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Maman – Texte : Jessica Archambault

Maman. Un mot qui dit tout. Le plus beau, le plus complet et le plu

Maman.
Un mot qui dit tout. Le plus beau, le plus complet et le plus envahissant des rôles (parce qu’on ne peut jamais le mettre sur pause — surtout en confinement). En devenant maman, j’ai ajouté de l’amour et des rires à notre vie. Mille questions en pourquoi par jour, des rugissements de dinosaures, des sauts sur notre divan-beurk, des courses, des batailles, des chatouilles, des surprises, des becs par centaines, des « je t’aime » qui nous chavirent chaque fois, des histoires inventées, des rêves sans queue ni tête racontés avec passion (qu’on doit écouter attentivement), des folies, des câlins, des danses endiablées sur la table de la cuisine, des clins d’œil, des pets sur la bedaine, des monstres merveilleux, des concours de rapidité, des balades en plein air, des forêts enchantées, des genoux boueux, des cheveux emmêlés, des sourires éclatants. Et de l’amour et des fous rires, encore plus.

En devenant maman, je me suis aussi inquiétée, questionnée, remise en question. J’ai perdu patience, j’ai parfois crié. Je suis en perpétuelle quête de l’équilibre, de cohérence, de fermeté (douce), de rigueur (bienveillante), de respect des limites de chacun en répondant au besoin de tous. Je vis la charge mentale. Je l’échappe. Je cherche des solutions. Toujours. Comment faire mieux, comment rester dans la douceur. J’accompagne dans la gestion des émotions, dans les nombreux tests de nos limites, dans l’affirmation de soi qui frôle très (trop) souvent l’arrogance, dans l’apprentissage du respect de tous, de la persévérance, dans les nombreux questionnements sur la vie (la mort, le ciel, la famille, l’amour, « comment on fait les bébés ? »). Je continue d’apprendre et d’apprivoiser le lâcher-prise, de choisir mes combats (pour vrai. Ceux qui valent la peine, qu’on choisit par conviction. Pas juste l’expression pour camoufler la paresse).

Un de mes garçons a ma sensibilité et mon intensité émotive. Mon autre fils a mon caractère têtu, qui veut faire à sa façon, souvent borné. C’est tellement challengeant de les accompagner parce que ces sphères de ma personnalité sont les plus confrontantes même pour moi, les aspects sur lesquels j’ai travaillé le plus (et ce n’est pas fini). Ils me ressemblent aussi sur un paquet de points plus légers et positifs. Mais je trouve ça important de les outiller pour adoucir ce qui vient avec ces traits de personnalité en particulier.

Mais tout ça, tous ces défis, ça vaut tellement la peine. Ça me fait grandir, évoluer, être une meilleure maman et une meilleure personne par le fait même. Et surtout, ça vaut la peine parce qu’en devenant maman, j’ai ajouté de l’amour et des rires à notre vie. Et c’est ça le plus important.

Bien que j’écrive au « je » parce que cette fête, dans notre maison, est la mienne et que je le prends sans gêne ni culpabilité, j’ai le meilleur des partenaires pour vivre tout ça, pour m’épauler et faire équipe.

Et de plus en plus, je me surprends à trouver que je ressemble énormément à ma mère, dans mes réactions, mes intonations, mes expressions, mes niaiseries avec les petits, pis j’haïs pas ça. Ma mère, celle sans qui nous ne serions rien. Celle qui nous a tout donné. Celle qui nous garde soudés. Celle qui peut encore nous ramener sur la terre ferme quand c’est nécessaire. Celle qui nous apaise en nous serrant dans ses bras. Celle que j’appelle quand j’ai le cœur gros d’avoir perdu patience ou d’avoir les limites non respectées usées. Celle qui m’accueille toujours sans jugement. Celle qui pourrait être intimidante tellement elle incarne le mot « maman », mais qui au lieu de ça, ouvre les bras, écoute, sait toujours quand il est temps de me conseiller parce que je suis finalement descendue de mes émotions et réceptive. Celle qui ne me juge jamais, même quand elle ferait différemment, parce qu’elle sait à quel point tous nos choix viennent du cœur et des tripes quand on est maman. Celle qui est la maman de cœur de beaucoup de mes amis. Celle qui est une mamie extraordinaire. Celle pour qui les yeux de mes enfants s’illuminent à tout coup. Celle qu’ils réclament quand ils nous trouvent injustes. La première qu’ils nomment quand on parle des gens qu’ils aiment et qui les aiment. Celle qui cherche toujours de nouvelles façons d’alimenter leur imaginaire. Celle qui les écoute, les fait rire, les stimule et les accueille toujours les bras ouverts et sans jugement.

Merci maman. Je savais déjà à quel point tu es une maman précieuse, mais toutes les douceurs et les défis de ma vie de mère me confirment ta grandeur. Je t’aime.

Jessica Archambault

3 trucs simples pour se valoriser au quotidien — Texte : Kim Boisvert

Avec les médias sociaux et les nouveaux canevas de publicité, faut

Avec les médias sociaux et les nouveaux canevas de publicité, faut pas se leurrer, nous sommes quotidiennement bombardé-es de photos les plus parfaites les unes que les autres, d’articles qui parlent de perte de poids et de comment se sentir plus beau-belle.  Hey, qu’on se le dise, ça ne sert à rien de lire ces articles. Quand tu lis un article sur du Fat shaming, il n’y a RIEN de positif qui en ressortira. Rien pantoute comme dans pas pantoute, comme dans — 1000. Impossible que rendue à la fin, tu te dises : Oh là, j’suis donc ben contente de savoir maintenant que je dois absolument mettre tout ce qui n’est pas ferme dans une gaine pour sortir prendre un verre avec mon Homme. Fiou, j’aurais pu avoir honte si je n’avais pas lu l’article !

Non. Le contraire est plus probable. Tu vas te mettre à culpabiliser, à te regarder dans le miroir et justement, à te body shamer toi-même encore plus, parce que quelqu’un quelque part aura écrit que ce que tu es, ce n’est pas suffisant. Voyons, tu dois être mieux ! Être mieux, c’est intéressant parce que ÊTRE, ce n’est pas ça, la base de la vie ? Juste être soi-même, exister ?

J’avais envie de te partager mes trucs à moi, qui m’aident à me rappeler que je suis plus qu’un nombre sur une balance, plus qu’un reflet dans le miroir.

REMERCIE TON CORPS

Lorsque j’ai commencé le yoga, je croyais sincèrement que c’était réservé aux athlètes. À mesure que mon corps a compris les mouvements, ma tête quant à elle, a arrêté de me juger.  La première fois que j’ai réussi à passer d’un chien tête baissée à une fente pour monter un guerrier, je suis venue les yeux pleins d’eau. J’étais CAPABLE de mettre mon pied entre mes mains. Et ça, c’était magique. Mon corps était CAPABLE. J’étais CAPABLE. Je me souviens ce soir‑là, lors de ma méditation, j’ai remercié mon corps d’être aussi fort et je me suis pardonné de lui avoir créé autant de misère.

Prends le temps de remercier tes jambes de te porter jusqu’au travail. Ouais, ça se peut que ta culotte de cheval soit plus une écurie au complet, et puis ? C’est ton corps, ce corps qui te permet d’aller à la rencontre de ta meilleure amie un vendredi soir pour prendre un café à deux mètres de distance.

TROUVE UN ÉLÉMENT DE TON VISAGE QUE TU AIMES

Simplement, prends le temps de te regarder de proche dans le miroir. Pas à la va-vite, en te regardant le derrière. Non, de ben ben proche. Fais de la buée dans le miroir tellement tu es proche. Et là, regarde ton visage seulement, tes cheveux. Nomme un élément qui est absolument magnifique sur ta personne. Il y a de fortes chances que tu trouves que tu as des yeux complètement débiles. Une bouche à faire rêver ou des cils longs comme l’horizon. Tu as peut-être la peau douce ? De beaux sourcils fournis naturellement ? Sérieusement, nomme cette beauté de ton visage à voix haute en te regardant dans les yeux. C’est fou à quel point tu es déjà beau ou belle ! Quelqu’un qui ne t’a jamais vu n’a pas le droit de te donner des trucs pour être PLUS, tu es tellement époustouflant-e à la base !

ÉCRIS UNE RÉUSSITE PAR JOUR

Lors d’une période un peu creuse où je croyais que mon corps était tout ce qui était important, je me suis fait conseiller de trouver un aspect positif dans ma journée, aussi mini soit-il, et de l’écrire dans un journal (mais tu peux aussi simplement prendre le temps de faire l’exercice dans le lit avant de te coucher !) Une simple chose que j’avais faite, que j’avais accomplie. Au début, c’était « Prendre une douche ». Ensuite, ça s’est changé en « Appeler une amie et l’inviter à prendre un café » et ensuite, c’est devenu « Je suis allée courir dehors parce que ça me tentait ». Écrire nos réussites nous aide à voir tout le chemin accompli et à constater à quel point on en fait ben en masse.

N’essaie pas de devenir quelqu’un. Aie comme simple objectif d’être toi. Tu es tellement magnifique, inside-out. Si tu as des moments où tu as moins d’amour envers toi-même, demande-toi d’où vient ce sentiment.  De toi ou des autres ? Il y a de fortes chances que ça provienne d’un élément extérieur. Alors, reprogramme ta pensée et ressors tes compliments. Relis tout ce que tu es capable de faire dans une journée ou tout ce que ton corps te permet d’accomplir ! Ce qui est beau, c’est que tu as la chance d’être unique. Ça, c’est magique, non ?

Kim Boisvert

Cher M. Legault, je pense à vous… Texte : Marilou Savard

Cher M. Legault, je pense à vous.

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Cher M. Legault, je pense à vous.

On parle des dangers liés à l’isolement, à la santé mentale.

On parle des effets négatifs sur la scolarité des enfants et des adolescents.

On parle des effets désastreux sur les commerces.

On parle des pertes d’emplois et j’en passe, mais vous, qui parle des conséquences sur vous ? Qui pense à vous ?

Chaque jour, il y a de nouvelles informations. Vous recevez des conseils, et évidemment des opinions. Cependant, comme vous l’avez dit dernièrement, ça reste que c’est vous seul qui tranchez et prenez les décisions. Ça doit être un gigantesque stress et à votre place, je ressentirais un énorme sentiment de détresse. Vouloir faire de son mieux pour tous sans vouloir déplaire, voulant nous satisfaire. Faire cela en espérant de tout cœur de ne pas faire d’erreur.

Moi je vois un homme, UN homme qui doit gérer environ 8 millions d’habitants. Désolée, je ne devrais pas dire gérer, mais AIMER 8 millions d’habitants.

Je ne peux pas m’imaginer vous voir dans votre fauteuil à la maison et vous dire « à qui je peux bien faire du tort maintenant ? »

Quand je vous vois après des mois de crise sans précédent à continuer de rester fidèle au poste, je vois un geste désintéressé. Un pur don de soi. Je vous vois nous mettre en premier, avant votre bien-être à vous.

Je ne sais pas si c’est le virus, mais souvent, notre comportement doit être le plus lourd à porter.

C’est quasiment inhumain la pression que vous avez. La majorité aurait déjà cédé.

Les larmes aux yeux, je souhaite sincèrement qu’après le confinement et quand le 2 mètres ne sera plus nécessaire, vous soyez accueilli à grands bras ouverts par tous ceux qui vous doivent, grâce à vos décisions, d’être encore sur terre.

Marilou Savard

Cher agent de police, chère agente de police, sache que je pense à toi -Texte Marilou Savard

Bien que je respecte les choix du gouvernement, il reste que les nou

Bien que je respecte les choix du gouvernement, il reste que les nouvelles lois, c’est toi qui les appliques sur le terrain.

C’est toi qui dois gérer l’être humain dans toute sa différence.

C’est toi qui subis verbalement et physiquement de la violence.

Toi, tu n’as rien décidé là-dedans, mais c’est ton devoir de faire ce qu’on t’a dit de faire.

Tu es malheureusement et trop souvent le bouc émissaire idéal.

C’est sans oublier tout ce qui est déjà difficile dans ton métier.

Accident de voiture, scène de dispute, scène de violence, drame familial, suicide et j’en passe.

Alors cette pandémie qui est arrivée sans demander la permission a ajouté à elle seule un énorme fardeau sur tes épaules.

Au début de chaque quart de travail, tu ne sais pas si on insultera ta personne, ton intelligence ou même si on s’en prendra de manière physique à toi. Je n’ose imaginer ce que tu dois ressentir.

Tu es au service du citoyen pour notre bien. Alors j’espère sincèrement que les gens penseront aussi au tien en étant conciliants.

Merci de continuer à travailler, merci de nous choisir.

Marilou Savard

Nos souhaits du Nouvel An pour le personnel de la santé

À vous tous, membres du personnel de la santé.

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À vous tous, membres du personnel de la santé.

Nous unissons nos voix pour vous souhaiter un passage vers le Nouvel An rempli de douceur. Rempli de Paix, mais surtout du repos hautement mérité. Que vous puissiez fermer les yeux en toute quiétude sur cette année qui s’est écoulée rapidement. Une fois de plus, vous avez fait honneur à votre profession sous nos yeux contemplatifs.

2020 aura été une année remplie de trop de défis pour tous. Vous êtes devenus, en très peu de temps, nos héros de la situation. Nous avons déposé sur vos épaules le titre louable d’anges gardiens en vous affublant d’ailes pour vous permettre d’avoir un peu de légèreté dans cette épreuve. Des épaules déjà bien lasses d’avoir porté durant d’innombrables années des contraintes et des coupures. Une fois de plus, vous nous avez démontré la nécessité de vos titres, de votre profession, de votre vocation.

2020 fut une année que certains voudront oublier tandis que pour d’autres, elle aura donné un nouveau sens, un nouvel écho. Le système de la santé y aura pleinement goûté. Revendiquer, depuis des lustres, à cause de lacunes vécues et, au final, devoir composer dans un élan de lutte contre un ennemi invisible. Les employés ont su se tenir debout. Une fois de plus. Une fois de trop. Votre fatigue est palpable. Votre dévouement toujours présent. Vous avez la compassion au coin des yeux.

On vous souhaite que les choses changent. Enfin. Une fois pour toutes. Vous offrir des conditions équivalentes à la valeur des ailes que l’on vous force à porter. Vous glorifier pour ensuite vous faire basculer dans l’oubli ? Non. Pas cette fois.

Pour quelques-uns, la tempête les aura fait quitter le navire. Les aura déplumés pour ainsi les empêcher de voler. Se faire couper les ailes. Pour d’autres, le goût amer du système continuera de devenir plus prononcé. Tenez bon. On vous entend. Et d’autres persistent à garder le cap. Restent au front.

2020 nous aura appris que l’on va beaucoup plus vite et plus loin en travaillant en équipe. Toujours dans la même direction. À maintenir la passion. À continuellement veiller sur nous.

2020 fut, somme toute, une année où l’on a atteint de nouveaux sommets. Juste un peu de valeur qu’il faille une situation d’urgence pour se rendre compte de la nécessité de vos rôles. Toutes professions confondues. Passant de l’entretien, de la sécurité, du laboratoire, des agentes administratives, à l’alimentation, aux infirmières, aux préposés, médecins et spécialistes. La direction des établissements et du réseau. L’un ne va pas sans l’autre. L’un ira toujours avec l’autre. Se réinventer, s’ajuster, s’accommoder. Vous connaissez la chanson depuis belle lurette.

Pour 2021, je vous souhaite du doux. Du bon. D’avoir la capacité de replonger en vous pour revivre la fébrilité des tous débuts pour, ainsi, poursuivre jusqu’à la dernière étape de la lutte à cette pandémie.

Nous sommes là, derrière vous, pour ramasser vos plumes perdues au travail, au combat. Nous serons là pour vous soutenir et vous aider à les repositionner sur vos ailes une fois la lutte terminée. Moi j’y serai. Plusieurs y seront.

Merci pour tout. Joyeux temps des fêtes. Différent, mais présent.

Mylène Groleau

Chère Odette

Chère Odette,

Je me permets de

Chère Odette,

Je me permets de t’appeler Odette puisque c’était comme ça que tu voulais te faire appeler : Odette, pas de madame. Je t’écris aujourd’hui pour te remercier. Je te l’ai déjà dit, en vrai, il y a de cela plusieurs années, mais je ne connaissais pas encore l’importance que tu aurais dans ma vie. Maintenant, je sais.

Toi, à qui on avait imposé un passage au primaire, tu as changé mon rapport avec l’école. Je dois t’avouer qu’au départ, j’étais déçue d’être dans ta classe. Comme toutes mes amies, je voulais être avec Marcel, LE prof de 6e. Puis, pendant que tu apprenais à enseigner à des enfants de 11 ans, j’apprenais à te connaître. Déjà, après quelques heures en ta compagnie, je comprenais que ce serait une année bien spéciale. Tu avais cette couleur, cette bonne humeur. Tu avais ce que les profs austères de mes années précédentes ne démontraient pas : la passion.

Avec ta bonne humeur contagieuse, tu m’as donné le goût d’aller à l’école pour apprendre et pas seulement pour voir mes amis. Tu nous proposais des projets, tu innovais, tu dansais dans la classe. Tu étais un oiseau rare pour la fin des années 80.

Une fois ma petite lumière allumée, tu m’as donné confiance en mes capacités et aidée à prendre ma place. J’avais enfin l’impression de comprendre quelque chose au français et en mathématiques. Pour une fois, mes dessins étaient utiles, pas juste une distraction. Tu me faisais illustrer des affiches qui décoraient les murs de la classe et des cartes de Noël. Je pouvais passer plusieurs heures à dessiner les pages de mes projets, j’étais motivée. Bref, cette année en ta compagnie fut bien spéciale.

Puis j’ai vieilli et tu es retournée à ton vrai travail : enseigner au secondaire. J’ai eu la chance d’être à nouveau dans ta classe. Tu avais un peu vieilli mais tu n’avais pas changé. Tu avais gardé cette belle folie, cette passion pour l’enseignement.

Les années ont passé et un jour, je t’ai rencontrée à nouveau. Tu étais amaigrie, tes beaux cheveux colorés étaient tombés. Ta voix rieuse était affaiblie, mais ton petit œil taquin était toujours là. Tu ne pouvais plus enseigner, la fatigue était trop grande. Cette journée‑là, j’ai eu la chance de te dire merci, de te dire que tu avais changé le parcours de ma vie scolaire. Tu n’y croyais pas. J’ai insisté, tu m’as serrée dans tes bras.

Tu t’es éteinte sans que j’aie le temps de te dire que maintenant j’enseigne, comme toi. Je suis tes traces. Chaque jour, je travaille à allumer une petite lumière dans les yeux de mes élèves, comme tu l’as fait avec moi et bien d’autres jeunes. Je me plais à penser que j’ai un peu de ta couleur, de ta passion.

Ma chère Odette, je te dis merci pour tout.

Ton élève, maintenant passionnée, comme toi,

Nancy Pedneault

Cher policier, chère policière

Parce que je sais qu’à ce moment‑là, tu gardais tes larmes, pe

Parce que je sais qu’à ce moment‑là, tu gardais tes larmes, pendant que tu devais faire face à cet événement terrifiant, qui se produisait devant tes yeux : la mort imminente d’un enfant.

Je ne sais pas comment tu fais pour garder ton sang‑froid. Je ne sais pas comment tu fais pour garder la tête haute car je sais que fort possiblement, tu es un père ou une mère. Et, que parfois dans l’impuissance, tu n’y peux rien et que ce petit bout de vie doit s’arrêter, car l’acharnement ne donne rien.

De voir devant toi des parents qui crient leur souffrance ou être tout simplement sans mots face à la perte de leur enfant.

D’être appelé en renfort car c’est une situation d’urgence et que le pire est à annoncer aux membres de la famille que cette personne si chère à leurs yeux ne reviendra plus.

De devoir dire aux parents que ton travail est terminé et que malheureusement, leur enfant n’a pas pu être sauvé, malgré les manœuvres et l’espoir de donner un souffle de vie à ce petit bout d’amour tant aimé.

Mais encore, d’entendre des coups de feu, d’entendre des personnes innocentes te crier qu’elles ont besoin de toi ; et pour eux, tu es leur seule chance de survie.

Que d’arriver tard le soir après une journée de travail et de te rendre à l’évidence que ton petit cœur a de la peine et qu’il restera gravé par ces événements qui deviendront cicatrices un de ces jours.

En te réveillant chaque matin en ne sachant pas ce qui t’attend. Est‑ce que ma vie sera mise en danger aujourd’hui ?

Vais-je devoir consoler des enfants qui se retrouveront sans parents à la suite d’un accident ou d’une tuerie ?

Vais-je aider un itinérant à retrouver son chemin ?

Moi je veux juste te dire MERCI. Merci pour ce que tu fais, toi, cher policier, chère policière.

MERCI de prêter ton cœur.

D’ouvrir tes bras.

De t’ouvrir à la diversité

De comprendre le mal-être d’une personne

D’encourager les gens à changer

De passer du temps à tenter de réanimer un enfant, sous les yeux gonflés de peine et d’espoir des parents, pour entendre un souffle de vie de leur enfant noyé.

Parce que je sais que ton petit cœur a de la peine et qu’il est cicatrisé d’événements difficiles.

Et que le soir, tout ce qui peut te faire du bien est de serrer ta femme, ton mari, tes enfants dans tes bras et de remercier le ciel d’être toujours en vie. C’est là qu’on apprécie davantage ce que la vie nous offre, n’est‑ce pas ?

Je me suis rendu compte que ton petit cœur souffrait. Parce que j’ai vu ton regard. J’ai entendu ton cri d’alarme intérieur et ta tête me dire : « Je suis désolé, je ne peux plus rien faire pour elle… mon travail à moi s’arrête ici… »

Je sais que tu aurais voulu que cela se passe autrement. Je sais que tu aurais voulu ne pas vivre ce moment‑là et ne pas devoir faire face à quelque chose qui ne devrait jamais arriver.

Mais je veux juste te dire merci.

Merci à nos policiers et policières.

Merci pour votre amour envers nous, les citoyens. Merci de prêter votre cœur chaque jour !

« Le 12 octobre 2019, notre fille est décédée des suites d’un accident de la route. Elle s’est éteinte dans nos bras…

Sous le regard des policiers et policières qui étaient là pour nous aider, ouvrir leur cœur, et apporter du velours malgré la très grande incompréhension qui nous habitait. L’injustice, la douleur, en fait, juste le mal de vivre.

Ils étaient là. Les tout premiers. »

< Merci à mon ami Yan. >

Jessyca Brindle

On ne pointe pas du doigt !

Un matin d’été, j’attendais à la clinique et tu étais là, avec to

Un matin d’été, j’attendais à la clinique et tu étais là, avec ton petit bonhomme d’à peine 5 ans. Tu ne le sais pas, on ne s’est jamais revues, mais je pense régulièrement à toi. Ce jour-là, tu m’as émue aux larmes.

Nous attendions sagement notre rendez-vous, chacun dans notre coin. Puis, ton garçon m’a pointé du doigt. Un geste anodin, penses‑tu ? Pour moi, non. En fait, ça m’arrive souvent, surtout l’été. Parfois, les gens se retournent sur mon passage, me fixent ou font une moue dédaigneuse. C’est que je suis atteinte de vitiligo.

Le vitiligo est une dépigmentation de la peau. J’ai donc plein de taches blanches, partout sur mon corps. L’été, ma peau saine bronze et mes taches paraissent vraiment plus. Pendant des années, je me suis cachée, mais plus maintenant. Ce matin‑là, j’étais en jupe et on voyait beaucoup mon vitiligo.

Quand ton garçon m’a pointée du doigt, j’ai attendu de voir ta réaction. C’est l’habitude, tu vois. Et j’avoue, je m’attendais à tout, sauf à ça. En repliant son petit doigt, tu lui as dit : « Tu te demandes pourquoi la peau de la madame est comme ça? Viens, on va lui demander. » Et vous êtes venus vers moi. Tu m’as posé la question avec tellement de respect que j’en ai eu les larmes aux yeux.

En prenant la peine de venir me voir avec ton petit, tu lui as montré qu’il ne faut pas avoir peur de la différence. En me posant la question, tu lui as appris que ce qu’on ne connaît pas peut être impressionnant, mais qu’on doit essayer de comprendre. Une fois qu’on sait, on ne juge plus. Après notre discussion, tu lui as expliqué pourquoi il aurait pu me faire de la peine en me pointant ainsi du doigt. Ce matin‑là, tu lui as enseigné la bienveillance.

Après notre rencontre, dans ma voiture, des larmes de joie ont coulé sur mes joues. Je me suis sentie respectée et ça m’a fait un bien fou. Maintenant, quand je revois des gens qui plissent du nez devant ma différence, je repense à toi et je souris. Je me dis qu’ils auraient besoin d’une maman comme toi dans leur vie. Merci pour ce beau moment.

Nancy Pedneault

Six mois avec vous

Lundi, ce sera la grande rentrée. Ici, c’est la grande réouverture des

Lundi, ce sera la grande rentrée. Ici, c’est la grande réouverture des écoles. Parce qu’avec la Covid-19, ça fera tout près de six mois qu’on est encabanés tous ensemble à la maison. Pas d’école, pas de garderie, pas de visite, pas de camp de jour… Et j’avais envie de faire un bilan de tout ça. Un bilan de tout ce que j’ai appris durant cette pandémie.

J’ai appris à être reconnaissante. Parce qu’autrement, jamais je n’aurais eu la chance de vivre six mois consécutifs avec vous. Six mois complets, juste vous et moi. Vous avez pu vivre les tout premiers instants avec votre bébé-frère, vous étiez là à chaque première fois. J’ai pu vous voir grandir, évoluer, jouer et rire tous les jours. J’ai été témoin de vos jeux et de la magie qu’ils suscitent encore dans vos yeux.

J’ai développé mon « système D ». Je me suis improvisée enseignante de primaire. Dès le 16 mars, j’étais prête. Nous avons fait des sciences, de la musique, de la couture, du tricot, des mathématiques, de la lecture, de l’écriture, du yoga et j’en passe ! J’ai appris que j’aimais beaucoup vous enseigner à la maison. Vous enseigner la vie. À ma manière. Avec les matières qu’on avait tous envie d’apprendre. Dans le plaisir et sans obligations. Quand les cours à distance obligatoires ont été instaurés, avec les dizaines de rencontres par semaine, les devoirs forcés et le grand vide laissé par l’incertitude collective, là en revanche, j’ai eu moins de plaisir à improviser… Je l’avoue.

J’ai appris à arrêter le temps. J’ai appris à oublier l’heure et à laisser le frigo ouvert 24/7. J’ai appris à lâcher prise sur ce que vous mangiez et quand vous le mangiez. J’ai appris à fermer les yeux sur le bordel. J’ai appris à vous faire confiance à travers vos mille expériences scientifiques. J’ai appris à profiter de chaque câlin, de chaque rire et de tous les petits instants magiques du quotidien.

J’ai appris à vivre avec vous, pas juste en mode routine-métro-boulot-dodo. Non, vivre avec vous chaque moment et non pas juste survivre à la routine. J’ai appris à quel point j’aimais être votre maman. J’ai découvert que j’aurais sûrement été une bonne maman à la maison. Mais j’aime trop mon travail pour en faire une expérience permanente.

J’ai appris que votre père et moi, on fait un maudit beau travail d’équipe. Parce qu’avant, on manquait de patience devant vos disputes. Souvent. Mais après six mois, je ne sais pas ce qui a changé… Soit c’est vous qui avez appris à mieux jouer ensemble. Soit c’est nous qui sommes devenus plus tolérants, sans le tourbillon de la vie. Soit c’est un peu des deux… Mais une chose est sûre, c’est que tous ensemble, on forme une fichue belle famille.

J’ai hâte que l’école recommence. J’ai hâte de retourner travailler. Pour de vrai. Vous devant votre pupitre et moi devant mon bureau. J’ai hâte de sortir de la maison. J’ai hâte d’aller prendre un verre avec une amie. J’ai hâte de faire des lunchs. J’ai hâte de m’ennuyer de vous, juste un peu. J’ai hâte d’aller vous chercher à la sortie des classes. J’ai hâte que vous me parliez de votre journée, de vos amis et de ce que vous avez appris sans moi. J’ai hâte de vous voir évoluer loin de moi aussi.

Je sais que sans cette pandémie mondiale, je n’aurais jamais eu la chance de rester six mois au complet avec vous tous. Certes, les morts sont nombreux et chacune de ces morts est tragique. Mais ici, on lui doit beaucoup, à cette pandémie. Je n’ai pas envie de me plaindre. Le train-train de la vie reviendra bien vite. Je veux me retourner et voir derrière moi tout ce que cette expérience nous a appris. Parce qu’au‑delà de l’obligation de porter un masque, de garder ses distances et de laver ses mains, je suis certaine qu’on a appris plein de belles choses durant les derniers mois.

Joanie Fournier

 

Tu ne te souviendras pas de tous ces sacrifices…

Mon ange, tu grandis en beauté et en joie. Je te regarde courir dans notre

Mon ange, tu grandis en beauté et en joie. Je te regarde courir dans notre cour et chacun de tes rires me remplit le cœur de bonheur. Je sais que ton père et moi avons dû faire tellement de sacrifices pour pouvoir t’offrir cette vie.

Aujourd’hui, tu vas à l’école avec ton trop grand sac à dos, le sourire fendu jusqu’aux oreilles et le cœur débordant de fierté. Tu ne te rappelles pas que lorsque tu étais bébé, ton papa et moi allions tous les deux encore à l’école. Papa allait en cours le jour et Maman étudiait tous les soirs et passait ses weekends en classe. Je t’allaitais dès que j’avais une pause et je tirais mon lait pour les autres boires…

Aujourd’hui, le frigo est toujours plein et tu n’as jamais connu la faim. Mais quand tu es venue au monde, nous n’étions pas riches. On en a mangé en titi des toasts au beurre de peanut pour souper! Mais entre deux siestes de bébé et mes livres d’étude, je trouvais le temps de te faire des purées de légumes maison.

Aujourd’hui, tu cours entre les étages de notre grande maison remplie de lumière. Mais tu ne te rappelles pas que tu as vécu tes premiers mois dans un minuscule appartement, avec rien de plus que le nécessaire. Mais tu étais là, par terre sur ta grande couverture, à gazouiller à travers tes petits jouets. Tu remplissais notre petit 4 et demie de bonheur.

Aujourd’hui, dix ans plus tard, on a décroché nos diplômes, trouvé des boulots géniaux et continué de faire des petits bébés-bonheur. Tu cours dehors avec tes frères et sœurs. Je vous entends rire. Je sais que tu n’auras aucun souvenir de tous ces sacrifices. Tu ne te rappelleras pas à quel point notre petite famille en a arraché au départ.

Toi, tu as grandi avec l’aboutissement de tous nos efforts. Tu n’auras pas de souvenirs de nos périodes plus difficiles. Tu étais trop petite pour te souvenir de tout cela. Et pour être honnête, ça me rassure… Je suis contente que tu ne puisses pas te rappeler nos inquiétudes de jeunes parents.

Tu es devenue une enfant respectueuse et tu ne demandes jamais rien d’extravagant. Tu es économe et tu ne demandes jamais de cadeau démesuré pour ton anniversaire… Et parfois, je me demande si ta petite âme se rappelle… Tu prends toujours la peine de nous remercier, chaque jour. Tu nous remercies pour chaque sortie au parc, pour chaque crème glacée d’été, pour chaque moment passé ensemble. Tu es tellement reconnaissante que je me demande si une petite partie de ton cœur se souvient…

Je te connais, je sais que même en vieillissant, tu continueras d’être la plus raisonnable. Mais je te souhaite de te permettre des folies aussi. J’espère que quelques fois, tu feras des dépenses démesurées pour te gâter. J’espère que tu t’achèteras cette petite robe que tu aimes, même si elle n’est pas en solde. J’espère que tu mangeras autant de crème glacée, extra trempage de chocolat, qu’il te fera plaisir. J’espère que tu profiteras de la vie pour toutes les fois où, nous, nous avons dû nous priver. Parce que c’est aussi ça, notre rôle de parents… Bûcher pour construire une vie meilleure dans laquelle nos enfants pourront être heureux…

Joanie Fournier

Elle s’appelait Fanny

Elle s’appelait Fanny.

Elle s’appelait Fanny.

Elle avait trente ans.

Elle était éducatrice à l’école de mes enfants.

Et elle est morte.

Noyée.

Un bête accident, probablement.

Par un magnifique dimanche ensoleillé qui sentait la fin d’année scolaire, le déconfinement et les nouveaux projets.

Une rivière, un bateau, du plaisir.

Avec tout ça vient un certain risque. Le risque de l’eau qui avale. Et qui tue.

Aux nouvelles, une jeune femme portée disparue dans la région. Recherchée par les équipes de sauvetage pendant 24 heures. 48 heures. Puis retrouvée. Trop tard.

Son nom révélé quelques heures à peine après la dernière cloche de l’année scolaire.

Sa photo aux nouvelles. Son sourire qui nous a rassurés toute l’année, même quand mes enfants lui avaient fait la vie dure toute la semaine. Son regard joyeux et intelligent qui enveloppait les enfants autant que les parents. Sa jeunesse qui la rendait si dynamique, si passionnée, prête à tout pour aider ses poussinots à s’épanouir. Tout ça s’est éteint en une fraction de seconde. Tombé à l’eau. Touché coulé.

Il me restera d’elle sa volonté infinie de trouver des solutions pour aider mes cocos. Son désir immense de marcher en équipe avec les parents et l’équipe-école dans la même direction, pour le bien-être des enfants. Cette capacité de ne jamais nous faire sentir mal ou coupables quand nos enfants dérapaient, et de nous faire sentir hyper fiers dès qu’ils progressaient.

Il me restera d’elle, aussi, la conviction qu’il faut toujours dire merci. Pas juste parce que c’est poli. Mais surtout parce qu’un « merci » fait du bien à celui qui l’exprime et à celui qui le reçoit.

Quelques jours avant sa dernière promenade en bateau, j’ai écrit à Fanny pour la remercier d’avoir si bien accueilli mes enfants, de les avoir accompagnés depuis septembre. Je lui ai souhaité de vivre une belle transition vers les nouveaux horizons professionnels qui l’attendaient après l’été. Une nouvelle vie… Qui aurait pu deviner que la transition serait si abrupte…

Quelques jours avant sa dernière promenade en bateau, mes cocos lui ont donné des cartes et des dessins pour la remercier. Je revois encore ce dessin d’un grand bonhomme allumette qui tient un petit bonhomme allumette pour l’aider « à reprendre ses esprits », comme m’avait dit mon garçon. C’est ce qu’il a retenu de Madame Fanny.

Le choc est grand devant sa mort. La peine est grande pour nous, et je n’ose même pas imaginer celle de ses enfants, de sa famille, de ses amis, de ses collègues.

Mais au moins, nous n’avons pas le regret de ne pas avoir dit merci. Nous lui avons souvent exprimé notre gratitude et l’amour humain que nous avions pour elle. Ce sera maintenant un amour angélique et une reconnaissance éternelle.

Nathalie Courcy