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Il s’appelait Atagne

Il est apparu dans notre vie comme une brise de printemps. Apportant

Il est apparu dans notre vie comme une brise de printemps. Apportant avec lui un air pur et frais. Sa présence à nos côtés rendait l’atmosphère tantôt calme, tantôt inquiétante.

Nous l’avons laissé jouer avec notre petite de quatre ans. Leurs jeux étaient remplis de grande complicité. Jamais je n’avais vu ma fille rire à gorge aussi déployée. Les histoires qu’ils se racontaient ! Puis, petit à petit, il s’est immiscé dans notre vie. Notre quotidien. Ma fille a même pleuré pour qu’il passe la nuit à la maison. C’est à ce moment-là que l’on s’est inquiété de leur étroite relation.

Il devait avoir son âge. Je crois. Je croyais.

Comment savoir. Je ne l’avais jamais vu.

Atagne, c’était son nom. Il était apparu dans nos vies peu après la naissance de ma dernière, Emmanuelle. La plus grande de la famille, Julia, était alors en première année du primaire. Lauriane s’est alors faite toute petite entre l’absence de Julia et la présence trop exigeante d’Emmanuelle. Elle s’est alors invité un ami. Inventé serait plus juste. Atagne est apparu.

Au tout début, il n’était présent que lorsque je donnais le lait à Emmanuelle. Lorsque je changeais la couche. Puis, peu à peu, Emmanuelle a exigé ma présence à ses côtés. Une enfant qui faisait du reflux de deux heures de l’après-midi jusqu’aux petites heures du matin. J’étais constamment auprès de celle qui en avait le plus besoin. J’avais retiré Lauriane du service de garde lorsque j’étais devenue enceinte (ben oui, je n’avais pas imaginé qu’une grossesse pouvait différer d’une autre). Je l’ai donc soumise à une attente interminable. Aux deux petites minutes qui se transformaient en demi-heures. Puis en heures

Je la trouvais débrouillarde de s’inventer autant de jeux du haut de ses quatre ans. Et très honnêtement, cela me soulageait. Jusqu’au jour où son besoin d’attention lui a fait faire des petits trucs qui n’étaient jamais de sa faute. Elle a commencé à jeter le blâme sur son nouveau copain de jeu. Difficile de le sermonner. Je savais qu’elle ne voulait pas mentir, mais c’était plus fort que moi. Je lui disais que ce n’était pas vrai ! Qu’il n’existait pas. Elle a dû réparer les bêtises de son confrère de jeu.

Plus le temps avançait, plus Atagne devenait trop présent. L’imaginaire de ma fille se confondait avec la réalité. Elle faisait des crises pour qu’il embarque dans son siège de voiture, pour que je lui fasse une place à la table. Nous avons déjà fait une marche dans le quartier avec Atagne dans la poussette et Lauriane qui marchait à côté de mon conjoint. La honte pour ce dernier. Pousser Atagne pour faire plaisir à sa fille. Une poussette vide, mais remplie de l’imaginaire d’une enfant de quatre ans.

J’avais laissé entrer cet individu chez nous, mais voilà qu’il ne pouvait plus partir. Ma fille l’en empêchait. Elle le retenait captif dans sa réalité, son imaginaire.

Elle était imaginative, créative. Mais je la sentais seule. Je me suis documentée, car il m’importait de la remettre en relation avec nous. L’inconnu m’effrayait.

Et c’est alors que j’ai compris que cet ami l’aidait à apprivoiser ces moments où elle était seule. Comme elle n’avait pas beaucoup d’amis au courant de sa journée, il lui a permis de connaître ce que c’était que de vivre avec les autres. Je l’ai observée, je les ai observés. Ils ont appris ensemble les bases des relations sociales. Cela n’a affecté en rien ses relations avec ses pairs une fois rendue à l’école. J’avais si peur qu’elle se referme sur elle‑même. Non, au contraire, elle était ouverte aux autres.

Cet ami lui a permis de mieux comprendre la nouvelle situation qui s’était présentée à elle. C’était la première fois qu’elle était grande sœur. C’était la première fois que maman était moins présente auprès d’elle.

Puis, j’ai laissé Atagne être là. Cela m’a permis de découvrir tellement sur ma fille. Atagne était en quelque sorte les goûts, les intérêts de Lauriane. Il était aussi ses émotions. J’ai tellement appris sur elle. Dans le quotidien d’Atagne, je découvrais ma fille.

J’ai finalement accepté cet ami, sans toutefois lui accorder la même importance que Lauriane. Je l’ai considéré comme un allié dans cette transition. Notre routine s’est établie petit à petit avec notre nouvelle famille et Atagne s’est dissipé dans les besoins de Lauriane. Il nous a quittés, peu avant son entrée à la maternelle. Aussi subtilement qu’il était entré dans nos vies.

Plusieurs années plus tard, nous avons évoqué le prénom d’Atagne lors d’un souper. Lauriane l’avait oublié. Mais pas à 100 %. Elle nous a regardés avec un air ébahi, sans trop comprendre ce que ce prénom lui faisait vivre dans son for intérieur. Nous lui avons alors raconté leur histoire. Nous avons ri. J’ai, comme toujours, versé deux ou trois larmes de nostalgie.

Atagne nous a quittés, mais jamais définitivement. L’imaginaire n’a pas de fin. Ni dans l’espace ni dans le temps.

Soyez rassurés. Les amis imaginaires sont positifs. Des petites bêtes qu’il nous faut toutefois apprivoiser.

P.S. J’ai eu le loisir de rencontrer Atagne un jour. Nous étions en visite chez mes parents. Lauriane m’a crié de venir la rejoindre. Atagne était à la télévision. Elle me l’avait toujours décrit avec des cheveux mi-longs, bruns. J’ai accouru devant le téléviseur. Une bataille à l’écran. C’était le film Le dernier des Samouraïs. Puis, au milieu de la cohue, Atagne. Il était là. Campé dans le personnage de Tom Cruise. Ma fille aura le don de choisir ses partenaires de jeu.

Mylène Groleau

Et si on se disait qu’on s’aime tout simplement?

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J’en entends déjà plusieurs soupirer à l’approche de cette fête commerciale, comme plusieurs l’appellent. Plusieurs la fuient alors que plusieurs affectionnent particulièrement cette journée.

 

Bien entendu, chaque jour devrait en être un où nous disons aux gens qui nous entourent que nous les aimons. L’amour n’a pas de date, d’heure ou d’endroit précis. J’en conviens.

 

Sur les étalages des différents magasins, nous sommes submergés par la panoplie d’articles roses et rouges. Que ce soit du chocolat, des fleurs, des toutous, toute cette exposition peut donner certaines nausées. Encore une fête futile où dépenser de l’argent durement gagné. Mais ce fameux 14 février est-il vraiment nécessaire?

 

Dépenser outre mesure en se sentant obliger d’acheter un cadeau à notre tendre moitié, à nos enfants ou à nos parents, est selon moi du superflu. Cependant, j’affectionne cette fête, car elle nous permet de nous arrêter, de profiter du moment présent avec ceux que nous aimons. Si ce fameux 14 février n’existait pas, aurions-nous ce réflexe de célébrer l’amour? Vous me direz que oui, un couple se doit de prendre du temps pour lui, rien que pour lui, et ce, plus d’une fois par année. Je vous l’accorde. Si vous êtes ce couple, cette famille, qui sait prévoir à l’horaire ces soirées, tant mieux. Cependant, le manque de temps semble un fardeau cruel à porter pour plusieurs petites et grandes familles. Dans le chaos quotidien, nous prenons moins le temps de nous arrêter, de faire de petites attentions. La Saint-Valentin nous ramène à l’essentiel. L’amour. Juste l’amour. Sans superflu.

 

Un souper aux chandelles, en amoureux, en famille, entre ami(e)s ou encore seul(e), sans pression. Dire « Je t’aime » plus souvent que je ne le ferais habituellement dans une journée dite normale. Fabriquer de petits jeux maison sous la thématique de l’amour et des cœurs avec les enfants. Nul besoin de consommer du chocolat à en avoir la nausée ou de se sentir dans l’obligation d’offrir une douzaine de roses à sa tendre moitié.

 

Si on s’aimait? Si on faisait juste ça? S’arrêter. Profiter. Apprécier. S’aimer.

S’aimer pour ce qu’on est vraiment. Pas pour du matériel. Juste du vrai. Juste du beau.

 

Maggy Dupuis

Maman-référence

Quels sont les essentiels à avoir pour un bébé? Qu’est-ce qu’

Quels sont les essentiels à avoir pour un bébé? Qu’est-ce qu’on souhaite à une femme enceinte? Pour ma part, je lui souhaite une maman-référence!

Qu’est-ce que c’est? C’est simplement cette amie précieuse vers qui vous n’hésitez jamais à vous tourner pour toutes questions ou émotions en lien avec la maternité. Nos amis proches ne sont pas nécessairement nos modèles en termes de parentalité. Ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas bons ou que vous les trouvez inadéquats. C’est juste qu’il y a tellement de façons de faire différentes, de philosophies, de modes, que vous ne vous reconnaîtrez peut-être pas en eux. Il y a aussi l’accueil que vous recevez quand vous posez des questions ou témoignez de vos angoisses. Si vous vous sentez jugées ou avez l’impression qu’on vous impose une façon de faire, ça peut refroidir.

Je suis chanceuse, je suis entourée de mères formidables et je suis choyée de pouvoir me confier à plusieurs d’entre elles sans ressentir aucun jugement. Pourtant, le choix de ma maman-référence s’est fait naturellement, sans que j’aie l’impression de faire un choix. Ce n’était pas l’amie la plus proche, mais je me suis reconnue en elle et j’ai pu observer des valeurs et des comportements que j’avais envie d’avoir comme modèles. Ça s’est fait doucement pendant ma première grossesse; une question par‑ci, une autre par‑là. Bien que je sois du genre à raconter la même histoire ou à demander le même conseil à plus d’une personne, je me suis rapidement rendu compte que peu importe la situation, cette amie faisait systématiquement partie de celles vers qui je me tournais. J’étais toujours reçue sans jugement et cette ouverture ne m’était pas uniquement réservée. Elle ne juge pas les autres parents, point. Je trouve qu’elle fait des choix équilibrés et je suis souvent secrètement impressionnée.

Et, un après-midi, je me retrouve dans ma salle de bain, enceinte depuis peu, à paniquer devant les saignements que je constate avec effarement. Je n’ose pas sortir, chéri-mari et fiston sont avec la visite. Je lui envoie un texto, sans réfléchir, sans me demander si je la dérangerai dans la folie de la fin de semaine avec les enfants parce que je sais qu’elle sera là et qu’elle saura me rassurer et me guider.

Je sais qu’aucune de mes questions n’est ridicule, qu’aucune de mes inquiétudes n’est illégitime.

La maternité, la parentalité, vient avec un lot immense de questionnements et de doutes. Personne n’y échappe. D’avoir cette personne qui sert de modèle sans le vouloir et sans l’imposer, vers qui vous pouvez toujours vous tourner, ça n’a pas de prix.

Alors, c’est ce que je souhaite à toutes les futures mamans : une maman-référence, cette personne qui vous apaisera et vous guidera. J’espère également faire tourner la roue, donner au suivant en devenant un jour cette maman-référence. Pas que je prétende être si exceptionnelle, plutôt parce que je l’apprécie tellement, qu’il me semble naturel de pouvoir donner à mon tour.

Jessica Archambault

Quand le temps qui passe n’a rien effacé…

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On grandit, on quitte la maison. On étudie, on travaille. On fait de nouvelles rencontres.

 

En grandissant, je peux même dire « en vieillissant » 😉, les amitiés qu’on découvre et surtout celles qu’on choisit de cultiver ont quelque chose de spécial. 

 

D’abord, elles se font plus rares. L’amour, la vie de famille et la carrière laissent peu de place à l’amitié. C’est sans doute ce qui explique que les moments passés entre amis deviennent si précieux. 

 

Il y a quelques jours, j’ai revu une amie. Cela faisait huit ans que nous nous étions parlé, mis à part sur les réseaux sociaux. 

 

La beauté d’une amitié réelle, c’est qu’on reprend là où on s’est laissés, sans malaise, tout naturellement.

 

On ne perd pas de temps! Les silences n’existent pas et on saute du coq à l’âne, soucieux de profiter pleinement de ces quelques heures qui nous sont prêtées…

 

Lorsque je rentre à la maison, après ces rencontres, j’ai toujours le cœur rempli de joie et la tête pleine de souvenirs d’une autre vie. Oui, parfois, le temps a passé si vite que je peine à me rappeler que certains souvenirs évoqués sont aussi les miens. 😊

 

La vie, c’est ça. Elle ne serait rien sans les rencontres qu’on fait. Nous ne serions pas les mêmes sans les êtres qu’on côtoie, qui nous façonnent et nous inspirent.

 

Dans ces moments‑là, je me rappelle à quel point c’est beau un humain, parfois.

 

  

Karine Lamarche

 

 

… et la jalousie ?

Suite à certaines discussions sur le sujet, je me suis questionnée

Suite à certaines discussions sur le sujet, je me suis questionnée. Mais je n’arrive pas à trouver les réponses à toutes mes questions. Un sujet qui peut faire tant de mal. Autant à soi qu’à l’autre. Un sentiment qui peut paraître cute, mais qui peut être si perturbant, voire destructeur.

La jalousie.

J’ai eu dans ma vie des gens jaloux, en amour et en amitié. Des possessifs aussi. Je me questionne. En amour, ressentir une certaine jalousie est en quelque sorte « normal » tant que cela ne soit pas réducteur ou envahissant. Se questionner le temps de quelques secondes, voire quelques minutes devant une personne qui tourne dans le cercle de sa moitié, peut, je crois, être normal et un signe d’attachement.

À quel moment la jalousie devient‑elle destructive ?

Je ne parle pas ici des actions reliées à la jalousie, que ce soit les crises, les silences, les accusations, les colères, même pour certains la violence physique ou verbale. Je me questionne sur le sentiment.

Car agir et ressentir sont deux choses totalement différentes. Nous pouvons contrôler ce que l’ont fait, mais pas ce que l’on ressent. Nest-ce pas?

Oh, bien sûr, nous pouvons presque aisément faire « comme si » nous n’avions aucune jalousie. Mais, elle est là, sournoisement ! Comment ne plus « ressentir » ? Certains diraient : « Apprends à la contrôler ! » Encore là, les gestes, les paroles, les actions… on peut tout contrôler ça… mais ce qui ne se contrôle pas ? Là, en dedans, dans les tripes. Ces voix de diables qui nous empoisonnent, qui nous déraisonnent et surtout qui assomment.

Quand la confiance en l’autre est présente, mais que les craintes restent.

Quand le manque de confiance en soi remonte et augmente cette détresse.

Quand les trahisons passées empoisonnent comme un glas qui sonne.

Quand, même si on se rassure soi-même, les tempes raisonnent.

Je crois qu’une piste m’a été donnée : parler et être écouté. Avoir la possibilité de dire à l’autre notre ressenti. Sans être jugé, sans être critiqué. Que l’autre ait la présence et la patience de nous rassurer calmement. Je crois qu’en général, une personne jalouse a été, tôt ou tard, trahie. Bien entendu, je généralise dans cette affirmation, il existe bel et bien des jalousies sans « antécédents ».

Dans mon passé amoureux, j’ai été trahie, j’ai perdu confiance en l’autre, en moi. Peu importent les raisons de ces trahisons, je les ai vécues et ressenties. J’en ai souffert.

L’autocritique peut être difficile à gérer, se sentir bien, réellement, ne dure pas toujours plus qu’un temps.

Revoir dans les yeux de l’autre sexe de l’approbation est flatteur, mais nous peinons bien longtemps avant d’y croire réellement. Le jour que cela arrive, je crois que nous voulons y croire, et parfois nous finissons par le faire, mais reste la peur. La crainte que ce ne soit pas suffisant, que ce ne soit pas pleinement ce que l’autre attend. Alors arrive avec cette inquiétude l’effroi de perdre au profit d’une autre personne celle pour laquelle notre cœur s’émeut.

Puis un regard, quelques paroles, un échange même banal peuvent réveiller cette jalousie une première fois. Suivis de bien d’autres, et ce malgré nous. Comment arrêter cette dérape émotivement bouleversante et surtout bien apeurante lorsque ça arrive sans prévenir, sans qu’on l’ait jamais auparavant ressentie ?

Parler. C’est bien. Patienter l’est aussi. Mais existe‑t‑il quelques outils pour colmater l’hémorragie avant qu’elle ne prenne une place destructive ? Avant qu’elle ne devienne maladive ? Je ne crois pas être de celles qui sont possessives et jalouses. Mais sommes‑nous à l’abri de cet ennui ? Comment faire comprendre à notre cerveau que la crainte est de trop ? Qu’il doit arrêter de se questionner, de cette relation et de cette vie, simplement profiter ?

Racontez-moi votre cheminement, partagez-moi vos sentiments… ne les gardez pas pour vous… jalousement.

Simplement, Ghislaine.

L’appel de l’amitié

Elle est rendue à la maison spécialisée de soins palliatifs, la f

Elle est rendue à la maison spécialisée de soins palliatifs, la fin est proche…

Son état se dégrade rapidement. Elle est chanceuse, elle pourra mourir ailleurs que dans un milieu inhospitalier. Je ne jette pas de pierres. Juste que nos impôts sont mal gérés. On semble favoriser l’évasion fiscale, plutôt que soigner adéquatement nos malades. Pensez à ça, avec votre abonnement télé et en utilisant votre taxi illégal. Ces deux entreprises californiennes bien connues.

Puis, cet appel…

Au beau milieu de la nuit. Vers 3 h. « Monsieur, si vous voulez être avec elle pour une dernière fois, il faudrait venir rapidement! » Avec ma belle‑mère, je partageais son chevet. Les jours, pour moi. Les soirs et les nuits, pour elle. À cette loterie, c’est tombé la nuit. Je dois réagir. C’est une route de près de 30 minutes. Les enfants dorment profondément.

Qui vais-je appeler?

Il est le parrain de mon aînée. Je le connais depuis plus de 30 ans. Par la balle‑bière. J’ai aussi voyagé avec lui, jadis. Une « cabana » partagée à quatre boys. Un endroit qui nous a vite fait comprendre pourquoi il y avait un filet, au-dessus de nos lits. Aussi, plusieurs fins de semaine de sports d’hiver. Des chalets loués entre amis. Avant les enfants. Certains couples qui ont varié, sauf le sien. Les soupers. Le traditionnel mini-tournoi de tennis annuel. Où il est normalement couronné. Bien des anecdotes. Bien des moments joyeux. Malgré toutes les failles de mon caractère.

Surtout, dans ma garde rapprochée d’êtres précieux, il est celui que je considère mon meilleur ami. Une personne d’exception. Même si la vie familiale fait en sorte que nous nous voyons rarement. Je sais qu’il sera touché. Ému. De lire ceci. Sans doute davantage que je ne le suis, à vous le raconter.

Je signale… Ça sonne…

Il répond! Je lui explique en peu de mots… « Ok, amène les enfants! » Je les réveille. Ils ont sept et dix ans. Je dois penser. À tout, trop vite. Ils ont de l’école demain. Ma grande doit prendre un médicament au déjeuner. J’angoisse pour celle que j’aime. Nous arrivons chez eux. J’ajoute ici sa conjointe. Elle est aussi mon amie. Ils sont là, tous les deux. Il a le sourire dans les yeux et dans la voix. Exactement l’accueil qui était nécessaire, pour deux petites bêtes effarouchées. Moi, j’aurais fait de même; mais jamais avec cette attitude.

J’arrive en temps à mon rendez-vous avec la mort. Avant son père. Qui, lui, n’avait rien à gérer. Je saurai même, plus tard, qu’ils m’ont chronométré. Le mot amour, il a une tout autre signification, quand vous arrivez trois heures plus tard… Une tache permanente à votre dossier. Je suis alors félicité. Ils savaient que je devais m’occuper des enfants. Ils veulent savoir comment j’ai réussi. Pour pouvoir partager avec d’autres. Je leur dévoile mon secret : « Un appel, un seul! »

J’étais à ses côtés. Pour un épisode que je ne souhaite à personne. Qu’il ne faut voir qu’au cinéma, dans un film d’horreur. Comme un combat intérieur. Heureusement, ils ont réussi à stabiliser son état. Elle est morte le lendemain, vers 22 h 15. J’étais prêt. Ma mère gardait. J’étais encore là. Elle est morte paisiblement.

L’amitié, comme l’amour, ce sont des mots. Ils ne prendront leur véritable sens que dans des moments précis. Figés dans le temps. À jamais.

Merci, mon ami…

michel

À toi, ma Frisky.

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Du plus loin que je me souvienne, tu fais partie de mon passé.

Nos grands frères allaient à la même école secondaire et ont le même âge. On allait les reconduire au terminus avec les larmes aux yeux.

Puis nous aussi, on a le même âge.

Dans une école où il n’y avait que trois classes par niveau scolaire, on avait de fortes chances de se retrouver dans les mêmes classes.

Un jour, le prof t’a assise en arrière de moi.

Ces éléments ont dû y être pour quelque chose dans mon attachement pour toi.

On se voyait le weekend, on passait des heures à parler de tout et de n’importe quoi au téléphone.

Tu m’apprenais à taper rapidement sur le clavier, je me souviens même de la police que tu employais toujours, elle est maintenant aussi la mienne.

Tu as toujours été plus jolie que moi.

J’étais si fière de me promener à tes côtés, je me disais : « Moi, je suis SON amie! » J’étais sans doute la petite grosse laide à côté du pétard, un peu comme ton faire-valoir.

Tu attirais tous les gars, en particulier ceux qui retenaient mon attention. Mais bonne amie comme tu es, tu les as toujours repoussés.

Je suis déménagée à Montréal, mais notre amitié a continué.

On continuait à se parler au téléphone.

J’avais l’impression d’avoir laissé une partie de ma vie dans mon petit patelin.

Le temps a passé, nos discussions se sont espacées, mais dans mon cœur, ma meilleure amie était encore là.

À la veille de mes vingt ans, on a repris contact. Puis tu as, une fois de plus, été témoin du plus grand deuil de ma vie. Celui de ma fille.

Tu es venue aux obsèques pour m’offrir tes bras pour me réconforter.

Quelques mois plus tard, la cigogne avait cogné à ma porte de nouveau. Je faisais attention à cette petite vie plus qu’à la mienne.

Puis Lily-Rose est venue ensoleiller ma vie.

À son baptême, tu nous as offert, à elle et moi, une carte que je garde encore précieusement. Tu lui écrivais son histoire, un peu celle de sa sœur partie au ciel.
Dans mes pires moments, je la lis encore aujourd’hui et je pleure comme un bébé.

Tu as aussi offert de petits jouets à ma fille, jouets que je garde précieusement.

Quelques années ont passé, Olivia est apparue dans mon bedon.

Tu étais toujours proche de nous, sans l’être trop.

J’avais même, avant sa naissance, décidé que tu serais la marraine idéale pour ma petite dernière.

Tu me connaissais mieux que bien des gens de mon entourage, et je savais que s’il m’arrivait quelque chose, tu serais toujours là pour bien t’occuper d’elle et lui parler de moi.

Puis la bombe est tombée.

Quelqu’un avait fait mal à ma petite prématurée. Dix fractures avaient été infligées à un si petit bébé.

Tu as été une des seules personnes qui me croyait innocente. Tu savais qu’en moi, aucune malice ne se trouvait, en particulier envers mon bébé. Je n’aurais jamais pu m’en prendre à ma propre chair.

Lorsqu’on a trouvé le coupable, tu m’as encore épaulée.

Tu étais là pour me soutenir, pour me souhaiter bonne chance lors de mes passages en cour.

Je savais que si j’avais de la peine, tu en avais aussi.

J’ai vécu une dégringolade inimaginable.

Cette fois, tu t’es reculée, et tu m’as dit que ça en était trop pour tes fortes épaules.

Je me disais qu’en reprenant ma vie en main, j’aurais une chance de regagner ton amitié.

Malheureusement, plus de dix ans plus tard, j’attends encore.

Je passe régulièrement près de ton travail et j’ai le cœur en miettes, malgré toutes ces années.

Je t’envoie parfois des demandes d’amitié par les réseaux sociaux, et je les retire puisque j’ai peur de la réponse que tu pourrais m’écrire.

J’ai vieilli, mais mon cœur souffre toujours autant de ton absence.

Je souhaite à mes filles de trouver leur Frisky à elles. Mais je leur souhaite que contrairement à moi, elles fassent attention de chérir cette amitié aussi précieuse qu’un diamant, car une amie comme toi, ça n’a pas de prix.   

 

 

Johannie Bousquet

La première meilleure amie

Depuis septembre, ma fille fréquente une nouvelle garderie en milie

Depuis septembre, ma fille fréquente une nouvelle garderie en milieu familial près de chez nous. Le rêve! L’éducatrice est excellente et les ami(e)s sont adorables. Elle s’est intégrée sans aucun problème et elle a même développé une belle amitié avec une petite fille. Elle ne parle que d’elle, sa première vraie meilleure amie. Mon conjoint et moi étions émus de constater que notre fille devenait de plus en plus sociable et amicale avec les autres.

Nous ne pensions pas qu’elle aurait eu une aussi belle relation avec un autre enfant à deux ans. Elles se complètent sur tous les points, sauf les mensonges. Ma fille ment, elle est dans cette phase. Mais la petite fille, elle, est une menteuse de second niveau. C’est celle qui amène un ami où il n’a pas le droit pour ensuite crier à l’éducatrice qu’il est allé dans l’interdit par lui-même. C’est celle qui manipule les enfants à coups de mensonges pour avoir ce qu’elle veut et qui rejette ses fautes sur ses amis imaginaires ou sur l’objet le plus près d’elle. Celle qui te fait rouler des yeux chaque fois qu’elle te raconte une « vraie » histoire. Vous voyez le genre?

Mon enfant trouvait sûrement son amie ingénieuse et commence de plus en plus à mentir pour absolument rien. C’est à ce moment que j’ai compris que sa première meilleure amie était aussi pour moi la première amie qui ne me plaisait pas. Pour une fois, je comprenais mes parents qui n’appréciaient pas toujours mes choix d’amis et qui se croisaient les doigts pour que ce soit seulement une passe. Je suis rendue à ce moment : celui de comprendre mes parents et leur désaccord avec certains de mes choix. J’espère que ce sera juste une passe…

Valérie Legault

 

Quand tout s’écroule

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Quand tout s’écroule autour de soi et en soi, ça fait du bien de retrouver ses racines. 

 

Au milieu d’une tempête de vie, j’ai voulu éviter de me retrouver aveuglée par le stress et le sentiment d’échec. J’ai voulu m’éloigner des autres pour me rapprocher de moi. Je suis partie chez ma maman avec ma fille aînée pour une fin de semaine. Et j’ai profité de la vie.

D’abord, on s’entend qu’être accueillie par ma maman et une assiette de bons fromages à 1 heure du matin, c’est cool. J’étais arrêtée en chemin voir la pièce de théâtre écrite par une amie. J’aime le théâtre. Ma fille aime le théâtre. Moment de complicité.

Le samedi, on a pris du temps pour jaser. Pour être. Pour peindre à l’aquarelle. Pour rire.

J’avais rendez-vous avec une amie du secondaire, une vieille chum avec qui j’ai fait mes années de cadets. Pauvre elle, j’ai changé d’idée dix fois sur l’heure et le lieu de la rencontre. Et chaque fois, elle a dit : « Ok, pas de trouble! C’est comme tu veux, je m’adapte! » Une flexibilité précieuse, surtout quand on est soi-même empêtré dans ses propres dédales émotifs.

On a ri, on a placoté, on s’est racontées, on a reconnecté. Comme si on s’était vues la veille ou l’an dernier. J’en aurais pris plus longtemps, mais un bon moment donné, il faut quitter…

Je me suis dit qu’un samedi soir sans enfants, il fallait bien que j’en profite, ça n’arrive tellement pas souvent! J’ai texté un ami de mes années de jeune adulte, une âme sœur qui me surprend parfois par un « Je suis devant le parlement d’Ottawa, on va-tu prendre une bière? »

          Salut! Je suis dans le coin, tu feeles pour un drink?

          Yup! T’es où? Je m’en viens!

Simple comme ça. Pas de chichi. Pas de « j’suis pas sûr, y’é tard, ma blonde veut pas ». Juste un « GO! »

On a passé… quoi… quatre heures dans un bar. Une coupe de cidre plus tard (pas trop soulonne, la fille!) et bien des confidences, on s’est dit à la prochaine, sans savoir quand serait cette prochaine fois. Un jour, je recevrai un texto surprise et ce sera mon tour de dire : « Yup! »

Sur le chemin du retour vers la maison maternelle, au milieu de la nuit, je retraversais le village de mon enfance : Saint-Grégoire-le-Grand. Ça, c’est dans la ville de Bécancour depuis les fusions. Les rues étroites, les commerces locaux, la maison de poupées blanche et verte qui m’a vue grandir jusqu’à l’âge de huit ans, puis la maison des années 90 dans laquelle on est déménagés après le décès de mon père. Les maisons de mes amis (probablement tous déménagés), l’école primaire, le trajet d’autobus scolaire, le pignon d’église, le cimetière où mon père habite, la salle de mes premiers partys… Un vrai retour aux sources. Un jour, il faudrait bien que j’y retourne pendant le jour, me promener, présenter mes lieux à mes enfants. Manger une poutine pis un roteux au chic restaurant 55. Comme dans le temps.

Cette nuit-là (la délinquante de quarante ans est rentrée chez sa maman à deux heures du matin, sur la pointe des pieds, et s’est couchée tout habillée pour ne réveiller personne), j’ai bien dormi. J’ai dormi dans la paix donnée par les paroles de mes amis, de ma mère, de ma fille :

« Toi pis ton intensité, faudrait surtout pas vous changer! »

« Si tu parlais moins, tu ne serais pas toi, c’est comme ça qu’on t’aime. »

« T’as pas changé. Pis change pas. »

« J’aime ça, passer du temps avec toi, mais ça passe tout le temps trop vite. »

Le dimanche, j’ai vu une autre amie. Quelqu’un qui me suit depuis presque aussi longtemps que je me suis moi-même. Quelqu’un avec qui j’ai fait autant de conneries d’ados (sages quand même! On répondait aux profs avec la bouche pleine de biscuits Soda!) que de pas de géantes vers la maturité. J’ai vu sa fille aînée qui pesait cinq livres la première fois que je l’ai rencontrée… et qui sera bientôt sur le marché du travail! Comme une confirmation que tout va bien, même si par bout, on en arrache.

Puis, je suis repartie vers ma vie.

Pendant que ma fille dormait dur dur dur sur le siège passager, je me disais que j’avais bien fait d’aller me ressourcer auprès de personnes qui me connaissent depuis aussi longtemps. Bien sûr, ces personnes ne vivent pas avec moi 365 jours par année. Bien sûr, ces personnes ne me voient pas dans toute la gamme de mes humeurs et dans tous mes niveaux de fatigue. Mais tout de même, elles m’aiment pour ce que je suis, dans mes excès, dans mes trop et dans mes pas assez.

 

Tout s’écroulait autour de moi et en moi, et ça m’a donné la paix de retrouver mes racines et de me faire dire de rester ancrée.

 

Nathalie Courcy

 

Se sentir mal d’avoir des enfants? Non.

Récemment, je me suis retrouvée dans une situation où je me suis

Récemment, je me suis retrouvée dans une situation où je me suis sentie très mal. J’avais l’impression qu’une amie trouvait très contraignant, voire un peu lourd, que j’aie une famille. Je me suis sentie déchirée entre mes priorités familiales et ne pas vouloir décevoir mes amies.

Et puis, j’ai regardé mon fils… J’ai pensé au fait que je n’ai jamais autant ri que depuis que je suis maman, qu’il n’y a pas une journée qui passe sans que son père ou moi disions à quel point nous l’aimons ou à quel point nous le trouvons merveilleux, que nous ne pouvons nous empêcher d’être impressionnés et d’en parler. Je souriais en me flattant la bedaine parce que bébé 2 dansait la samba. Je me suis dit que c’était ça ma vie maintenant, et qu’il était hors de question que je m’en excuse.

J’ai alors décidé que c’était la dernière fois que je laissais ce sentiment de culpabilité m’envahir.

J’ai longtemps été l’amie sans enfant. Jamais je n’ai trouvé désagréable que mes amies mamans aient des contraintes familiales. J’ai saisi rapidement que les brunchs à midi ou 13 h n’étaient pas vraiment l’idéal avec la sieste d’après-midi et que les soupers « enfants-friendly » qui commencent à 19 h quand les petits se couchent à 19 h 30, ce n’est pas l’idée du siècle. C’était avec plaisir que je prenais tout ça en considération et que je prenais l’initiative de proposer des activités qui respectaient tout ça. C’est certain que j’ai eu des oublis, mais je comprenais et tentais de faire attention. On n’a pas eu à me répéter systématiquement pendant quatre ans que la sieste était entre 13 h et 15 h ou que des enfants de moins de cinq ans se couchent tôt, comme je le vis actuellement avec une amie.

Heureusement, sans nécessairement connaître mon horaire familial sur le bout des doigts, la grande majorité de mes ami(e)s est sensible à notre réalité de parents. Ils apprécient quand on peut faire garder et quand on se déplace, mais ils comprennent aussi que c’est parfois plus facile quand ils passent à la maison, et ils le font avec plaisir. On trouve un bel équilibre.

Par contre, je réalise que certains n’ont aucune sensibilité à ce sujet. Proposer uniquement des activités dans des bars ou après 20 h à des parents d’un enfant de presque deux ans en attente et d’un deuxième… ce n’est vraiment pas les prendre en considération ou se soucier qu’ils profitent également du moment. En fait, c’est assez égoïste de demander à une femme enceinte de prévoir une fin de semaine à l’extérieur alors que bébé n’aura même pas trois mois, qu’elle allaitera, qu’elle n’a aucune idée de comment sera ce bébé  : prendra-t-il le biberon? Dormira-t-il? Fera-t-il une jaunisse? L’accouchement aura-t-il bien été? Comment le plus vieux de deux ans s’adaptera-t-il à sa nouvelle réalité de grand frère? Papa, si fabuleux soit-il, sera-t-il à l’aise d’être seul pendant trois jours avec un enfant de deux ans qui déborde d’énergie et un mini bébé?

Bref, cet événement récent m’a fait réfléchir. J’ai de bons amis. Même si ce n’est pas toujours évident, j’essaie très fort de trouver un équilibre en continuant d’être là pour eux et en prenant le temps de faire quelques sorties pour que notre amitié ne se déroule pas uniquement dans mon salon à regarder mon fils jouer. Par contre, j’ai une famille maintenant. Cette famille est et sera toujours ma priorité. C’est mon choix, c’est vrai, et je l’assume pleinement.

Je crois qu’il est tout à fait réaliste que mes amitiés évoluent de manière à ce que ce soit compatible, tout comme je l’ai fait pour d’autres parents par le passé. Je ne demande pas à mes ami(e)s sans enfant de laisser de côté tous leurs intérêts, je demande simplement qu’on se trouve au milieu, qu’on fasse attention les uns aux autres. À partir de maintenant, je refuse de me sentir coupable de ne pas pouvoir faire certaines choses parce qu’elles ne sont pas compatibles avec ma vie familiale ou, même, qu’elles y nuisent. Je sais que ça se fait déjà naturellement avec la majorité, je me croise les doigts pour que ce soit aussi simple avec tous. Si ce ne l’est pas, ce sera peut-être signe que nos chemins se séparent…

Jessica Archambault

À toi mon partner

Quand on entre dans la police, ce qu’on apprend dès le premier jo

Quand on entre dans la police, ce qu’on apprend dès le premier jour, c’est l’importance d’avoir un bon partenaire. Quelqu’un sur qui on peut compter dans toutes les situations. Savoir que nous sommes là l’un pour l’autre. Savoir ce que l’autre fera pendant une intervention sans même avoir à se parler. Savoir que son partenaire prendrait une balle pour soi et vice versa. Un bon partenaire est très important dans notre domaine.

Bien ce partenaire, j’ai fini par le trouver. J’ai eu la chance de travailler avec lui pendant quelques années aux enquêtes criminelles. Nous avons appris à nous connaître, à nous apprivoiser et à deviner ce que l’autre pensait dans certaines situations. Un bon vieux couple tout jeune quoi ! Mais le 9 novembre 2014, la vie a décidé que nous ne serions plus jamais partenaires de travail. Sébastien est décédé d’un foutu cancer à l’âge de trente-trois ans, laissant ses tout jeunes jumeaux Tristan et William ainsi que sa conjointe Isabelle. Mais je ne vous parlerai pas ici de son cancer, car mon texte portera sur du positif, soit sur mon partenaire. Sébastien m’a demandé quelques jours avant sa mort de m’assurer qu’il ne soit jamais oublié. Alors voilà !

Je veux donc vous présenter mon partner Sébastien Glaude. J’ai la chance d’avoir cette tribune pour vous le présenter et de cette manière, en quelque sorte, le garder vivant pour que Tristan et William puissent lire sur leur père quand ils auront l’âge de le faire.

Sébastien rêvait de devenir policier. Son père était policier et il ne se voyait pas faire autre chose. Il a combattu un premier cancer très jeune et a subi plusieurs traitements et interventions. Les médecins lui avaient dit qu’il ne pourrait pas devenir policier après toutes ces interventions. Avec sa tête de cochon et sa détermination, il a déjoué tous les pronostics et est entré dans la police.

Sur la patrouille dans ses premières années, il a ensuite tenté sa chance aux examens pour devenir enquêteur. Il a facilement réussi et a été nommé détective et ensuite sergent-détective. Comme il n’a pas froid aux yeux, il a très rapidement accepté un poste au département des crimes graves. C’est d’ailleurs à cet endroit que nous avons commencé à travailler ensemble. Nous avons rapidement développé une passion commune, l’interrogatoire vidéo. Nous étions complices et nous nous complétions bien. Il était positif, déterminé et motivateur ; travailler avec lui était un loisir. Nous avions des projets d’avenir et de retraite ensemble que nous ne pourrons jamais réaliser. Je sais que je pourrai les réaliser sans lui, mais c’était avec lui que c’était prévu.

Sébastien adorait son métier. Il avait cette motivation que l’on retrouve chez très peu de policier. Il avait le désir d’apprendre et de s’améliorer. J’ai eu la chance de faire un cours sur les crimes majeurs au Collège canadien de police à Ottawa avec lui. Deux semaines que je n’oublierai jamais. Ceux qui ont eu la chance de côtoyer Sébastien ne l’oublieront jamais.

Sébastien a été un exemple pour moi, et ce, jusqu’à son départ. Vous devez comprendre qu’il a appris lors d’une visite à l’hôpital le 30 octobre 2014 qu’il ne lui restait qu’entre deux et quatre semaines à vivre. Il était 12 h 45 lorsqu’il m’a appris la nouvelle dans la chambre 3024. JAMAIS je n’oublierai cette douleur, l’incompréhension, la peur et ce sentiment de ne rien pouvoir faire pour lui. Il a tout de même eu le courage de faire des vidéos pour sa famille et des lettres pour ses enfants, qui leur seraient remises aux étapes importantes de leur vie. Il m’a même dicté une lettre que j’ai eu l’honneur de lire à ses funérailles. Oui, il a voulu s’adresser aux gens à ses propres funérailles. Quelques passages de cette lettre sont fantastiques et j’aimerais que vous en faire part :

– Il y en a qui peuvent penser que mourir jeune est une défaite. Que cela signifie « perdre son combat ». Moi, je n’ai rien perdu. C’est moi qui ai gagné. Parce que dans ma vie, à l’âge que j’ai, je n’ai aucun regret, c’est une victoire. Professionnellement, je ne changerais pas une journée de ma vie. Je n’ai eu que du plaisir et du bonheur. C’est exceptionnel.

– Je veux vous dire que la vie c’est un party. La vie c’est le bonheur.

– Personnellement, je ne changerais rien non plus. Je suis entouré d’une famille et d’amis comme je n’ai jamais vu personne être entouré. Ma vie, c’est ma plus belle victoire.

– On ne choisit pas le nombre de secondes qu’on va passer sur la Terre, mais on choisit comment on les dépense. Dépensez-les bien. Même dans les pires journées, il y a des petits moments de joie et de plaisir.

– Je ne connais pas grand monde qui part et qui n’aurait pas changé une journée de sa vie. La seule petite chose que je changerais, c’est d’avoir une journée de plus pour faire la fête avec vous et partager votre présence. Pensez à moi, je vous aime fort.

Alors voilà. Vous connaissez un peu plus qui est Sébastien Glaude et quel genre de mentalité il avait. De mon côté, je respecte mon engagement de le faire connaître et de le garder vivant en parlant de lui ici.

Tu me manques mon partner. C’est encore à toi que je me confie quand j’ai quelque chose qui ne va pas, mais maintenant, je dois accepter que ce soit une discussion à sens unique. Tes conseils me manquent. Ton amitié me manque. Tu as été un exemple de courage pour moi. J’ai hâte de te revoir, mais je vais laisser la vie décider de la date. Sois tout de même patient, car je n’ai pas l’intention d’acheter mon billet trop vite pour te voir.