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Mon chum ronfle ou La nuit où j’ai failli dormir

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Je vous écris ce texte avec mon xe café à la main. J’attends toujours que la caféine fasse son œuvre. Mais honnêtement, je crois qu’elle a abandonné la partie. Dès la première gorgée de café, elle s’est dit « Ok, c’est le moment de faire la grève, elle est irrécupérable ».

 

Une nuit à oublier. Je n’ai pas mal dormi. J’ai pas fermé l’œil de la nuit. Ma dernière est grippée. Je me suis tapé deux crises de faux croup. Pour calmer les crises, je suis allée deux fois dehors avec elle. Entre son sommeil entrecoupé de pleurs et ses crises, pas eu le temps de dormir. Lorsqu’enfin vers deux heures du matin, elle a sombré dans un sommeil profond, l’homme a décidé de se mettre à ronfler. Je sais qu’il ne décide pas volontairement de ronfler, mais cette nuit, c’était de SA faute.

 

Cette nuit a été précédée de plusieurs où j’ai mal dormi. L’endroit dans mon cerveau où le raisonnement logique se fait sonnait occupé. Je voulais juste dormir. Pis non, j’avais pas le goût d’aller dormir sur le divan devenu inconfortable par les sauts des enfants. Je voulais dormir dans mon lit… notre lit. Cette nuit-là ben, c’était juste le mien… BON!

 

J’ai tenté la manière douce : « Mon amour, tu ronfles ». Suivi d’un « Je ronfle pas, pas le moyen de dormir ici ». J’ai senti la colère monter en moi. Ben oui, je suis du genre à inventer les bruits infernaux qu’il fait, question de passer une nuit de merde.

 

J’avais déjà épuisé le peu de compassion qu’il me restait; fini la manière douce. Coups de pieds, tirer l’oreiller, bean sur le bras sont devenus mes solutions évidentes. À part une accalmie d’une dizaine de secondes, je n’y gagnais rien.

 

C’est à ce moment que j’ai évalué la possibilité de lui mettre un bas dans la bouche… Ok, pas réellement, mais juste l’image m’a fait du bien.

 

Je me suis même demandé si les trucs des infopubs antironflement marchaient réellement. Oui, j’étais écœurée de l’entendre à ce point-là. Je me suis souvenu des bandelettes pour mieux respirer. À part que l’homme a dû se frotter le nez avec du beurre de peanut pour enlever la colle (moment hilarant), ça n’a rien donné.

 

Il a finalement cessé de ronfler. J’ai failli m’endormir, mais le cadran a sonné.

 

Ma journée commençait…

 

Mélanie Paradis

 

 

 

Maman est usée

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« Vous êtes une bonne maman! », qu’on me disait parfois quand j’allais au parc ou au restaurant avec mon enfant. Je répondais alors gentiment « Merci », avec un sourire rempli de fierté, parce que je me trouvais bonne aussi. Je n’avais d’yeux que pour mon bébé, mon premier. Je découvrais l’instinct maternel, aussi fascinant que puissant. Quand je parlais à ma fille, chaque mot contenait une telle tendresse, un débordement d’amour. J’étais certes fatiguée, mais comblée par ce petit être qui venait, quelques mois auparavant, quelques années à peine, d’arriver dans ma vie. J’étais pleine d’énergie, débordante d’un bonheur nouveau et inespéré. Je me sentais pleinement compétente et à la hauteur, j’étais fière d’être la maman que j’étais.

Quand je croisais des mamans impatientes, dépassées, surmenées, je ne comprenais pas. Je ne pouvais pas comprendre. Je les jugeais et je me lançais des fleurs en me disant que moi, je l’avais donc l’affaire. Je regardais mon enfant, fière de lui offrir mieux, et j’étais triste pour ces petits qui se retrouvaient coincés dans l’impatience d’une maman de moindre qualité, qui criait pour un rien, qui ne jouait pas au parc, qui finissait par écouter son enfant au bout d’une dizaine de « Écoute-moi maman! »

Les années ont passé, d’autres enfants sont venus, les petits ont grandi. Les congés de maternité se sont prolongés, les « Mamans! » ont débordé, les crises et les disputes se sont multipliées, le bruit s’est intensifié, les mauvaises nuits et les mauvaises journées se sont succédé. Les cernes ont grossi sous mes yeux, de nouvelles rides sont apparues, quelques cheveux gris également et avec eux, les moments de solitude ont disparu.

Un jour, j’ai réalisé que j’étais devenue cette mère que je trouvais si mauvaise. J’étais celle qui, fatiguée et impatiente, criait après ses enfants pour se faire entendre. Celle qui, lors d’une sortie au cinéma avec ses petits, avait du mal à sourire parce que ce jour-là, c’était une mauvaise journée, une de plus. J’étais devenue cette maman à la tolérance malmenée parce qu’usée par toutes les heures de sommeil en retard, les chicanes à gérer, les comportements à analyser et les tâches à accomplir.

Ce jour-là, j’ai pleuré. J’ai pleuré parce que je refusais d’être cette maman-là. Moi, j’étais pourtant une bonne maman : tendre, aimante, qui trouvait les bons mots, qui savait réagir simplement par instinct. J’ai pleuré parce que je connaissais pourtant mes enfants par cœur et je savais faire toutes sortes de folies pour les faire rigoler, pour désamorcer. J’avais été la maman que j’admirais et je ne voulais pas être l’autre; celle qui se met en colère pour un rien, qui a du mal à écouter les histoires remplies d’imagination de ses enfants parce qu’elle a la tête saturée et qu’elle voudrait juste cinq minutes pour ne penser à rien.

Soudain, j’ai repensé à cette mère impatiente du parc et je l’ai vue d’une tout autre façon. Bien qu’épuisée de tout donner à ses enfants, je sais maintenant qu’elle était remplie d’un amour inexprimable et inébranlable pour eux. Cette maman était usée par les années, par le manque de sommeil, le manque de solitude et peut-être même par le manque de soutien. Ce jour-là, elle serait volontiers restée à la maison, mais elle était au parc parce qu’elle savait que cela rendrait ses petits heureux. Puis, je me suis rappelé ce moment où elle était accourue à une vitesse folle vers son enfant lorsqu’il avait failli tomber en courant, poussée par l’inquiétude et la culpabilité à l’idée qu’il ait pu se blesser avant qu’elle ne puisse intervenir.

Je sais maintenant qu’une fois de retour à la maison après la sortie au parc, cette maman avait préparé un dîner au goût de ses enfants, pour leur faire plaisir. Elle avait mis plus de fromage dans l’assiette de son garçon parce qu’elle savait que cela le ferait sourire. Elle s’était assurée de choisir les plus petites carottes pour sa fille puisque c’est comme ça qu’elle les aimait. Et bien sûr, elle avait versé leur lait dans leurs verres préférés. Quand ses plus jeunes s’étaient couchés pour la sieste, elle avait laissé de côté ses tâches quelques instants pour jouer un peu avec sa grande qui, depuis quelque temps, avait un grand besoin de son attention.

Quand son fils était redescendu, elle l’avait bercé, parce qu’elle savait comme il avait du mal à se réveiller. Puis, la sieste de son bébé s’était terminée. Elle était allée le chercher, en souriant tendrement. Le calme était resté jusqu’à la prochaine dispute, jusqu’à la crise suivante, jusqu’à l’incontournable avalanche de demandes. L’impatience était alors revenue rapidement, les cris probablement aussi. Cette tension de plus l’avait laissée de mauvaise humeur. Tout le reste de la journée, elle n’avait pas pu sourire, elle n’avait pas pu être douce et attentionnée. Il y en avait juste eu trop… trop souvent.

Comment vous dire, mes enfants, que maman est fatiguée, que ma tête et mon corps sont usés, mais que je vous aime un peu plus chaque jour?

 

Eva Staire

 

           

           

             

Épuisement à l’horizon!

En tant que pare

En tant que parents, soyons honnêtes, on est pas mal tout le temps à la course. Qu’on travaille à l’extérieur ou qu’on se dévoue à temps plein à nos petits monstres chérubins, la vie, ça va vite. Les nuits sont courtes, les rendez-vous se succèdent, les microbes nous collent au derrière, les activités et les fêtes d’amis se multiplient. Sans compter les devoirs des plus vieux, les commissions (faut bien nourrir cette marmaille-là et leur trouver des vêtements pour remplacer le pantalon qui a de l’eau dans la cave et les souliers troués), les lifts par-ci, les imprévus par là…

Mais à un certain moment, il faut savoir faire « WO! Les nerfs! » avant de péter au frette. À go, on se regarde dans le miroir de notre conscience pour détecter les signes que la broue qu’on a dans le toupet est en train de se transformer en guimauve toxique.

          Tu fais comme dans la toune des BB et tu sales ton café. Le lait dans l’armoire est aussi un bon indicateur.

          Tu pars travailler avec ton linge à l’envers. Quoique… j’ai déjà enseigné toute une journée avec mes poches arrière de jeans en avant… et chaque mois, je « teste » mes collègues pour savoir s’ils se rendront compte que je porte mon chandail à l’envers, ou deux souliers différents…

          Tu oublies encore plus de choses qu’avant. Les clefs, le cellulaire, le lunch sur le comptoir, c’est de la petite bière. Si tu es rendu à oublier où tu habites (et qu’il n’est pas 4 heures du matin après une soirée trop arrosée), il est peut-être temps de faire un long, long dodo. On va faire un test. Complète les phrases suivantes : Je m’appelle _____. Je suis né le _____. Mes enfants s’appellent _____ et leurs dates de naissance sont le _____.

Et la question qui tue : J’ai rencontré mon conjoint/ma conjointe le _____. Si tu as répondu correctement à tout ça, ça ne veut pas nécessairement dire que tu n’es pas à bout. Ça veut juste dire que tu es une femme.

          Tu perds tout, en commençant par ta propre personne. Dans une période de ma vie où j’avais deux emplois à temps plein, j’ai passé deux heures à chercher ma voiture dans les rues de Limoilou à la fin de ma double journée de travail. C’est aussi pendant cette période que je suis rentrée au travail sans chaussures… après avoir conduit pendant vingt minutes. Perdue, la médame.

Ça peut être plus subtil : sacoche, papiers importants, carte de crédit ou d’assurance-maladie (toujours quand tu en as désespérément besoin). Ce faisant, tu perds aussi beaucoup de temps à chercher et à t’en vouloir.

          Tu souris moins et moins facilement. Les super chatouillis magiques de ton plus jeune t’impatientent. Les blagues douteuses de ton chum ou de ta blonde te font soupirer (pour vrai). À bien y penser, tu ne te souviens même plus de ton dernier fou rire digne de décrocher un dentier. Faudrait y remédier.

          Tu attrapes toutes les bibittes qui gravitent à l’intérieur des vingt kilomètres qui t’entourent. Rhume, grippe, gastro, bronchite, feu sauvage s’agrippent à toi comme des sangsues. Tu savais que tu avais un immense pouvoir d’attraction (dont tu doutes de plus en plus à force de voir tes cernes se creuser), mais de là à magnétiser les virus de tout acabit…

          Tu t’endors partout. Rien de mieux que de te réveiller au bout de la ligne de transport en commun à minuit et d’être obligé de revenir chez toi à pied parce que c’était le dernier autobus… fait vécu! Si tu t’endors derrière le volant ou sur un chantier de construction avec une scie à chaîne dans les mains, arrête. Va te coucher. Là maintenant tout de suite. Pas des blagues. Entre une sieste de deux heures et une sieste éternelle… le choix est évident.

          Ou au contraire, tu ne dors plus. Trop de listes de tâches urgentes en tête. Moins de sommeil = plus de stress = plus d’insomnie = sommeil plus agité = plus de fatigue = plus de stress… Oui, tu peux prendre un somnifère quelques soirs pour t’aider à retrouver une routine de sommeil normale. Mais le but, ce n’est pas de prendre des pilules, c’est de dormir de façon saine. Si tu ajoutes du yoga, de la méditation, une tisane à la camomille, un diffuseur d’huile essentielle de lavande, une lecture relaxante avant le dodo ou quelques soirées sans écran, tu vas probablement arriver au même résultat. Si tu élimines des tâches de ton horaire, que tu les reportes à plus tard ou que tu les délègues (à des collègues, à ton conjoint, à tes enfants, à une compagnie d’entretien…), tu te coucheras avec la tête plus légère.

          Parfois, de plus en plus souvent, tu te surprends même à penser, pendant un millionième de seconde, que tu ne t’en sortiras jamais. Que la montagne est trop haute pour toi. Que tu n’es pas équipée pour l’affronter. Que tu ferais mieux de tout laisser tomber. Que tu ne vaux rien…

Si tu es rendu là, ce n’est plus juste de la broue dans le toupet que tu as, c’est de la boue dans le cœur, du béton sur les épaules. C’est peut-être le temps de laisser tomber un ou deux engagements avant de te laisser tomber toi-même? Une mise en question de tes priorités, de tes buts à court, moyen et long termes serait sûrement appropriée. Quelques discussions sincères avec ton conjoint, tes parents, des amis de confiance, ton patron, un psychothérapeute… ça semble nécessaire à mettre au programme de ton horaire déjà trop chargé. C’est un choix que tu dois faire.

En avoir beaucoup (trop) sur les épaules, ça peut faire un bout. On passe tous par là. Période de pointe au travail, fin de session à l’école, épidémie de gastro à la garderie, nouveau-né qui pleure toutes les nuits, enfant ou parent hospitalisé : des circonstances peuvent expliquer un rush ponctuel.

Mais attention : si ça devient chronique et qu’on vit constamment sur la corde raide de l’épuisement, ce n’est plus seulement à cause de raisons extérieures. Ça devient une question de choix. Même si on se répète « J’ai pas le choix ». On a toujours le choix. STOP, avant que la vie trouve une façon plus raide de te forcer à arrêter.

Nathalie Courcy

Chaque mois, tu voudrais être un gars

Chaque mois depuis que tu as douze ans, c’est la même rengaine. Tu

Chaque mois depuis que tu as douze ans, c’est la même rengaine. Tu commences par être fatiguée, mais vraiment ÉPUISÉE. Puis tout t’énerve! TOUT et tout le monde te tapent sur le système. Ceux qui vivent avec toi savent… Le fichu SPM est de retour…

Ton chéri et tes enfants ne stressent pas quand tu te mets à pleurer pour un oui pour un non. Tu es si émotive! Ils comprennent… Ils parlent doucement et essaient d’être gentils et ça t’énerve encore plus! Tu ne m’endures plus toi-même. Tu as envie de frapper le cave d’en avant qui ne roule pas assez vite, d’insulter l’enfant qui crie si fort dans les rayons de l’épicerie ou de chialer après l’animateur radio qui n’est pas capable de parler sans bafouiller!

Une asthénie envahit ton corps, tu travailles sans concentration et tu es épuisée juste à te tenir debout. Tu as envie de pleurer parce que tu aimes ton chéri, parce que tes enfants grandissent si vite, parce que tes parents te manquent, parce que tes amis sont merveilleux, parce qu’il fait beau, parce que la lune est belle, parce que le chien est mignon quand il dort et que le patient de Grey’s Anatomy était trop attachant…

Puis. Tranquillement mais sûrement… la douleur s’installe…

Chaque mois, la même douleur… Elle commence sur les côtés en bas du ventre, lancinante… Tes ovaires se tordent et brûlent tes entrailles. Cette douleur sourde qui se propage jusque dans tes cuisses, dans tes jambes… Ton utérus se contracte et ton souffle se coupe…

Chaque mois, tu subis cette douleur pendant deux jours.

Et tu commences à te vider. Ton corps rejette le petit nid qui aurait pu accueillir un bébé. Sauf que ça n’a rien de cute. Ça pue, c’est moche et ça fait mal. Pendant une journée, tu saignes tant que ton visage se décolore, les caillots font souffrir ton col et ton ventre n’est qu’un gouffre de souffrance. Tu es étourdie. Tu es vidée.

Tu n’as plus d’émotions, tu n’as plus de colère, tu es seulement vide. Les flots volent ton énergie…

Tu te sens grosse et laide. Tu te trouves poilue, trop vieille. Tu mets du linge mou et tu manges des chips.

Chaque mois, la même rengaine. Douze fois par année… et tu seras prise avec ça jusqu’à ta ménopause, que tu n’as pas hâte de voir arriver tellement ça a l’air d’être l’enfer.

Chaque mois, c’est plate être une femme. On doit souffrir toute notre vie pour avoir l’honneur et le privilège de donner la vie. Ça reste une belle compensation! Mais chaque mois, tu voudrais quand même être un gars! Juste une fois par mois.

Les culpabilités d’une mère étudiante

Les yeux qui brûlent, le crâne en compote et le corps empreint de

Les yeux qui brûlent, le crâne en compote et le corps empreint de fatigue, j’essaie de penser aux quinze derniers mois qui m’ont paru être une éternité.

Plusieurs mois à jongler entre les rôles de mère, d’étudiante, de conjointe et d’amie. De multiples chapeaux que j’enlevais au fur et à mesure, mais que je devais remettre aussitôt selon les différents contextes de mon quotidien.

J’ai fait mon possible. Était-ce suffisant? Je ne sais pas. Mais si j’ai une certitude, c’est bien que chacun de ces rôles a été « botché » à sa façon.

Avec autant de mois à tenter d’exceller dans trop de rôles à la fois, le corps s’use et le mental se met en mode « survie ». Bref, la conciliation n’a pas été facile. Je me levais le matin avec les mêmes pensées qui me hantaient la nuit. Parce que oui, quand tu as autant de rôles à jouer, tu n’as pas le choix de faire un peu de temps supplémentaire. Et le dernier quart, celui de nuit, sert un peu à régler tes comptes.

Bref, dès mon réveil, j’anticipais la journée avec un certain recul. Réveiller les enfants, les préparer pour l’école et la garderie, préparer les lunchs s’ils n’avaient pas été faits la veille, moi à l’école toute la journée, aller chercher les enfants, souper, bain, dodo… Et là, lorsqu’ils fermaient leurs paupières, je me mettais à étudier ou à taper de trop nombreux travaux. Jusqu’à 22 h-23 h-23h30.

Ces journées-là, je les vivais comme le jour de la marmotte. Chaque matin, à 6 h, le cadran sonnait pour me signaler de nouveau que ma réalité plate recommençait.

Et quand je mettais enfin ma tête sur l’oreiller, le soir venu, je m’en voulais. Beaucoup. Je me sentais coupable de n’avoir pris que cinq petites minutes pour jouer avec mes enfants, ou de m’être assise une seule fois dans ma soirée pour demander à mon conjoint : « As-tu passé une belle journée? », ou de ne pas avoir pris des nouvelles de mes amies. La culpabilité était forte et lourde. Comme si ma priorité était de terminer ces foutus travaux au lieu d’envelopper d’amour ceux qui me sont chers.

Je me sentais coincée parce que je n’avais pas le choix. Même si… c’était mon choix. Heureusement, je savais que ce sentiment n’allait pas être éternel.

Néanmoins, la durée, quoique courte dans le temps, m’a paru sans fin.

Maintenant, je me permets de mettre quelques chapeaux sur la patère de ma vie. En fait, c’est la vie qui m’en donne l’occasion. La fatigue est toujours présente et j’ai encore le corps mou comme un pantin, mais je revois le soleil au bout du tunnel.

La culpabilité a troqué sa place pour la fierté. Je me sens fière d’avoir persévéré malgré la douleur de délaisser ces gens que j’aime.

Un jour, je l’espère, mes enfants comprendront que cette absence était de l’amour. Et que ce choix de retourner sur les bancs d’école était, en partie, pour eux. ♥

Kim Racicot

Mon corps d’avant

Et trois filles plus tard...

Mon chum,

Et trois filles plus tard…

Mon chum, lui, me dit que je suis belle, comme je suis, que j’ai eu trois enfants, que j’en ai porté quatre, que je ne peux plus avoir le corps de mes vingt ans…

Ben moi, je le veux, ce corps là! Celui qui me permettait de porter mon jean ajusté sans avoir le muffin top bien en évidence. J’osais même mettre ce petit chandail qui, quand je levais mes bras, découvrait mon petit ventre.

Maintenant, lorsqu’on découvre mon ventre, on voit l’abus de poutine lors de ma première grossesse (ben oui c’était ce trip-bouffe-là… Vive la grossesse). On voit les traces des trois autres grossesses qui ont suivi rapidement. Mon corps n’a pas eu le temps de se remettre. Et oui, c’est ça, l’excuse que je me donne. Pathétique, n’est-ce pas?

Ce corps qui me permettait de porter fièrement le bikini sur la plage. Avec ma poitrine à la bonne place, pas quelques centimètres trop bas. Mes seins disant fièrement «Youhou on est là!»

Maintenant, je suis rendue cette femme. Cette femme qui porte un gros one piece caché sous une camisole slaque. Cette femme de qui je disais, dans mon petit corps de j’ai pas encore eu d’enfant: « Voyons, c’est quoi c’t’idée de cacher son corps. Assume, la grande! » Maintenant, je te comprends tellement… J’ai la même peur dans les yeux. Celle qui nous fait tirer sur notre camisole lorsque l’on rencontre une connaissance pour être certaine qu’elle ne voit pas l’étendue des dégâts.

J’ai cette même haine dans le regard, en voyant cette jeune fille qui porte un soit-disant bikini. Maintenant, j’appelle ça des triangles de tissus avec des lacets. Et oui, je me retiens pour pas les couper, les foutus lacets… En même temps, je serais sûrement une coche au-dessus de la haine lorsque je constaterais que même sans le minime soutien que t’apportait ton top,  tes seins n’auraient pas bougés.

Tsé, ce corps où j’aurais dû prendre mes deux cuisses ensemble pour combler l’espace que prend une seule de mes cuisses maintenant. Dans le temps où j’avais encore des triceps. Quelqu’un aurait dû me dire qu’on les expulsait avec le placenta. Maintenant, j’ai juste le petits gras qui shake lorsque je fais de gros Bye Bye de la main, alors je me limite au bye bye timide ou encore au signe de la tête.

Tsé, ce corps où ta petite robe noire glissait et t’allait comme un gant. Maintenant, c’est plus un combat pour mettre ta foutue gaine beige (c’est-tu affreux ces trucs là, un peu). Cette gaine qui te fait envisager de passer la soirée debout, car tu ne sais pas si c’est encore possible de t’asseoir. La même qui te convainc de ne pas trop te déplacer lors de la soirée pour ne pas que tout le monde voit ton élégante démarche robotique.

Je ne compte même plus les fois où je me suis reprise en main avec plein de bonnes intentions. Qui se sont terminées par des abonnements au gym avec deux ou trois présences de ma part. Des régimes qui m’affamaient. J’ai même cru aux info-pubs de crèmes régénératrices gainantes. Argent jeté par les fenêtres… Eh! oui, je suis parfois désespérée à ce point-là!

Je retombais rapidement dans mes bonnes vieilles pantoufles d’excuses. Je suis fatiguée, je n’ai pas le temps, j’ai mal à tête, je crois que je pourrais peut-être avoir une commotion si je me frappais la tête sur la barre de poids…

Que veux-tu? Jimmy Sévigny, c’est pas mon cousin! J’ai pas le moyen de me payer un entraîneur privé ou un motivateur qui me botterait les fesses lorsque j’ai envie d’abandonner. Ben non, je suis pas sur mon X. Je dois être plus du genre Y Z.

Peut-être ce texte m’aura-t-il donné le goût d’une autre tentative de reprise en main ou peut-être irais-je me consoler en mangeant une bonne poutine…

La fatigue du soir

La fatigue du soir, vous connaissez? Oui, vous la connaissez

La fatigue du soir, vous connaissez? Oui, vous la connaissez. Celle qui vous rampe dessus le soir (parce que trop crevée pour sauter sur vous), celle qui vous vide de vos émotions, de vos réflexions. Celle qui vous fait mal d’être réveillée. Celle qui vous traîne dans la maison comme un zombie qui répète en boucle dans sa tête la liste des choses qu’il reste à faire avant de vous effondrer sur votre lit. Celle qui démarre votre coach privé interne qui vous soutient, comme si vous alliez atteindre le fil d’arrivée: «Lâche pas ma belle, tu es à deux tâches d’y arriver!» Et de l’autre côté, votre petite voix d’athlète crevée qui se bat et s’obstine avec le coach: «Non! Ce soir, je n’y arrive pas. Je m’écroule avant.» Et il y a celle qui cherche un compromis: «D’la marde! Je fais ça demain matin!» Mais qui sait très bien que c’est impossible dans votre horaire. Si elle l’a dit, c’est simplement pour vous encourager. D’ailleurs, ça a fonctionné, puisque les deux secondes où vous y avez cru vous ont fait du bien.

Cette fatigue qui vous tombe dessus d’un coup, sans prévenir et qui vous pousse à vous demander : «Mais comment, bon Dieu, ai-je réussi à me rendre jusque-là?» Vous avez assuré pour les devoirs, le souper, le bébé, la vaisselle, le bébé, les bains, le bébé, les chicanes, les dodos, les verres d’eau, les pipis, les «mamans!», sans même vous en rendre compte. Mais soudainement, en fermant la porte de leur chambre, votre corps vous a dit: «Woow la grande! Je veux ben mais là, pose ton tit derrière parce je te back pu

Vous êtes passée devant un miroir et pendant quelques secondes, vous vous êtes demandé: «Ouf! Est-ce que j’avais l’air de ça aujourd’hui?» Mais finalement, vous n’en n’avez rien à cirer, vous êtes vidée. D’ailleurs, cette expression prend tout son sens maintenant; vous avez mal au dos, aux pieds, vous avez les yeux secs, la bouche molle, les paupières lourdes.

En montant vous coucher, à la deuxième marche, vous vous rappelez le biberon que vous avez oublié de préparer pour la nuit, alors vous redescendez. Bon, c’est fait. Vous remontez de peine et de misère vers votre chambre. En déposant une fesse sur votre matelas, vous entendez votre enfant tousser et renifler dans sa chambre. «Ouch!» Ça vous revient; vous vouliez lui installer l’humidificateur pour la nuit. Vous vous consolez en vous disant qu’au moins, vous ferez cette tâche en pyjama. Votre coach est de retour: «Lâche pas ma grande, t’es à deux enjambées près!» Vous y allez. Chaque pas vous fait mal aux jambes. Voilà qui est fait.

Plus vous approchez de votre chambre, plus vous sentez la paix vous envahir. Vous vous laissez tomber sur le lit. Vous fermez les yeux. «Aah!» Ça y est, vous y êtes enfin. Tout à coup, vous entendez des miaulements en bas: «Ah! shit!» Le chat n’a plus de bouffe. Vous refermez les yeux, en tentant de vous convaincre que ça peut attendre à demain. Il miaule une autre fois, puis une autre. «Câ#!!#!!» Vous êtes tentée de crier à votre conjoint, en bas, pour lui demander de s’en charger (parce qu’évidemment, sans vous, le chat serait mort de faim depuis longtemps), mais vous savez très bien que crier réveillera les enfants qui de toute façon, se feront réveiller par le chat si vous n’y allez pas (il ne manquerait plus que ça). Alors vous faites ce que vous avez à faire.

Évidemment, le bol du chat est au sous-sol, alors vous descendez ce qui vous semble être des milliards de marches pour vous y rendre. Au passage, vous croisez les trois paniers de vêtements à plier et les six piles à ranger, vous apercevez du coin de l’œil ce qui pourrait être le salon, mais vous n’en êtes pas certaine vu son état. En passant devant la salle de jeux, vous constatez qu’avant d’aller dormir, votre enfant avait échappé des tonnes de billes à colliers sur le plancher et qu’elles y sont toujours. Vous fermez les yeux et vous soupirez.

En remontant vous coucher la quatrième fois, vous faites un détour vers la chambre des enfants. Non pas parce que c’est sur votre liste, mais parce que vous en avez envie. En entrant dans la chambre, vous vous sentez tout à coup juste… bien. Vous réalisez que finalement, de ces tâches et de ces piles, il ne vous restera rien du tout. Mais ce petit bruit que fera votre garçon lorsque vous déposerez un baiser sur son front, cette caresse que vous ferez sur la joue si douce de votre bébé endormi, ce doux parfum que vous respirerez en embrassant les cheveux de votre fille, vous ne les oublierez jamais. La fatigue disparaîtra, mais ces petits moments de bonheur, vous les porterez toujours.

Karine Delorme

 

Arrivée de Petit Pois et vie sexuelle

Nous sommes le soir, dans notre lit à regarder la télé. J’ai en

Nous sommes le soir, dans notre lit à regarder la télé. J’ai envie de mon homme, mais je ne bouge pas. Je n’entreprends rien parce que je suis molle! Et pas juste molle parce que j’ai hypothéqué mon body en pondant trois beaux cocos. No’non! Je suis molle du petit orteil gauche jusqu’à l’hémisphère droit de mon cerveau et je ne veux même pas bouger le moindre poil de nez! C’est le seul moment de la journée où je peux fouerrer, alors je VEUX fouerrer!

Qu’est-ce qui s’est passé? Comment en est-on arrivés à ça? Voici ma version des faits. La vôtre ne doit pas être si différente…

Avant d’avoir notre premier enfant, notre vie sexuelle était complètement débridée. Je dirais même ridicule! On baisait jour, soir, nuit. Au petit déjeuner, au diner, au souper. Au réveil, à la sieste, au coucher. Tout le temps! Juste d’y penser, je suis tout irritée! Et voilà qu’un jour, le destin s’en est mêlé. Monsieur Destin a décidé d’aller mettre un drôle de Petit Pois bien au fond de mon ventre.

Grâce à monsieur Destin, nous, petits lapins que nous étions, sommes passés de trois ou quatre fois par jour à deux fois par semaine. Ouf! Quelle débarque! Mon pauvre chéri laissé à lui-même avec ses ardeurs dans le tapis pendant que moi, boulette en devenir, j’étais verte de nausée ou bien totalement exténuée par Petit Pois en train de germer.

Ont suivi les derniers mois de grossesses. Tenter avec toute la volonté du monde de trouver une position confortable durant l’acte était devenu une mission en soi. Chéri ne pouvait pas trop insister sur ma poitrine puisque j’étais temporairement devenue une barmaid en train de concocter les pina coladas sans alcool pour notre Petit Pois.

Une fois Petit Pois arrivé, j’étais totalement traumatisée. Petit à petit, je suis remontée en selle, mais tout était différent. J’avais moins confiance en moi. Je manquais littéralement de pratique! Sans avoir besoin de spécifier qu’une fois devenus parents, nous connaissions désormais la vraie définition du mot « fatigue ».

Plusieurs mois plus tard, lorsque nous avons finalement retrouvé notre couple, surprise! Petit Pois numéro deux s’est logé dans mon ventre. Encore une fois, monsieur Destin trouvait qu’on copulait trop!

Durant la deuxième grossesse, on a fait pas mal moins de sport. BEAUCOUP moins de sport. La fatigue causée par rejeton numéro un, les emplois, mon corps qui se transformait encore une fois en grosse boulette… Nous n’avions pas l’énergie pour des combats de lutte gréco-romaine.

Une fois Petit Pois numéro deux arrivé, la vie de couple a pris le bord! Papa et maman étaient fatigués! On se faisait des p’tites vites quand on avait un regain d’énergie. Lorsque Petit Pois numéro deux a enfin atteint l’âge de deux ans, tout allait mieux. Parce que soyons francs, avant l’âge de deux ans, nous n’avions aucun répit!

Et… une troisième grossesse a suivi. Je pourrais compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où nous avons fait l’amour. Je prenais soin de moi et il prenait soin de lui. Point barre! Pourquoi? Je ne sais pas trop! La fatigue, le manque de volonté… Nous avons attendu impatiemment la venue de Petit Pois numéro trois.

Est-ce que mon homme me manquait? Atrocement! Notre couple qui était basé sur le sexe était maintenant fondé sur… l’amour? Les enfants? La fatigue? Un mélange des trois, j’imagine!

Maintenant, il s’agit d’attendre que les enfants dorment. Si nous sommes encore réveillés, bien sûr. Sans avoir besoin de spécifier qu’il ne faut pas faire trop de bruit non plus! Finalement… baiser, c’est ben compliqué quand on a des enfants!

Mais blague à part, vous savez quoi? Pour en avoir discuté à plusieurs reprises avec mon homme, nous ne changerions rien au monde! Lorsque les enfants quitteront le nid familial, qu’ils ne nous cherchent pas! Maman et papa lapins tenteront de rattraper le temps perdu.

Geneviève Dutrisac

Être mère, en apparence c’est simple : En réalité, ça ne l’est pas du tout!

Être mère, c'est supposé être un truc naturel, inscrit dans notr

Être mère, c’est supposé être un truc naturel, inscrit dans notre génétique; une belle grande ligne droite pavée d’amour et d’instinct. Notre corps est conçu pour porter un enfant, le nourrir et veiller à sa survie. Comme mère, un peu comme la maman ours, notre tâche principale, une fois l’expulsion terminée et la zone cicatrisée, est d’amener notre petit à l’âge adulte dans un état physique et mental socialement acceptable.

 

Les étapes sont simples :

  • puberté;
  • calcul du cycle menstruel;
  • acte sexuel;
  • nausées;
  • déchirures;
  • allaitement (ou pas);
  • postpartum;
  • Kegel;
  • abonnement aux protège-dessous ou à la rééducation périnéale si Kegel n’a pas fonctionné;
  • manque de sommeil;
  • perte de libido ou prise de poids (et souvent les deux !);
  • chasse aux CPE/garderies, bis (ou pas).

ÇA, c’est la voie rapide, le SUPPOSÉ mode d’emploi. BÉBÉ FA-FA.

 

Je suis maman depuis quatre ans et je constate que ces étapes d’apparence toutes simples sont en réalité pas simples du tout. Elles sont parsemées d’éléments intrusifs comme la fatigue, l’angoisse, l’insécurité, les microbes, les judicieux conseils de celles qui ont “réussi”, les doutes, la culpabilité et les pressions sociales. Je réalise qu’un mode d’emploi pour mère, ben, ça n’existe pas.

 

Être une maman en 2016, c’est être laissé à soi-même;
Tout en étant bombardée d’informations contradictoires ou de commentaires douteux:

« Donnes-y des probiotiques, ben non, y’est ben trop p’tit! »

« Faut faire du cododo pour le rassurer, mais oublie pas d’acheter la barrière à 60 piasses pour pas l’effoirer »

« Couche-le sur le ventre, no-non, faut le virer su’l dos! 
Me semble que sa tête tourne pas ben ben, t’as-tu pensé aller voir un ostéo?»

« T’es ben trop mère poule!»

 

*******Pour les 18 ans et plus, prière d’insérer ici le mot FUC* suivi du mot YOU.*******

 

Quand j’ai décidé d’être mère, j’espérais être une Gwyneth ou une Jacynthe pour faire du Zumba-bébé et du portage toute la journée. Je voulais faire mes purées et mon pain, bannir le gras trans et faire mon savon maison. Je voulais me lever à cinq heures pour méditer, faire du Country Heat pour être en super forme et bien préparer ma journée. Je voulais choisir mes vêtements le soir, avoir un ventre plat et faire partie de ces mères sexy qui portent des vêtements propres et du mascara.

Avant, je ne savais pas qu’une maman, ça se couchait les cheveux sales pour dormir plus longtemps et je n’appréciais pas la chance que j’avais d’aller à la toilette la porte fermée. C’est le jour où tu réalises que tu fais l’amour aussi souvent que tu payes ton compte de taxes que tu te rends vraiment compte dans quoi tu t’es embarquée. Fin du monde? Bien sûr que non. Besoin d’une petite tape dans le dos et d’un réalignement de chakras? S’il vous plaît, oui pour tout ça et bis.

Alors, à tous les experts marketing qui inventent des familles parfaites sorties d’un remix de Lassie et à tous les sites Internet qui nous donnent des recettes de collations santé à base de Kale et de cacao bio, je dis thanks, but no thanks.

Dites-nous que les cernes c’est normal et que le désordre et le découragement aussi. Montrez-moi des vraies mamans, cutes et échevelées, qui ont de vraies routines qui pourraient m’inspirer. Je veux voir des images de fillettes pas peignées qui portent des bas dépareillés, des garçons pleins de terre et des repas à base d’œufs brouillés!!!

Et à vous, très chères matantes, mères, grand-mères, autres mères, infirmières,
Dites-nous qu’on est belles, qu’on est bonnes, qu’on est capables pis qu’on fait ça comme il faut,
parce que certains matins, c’est juste de ça dont on a besoin.

Enceinte et en retrait : la fatigue, le ménage, mon chum pis moi

Je tombe en retrait préventif. J’ai mille idées en tête. Faire

Je tombe en retrait préventif. J’ai mille idées en tête. Faire une chambre Pinterest pour Romie, laver les rideaux, réorganiser les armoires de cuisine (classer les CRISTIES de Tupperware), faire le ménage dans le linge de la grande, préparer le linge du bébé par grandeur, allez prendre des marches avec le chien, alouette! Des projets, en veux-tu? En v’là!

 

J’prends ça relaxe au début, tsé faut que je récupère parce que je suis fatiguée. J’me tape une série de quarante épisodes, écrasée s’ul sofa, pis je la vois du salon, l’armoire de Tupperware à classer! Mais spa grave, j’ai l’temps que j’me dis. J’ferai ça demain, parce que demain, il va faire beau pis quand qui fait beau, c’est ben plus le fun faire du ménage.

J’inclus un peu de triage de linge de bébé que je lave, mais qui finit par être oublié dans la laveuse! Faque le lendemain matin, je repars la brassée. Pis là, quand la laveuse sonne, j’me dépêche! J’suis pas pour oublier la brassée deux fois. Tsé, j’ai juste ça à faire laver du linge, moi! Le linge sèche. Moi, ma job c’est d’attendre qu’il sèche en écoutant ma série. J’entends la sécheuse sonner. Je laisse le linge dans sécheuse. J’vais y aller quand ça va sonner la deuxième fois. J’m’endors s’ul divan.

J’me réveille à 15h00. Merde l’autobus. Il me reste quinze minutes pour ne pas avoir l’air trop folle à l’arrêt de bus. Heureusement qu’Axelle est là une semaine sur deux pour me garder un minimum de stabilité.

On rentre.

Première question :

-J’peux-tu écouter mon émission ? S’il te plaît!!!
J’peux-tu vraiment y dire « non » ? J’ai rien fait de la journée!
-Oui

Deuxième question :

-Veux-tu venir t’asseoir avec moi ?
-OF COURSE que j’veux mon poulet!

On écoute la p’tite émission relaxe.

 

Mon chum rentre de travailler. Il voit que j’ai rien fait. Pis il ne chiale pas. Moi, je m’excuse d’avoir rien fait parce que j’fais rien depuis deux semaines! Mais il est heureux; j’me suis reposée aujourd’hui pis c’est correct pour lui. Il va dans la salle de bain pis en même temps, il ramasse la brassée de lavage qui est dans la sécheuse et il la plie. Il sourit pis il fait des jokes. Je l’aime, pis j’veux le marier!

« Demain, j’vais en faire du ménage chéri » que j’y dis. Y me regarde pis y me dit : « C’est correct Gen. Aujourd’hui, t’as fait grandir un bébé en santé ? C’est quand même pas pire, non ? »

Votre vision de MA dépression

Le verdict est tombé. Épuisée, fatiguée et larmoyante. On m’av

Le verdict est tombé. Épuisée, fatiguée et larmoyante. On m’avise que je ne suis pas folle, que je fais tout bonnement une dépression. Enfin, pour le médecin tout ça semble commun, voire anodin.

– C’est plate une dépression, mais ne t’en fais pas. Deux, trois pilules et dans quelques mois, tu seras sur pieds.

On m’explique de long en large que la dépression se passe au niveau du cerveau et que parfois on ne peut rien y faire. On ne peut que consulter et souhaiter tomber sur le bon antidépresseur pour que la vie redevienne comme avant. Quelques séances chez la psychologue vous seront nécessaires, me dit le médecin. Franchement, si une thérapie et des pilules peuvent me rendent le bonheur qui m’habitait, je saute à pieds joints dans le projet.

Et puis, le temps passe et les gens autour de moi savent. Et je vous entends, vous savez! Toutes les raisons sont bonnes pour me culpabiliser d’être en dépression. Parce qu’être en dépression ce n’est pas ‘’normal’. Être en dépression c’est faire partie des faibles.

Combien de fois j’ai pu entendre “manges mieux, fais plus d’exercice, gère plus ton temps… À vous tous, pensez-vous que vous êtes les premiers à penser à ces aspects? Pensez-vous que moi-même je n’y ai pas pensé? Ce serait pas mal plus simple de manger deux pommes, de la viande, des produits laitiers, des légumes et puis de partir courir pour terminer la journée par un p’tit 5km et un grand verre. Je me donnerais ensuite une bonne tape sur l’épaule d’avoir réussi à gérer ma dépression. Mais vous savez quoi, chers apprentis médecins? Vous n’avez pas tout faux, mais votre super approche naturelle n’est qu’une mince partie de la solution.

Moi, ce que je vous propose, c’est de me laisser respirer un peu.  D’arrêter de me sur-analyser. Parfois, je vais être fatiguée au point de vouloir juste m’asseoir par terre et pleurer. Puis ça n’aura pas de lien avec ma dépression. Juste la fatigue. Juste mon côté humain. Parce que sous ce mot DÉPRESSION, il y a une personne qui vit toujours. Un peu plus difficilement, mais, qui vit quand même. Si je me réveille toute croche, ce n’est pas l’effet d’un quelconque médicament prescrit par mon charlatan de médecin qui veut seulement me bourrer de médicaments pour avoir sa cut.

Je me réveille toute croche, parce que tu le fais toi aussi des fois. Pis à ce que je sache, t’es pas en dépression non?  Si je pogne les nerfs après les enfants et que j’ai moins de patience, ce n’est pas la dépression. C’est parce que je suis humainement incapable d’entendre deux enfants hurler à tue-tête pour rien et que comme tout parent, j’ai ma semaine dans le corps!

Vos mots ne m’aident pas. Vos mots m’éloignent de vous. Vos paroles me blessent et me donnent envie de partir parler avec des gens qui ne savent rien de moi et qui m’aimeront comme je suis sans me juger et sans faire référence au fait que mon cerveau fait des siennes. J’ai un nom, vous savez. J’ai des sens. Je vous vois, je vous entends et, parfois je me dis que j’ai juste envie de redevenir une humaine normale. Pas une dépressive de foire.

 

 

  • Crédit photo jesuisbipolaire.com