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La petite enfance – Texte : Joanie Therrien

La petite enfance... Cette période de la vie pendant laquelle on se crée, on se développe et o

La petite enfance…

Cette période de la vie pendant laquelle on se crée, on se développe et on devient quelqu’un.

Cette période de la vie où on a besoin de modèles pour nous amener plus loin. Cette période de la vie où on nous enseigne lentement à satisfaire nos besoins.

Cette période de la vie que j’ai choisie, pour en faire le plus beau des métiers du monde.

La petite enfance est l’étape pendant laquelle on commence à se définir et à explorer les possibilités que nous offre la vie. La petite enfance, c’est une étape cruciale dans la formation de notre identité. C’est entre autres à cause de toutes ces raisons que j’ai choisi d’incarner le métier d’éducatrice.

Parce que je me plais à croire que je peux aider un enfant à développer son plein potentiel à travers les gestes du quotidien.

Parce que je me plais à penser que je peux mettre du soleil dans la journée d’un enfant simplement avec un clin d’œil ou un fou rire partagé.

Parce que je les porte avec moi partout où je vais, car c’est faux de penser qu’on ferme là switch quand la journée est terminée. Parce que je me plais à penser qu’ils auront dans leur sac à dos les outils nécessaires pour devenir des adultes épanouis.

Bien sûr, il y aura toujours les situations plus difficiles avec lesquelles on apprendra une tonne de choses. Parmi ces apprentissages se retrouvent le respect de nos limites, le professionnalisme ainsi que le lâchez-prise.

Parce que je me plais à penser qu’ils m’aident à devenir, moi aussi, une adulte épanouie.

Aujourd’hui je prends du recul, j’évalue et je choisis pour une deuxième fois ce métier qui, à mes yeux, reste un des métiers les plus fascinants.

Merci à tous les petits cocos qui ont croisé mon chemin jusqu’à présent. Je traîne avec moi une parcelle de vous tous sur mon cœur et j’espère que vos étoiles brillent encore où que vous soyez.

Joanie Therrien

Prête pour ma préado ? Vraiment pas!

Ma fille a dix ans, en vrai pas tout à fait, mais très bientôt. J

Ma fille a dix ans, en vrai pas tout à fait, mais très bientôt. J’en suis venue à me dire que si je la regarderais avec des lunettes style microscope, je verrais des milliers d’hormones qui me font des fuck you!

Je ne m’attendais pas du tout à ce que ça arrive si vite dans sa vie. Dans ma vie, c’est arrivé beaucoup plus tard. Je te dirais au secondaire. À dix ans, je jouais encore à la Barbie. Je ne dealais pas avec un début d’acné.

J’ai eu mes premières menstruations à quinze ans. Alors que pour elle, je peux déjà déterminer son cycle menstruel. Son caractère exécrable devient un excellent baromètre pour savoir qu’elle est dans sa semaine. Je commence à lui parler de ça. Sans trop lui dire que ça pourrait arriver bientôt. Ma petite anxieuse pourrait subir un énorme traumatisme. Est-ce que je dois lui préparer un p’tit kit ? T’sais, un petit étui contenant le nécessaire (serviette sanitaire, bobette de rechange) au cas où la première visite du code rouge se produit à l’école…

Je la sens qui se détache de plus en plus de moi. Mon opinion devient secondaire, celle de ses amies a pris ma place. Honnêtement, ça me fait chier. Je ne me souvenais pas à quel point nous pouvions avoir des idées de merde à l’adolescence. Je dois maintenant prier pour que les bases que j’ai établies, les valeurs que je lui ai transmises tiennent le coup.

Ses goûts vestimentaires changent, elle s’affirme de plus en plus. La mode des chandails bedaine et des tailles hautes… C’est pas une maman qui a inventé ça certain. Je peux encore jouer la carte du « quand tu pourras te le payer, tu te l’achèteras, pour le moment, je ne paie pas pour ça ». J’assume assez bien de ne pas être cool à ses yeux. Est-ce que c’est moi qui réagis trop fortement ? Je la trouve trop jeune pour s’habiller comme ça.

Et je ne parle même pas du maquillage. Pour moi, c’est un gros NON. Mes yeux saignent de voir de si jeunes filles en porter, parfois beaucoup trop. Elles sont trop jeunes pour gérer ça, le regard des garçons, leurs commentaires, et même leurs agissements. Sans parler des balbutiements des premiers amours.

Je ne suis pas prête, ça me fait freaker tout ça.

Est-ce que j’ai bien préparé ma fille?

Ses premiers battements d’ailes seule sont arrivés trop vite.

Je dois plonger dans le vide avec elle… en me tenant deux pas derrière elle.

Je dois lui faire confiance.

Je ne veux pas perdre mon bébé.

Est-ce que je suis la seule à vivre ça avec autant d’angoisse et de frustration?

Mélanie Paradis

 

Tripante, la période des deux ans?

Deux ans, le fameux « terrible two » : on en entend

Deux ans, le fameux « terrible two » : on en entend pas mal parler, surtout de ses côtés négatifs. J’ai donc envie de vous partager tout ce que je trouve cool de cette période.

On ne vit pas dans un monde de licornes et d’arcs‑en‑ciel. Notre grand en a fait des crises de bacon et on en a géré des émotions si envahissantes qu’il en perdait le contrôle.

Mais le Deuzans, qui débute vers dix-huit mois pour plusieurs, correspond aussi au développement fulgurant du langage. C’est vraiment impressionnant d’observer cette évolution! De quelques mots, ils en arrivent à faire des phrases et commencent même à faire des blagues. Viennent avec ça les mots d’enfants et les formulations si drôles qui peuvent sortir de leur bouche. Ça facilite tellement le quotidien et c’est si fascinant de voir leur personnalité se dessiner plus clairement.

Les enfants deviennent aussi plus habiles. Ils découvrent les modules du parc en ne se limitant plus à la glissade et aux balançoires et ils sont fiers de leurs nouvelles capacités. On peut commencer à cuisiner avec eux, à les faire contribuer à de petites tâches. Ils apprennent l’entraide et développent leur sentiment de compétence. Voir la fierté dans le regard de notre fils quand il arrive à faire quelque chose de nouveau ou lorsqu’il nous aide, c’est touchant!

Leur capacité de réflexion n’échappe pas à cette évolution ; ils comprennent des éléments de plus en plus complexes. On peut commencer à jouer à des jeux de société simples, ils réagissent de plus en plus quand on leur lit des histoires. Ils répondent à nos questions, nous racontent leur journée. Ils saisissent doucement de plus en plus de mots abstraits (avant, après, plus tard, loin, en dessous, etc.). Leur mémoire évolue également et ils nous parlent d’événements vécus il y a quelques semaines ou de personnes qu’ils aiment même si ça fait quelque temps qu’ils ne les ont pas vues.

Les petits de cet âge commencent aussi à jouer avec leurs amis et plus seulement en parallèle. Ils créent des liens, se font doucement des amis qu’ils sont contents de retrouver. Ils partagent de mieux en mieux, apprennent à collaborer, découvrent l’empathie. Ils veulent aller jouer chez des personnes qu’ils aiment ou les inviter à la maison. Ils énoncent plus clairement leurs préférences et leurs envies.

C’est aussi l’apparition des « je t’aime » spontanés, sans qu’on ne les ait initiés, et des petits compliments maladroits, mais si mignons, des histoires sans queue ni tête un peu dures à suivre, du désir de prendre soin de l’autre… Le « terrible two », c’est aussi tout ça et, surtout, c’est si beau!

Jessica Archambault

 

Lettre à ma fille unique

Il y a plus de onze ans, tu es arrivée dans nos vies. Ton papa a ai

Il y a plus de onze ans, tu es arrivée dans nos vies. Ton papa a aidé Dr Elizabeth à te sortir et te voilà toute petite sur mon ventre. Les yeux grands ouverts dès tes premières heures de vie. Tu fais ton premier sourire à un mois jour pour jour et depuis ce temps, tu ne cesses de sourire et d’attirer le regard des gens.

Mais d’où te viennent ces cheveux roux et ces yeux verts? Moi qui attendais une petite fille blonde comme les blés… Partout où nous allons, les gens te sourient, te remarquent avec tes cheveux flamboyants et ta personnalité charismatique.

Tu étais debout à sept mois et demi, mais tu décides de prendre ton temps pour marcher. À seize mois et demi, un certain Vendredi saint, tu te décides à te lever debout et tu te mets à marcher sans aucune hésitation. Tu parlais peu et tout à coup, tu nous fais des phrases incroyables et nous dis : c’est magnifique! Tu nous suis partout, tu raffoles des sushis, des olives, des huîtres… Tu veux tout goûter! Même ton papa madelinot réussit à te faire manger du fort de homard et tu adores.

Vers tes deux ans, tu me dis : « Je t’aime maman » au moins vingt fois par jour. Tu t’inquiètes dès que je ne souris pas et me dis : « Maman, sois heureuse ». Comment ne pas fondre devant ces phrases? Quelques fois, je te regarde et me dis que tu grandis trop vite. Tu me dis que tu as hâte de prendre le gros autobus jaune, d’aller à l’école.

Tu me demandes un ordinateur rose pour tes trois ans. Tu veux un gâteau de fête à la vanille avec du rose et La Belle au bois dormant sur le dessus. Tes demandes sont précises et tu me parles souvent d’hier et de demain. Tu te souviens de petits détails comme la couleur du pyjama que ta tante portait lors de sa visite chez nous six mois plus tôt quand tu me vois avec un pyjama semblable. Comment peux-tu te souvenir d’aussi petits détails qui sont arrivés il y a des mois quand tu étais incapable de te déshabiller toute seule le soir pour prendre ton bain ou de monter sur la toilette?

Déjà à trois ans, tu remarques tout. Tu as même fait un commentaire sur le changement de couleur de mes ongles d’orteils pendant les vacances à Cape Cod dès que je suis entrée dans le chalet loué pour les vacances. Tu adores Madonna, me demande du Cabrel dans la voiture et tu veux que papa te fasse écouter du Jack Johnson. Tu leur donnes même des qualificatifs très précis : Francis Cabrel est vieux, Jack Johnson est malade et Nicolas Ciccone pleure en chantant. Mon dieu, mais d’où te viennent toutes ces images de ces artistes que tu n’as jamais vus de ta petite vie et qui pourtant sont souvent si près de la réalité.

Vers l’âge de quatre ans, tu me regardes sérieusement et me lances avec une confiance en toi inébranlable : « Maman, sais-tu que tu es vraiment chanceuse toi? (silence) Bien oui, car moi je suis très rare avec ma couleur de cheveux roux, je suis unique! ». Une autre fois où je te demande de ranger tes crayons et tes cartons de couleur sur le sol de la cuisine, tu te lèves et me regardes avec les deux mains sur les hanches en me disant que ramasser des choses, ce n’est pas grave, car ce qui est TRÈS grave dans la vie, c’est le cancer!

Vers six ans, ta vie change du jour au lendemain quand ton papa et moi décidons de nous séparer. Tu réagis fortement sur le coup en nous disant que nous devrions attendre que tu sois en appartement! Malgré tout, tu t’adaptes rapidement et à la fin de ta maternelle, on nous dit que tu as été un rayon de soleil pour ta classe, que tu aides beaucoup les plus petits et les amis qui ont besoin d’aide en classe.

Puis déjà huit ans… durant l’été, tu pars pour la première fois pendant une semaine au camp de vacances. Tu reviens avec les genoux écorchés, mais les yeux remplis d’étoiles. Tu écoutes de la musique populaire, me demandes d’installer Instagram, tu choisis tes vêtements et me parles que tu aimes bien le look « boho ». Tu me répètes encore très souvent : « Je t’aime maman ou I love you more! » Tu es encore très affectueuse. Nous partons ensemble sur un voilier en Grèce et réaliserons un de tes rêves durant cet été.

Puis-je arrêter le temps? Tu auras onze ans et demi en mai prochain. Tu me fais découvrir de la musique chaque semaine, tu as ton style, des lunettes que tu portes avec fierté, tu cuisines de plus en plus. Tu adores voyager et me parles souvent de retourner au Costa Rica où nous sommes allées il y a deux ans. Récemment en voiture, tu m’as dit que tu aimais vraiment ta vie avec tes deux maisons, ta famille avec papa, Kat, les jumeaux, tes chiens et tes amies du Lac-Beauport. Tu es passionnée de théâtre, tu adores la décoration et tu es d’une créativité sans bornes. Tu es soucieuse de l’environnement et tu me parles souvent de ne plus acheter de sacs de plastique (finis les petits jus pour tes lunchs!) et tu aimes essayer plein de recettes végétariennes.

J’espère que notre vie sera encore remplie de doux moments, de voyages, de confidences, de rires et de bonheur. Je t’aime de tout mon cœur ma grande Charlotte, et oui tu es une fille unique à mes yeux!

Véronique Hébert

Et toi, tu te berces

Ça a commencé tout doucement.

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Ça a commencé tout doucement.

Tu étais tout petit dans ta chaise haute.

Je t’y ai déposé devant quelques jouets sur ta tablette et tu as commencé.

Tu t’es mis à te balancer de l’avant à l’arrière, on riait… c’était drôle.

Mais depuis, tu te berces encore un peu chaque jour.

Oui, je l’avoue, ça m’a parfois gênée devant de nouveaux ami(e)s.

Tu demandais « Avez-vous un divan? »

Et aussitôt que tu le trouvais, tu t’installais et commençais à te balancer.

Par gêne, par malaise, par ennui, par fatigue. Toi, c’est ta façon de gérer ça.

C’est de te bercer.

Et là, il y a eu «  les gens »  et leurs précieux commentaires qui ne sont tellement pas nécessaires :

— Avez-vous déjà pensé à consulter?

— Avez-vous des autistes dans vos familles?

— Ce n’est pas normal qu’il fasse ça, moi je m’informerais.

— Il va se faire mal.

— Ça ne doit pas être le fun pour lui et vous devez être tannés qu’il fasse ça.

Et j’en passe.

Écoute, logiquement selon toi, est-ce qu’on en a parlé à son médecin?

Nous qui sommes ses parents et qui désirons le meilleur pour notre enfant?! Oui, nous avons abordé le sujet avec SON médecin. Ai-je besoin de t’en donner le compte rendu à toi, l’inconnu? Non.

Ai-je besoin de te dire que oui, nous avons de l’autisme dans notre famille proche? Ça te regarde, toi, l’impoli? Ça te rendrait peut-être mal à l’aise (ou pas) une fois informé.

Est-ce que tu crois bon que je te dise que oui, des fois, c’est irritant de le voir se bercer d’avant en arrière pendant qu’on essaie d’écouter un film en famille?

Qu’on aimerait qu’il cesse.

Mais ça ne te regarde pas!

Il se berce et nous, on chante…

Il se balance et nous, on s’en contrebalance. Comprends-tu ça?

Son médecin nous a dit que c’était un excellent signe d’autosuffisance et que, comme il sait se bercer lui-même, il n’a pas besoin que personne ne le fasse pour lui.

Il se connaît et se suffit.

Quand il vit une situation qui l’angoisse ou quand il se sent fatigué, il se berce pour se calmer ou pour s’endormir.

Te voilà rassuré. Mais moi, je savais déjà que mon enfant était juste différent et ça me plaisait de te faire parler!

Lisa-Marie Saint-Pierre

 

La dyspraxie

Depuis sa naissance, ma fille m’a inquiétée. Alors que tous me d

Depuis sa naissance, ma fille m’a inquiétée. Alors que tous me disaient : « Tu verras, le deuxième enfant apprend tout plus vite que le premier ! », je constatais que ce n’était pas DU TOUT son cas !

À sa naissance, elle avait cet air sévère que l’on voit chez les nouveau-nés qui ont souffert des dernières semaines de grossesse. J’ai pleuré en la voyant, oh j’étais tellement heureuse ! Mais je culpabilisais tellement aussi ! Je lui demandais plusieurs fois l’heure pardon pour cette souffrance que j’étais persuadée qu’elle avait vécue en moi : elle est née avec le cordon ombilical entouré plusieurs fois autour de son petit cou. Je sais bien que je n’y étais pour rien, mais vous savez ce que c’est : la culpabilité d’une mère, même insensée !

Elle n’a jamais marché à quatre pattes, se contentant de trois. À un point tel que j’ai eu peur qu’elle ait un problème de hanches !

Elle a marché très tard et que dire de l’apprentissage de la propreté !

Jusqu’à l’aube de ses trois ans, rien à faire. Elle n’apprenait pas du tout le principe ! Ce n’était pas par manque de volonté de ma part, par manque de trucs trouvés ici et là ou par manque d’expérience ! Elle était mon deuxième enfant et RIEN ne fonctionnait ! Elle pouvait faire dans sa culotte tous ses besoins et continuer à jouer tout bonnement sans que cela semble la déranger le moins du monde !

Puis, un soir, je ne saurai jamais vous expliquer ce qui s’est passé, mais au coucher, elle m’a dit : « Dodo ulotte mama! » Elle ne voulait pas de couche, pas de « pull-ups », non! Mademoiselle ma duchesse voulait dormir en bobettes alors que quelques heures plus tôt, elle s’en mettait partout !

Pour la première fois, elle démontrait un intérêt, alors elle a dormi en petit culottes et à partir de ce moment, elle n’a plus JAMAIS fait de dégâts ! Allez comprendre !

J’ai discuté alors qu’elle était toute jeune avec des amies professionnelles, m’inquiétant encore et encore sur son développement. Mais elle était trop jeune pour « savoir » si elle avait une particularité. J’ai attendu, la scrutant jour après jour…

Lorsque votre enfant vous dit en pleurs dans ses phrases décousues : « Mama é problème, amis comprennent pas tant je pale ! J’ai entendu et mama je pale pas bien ! », vous faites le saut !

Alors j’ai poussé et puis à la fin de sa première année du primaire, j’ai su : DYSPRAXIE.

Comment expliquer à son enfant ce « problème » ? Comment lui enlever cette sensation d’être « différente » et que cette différence ne soit pas « bien » ?

Je vous partage l’histoire que je lui ai racontée et croyez-moi, cela à fait toute la différence.

« Lorsque tu vois, entends, goûtes et sens, il y a une information qui entre dans ta tête. Il y a un petit bonhomme d’information qui a un travail à faire : apporter cette information au centre de ton cerveau pour que lui décide quoi en faire.

Par exemple, je te demande de répéter « Les patates sont cuites ! » Alors ton petit bonhomme d’information met la phrase dans son petit sac et part rejoindre le cerveau. En chemin, il chante, il saute, il regarde partout les belles lumières dans ta tête… Il échappe son sac, le reprend et arrive enfin à destination. Il donne le sac au cerveau. Celui‑ci regarde dedans et dit : « Ok, va porter cette information à la bouche pour qu’elle dise cette phrase ! » Voilà ce petit bonhomme qui reprend son chemin vers la bouche; il chante, il danse, échappe à nouveau son petit sac, le ramasse puis… il donne le sac à la bouche qui l’ouvre, regarde dedans et enfin, répète la phrase : « Les patates sont POURRITES ! »

Ma fille a sursauté ! : « Mais mama cé pas la bonne phase ! »

Voilà l’histoire qui a le mieux expliqué à ma puce de presque sept ans qu’elle n’était pas « différente » que ce n’était pas sa « faute» : c’était ce coquin de petit bonhomme d’information qui était étourdi facilement !

À partir de ce moment, j’ai vu dans les yeux de ma fille une compréhension, que dis‑je, une illumination comme je n’en avais jamais vue chez elle !

Elle va avoir dix ans le mois prochain et depuis ce jour, elle a beaucoup travaillé. Elle réussit ses études dans la moyenne avec les outils que j’ai pu trouver et que l’on m’a donnés.

La dyspraxie est une atteinte neurologique qui rend difficile la coordination des mouvements, de la parole, des actions entre elles, incluant les apprentissages de toute sorte. Ça veut dire qu’on est en double tâche cognitive en tout temps. Je vous partage un lien d’une vidéo l’expliquant mieux que moi‑même.

À l’ère où on conclut rapidement à des déficits d’attention de toutes sortes, renseignez‑vous sur les autres possibilités.

Nous soupçonnions un déficit chez mon plus jeune, mais voilà que lui aussi a cette dyspraxie à des niveaux différents de ceux de sa grande sœur. C’est comme deux personnes qui ont un rhume, mais qui n’ont pas les mêmes symptômes.

Depuis ce diagnostic, mes deux enfants s’épanouissent beaucoup mieux. Avec les bons outils, ça aide toujours !

Simplement Ghislaine

 

La comparaison malaisante

Malgré qu’on sache qu’il ne faut pas comparer les enfants, nous

Malgré qu’on sache qu’il ne faut pas comparer les enfants, nous le faisons tous plus ou moins. Certaines comparaisons peuvent être saines ou, du moins, inoffensives. Par exemple, je trouve intéressant de voir des enfants un peu plus vieux que les miens. Ça me donne un aperçu de ce qui s’en vient, de ce qu’ils feront bientôt. Ça peut aussi me donner des idées d’activités ou de jeux à faire avec eux, des pistes d’éléments à stimuler.

La comparaison peut aussi être rassurante. Notamment quand on traverse une phase plus difficile. Je ne me réjouirai jamais d’une crise de bacon d’un mini à l’épicerie. Je suis remplie de compassion pour ses parents. Par contre, quand j’étais en plein dedans avec mon grand, ça me rassurait de voir qu’on n’était pas seuls. Discuter avec une maman qui traverse des défis, petits ou grands, semblables aux nôtres, peut faire beaucoup de bien.

Par contre, j’ai beaucoup de difficulté lorsque la comparaison dénigre ou rabaisse. « Mon gars n’est pas rendu là, il doit être retardé! » Hein?! Ça me laisse sans voix. Peut-être n’aurais-je pas dû raconter le bon moment qu’on a passé à jouer à un jeu de société calme avec notre presque trois ans super énergique. Peut-être que ça parle des angoisses de cette maman. Je ne sais pas trop. Je trouve cependant sa façon de le dire inadéquate. Il est fort probable que son fils n’aime simplement pas ce genre de jeux. Je suis de plus convaincue que cet enfant fait des choses que le mien ne fait pas. C’est tout à fait normal, les enfants ne se développent pas de manière identique. Il n’est aussi peut être simplement pas encore rendu-là, effectivement. « Il doit être retardé » était-il vraiment nécessaire? Ça me met mal à l’aise. Je n’ai pas envie de continuer cette conversation, car je sens que cette maman se sert de ce que je raconte pour dénigrer son enfant.

Ah! Et je suis en mesure de détecter l’humour et l’ironie. Si c’était le cas avec ces propos, je ne les soulèverais pas.

Ces comparaisons malaisantes, je suis en mesure de les recevoir et, souvent, de les éviter. Mon inconfort est néanmoins encore plus grand lorsque l’enfant en est témoin. « Ton petit parle vraiment bien! On comprend rien quand le mien parle, ç’a pas de bon sens! Écoute… C’est ce que je disais, j’ai rien compris! » Oh! Mon cœur se serre. L’apprentissage du langage est déjà tellement intense pour les tout petits. C’est déjà tellement difficile pour eux de gérer les frustrations associées au fait qu’ils ne se font pas bien comprendre durant cette période. Si en plus, ton mini se fait dire plusieurs fois par jour qu’il est incompréhensible et qu’il ressent ton exaspération, ce n’est rien pour l’encourager à persévérer.

J’aimerais réussir à répondre à ces mamans respectueusement et sans jugement que leurs enfants ont surtout besoin d’encouragements, de sentir qu’ils sont capables, que leurs parents sont patients et qu’ils les accompagnent dans leur développement. J’aimerais aussi les rassurer, elles ont le droit de s’inquiéter, c’est tout naturel, et il est sain qu’elles en parlent, mais les enfants entendent tout. Il faut donc faire preuve de délicatesse lorsqu’ils sont à proximité. Mais je ne sais pas comment faire. Je sais qu’un jugement serait perçu dans mes propos malgré mes efforts et mes gants blancs.

Ça me désole. Alors je l’écris.

Jessica Archambault

Vice caché!

Normalem

Normalement, ce sentiment va vous habiter avant même qu’ils n’entrent dans votre vie…

La nouvelle est formidable. D’un couple, vous deviendrez une famille. Une unité qui pourra aussi s’agrandir ensuite. Les plus braves, ils dépasseront la norme des deux enfants. Certains s’arrêteront à un seul. Chacun de nous selon notre choix. Selon sa réalité. En partie selon sa tolérance à l’inconnu.

Mais, dès l’annonce, ce sentiment vient vous hanter. Jour et nuit.

Est-ce que je serai à la hauteur? Tout le temps. Surtout dans les moments plus difficiles. La patience, c’est une vertu qu’il est plus facile de cultiver seul. Déjà, à deux, ça se complique parfois. Alors, sans un mode d’emploi précis ou mal adapté à une personnalité qui s’affirmera avant même de parler…

Avec l’échographie, le sentiment se transforme. Ce n’est pas tant l’après, mais le si. Plus proche. Celui qui imposera de compter les doigts et les orteils. Juste pour se rassurer un peu. Comme si le visible garantissait l’invisible.

J’ai trouvé particulièrement difficiles les premiers mois. En fait, tant que mon enfant – chacun d’eux – ne pouvait s’exprimer par des mots. L’interprétation, lorsqu’on connaît ses limites, n’a rien de rassurant.

Le temps file.

Chacune de leurs premières étapes. Les premiers pas. Leur découverte de l’environnement. Par la bouche. Tous les pièges cachés. Pas pour eux. Les premières nuits à l’hôpital, dès que la fièvre ose s’inviter. Que leur respiration ressemble à la nôtre. Le cœur trop serré d’impuissance.

La garderie. Leur comportement social. Le lot des cadeaux qu’ils s’échangeront, par proximité. L’école. Et ça continue. La première sortie d’une nuit. Ils sont si petits. Et si? Et si?

L’adolescence. Rien que le mot peut vous glacer sur place. Une phase hormonale qui n’a que faire des principes d’encadrement. De tout, en fait. Avec une assurance affirmée. Impolie. « Pourquoi tu t’inquiètes? »

Tous les parents connaissent trop bien le sentiment, qu’importe ce qu’en pensent leurs enfants…

michel

Mettre un enfant propre, ou l’art de frôler l’apocalypse mentale

Il faut se le dire, je suis une bonne mère. J’ai toujours eu de l

Il faut se le dire, je suis une bonne mère. J’ai toujours eu de la facilité dans ce domaine. Mais le jour où j’ai dû mettre mes enfants propres, toutes mes habiletés m’ont quittée…

J’ai tout tenté, tout essayé pour que cela se passe bien : j’ai écouté un film avec ma fille assise sur le pot, j’ai géré la quantité de liquide ingurgité, j’ai même acheté une tortue (vivante en plus!), j’ai négocié, crié, chanté, hurlé, perdu la boule (plus d’une fois d’ailleurs!), j’ai même aspergé d’eau mes enfants au poush poush (comme pour un chat qui fait un acte indésirable)… mais rien ne fonctionnait.

Ces belles bebittes qui ne viennent pas avec un mode d’emploi, ils ont plus d’un tour dans leur sac. On ne sait pas d’où ils tiennent cela, mais ils sont équipés de superpouvoirs. Ils ont l’habileté incroyable de se cacher au bon mauvais moment, ils ont les yeux si cute qu’on leur pardonne tout. Ils ont la capacité d’être ultra heureux d’un pipi à la toilette et aussi de complètement se foutre d’un caca dans les culottes. Ils sont capables de faire de l’art décoratif avec ce qui sort de leur corps et de ne pas mourir de l’odeur (fait vécu ici). Je ne cite que certains superpouvoirs liés à la propreté, mais il y en a à l’infini pour tous les secteurs reliés à la parentalité!

Parce qu’il n’y a pas que le fait qu’on n’a pas de mode d’emploi, il y a la pression sociale. Nos enfants nous-mêmes sont vus comme arriérés si ce côté-là tarde un peu à se développer. Tout le monde a son opinion. On en entend de toute sorte :

« Ah non, ton enfant n’est pas encore propre? » (avec un regard rempli de jugement)

« Es-tu certaine que tu t’y prends bien? » (Ok, il y a une technique infaillible du pipi-caca à la toilette que je n’ai pas vue?)

« As-tu acheté le nouveau gadget qui fonctionne à tout coup? » (Bon, on n’a pas besoin de gadget pour faire pipi-caca, mais oui, je les ai TOUS achetés.)

« Arrête de ne faire que du renforcement positif, il faut que l’enfant vive du désagréable aussi dans sa vie. » (J’ai bien essayé de lui mettre le nez dans son pipi, mais même avec mon chien, ça ne fonctionne pas!)

Un jour, la vie est bien faite, j’ai lâché prise… et mes enfants sont devenus propres… dès le lendemain!

Martine Wilky