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Pensées multicolores — Texte : Audrey Boissonneault

Jour 589 ; 3 h 57. Encore des minutes à retirer à mon sommeil « réparateur ». Les g

Jour 589 ; 3 h 57.

Encore des minutes à retirer à mon sommeil « réparateur ». Les guillemets prouvent à leur façon l’ironie de la réelle signification qui, en fait, se retrouve à jongler par ci et par là, en compagnie de cauchemars ou bien des rêves sans aucun bon sens.

J’ai cherché pour comprendre, trouver d’où tu sors. Foutu problème à dormir. Foutue tête qui n’arrête jamais de ramoner chacune des pensées qui s’y trouvent.

Jour 590 ; 1 h 16

C’est parti pour une autre nuit. Les yeux fixés à mon plafond, j’essaie d’ignorer le feu qui prend forme au bas de mon ventre. Je n’arrive même plus à différencier l’inspiration et l’expiration. Mon souffle est si rapide, mais si faible à la fois. Malgré la froideur de ma peau, aucune couverture n’arrive à rester sur celle-ci. Les tremblements ainsi que les mouvements brusques l’amènent loin de moi.

THEARTIDOTE | ARTWORK BY @PEDROTAPA.

Jour 591 ; 2 h 4

Je me revois petite fille souriante, gênée, mais sans une once de stress qui parcourait son esprit, au fil des journées. Le temps filait et les problèmes s’ajoutaient jusqu’à ce que le trop-plein soit arrivé, puis tout déboulait. Pas un ou deux ni trois. Parfois, dix à la fois. Les yeux remplis d’eau, la courbe de mon sourire s’abaissait tout comme mes fossettes.

Jour 592 ; 0 h 47

L’intérieur de mon corps est victime de violentes secousses. On annonce à mon oreille une dure tempête dans les heures à suivre. Quatrième journée de la semaine et aucune nuit sobre de douleurs psychologiques. Épuisée, de toutes les façons possibles. Au travers de tout ça, il y a, seulement, l’idée de ne jamais arriver à être complètement heureuse. Finir sa vie à avoir cette boule noire qui ne se cache pas loin de toi, celle qui t’attaque de sa petite voix afin de te faire entendre que tu ne seras, jamais, assez.

Jour 593 ; 5 h 38

Les sueurs froides et les orteils recroquevillés, je me retrouve, assise, au milieu de mes draps. Shit, une autre nuit de gâchée, il faut croire. Tu le revoyais, sur son lit de mort. Sa présence, son caractère, sa personne. Puis, encore une fois, tu n’as pas pu t’empêcher de penser. Lorsque le battement de cœur deviendra une ligne droite, enfin tu seras quelqu’un d’apprécié. Tu rassembles tes cheveux avec l’élastique te coupant la circulation au poignet, avant de t’étendre à nouveau puis de supplier le défunt de t’aider à franchir le cap de ta journée.

 

Je pourrais continuer des jours, des semaines, des mois et bien plus encore. Pourtant la seule demande qui jure au bout de mes lèvres, est d’avoir la paix. Celle au fond de mon être, de mon esprit et de mon corps. Il existe tant de façons d’être éveillé par l’anxiété. J’ai toujours dit que chaque concept de ce monde était rempli et idéalisé par un arc à ciel de couleur. De mon point de vue, même les sujets les plus sombres sont ceux qui dégagent le plus de ressentiments.

En analysant la profondeur de mon anxiété, elle me démontre certains problèmes de confiance et de calme. Une perte de joie et de positivité. Ne pas savoir assimiler l’équilibre de la croissance et la stabilité au travers du temps.

Le bleu, le vert et le jaune se jumellent avec chacun de leurs émois. J’en viens à me demander, peu importe la noirceur de ta douleur, pourquoi on nous demande de se l’imaginer en thérapie si ce n’est pas l’authentique signification? Pourquoi se concentrer sur un semblant de vérité ? Pourquoi continuer à s’arracher le cœur en s’imaginant que l’univers est fait que d’une seule nuance ?

Et si, au lieu, on utilisait les pigments de nos souffrances pour en faire de l’art…

Audrey Boissonneault

Complicité du soir

Ce soir, j’ai couché mes enfants trop tard. J’étais bien inten

Ce soir, j’ai couché mes enfants trop tard. J’étais bien intentionnée, pourtant ! Mais l’heure a filé sous mon nez. Pourquoi, me direz-vous, ai-je donc négligé l’heure du coucher ? En plein milieu de semaine… crime de lèse-majesté, OMG ! Jetez-moi en prison, ça presse.

Ce soir, j’ai couché mes enfants plus tard que d’habitude. Même les petits, remplis de leur besoin de dormir pour bien grandir et bien apprendre. J’ai osé défier la loi inébranlable de la routine du dodo. Tic tac tic tac… pendant combien de jours leur humeur sera-t-elle hypothéquée, ma foi !

Ce soir, j’ai couché mes enfants plus tard, parce que. Oui, oui, parce que. Parce qu’on avait le goût de se coller, bien empilés au milieu des doudous. Parce qu’on a pris le temps de lire un chapitre, puis un autre, et encore un autre. Et même un autre livre. Au complet celui-là. Sens dessus dessous. En plus d’avoir regardé le film en fin de semaine. Un peu accroc, me direz-vous ! C’était à la demande des enfants. Et au bonheur de maman.

Une chose en entraînant une autre, on a jasé d’émotions. De cerveau. Du fait que les mamans et les papas aussi ont des émotions. Qu’une maman fâchée, ça se peut, et que ça n’a pas nécessairement l’air du personnage de Colère enflammé et prêt à tout détruire. Une colère, c’est comme le reste, ça peut s’exprimer sainement.

On s’est dit que le dégoût et la peur peuvent sauver des vies. Sans eux, vous mangeriez de la viande restée sur le comptoir pendant des jours et vous traverseriez les boulevards sans regarder des deux côtés. Elles sont utiles, les émotions !

On s’est rappelé une de mes idées fétiches : une émotion qu’on n’exprime pas, ça pourrit en dedans et ça finit par puer le vieux fromage pourri. Aussi bien la laisser sortir avant que ça empeste !

On s’est aussi rappelé que même la joie, ça peut casser des fenêtres et briser des cœurs. « T’sais maman, la fois où j’étais trop excité et que j’ai cassé mon jouet en le lançant… ». Oui, je sais. Tu t’étais laissé emporter par un débordement d’émotion. Et tu as été bien triste juste après.

« Et toi, quelle émotion ressens-tu le plus souvent ces temps-ci ? »

« De la joie, beaucoup de joie ! Mais à l’école, un peu de tristesse aussi, parfois. Mais je n’ai pas le goût d’en parler. »

« C’est bien correct, tu sais. Je suis là si tu veux en parler à un autre moment. Ton professeur et ta sœur aussi. »

Et la tristesse ? Elle a sa place dans l’histoire ? C’est désagréable, la tristesse. C’est moche. Mais c’est temporaire.

« Tu te souviens quand tu as été triste l’autre jour ? Qu’est-ce qui t’a aidé à passer par-dessus ta peine ? »

« Ben… je suis allée te voir pour en parler, et tu m’as aidé à réparer mon jouet. »

Voilà. Tout est dit. Une émotion, on la ressent, on l’observe, et on agit. Ou pas.

Ce soir, au milieu des doudous, il y avait mes petits minous chéris qui avaient peut-être plus besoin de se coller et de jaser d’émotions que de dormir 30 minutes de plus.

Ils ont à peine eu le temps de se rendre à leur oreiller qu’ils dormaient déjà, apaisés par une conversation toute simple, cœur à cœur, accompagnée de plein de colleux réconfortants.

Ce soir, la tristesse, la colère, la peur, la joie et le dégoût avaient droit de cité dans nos mots. Mais je peux vous jurer que mes cocos se sont endormis avec la joie au cœur. Et moi aussi, je m’endormirai avec l’impression de bercer mes chatons en leur disant des mots doux.

Nathalie Courcy

Une nuit dans ma tête

Bienvenue entre mes deux oreilles, tu peux entrer! Ne regarde pas le fouill

Bienvenue entre mes deux oreilles, tu peux entrer! Ne regarde pas le fouillis. C’est long pour moi de faire le ménage de mes idées après une nuit d’insomnie. 

Bien oui, tout est beau comme ça, de l’extérieur. J’ai l’air bien calme et sereine. Je semble en parfait contrôle de mes émotions. Mais c’est faux. Regarde attentivement et tu verras, les poches sous les yeux, les rides au front… 

Dans ma tête, certaines nuits, on dirait qu’un tsunami est passé et qu’il a brisé tout sur son passage. C’est la crise d’anxiété qui m’envahit qui cause ces dommages. J’en ai pour quelques jours à ressentir de minuscules secousses que je devrai contrôler. 

Des trucs? J’en connais des tonnes pour arrêter mes pensées, mais quand le tsunami tourne dans ma tête, c’est difficile. Il arrive comme ça, sans prévenir. Il est difficile à maîtriser. Je respire, je médite, je me change les idées, je compte par bonds impairs, à l’envers, je fais du yoga… mais il est là. Et il m’empêche de réfléchir de façon logique. 

Le matin arrive, le soleil se lève et avec lui, l’espoir du renouveau. Tranquillement, je retouche terre, mes pensées s’adoucissent, ma logique revient. Je respire un bon coup et démarre ma journée avec ces soubresauts de ma nuit d’insomnie. 

Tu aimerais m’aider à faire le ménage de mon fouillis, je sais. Mais puisque la majorité de mes idées ne sont pas logiques, il est difficile pour moi de te les partager. Déjà, de te laisser entrer est un grand pas. Mais ne t’inquiète pas, j’arriverai à démêler tout ça. Un petit morceau à la fois.  

Aujourd’hui, je ferai du sport et je prendrai du temps pour moi afin d’être en contrôle de mes idées. J’écrirai des mots positifs que je lirai avant de me mettre au lit. Et j’espère que la prochaine nuit me permettra de récupérer le sommeil perdu. 

Reviens me visiter dans quelques jours. Chaque idée sera à sa place, il y aura de la musique et des fleurs. À ce moment, je serai capable de te partager ces idées noires qui m’envahissaient. Mais d’ici là, reste près de moi et sois patient, j’y arriverai. 



Nancy Pedneault

Les petits pieds dans l’escalier

Chez nous, les chambres sont à l’étage et l’escalier pour y mo

Chez nous, les chambres sont à l’étage et l’escalier pour y monter n’a pas de contremarches. On y voit donc au travers. Pour la sieste des plus jeunes ou quand vient l’heure du coucher, les enfants montent dormir. « Gros bisous Papa. Beaux dodos Maman. Je vous aime. À demain. ». Puis, ils montent dans leur chambre. Aussi simple que ça…

Bon. Parfois… ce n’est pas aussi simple que ça. Il arrive qu’on voie apparaître quelques minutes plus tard des petits pieds dans le haut de l’escalier… Inévitablement, ça vient avec une demande. Soit il fait trop froid dans sa chambre, soit elle a soif, soit il n’arrive pas à dormir, soit elle a fait un mauvais rêve, soit il a besoin d’un câlin supplémentaire… La liste des demandes peut être longue et plus on a d’enfants, plus ils sont créatifs pour en trouver…

Il nous est arrivé souvent, en tant que parents fatigués, de montrer des signes d’impatience dès qu’on apercevait des petits pieds dans l’escalier… Dès leur approche sur la première marche, on a souvent roulé des yeux parce qu’on aurait aimé s’assoir et relaxer un peu en amoureux. Il est arrivé aussi qu’on réponde sèchement que c’est l’heure du dodo, sans trop accorder d’importance à la dixième requête.

Pourtant… les soirs où tout le monde monte se coucher docilement, sans aucune tentative pour se relever, la maison semble tout à coup tellement calme. Trop vide… Les enfants dorment déjà à poings fermés. Je me surprends à regarder l’escalier vide et à espérer y voir des petits pieds apparaître tout en haut…

Et quand les enfants se réveillent, après le dodo, et que je vois des petits pieds pointer le bout des orteils dans cet escalier, une vague d’amour me submerge encore… Je sais que ces petits pieds dans l’escalier seront suivis d’un petit être fragile, encore endormi, aux yeux semi-fermés et aux joues rougies… parce que le temps d’un dodo, ils m’ont tellement manqué… et plus on a d’enfants, plus on a le cœur rempli d’amour…

Et immanquablement, ces petits pieds dans l’escalier porteront jusqu’à moi le câlin du matin… Le câlin que chacun de mes enfants me fait au réveil, où que je me trouve dans la maison. Ce moment où ils viennent, tour à tour, se blottir contre mon cœur de maman, et ce, peu importe combien ils ont grandi… Ce câlin qui arrive encore à figer le temps…

Un jour, les enfants seront grands et les petits pieds dans l’escalier se feront rares. Ce jour-là, je sais bien que je n’aurai aucun souvenir des cauchemars, des verres d’eau et des thermostats à ajuster. Je serai assise, grisonnante, dans mon divan et j’aurai probablement les yeux rivés vers cet escalier sans contremarches. Les yeux et le cœur remplis d’amour et d’espoir de les voir apparaître à nouveau.

Et quand mes petits-enfants viendront dormir chez Papi et Mamie, je guetterai encore cet escalier en souhaitant secrètement voir leurs petits pieds apparaître tout en haut… parce que c’est là toute la beauté d’avoir des enfants.

Joanie Fournier

Mes démons sont-ils toujours là?

Je vous avais parlé de <a href="http://www.mafamillemonchaos.ca/on-

Je vous avais parlé de mes démons de la nuit dans un mes articles. Je ne fais plus de cauchemars la nuit avec ma médication.

Enfin, après quatorze ans à vivre des cauchemars, je me disais que finalement, je pouvais tourner la page.

Le matin, lorsque je me lève pour m’occuper des enfants et les accompagner à l’arrêt d’autobus, je retourne me coucher un petit peu.

Mais attention! Au lieu de retourner dans mon lit, je vais dans le sous-sol. Pourquoi? Il fait noir et je me sens en sécurité comme dans un bunker. C’est mon endroit sécuritaire à moi. C’est là que je peux me rendormir plus facilement.

Des fois, j’ai des flashbacks importants en m’endormant et je sursaute. Donc ça me prend un peu plus de temps. Mais c’est beaucoup mieux que si j’étais dans ma chambre avec la lumière du jour.

Je me suis rendu compte que souvent, je me réveillais tout en sueur, mais sans savoir pourquoi. Je n’avais aucun sentiment que j’avais rêvé à quoi que ce soit. Cela m’arrivait aussi avant quand je dormais dans mon lit et que je n’avais pas mon appareil pour l’apnée du sommeil. Maintenant, je peux vous mentionner ce petit détail, mais attendez bien de voir ce qui s’en vient.

Il n’y a pas très longtemps, après avoir reconduit les enfants à l’arrêt d’autobus, je retournais à la maison pour faire une petite sieste dans mon bunker, comme d’habitude. J’avais réglé l’alarme sur mon téléphone cellulaire car j’avais rendez-vous avec un ami.

Puis je me suis mis à rêver. J’étais en uniforme militaire et j’accompagnais un supérieur dans un bâtiment inconnu. Soudainement, une alarme s’était mise à sonner de façon très intense et, comme vous le savez, le bruit m’affecte beaucoup. J’ai dû mentionner à mon supérieur que je devais sortir parce que je ne me sentais pas bien. Je n’en pouvais plus d’entendre ce bruit intense qui m’envahissait. Il m’avait fait signe que c’était correct et que je pouvais quitter quelques instants.

Donc je me suis dirigé vers une porte, vers une autre porte. Je traversais des salles pleines de gens (ce que je n’aime pas du tout). Puis un moment donné, je voyais des fenêtres et j’empruntais d’autres portes pour enfin me diriger vers l’extérieur du bâtiment inconnu.

Mais chaque fois que j’arrivais dans une nouvelle pièce, je ne pouvais pas sortir du bâtiment. Ma respiration était de plus en plus rapide. Mon rythme cardiaque plus élevé. J’avais de la misère à respirer. Un son fort sortait de ma bouche tellement j’étais en crise ; l’air avait de la misère à passer. Mon champ de vision était rétréci. J’avais de plus en plus de misère à me concentrer pour trouver une porte de sortie.

Soudainement, je me suis réveillé pour me rendre compte que l’alarme était celle de mon cellulaire et non celle du bâtiment. J’étais complètement en sueur. Donc c’est là que j’ai découvert que quand je me réveille tout en sueur et que je ne me rappelle rien, c’était un cauchemar. J’en ai parlé à ma psychologue et je ne suis pas le premier à qui ça arrive. Certains d’entre nous qui souffrons du TSPT font des cauchemars et ne le savent pas. Mais je peux vous dire qu’il m’arrive de me réveiller en sueur de mes siestes au moins trois fois par semaine. Depuis que j’utilise l’appareil pour l’apnée du sommeil pendant mes siestes, les sueurs sont moins fréquentes et moins intenses.

Maintenant, j’essaie de faire toutes mes siestes lorsque requises dans mon lit avec mon appareil. Même si je me sens moins en sécurité, j’ai besoin de respirer pendant mes cauchemars sinon, je risque de mourir. Mes cauchemars sont tellement intenses que même ma respiration en dépend.

Maintenant, je sais pourquoi je me réveillais en sueur pendant toutes ces années sans savoir pourquoi. La majorité du temps, je ne me souviens pas de mes cauchemars.

Carl Audet

 

Cette nuit-là  

Cette nuit-là, mon cœur s’est mis à battre à vive allure. Mon

Cette nuit-là, mon cœur s’est mis à battre à vive allure. Mon corps entier est devenu engourdi, une sensation de chaleur s’est emparée de moi. Je n’avais aucun contrôle sur cette chose qui m’envahissait. Tu sais, un mauvais rêve dans lequel nous aimerions crier de toute nos forces, mais dans lequel aucun son ne parvient à sortir de notre bouche.

Cette nuit-là, j’ai décidé d’aller explorer ton monde virtuel, ton cellulaire. Tu sais, cette petite voix qui nous dit que, malgré mon questionnement et ta réponse réconfortante, j’ai raison de m’inquiéter. Tu étais distant et distrait ces derniers temps. J’ai voulu croire que c’était le chaos de la vie quotidienne. Le travail, les enfants, les petits tracas qu’on ne se dit pas nécessairement, nos petits secrets gardés pour nous, pour ne pas inquiéter la personne qui partage notre vie.

C’est aussi cette nuit-là que j’ai compris que j’allais avoir besoin d’une énorme dose d’humilité pour passer à travers la montagne que tu avais dressée devant moi.

Pour être franche, mon amour, je n’aurai pas cru trouver dans ton monde, un monde parallèle. L’homme couché à mes côtés cette nuit-là, cet homme que j’idolâtrais, dont j’étais tombée follement amoureuse dès la première rencontre… cet homme-là ne pouvait pas être toi. Ces messages écrits pour elle ne pouvaient pas venir de tes doigts posés sur les touches de ton clavier. Ces mêmes doigts qui parcourent mon corps nu et mon visage le matin au lever. Ces doigts qui essuient mes larmes lors de moments douloureux ou ceux qui me chatouillent pour me faire rire.

Cette nuit‑là, j’ai compris que rien n’était acquis dans la vie. J’ai aussi appris que donner ta confiance à un autre être, c’est aussi offrir une partie de toi. Et que lorsque cette confiance est brisée, éreintée… une partie de nous l’est tout autant.

Elle, elle m’a volé quelque chose cette nuit‑là. Mais, ce n’est pas sa faute. Peu importe ton besoin de plaire, celui d’avoir de l’attention ou des compliments, l’envie de charmer ou de te faire charmer… tu aurais dû savoir quand t’arrêter. Tu aurais dû ressentir l’envie de mettre fin à cette tentation avant que ça prenne l’ampleur que ça a pris.

Est-ce que tu as pensé à moi lors de tes échanges? As-tu pensé à nous lorsque tes lèvres se sont posées sur les siennes? Mais surtout, surtout mon amour… as-tu pensé à la blessure que tu allais m’infliger?

Maintenant que je sais la vérité, que tu m’as tout avoué… j’ai pris la décision de te donner une chance, de nous donner une chance. Certains diront que je me trompe, que j’ai tort… mais, au bout du compte, j’ai envie de croire en toi, de croire en nous. J’ai envie de croire que c’était une erreur de parcours, que cette bêtise n’a été commise que pour te témoigner la chance que nous avons d’être ensemble.

Je sais, peut-être suis-je en train de me tromper, que mon monde parfait n’existe pas, que tu recommenceras lors d’une prochaine tentation. Mais j’ai envie d’y croire.

Tu sais que le chemin sera tumultueux, rempli de questionnements et de doutes.

Tu as décidé de m’aider et de m’accompagner.

Je n’ai pas envie de te remercier. J’ai seulement envie de te dire de ne plus jamais mettre en doute notre amour. Et que si un jour, tu as des appréhensions, viens m’en parler. Car tu sais, mon amour, je t’aime sincèrement.

Cette nuit-là, j’ai compris l’impact de l’infidélité.

Mais j’ai aussi compris que j’étais une femme intelligente, courageuse et solide. Et que même si vous croyez que rester est un signe de faiblesse, sachez que c’est plutôt un signe de force et de ténacité.

Et cette femme te donne une chance, alors, saisis-la, mon amour.

Eva Staire

Les démons de la nuit

On est en 2004, je suis à Kaboul en Afghanistan. À un certain mome

On est en 2004, je suis à Kaboul en Afghanistan. À un certain moment donné pendant la mission, nous devions commencer à prendre de la Méfloquine, un médicament utilisé pour combattre la malaria. On nous avait avisés des effets secondaires, dont un était des rêves intenses.

À partir du moment où j’ai commencé à utiliser ce médicament, les rêves intenses sont arrivés, je dirais même plutôt des cauchemars. Tellement qu’un beau matin, j’avais des égratignures dans le visage et sur une main. Vraiment, c’était horrible !

Comme tout bon soldat, on apprend à vivre avec ce qui nous est donné à l’étranger, on ne pose pas de questions et on se concentre sur la mission. Une fois de retour au pays, ça fait partie de notre mode de vie. Mes cauchemars ont continué, mais j’étais habitué à ce mode de vie.

Trois ans plus tard, j’ai connu ma femme. Et il n’a pas fallu longtemps avant qu’elle s’aperçoive que quelque chose n’allait pas avec moi la nuit. Souvent, elle se réveillait parce que j’étais debout dans le lit et j’hallucinais. Une fois entre autres, j’étais debout en équilibre sur la petite planche du pied du lit, et elle avait peur que je tombe et que je me fasse mal.

Je me rappelle qu’un moment donné, je me suis carrément levé à côté du lit et j’essayais de me sauver parce que ses bras étaient faits comme des fils métalliques qui essayaient de m’attraper. Je me suis déjà vu exploser en Afghanistan en courant avec mon fils dans les bras. J’ai fait plein de cauchemars bizarres comme cela, mais aussi d’autres, directement reliés à l’armée.

Je me rappelle qu’à mon retour de mission, j’ai rêvé que je rentrais au bataillon un matin et que je tirais sur tout le monde. C’est par la suite que j’ai demandé un transfert d’unité pour avoir une pause, car j’en avais assez.

Peut-être que c’est difficile pour vous de me lire, mais c’est ce que j’ai vécu pendant quatorze ans. Encore étonnant que je sois sain d’esprit !

Donc est‑ce à cause de la Méfloquine ou de mon TSPT, je ne sais pas. C’est un gros débat présentement avec le gouvernement, car beaucoup d’autres pays ont arrêté de donner ce médicament à leurs soldats depuis plusieurs années.

Ce qui est important pour moi, c’est que maintenant, j’ai du support d’Anciens Combattants et enfin, je dors depuis l’été dernier. Quand j’ai commencé à prendre ma médication l’été passé, je dormais quatorze heures par jour. Puis à l’automne, je n’en pouvais plus. Je me sentais paresseux, donc j’ai arrêté seulement la pilule pour dormir pendant cinq jours, car j’ai une tonne de médicaments à prendre quotidiennement. Dès le premier soir, je regardais la télévision et c’est comme si en même temps, j’avais une deuxième télévision dans la tête sur laquelle défilaient des images de l’Afghanistan rapidement en même temps, et ce, jusqu’à trois heures du matin. Je ne pouvais plus dormir. Puis j’ai commencé à reprendre cette pilule, car je n’avais pas le choix si je voulais dormir. Maintenant, j’en suis à onze heures de sommeil et c’est long. J’ai tellement hâte de moins dormir, mais j’ai été tellement longtemps sans dormir ! Ma psychologue me dit que c’est normal.

Le matin, quand les enfants sont partis pour l’école, je vais toujours me recoucher un peu, mais pas n’importe où : dans le sous-sol ! Comme il fait noir, c’est comme un bunker et je me sens en sécurité. Puis avant de m’endormir ce matin, je me demandais de quel sujet j’allais bien vous parler. Puis là, mon rythme cardiaque a augmenté, ma respiration était plus courte, etc. Donc je me suis dit ce matin, OK, arrête de penser et dors ! Il y a plein de sujets dont je vais vous parler, mais un jour à la fois. Pour m’aider avec ma blessure, j’ai appris à reconnaître mes signes physiques et cela m’aide à faire des choix pour améliorer ma situation.

Maintenant, comment conjuguer vie familiale avec tout cela ? Pas toujours évident, mais une chance que je ne travaille plus, car je ne pourrais pas m’en sortir, c’est certain.

Quand mon ti-loup d’amour de cinq ans me dit parfois avant de dormir qu’il a peur, devrais-je lui dire que moi aussi, j’ai des démons qui me hantent la nuit et tout lui raconter ? C’est sûr que non. J’essaie de le rassurer. Mais savez-vous quoi ? Je le comprends même si je suis un adulte. Car je sais ce que sont les démons de la nuit. Bonne nuit ! Je vous aime !

Carl Audet

Mon amie l’insomnie

Mon amie,

Depuis plusieurs annÃ

Mon amie,

Depuis plusieurs années, j’ai une amie qui me rend visite au moins deux fois par semaine et plus je vieillis, plus ses visites sont fréquentes. Pourquoi? Il me semble que j’ai assez donné. Elle le fait toujours la nuit, autour de 2 h. Elle arrive sournoisement, sans crier gare, sans prendre le temps de m’aviser de sa visite ni du nombre d’heures qu’elle passera chez moi. Parfois, ses visites sont de courtes durées, mais à d’autres moments, elle me fait royalement suer, elle s’incruste dans ma vie, dans mes nuits.

Mon conjoint n’est plus du tout dérangé par ma visiteuse, car depuis quelque temps, il dort ailleurs. En fait, il dort ailleurs depuis la venue de cette nouvelle amie. Elle prend beaucoup trop de place.

Parfois, je quitte ma visiteuse pour me réfugier dans les bras de mon homme en espérant qu’elle me laissera enfin tranquille.

Elle me réveille toujours et m’empêche de dormir; pourtant, elle le sait que j’en ai besoin. J’ai des tonnes d’heures de sommeil à récupérer! J’ai quand même eu trois enfants qui m’ont tenue en éveil des nuits et des nuits.

Aujourd’hui, ils ont dix‑huit et vingt ans et il leur arrive encore de me tenir réveillée, soit par leurs entrées et sorties tardives ou parce qu’ils ne sont pas rentrés du tout. Ou tout simplement parce que je m’inquiète pour eux.

Cette généreuse et aimable amie (grrrr) provoque souvent en moi des réflexions, des questionnements lors de ses visites inattendues et cela réveille mon hamster. Alors là, ils s’amusent comme des petits fous tous les deux.

Moi, pendant ce temps, j’essaie de relaxer, de me rendormir. Tourne sur un bord, tourne sur l’autre. J’ai chaud! J’ai froid! J’ai soif! Je me lève pour faire pipi! Je prends un livre, mais je n’arrive pas à me concentrer. J’écoute de la musique douce, j’essaie de méditer, mais en vain.

Au début, je me fâchais. J’étais vraiment en colère contre elle. J’avais beau lui dire de me laisser tranquille, de revenir plus tard vers 5 h 30 ou 6 h, mais rien à faire.

Elle s’entête! Elle aime bien venir me déranger au beau milieu de la nuit. Plus je m’impatiente, plus elle rit de moi et ses visites s’éternisent dans le temps.

Alors, j’ai décidé de la jouer cool! Je ne m’en occupe plus. Je la laisse seule. Je ne l’écoute plus et je ne me fâche plus. Ça ne donne rien. Mon hamster s’apaise aussi lorsque je l’ignore.

Cette nuit, elle s’est présente vers 1 h 30. J’ai pris le temps de jaser avec mon hamster pour savoir si je n’avais pas oublié de mettre mon linge dans la sécheuse, ce que j’allais porter lors de ma sortie, pourquoi la télé était encore allumée. Pourquoi ma fille n’arrête pas d’aller aux toilettes, est-elle malade? Ah ben! Elle ne s’est pas lavé les mains, pourtant elle le sait! Je lui ai quand même souvent répété l’importance du lavage de mains! Ouin! Décroche, la bonne femme. Ta fille est presque une adulte.

Mon fils est venu me demander pourquoi je ne dormais pas encore à 3 h 30. Tu te couches tard, qu’il me dit! Ben non! Je suis couchée depuis 21 h 30. Ben tu travailles demain… Ben oui, stie, je le sais mon grand!

Bon! Mon hamster s’est endormi, mon amie cligne des yeux et baille. Je crois que je vais pouvoir retourner au pays des rêves. Allez! Ouste! Dégage!

Shit! Il est déjà 4 h! Il ne me reste plus beaucoup de temps avant que sonne l’alarme de mon réveil-matin.

Maudite insomnie! Merci quand même pour ta précieuse collaboration!

Line Ferraro

Papa, j’ai une question… S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît…

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Voici le préambule de ma fille cadette lorsqu’elle veut faire un cododo avec nous. Dans ma petite enfance, j’étais comme elle. J’ai dormi à plusieurs reprises avec mes parents parce que j’avais des frayeurs et des terreurs nocturnes qui me terrassaient. Malgré le fait que je dormais dans la même chambre que mes deux frères plus vieux, j’avais peur. La lumière rouge extérieure du voisin ressemblait aux yeux d’un démon, le garde-robe était rempli de monstres, j’avais crainte de me faire prendre par des mains sous le lit et dans le passage, je devais courir comme un fou pour me rendre à la chambre de mes parents, pour ne pas me faire avaler par la lueur de la toilette. Quel bonheur lorsque j’arrivais à destination et que la place à côté de ma maman était libre! Je dois vous dire que je viens d’une famille de quatre enfants et que je suis le troisième de la lignée. Ma sœur, bébé de la famille, avait aussi ses peurs à elle à ses heures. Quelquefois, je devais me contenter de la place à côté de mon Papa. Pas que je n’aimais pas ce côté du lit, mais rien ne peut prendre et remplacer la place d’une maman qui nous accueille et nous cajole pour nous rassurer. 

 

Le cododo a fait partie de mon enfance et je n’y vois que du bien pour l’enfant. Je ne suis pas thérapeute ou pédiatre, mais les frayeurs nocturnes m’ont fait peur longtemps et je peux très bien me mettre à la place de ma fille. Je la guide, lui explique qu’il ne s’agit que de peur que l’on se crée soi-même, mais je la soutiens dans ses peurs. Je sais ce que c’est de vivre ces expériences. Chez nous, le cododo se fait lorsque nous, mon épouse et moi, le décidons. De nuit, nous sommes un peu plus flexibles, disons-le ainsi. 

 

À la maison, chez les Wilky, on appelle cela faire un camping. Maman et Papa font dodo dans leur lit et les filles sont, une au pied du lit et l’autre sur un des deux côtés du lit, au sol. Petit matelas bien confortable, sac de couchage ou mille couvertures, oreiller ainsi que tout le tralala nécessaire pour le dodo et le tour est joué. J’ai un peu pimpé le cododo de ma jeunesse pour celui que j’offre et que je permets à mes filles de vivre aujourd’hui. Elles garderont, j’en suis certain, de beaux souvenirs de ces moments passés dans la chambre de Papa et Maman. Je crois que de mon côté, j’y trouve mon compte aussi. Je peux les regarder dormir avec amour et apprécier le calme de leur dodo. J’apprécie vraiment ces beaux moments, moi aussi.

 

« Papa, j’ai une question… S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît… » 

Ma plus jeune m’apostrophe toujours de cette façon et c’est pour cela que j’ai intitulé mon texte ainsi. Il s’agit maintenant d’un moment de rigolade et de rire parce que lorsqu’elle débute sa phrase en disant : « Papa, j’ai une question », je lui réponds systématiquement ceci : « S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît, on peut faire un camping », en y ajoutant une touche de voix à la BeeGees. 

 

Il est certain qu’il ne s’agit pas d’une histoire de routine. Nous profitons du temps des fêtes, de la relâche scolaire, des jours fériés, des longs weekends pour profiter de ces occasions pour autoriser un camping. Un cododo à la façon camping Wilky n’est pas toujours de tout repos, alors on choisit les moments appropriés pour le faire. 

 

J’adore ces petits rassemblements. Je l’ai mentionné plus tôt, j’étais dans la même chambre que mes deux frères aînés. En quatrième secondaire, j’étais pensionnaire depuis quatre ans dans un collège à Rigaud, mais cette année-là, j’avais ma propre chambre à moi tout seul. J’aimais mes moments de solitudes. Lorsque la nuit tombait, je n’avais pas peur, mais je me sentais seul. Avoir grandi dans une chambre à trois, faire le cododo, être pensionnaire et partager son espace dans un dortoir pendant trois ans avec plusieurs jeunes ados comme moi et ensuite, me retrouver dans une chambre seul, je trouvais cela difficile. Il m’arrivait d’aller rejoindre deux autres amis en cachette lorsque les lumières étaient éteintes dans les corridors en me faufilant dans leur chambre. Je dormais soit dans le lit d’un ami qui me laissait son lit et lui dormait au sol, soit je dormais au sol. 

 

Ces moments ont marqué mon enfance positivement et je m’en réjouis encore en y pensant. Que de beaux et bons moments qui ont bercé ma jeunesse et dont je ne garde que de bons souvenirs aujourd’hui. 

 

Je demeure convaincu que les moments que l’on crée en permettant à nos belles filles, mon épouse et moi, de vivre nos nuits de Camping Wilky marqueront leur enfance à leur tour. 

 

Sur ce, je dois y aller. 

 

J’entends une petite voix douce me demander : « Papa, j’ai une question………. »

 

Karl Wilky

Fatiguée pas à peu près

Selon ma montre intelligente, ma nuit moyenne compte à peine plus d

Selon ma montre intelligente, ma nuit moyenne compte à peine plus de trois heures de sommeil et l’équivalent de sommeil agité. Beau temps, mauvais temps. Avec des somnifères dans le système, je me rends parfois à cinq heures. Si je suis chanceuse.

Ça a quand même des avantages. Je ne me fais jamais réveiller par le beep beep beep agressant du réveil matin. Je souffre assez peu des nuits écourtées par les petits bobos des enfants ou par les insomnies temporaires. Au lieu d’avoir seize heures d’éveil quotidien pour être efficace, j’en ai une vingtaine. Yé! Yé?

Pourtant, je me suis améliorée. Il n’y a pas si longtemps, ma nuit normale commençait systématiquement par trois heures d’insomnie, de virage de bord, de tirage de couvertures, de jambes agitées. Gros party disco de hamsters dans le cerveau. Non-stop. Ça arrive encore, mais c’est rare. Et seulement quand je m’en donne la permission. Parfois, ça fait du bien de perdre le contrôle.

Quand j’étais une petite jeunesse, ça pouvait toujours aller. Le corps suivait, la tête réagissait au quart de tour. Mais à la longue, ça use, des nuits aussi courtes! Ça brise l’énergie, ça fragilise l’humeur, ça nuit à la famille, ça affaiblit le système immunitaire. Exit, la concentration. Ciao bye, les idées claires. Attention! Chute de quotient intellectuel à l’horizon!

Quand je suis devenue maman la première fois, je me souviens avoir pensé que c’était impossible de mourir de fatigue. Donc, le sommeil était LA chose à sacrifier pour survivre. Résultat : je me suis poussée à bout. Ma fille aînée se réveillait à 5 h du matin. Sa petite sœur vivait la nuit. Dans les quelques heures pendant lesquelles elles dormaient en simultané, je préparais mes cours et je corrigeais les travaux de mes étudiants. Et j’essayais de dormir. En réalité, je ne dormais pas : je m’effondrais.

Pendant plusieurs années, j’ai fonctionné sur le pilote automatique. Un robot. Gauche, droite, gauche, droite. J’avais l’impression que je contrôlais ma vie, j’étais efficace, je réussissais, je jonglais avec tellement de projets en même temps! On ne meurt pas de fatigue, n’est-ce pas?

Puis, les maladresses et les erreurs d’inattention se sont mises à s’empiler dans mon quotidien. Je portais mes jeans à l’envers et je m’en rendais compte en les enlevant le soir (merci, pull-up pants!), j’entendais mes collègues me dire : « Euh… ton chandail… les coutures sont en dehors…» Je portais deux souliers différents et je passais la journée à me demander si une de mes jambes avait grandi pendant la nuit. Je faisais des accrochages mineurs en auto…

Un jour, je revenais de chez ma mère. Cinq heures de route. Les quatre enfants endormis dans leur siège. Je venais de traverser le pont entre l’Ontario et le Québec. Il me restait moins de dix minutes de route avant d’arriver à destination. J’avais combattu le sommeil pendant tout le trajet. Je ne pouvais quand même pas louer une chambre d’hôtel en plein jour et y stationner toute la famille pendant que je ronflais! Lumière rouge. Je me suis endormie. Deux fois. La vie de mes enfants et la mienne entre les mains, juste à la place du volant. Je me suis endormie. Contre ma volonté. Contre la loi.

Je suis arrivée tant bien que mal chez moi. J’ai réveillé les enfants pour les faire entrer dans la maison. Et je me suis réveillée pour vrai. Il était plus que temps que je me repose. Que je prenne soin de moi. Que j’enfonce les freins à fond. Avant qu’il soit trop tard.

J’ai pris une pause de conduite automobile pour un bout. J’ai appris à faire des siestes. Je me suis forcée à me coucher un peu plus tôt, progressivement. J’ai regardé dans les yeux ma peur de ne pas m’endormir. Je me suis convaincue que j’avais du pouvoir sur mon sommeil et sur mon niveau de stress.

Je n’aurai probablement jamais besoin de huit heures de sommeil en ligne. Mais rien ne m’empêche de gérer mon repos autrement. Quelques minutes de calme sur l’heure du dîner, cinq minutes de méditation au retour du travail, un câlin de bonne nuit prolongé après l’histoire du dodo : ça maintient mon niveau de repos dans une zone sécuritaire, autant pour ma santé physique et mentale que pour mes enfants. C’est pas mal plus facile d’être heureuse et de prendre de bonnes décisions quand on est reposé!

On ne meurt pas de fatigue. Mais la fatigue peut nous tuer. Et je refuse.

Nathalie Courcy

 

Quand il fait noir

Tu te lèves le matin et il fait encore nuit. Les jours sont si peti

Tu te lèves le matin et il fait encore nuit. Les jours sont si petits… Chaque journée on te vole un peu de lumière… Tu te diriges doucement vers la salle de bain. Tu pars travailler en laissant ta maison endormie. Dehors c’est noir.

Tu ne peux t’empêcher de penser que ton corps a besoin de repos, de se lever avec le soleil et de se coucher avec la lune. Sauf que la vie lui impose un autre rythme. Ton organisme est malmené chaque jour. Le temps passe et tu puises un peu plus d’énergie dans tes réserves. Tes collègues s’effondrent un par un en burn-out… tes amis sont usés, minés… tes enfants sont épuisés et chialent sans arrêt. La lumière du jour manque cruellement à tous…

Dans ton char, en route pour ta job, tu pousses un grand soupir, tu frottes tes yeux encore collés… tu relèves la tête… et là…

Le ciel est rouge ! Il n’est pas jaune, mauve ou rose, il est rouge ! Bouche bée, tu admires ce spectacle que t’offre le ciel. C’est grandiose ! Il s’embrase !

C’est ainsi que tu réalises que c’est seulement quand il fait noir qu’on peut voir la lumière… que ça valait la peine de te lever si tôt afin d’admirer le show ! Le jour qui se lève, flamboyant, est rempli d’espoir et surprises !

Même quand il fait noir, la vie est belle !

Courage à tous, l’automne est difficile pour beaucoup de gens. Alors, je vous donne une tape dans le dos ! Prenez le temps de voir le beau, écoutez-vous, respectez-vous, tendez la main, reposez-vous, bougez et surtout : souriez ! Pour donner et partager un peu de lumière !

Gwendoline Duchaine