là. Ces soirs-là la nostalgie me frappera de plein fouet.

 

Si nous arrêtons la machine maintenant, qu’adviendra-t-il si mon chum réalise qu’un seul enfant pour lui, ce n’est pas assez? Si je me réveille un beau jour en me disant que j’ai raté ma chance d’en avoir à nouveau? Le temps aura avancé et j’aurai vieilli. Il sera trop tard.

 

Je ne sais pas qui gagnera cette bataille, je ne sais pas quels arguments auront raison de moi, mais j’ai bien hâte que la tempête se calme dans ma tête.

 

Karine Larouche

 

 

 

 

 

 

 

Ma sœur annule son mariage

Tout récemment, ma sœur m’a annoncé qu’elle avait annulé son

Tout récemment, ma sœur m’a annoncé qu’elle avait annulé son mariage prévu pour cet automne. Vous allez penser que c’est parce que son couple bat de l’aile. Au contraire, c’est parce qu’ils se sont écoutés, ils se sont parlé et ils ont choisi ensemble. Parce que le Mariage est malheureusement rempli de trop de conventions qu’on en oublie l’essentiel et qu’on plonge dans son organisation en y perdant tout son sens. Au bout du compte, le stress finit par ternir ce grand moment unique dans une vie avant même qu’on ait pu le vivre.

Au fait, le Mariage c’est quoi?

J’ai refusé d’en faire une étape de vie dictée par la religion bien que je me sois mariée devant l’Église catholique. J’ai réfléchi au sens que je souhaitais, que nous souhaitions lui donner. Et c’est ce que nous avons vécu. Une journée parfaite durant laquelle nous nous sommes laissé flotter et bercer par l’Amour qui avait grandi entre nous et en nous l’un pour l’autre. Il y a plus de dix ans maintenant, j’ai vécu le même processus que ma sœur : organiser mon mariage. On dirait que déjà à l’annonce de notre mariage, un peu tout le monde veut s’en approprier une partie.

Tout d’abord, tes amies trouvent ça ben cool de t’habiller en « crottée » pour te faire vendre des pénis en chocolat sur Grande Allée. Ben oui! Ça a ben du sens de tourner au ridicule ce que tu t’apprêtes à vivre comme le plus beau moment de ta vie. Après, je me suis sentie quand même obligée de leur dire « Merci! » parce qu’elles ont organisé un rallye dans la ville pour moi pis que je feelais cheap d’avoir trouvé ça ben poche comme soirée tellement que j’en avais pleuré. C’est maintenant bien loin de moi et déjà pardonné, mais encore cet été, j’ai croisé une gang de filles sur le bord du fleuve qui suivaient cet insignifiant rituel d’enterrement de vie de filles. Non, mais quand est-ce qu’on va juste arrêter de faire des choses parce que c’est censé être de même? Mais là, peut-être que je juge trop vite… (Je réfléchis) C’est drôle, je doute quand même que cette fille qui a dit OUI par Amour à la demande en mariage de son chum n’a pas au même moment rêvé de vendre des pénis en chocolat pendant que ses amies lui rappellent que ce ne sera pas toujours rose, tout en affichant un sourire qui me laissait perplexe. J’ai quand même des excuses à faire à ce propos. J’ai jadis aussi pris part à ce genre de mascarade. Quoiqu’à l’époque j’avais refusé de poursuivre avec la gang aux danseurs parce que ce n’était définitivement pas très cohérent avec mes valeurs dans le contexte du mariage. En y repensant bien aujourd’hui, je rêve de repenser ce rituel pour en faire un moment fort et laisser en souvenir à la future mariée le sentiment qu’elle ne sera jamais seule même dans les moments les plus difficiles. Que nous serons toujours là pour elle, quoi qu’il arrive.

Ensuite, ta famille te partage ses demandes. Vas-tu inviter ton oncle untel? Il a quand même participé à ton déménagement… Ils questionnent le menu, les cadeaux des invités et même le budget de ton mariage. Là, ça commence à faire! « NON! de NON! et Re-NON! »

Parce que je suis passée par là, voici mon message à tous ceux qui rêvent un jour de se marier.

« Soyez forts, soyez vrais. Refusez toutes les conventions et toutes les demandes de votre famille ou de vos amis qui ne sont pas EN COHÉRENCE avec le sens que vous souhaitez donner à votre Mariage, à votre Vie! »

Le Mariage, ce n’est pas une cérémonie, ce n’est pas une religion, ce n’est pas une simple fête. Le Mariage, c’est probablement l’engagement le plus fort et sincère que vous aurez l’un envers l’autre. C’est dans ce Mariage que vous rendrez votre Amour vivant, la vie durant. Et ça! Personne d’autre que vous ne peut vous dicter comment, avec quels mots et par quel rituel vous allez vous y engagez pour qu’il prenne tout son sens. Créez votre Mariage pour vous en faire un ancrage fort à votre image, qui vous unira et qui représentera tout l’Amour que vous avez l’un pour l’autre. C’est exactement ce que représente mon Mariage et je m’en sers chaque fois que je nous sens loin de ce que nous avions imaginé de notre vie ensemble.

Ne vous en faites pas pour ma sœur et son amoureux. Ils sont parents de deux enfants adorables. Ils habitent une maison qui est remplie d’Amour. Et ce projet a été une expérience forte enrichissante qui leur a permis de se questionner, de communiquer, de se donner le droit de douter, de se remettre en question et de s’ouvrir ensemble à ce qui leur ressemble et qui leur donne en ce moment un doux feeling d’avoir pris une BONNE DÉCISION! À mon avis, ils sont déjà mariés!

« Longue vie à vous deux, les amoureux. Vous avez traversé ensemble tant de moments aussi difficiles qu’exaltants. Au travers du temps, vous avez donné un sens à votre vie ensemble. Vous avez développé une complicité tendre et inspirante en plus d’une habileté hors du commun à communiquer. Vous avez pris racine près des vagues où votre Amour est né. Et c’est dans cette nature bordée par le vent salin du fleuve que vous élevez vos deux charmants enfants. Votre ancre est à l’eau et vous maintient au plus profond de votre Amour. »

Votre demoiselle d’honneur! En l’honneur de votre Amour.

Je t’aime, ma sœur!

Pour connaître mes 5 recommandations #Harmonie101 pour revenir à l’essentiel et organiser un Mariage à votre image, poursuivez sur La famille de ma vie – Coaching

Stéphanie Dionne

 

L’allergie au « j’ai pas le choix »

« J’ai pas

« J’ai pas le choix, je dois travailler pour payer mes comptes, pour faire vivre ma famille. »

« J’ai pas le choix, je dois absolument laver le plancher aujourd’hui. »

« J’ai pas le choix, il faut que je me repose si je veux être en forme. »

Je suis allergique aux « j’ai pas le choix », aux « il faut que » et aux « je dois ». Je suis pour la liberté responsable. Pas pour la liberté paresseuse qui refuse de se lever le matin et qui se plaint ensuite de ne pas avoir tout cuit dans le bec.

Ma mère m’a élevée avec la notion de choix, de liberté. On a toujours le choix. On a le choix de porter du noir ou des couleurs dans des funérailles. On a le choix de se lever à l’heure ou de partir en retard. On a le choix de garder notre emploi ou de tout quitter. On a le devoir d’assumer nos choix, aussi.

Si tu portes une robe flyée multicolore aux funérailles, ça se peut que tu te fasses dévisager par matante Carmen. Ou que tu reçoives des félicitations parce que tu illumines une journée sombre. Si tu te lèves toujours à l’heure, il y a des bonnes chances pour que ton employeur, tes enfants, le coach de hockey, l’apprécient. Il se peut aussi qu’à la longue, tu sois perçue comme le réveille-matin familial ou que tu t’épuises à force de ne jamais te donner de lousse. Si tu es tout le temps en retard, le risque est grand pour que tu te fasses montrer la porte à l’école et au travail. Mais peut-être aussi que ça te fera comprendre qu’un emploi de 8 à 4, ce n’est pas pour toi. N’essayez pas de me faire croire que l’avenir appartient seulement à ceux qui se lèvent tôt! Il y a une méchante gang d’artistes à succès qui reviennent des salles de spectacles à l’heure où d’autres démarrent leur voiture pour se rendre au boulot.

Quand j’étais jeune, je n’ai jamais ressenti de pression pour aller à l’université ou au collège privé, pas plus que j’en ai eu pour aller au public ou pour rapporter un salaire pendant mes études. Le deal était clair : étudier, c’est un travail. Tant que tu le fais bien, ça s’équivaut; tu peux habiter sous le toit familial sans payer. Mes frères ont aussi entendu le même discours. Au bout du compte, on a autant fait des études supérieures que des stages en entreprise, des formations d’apprentis et des formations sur le tas. On est allés au privé et au public, selon nos désirs. Et maintenant, on travaille tous, dans des domaines bien différents, mais qui nous rendent heureux et autonomes.

À quoi ça aurait servi que notre mère nous mette de la pression pour faire ce qu’elle considérait comme une réussite? Têtus comme on était, on aurait sûrement eu le même cheminement, avec plus de conflits et de « t’as pas rapp! » Parce qu’avec la force d’assumer ses choix et de croire en sa liberté, vient aussi une propension à la tête de mule. Il faut être bâti solide par en dedans pour garder la tête haute quand on se fait demander pourquoi on travaille au gouvernement alors qu’on a un PhD en littérature. Ou pourquoi notre emploi de camionneur nous comble alors qu’on a une maîtrise en éducation spécialisée.

Des fois, la tête dure de mes enfants, j’en ai marre. L’ostinite aiguë dont ils souffrent tous, je la mettrais aux vidanges, le temps de les élever sans être sans cesse contestée. Mais bon. Ce n’est pas de même que ça marche. Depuis qu’ils sont mini, on a élevé nos cocos d’amour dans la notion de liberté et de respect des limites des autres. « Nos droits se terminent là où commencent ceux des autres »… C’est une grande responsabilité de faire des choix. Ça élimine la possibilité de croire que c’est la faute des autres. Ça t’empêche de dire après coup : « J’avais pas le choix ». Ça te force à te respecter et à respecter les autres qui ont aussi le droit d’avoir leur opinion.

La liberté, c’est dans le quotidien. C’est dans le choix des vêtements pour la journée. Cet hiver, mon garçon de six ans a adopté l’ancienne tuque en ours polaire rose poilu de sa sœur. Ben coudonc. La limite parentale était établie à « tu dois avoir la tête et les mains au chaud ». Ça tombe bien, les mitaines sont attachées à la tuque! Alors c’est ce qu’il porte pour l’école. La liberté, c’est dans le choix de l’activité pour l’anniversaire. La grande sœur voulait inviter ses amies pour une fin de semaine et souper au East Side Mario’s en famille. Il en fut ainsi. Les autres enfants ont dû accepter son choix de resto et tout le monde a eu beaucoup de plaisir. Ma deuxième cocotte, elle, trouvait embêtant de faire une fête d’amis parce que tous ses amis sont des garçons. « Me semble que ça ressemble trop à un rendez-vous galant! ». Elle a préféré aller au cinéma et au McDo. Elle a fait le choix, et le plus beau, c’est qu’au royaume du hamburger pas bon et de la croquette de caoutchouc, elle s’est fait une nouvelle amie… qui l’a invitée à sa fête!

On ne sait jamais où nos choix nous mèneront, mais on sait qu’ils nous mèneront à bon port si on sait se respecter. Si ma mère m’avait interdit de déménager à seize ans ou d’épouser mon mari à vingt-deux ans, tout aurait été différent. Il manquerait probablement quatre petites têtes de mule sur Terre puisque mes enfants n’auraient pas vu le jour!

 

Nathalie Courcy

 

Nous ne t’attendions pas

D’abord, notre fille est née. Pour mon conjoint, il était clair que nous aurions deux enfants, p

D’abord, notre fille est née. Pour mon conjoint, il était clair que nous aurions deux enfants, peut-être même trois. Pour moi, ce n’était pas si clair, je sentais que j’aurais pu m’arrêter, que j’étais comblée. J’ai recommencé à dormir, j’ai repris une vie normale et en même temps, l’envie d’en avoir un deuxième s’est développée et a grandi.

Trois ans plus tard, mon fils est né. Un bonheur doublé. Une fois passées les mauvaises nuits, les petites purées, les premiers étés à le suivre pas à pas pour ne pas qu’il se blesse, le terrible two, nous avons su sans aucune hésitation que notre bonheur était complet. Nous avions ce sentiment qu’enfin nos nuits blanches et nos efforts portaient fruit et que nous pouvions goûter à un semblant de liberté avec nos deux grands, comme si un monde de possibilités s’ouvrait à nous et à notre famille. Nous sentions que nous avions passé une étape, bien que remplie d’amour, de découvertes et d’émerveillement, pour le moins éprouvante. On se tapait dans les mains, fiers de notre famille, fiers de notre couple, prêts à découvrir la suite avec nos deux superbes enfants.

Puis, l’automne de cette année-là est arrivé. Le repas du restaurant ne passait pas : maux de cœur, malaises, repos forcé. « Voyons! » Mes pantalons étaient serrés. J’avais dû prendre un peu de poids puisque j’avais beaucoup d’appétit depuis quelque temps. « Bizarre! » Tout à coup, mes sens étaient en éveil; je sentais tout. Comme si mon nez venait de déboucher soudainement. J’avais mal aux seins… « Mal aux seins? » J’avais alors couru vers le calendrier; mes règles étaient en retard… mais elles l’étaient souvent. « On va régler ça! » Le test confirmerait, sans aucun doute, que je n’étais pas enceinte.

Une heure plus tard, j’apercevais les deux lignes.

Je ne respirais plus. Je ne réfléchissais plus. Je regardais encore pour être certaine. Il y avait bien deux lignes. Le choc. Je relisais les instructions encore et encore pour trouver la faille. Je repassais mes malaises en boucle dans ma tête. « Non! Impossible! » Lorsque mon conjoint était passé devant moi, je lui avais tendu le test. Il m’avait regardée sans comprendre. Je m’étais alors effondrée. J’étais paniquée. Je ne savais que faire de cette nouvelle.

D’abord, on allait garder la nouvelle pour nous. Cette nouvelle qui nous arrivait comme une gifle en plein visage. Je regardais l’armoire que je venais tout juste de vider et je l’imaginais se remplir de biberons à nouveau. Je voyais déjà les couches dont on n’avait plus besoin depuis peu, recommencer à s’empiler dans la salle de bain et les jouets et chaises de bébé qui allaient sans aucun doute réapparaître dans notre vie. Et que dire des nuits blanches qu’on se félicitait d’avoir laissées derrière nous?

On avait soudainement l’impression de reculer d’un coup, de devoir regarder en arrière plutôt qu’en avant, comme si le temps arrêterait de tourner pour nous durant les prochaines années. Et moi, j’avais la douloureuse sensation d’être si vieille pour avoir un autre enfant. Je me sentais sans aucun doute comme Émilie Bordeleau (vous savez… les filles de Caleb) lorsqu’elle avait appris qu’elle était enceinte de son dixième : prisonnière d’une vie dont elle ne voulait pas.

Puis tranquillement, il est devenu clair que cet enfant allait arriver. Clair parce qu’on avait pris une décision et qu’on n’allait pas changer d’idée. Clair que sur les photos de famille, personne n’allait manquer. Clair pour mon conjoint qui ne se questionnait plus. Moi, je portais cet enfant et surtout, une grande culpabilité : il était là au creux de mon ventre et je ne savais pas si je le voulais. C’était un sentiment terrible; le doute, le duel entre l’instinct maternel et l’envie de reprendre ma vie de femme. Les plans, tels que je les avais prévus qui se bousculaient et s’effondraient.

En apprenant la nouvelle, mes enfants avaient sauté de joie. Ils allaient avoir un frère ou une sœur. Le soir même de l’annonce, alors que je lui brossais les dents, ma fille m’avait dit sur un ton rempli de certitude et d’évidence : « Moi je sais que tu aimerais qu’il ne soit pas là le bébé, tu ne voulais pas un autre enfant. » Le choc à nouveau. Elle nous avait bien, par le passé, entendus dire que notre famille était complète, que nous ne souhaitions pas avoir d’autres enfants. Mais cette phrase m’avait totalement prise au dépourvu et happée en plein cœur. J’étais sans mot.

Cette affirmation m’aura finalement été d’un grand service. Elle m’aura poussée à me poser la vraie question, la seule qui ait un sens. À ce moment, je lui avais répondu sincèrement et de tout mon cœur, que maintenant que je savais qu’il était là, je serais très triste qu’il n’y soit plus. Puis elle était allée se coucher. Ses mots avaient résonné en boucle dans ma tête jusqu’au lendemain matin.

Au déjeuner, seule avec elle, je l’avais regardé et je lui avais dit : « Tu sais, j’ai souhaité de tout mon cœur que tu apparaisses dans mon ventre. Je t’ai attendue et espérée. Mais quand j’ai su que tu étais là, je me suis mise à avoir peur. Peur de ne pas être une bonne maman, peur de ne pas faire les choses comme il faut. Puis, je t’ai sentie bouger. À chacun de tes coups de pieds, j’ai eu moins peur. Tu es née, et je n’ai plus eu peur du tout. Pour ce petit bébé, je sais que ce sera la même chose. Pour l’instant, j’ai peur. Peur de manquer de temps et d’être une moins bonne maman, peur que ma vie soit toute chamboulée. Il me donnera ses premiers coups de pieds, puis tous les autres, et j’aurai de moins en moins peur. Quand il naîtra, je n’aurai plus peur du tout. »

Quelques semaines plus tard, je sentais son premier coup de pied, puis tous les autres. Tranquillement, j’ai eu de moins en moins peur et je me suis mise à l’aimer. Il est né. Je n’ai plus eu peur du tout. Je l’ai aimé de tout mon cœur.

Merci à la vie de t’avoir soufflé, mon bébé, sur notre route. Tu es le petit bout de vie qui manquait à notre famille. Maman t’aime si fort.

 

Eva Staire

 

 

 

Traverser ça ensemble

J’ai toujours pensé qu’un couple de

J’ai toujours pensé qu’un couple devait un jour ou l’autre être confronté à un obstacle. Dans mon cas, ce jour est arrivé il y a quelques années. Ça faisait quelques mois que je me posais des questions. L’attitude de mon homme avait changé, il manquait de l’argent. Toutes les choses que je pouvais imaginer sont passées dans mon esprit. J’ai vécu une partie de ma deuxième grossesse avec beaucoup d’angoisse et de tristesse.

 

Un soir, j’ai donc décidé de prendre mon courage à deux mains. Je vivais dans le doute depuis trop de temps. Mon chum avait changé quelques mois après le début de ma grossesse qui nous apporta une belle petite princesse. Rien ne rentrait dans l’ordre, même qu’il était vraiment en chute libre. Je me suis donc mise face à lui en demandant avec mon air de glace : « Ce soir, tu vas me dire ce qui se passe! Tu me parles ou je pars avec nos deux enfants. » C’est alors qu’il baissa la tête en me disant que depuis un certain temps, il avait commencé à consommer…

 

Les mots tombèrent comme une bombe! Je m’en doutais, mais de l’entendre… J’étais fâchée. Pourquoi il avait eu besoin de se réfugier là-dedans? Qu’est-ce que j’avais fait? Était-il malheureux avec moi et nos enfants? Je ne comprenais rien. Je pris donc la nuit de repos en berçant ma fille. Les larmes coulaient sur mes joues. Ce fut dans le regard de ce tout petit être de deux semaines cette nuit-là que je trouvai la force. Je décidai alors de partir une semaine chez mes parents avec mes enfants. Le matin venu, j’ai regardé mon chum et je me souviendrai toujours de mon discours :

 

« J’ai décidé de partir chez mes parents, car je trouve qu’avec les conneries que tu fais en ce moment, tu ne nous mérites pas. Demain matin, à ton réveil, avec la solitude qui sera autour de toi, tu te demanderas si c’est vraiment ça que tu veux! Si tu prends la décision de t’en sortir, je serai là, mais avec certaines conditions à respecter. Si tu veux continuer dans cette voie actuelle, tu risques de tout perdre. Ton travail, ta maison, ta famille et peut-être même ta vie. »

 

Je partis donc avec mes enfants qui mettaient quand même un baume sur cette peine. Mon chum m’appela tous les jours, plusieurs fois par jour. Il pouvait venir voir ses enfants quand bon lui semblait. Il vécut une semaine seul en voyant que sa famille était beaucoup plus importante que de se geler. Je revins alors avec des règles strictes à respecter :

          Fournir toute facture

          Montrer ses talons de paye

          Revenir à la maison directement après le travail

          Changer de fréquentations

Il n’avait plus la possibilité de me cacher quoi que ce soit. Oui, il a vécu deux fois une rechute. Par contre, j’avais pris le temps de parler à d’anciens toxicomanes qui m’avaient donné des trucs pour détecter facilement si mon conjoint avait consommé. Je pouvais le savoir même au bout du téléphone. Il était coincé, soit il s’en sortait avec mon aide ou il allait en centre fermé. (Chose qu’il ne voulait pas trop, car nous avions quand même un fils qui voulait son père)

 

Devant notre garçon alors âgé de deux ans et demi, on essaya de rester neutre et de faire comme si de rien était. Notre fille, quant à elle, était tellement petite que nous avions moins d’inquiétudes. Mes parents ont été d’un grand support et ont toujours cru en mon amoureux. J’aurais aimé pouvoir en dire autant de sa famille, mais eux ont préféré fermer leurs yeux sur tout ça. Eux étaient au courant de tout et ne me disaient rien.

 

Pour arriver à passer au travers de toute cette histoire en gardant ma tête sur mes épaules, parler à mon entourage a été ma thérapie. J’ai été franche avec mon conjoint que je ne pouvais pas faire semblant de rien. J’avais besoin de parler à mon monde pour trouver l’énergie et il n’a pas eu trop le choix de comprendre.

 

Moi qui avais avant des préjugés sur les personnes qui avaient ce genre de problèmes, ma perception changea à ce moment. Aujourd’hui, je me rends compte que personne n’est à l’abri d’une dépression ou d’une faiblesse. Il ne faut pas oublier que dans le fond, ces personnes souffrent et ont juste besoin d’une bonne poussée vers le haut. Il faut savoir être ferme et ne pas les prendre en pitié tout en montrant que nous sommes là pour eux. Presque dix ans après cet épisode, tout va bien. Sans dire que je recommencerais, car oh! Non, je n’en serais pas capable. Je crois que toutes les embûches nous font grandir et apprendre. Donc aujourd’hui en regardant en arrière, je crois que j’ai beaucoup appris de tout ça. Je crois même qu’aujourd’hui, ça fait de nous (mon conjoint et moi) de meilleures personnes.

 

Eva Staire

 

 

On sait bien, toi, ça va toujours bien!

Oui, on me la se

Oui, on me la sert souvent ces jours-ci. Je suis bien CHANCEUSE. Bien sûr, ce sont surtout les négatifs qui m’étiquettent de cette façon. Tu sais, les négatifs qui ont tendance à regarder leur nombril plus souvent qu’autrement? Ou les « amis » Facebook qui ont, selon eux, une vie de chien ou ceux qui vivent toujours le jour de la marmotte où une catastrophe n’attend pas l’autre? Ouin, j’y ai droit au « Comment ça se fait que tu vas toujours bien, toi? »

 

En fait, ce n’est pas vrai que cela va toujours bien dans ma vie. J’ai même très longtemps été celle qui voyait le verre à moitié vide. Celle qui notait à quel point il avait plu. Celle qui voyait le négatif dans tout. Mais maintenant, je suis convaincue que le négatif attire le négatif, donc je ne passe pas trop de temps à le partager. Quand je vais moins bien, que j’ai une dure journée, je ne le dis pas. Je travaille à ce moment-là à ne plus rester dans ces émotions.

 

Tony Robbins, qui est une légende du dépassement de soi, saute à répétition en disant « Je vais bien, je vais bien, je vais bien,… » lorsque ça ne va pas. Il saute jusqu’à ce que ce sentiment négatif soit sorti de lui et qu’il se mette à se trouver drôle de sauter! Alors je fais pareil parfois. Ou je mets mes lunettes roses. Elles me permettent de ne pas donner trop d’importance à une situation. Ou je récite le mantra Ho’oponopono, qui me permet de me nettoyer intérieurement de ce qui me ronge.

 

J’ai décidé que ma vie ne serait pas négative. Que je mettrais d’énormes (oui, oui, je dis bien énormes) efforts pour voir le beau et le bon de la vie. Quand un truc me dérange, je fais comme Dan Bigras pis « je revire ma chaise de bord ». Je ne suis pas obligée de rester là à vivre mon inconfort. Je ne suis pas obligée d’être écœurée de ma vie ou de mon chum ou de mon travail ou de mes enfants. J’ai décidé que ma vie, je ne la subirais pas. Que je verrais du beau dans chaque échec. De la joie dans chaque tristesse (croyez-moi, j’en ai passé des bouts difficiles). J’ai ce choix-là, de faire de ma vie ce que je veux.

 

Alors, quand vous regardez mon profil Facebook, que vous me croisez dans la rue et que vous vous dites que «  je suis trop CHANCEUSE que ma vie soit parfaite », dites-vous que je mets bien du travail émotionnel à vivre une vie POSITIVE! La chance n’a rien à voir là-dedans…

5 choses qui ont changé à l’arrivée de mon troisième enfant

Le saut entre deux et trois enfants n’est pas aussi drastique que

Le saut entre deux et trois enfants n’est pas aussi drastique que de passer d’un à deux enfants, à mon humble avis. Mais j’ai noté quelques points qui ont considérablement changé depuis l’arrivée de notre troisième enfant.

– Mettre la Pat Patrouille beaucoup trop souvent.

Oui et je l’assume complètement! Lorsque ma plus jeune est vraiment trop exigeante et qu’il faut absolument que j’accomplisse une tâche, WHY NOT? Parfois je leur mets une émission de télévision simplement pour me garder saine d’esprit. Est-ce qu’ils sont devant la télé toute la journée? Absolument pas. Mais comme j’aime le dire, la télévision est ma gardienne par défaut. Si je peux sauver une troisième crise en moins de deux heures (oui, il y a des journées comme ça!), et bien, je ne m’en priverai sûrement pas!

– Ne plus inviter personne chez moi… ou presque!

Pourquoi? Parce que nous sommes épuisés! Simplement. Côté ménage, nous faisons notre possible. Me mettre à cuisiner pour dix personnes, non, je n’ai pas envie. Avoir le syndrome de Tourette envers mes enfants pendant que je parle à un autre adulte ne me tente pas non plus. « Fais pas ci, fais pas ça, lâche ta sœur, descends de là, touche pas à ça » en même temps que je tiens une conversation, ce n’est vraiment pas plaisant. Ni pour moi ni pour mon interlocuteur.

–Abandonner le ménage.

Ma maison est propre, évidemment! Mais j’ai beau nettoyer une pièce, le temps d’un battement de cils et mes trois tornades y sont passées. Laissant jouets, vêtements et plein de merveilleuses surprises auxquelles je ne m’attendais pas du tout. Mais au fond, une maison trop propre est une maison sans vie. Alors, ayons des maisons désordonnées, mais heureuses!

– Aller au restaurant.

Le moins possible parce qu’avec trois enfants en bas âge, si ce n’est pas Mcdo, ce n’est pas l’fun! Point final. La vérité est que les restaurants de bonne gastronomie ne sont pas faits pour les familles nombreuses. La petite dernière renverse son assiette pendant que celui du milieu donne accidentellement un coup sur la table qui fait tout renverser. L’aîné est tanné, il veut juste s’en aller. Bref, ce n’est pas reposant. Les grands-parents ont beau dire : Mais oui! Ils sont super gentils, ce n’est pas de trouble! MENTEURS! Les enfants vont voir les grands-parents cinq minutes pour mieux revenir à maman ou papa qui tentent par tous les moyens de profiter de leur repas.

– Ne plus écouter les autres.

« Moi, mon fils lit une heure par jour. Moi ma fille n’écoute pas la télé. Nous ne mangeons aucun sucre! » Je n’ai qu’une seule chose à dire : MOI, je fais de mon mieux! À bas les stéréotypes. Tant mieux si vous faites tout ça avec vos enfants, mais personnellement, je n’en ai que faire! Chaque journée est différente et chargée, donc oui, je leur donne des collations préemballées et c’est bien correct. Je ne lis pas une histoire chaque soir, mais lorsque je le fais, nous profitons du moment. La plupart du temps, nous finissons la soirée les cinq collés dans notre lit et c’est parfait ainsi.

Ce texte peut paraître négatif à bien des égards, mais il ne l’est pas. Ce sont simplement des choses qui ont changé temporairement. Parce que oui, j’irai au restaurant beaucoup plus souvent lorsque mes enfants auront grandi. Oui, un jour j’aurai beaucoup plus de visite à la maison, mais je suis convaincue que je m’ennuierai du temps où mes enfants étaient tout petits. Ma maison sera impeccable, mais étrangement vide à la fois.

Geneviève Dutrisac

 

La journée où j’ai cessé de juger l’avortement

J’ai appris lors de l’échographie de douze semaines et demie de

J’ai appris lors de l’échographie de douze semaines et demie de grossesse que pour la deuxième fois, le bébé, le petit être humain qui vivait en moi, avait cessé de vivre deux semaines plus tôt. Encore une fois, j’avais l’impression d’être un cercueil humain. Il fallait qu’il sorte. Je ne pouvais plus supporter l’image de ce petit, trop petit embryon, qui s’était déposé calmement au creux de mon ventre. Ça faisait trop mal.

Le soir, mon médecin de famille (la meilleure au monde) m’a appelée pour avoir de mes nouvelles et m’expliquer les options que je connaissais déjà. Je ne voulais pas, comme la première fois, prendre de médicaments pour expulser douloureusement ce qui restait de mon bébé dans la toilette, pour finalement le flusher comme un vulgaire poisson rouge. Il me restait l’option du curetage. Il y avait quelques jours d’attente à mon hôpital et je devais être sous anesthésie générale. Pour une panoplie de raisons, à ce moment dans ma vie, je voulais que ça se fasse au plus vite et sans anesthésie générale. J’ai donc cherché des ressources qui correspondraient à mes critères.

J’ai finalement trouvé une clinique d’avortement dans un hôpital. J’avais, le lendemain, un premier rendez-vous pour qu’on m’explique la procédure et qu’on évalue mon cas. Ouf! Une clinique d’avortement. J’appréhendais beaucoup. J’allais devoir attendre dans une salle remplie de femmes enceintes qui portaient la vie et qui ne le souhaitaient plus. Moi, je voulais mon bébé plus que tout au monde. Moi, je portais la mort. C’était tellement injuste et enrageant dans ma tête, à ce moment-là.

Le lendemain matin arriva. Comme tout s’était passé rapidement, machinalement, on s’est rendus au rendez-vous, avec notre fils d’à peine deux ans. Évidemment, il était convenu qu’ils m’attendraient dans la salle d’attente ou dans le corridor. Et voilà. C’est exactement à ce moment précis, quand nous sommes arrivés dans la salle d’attente, que ça m’a frappée de plein fouet!

J’ai vu ces femmes. Leurs regards sur mon fils. Leur regard sur mon amoureux, qui était d’un support incroyable. Leur regard d’incompréhension, mais sans jugement, sur ma petite bedaine. J’ai vu un jeune homme fixer mon fils avec tellement de détresse dans les yeux, puis regarder sa blonde avec colère. Tout ça s’est passé en quelques secondes. J’ai dit à mon conjoint de partir plus loin avec fiston, que j’allais l’appeler en sortant. J’ai attendu mon tour. Il y avait un silence dans la salle. Un silence de mort. Un silence, dans lequel personne ne se juge parce qu’on est tous dans le même bateau qui prend l’eau. Ce fut mon tour. J’ai rencontré le personnel. Ils étaient tous sensibles à ma cause, c’était rare qu’ils avortaient la mort. Ils m’ont parlé de deuil, de soutien et ont sauté rapidement les questions du formulaire sur le choix, les options autres que l’avortement, pour ne pas tourner le couteau dans la plaie. J’ai ensuite eu une échographie et le médecin a eu la délicatesse de tourner l’écran hors de ma vue. Il m’a demandé si à l’autre clinique, ils m’avaient donné des photos de mon bébé. Incapable de parler à cause de l’émotion j’ai fait signe que non. Il m’en a imprimé quatre. « Les plus belles », qu’il m’a dit. Il les a mises dans une enveloppe et me l’a donnée pour faire mon deuil quand je serais prête. Il m’a donné l’heure et la procédure pour le lendemain. Je l’ai remercié, puis je suis repartie rejoindre ma petite famille en serrant précieusement mon enveloppe contre mon cœur.

Le lendemain matin, on est retournés à la clinique pour le curetage. On m’a dit que je serais la première à passer. J’ai enfilé la jaquette bleue, j’ai pris le calmant, puis on m’a amené dans une salle où il y avait une série de lits d’infirmerie séparés par des rideaux. Je m’y suis allongée en frissonnant et en flattant ma bedaine bébé trois pour une dernière fois. On a fermé les rideaux. J’étais zen malgré tout.

Les autres femmes sont arrivées à tour de rôle. Je ne les voyais pas, mais je les entendais. Elles étaient nerveuses, elles avaient la voix tremblante, elles pleuraient, respiraient bruyamment, paniquaient et surtout, elles doutaient. Après l’intervention, je suis retournée m’allonger sur mon petit lit. Je les ai entendues être appelées à tour de rôle pour ensuite souffrir et pleurer sans retenue. Ça a brisé encore plus mon cœur déjà brisé. Si je n’avais pas eu si mal, je serais allée les serrer dans mes bras. J’ai réalisé que dans toute mon épreuve, j’étais chanceuse. Jamais je n’aurais pu penser dire ces mots dans ma vie à propos de mes deux fausses couches.

Oui, j’étais chanceuse parce que je n’avais pas à prendre la pire décision qu’une maman peut prendre pour son bébé. Je n’avais pas à décider d’interrompre la vie qui grandissait en moi. J’ai eu une énorme bouffée d’empathie pour ces mamans. Quelqu’un ou quelque chose avait décidé à ma place.

Depuis ce jour, le 30 mai 2013, je ne juge plus les femmes qui se font avorter. Pour subir tout ça, c’est que c’est vraiment la plus difficile, mais probablement la meilleure décision à prendre pour tout le monde à ce moment.

 

Bébé oups, me voilà !

T’sais, dans la vie, on n’a pas toujours le contrôle de tout. E

T’sais, dans la vie, on n’a pas toujours le contrôle de tout. Et savez-vous quoi? C’est ben correct de même! Ça ne se passe pas toujours à notre façon, selon les règles de l’art et dans les étapes que l’on s’imagine suivre… Une vie aussi parfaite que les jeux de Playmobile ou encore les films d’amour indiens où tout le monde danse autour des mariés avec des couronnes de fleurs, et cinq minutes après, ils ont une trâlée de bébés, ça n’existe pas. La vie se présente avec des surprises auxquelles on ne s’attendait vraiment pas et qui changent les pages de notre vie.

Notre histoire

Je croyais que pour fonder une famille, il y avait un guide à suivre avec un mode d’emploi et que le jour où cela m’arriverait, tout serait parfait et pensé. Le chum, une relation d’au moins deux ans, une maison en banlieue, un chien, puis POP! un bébé, puis un autre. Je me voyais suivre l’exemple de mes parents ensemble depuis plus de quarante-et-un ans et toujours amoureux.

J’ai des petites nouvelles pour toi, fille:  non seulement je suis tombée en couple au moment où je m’y attendais le moins et où je désespérais à me dire que ça ne m’arriverait jamais de trouver LE BON, mais en plus ce nouveau chum a réussi à m’ensemencer aussi rapidement qu’un éclair! C’est à peine s’il avait pénétré de deux centimètres que POUF, un petit spermatozoïde s’était réfugié sans avertir dans ma cabane. Un intrus chez moi! Mon chum était le soi-disant TITAN de la fécondation et ici, je dis que nous faisons partie du 1 % d’inefficacité de la pilule contraceptive.

J’étais la première à juger les autres en disant qu’élever un enfant dans une relation de moins d’un an avec un homme qui t’est encore inconnu était insensé. Et un jour, je suis là à regarder mon test de grossesse positif… c’était l’effet d’une bombe. Ce sentiment d’être heureuse et en même temps inquiète pour l’avenir de notre couple.

Notre couple avait traversé de dures épreuves : un avortement, mon départ vers les Philippines un mois après notre rencontre, pour me retrouver au même point de départ, enceinte de lui à nouveau malgré le contraceptif. Faut croire que mes hormones étaient très ébranlées par sa présence!

1,2, 3, GO, on est prêts!

Y a-t-il vraiment un moment où on se dit : « Ça y est, je suis prête? » Pour notre part, ce bébé était attendu évidemment, mais un peu plus tard. Oh! Que oui, l’amour était au rendez-vous, nous étions fusionnels. J’avais vingt-neuf ans, lui trente-cinq ans, on s’est dit : « C’est notre chance! » Jamais auparavant je n’aurais pu m’imaginer ce scénario : moi enceinte de l’homme que j’aime, mais que je connais à peine.

Nous étions passés par un avortement après un mois de relation et cela avait laissé un grand vide dans nos cœurs. Il n’était pas question de revivre cette situation déchirante. Cet homme-là était ce qui m’arrivait de plus beau. Jamais je n’avais rencontré quelqu’un qui me complétait aussi bien. Nous étions en symbiose, comme deux ados émerveillés par tout et rien. J’admirais cet homme pour sa détermination et sa façon de prendre soin de moi. J’avais enfin le sentiment d’avoir trouvé le bon et que peu importaient les embûches, il serait aussi un bon père pour mon enfant.

La peur…

Nous avons discuté longuement et avons choisi de voir grandir ce petit être en moi et de nous donner cette chance. Cet enfant était revenu en moi et pour les bonnes raisons. C’était notre petit miracle qui ensoleillait nos pensées et notre cœur. C’est aussi la première fois que je connaissais la peur de l’abandon, la peur de me faire juger par mon entourage, de rencontrer la famille de mon chum pour la première fois à notre shower

Je n’avais aucun contrôle sur mes sentiments ni sur mon corps et la suite des événements, mais je savais une chose : ce bébé-là était désiré, aimé, et cet amour serait éternel. En fait, j’étais surtout choyée qu’il m’ait choisie comme maman! Attendre un enfant, que tu sois en couple depuis huit ans ou bien dans une relation depuis six mois, pour moi c’est la même chose. Personne ne peut te garantir que tout ira bien, mais chacun fait de son mieux et il faut se faire confiance. Je me suis fait confiance!

Ici et maintenant

Aujourd’hui, notre relation amoureuse a évolué à notre façon avec ses hauts et ses bas. Nous sommes toujours amoureux, mais en prime, ce petit être s’est collé à nous et pour rien au monde, nous ne changerions notre place! Déjà un an s’est écoulé depuis l’arrivée de notre fils et chaque jour, mon chum et moi nous regardons en nous disant qu’on est vraiment heureux de ce choix et de cette vie à trois!

Je vous aime, mes amours!

Maman, mais pas maintenant…

Je m’adresse à toi, la femme de 30 ans, l’adolescente, la femme qui voulait un enfant, mais pas à ce moment précis de ta vie. À toutes ces femmes qui avez eu cette déchirante décision à prendre : l’avortement ou la maternité.

C’est comme un coup de dés jetés dans les airs, sauf que tu ne pourras jamais savoir ce qui suivra ta décision, ton choix. Tu ne pourras jamais connaître la suite ni le comment du pourquoi. Malgré toi, malgré que tu sois en paix avec ta décision et que tu aies surement fait le bon choix pour toi, ton subconscient, lui, te rappellera sans cesse ton choix et sèmera un doute. Tu sauras traverser cette épreuve en silence parce que oui, tu as honte. Honte de dire que tu as jeté une vie à la poubelle, honte d’avoir choisi de ne pas mener à terme une grossesse qui apporte pourtant tellement de bonheur à d’autres. Honte parce que certaines personnes ne demandent que de vivre cette chose si extraordinaire et inexplicable qu’est la grossesse.

À toi qui as subi un avortement, ne sois pas dure avec toi-même, car en aucun cas, c’est un choix facile à faire… Si tu es passée par là, surtout parles-en avec une personne de confiance, car tu traverseras des moments difficiles dont très peu de personnes osent parler ouvertement. Malheureusement, c’est encore un sujet tabou, mais tu n’as pas à vivre cette tristesse seule. Tu as le droit d’en parler ! Bien sûr, l’avortement n’est pas un moyen de contraception ni une solution de rechange, mais bien un recours ultime. Un accident de parcours, ça arrive et à beaucoup plus de femmes qu’on ne le croit.

Tout comme vous, je suis cette fille, cette femme dans la trentaine, cette amie qui verse quelques larmes parfois dans mon lit en silence, en me posant sans cesse les mêmes questions : que serait ma vie aujourd’hui si tu étais là ? De quoi aurais-tu l’air ? Que deviendrais-tu ? Tout comme certaine d’entre vous, je suis cette femme qui, par une soirée enflammée, est devenue enceinte malgré le contraceptif d’urgence. Ce bébé s’était accroché à la vie, il faut croire, mais au mauvais moment de la mienne.

Pourtant j’avais tout : cet homme merveilleux, parfait à mes yeux, mais que je connaissais que depuis peu. J’avais un bon travail, un toit, l’autonomie, une famille très unie, de l’amour à offrir… mais je n’osais imaginer ce que pourrait signifier le risque d’élever un enfant dans une relation de moins d’un an. Moi, la fille qui vient d’une famille tissée serrée et de parents unis et encore amoureux… je ne pouvais prendre le risque de briser cette chaîne et de ne pas pouvoir offrir autant à ce petit être. Je voulais surtout pouvoir donner à mon couple la chance de s’épanouir sans avoir trop d’embûches au départ. Le “SI JAMAIS…” se répète sans cesse dans ma tête. À toi l’enfant que tu serais, je ne t’oublierai JAMAIS !

 

 

Marie-Ève Jalbert

 

Ma fille est partie

Ma fille est partie de la maison. De ma maison. À 14 ans. J’ai ar

Ma fille est partie de la maison. De ma maison. À 14 ans. J’ai arrêté de respirer à ce moment-là.

 

Nous avions une belle relation. Ma fille est intelligente, sociable, belle et bourrée de talents. L’adolescence nous avait frappées de plein fouet deux ans auparavant. Ça allait. Nous étions capables de trouver des zones de confort dans toutes ces turbulences émanant d’elle ou de moi. Pas facile, la relation mère-fille par moments. Mais ça, c’est un autre sujet.

Et puis est arrivé ce qui arriva. J’avais quitté son père quelques mois auparavant, après 14 ans de vie commune. Je crois qu’elle m’en a voulu. Qu’elle m’en veut probablement encore. On n’en a jamais parlé ouvertement. Il y a des sujets sensibles, plus difficiles à aborder sans que les larmes n’arrivent. On a préféré ne pas pleurer ensemble.

Elle était déjà au secondaire depuis un an. Elle s’est faite de nouveaux amis, était à la recherche de plaisirs et a commencé à consommer. Dégringolade des notes scolaires, humeur en dent de scie et bris de communication. Je lui faisais part de mes inquiétudes et de mes préoccupations adéquatement (ou pas, je dois l’avouer). Je ne tolérais pas qu’elle fume la cigarette ou du cannabis dans sa chambre. Je l’ai avertie à quelques reprises la menaçant d’enlever la poignée de porte de sa chambre si je retrouvais à nouveau des mégots dans ses tiroirs.

J’ai enlevé la poignée de porte. Au retour de la fin de semaine chez son père, elle n’y a vu que du feu et surtout, une intrusion, mon intrusion, dans sa grotte secrète qu’était devenue sa chambre. Elle a pris un sac de poubelles, y a mis quelques vêtements et elle est partie. Elle n’est jamais revenue chez moi.

Comment a-t-elle vécu tout cela? Je ne sais pas. Ce n’est de toute façon pas important ici. Moi, j’ai pleuré ma vie, ma fille, la mère que j’étais. J’ai tout remis en question; de ma vie d’avant jusqu’à aujourd’hui. J’ai cherché des réponses; j’en ai peu trouvées. Tout y est passé : les remords, la culpabilité, la rationalisation, la colère, la tristesse, le déni. Toutes ces émotions pêle-mêle qui font partie du processus du deuil. Je n’ai pas fait le deuil de ma fille. Je ne le ferai jamais. Je fais toutefois le deuil de notre relation d’avant. Je la voulais petite, ma fille. Je me suis toujours investie auprès d’elle, je l’ai encadrée, probablement trop surprotégée. Trop de cadres, trop de contraintes et la déception et les inquiétudes qu’elle voyait dans mes yeux. C’en était probablement assez pour elle.

Les semaines et les mois ont passé. Elle habite à temps plein chez son père. Elle est revenue vers moi doucement par des textos et quelques brèves rencontres. Tout est encore fragile; elle et moi le savons. Mais nous nous aimons. Elle va bien aujourd’hui. Elle est heureuse chez son père, a fait quelques changements d’amis et les notes scolaires sont au beau fixe.

 

Au moment d’écrire ces lignes; mes yeux se mouillent. J’ai une peine infinie. Toutefois; je respecte qu’elle ait fait ses choix, qu’elle ait eu besoin de se dissocier et de prendre une distance avec sa mère. Sa mère qui est moi. Je me console en me disant que ce n’est que pour mieux revenir.