Tag maladie

Ode à une Rose magnifique

Elle avait un sourire si doux et des yeux moqueurs. Mais surtout, ell

Elle avait un sourire si doux et des yeux moqueurs. Mais surtout, elle avait le respect du village. Ma grand-mère, c’était une Rose, littéralement. Et elle s’est éteinte ce matin, à 7 h 45.

Rose habitait un petit village qui se nomme l’Île-du-Grand-Calumet. Une magnifique place où tout le monde se connaît, où il n’y a que deux rues, où la rivière coule à flot. Dans la grande maison où elle a élevé ses six garçons, il y a plusieurs doux souvenirs qui bordent les murs, les étagères et l’air, tout simplement — pis y avait toujours des sucreries dans l’armoire, ses carrés aux dattes étant les meilleurs au monde.

Puisque quatre heures de route nous séparaient, nous ne nous voyions pas aussi souvent que nous l’aurions aimé. Bien sûr, quatre heures, ce n’est pas si loin… Mais lorsqu’on a la vie d’une maman full time, avec un travail full time, des jeunes kids full time, il est plus difficile de voyager et de planifier des road trip (pour moi en tout cas). L’an passé, elle est venue me visiter à Montréal pour la première fois en seize ans. Et elle est revenue à plusieurs reprises ensuite. Elle était fière d’où j’étais rendue, de mon cheminement de vie, de mes choix. Elle m’aimait fort. Pis moi, je l’admirais tant.

Depuis que j’avais des enfants, on se voyait beaucoup. Les filles l’aimaient tellement et wow ! Que c’était réciproque. Elles étaient ses premières petites enfants. Elle CAPOTAIT sur mes filles. On dirait qu’en ayant moi-même des enfants, j’avais mille fois plus de respect pour elle. Quand on se voyait, j’en profitais pour lui poser des questions, lui demander des conseils, l’admirer, l’écouter. Parce que t’sais, après tout, elle en a élevé six. La madame savait de quoi elle parlait.

Au début de l’hiver, Rose a fait deux accidents cardio-vasculaires en moins de douze heures. En apprenant ça, j’ai paqueté mon char avec mes p’tites pis je suis partie pour l’hôpital fucking trop loin de chez nous. Il faisait si froid. En arrivant là-bas et après que j’ai expliqué la situation, l’infirmière nous a laissées entrer dans sa chambre aux soins intensifs, même si j’étais accompagnée de jeunes enfants. Je suis ressortie aussi rapidement que j’étais entrée, en m’obstinant pendant un bon dix minutes et en disant que non, cette dame couchée dans le lit, pluggée de tous bords tous côtés, n’était pas ma Rose. C’était bien elle… J’ai pleuré en tenant sa main dans la mienne, pendant cinq minutes, pendant que l’infirmière s’occupait de mes filles dans le corridor. Nous sommes ensuite revenues à Montréal. Huit heures de voiture avec une terrible two pis une five going on fifteen, pour un maigre cinq minutes, mais un cinq minutes qui voulait tout dire.

Juste après Noël, son état s’était amélioré et elle a été transférée dans un centre de réadaptation. Mon père, mon oncle, ma cousine et moi sommes allés l’installer dans sa magnifique chambre où le personnel était attentif et où les autres ti-vieux étaient ben heureux de voir un nouveau visage. « Pourquoi t’es icitte toi, ma Rose ?! », que les ti-vieux demandaient. Nous répondions que c’était à cause de deux ACV. Pis là, une multitude de bras se sont ouverts pour l’accueillir, parce qu’eux aussi étaient passés par ce chemin difficile. C’était crissement beau à voir. Le lendemain, j’ai amené les filles la visiter. Les yeux de ma grand-mère brillaient. Les filles se sont amusées à attacher les lacets détachés de Rose, elles lui ont fait des dessins et jamais au grand jamais, je n’aurais cru que ce serait la dernière fois que je la prendrais dans mes bras.

Mes filles et moi sommes venues rejoindre mes parents en Floride pour la relâche. Ce matin, je suis allée les retrouver à leur maison, puisque mes kids ont dormi là hier soir. En entrant, mes parents faisaient la vaisselle et les filles jouaient sur la tablette. Ma mère a chuchoté à mon père « Tu lui dis ?! » J’ai levé le regard vers mon père qui avait les yeux pleins d’eau et j’ai su. J’ai su que ma marraine, ma dernière grand-maman, mais surtout et avant tout, SA maman, était décédée. On le sait, ces affaires-là. On les sent. On a tendance à dire que c’est mieux ainsi, qu’elle était malade et que ses souffrances sont maintenant chose du passé. Mais il reste que le vide est immense quand même. Ma Rose est partie. Sa Rose n’est plus.

J’ai passé la journée à dire à mon père combien je l’aimais. J’ai expliqué à ma grande que Mémère Rose était maintenant une étoile. Elle m’a dit qu’elle aimerait bien aller la chercher pis on a pleuré ensemble. À mes yeux, une Rose qui termine sa vie en Étoile, ça prouve que ce fut une maudite belle vie réussie. Ma belle Rose à moi. Mais surtout le Rose de la famille et de tout le village brille ce soir dans le ciel.

Valérie La Salle

La Bête

Semaine de relâche. Quelques activités prévues au programme, sans

Semaine de relâche. Quelques activités prévues au programme, sans plus. Neuf heures. J’en suis à mon deuxième café. Les filles sont debout depuis un bon moment. Je les appelle mes princesses à pas d’éléphant. « Pourquoi marcher sur la pointe des pieds alors qu’on peut marcher du talon? », me dit toujours l’une d’elles. T’as bien raison, mon Abi. Mais marcher comme un éléphant réveille ton frère qui dort au sous-sol. « La journée appartient à ceux qui se lèvent tôt », qu’elle me dit. Maudit sens de la répartie.

Mon grand pré-ado de fils avec ses bras trop longs et ses jambes dans lesquelles il s’emmêle souvent n’est toujours pas debout. Depuis deux jours, il semble combattre un virus. Mini fièvre, courbatures et grommellements. Pas d’appétit. J’ai trois enfants. J’en ai vu d’autres. Ça ne m’inquiète pas. Pas encore.

Je descends à la tanière de l’ours. La porte de la chambre est toujours fermée Pas un bruit. Je cogne. Pas de réponses. J’ouvre.

– William?

L’odeur d’urine me monte à la tête. Il me faut quelques secondes pour que j’y voie quelque chose. Des rideaux coupe-lumière. C’est ce qui a donné le sens au mot obscurité.

– William?

Ça bouge dans son lit. J’ouvre la lumière. Et je vois.

Mon fils. Il est translucide. Je vois chacune des veines de sa peau. Ses yeux sont ouverts, l’air hagard. Ses cheveux sont ébouriffés. Les draps sont mouillés. Une image incongrue. Je suis Elliot et il est E.T. l’extraterrestre. E.T. va mourir. Mon fils va mourir. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas quand, mais mon fils se meurt.

Je crie. Je crie à l’aide. Je dis aux filles de réveiller leur père.

– Maman… je ne peux plus me lever… La faiblesse de sa voix. Cette fragilité qui émane de lui. Mon joueur de soccer. William l’Invincible. William qui s’est appelé William pour William Wallace dans Braveheart. Il ne m’a jamais paru si petit, si vulnérable.

Cent-vingt km plus tard, nous sommes au Childrens Hospital. L’homme à la guérite du stationnement. Je m’en rappellerai longtemps. L’effroi et l’inquiétude dans ses yeux lorsqu’il a regardé mon fils. Rien de rassurant, mais il me valide. Mon garçon ne marche plus. L’homme court nous chercher une chaise roulante. Et comme dans les films, je cours à l’urgence, car le temps joue contre moi. Contre lui. Contre nous.

Infirmières, triage, médecin. Il est placé en observation dans une unité qui déborde. Mon garçon ne résiste en rien. Complètement apathique. Ne parle que pour se plaindre de maux de tête. On soupçonne une influenza sévère, courante à ce temps-ci de l’année. Bien sûr, on se trompait.

On lui administre par voie intraveineuse un médicament contre les migraines. Ça assommerait un cheval, qu’on me dit. Le cheval ne s’assomme pas, bien au contraire; il devient plus agité, se tenant la tête avec les deux mains. Il pleure, il gémit. Plusieurs heures passent. Son état se détériore. On poursuit les recherches. Je tiens la main de mon fils. Je lui parle doucement. Les lumières sont maintenant fermées, car il ne les tolère plus. Ce sera une journée de pénombre tout comme elle a commencé.

C’est bientôt la nuit. L’ange blanc arrive, se présente. Une belle médecin blonde. Elle n’aime pas la raideur dans la nuque de mon fils. Peu probable que ce soit une méningite, mais on doit éliminer la possibilité. Virale : on ne s’inquiète pas. Bactérienne : on peut en mourir et le temps compte. Décharge signée s’il reste paralysé, pardonne-moi mon fils, ponction lombaire avec une aiguille trop grande, trois infirmiers pour l’immobiliser, un sédatif et moi qui lui tient la main. On aura le résultat dans deux heures. Deux heures maximum. Deux heures qui peuvent tuer mon fils ou non. Deux heures, le temps d’un film dans lequel se joue un drame où il est le héros.

Je suis tellement fatiguée. William dort enfin. Moins agité. Il est tellement beau. L’ange blanc se présente à nouveau. Méningite bactérienne à méningocoque. On doit agir vite. Un antibiotique lui est à nouveau donné par voie intraveineuse. On augmente le dosage, car il reste peu de temps pour combattre la bête. Son cerveau est compressé par ses méninges. Il est fatigué. On nous isole dans une pièce fermée toujours à la pénombre. William est contentionné aux poignets afin de l’immobiliser. Le bruit des moniteurs me rassure. Même saccade. Je me dis que ça y est. Ça va aller. On est sauvés. Je ne me suis jamais autant trompée dans une journée.

Je somnole. Mon fils s’agite à nouveau. Il veut défaire ses contentions. Les chiffres sur le moniteur cardiaque s’emballent tout comme mon garçon. « Ma tête, maman, ma tête », qu’il me chuchote. Il pleure. J’ouvre la porte, crie aux infirmières qui sont au poste à côté et là, presque tout s’arrête.

On me met dans un coin. Je me rappellerai aussi du mur froid que je sens dans mon dos, de la cohue dans cette petite pièce, des infirmières et des médecins qui y sont entrés en trombe. Je n’existe plus. D’où je suis, je ne vois plus mon fils entouré par tout ce personnel médical. Je n’entends pas leurs mots. Je ne vois que le moniteur et les chiffres qui augmentent, son rythme cardiaque et cette ligne qui se hachure.

Puis il n’y a plus rien. Plus de chiffres sur le moniteur cardiaque. Plus de ligne hachurée. Qu’une ligne blanche linéaire. Plus de petit bonhomme dessiné a la craie que je regardais enfant à la télévision les samedis matin. Nous sommes au Childrens Hospital et mon fils de douze ans vient de mourir.

Le choc a probablement été trop violent. De cela aussi, je m’en rappellerai. J’ai quitté mon corps. Je flottais au-dessus de lui. Je sais, ça parait complètement dingue. J’ai même hésité à vous le partager. Mais c’est l’histoire de mon fils et indirectement la mienne. J’ai vu mon fils étendu dans le lit d’hôpital et toutes ces petites abeilles s’affairant autour de lui. Ils tentaient de le réanimer. Je me sentais tellement sereine. Envahie d’une plénitude à laquelle je n’ai plus jamais goûté. À ce moment-là, j’ai probablement croisé l’âme de William. Je ne l’ai pas supplié de revenir. Je ne lui ai même pas parlé. Je ne faisais qu’observer.

Retour brutal dans mon corps. Le mur est trop froid. Je ne sais pas combien de secondes ou de minutes se sont écoulées. Je suis peut-être revenue au même moment que mon fils est revenu habiter son corps. Au même moment qu’il a repris vie, tout comme les chiffres et la ligne. Je ne le saurai jamais.

Bien plus tard, j’ai appris que le dosage de l’intraveineuse avait créé la crise cardiaque. Bien plus tard, après plusieurs jours, nous sommes revenus à la maison. Bien plus tard, des enseignants ont tenté de reprendre l’école avec William à la maison. Pas si tard : nous savions qu’il n’y aurait pas de reprise scolaire pour mon garçon dans l’année. Les maux de tête demeuraient accaparants et la lente, mais certaine dépression allait hanter mon fils pendant plusieurs mois.

Je n’aborderai pas les mois qui suivirent en détail. Tout cela est encore douloureux même si cinq années sont passées. La récupération fut longue. William était un joueur de soccer émérite. Un athlète. Toute son identité tournait autour du sportif qu’il était et qui maintenant, avait de la difficulté à marcher. Les amis vinrent au début et s’en retournèrent bredouilles avec leurs ballons de soccer. Ses sœurs étaient inquiètes. Papa prit soin davantage de ces dernières et moi de mon aîné guerrier.

Cinq ans sont passés presque jour pour jour maintenant. William, j’ai écrit ce texte pour toi. Car tu es une inspiration, un modèle de résilience, un combattant. Tu as su te relever malgré que tu sois tombé au combat. Tu as vaincu la Bête avec l’aide d’un personnel soignant et dévoué. Tu as aujourd’hui dix-sept ans et bien plus que la Vie devant toi. Tu en fais partie de cette vie, mon garçon. Tu deviendras un excellent policier malgré quelques maux de tête avec lesquels tu devras toujours composer. Tu continueras le soccer avec tes amis comme tu le fais déjà. Tu aimeras ton amoureuse plus fort que tout. Tu demeureras ce beau jeune homme sensible, mature et intrépide que tu es. Tu réaliseras tes rêves, des plus petits aux plus fous. Et surtout tu n’oublieras jamais d’où tu viens et ce qui s’offre maintenant à toi. Moi, je n’oublierai jamais. Je t’aime, fils.

http://fondationduchildren.com/

Méningite

Isabelle Bessette

 

Vous ne le saviez pas, mais même une gastro a du positif!

Le système immunitaire de mes enfants est blindé. Depuis l’autom

Le système immunitaire de mes enfants est blindé. Depuis l’automne, j’entends tous les parents de mon entourage raconter que leur mamaille a encore rapporté un virus ou une bactérie de la garderie ou de l’école. Grippe, bronchite, pneumonie et la fameuse g… (pas comme dans point G… plutôt comme dans maudite gastro qu’on déteste encore plus qu’un enfant peut détester le tofu et le chou kale)… Ça circule dans les maisons à partir du 1er septembre jusqu’au 23 juin. Et là, avec le redoux, les habits de neige détrempés et l’odeur de vestiaire de hockey qui empeste dans les écoles, c’est pire.

Mes enfants ont eu un petit rhume par-ci, par-là depuis la rentrée scolaire, mais c’est tout. Ça durait une journée ou deux, et on passait à autre chose. Touchons du bois! Mais oups! Trop tard! La gastro s’est frayé un chemin jusque chez nous. Quelle magnifique façon de célébrer le début de la semaine de relâche!

Dès le premier cri paniqué (« Mamaaaaaaaaan! Coco vomit! »), j’étais déjà écœurée de ramasser, nettoyer, décrotter, désinfecter, et on recommence. Au moins, je ne suis pas malécœureuse comme mon mari!

Malgré tout, il y a quand même du positif dans un épisode de maladie format familial (oui, j’étire l’optimisme jusqu’à l’exagération… mais c’est la seule façon de s’en sortir vivant et sain d’esprit!) :

–          Bien sûr, gastro = cinq livres de moins. Plus efficace que n’importe quel régime. Mais déconseillé.

–          C’est le temps de manger des popsicles au Pedialyte!

–          C’est un moyen très convaincant de vous encourager à désinfecter la maison de fond en comble et d’ouvrir les fenêtres pour aérer. Ok, avant qu’on ait pu désinfecter, ça ne sent pas la joie en la demeure, mais après, oui. (Merci, compagnie de nettoyants qui ajoutent des parfums qui sentent bon pour vrai et qui n’irritent pas trop les narines!)

–          Ça coûte pas mal moins cher d’épicerie! Ok, c’est poche si vous veniez juste de passer une commande Costco de 600 $. Mais sinon, vous allez économiser sur votre semaine d’épicerie!

–          On a le droit de prendre autant de bains chauds qu’on veut, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. J’avoue, ce n’était pas l’idée que vous vous faisiez d’un bain de minuit, mais au moins, ça aide à se sentir mieux.

–          C’est le temps de prendre des photos mentales de la solidarité qui unit vos enfants. Oubliez les faces dégoûtées de « Ark! Tu pues donc ben! Tu aurais pu te retenir! » et concentrez-vous sur la grande qui offre de cuisiner le repas pour ceux qui ne sont pas malades pendant que toi, parent atteint, tu es vert-blanc-transparent juste à l’idée de toucher à de la nourriture. Ou encore sur le petit qui va chercher des guenilles pour que toi, tu puisses nettoyer les flaques.

–          Au bout de cinquante brassées de lavage en trois jours, vous saurez que votre laveuse et votre sécheuse sont solides.

–          Si vous avez normalement de la misère à vous calmer le pompon, ce sera l’occasion rêvée pour annuler tous vos engagements, reporter toutes les visites et les soupers prévus et prendre un abonnement à votre pyjama pour les prochaines soixante-douze heures. Mise en quarantaine oblige!

–          Quand les enfants recommenceront à manger autre chose que de la soupe malade, ils redécouvriront les talents de cuisiniers de leurs parents et les apprécieront grandement.

–          Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai le modèle d’enfants malades qui deviennent vraiment tranquilles, qui ne se plaignent pas et qui sont très reconnaissants pour ce qu’on fait pour prendre soin d’eux. Pendant que je changeais les vêtements de mon garçon qui s’était « échappé » en dormant, il s’est réveillé juste assez pour me dire « Merci, maman, de nettoyer mes jambes… » J’ai trouvé ça mignon.

–          Si vous aviez encore des congés familiaux en banque, c’est le temps de les écouler avant la fin de l’année financière. Sinon, désolée! Ça va gruger sur votre banque de congés annuels ou sur votre salaire. Il n’y a pas juste du positif dans la vie!

–          Admettons que vous étiez tannés de lire l’histoire du dodo et de chanter la berceuse du soir, vous aurez une pause. Enfants malades = enfants qui s’endorment vite et partout. Après avoir ramassé, nettoyé, désinfecté toute la journée et toute la nuit, je vous jure que vous non plus, vous n’aurez pas besoin de berceuse pour vous endormir le soir. Sauf bien sûr si c’est votre tour de visiter la toilette aux cinq minutes!

Si vous comptez parmi les nombreuses famille qui sont attaquées par une gastro fulgurante, lâchez pas! C’est comme l’hiver et l’acné, ça finit par passer…

Nathalie Courcy

8 phrases qui n’aident pas quand t’es déjà K.O. à cause des microbes

1-      « Au moins, tu peux te reposer à la maison! »

1-      « Au moins, tu peux te reposer à la maison! »

TRÈS CERTAINEMENT, c’est le meilleur repos au monde quand, malgré ton 102o de fièvre, ta morve au nez, ta toux de tyrannosaure, tu dois QUAND MÊME aller porter les enfants à l’école ou les soigner eux aussi en même temps. Sans compter les devoirs, les repas, les conflits… Sentez-vous cette veine qui bourdonne sur votre tempe?

 

2-      « Désolé, tu as pris tout tes congés de maladie pour les six prochaines années quand tes trois ont eu la varicelle… l’un après l’autre… Y’aurait fallu que tu t’en gardes pour quand toi, tu es malade! »

BIEN SÛR, merci patron. Ce n’est pas grave, je comprends. Alors, j’ai le choix entre rester chez moi à mes frais pour me soigner et me taper les airs à mon retour. Ou venir travailler au risque de contaminer le trois quarts de mes comparses de travail… en ajoutant aux airs… les reproches (que je vais comprendre). J’ai essayé, patron! J’ai essayé, mais les microbes ne savent pas lire la pancarte que j’ai au cou : « Revenez dans six ans, je n’ai plus de congé! »

 

3-      « Dis-toi qu’il y a des gens qui meurent de pire chaque jour! »

ÉVIDEMMENT! Comment ai-je pu être égoïste à ce point et oublier qu’on n’a pas le droit de se plaindre si c’est prouvé qu’il y a pire chez le voisin?! DÉSOLÉE… ça doit être la fièvre, je ne recommencerai plus, et ce, même si autour de moi, j’entends et je lis cinquante plaintes que je « pense » moins dramatiques que mon état actuel.

 

4-      « On sait ben, toi : t’es toujours plus malade que les autres! »

SÉRIEUSEMENT, on quantifie maintenant la gravité de nos malaises pour savoir si on a le droit à un peu de compassion?! Attends… j’ai juste une sinusite, tu as quoi toi? Ah une bronchite… je pense que ça s’annule… je ne suis pas sûre. QUELQU’UN A LA CHARTE DES GRAVITÉS DANS LA SALLE?

 

5-      « Bois de l’eau pis lave-toi les mains, tu seras moins malade! »

CE N’EST PAS FAUX… dans l’absolu. Mais un coup qu’on est malade, ça change RIEN pour NOUS. Mais oui, il est important de boire beaucoup d’eau, de se laver les mains, de se reposer, de ne pas stresser, de bien manger, de faire de l’activité physique. Mais PRÉSENTEMENT, as-tu vu la sueur sur mon front juste à essayer d’écouter tout ce que tu me dis? Mes petits yeux larmoyants, ce n’est pas une nouvelle figure de selfie que je pratique!

 

6-      « Y’est temps que tu guérisses, me semble que ça fait longtemps que ça dure! »

TOUT À FAIT D’ACCORD! Si tu savais à quel point je pense EXACTEMENT la même chose! Mais paraît-il qu’on ne décide pas quand ça nous tombe dessus et surtout pas quand ça nous laisse tranquille! J’ai essayé de semer les microbes et les virus en courant en zigzag dans ma rue… j’ai failli finir à l’asile!

 

7-      « Arrête de te plaindre! T’es faite forte, t’es capable d’en prendre! »

RIEN À DIRE… sauf : Tu sais ce qu’elle aimerait te dire, la superwoman, là, là?

 

8-      « T’as pas l’air si pire » ou son opposé : « Ayoye! T’es ben maganée! »

OUAIS… Je ne sais pas à 100 % de quoi j’ai l’air, mais je sais comment je me sens. Pis sérieux, non, j’ai pas oublié de dire à ma face de sourire, j’ai juste envie de crier comme un homme : J’VAIS MOURIR!

 

Simplement, Ghislaine B.Surprenant

Les petits soldats

<span lang="FR" style="margin: 0px; color: #333333; font-family: 'Ge

Ils mènent un combat sans merci, quotidien, contre de méchantes cellules qui envahissent leur petit corps. Ce sont les êtres les plus courageux, les plus souriants, les plus résilients et les plus vivants que j’ai rencontrés dans ma vie.
Quand tu pousses les lourdes portes de l’hôpital pour enfants, et que tu rencontres les petits soldats…

Autour d’eux, il y a une armée : parents, famille, amis, accompagnants, médecins, soignants, associations… une véritable guerre, une croisade… Chacun a son rôle, sa place, le cÅ“ur débordant d’amour pour ces enfants qui luttent pour survivre.

Chaque jour est une montagne. Chaque heure est un combat. Contre la maladie et la souffrance. La douleur est présente constamment.
Les armes sont puissantes et les traitements dévastateurs. La déchéance physique de ces êtres si fragiles est terriblement révoltante. Le désespoir se cache derrière toutes les portes… Et pourtant, sur les visages, on ne lit que des sourires. Sur les murs, on ne voit que des dessins. Les couloirs sont remplis de couleurs. La compassion et l’amour sont partout.

Les petits soldats sont entourés de parents dévoués qui tentent de ne pas se noyer. Dévastés par des nouvelles si mauvaises, ils continuent de jouer, de colorier et de chanter des comptines.

Ces enfants-là te remettent les idées en place. Ils te montrent à quel point tu as de la chance d’avoir la santé et comme elle est précieuse. Ils t’enseignent à savourer chaque minute et à la rendre plus belle encore. Ils te font réaliser qu’il n’est pas nécessaire de t’inquiéter quand ton gars a une mauvaise note en histoire ou que ta fille part en voyage seule pour la première fois.

Les petits soldats sont un exemple pour tous : adultes et enfants. Nous devrions tous prendre le temps de les encourager. Même si ça fait mal. Même si ça fait peur. Même si…

Certains retrouveront un jour une vie plus sereine, malgré la maladie qui sera toujours là, malgré les séquelles qui les réveilleront souvent le soir…

Certains soldats tombent au combat. Laissant leurs parents, leurs familles et leurs amis le cœur immensément vide.

Certains soldats tombent au combat, emportant une partie de moi. Anéantissant l’insouciance et la légèreté du quotidien.

Les petits soldats ont besoin de la plus puissante arme du monde : l’amour.
Alors, osez. Osez pousser les trop lourdes portes des hôpitaux pour enfants. Osez apporter votre sourire, votre temps, vos blagues, votre talent, votre cÅ“ur. Osez soutenir ces petits soldats et porter leurs parents dans vos bras si apaisants. Osez les bercer, les aimer, même si… certains tombent au combat…

Gwendoline Duchaine

 

Contes de faits

Il était une fois, une jeune femme pleine de vie et d’amour qui l

Il était une fois, une jeune femme pleine de vie et d’amour qui le jour de la Saint-Valentin, il y a trois ans, se fit attaquer par un zona… Un vrai, bien intense, qui durera plusieurs mois. D’ailleurs, il lui reste, encore aujourd’hui, des douleurs névralgiques en guise de souvenirs.

Malgré cela, cette princesse de sang non royal poursuivait son dur labeur ménager pour remettre en état, réparer, plâtrer et repeindre sa demeure à grandeur, dans le but de la vendre à prix bradé. Car un matin de novembre, sans crier gare, son prince charmant, qui s’avérait n’être, en fait, qu’un vilain crapaud, l’a crissée là, avec ses deux jeunes héritiers, dans leur château en chantier!

Tandis que ce prince aux belles manières sans grandes valeurs se rendait de bal en bal pour faire valser toutes les filles de joie, dans l’espoir de trouver pantoufles à son pied, la jeune femme rechaussa ses beaux souliers de verre coupant, et partit à la conquête d’un nouveau royaume sans chimères où les enfants seraient rois.

C’est alors qu’en chemin, son vilain crapaud lui promit monts et merveilles, et brisa tous les miroirs, afin de s’assurer que sa mal-aimée ne voit dans ses yeux que le prince charmeur dont elle était tombée amoureuse dix ans auparavant.

Follement accrochée à son idéal familial, la jeune princesse déchue crut ces belles paroles, et elle vécut malheureuse pendant une autre année qui lui sembla l’éternité…

Puis un jour, il n’y a pas si longtemps, la belle s’est enfin réveillée, grâce au dur baiser du cancer.

Il en aura fallu du temps… mais désormais, cette jeune femme libérée des illusions et délivrée des faux semblants va pouvoir vivre sa vie comme dans un conte de faits!

Moralité de l’histoire : Voilà ce qui arrive lorsque l’on berce les jeunes filles de chants de sirènes, et qu’on leur fait croire qu’il suffit d’aimer pour être heureuses. Mais encore faudrait-il expliquer aux jeunes hommes que ce n’est pas par magie qu’on devient prince charmant, et que ce n’est pas dans les habits d’apparat que réside le vrai bonheur.

L’amour, tout comme un bouquet de roses rouges, est fait de doux pétales et d’épines.

Maintenant que vous êtes avertis que les coups de cœur ne portent pas toujours les couleurs de l’amour dans le miroir de la vie, je vous souhaite une Saint-Valentin sans lendemain de veille.

Ma St-Valentin, cette année-là…

<span style="margin: 0px; line-height: 107%; font-family: 'Times New

Je suis avec mon conjoint depuis douze ans. J’ai vécu plein de beaux moments à la St-Valentin, des soupers au resto, des fleurs livrées à mon appartement (et c’est ma coloc qui les a reçues!) Cependant, je crois que celle d’il y a cinq ans restera encore gravée dans ma tête pour longtemps : ma St-Valentin en 2012.

 

En fait, tout a commencé la veille, soit le lundi 13 février. Ma fille avait tout juste vingt mois et à cet âge, c’est souvent virus par-dessus virus, malheureusement, mais nous étions tranquilles à ce moment. Moi, je travaillais dans un domaine avec moins de responsabilités, à temps partiel, et je pouvais me permettre d’aller faire un tour au Costco un lundi après-midi, car je finissais vers 14 h 30.

 

C’est ce que j’ai fait ce fameux lundi et avant d’aller chercher l’héritière au service de garde, je me suis dit, va ranger ton Costco à la maison. En arrivant pour rentrer l’auto dans l’abri Tempo, bang, le camion du monsieur… Oups, non. Si monsieur est à la maison un lundi après-midi, Houston, nous avons un problème!

 

C’était le cas, il avait quitté son travail en mi-journée dans l’ouest de la ville pour revenir dans notre banlieue est. Il était malade, pas la grippe d’homme : la grippe, celle qui te cloue sur place, où chaque millimètre de ton corps te fait souffrir… Wow, quelle belle veille de St-Valentin!

 

Moi, j’enfile tout de suite mon costume de Super Woman. Je range mon Costco, je fais du thé au citron pour mon monsieur et je vais chercher l’héritière au service de garde. Je contrôlais la situation et j’allais sauver toute la maison. Pouf… La vie s’occupe toujours de te faire entendre raison. Le lendemain matin, c’était moi qui étais sur le carreau. Mon monsieur était un peu moins pire, mais moi, ouch… j’étais à terre. Ce matin-là, la seule personne qui était sur le piton, c’était l’héritière, vingt mois. Finalement, nous avons pris la décision de la diriger au service de garde et comme c’était le monsieur le moins pire, c’est lui qui a dû se taper les cinq minutes en auto pour aller la mener.

 

Ensuite, qu’avons-nous fait? Nous avons passé le mardi de la St-Valentin ensemble, en cuillère dans le lit. Vous voulez connaître nos ébats amoureux de cette journée? Bah, nous avons dormi collés, collés et à la fin de la journée, nous étions, disons, fonctionnels… C’est moi qui suis allée chercher l’héritière ce soir-là. Par la suite, le lendemain, nous étions retournés au travail, encore un peu amochés, mais quand même fonctionnels.

 

Ce dont je me souviens aussi, c’est que l’héritière n’a jamais eu ce virus. J’ai toujours cru que c’était un complot : vous voulez passer du temps ensemble, les parents? Pas de problème, mais ce sera souffrant!

 

Bref, l’année suivante, j’ai bien apprécié mes fleurs, mais il reste que 2012 reste marquée dans mon corps…

 

Evelyne Blanchette

 

Cancer, pas cancer: j’y vais!

Combien de personnes de votre entourage ont un cancer ou ont dû à

Combien de personnes de votre entourage ont un cancer ou ont dû à se battre contre le cancer? Moi, je ne les compte même plus. Poumons, utérus, cerveau, gorge… Ma parenté a pris un abonnement aux cellules cancéreuses. Même quand j’étais adolescente et malheureuse, je répétais que comme j’étais née en juillet, j’étais un « cancer » de la société. Pour dire jusqu’à quel point ce mot est porteur de noirceur pour moi…

Cancer = synonyme de souffrances. Souffrances du corps qui a mal, qui veut vaincre et qui n’en trouve plus la force éventuellement. Souffrances de l’organe par lequel le cancer s’incruste (« Madame, je suis désolée, vous avez un cancer du sein de stade 4 »; « Monsieur, votre prostate est attaquée par des cellules cancéreuses… »), puis souffrances qui s’étendent aux autres organes, qui se généralisent et qui annoncent la fin.

Souffrances du cœur, aussi, et de la tête qui essaie de se débattre entre l’espoir et le lâcher-prise. La personne atteinte du cancer se sent partir, fait son deuil de sa propre vie et de sa vie avec les autres. Les personnes qui l’accompagnent de près ou de loin souffrent autant, mais différemment. Elles font le deuil de souvenirs qui n’existeront pas, le deuil aussi d’une intervention divine ou d’une toute-puissance technologique qui viendrait éradiquer toutes les cellules maléfiques. Souffrances d’un parent qui berce son enfant jusqu’au dernier souffle. D’un enfant qui doit dire adieu à un parent ou à un grand-parent qu’il a à peine eu le temps de connaître. D’un frère, d’une sœur, qui perd un morceau de lui-même. D’un ami, d’un collègue, d’un voisin qui se sent impuissant, inutile. D’une infirmière qui ne peut qu’apaiser un peu la douleur physique à l’aide d’une piqure ou d’une parole réconfortante. D’un médecin qui devra prononcer l’heure du décès et la fin d’un combat perdu d’avance.

En ce 4 février, Journée Mondiale contre le cancer, j’ai une pensée, une prière, une incantation, une tonne d’ondes positives et énergisantes, pour toutes ces personnes qui vivent avec le cancer et qui en souffrent, qui en meurent ou qui en guérissent. Parce que oui, il y a plein, plein d’humains qui guérissent. Qui vivent des rémissions, qui rechutent parfois, puis qui s’en remettent. Des malades qui déjouent les pronostics. Le mois dernier, une collègue a sonné la cloche de la victoire après son dernier traitement de chimio. La fille d’un ami est retournée à l’école, amputée d’un sein, mais équipée d’une montagne d’espoir. « Vous avez environ six mois à vivre »… L’échéancier n’est pas une obligation absolue. C’est surtout une invitation à se battre. À changer nos habitudes de vie pour mettre toutes les chances de notre côté pour vivre et pour bien vivre. C’est une invitation à accepter le destin sans s’y soumettre.

Mon papa avait trente-et-un ans quand il a reçu un diagnostic de cancer au cerveau. C’était en 1983. À trente-trois ans (non, ne dites pas « l’âge du Christ », je suis tannée de l’entendre!), le cancer a eu raison de lui. Mon père en a voulu à ceux qui lui ont annoncé sa mort prochaine, mais jamais il n’en a voulu à la vie. Jusqu’à la fin, il est resté profondément amoureux de la vie et sincèrement croyant. Mon papa policier, plus fort que tout, plus doux que tous, a souffert pendant trois ans. Opérations, maux de tête, évanouissements, hospitalisations, saignements, pertes de mémoire, incapacité à aligner trois mots (quand le cerveau est atteint, on peut demander à l’infirmière un miroir d’arbres violets au lieu d’un verre d’eau froide… on peut ne plus reconnaître notre famille… on peut changer de caractère…). Il a fini dans un cercueil après avoir versé quatre larmes, une pour chaque membre de notre famille.

Il ne nous a pas vus grandir. Il n’a pas pu me sermonner la première fois que j’ai ramené un gars à la maison. Il n’était pas (en chair et en os, du moins) à notre remise de diplôme ou à notre mariage. Il n’a jamais pu faire le ti-galop à nos enfants ni leur apprendre leurs premiers mauvais coups. Mais il fait partie de notre histoire. À travers son souvenir, nous trouvons la force d’aimer la vie et de nous battre à notre tour.

Quand j’étais petite, on n’osait même pas espérer sincèrement que les chercheurs trouvent un remède contre le cancer à temps pour sauver mon père. La tumeur grossissait, menaçait, se « tentaculisait » d’un bout à l’autre de son corps. Mais maintenant, en 2017, c’est différent. On y est presque! L’équipe du Dr Béliveau, entre autres, est en voie de trouver un traitement contre les cancers cérébraux. Ces miracles de la recherche arrivent quelques décennies trop tard pour nous, mais je vous jure : le jour où l’humain vaincra le cancer, je sabrerai le champagne pour célébrer la vie et la victoire de la santé sur la souffrance. Je trinquerai avec tous les survivants et je lèverai mon verre vers le ciel. Papa, la guerre achève!

cancer Béliveau

J’ai mon voyage

Lorsque la famille s’agrandit, on devient souvent plus réticent Ã

Lorsque la famille s’agrandit, on devient souvent plus réticent à partir en voyage. On a peur de sortir notre progéniture de sa zone de confort et de casser sa routine. Certains oseront quand même s’offrir une semaine en tout inclus chaque année, car quel enfant n’aime pas la plage? Et puis, ces complexes hôteliers offrent un standard de confort qui rassure les parents, même les plus protecteurs.

Pour ma part, le fait de devenir maman n’a jamais étouffé ma soif de voyages et de dépaysements. Au contraire, en devenant maman, j’ai eu envie de montrer le monde tel que je le voyais et tel que je le concevais à mes enfants. J’ai eu envie de leur faire voir toutes ses beautés, son immensité et sa diversité. Dès leur plus jeune âge, je leur ai offert cette ouverture sur le monde afin de faire d’eux des êtres curieux de tout, débrouillards et aventureux. Car j’ai toujours pensé que développer leur capacité d’adaptation était plus important que de les plier à une routine dans le confort de notre foyer. Après tout, il est facile de rendre un enfant confiant dans le confort de son environnement… Mais n’est-il pas plus utile de le faire se sentir en sécurité dans un contexte dépaysant? La vraie vie n’est-elle pas faite d’aléas, de surprises et d’imprévus auxquels nous devons faire face perpétuellement? Je ne sais pas pour vous, mais la mienne est pleine de rebondissements et ne me laisse pas le temps de m’ennuyer. 😉

C’est pourquoi, à tout juste un an, ma fille cumulait déjà pas mal de kilomètres au compteur et aurait pu être la version rousse de Dora l’exploratrice tellement nos voyages étaient de véritables expéditions, riches en aventures et en découvertes.

Oui, je vous l’avoue, ces voyages ne sont pas des vacances pour les parents! Mais je vous assure que la logistique de prédépart est moins exigeante que vous pourriez le penser. Et la gestion sur le terrain n’est pas si périlleuse. Je vous dirais même que le plus pénible, c’est le retour! Pas facile de reprendre nos habitudes quand on a gouté aux plaisirs de l’improvisation…

Bref, j’ai fait de ce genre de voyages mon mode de vie et c’est ce mode de vie que je partageais avec mes enfants depuis qu’ils étaient bébés. Jusqu’à ce que le cancer entre dans l’équation…

J’ai alors perdu mes repères. Mon besoin de sécurité s’est accru. Et mon besoin d’évasion tout autant. Je me suis beaucoup questionnée sur ce que serait ma vie désormais. Pendant un temps, j’ai même pensé qu’il vaudrait mieux que je renonce définitivement à ma vie d’avant et que je me replie dans la zone de confort sécuritaire de ma routine quotidienne, à la maison, plutôt que de continuer à parcourir le monde. Pour mes enfants. Pour le mieux. Pour me rassurer qu’en me sédentarisant, j’aurais plus de contrôle sur les « choses » de la vie…

Je me suis donc posée pendant toute la durée des traitements. Et puis, au bout d’une année à vivre mon cancer, j’ai pris le temps de m’arrêter pour regarder en arrière et réaliser à quel point j’avais fait preuve d’adaptation et de créativité dans ma façon de vivre la maladie. J’ai pris conscience que j’avais fait de cette mésaventure, une expérience enrichissante et rassurante pour mes enfants. Que j’avais réussi à réinventer mon quotidien. Et qu’après tout, cette épreuve ne devait pas me faire renoncer à ce que je suis, à mes rêves, à mes valeurs, à mes principes, ni m’imposer des limites qui ne seraient pas celles que je me serais fixées.

Je me suis alors (sur) prise à imaginer ma vie d’après. Je me suis mise à nourrir des rêves avec mes enfants. Des rêves de projets qui, au fil des traitements, sont devenus des projets de rêves. Plus j’avançais dans mon combat contre le cancer, plus je me sentais pousser des ailes dans le dos. Moins mon corps était capable d’en prendre, plus mes ailes se déployaient, et plus je repoussais les limites de l’impossible. J’ai commencé à espérer de nouveau. À y croire encore. Et j’ai continué à me battre pour mes rêves et pour ceux de mes enfants.

C’est alors que pour Noël, j’ai reçu le plus beau des cadeaux de la part de la Fondation Air Canada : des billets d’avion vers un des rêves de ma fille. Celui d’aller au Mexique, le pays des papillons Monarques… Des billets d’avion vers de beaux moments en famille, loin des hôpitaux. Un aller simple pour laisser derrière nous cette année à lutter contre la maladie. Et surtout, une occasion de redéfinir mes limites et de mettre à l’épreuve mes rêves, mes valeurs, mes principes et mes espoirs à travers une exploration hors des sentiers battus au Mexique.

Avec l’aide de la Fondation Village Monde, nous sommes donc partis sur un road trip dans la Sierra Gorda à la découverte d’un tourisme villageois responsable. Un tourisme qui a montré à mes enfants comment on peut défendre ses valeurs, son environnement, sa culture, ses traditions, tout en s’ouvrant sur le monde; comment des petits gestes posés peuvent faire une grande différence; comment matérialiser les notions de recyclage de façon utile et esthétique (des bouteilles de verres ont été intégrées de façon ingénieuse dans la construction des cabanas); comment l’eau est une denrée précieuse et vitale, et qu’il est important de ne pas la gaspiller; comment l’absence d’électricité peut se transformer en une soirée féérique à observer les étoiles; comment allumer un volcan (mot pour désigner un feu de camp dans le lexique de mon fils) afin d’échanger des histoires avec les locaux; etc.

Je pourrais continuer, pendant encore des pages, à vous énumérer les avantages du tourisme durable en famille, mais vous l’aurez compris, ce voyage a surtout été l’occasion de nous retrouver ensemble, de nous réconcilier avec l’« ici et maintenant », et de nous créer des souvenirs indélébiles qui m’aident à ne plus avoir peur de l’avenir… Parce que, finalement, la vie, c’est ce qui se passe lorsqu’on est occupé à faire autre chose.

Et « Si vous pensez (encore) que l’aventure est dangereuse, essayez donc la routine, elle est mortelle! » (Paulo Coelho)

Pour en lire plus sur mon quotidien avec le cancer, visitez www.laviecontinuemalgretout.com

Vanessa Boisset

La vie est comme une boîte de chocolats

La mère de Forrest Gump disait que la vie est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais su

La mère de Forrest Gump disait que la vie est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber…

 

Je suis plutôt de cet avis. Alors, en cette période des Fêtes, où tout le monde s’offre des boîtes de chocolats de toutes sortes, j’aimerais faire mon coming out : JE N’AIME PAS LE CHOCOLAT!!! Excepté le chocolat au lait avec ben, ben des noisettes, et les Kinder Surprise…

 

Sauf que quand c’est ton oncologue qui t’offre ce Kinder Surprise de la vie, ben, le chocolat est plutôt amer, et ta surprise… elle est de taille. Et elle est tout aussi inutile que n’importe quelle bébelle pondue dans ces œufs qui incarnent à eux seuls les tares de notre société de consommation.

 

Alors voilà, c’est dit. Depuis le 22 décembre de l’an passé, mon aversion pour le chocolat inclut les Kinder Surprise.

 

Malgré le mauvais goût que ce diagnostic m’a laissé dans la bouche, il n’était, cependant, pas question que j’en fasse une crise de foi (oui, de foi!). Surtout pas avant la bûche de Noël. Surtout pas devant mes enfants.

 

Et puis, comme les fêtes de fin d’année, c’est le temps où l’on prône l’amour et l’entraide, je me suis, bien entendu, empressée de partager la nouvelle avec mes enfants et mon entourage. Oui, oui, il y a un an, à trois jours de Noël, j’annonçais à mes enfants que j’avais un cancer.

 

J’en entends déjà certains sonner les cloches : pourquoi n’as-tu pas attendu après les Fêtes pour annoncer la nouvelle, vu le risque de gâcher la magie de Noël?

Parce qu’il est vrai que l’on est moins SONNÉ d’entendre le mot cancer APRÈS avoir trinqué tous ensemble « À notre santé » au Nouvel An?!

 

Bon, je vous l’accorde : recevoir un diagnostic de cancer à trois jours de Noël, c’est comme croquer dans une fève de cacao, ça manque de raffinement. Mais même si cette nouvelle avait été enrobée de caramel mou, elle n’aurait pas été plus digeste…

 

Alors, voilà comment, il y a un an, pour Noël, j’ai offert à mes enfants LA VIE en cadeau. La vie telle qu’elle est. Emballée d’un ruban rose.

 

Et vous savez quoi? On a passé un merveilleux Noël tous les trois.

Dans la joie, la gaieté, l’amour et la vie…

 

Parce qu’au fond, c’est quoi la magie de Noël… si ce n’est un état d’esprit?

 

Pour moi, l’esprit de Noël, c’est les rituels que l’on s’invente, qui nous ressemblent et nous rassemblent. Toutes ces intentions et ces attentions que l’on déploie pour préserver la féérie dans les yeux de ceux qu’on aime.

 

Et sincèrement, je crois que j’ai réussi ce défi, malgré une année à vivre le cancer.

Car mes enfants croient encore au Père Noël. Mais surtout, ils ont réalisé que c’est Noël tous les jours dans les bras de leur mère.

 

Puis moi, j’ai compris que je n’ai pas besoin d’aimer le chocolat pour aimer la vie.

 

P.S. Si ça vous fait plaisir de m’offrir du chocolat malgré tout, ne vous en faites pas, mes enfants se feront une joie de TOUS les manger!

 

Pour en lire plus sur mon quotidien avec le cancer, visitez www.laviecontinuemalgretout.com

 

 

Je me souviens… de qui je suis

Il y a des dates qu’on aimerait oublier. Le 22 décembre en est u

Il y a des dates qu’on aimerait oublier. Le 22 décembre en est une pour moi. Aujourd’hui, cela fait un an que j’ai reçu mon diagnostic de cancer. Un an que la vie telle que je l’ai connue n’existe plus. Un an que j’ai entamé un parcours miné de deuils et de lâcher-prises.

Aujourd’hui, cela fait un an que je survis à mon quotidien avec le cancer. Et même si c’est une date que parfois j’aimerais oublier, je m’en souviens comme si c’était hier : chaque instant est tatoué dans ma mémoire corporelle.

Mais, aujourd’hui, je ne suis pas la maladie. Je ne l’ai jamais été…

Aujourd’hui, je me souviens… de qui je suis.

Je suis la femme qui a toujours cru que la féminité était une philosophie de vie et non une question de maquillage, de tour de taille, de longueur de cheveux, de profondeur de décolleté ou de sexualité. Ma féminité, je la porte souvent avec des pantalons, même quand je suis en couple. Ma féminité, je l’assume chaque fois qu’on me dit que je suis « one of the boys » parce que je sais faire les choses à l’égal d’un homme. Ma féminité, je l’affiche dans chacune de mes cicatrices. Et surtout ma féminité, je l’épanouie chaque fois que je fais l’amour.

Je suis la mère qui a toujours su que la maternité était une confession de soi et non une vocation à renoncer à soi. Ma maternité, j’ai choisi de la vivre « bon an, mal an » à partir du moment où je suis tombée enceinte. Ma maternité, je la conjugue à l’imparfait dans la conciliation travail-famille, au présent dans tous ces petits riens qui font la magie de l’instant, au futur malgré la maladie. Ma maternité, je la partage avec la femme et l’amoureuse que je suis.

Je suis l’amoureuse qui en a toujours fait qu’à son cœur et non sans s’entêter parfois à s’impliquer dans des causes qui n’en valaient pas la peine. Mon amour, je ne l’ai pas toujours offert au meilleur, mais même au pire, il a toujours défendu ses valeurs. Mon amour, je le multiplie chaque fois que j’inspire la vie. Mon amour, je le guéris à chaque éclat de rire.

Aujourd’hui, je ne suis pas la maladie. Je ne l’ai jamais été…

Alors, en cette date d’anniversaire que je ne peux oublier, j’ai décidé de célébrer ce que je suis : une survivante!

Pour en lire plus sur mon quotidien avec le cancer, visitez www.laviecontinuemalgretout.com