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La persévérance scolaire : entre moule et détours

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Cette semaine, on célèbre la persévérance scolaire. Quels que soient nos rêves pour nos enfants, on leur souhaite de réussir à l’école et d’y trouver intérêts, plaisir et amis. Avec ces trois éléments réunis, c’est plus facile de se lever le matin avec le sourire pour se rendre à l’école. C’est plus facile d’arriver au grand jour de la diplomation, qu’elle soit secondaire, professionnelle, collégiale ou universitaire.

Mais dans certains cas, la persévérance scolaire fait des détours.

J’ai un doctorat, par choix. Personne ne m’a forcée à accumuler les diplômes universitaires. Je m’amusais sur les bancs d’école. Je me sentais à la bibliothèque et dans les centres de recherche comme dans mon royaume. J’avais la réussite facile (ok, peut-être moins en maths et en éducation physique…). J’étais timide, mais je n’ai jamais manqué d’amis ni de sentiment d’appartenance. Si je le pouvais, je serais une éternelle étudiante.

Je n’ai jamais fait sentir à mes enfants qu’ils devaient marcher dans mes traces scolaires. J’ai toujours valorisé l’effort plus que le résultat. J’ai toujours valorisé l’éducation plus que les études. Par contre, j’ai aussi toujours souhaité qu’ils terminent leur secondaire et qu’ils le fassent de la façon la plus positive possible.

Alors quand mon ado m’a annoncé qu’elle voulait terminer sa quatrième secondaire en éducation à domicile, une certaine remise en question m’est tombée dessus. Pas que je ne l’avais pas vue venir… mais j’espérais qu’elle poursuive son éducation dans le système jusqu’à la fin du secondaire. Ensuite, advienne que pourra : on avait souvent parlé ensemble des multiples avenues possibles vers le bonheur.

Depuis l’annonce, j’ai entendu beaucoup de préjugés (tu as juste à la forcer à aller à l’école ; moi mon enfant est dyslexique pis il réussit pareil ; ça va être quoi plus tard si elle n’est pas capable de fitter dans le moule de l’école?). Une partie de moi s’est déjà dit tous ces commentaires culpabilisants et accusateurs. Comme si on n’avait pas déjà tout essayé. Petite nouvelle : ça n’a pas marché.

Le moule n’est pas fait pour tout le monde, et ça adonne que mes enfants entrent difficilement dans un moule. Je les ai élevés dans l’amour de la diversité et dans la fierté de leurs différences, alors pour eux, c’est juste normal de faire des détours si le chemin prétracé ne leur convient pas.

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que ma fille a pris cette décision pour de bonnes raisons : elle veut réapprendre le plaisir d’apprendre, retrouver le plaisir d’être curieuse, développer de meilleures méthodes de travail et prendre soin d’elle pour mieux gérer ses émotions. Combien d’adultes auraient intérêt à faire ce pas de recul? Mon petit doigt maternel me dit que le temps qu’elle prend maintenant lui sera redonné au centuple dans l’avenir.

Si ma fille m’avait annoncé qu’elle abandonnait l’école, là, j’aurais tilté. Ben, pas vraiment parce que ça n’aurait servi à rien, mais je me serais sentie moins outillée et plus aux prises avec la DPJ. Si ma fille fuguait de l’école à répétition pour aller se geler au centre-ville, là, je capoterais. Si ma fille avait renoncé à ses rêves (parce que oui, elle prévoit finir son secondaire et sait déjà ce qu’elle veut faire comme études et comme carrière), là, je me serais vraiment inquiétée.

Mais depuis qu’elle a vidé son casier d’école, les étincelles sont revenues dans ses yeux. Ses épaules pèsent mille tonnes de moins. Le détour ne sera pas de tout repos. On s’est déjà entendues sur des objectifs et un horaire. On sait déjà quelles sont les étapes administratives à franchir pour faire l’école à domicile en toute légalité. Ses efforts devront être redoublés, et je n’ai aucune garantie que le succès sera au rendez-vous en juin. Mais ce que je sais, c’est qu’en ce moment, c’est la meilleure décision, peut-être la seule possible.

M’obstiner pour lui coller les fesses sur les bancs d’école n’apporterait pas de meilleurs résultats, tuerait les étincelles dans ses yeux et rendrait probablement le détour encore plus long et plus ardu. En cette semaine de la persévérance scolaire, je vote pour qu’on célèbre tous les types de parcours scolaires, les atypiques comme ceux qui rentrent dans le moule, les prolongés comme les accélérés, les redondants comme ceux qui sont marqués par les A+ en série. Comme toujours, le chemin est au moins aussi important que le but!

Nathalie Courcy

 

Des jeux qui n’en sont pas

Chaque année apporte son lot de nouveaux jeux et défis questionnab

Chaque année apporte son lot de nouveaux jeux et défis questionnables dans les écoles secondaires et dans les parcs. Dans mon temps, on jouait à la bouteille et on s’embrassait sur la main parce que « ark, la bouche! ». Mais maintenant, c’est autrement plus sérieux. Et dangereux.

Parents (et intervenants auprès des jeunes), je vous invite à ouvrir la discussion avec les adolescents de votre entourage. Sont-ils témoins de jeux qui semblent drôles jusqu’à ce qu’ils dérapent? L’école est-elle au courant? Ils font peut-être partie d’un groupe qui pratique ces jeux, ou peut-être en sont-ils des victimes collatérales.

Autobus surpeuplé d’une école surpeuplée (2000 ados remplis d’hormones, des petits timides de secondaire 1 et des grands fouets de dernière année, crinqués de leur journée et gonflés d’un orgueil malsain pour certains). Dans l’autobus, il y a trois fois plus de personnes debout que de personnes assises. Le manque d’oxygène explique peut-être la suite des choses.

Un groupe d’amis (oui, des amis) s’emballe, crie. Un des jeunes commence à taper l’autre (je rappelle, ce sont des amis). Sans arrêt. Puis, c’est l’autre. Toujours sous les encouragements nourris du reste de la troupe. Ça rit, ça filme sûrement. La compétition de celui qui mettra la vidéo le premier sur les médias sociaux.

Dans l’échauffourée, ils tombent sur leurs voisins d’autobus, les bousculent, les écrasent contre les barres de métal ou contre la fenêtre. Le coup de poing (destiné à l’ami, on s’en souvient) passe tout droit et atterrit sur une épaule, une joue, un ventre. Tout le monde perd l’équilibre, c’est le chaos des cris « Go t’es capable! Continue! » et des « Outch, tasse-toi, tu me fais mal », suivis de « Check l’autre qui braille encore! ». Vous voyez le portrait.

Monsieur le conducteur, où êtes-vous? Le conducteur fait son travail, c’est-à-dire ramener tous ces jeunes à la maison après leur journée d’école. Il intervient mollement (c’est peut-être la centième bagarre du genre qu’il essuie cette année) : « Calmez-vous, les jeunes ». Bien sûr, il pourrait arrêter l’autobus sur le bord de la rue. Débarquer les jeunes fautifs? Peut-être, s’ils lui obéissent. Prendre leurs noms pour une suspension éventuelle, sûrement. Il aurait le droit (le devoir?) d’appeler le superviseur de la compagnie de transport, faire venir un agent de sécurité. (Je vole le punch : c’est fait depuis que nous avons rapporté la situation aux autorités concernées). Mais comme les autres jeunes de l’autobus, il est pris au piège d’une violence trop habituelle. Habituelle, point.

Retournons à cet autobus. Fermez vos yeux. Imaginez-vous, fatigué de votre journée, tanné d’être entouré d’une foule bruyante qui ne vous a laissé aucun répit depuis 7 h le matin. Vous essayez de vous recentrer en écoutant de la musique ou en lisant un livre. Pas facile avec ces sacs à dos qui vous accrochent, ces odeurs, le brouhaha des conversations à volume élevé. Vous vous tenez debout tant bien que mal, accroché sur le poteau de métal. Vous sentez l’ambiance qui s’échauffe, les coups tombent soudainement de tous les côtés. Quelqu’un vous écrase la jambe contre un siège, puis le bras contre la barre de métal. Votre tête frappe la fenêtre. Le fil de vos écouteurs reste coincé et se brise. C’était tout ce qui vous permettait de rester un peu zen… Vous vous étiez pourtant placé près du conducteur pour être en sécurité.

Vous sentez-vous bien? Vous sentez-vous en sécurité? Avez-vous hâte de reprendre le même autobus le lendemain, avec les mêmes personnes et les mêmes cris? Avez-vous-même le goût de retourner à l’école le lendemain?

Cette situation n’est pas une fiction. Ça arrive ici, ça arrive sûrement ailleurs aussi. Ça s’appelle de la violence. Ré-pé-ti-ti-ve.

On a informé l’école, la commission scolaire et la compagnie de transport. On a posé des questions. On a ressorti leurs politiques « Tolérance 0 » concernant la violence. Tous les intervenants contactés ont réagi rapidement et concrètement. Il y a eu enquête. L’enquête a prouvé que les « amis » qui se tapaient dessus étaient bel et bien des « amis », consentant à toute cette violence très gratuite (gratuite dans ses causes, mais pas dans ses conséquences).

Ces jeunes participaient à un jeu populaire dans certains coins de la province, qui consiste à frapper quelqu’un pendant deux minutes sans que cette personne ne puisse se défendre, puis à inverser les rôles. Une autre version n’a pas de limite de temps : une personne peut tout faire à l’autre (le frapper, l’étrangler, lui arracher son linge…) jusqu’à ce que la personne tape par terre ou dise « stop ».

Mais vous savez ce que fait l’orgueil dans le cerveau pas tout à fait développé des ados? Ça empêche souvent de dire « stop ». C’est là que les risques deviennent énormes. Faut-il attendre une commotion cérébrale, un décès, une poursuite en justice? Faut-il attendre que les parents dénoncent pour agir?

Je disais donc… parents et intervenants auprès des jeunes, je vous invite à ouvrir la discussion avec vos ados. À propos de la violence, de l’esprit de compétition, de l’orgueil, de la pression du groupe, de l’influence des autres, de la nécessité de dénoncer, du droit de chacun d’être et de se sentir en sécurité. À propos de ces jeux qui n’en sont pas. À propos de ces amitiés qui n’ont rien d’amical.

Cette année, c’est le 2 minutes challenge, l’an prochain, on sera rendus à une version encore plus hard core. Si vous entendez parler d’autres types de jeux ou de défis du genre, parlez-en ici! Ça pourrait sauver quelqu’un.

Nathalie Courcy

Ton veston bleu poudre

Ce matin-là, je t’ai déposée devant le centre d’achats. Il é

Ce matin-là, je t’ai déposée devant le centre d’achats. Il était 9 heures. On était pile à l’heure. Je repartais immédiatement pour visiter une amie. Toi, tu reviendrais à la maison en autobus, à temps pour notre séance de bénévolat.

Ce matin-là, tu portais un veston bleu poudre. Tu l’avais toi-même acheté à la Saint-Vincent pour le modifier. Avec tes talents de couturière et ta créativité, tu en as fait un morceau vraiment cool, stylé, parfait pour ton âge et ton originalité. Parfait pour te démarquer pendant une entrevue.

Ce matin-là, tu es allée porter ton curriculum vitae pour un emploi à temps partiel, parce que tu as le goût de t’acheter du matériel d’art, de te payer des cours de guitare, et parfois une crème glacée. Tu avais fait la même chose avec ton CV qu’avec ton veston : tu as pris la version qu’on avait concoctée ensemble et tu l’as transformée pour que le document te ressemble. Tu as même ajouté un dessin de ton cru, pour te faire remarquer parmi tous les candidats.

Ce matin-là, j’ai ressenti une émotion semblable à celle que j’ai ressentie le jour de ta naissance, le jour de ta première rentrée scolaire. Un mélange de saut dans le vide et d’immense fierté. On a marché ensemble jusqu’à ce point de nos vies et peu à peu, ta main s’éloigne de la mienne. Tu t’élances dans le « vrai » monde, on coupe un peu plus le cordon. Je t’ai regardée t’éloigner et je t’ai trouvée belle. Comme toujours.

Ce matin-là, je me suis dit que la vie était belle avec toi.

Ce matin, tu m’as textée pour me dire « Maman! J’ai eu la job! ».

Wow! Ce n’est pas ton veston bleu poudre qui t’a donné ton emploi. Ce n’est pas ton CV ni ton dessin. C’est toi seule qui as atteint ton but. Tu as convaincu l’employeur que tu étais prête à vivre cette nouvelle étape. Tu m’as convaincue moi aussi.

Nathalie Courcy

Déjà la visite de l’école secondaire!

Mon cœur venait tout juste d’encaisser la rentrée de la sixième

Mon cœur venait tout juste d’encaisser la rentrée de la sixième année de mon grand, que j’ai reçu une lettre pour la visite de l’école secondaire. Quoi, pas déjà? Dans mon monde de licornes, je croyais que c’était bien plus tard dans l’année. Comme au mois de février ou mars. Mais non, c’était hier. Je peux vous dire que mon cœur de maman a pris un petit (lire ici « gros ») coup. Mon premier bébé visitait sa future école secondaire. Wow! Il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, lui et sa dent d’en avant manquante commençaient la première année. Je n’ai pas eu le choix d’avoir une prise de conscience. Mon p’tit loup se dirige droit vers l’adolescence. Passage obligé dans la vie! J’aimais vivre dans le déni et penser que cette phase n’existait pas vraiment.

Bon, je reviens à mes moutons! Hier, j’avais un mélange d’émotions. J’étais excitée de voir mon ancienne école, de rencontrer certains profs qui m’ont jadis enseigné. À d’autres moments, je voyais les élèves, je me projetais déjà dans l’avenir et ça m’angoissait. J’imagine que je ne suis pas la seule maman qui vit ça, s’il vous plaît, rassurez-moi!

Pendant la rencontre, je me questionnais à savoir s’il s’adapterait bien, s’il vivrait de l’angoisse, s’il réussirait bien, s’il se perdrait. Trop de questions, en si peu de temps. Je crois que ça ne vous surprendra pas si je vous dis que je suis une personne qui vit un peu d’angoisse!

En visitant, je me suis surprise à dire « dans mon temps ». Oh my god, je parle vraiment comme un vieux parent! Reste que je trouve que les élèves ont accès à plus d’activités que dans mon temps. J’ai eu, pendant un instant, envie de retourner à ces années. J’aurais bien aimé faire de l’impro moi aussi!

En marchant dans l’école, j’étais aussi contente de montrer à mon fils sur quel banc j’étais assise, de lui parler des matières que j’avais aimées, de lui dire que ça n’a pas beaucoup changé. Ce moment m’a rappelé de beaux souvenirs.

Maintenant, je vais le laisser se créer les siens. Je me demande tout de même s’il sera accepté dans le programme d’éducation internationale (P.E.I.). Est-ce qu’il préférera aller faire les défis avec les génies inventifs? Peut-être se découvrira-t-il une passion pour la géographie, comme sa maman? Je ne le sais pas! Seul l’avenir me le dira.

En attendant, je vais aller respirer dans mon sac de papier brun pour ne pas hyperventiler en vue de la vraie rentrée au secondaire, l’an prochain. Ça arrivera si vite, car comme on le dit si bien, le temps passe tellement vite.

Karine Larouche

Souvenirs d’une danse

Je ne sais pas si je suis la seule à devenir nostalgique, mais on d

Je ne sais pas si je suis la seule à devenir nostalgique, mais on dirait que l’automne apporte son lot de souvenirs d’enfance. Le temps est doux, le vent froisse les feuilles et mes idées se promènent d’une époque à l’autre.

Dans ma petite ville de l’époque, il y avait un boulevard principal et tout le monde connaissait tout le monde. Il y avait trois stations d’essence dans toute la ville et on connaissait les propriétaires de chacun des commerces. Depuis, la ville a triplé en nombre d’habitants, en commerces, en rues et en maisons. Mais je n’ai pas envie de me plaindre de sa croissance. J’ai envie de vous parler des souvenirs d’une danse…

Parce que dans notre petite ville, il n’y avait pas réellement d’endroits destinés aux jeunes. Mais un vendredi par mois, un organisme organisait une soirée dansante dans le sous-sol de l’église. C’était LA danse. « L’Opti-danse ». C’était une soirée réservée aux jeunes du primaire, où les parents ne pouvaient pas nous accompagner. Une soirée où on avait le droit de se sentir presque adolescents, du haut de nos 10-11-12 ans… Ça commençait à 19 h. À 22 h, ils mettaient tout le monde dehors. Simple de même.

On se rejoignait après l’école ce soir-là, entre amies. On se coiffait, se maquillait, s’habillait ensemble. Bon, à l’époque, ça se résumait à enfiler un chandail un peu bédaine, se crêper le toupet pis se faire une grosse ligne blanche sur les paupières… C’était bin hot ça, y’a vingt ans…

Un parent était toujours désigné pour venir nous mener en voiture et il nous donnait rendez-vous au même point pour 22 h. Quand on poussait la grosse porte en bois du sous-sol de l’église, on mettait quelques minutes à s’acclimater à l’endroit. La machine à boucane avait déjà embrumé la pièce, ça sentait l’humidité sans bon sens, pis l’éclairage tamisé se voulait tellement cool…

On avait caché une pièce de deux dollars dans nos bas, pour aller s’acheter une bouteille d’eau pis un sac de chips dans la soirée. Parce qu’à cet âge-là, on n’avait pas de cellulaire, pas de carte débit, pis pas de sacoche. Faque… on n’avait pas besoin de rien de plus qu’un deux dollars dans nos bas. On y cachait aussi notre coupon pour le vestiaire. Ça grattait un peu les chevilles, mais tout le monde le faisait.

Il y avait deux moments importants dans la soirée. Chaque mois, ce vendredi-là, le D.J. passait deux slows. Un premier à 20 h. Et le dernier à 21 h 55. Re-li-gi-eu-se-ment. Pis pour ces slows-là, tu savais déjà avec qui tu allais danser, parce que tu avais déjà envoyé ton papier en classe dans la journée pour demander à ton partenaire potentiel s’il acceptait de danser avec toi. Y’avait pas de surprise. Les filles dansaient ensemble toute la soirée. Les gars dansaient entre eux toute la soirée. Mais à 20 h, tu te dirigeais vers ton partenaire pré-désigné avec tes petits papillons dans le ventre, pis tu dansais ton slow, collé-collé. Et juste à temps pour la fin de la soirée, tu répétais l’expérience.

Ces souvenirs-là sont gravés dans ma mémoire, parce que ces deux slows-là, c’était toujours sur les mêmes chansons et quand l’une d’elles passe à la radio, j’ai encore des papillons dans le ventre.

On avait une dizaine d’année. Dans ce temps-là, y’avait pas de GHB dans nos bouteilles, pas de baiser au bout de la soirée ni aucun souci… Juste de la musique, bin de l’humidité, pis des papillons dans le ventre.

Cette année, ma fille a neuf ans. Bientôt, elle ira avec ses amies à ce genre de soirée et quand le moment sera venu, j’espère que je me souviendrai. Je me souviendrai du sentiment de liberté et d’invincibilité qui m’envahissait au même âge. Le temps d’une soirée, je ne serai pas la maman-poule derrière elle. Elle se sentira grande et fière. Et je lui souhaite de vivre à son tour ces petits papillons dans le ventre…

Joanie Fournier

 

Prête pour ma préado ? Vraiment pas!

Ma fille a dix ans, en vrai pas tout à fait, mais très bientôt. J

Ma fille a dix ans, en vrai pas tout à fait, mais très bientôt. J’en suis venue à me dire que si je la regarderais avec des lunettes style microscope, je verrais des milliers d’hormones qui me font des fuck you!

Je ne m’attendais pas du tout à ce que ça arrive si vite dans sa vie. Dans ma vie, c’est arrivé beaucoup plus tard. Je te dirais au secondaire. À dix ans, je jouais encore à la Barbie. Je ne dealais pas avec un début d’acné.

J’ai eu mes premières menstruations à quinze ans. Alors que pour elle, je peux déjà déterminer son cycle menstruel. Son caractère exécrable devient un excellent baromètre pour savoir qu’elle est dans sa semaine. Je commence à lui parler de ça. Sans trop lui dire que ça pourrait arriver bientôt. Ma petite anxieuse pourrait subir un énorme traumatisme. Est-ce que je dois lui préparer un p’tit kit ? T’sais, un petit étui contenant le nécessaire (serviette sanitaire, bobette de rechange) au cas où la première visite du code rouge se produit à l’école…

Je la sens qui se détache de plus en plus de moi. Mon opinion devient secondaire, celle de ses amies a pris ma place. Honnêtement, ça me fait chier. Je ne me souvenais pas à quel point nous pouvions avoir des idées de merde à l’adolescence. Je dois maintenant prier pour que les bases que j’ai établies, les valeurs que je lui ai transmises tiennent le coup.

Ses goûts vestimentaires changent, elle s’affirme de plus en plus. La mode des chandails bedaine et des tailles hautes… C’est pas une maman qui a inventé ça certain. Je peux encore jouer la carte du « quand tu pourras te le payer, tu te l’achèteras, pour le moment, je ne paie pas pour ça ». J’assume assez bien de ne pas être cool à ses yeux. Est-ce que c’est moi qui réagis trop fortement ? Je la trouve trop jeune pour s’habiller comme ça.

Et je ne parle même pas du maquillage. Pour moi, c’est un gros NON. Mes yeux saignent de voir de si jeunes filles en porter, parfois beaucoup trop. Elles sont trop jeunes pour gérer ça, le regard des garçons, leurs commentaires, et même leurs agissements. Sans parler des balbutiements des premiers amours.

Je ne suis pas prête, ça me fait freaker tout ça.

Est-ce que j’ai bien préparé ma fille?

Ses premiers battements d’ailes seule sont arrivés trop vite.

Je dois plonger dans le vide avec elle… en me tenant deux pas derrière elle.

Je dois lui faire confiance.

Je ne veux pas perdre mon bébé.

Est-ce que je suis la seule à vivre ça avec autant d’angoisse et de frustration?

Mélanie Paradis

 

Ode à l’ado extraordinaire

Je vous entends d’ici chialer contre les ados qui mettent leur mus

Je vous entends d’ici chialer contre les ados qui mettent leur musique trop forte dans l’autobus! Contre ceux qui laissent traîner leurs assiettes sales dans leur chambre comme un appel désespéré à la coquerelle! Contre ceux qui rentrent à pas d’heure et qui vous laissent vous morfondre dans le noir, un huitième café à la main. Contre ceux qui s’étirent tellement les yeux vers le ciel quand on leur parle qu’on craint qu’ils restent pris ainsi…

Tut tut tut.

Il y en a, des ados à l’odeur d’aisselles pas frottées, aux bras trop longs, au discours trop court, aux nuits de sommeil de quatorze heures et aux hormones dans le plafond… mais je veux vous parler d’un autre genre d’ados.

Je veux vous parler des ados qui font des efforts pour ranger leur chambre et qui se laissent même parfois aller à un extra vaisselle, même s’ils aimeraient mieux gosser sur Instagram ou ronfler jusqu’à la fin de leur secondaire.

Des ados qui acceptent sans protester de garder la petite sœur tannante ou le voisin fatigant, juste pour vous laisser une soirée en couple ou pour vous donner une heure de OH-MY-GOD! LIBERTÉ à l’épicerie ou chez le dentiste.

Des ados qui vous accueillent le soir avec un repas tout prêt et presque équilibré ou avec une assiette de biscuits chauds sortis du paradis de la pâtisserie (lire : votre four). De ceux, aussi, qui ratent des recettes ou qui salissent beaucoup trop de vaisselle, mais qui au moins, essaient d’apprendre le B-A-BA de la cuisine.

Des ados qui osent s’aventurer sur le marché du travail ou dans l’aventure de la conduite automobile même s’ils savent que le défi a les proportions everestiennes.

Des ados qui animent les camps de jour, qui mettent tout leur cœur et toutes leurs heures estivales à préparer des jeux et des comptines pour amuser vos cocos (et vous laisser travailler…). Ces mêmes ados qui ont aussi chaud que tout le monde, mais qui continuent à avoir l’air de faire la job la plus palpitante et la plus payante de la planète. Des ados qui gèrent des crises de vedettes, des fatigues de ti-pet et des « je veux ma mamaaaaaaaaannnnnn » d’enfant qui ne se peut plus.

Des ados qui vous prennent dans leurs bras en disant : « Merci tellement, maman, de m’aimer comme tu le fais. Je le sais que tu n’es pas obligée ; je le sais que je te fais parfois la vie dure ; mais je ne te remercierai jamais assez de m’avoir donné la vie et de la rendre belle. ». Des ados qui osent dire « Je suis en colère » ou « J’ai peur ».

Des ados qui n’ont pas honte de leurs parents, au contraire. Des ados qui disent : « Sais-tu quoi? Mes amis ont officiellement décrété que tu es la mère la plus cool de l’univers. Pas parce que tu essaies d’être notre amie, juste parce que tu es toi. ». Et si en plus ils te trouvent drôle et te laissent faire des jokes plates, gros bonus. Des ados qui ont appris avec le temps comment choisir de bons amis et comment dire non aux pas fins.

Des ados qui acceptent de plus en plus souvent les conseils des parents parce qu’ils se rendent bien compte que ça a bien du bon sens. Des ados qui demandent « À quoi ça goûte l’alcool? » au lieu de se saouler en cachette. Des ados qui jasent d’avortement, de cannabis et de jeans troués parce qu’ils veulent protester juste assez (mais qui se serviront de vos arguments sagement mémorisés dans leur essai de fin d’année).

Des ados qui vous apportent le déjeuner au lit le jour de votre fête, et deux-trois autres jours dans l’année. Parfois même avec un poème gribouillé sur une serviette en papier. Des ados qui boudent parfois comme des ados, mais qui viennent s’excuser sans que vous ayez à le leur demander.

Des ados qui téléphonent à leurs grands-parents « juste parce que ». Qui rêvent de leur premier appartement, de leurs premiers partys pas de parents… mais qui déposent leur tête sur votre épaule pendant le film du vendredi.

Ai-je l’air de me vanter si je vous dis que ces ados dont je parle sont très fortement inspirés de mes deux grandes chouettes? Elles ne sont pas parfaites et je les trouverais plates si elles l’étaient (ça me ferait faire des complexes!), mais mausus que je ne les remplacerais pour rien au monde!

 Nathalie Courcy

 

Femme en devenir

Belle adolescente, femme en devenir…

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Belle adolescente, femme en devenir…

Ces derniers temps, plusieurs discussions concernant les réseaux sociaux m’ont interpellée. On parle entre autres de l’impact qu’ils ont sur les adolescents et ce débat‑là, chaque fois, me ramène à toi.

Tu es née fille, femme en devenir. Tu ne le sais peut-être pas encore, mais tu vas marcher dans les traces de grandes dames, des femmes qui ont changé à jamais notre histoire. Le chemin parcouru est immense, et pourtant, nous sommes loin d’être à destination.

Ce qui me préoccupe, ce sont les conditions dans lesquelles tu vas devenir femme. Les réseaux sociaux font maintenant partie intégrante de notre quotidien, c’est un fait. Bien que les médias sociaux soient distrayants, les études et les statistiques commencent à parler et le portrait n’est pas joli. Pour avoir marché dans tes traces, je sais que l’adolescence est une période difficile et complexe, alors je m’inquiète réellement pour toi.

Comme j’aimerais te rassurer et te dire qu’on passe toutes par là, qu’on s’en sort toutes indemnes, mais ce n’est pas le cas. C’est malheureusement une roue qui tourne puisque beaucoup d’entre nous sont tombées à un moment ou l’autre de notre adolescence. La pression sur les femmes a toujours été grande à différents niveaux. Semblerait que les réseaux sociaux sont rendus un fardeau silencieux sur tes épaules et que les troubles alimentaires, la dépression, l’anxiété, les problèmes d’estime et une liste infiniment plus longue en sont quelques impacts. Comme je suis l’une des tiennes, j’ai envie de te dire…

Nous sommes toutes différentes et cela va de même pour nos besoins et nos valeurs. Tu vas te remettre en doute, te questionner, te laisser influencer au cours de ta vie d’adolescente et c’est normal. Cela dit, souviens‑toi toujours que la route qu’emprunte ta consœur n’est pas nécessairement tienne. Il pourrait t’arriver de dévier de ton chemin pour suivre celui d’une autre. Même s’il te semble plus intéressant pendant un moment, être à côté de ton chemin, sans te soucier de ton confort, pourrait t’user et te blesser.

Il n’y a pas qu’un modèle à idéaliser, même si on peut croire le contraire. Les réseaux sociaux mettent de l’avant quelques modèles de femmes plus populaires. Ne fais juste pas l’erreur de croire que ça se limite à ça. Tu n’es pas obligée de devenir l’une d’elles pour être inspirante, sauf si tel est ton désir. Inspire et va toucher les gens de la seule façon qui compte : la tienne. Du fond du cœur, je te souhaite de toujours avoir conscience de ta beauté, de ta valeur et de l’importance que tu as.

Le monde virtuel, c’est bien souvent de la poudre aux yeux et il faut s’en méfier. Toi, tu es bien réelle et tu dois t’écouter. Le nombre de likes ne détermine pas combien tu es jolie ou intéressante, et le nombre de followers ne détermine pas ton importance ni les gens qui t’aiment vraiment.

Alors s’il te plaît, ne laisse pas ce monde t’enlever ton étincelle.

Marilyne Lepage

 

Montagnes russes matinales

Je sais, je suis au courant, avoir un toit sur la tête et des paren

Je sais, je suis au courant, avoir un toit sur la tête et des parents aimants, c’est la base pour les enfants. C’est leur sécurité, leur petit monde. C’est rassurant et ils peuvent être eux-mêmes en tout temps. Énergiques, anxieux, tristes et en colère. Drôles, turbulents, colleux ou distants. Oui, je sais tout ça.

Mais à un certain âge, c’est comme si le cerveau de nos ados pouvait changer d’émotion en quelques minutes. Je vous le jure que c’est possible. Au début, ça m’a prise par surprise! Une blague, une niaiserie ou un délire qui était super drôle la veille était devenu TELLEMENT niaiseux le lendemain… Pouvez-vous m’expliquer ce qui s’est passé entre hier et aujourd’hui? Mes niaiseries ont perdu de la valeur en une nuit?

Alors ce matin, l’impolitesse et l’air bête de ma grande étaient au rendez-vous. Habituée à ces montagnes russes matinales, je gardais mon calme et je gérais la routine du matin comme une Ninja, en esquivant les yeux dans les airs, les soupirs, les remarques plates et le chialage entre sœurs à grands coups de grandes respirations.

Nous voilà dans la voiture, en route pour l’école, et j’ai joué le tout pour le tout. J’ai essayé de lui parler, de lui expliquer ou plutôt, de lui faire prendre conscience de son air matinal vraiment pas agréable.

« J’espère que tu n’auras pas cet air‑là avec tes amies! Pauvres eux! »

« Ben là, franchement, j’ai pas cet air‑là avec mes amies… »

C’est à ce moment que j’ai compris que j’étais la chanceuse, la privilégiée, qui avait droit à son air bête de temps en temps. Et c’est aussi ce matin‑là que j’ai réalisé que nos enfants se donnent le droit de vivre leurs émotions à la maison avec ceux en qui ils ont confiance.

Nos enfants se sentent en sécurité et ils savent qu’ils peuvent être de mauvaise humeur de temps en temps sans se faire rejeter. Bon, c’est certain qu’une petite discussion occasionnelle sur le fait que je suis quand même sa mère et qu’un sourire, ça fait du bien, va s’imposer. Mais au moins, je sais maintenant que mes enfants sont à l’aise d’avoir l’air bête.

Valérie Grenier

 

Mon ado dans l’accélérateur de particules

J’ai le goût de t’appeler « mon bébé », mais je dois ma

J’ai le goût de t’appeler « mon bébé », mais je dois maintenant t’appeler « ma grande fille »… même si, par veto, je conserve le droit de t’appeler « mon bébé », tant que ce n’est pas devant tes amis. Après tout, ça ne fait pas siiiiiiiii longtemps que tu es sorti de ma bedaine!

Bien sûr, dans les dernières années, ton corps s’est transformé. Dans le temps, on se faisait expliquer que le corps se préparait à enfanter… Ne prends pas ça pour une mission urgente! La grossesse peut attendre plusieurs années, tu sais! (Ben oui, je le sais que tu le sais! Tu sais toute la théorie, tu sais comment te protéger, tu sais même que tu ne veux pas être enceinte aujourd’hui ou plus tard, que tu adopteras… mais j’espère que tu sais aussi que la pensée magique n’est pas suffisante pour éviter la grande rencontre utérine ou l’ITS…)

Le chemin que ton corps a pris des années à faire, ta tête le fait en quelques semaines. Comme si les hormones venaient de s’emboîter dans un bloc Lego à grands coups de maillet. Cloc! Nouveau (premier) chum, le printemps qui invite les jupettes, « maman, j’aurais besoin d’un nouveau maillot de bain… je peux choisir un bikini? ». Tu t’ouvres au monde social, tu cherches un emploi à temps partiel, tu donnes des rendez-vous à des amis à l’heure des activités en famille. Ton passage à l’adolescence vient de passer dans un accélérateur de particules et je te le dis, c’est un peu étourdissant pour ta maman (et en même temps, ça me rappelle plein de souvenirs! Les mamans aussi ont été ado avant d’être des mamans!).

J’aimerais ça, moi, pouvoir te garder un peu plus longtemps tout près, mais j’ai tellement espéré que tu serais prête un jour à couper le cordon! Et voici que je dois me rendre compte que tu as trouvé une méchante grosse paire de ciseaux pour faire la coupure! Ta pile de toutous envahit encore ton lit, mais je sais que tantôt, tu les tasseras pour découvrir des plaisirs qui t’étaient inconnus. Tu me donnes encore des méga colleux, mais maintenant, je ne suis plus la seule à en recevoir. Et c’est très sain, tant que tu prends ton temps.

C’est ça, être maman : on joue souvent à l’équilibriste sur son fil, à mi-chemin entre notre rôle maternel et votre autonomie.

Je te regarde aller et je suis fière de toi. Je vois tes valeurs, je vois notre communication, je vois la confiance que tu as en moi et que j’ai en toi, et je suis fière. Mais s’il te plaît, donne-toi quand même la chance de freiner à l’occasion pour que tu redeviennes ma petite fille encore un peu.

Eva Staire

Je ne survivrai pas à votre adolescence

Un soir, je me suis assise en silence à table pour le souper.

Un soir, je me suis assise en silence à table pour le souper.

Je les ai regardés. Un par un.

Et j’ai seulement prononcé ces mots :

– Je ne survivrai pas à votre adolescence…

La tête dans mes mains, je n’avais alors même plus de questions, plus d’espoir. Je ne peux pas. C’était trop pour un cœur de parent. Je démissionne. Je n’y arrive plus.

Le découragement, la fatigue, le stress de ce quotidien si pesant… Je suis rentrée dans le mur de l’adolescence et je me suis effondrée.

Cette période est terriblement difficile pour les enfants, je le sais bien… mais parle‑t‑on de la détresse des parents?

Je me sens inutile, dépassée, incompétente, chiante… j’ai l’impression d’être une police en permanence.

J’essaie de lâcher prise, mais chaque semaine, un de mes enfants invente une nouvelle bêtise, un nouvel échec scolaire, un nouveau problème de santé, une nouvelle peine d’amour, un nouveau party, une nouvelle consommation, un nouveau manque de respect, de nouveaux cris… Le tourbillon d’émotions ne s’arrête jamais…

Je ne pensais pas que ce serait aussi dur. Je ne pensais pas que mon cœur tremblerait autant. Mais surtout, je ne pensais pas qu’un jour, ceux que j’aime le plus sur cette planète allaient me faire mal comme ça…

Je ne sais pas comment je vais survivre à votre adolescence…

 

Gwendoline Duchaine