Définition de charge mentale par une maman – Texte : Annick Gosselin
La charge mentale est un peu devenue un sujet tabou ces dernières années. Dès que le sujet est abordé, on entend vite : mais les papas participent, ils aident de plus en plus, sont de plus en plus impliqués. VRAI.
Mais est-ce que dire que les mères ont une charge mentale beaucoup plus élevée que les pères les discrédite pour autant ? Pourquoi les mères n’auraient pas juste le droit de dire qu’elles en ont juste trop en tête et de demander de l’aide ?
Bien sûr que la vie est plus facile à deux, qu’on peut se partager les tâches du quotidien. Mais le quotidien, la prévisibilité, l’anticipation de ce qui s’en vient, c’est la grande majorité du temps dans la tête de la maman.
Prenons l’exemple d’un père qui travaille de nombreuses heures par semaine et qui n’est pas tellement présent pour les routines du matin et du soir. La mère qui elle aussi travaille (mais moins) s’occupera de la routine du matin et du soir, préparera les vêtements des enfants (pour l’extérieur aussi), fera la liste d’épicerie et l’épicerie, prévoira des repas et des lunchs santé, fera les repas et les lunchs, passera un coup de balai, s’assurera que les enfants participent un minimum pour ramasser leurs choses, leur distribuera de petites tâches, veillera à leur autonomie, supervisera les devoirs, partira une brassée de lavage, donnera le bain, couchera les enfants, fera la vaisselle et ramassera un minimum, pensera à faire les inscriptions aux activités sportives des enfants, à prendra leurs divers rendez-vous, prendra le temps d’écouter, de discuter et de réconforter les enfants, fera l’achat des vêtements et de tout ce dont les enfants ont besoin, etc.
Le père pourra se concentrer sur son travail et être présent avec ses enfants quand il ne travaille pas, car la mère se sera occupée de tout, ou presque.
Qui va prendre le temps de lui dire qu’elle est extraordinaire et merveilleuse ? Qui va dire à son conjoint à quel point il est chanceux d’avoir une femme si dévouée ?
Prenons maintenant l’exemple inverse. Maman travaille de nombreuses heures par semaine et elle est dans l’impossibilité d’être présente pour les routines du matin et du soir. Le père travaille moins et fait les routines du matin et du soir. Papa va habiller les enfants (avec les vêtements que maman aura préparés à l’avance), les reconduira et ira les chercher, va mettre dans la boite à lunch le lunch que maman aura préparé, fera chauffer le repas que maman aura préparé, fera la vaisselle, donnera le bain aux enfants et les couchera, et sera fort probablement exténué en se disant que sa charge mentale est fort élevée.
Les autres tâches, celles qui doivent être pensées, anticipées, planifiées, elles resteront dans la tête de la mère, qui devra les faire.
Les gens qui entourent cette famille diront à la femme à quel point elle est chanceuse d’avoir un conjoint aussi fantastique et attentionné.
Je ne sais franchement pas où la société l’a échappé. Mais c’est sincèrement frustrant d’être une mère parfois et de se sentir aussi incomprise si l’envie folle nous vient de vouloir penser à notre carrière.
Juste devoir toujours penser continuellement à tout cela fait en sorte que c’est épuisant et que les mères y pensent souvent à deux fois avant d’accepter un poste avec de grandes responsabilités ou une grosse charge de travail.
Certes, les papas ne s’opposent pas à ce que les femmes aient une carrière, mais leur charge mentale ne sera visiblement jamais aussi élevée que celle des mères.
Annick Gosselin