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Girl power… vraiment? Texte: Eva Staire

À la minute où j’ai su que j’allais avoir une fille, j’étais déjà en mode : Girl power!

À la minute où j’ai su que j’allais avoir une fille, j’étais déjà en mode : Girl power! Féministe assumée, je clamais déjà haut et fort que ma fille pourrait faire tout qu’elle veut dans la vie. Je voulais que ma fille puisse jouer à ce qu’elle veut, porter les vêtements qu’elle veut, devenir qui elle veut… Puis, j’ai eu une deuxième fille. Puis, j’ai eu une troisième fille. Et je les regardais en me disant que tout était possible.

J’ai essayé d’être une mère bienveillante. J’ai voulu être un modèle de femme persévérante, tenace, décidée. J’ai répété à mes filles qu’elles pouvaient tout accomplir. Et naïvement, je pensais que mon modèle avait une influence suffisante sur elles. Oui, naïvement… parce que j’ai réalisé, dix ans plus tard, que mon seul modèle de femme n’avait pas suffi à faire changer les choses…

Hier soir, ma plus grande est venue vers moi pendant que je faisais la vaisselle après le souper. Elle a pris machinalement le linge à essuyer et a dit, tout bonnement : « Je viens t’aider, Maman ! … parce que c’est ce que font les filles, hein !? La vaisselle… ». Je suis restée là, figée comme une statue de marbre, complètement bouche bée (moi qui n’arrive jamais à me taire pourtant) et les larmes ont commencé à couler.

Parce que ses petits mots, aussi légers puissent-ils paraître, ont été tellement lourds de sens. Parce que ça ne change rien de clamer que les femmes ont des droits si elles continuent d’accomplir la majorité des tâches ménagères. Je suis bien consciente que les droits de femme ont avancé, que grâce à des générations et des générations de femmes allumées et combatives, la cause féminine a avancé énormément. Mais malgré les pas de géants qui ont été faits et qui ne sont pas négligeables, il reste beaucoup de travail à faire.

Je réalise que mon seul modèle ne suffit pas. Je pensais que si je montrais à mes filles à être fortes, indépendantes et persévérantes, elles penseraient qu’elles peuvent tout accomplir… et non pas qu’elles doivent tout faire seules ! Je pensais leur apprendre qu’elles peuvent tout faire, pas qu’elles doivent tout faire. La différence est immense, et si subtile à la fois. Je réalise que mon seul modèle ne suffit pas.

Parce qu’elles voient encore la majorité des mères dans leur entourage accomplir la majorité des tâches ménagères. Elles voient la plupart des couples autour d’elles où la femme planifie les repas, va acheter les ingrédients, cuisine le repas et finit quand même par faire la fichue vaisselle. Elles voient la plupart des mères présentes aux sorties scolaires, aux périodes de bénévolat de la bibliothèque de l’école et aux rencontres de parents. Elles entendent la plupart des mères de leur entourage planifier les vacances en famille, réserver les rendez-vous médicaux et organiser les fêtes de leurs enfants.

Chaque fois que j’écris sur la charge mentale, des hommes se lèvent et scandent qu’ils font des tâches à la maison, qu’ils en font plus à l’extérieur, qu’ils font autre chose de plus important, que c’est égalitaire chez eux, etc. Moi j’en ai assez qu’on protège nos hommes de la vérité. Parce que c’est faux de dire que la charge mentale est de nos jours partagée à parts égales entre les partenaires de vie. C’est juste faux. Et je me questionne à savoir pourquoi on a tellement peur de leur dire la vérité.

On a peur qu’ils en fassent encore moins ? On a peur de perdre ce qui est acquis ? On a peur de les froisser ? On veut éviter la chicane qui va suivre ? Pourquoi on continue de traiter les hommes comme des petites choses fragiles ?

Je vois des hommes s’enflammer sur les réseaux sociaux parce qu’ils ont de belles intentions. Ils pensent qu’ils font la moitié des tâches ménagères et que puisqu’ils s’impliquent, tout est forcément égalitaire. Je vois des femmes les défendre et dire que ça ne les dérange pas d’en faire plus, que c’est leur rôle de mère. Et chaque fois, je me demande encore pourquoi on leur ment…

Je côtoie au quotidien tellement de familles. Nos amis, nos familles, nos connaissances, les familles des amis de nos enfants à l’école. C’est totalement faux de dire que les relations de nos jours sont égalitaires. Et si vous pensez que la bataille est terminée, c’est que vous ne regardez pas ce qui se passe ailleurs.

J’ai un homme que j’aime à mes côtés. Un père formidable. Un amant fabuleux. Un pourvoyeur exemplaire. Et un coloc de merde. Réellement. Et dans la confidence, je constate que la majorité des femmes autour de nous vivent la même réalité. Parce que c’est ça la vérité : les enfants manquent de modèles. Des modèles de femmes fortes sont montrés au grand jour, des femmes incroyables, intelligentes, fortes et tenaces. Mais ils sont où nos hommes ? La vérité, c’est que ce sont ces modèles égalitaires qui manquent.

Sur les réseaux sociaux, les vidéos pleuvent de femmes qui tournent la situation au ridicule. Des femmes qui font semblant d’être leur conjoint en mettant leur linge sale par terre, en laissant de la vaisselle sur le comptoir, en déposant une couche sale à côté de la poubelle, etc. Et on like ces vidéos parce qu’on s’y reconnaît ! On voit des vidéos d’hommes qui essuient la vaisselle avec un regard coquin, prétendant que c’est ce qui excite le plus leurs femmes. Et on like ces vidéos, justement parce que c’est la parfaite parodie de ce que je vous explique…

Quand vous recevrez une famille à souper, demandez donc à l’homme ce qu’il a réservé pour les vacances d’été. Demandez-lui s’il a inscrit les enfants au camp de jour ou s’il a pensé à autre chose pour cet été. Demandez-lui comment il arrive à planifier tous les repas et accomplir la routine du soir des enfants sans oublier aucun devoir. Demandez-lui s’il a des trucs pour mettre un enfant propre. Demandez-lui comment il prévoit accompagner son enfant dans sa transition vers l’école secondaire. Demandez-lui s’il a envie d’avoir d’autres enfants et comment il pense gérer ses congés parentaux. Posez-lui exactement toutes les questions que vous posez normalement à la mère de la famille. Parce que si vous osez dire que tout est égalitaire, cela ne vous semblera même pas un peu étrange de poser ces questions aux hommes de votre entourage, naturellement, autour d’un verre de vin.

Eva Staire

Les #@?%* de parents

Avant toute chose, je tiens à mentionner que j’ai œuvré dans le

Avant toute chose, je tiens à mentionner que j’ai œuvré dans le domaine où j’ai eu à en côtoyer une panoplie. Je sais que ce n’est pas toujours facile. Je le sais…

La pandémie aura su exposer au grand jour le phénomène des #@?%* de parents. Bon, peut-être que vous les connaissez mieux sous l’appellation des parents rois.

Au début, les publications étaient principalement liées au fait que nous allions être « pognés » avec nos petits, qu’on allait enfin goûter à notre incompétence. Bon, je ne comprenais pas trop cette hargne, mais je me disais que c’était de l’humour. Cependant, ces publications se sont multipliées, elles ont été partagées sur mon fil d’actualité à un point tel que j’ai fini par comprendre que ce n’était pas que pour rire. À la lecture des commentaires et des déclarations d’enseignants dans les publications, j’ai compris que l’aversion face aux parents est plutôt problématique. Peu importe la façon de transmettre le message, peu importe la formule utilisée, le mépris qui se cache derrière a le même effet. Même quand c’est de l’humour.

C’est un peu comme si nous, les parents, étions les cancres de la société. On pose problème quand on s’investit et on pose problème quand on ne le fait pas. La façon dont le message est reçu est que l’on pose problème, peu importe la façon dont on se positionne. La fameuse phrase « Tu voulais des enfants, occupe-toi s’en ! » me laisse toujours un peu perplexe. Bon, disons‑le, ça m’est passé par la tête à un moment ou un autre dans ma carrière, là. Seulement, pas de là à l’exprimer haut et fort sur les réseaux sociaux ; ça, ça me rend mal à l’aise.

Permettez‑moi une analogie. Si vous avez un problème de santé et que vous allez à l’hôpital, il serait tout à fait inacceptable qu’un médecin vous attende en vous disant que c’est votre santé et que c’est à vous de vous en occuper. Tout le monde serait en colère et avec raison puisque c’est lui le professionnel de la santé !

À mes yeux, il s’agit de la même chose pour l’éducation. Les enfants ont devant eux des professionnels de l’éducation qui sont là pour les accompagner dans leur cheminement scolaire. En toute humilité, en tant que parent, je ne peux compétitionner avec ce niveau. Nous avons besoin de votre expertise, comme on a besoin de celle du médecin. Il serait utopique de croire que je peux donner ne serait‑ce que l’équivalent en termes de qualité. Ce n’est pas pour me débarrasser de mes enfants qu’ils vont à l’école, c’est parce que l’éducation est essentielle. Oui, pendant ce temps, je vais travailler et faire mon métier à moi, métier qui est bien utile à la société aussi.

Quand une phrase commence par « Les profs… », la majorité se sent concernée. Quand ça commence par « Les parents », ça a le même effet. On a besoin de vous, avec nous, pas contre nous ! Je ne le dirai jamais assez, j’apprécie réellement votre travail !

On dit qu’il ne faut pas généraliser. Je sais pertinemment que ce ne sont pas tous les enseignants qui tiennent ce discours passif-agressif. Tout comme ce ne sont pas tous les parents qui méritent de porter le chapeau des #@?%* de parents et le jugement qui l’accompagne.

Eva Staire

Pendant qu’il est encore temps.

Un jour. Mes parents vont mourir. C’est ce que j’ai réalisé, e

Un jour. Mes parents vont mourir. C’est ce que j’ai réalisé, en couchant ma fille après une journée difficile à tout faire pour l’« entertainer » tout en gérant ses multiples crises de terrible two. Même scénario que je répète depuis le jour 1 du confinement que je respecte, que je défends et que j’applique pour éviter que ma fille subisse les conséquences de ma possible négligence. Ça va bien aller, qu’ils disent.

Mes parents me manquent. Et pour la première fois de ma vie, entre le nettoyage du tiroir de bébelles et le lavage des rideaux, j’ai laissé mes pensées faire une place au fait que mes parents ne sont pas éternels. Que d’une foutue maladie, du temps, d’un accident ou d’un virus, ils pourraient en une fraction de seconde quitter ce monde.

Mes parents vont mourir. Un jour. Et ça me met la boule au ventre. Dans la dernière année, suite à une interminable séparation, j’ai été la fille la plus silencieuse, secrète, discrète et distante. Ils m’ont ouvert la porte de leur maison comme celle de leur cœur qui se nourrit maintenant du bonheur de leur petit-enfant. J’ai instauré un silence entre eux et moi pour éviter de parler de choses que je n’arrivais pas à expliquer suite à l’étape la plus difficile de ma vie. Le fait de dormir quelques soirs chez eux nous a physiquement rapprochés, mais ma froideur nous aura éloignées par ma faute.

Ils ont toujours été là, sans rien demander. Un fort jamais bien loin auquel on revient souvent, guidé par la chaleur et la douceur de leur maison.

Me voilà maintenant privée de leur présence, seule avec ma fille, et ils me manquent.

Je ne sais pas si c’est la COVID ou le printemps qui me dégèle le cœur, mais j’ai hâte de passer du temps avec eux. C’est bien Facetime, Zoom, les coups de téléphone, mais il n’y a rien qui va remplacer un après-midi dans leur cour au soleil. J’ai hâte de leur dire que je vais bien, mais qu’avant, ça n’allait pas. J’ai hâte de mettre des mots sur mon silence. J’ai hâte que ma fille puisse à nouveau courir dans leurs bras pour profiter de leur présence comme mes parents m’ont permis de le faire avec mes grands-parents. Pendant qu’il est encore temps. Un temps, qu’on n’appréciera plus jamais de la même manière.

Eva Staire

Assise là

Je suis assise là, derrière elle.

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Je suis assise là, derrière elle.

En silence, parce qu’il n’y a pas de mots. Nul besoin de voir son visage pour comprendre, je ressens dans chaque cellule de mon corps la souffrance. Ses épaules sursautent à cause des sanglots et instinctivement, des larmes s’abattent sur mes joues.

Mon amie se trouve face à un beau décor. Mais au milieu de celui‑ci trône une urne. À l’intérieur se trouvent les cendres de celle qui, autrefois, l’aurait prise dans ses bras réconfortants pour la consoler et lui dire que tout irait bien.

Sa maman, sa moitié.

Et c’est là qu’assise derrière ma belle amie, le chaos monte dans ma tête.

Devant moi, il y a ces enfants qui vont devoir continuer sans celle qui leur a donné la vie. Lorsque je les regarde, je n’arrive pas à croire que c’est ce qui doit être, que c’est la vie. Un parent, c’est celui qui est aux premières loges de notre vie. Toujours prêt à nous acclamer ou à nous ramasser, il ne manque aucune représentation.

Du premier souffle au premier pas, des premiers mots aux premiers exposés oraux, du premier ami au premier amour, des premières larmes à la première chicane. Derrière chaque première d’un enfant, il y a son parent. Difficile de croire qu’un humain qui vit dans chacun de nos souvenirs puisse un jour ne plus être.

La réalité est fracassante, parce que je réalise que cela aurait pu être moi, assise à cette première rangée.

J’aurai encore la chance d’entendre la voix de ma mère alors que pour mon amie, ce sera désormais silence radio. J’aurai encore la chance de serrer ma mère contre moi, alors qu’elle devra désormais trouver son réconfort avec un bout de tissus imprégné de l’odeur de celle qui lui a donné la vie. J’aurai encore la chance de voir ma mère, alors qu’elle n’a plus qu’une photo.

Je me sens si petite parce que jusqu’à cet instant précis, je n’avais jamais envisagé qu’un jour, j’aurai à continuer sans mes parents. Pourtant, se trouvent devant moi des adultes vêtus de noir, le regard transpercé par la souffrance, qui eux aussi ont cru, un jour, que leur maman était immortelle.

Un parent, c’est plus fort que tout. La seule exception, c’est qu’il n’échappe pas à la mort.

Derrière cette tempête qui me déchire l’intérieur, je suis partagée entre un soulagement égoïste de savoir que j’ai encore ma mère aujourd’hui, et j’ai de l’espoir pour demain, alors qu’elle n’a même plus hier. Il n’y a rien que je puisse faire pour lui rendre une parcelle de ces moments‑là.

À part être assise là, derrière elle…

À ceux qui doivent composer avec l’absence, mes pensées vous accompagnent.

À la douce mémoire de Diane Rose, maman de Audrey, Marika et Mickaël

Marilyne Lepage

Je ne survivrai pas à votre adolescence

Un soir, je me suis assise en silence à table pour le souper.

Un soir, je me suis assise en silence à table pour le souper.

Je les ai regardés. Un par un.

Et j’ai seulement prononcé ces mots :

– Je ne survivrai pas à votre adolescence…

La tête dans mes mains, je n’avais alors même plus de questions, plus d’espoir. Je ne peux pas. C’était trop pour un cœur de parent. Je démissionne. Je n’y arrive plus.

Le découragement, la fatigue, le stress de ce quotidien si pesant… Je suis rentrée dans le mur de l’adolescence et je me suis effondrée.

Cette période est terriblement difficile pour les enfants, je le sais bien… mais parle‑t‑on de la détresse des parents?

Je me sens inutile, dépassée, incompétente, chiante… j’ai l’impression d’être une police en permanence.

J’essaie de lâcher prise, mais chaque semaine, un de mes enfants invente une nouvelle bêtise, un nouvel échec scolaire, un nouveau problème de santé, une nouvelle peine d’amour, un nouveau party, une nouvelle consommation, un nouveau manque de respect, de nouveaux cris… Le tourbillon d’émotions ne s’arrête jamais…

Je ne pensais pas que ce serait aussi dur. Je ne pensais pas que mon cœur tremblerait autant. Mais surtout, je ne pensais pas qu’un jour, ceux que j’aime le plus sur cette planète allaient me faire mal comme ça…

Je ne sais pas comment je vais survivre à votre adolescence…

 

Gwendoline Duchaine

 

Quand un enfant s’envole

Il y a quelques années, j’ai vécu une histoire unique, une histo

Il y a quelques années, j’ai vécu une histoire unique, une histoire magnifique, une histoire dramatique.

J’ai accompagné un enfant jusqu’à son dernier souffle. Il était si petit, et chaque jour, il combattait ce fléau dans ses artères et dans son corps. Il avait cette étincelle de vie dans le regard qui déjouait tous les pronostics. Ce petit regard qui transperçait mon cœur et criait si fort « ESPOIR ».

Je l’ai bercé, je lui ai tenu la main, et chaque jour… je l’ai regardé s’éteindre. Je voulais hurler. Mais je ne pouvais pas. Il aurait eu si peur. Je voulais pleurer. Mais je lui ai donné mes sourires.

Je l’ai regardé agoniser. Un enfant qui meurt… c’est contre nature. C’est inhumain. C’est… je n’ai pas de mot assez fort pour décrire la détresse que cela engendre.

C’est irréel. Ça ne peut pas arriver. Ça déchire ton âme et ça jette ton corps à terre. Ce même corps qui ne contiendra jamais assez de larmes et ce cœur qui ne guérira jamais vraiment.

« J’ai perdu un enfant. »

Combien de mamans vivent avec ce grand vide dans le cœur ? Combien de papas pleurent le soir dans le noir ?

On ose si peu en parler, ça fait si mal.

Pourtant… que ce soit un nouveau‑né, un nourrisson, un bambin, un ado ou même un adulte, quand la vie de ton enfant est arrachée, tout s’effondre et un parent ne fait jamais ce deuil‑là. Une perte impossible.

Je crois qu’en parler apaise. Un peu. Ouvrez votre cœur. N’ayez pas peur. La mort n’est pas contagieuse mais l’amour, lui, l’est. Aimez encore plus fort. Aimez fort.

Gwendoline Duchaine

 

L’envol

Et voilà. C’est fait. Tu es partie.

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Et voilà. C’est fait. Tu es partie.

Tu viens d’avoir dix‑sept ans et tu as pris ton envol…

Nous te laissons, seule au monde, dans cette petite chambre sur le campus du cégep.

Mon cœur de maman panique, mais je ne dis rien : vas‑tu être capable de débarrer la porte du bâtiment ? Où vas-tu faire ton épicerie ? Et si tu te fais attaquer ? Enlever ? Tuer ? Si tu tombes malade ? Si la porte claque et que tu te retrouves coincée dehors avec tes clés à l’intérieur ?

Et si…?

– Merci, papa et maman, de m’avoir aidée à m’installer. Je vous aime. Ça va aller…

– Anytime, si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle‑moi pis je viens…

– Promis, maman…

Alors, on t’a laissée là.

Sur la route du retour, je n’ai pas pu m’empêcher de verser une larme. Mon bébé… C’est une véritable tempête de sentiments dans notre âme de parents quand notre enfant prend son envol…

Nous sommes partagés entre un sentiment de fierté immense et la tristesse de ne plus l’avoir au quotidien à nos côtés.

Ta chambre est vide.

La maison est vide.

Ton chien te cherche.

Je t’appelle encore pour te dire que c’est l’heure de souper.

Mais la porte de ta chambre ne s’ouvre pas… et ta place à table reste libre…

Alors je t’envoie des messages textes. Je m’excuse… car pendant quelques semaines, il se peut que j’en envoie beaucoup… Tu me réponds avec une gentillesse infinie et une maturité incroyable.

Je suis impressionnée : c’est beau de te voir aller. Tu prends ta vie en main avec tant de passion et de joie !

Et puis… je sais… que de temps en temps… tu vas revenir… alors, le soleil envahira la maison à nouveau… Cette petite tempête de jeunesse… je vais la savourer en silence… Je vais apprécier chaque seconde de ta présence…

Nous sommes si fiers, si inquiets, si tristes, mais si heureux. On t’aime si fort. Vole ! Vole ! Vole !

Gwendoline Duchaine

 

Alcool et ado – Texte : Gwendoline Duchaine

Comment gérez-vous, chers parents, la consommation de boissons alco

Comment gérez-vous, chers parents, la consommation de boissons alcoolisées de vos enfants? Parce que, enlevons nos œillères, nos ados boivent! Comment devons-nous tolérer et limiter la consommation, et comment aborder le sujet?

Je viens de France et là-bas, c’est culturel de faire goûter du vin ou de la bière, autour d’un bon repas convivial, à son jeune. Ça fait partie de la découverte culinaire, puis ça permet de jaser un peu de tout et de rien avec moins de barrières et de retenue. C’est un moment de partage.

Je suis allée en Suisse récemment, et l’achat et la consommation d’alcools doux (bières, etc.) sont légaux à partir de 16 ans. Et je trouve que ça a ben du sens.

Au restaurant, en Europe, on peut servir de l’alcool à un mineur avec le consentement de son tuteur légal.

Je trouve qu’au Québec, on se voile la face! Je n’ai pas le droit d’aller acheter une boisson alcoolisée si mon ado est avec moi! (Oui, oui, ça m’est déjà arrivé! La vendeuse a refusé de me vendre de la bière, car mon enfant était à mes côtés!). C’est fou!

Je me demande bien quel message, comme société, on envoie à nos jeunes? C’est illégal d’acheter et de consommer avant 18 ans, mais tout le monde contourne cette loi…

Je ne peux pas croire qu’en 2021, c’est autorisé de fumer un joint dans la rue, mais pas de boire une bière! Autre débat, mais tout aussi ridicule à mon sens!

Quand les premiers partys alcoolisés de mes enfants se sont organisés, j’étais terrorisée d’avoir des problèmes avec les parents de leurs amis… Offrir de l’alcool à un mineur, c’est interdit! Alors j’ai demandé l’autorisation de vive voix à tous les parents! En face à face! J’ai réalisé que tout le monde donne de l’alcool à son enfant pareil!

Comment parlez-vous de ce sujet avec vos jeunes? Quels sont vos règlements et vos limites concernant la consommation de boissons alcoolisées? Que tolérez-vous?

On parlera de la légalisation du cannabis dans quelques années, hein? Autre sujet ben ben compliqué et angoissant pour les parents…

Gwendoline Duchaine

 

La jalousie malsaine des parents

Je cherche les mots exacts afin d’exprimer ce sentiment qui m’ha

Je cherche les mots exacts afin d’exprimer ce sentiment qui m’habite depuis un certain temps et je n’y parviens pas. Un mélange de frustration, de déception, d’incompréhension et de découragement me submerge doucement. L’être humain est parfois si décevant.

Qu’un adulte rabaisse un enfant de façon volontaire par pure jalousie devant plusieurs autres adultes sans que personne n’intervienne, est‑ce vraiment « normal » ? Pourquoi pointer du doigt chacune de ses faiblesses au lieu de vouloir les améliorer ? Discutez donc de ses prouesses à la place ! Je ne comprends pas. Je suis sans mots. Bouche bée. Peu importe le rang social, cet adulte est rendu tout en bas.

Rabaisser un enfant sans défense parce qu’il est simplement meilleur que leur enfant va‑t-il réellement surélever leur progéniture ? J’en doute fort. C’est tout simplement pathétique. Je n’ose même pas imaginer ce qui doit se dire derrière les portes closes de leur demeure.

Nous désirons si ardemment que nos enfants performent dans toutes les sphères de leur vie et oui, moi aussi je suis ainsi, mais jamais au détriment des autres enfants. Au contraire, je montrerai en exemple à mes enfants ceux qui performent plus qu’eux afin de les inspirer. De les motiver. Non pas pour les décourager, mais d’une manière positive afin qu’ils puissent surpasser leurs limites. Et s’ils ne sont pas capables, eh bien du moins, ils auront essayé.

Est-ce la meilleure méthode ? Peut-être pas. Mais je n’en ai rien à cirer. Au moins, je ne m’acharne pas sur un enfant sans défense !

Un enfant est un enfant. Point. Qu’il soit doué dans un sport ou qu’il surpasse la moyenne sur le plan académique, notre devoir est de bien l’entourer, de l’encourager et de le faire évoluer. Pourquoi ne pas nourrir ce don ? Il faut un village pour élever un enfant, alors impliquons-nous positivement. La vie n’est pas une course à savoir quel enfant sera le meilleur compteur. On s’en fout !

Pourquoi être jaloux du succès des autres ? Donnez à cet enfant un high five ou une tape d’encouragement dans le dos à la place de nourrir cette jalousie malsaine.

Le malheur et la jalousie des autres me puent au nez. Je voudrais contaminer ces malheureux de béatitude. Être contagieuse de bonheur afin que ces gens puissent vomir de la joie. Et c’est donc sur cette douce image mentale de vomissure de bonheur que je terminerai ce texte de rancune…

Geneviève Dutrisac

 

L’école des papas!

C’était il y a quelques années. Je reviens du travail, mon chum

C’était il y a quelques années. Je reviens du travail, mon chum me regarde avec un air solennel :

– Chérie je me suis inscrit à l’école des papas.

– Hein ? Qu’est-ce que c’est ?

– Le CLSC m’a donné une brochure, c’est une formation pour les papas, afin d’échanger sur tous les sujets concernant l’éducation des enfants.

– Tu as besoin de suivre un cours pour être un bon papa ?

– Je veux leur montrer que je suis là pour eux et qu’ils m’intéressent plus que tout au monde…

J’étais mélangée entre un sentiment de fierté immense et un air franchement interloqué !

Pendant plusieurs mois, papa est donc allé dans une école très spéciale les mercredis soirs.

À tour de rôle, les papas y préparent des gâteaux qu’ils dégustent ensemble en parlant de tous les sujets possibles : le rôle du père, la place de la mère, le divorce, la sexualité des enfants, la drogue, la dépression, le suicide, l’adolescence, les conflits dans la fratrie ou dans la famille… Pour chaque sujet, mon chum revenait avec des références de lectures plus passionnantes les unes que les autres.

Je peux vous assurer qu’il a pris ce rôle très au sérieux et qu’il a fallu, souvent, nous remettre en question comme parents ! Cette école fut une des plus belles choses qui soit arrivée à notre famille !

Les enfants étaient vraiment très fiers que leur papa prenne ce temps pour leur éducation. Il est allé chercher de l’information pour nous aider à faire face à tant de conflits !

Cette formation a amélioré notre façon de prendre soin des enfants et de fonctionner en famille. Elle a contribué à nous donner des outils, mais surtout, à montrer à nos enfants que l’éducation, ça se construit pas à pas, ensemble !

Gwendoline Duchaine

 

Souvent, nous pardonner

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Chez nous, avec trois ados, il y a souvent des chicanes. Et souvent, on s’en prend plein la poire comme parents! Ils sont ingrats ces enfants‑là, ils ne sont jamais satisfaits et pour eux, nous sommes les pires parents du monde!

Lors d’une grosse chicane avec mes enfants, je me suis fait reprocher beaucoup de choses sur leur enfance (t’sais, ils savent frapper là où ça fait mal…) Ils m’ont dit que j’étais comme un tyran! Trop sévère…

Imaginer que mes « bébés » pensent ça de moi a littéralement déchiré mon cœur de maman et j’ai quitté la conversation avec les yeux pleins de larmes…

Suis-je si pire que ça? Ai‑je terrorisé mes enfants? Suis‑je une bonne maman? Comment j’aurais dû faire? Mes petits ont‑ils vraiment grandi dans la peur?

Je me suis effondrée, roulée en petite boule dans un coin et j’ai pleuré (parce que oui! Des fois, une maman, ça pleure!)

Puis la journée a continué, car comme chaque fois, la routine reprend le dessus. Vivre avec des ados, ce n’est pas toujours reposant!

Le soir, en rentrant d’un trajet « maman taxi », j’ai trouvé un mot sur mon oreiller…

« Nous attendre à la sortie de l’école avec une baguette de la boulangerie.
Faire nos gâteaux de fête.
Lire nos histoires.
Nous faire jouer et faire des activités.
Nous faire des albums photo pour des souvenirs.
Nous filmer pour la même raison.
Nous mixer nos fruits et légumes.
Nous avoir fait passer avant ton travail.
Nous avoir soignés.
Nous avoir réconfortés.
Nous avoir éduqués.
Avoir pris soin de nous.
Nous encourager.
Te forcer à faire tout propre et comme il faut.
Répondre à nos besoins.
Nous mettre au monde.
Nous loger.
Nous nourrir.
Nous donner de l’amour.
T’excuser après chaque chicane.
Souvent, nous pardonner.
Nous donner une autre chance.
Nous laisser contourner certaines règles. »

J’ai serré ce petit papier très fort sur mon cœur, et j’ai décidé que oui, je suis une bonne maman.

Nos ados sont tannants, souvent ingrats et pleins de reproches… et nous faisons de notre mieux…
Mais, chers parents, ne doutez jamais de l’amour ni de la reconnaissance que vos enfants ont pour vous, parfois bien cachés, au fond de leur cœur.

Gwendoline Duchaine