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Ses premières angoisses d’ado

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Avant le départ du père de mes enfants, nous avons eu plusieurs discussions sur l’avenir. Ses demandes à lui étaient simples et claires : « Je veux que tu refasses ta vie, que tu sois heureuse. » C’est deux ans après son départ que j’ai commencé à ressentir l’envie de voir d’autres hommes. Mon but à ce moment n’était pas de trouver l’âme sœur une deuxième fois, mais bien d’avoir quelqu’un avec qui sortir, avec qui partager de bons moments, sans pour autant que ce soit sérieux. En fait, je ne suis pas certaine que même aujourd’hui, je suis prête pour une relation de couple sérieuse et engagée.


Il y a plus de quatre ans maintenant, j’ai rencontré un homme qui me permet de vivre ce genre de relation stable mais à temps partiel. On se voit une ou deux fois par semaine, parfois tard le soir; on fait une activité une fois par mois, on passe du bon temps ensemble, pour nous. J’ai bien expliqué aux enfants quand ils l’ont rencontré qu’il n’est pas dans nos vies pour prendre la place de papa, mais bien pour accompagner maman.


Cette relation avait toujours été bien acceptée des enfants, mais depuis un certain temps, quand je leur mentionnais qu’il venait souper ou faire un tour, ma fille roulait des yeux, paraissait irritée et fâchée. Elle n’avait jamais fait ça auparavant. Avant, quand je mentionnais son nom, elle était contente et avait hâte de le voir. Elle disait se sentir en sécurité lorsqu’il était dans la maison.

 

Ma grande a eu treize ans il y a quelques jours et je voyais bien qu’il y avait quelque chose qui la tracassait. Comme nous étions seules toutes les deux parce que son frère jouait avec un ami, je lui ai posé la question. Je lui ai demandé pourquoi elle avait ce comportement ces derniers temps. Sa réponse fut celle‑ci : « Maman, j’ai peur qu’il prenne la place de papa! »

 

Et voilà… comme toute jeune fille, je savais bien qu’il se passait quelque chose dans son petit coco. Les dernières années de vie de leur père, ma fille a passé beaucoup de temps seule avec lui. Ils avaient développé une belle relation père-fille. Je comprenais donc maintenant pourquoi j’avais droit à ce comportement quand je parlais d’un autre homme. Pourtant, en sa présence, elle ne laissait rien paraître, discutait avec lui, faisait des farces.


J’ai donc bien expliqué à ma grande que jamais personne ne remplacerait son père. Que son père est dans son cœur pour toujours et que ce qu’il désire plus que tout au monde, c’est qu’elle soit heureuse même s’il lui manque au plus haut point. Je lui ai fait comprendre que dans la vie, il n’y a personne qui peut remplacer une personne qu’on aime. Que les gens qui croisent notre chemin sont là pour nous apporter quelque chose, mais non pour en remplacer d’autres.


Ce soir‑là, c’est le cœur rassuré et la tête légère que ma belle grande fille est allée se coucher en prenant bien soin de me dire : « Merci d’être une maman aussi merveilleuse, ma belle maman! »


Ça fait tellement de bien…

 

Annie Corriveau

Ma mère c’est mon père

Je suis née dâ€

Je suis née d’une mère et d’un père, mais rapidement, ce dernier est devenu trop malade pour s’occuper de mes frères et de moi. Puis il a élu domicile dans un cercueil. J’aime penser qu’il prend soin de moi à partir de son cumulus. Ça m’arrive même de lui parler pas mal fort : « Heille papa, ça te tente pas de faire ta job de père et de me protéger un peu? Me semble qu’il serait temps que tu descendes de ton nuage en ouate pour venir t’occuper de moi! »

Mais la réalité, c’est que ma mère s’est retrouvée seule à 34 ans pour s’occuper de trois enfants, d’une maison, d’un terrain, des finances, de tout.

Par choix ou par obligation, elle ne s’est pas laissé abattre. Elle a relevé ses manches. Elle était déjà habituée, notre père était policier et s’absentait pendant de longues périodes. Pendant les années d’hospitalisation et d’opérations, c’était elle, encore, qui s’occupait de tout, en plus de multiplier les aller-retour entre la maison et l’hôpital pour aller faire manger son mari, pour le laver, pour lui tenir compagnie. Pour essayer de lui faire comprendre que le combat achevait. Je ne peux même pas m’imaginer la charge mentale de cette femme. Et l’absence d’énergie qu’elle devait avoir à l’heure des devoirs ou du cours de natation.

J’ai donc été élevée par ma mère, qui portait les deux chapeaux : les bras de la mère et les culottes du père. Avec elle, j’ai appris à cuisiner les meilleurs muffins du monde, à jardiner les brocolis les plus verts, à faire l’épicerie, à planifier un budget équilibré, à passer le râteau à l’automne, à coudre des vêtements, à conduire une voiture, à poser des tablettes, à signer un bail d’appartement. À grandir.

La seule chose qu’elle ne m’a pas enseignée, c’est à passer la tondeuse. Et à traire une vache, mais ça, je l’ai appris à 18 ans en Israël! Pour la tondeuse, j’ai tardé… c’était « trop dangereux pour une fille », j’avais deux grands frères qui pouvaient s’en occuper, puis un mari. La seule fois où j’ai osé, mes muscles m’ont lâchée dès la deuxième tentative. J’ai abandonné le projet. Par contre, je peinturais, je bêchais, je déneigeais l’entrée, je gérais l’horaire de la famille et le paiement des factures.

Maintenant, c’est mon tour d’être la mère-père. À temps partagé, puisque mes enfants ont la chance d’avoir un papa en vie et bien présent dans leur vie.

Je suis fière (et soulagée!) d’avoir autant appris de ma mère, autant absorbé de ses valeurs féministes et égalitaires. Les allées du Rona ne m’intimident pas. Je fais presque peur aux concessionnaires automobiles tellement je suis préparée quand vient le temps de m’acheter une voiture. C’est que moi aussi, j’ai l’expérience des absences et de la monoparentalité temporaire!

Ce printemps, quand le temps est venu d’acheter ma première tondeuse à moi, de moi, avec tout mon amour (et mon argent), j’ai demandé conseil à un collègue qui s’y connaît. Vu mes muscles de bras de poulet, il m’a conseillé une tondeuse à batteries. J’ai magasiné la bête comme une grande, et oui, j’ai passé ma tondeuse sur mon terrain toute seule. Avec un petit stress, tout de même. Mais j’aime ça! Je pense (pas vraiment…) lancer une entreprise de tonte de gazon dans le quartier juste pour prolonger le plaisir. Comme quoi on peut tout apprendre! Comme quoi, aussi, les rôles de père et de mère n’ont rien à voir avec les lettres de notre ADN.

 

À tous les pères-mères et à toutes les mères-pères, vous avez mon admiration. Et celle de vos enfants.

 

Nathalie Courcy

Toutes ces choses que j’aimerais te dire…

Les années ont passé depuis ton départ, maman. Depuis, je suis de

Les années ont passé depuis ton départ, maman. Depuis, je suis devenue mère à mon tour.

À mon tour, je fais de mon mieux. J’explique, je demande, je souhaite de tout mon cœur que mes filles, un jour, deviendront des adultes respectueuses et empathiques.

Maman, je me souviens de nos disputes de ces moments où, du haut de mes 12-15-17 ans, je croyais tout connaître de la vie.

Maman, souvent, j’aimerais que tu sois encore ici pour que je puisse te dire que ces valeurs que tu m’as transmises, non sans efforts, elles sont bien ancrées en moi.

J’aimerais te dire que je comprends tous les sacrifices que tu as pu faire, que maintenant, je comprends.

J’ai le sentiment que je n’ai pas eu le temps de te témoigner toute ma reconnaissance. J’aimerais te parler de mes filles, de leurs réussites. J’aimerais partager avec toi cette fierté.

Certains jours, j’aimerais te demander comment tu es parvenue à si bien nous éduquer, à faire de nous de bons humains, ma sœur et moi. Dis-moi que mes efforts ne seront pas vains, que c’est possible.

Parfois, je voudrais simplement rire avec toi.

Souvent, je voudrais juste te dire que tu me manques.

Karine Lamarche

 

Triste anniversaire

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Il y a 5 ans, dans la nuit du 16 au 17 avril, mon père est décédé. Une histoire de fou qui me semble encore invraisemblable aujourd’hui. En voici les grandes lignes.

2 janvier : Mon père et sa blonde partent pour un voyage de trois mois au Mexique.

Début avril : Retour au pays. Mon père a mal dans le cou, il croit avoir une hernie (il était physiothérapeute). Il a tellement mal qu’il ne dort plus. Durant la semaine, il s’aperçoit qu’il a beaucoup d’ecchymoses… il décide donc de consulter. Hépatite virale. Son foie est très enflé. Il n’y a pas de traitement, le foie va se rétablir avec le temps. Il passe une semaine à l’hôpital, il est de plus en plus confus, car son foie ne fait plus son travail.

Le vendredi, il passe une radiographie pour déterminer la cause de sa douleur au cou. C’est à ce moment que le ciel m’est tombé sur la tête. On apprend que la douleur est due à une vertèbre cassée… cassée par des métastases. Cancer du poumon, avec environ trois mois à vivre. Nous sommes le vendredi soir. Mon père n’est presque plus lucide. À partir de la nuit du dimanche au lundi, on ne peut plus le laisser seul. Il souffre énormément, mais il n’est plus vraiment éveillé. Le mardi, je passe toute la journée avec lui. J’ai à peine le temps de retourner à la maison que le téléphone sonne déjà pour m’apprendre que les médecins n’allaient plus tenter de désintoxiquer le foie de mon père. Ils allaient seulement soulager la douleur. C’est le cœur gros que j’ai bordé mes enfants et que je suis repartie en direction de l’hôpital pour accompagner mon père dans ses derniers moments. Je lui ai tenu la main jusqu’à son dernier souffle.

C’est de cette façon qu’en l’espace de quatre jours, j’ai perdu mon papa que j’aimais tant. Il était bien trop jeune, il avait 65 ans et moi 35. Je n’étais pas prête… pas du tout. La vie m’a volé mon père.

J’ai la tête et le cœur pleins de souvenirs ; tous les dimanches matin passés ensemble à faire des mots croisés, tous les matchs de hockey et de football regardés, toutes les fois où je l’accompagnais à l’aréna, notre amour de la forêt, on a même suivi des cours à l’université en même temps. Je me considère chanceuse, car dans les quinze dernières années de sa vie, il a pu être présent dans les moments forts de ma vie. Il a eu le temps de me conduire dans l’allée le jour de mes noces, j’en garde un souvenir impérissable. Il a eu le temps de connaître mes trois enfants : ils avaient sept ans, quatre ans et demi et un an et demi lors de son décès. Il les trouvait extraordinaires, il en était si fier.

Malgré tous ces beaux souvenirs, je ne peux m’empêcher d’être envahie par la tristesse. Papa, chaque anniversaire ou journée spéciale sans toi est difficile. J’aurais tellement voulu que tu voies mes enfants grandir, que tu puisses les encourager dans leurs études, dans leurs sports, dans leurs activités… que tu sois présent dans leur quotidien, dans leurs joies, leurs peines et leurs difficultés. Tu serais épaté de les voir aujourd’hui ; ce n’est pas toujours facile, mais tes petits-enfants sont ma plus grande réussite. Ton absence me brise le cœur. Je regrette de ne pas avoir passé assez de temps à tes côtés. Ta présence chaleureuse, tes conseils, notre complicité et ton grand sens de l’humour me manquent horriblement. J’aurais voulu avoir du temps en tête‑à‑tête avec toi pour te dire un vrai « au revoir » et boucler la boucle.

Et plus que tout, j’aurais souhaité te dire « je t’aime » tellement plus souvent que je l’ai fait et avoir la chance de te le dire encore un million de fois…

 

Myriam S-F

 

J’ai gagné à la loterie !

J’ai gagné à la loterie ! La loterie de la vie... La vie m’a

J’ai gagné à la loterie ! La loterie de la vie… La vie m’a donné deux magnifiques enfants en santé.

Deux enfants conçus avec un papa qui prenait un cocktail de médicaments pour le cœur.

Malheureusement, papa nous a quittés après s’être battu comme le plus grand des superhéros ! Chaque fois que j’entends mon fils parler du papa d’untel qui fait ci ou du papa de l’autre qui fait ça, la seule idée qui me vient en tête c’est : tu n’as pas idée à quel point ton papa à toi était fort et extraordinaire ! Le papa le plus courageux d’avoir traversé l’opération qui l’a emporté ! Le papa le plus fort d’avoir vécu dix‑sept jours suite à une opération de plus de treize heures, branché sur un cœur artificiel, la dialyse, un respirateur.

Chaque jour que le ciel me donne, je remercie cet homme de m’avoir confié deux aussi beaux trésors ! Je connais la chance que j’ai d’avoir à mes côtés ces deux petits rayons de soleil ! Bien sûr, ce n’est pas toujours évident d’être mono. De n’avoir personne à consulter lors de lourdes décisions concernant ces enfants. De n’avoir personne avec qui partager les petits bonheurs et les petits malheurs.

La vie m’a donné une chance extraordinaire, le gros lot !

Chaque fois que j’entends une pub de Loto-Québec, je me dis que dans le fond, le plus gros des lots, c’est moi qui l’ai gagné !

 

Annie Corriveau

 

L’appel de l’amitié

Elle est rendue à la maison spécialisée de soins palliatifs, la f

Elle est rendue à la maison spécialisée de soins palliatifs, la fin est proche…

Son état se dégrade rapidement. Elle est chanceuse, elle pourra mourir ailleurs que dans un milieu inhospitalier. Je ne jette pas de pierres. Juste que nos impôts sont mal gérés. On semble favoriser l’évasion fiscale, plutôt que soigner adéquatement nos malades. Pensez à ça, avec votre abonnement télé et en utilisant votre taxi illégal. Ces deux entreprises californiennes bien connues.

Puis, cet appel…

Au beau milieu de la nuit. Vers 3 h. « Monsieur, si vous voulez être avec elle pour une dernière fois, il faudrait venir rapidement! » Avec ma belle‑mère, je partageais son chevet. Les jours, pour moi. Les soirs et les nuits, pour elle. À cette loterie, c’est tombé la nuit. Je dois réagir. C’est une route de près de 30 minutes. Les enfants dorment profondément.

Qui vais-je appeler?

Il est le parrain de mon aînée. Je le connais depuis plus de 30 ans. Par la balle‑bière. J’ai aussi voyagé avec lui, jadis. Une « cabana » partagée à quatre boys. Un endroit qui nous a vite fait comprendre pourquoi il y avait un filet, au-dessus de nos lits. Aussi, plusieurs fins de semaine de sports d’hiver. Des chalets loués entre amis. Avant les enfants. Certains couples qui ont varié, sauf le sien. Les soupers. Le traditionnel mini-tournoi de tennis annuel. Où il est normalement couronné. Bien des anecdotes. Bien des moments joyeux. Malgré toutes les failles de mon caractère.

Surtout, dans ma garde rapprochée d’êtres précieux, il est celui que je considère mon meilleur ami. Une personne d’exception. Même si la vie familiale fait en sorte que nous nous voyons rarement. Je sais qu’il sera touché. Ému. De lire ceci. Sans doute davantage que je ne le suis, à vous le raconter.

Je signale… Ça sonne…

Il répond! Je lui explique en peu de mots… « Ok, amène les enfants! » Je les réveille. Ils ont sept et dix ans. Je dois penser. À tout, trop vite. Ils ont de l’école demain. Ma grande doit prendre un médicament au déjeuner. J’angoisse pour celle que j’aime. Nous arrivons chez eux. J’ajoute ici sa conjointe. Elle est aussi mon amie. Ils sont là, tous les deux. Il a le sourire dans les yeux et dans la voix. Exactement l’accueil qui était nécessaire, pour deux petites bêtes effarouchées. Moi, j’aurais fait de même; mais jamais avec cette attitude.

J’arrive en temps à mon rendez-vous avec la mort. Avant son père. Qui, lui, n’avait rien à gérer. Je saurai même, plus tard, qu’ils m’ont chronométré. Le mot amour, il a une tout autre signification, quand vous arrivez trois heures plus tard… Une tache permanente à votre dossier. Je suis alors félicité. Ils savaient que je devais m’occuper des enfants. Ils veulent savoir comment j’ai réussi. Pour pouvoir partager avec d’autres. Je leur dévoile mon secret : « Un appel, un seul! »

J’étais à ses côtés. Pour un épisode que je ne souhaite à personne. Qu’il ne faut voir qu’au cinéma, dans un film d’horreur. Comme un combat intérieur. Heureusement, ils ont réussi à stabiliser son état. Elle est morte le lendemain, vers 22 h 15. J’étais prêt. Ma mère gardait. J’étais encore là. Elle est morte paisiblement.

L’amitié, comme l’amour, ce sont des mots. Ils ne prendront leur véritable sens que dans des moments précis. Figés dans le temps. À jamais.

Merci, mon ami…

michel

Les saisons d’une orpheline

Mon papa. Il est mort quand j’avais sept ans. La même année que

Mon papa. Il est mort quand j’avais sept ans. La même année que mon cousin. Et que ma grand-mère. Ça fait trente-trois ans de ça. Oh my God! Je viens de révéler mon âge vénérable! (Ben non, je l’ai déjà écrit et je le dis ouvertement…)

Revenons à nos défunts.

Donc, mon papa. Il était tout jeune, trente-trois ans. Un beau pétard aux yeux et aux cheveux noirs. Policier, père de trois enfants, époux, frère, fils, ami. Il croyait en Dieu et en l’humain. Il écrivait un livre, Prière pour la vie. Il avait des projets. Il aimait la vie. Et il souffrait d’un cancer du cerveau depuis plus de deux ans.

C’est long, deux ans, avec un crabe dans la tête. À la fin, il ne parlait plus, il déparlait à peine. Les neurones étaient en bouillie. Les fonctions vitales le lâchaient au fur et à mesure que la maladie se répandait dans son corps amaigri. Il ne bougeait plus. Il ne souriait plus.

Pendant cette période, j’ai peu vu mon papa. Les heures de visites des enfants étaient limitées, on était trop fatigants pour les malades. De toute façon, c’était pénible aussi pour les enfants bouleversés que nous étions. J’avais beau adorer mon père, je trouvais ça plate, aller à l’hôpital. C’était long. Il ne fallait pas faire de bruit. Et moi, ce que je voulais, c’était jouer des percussions sur les tuyaux de chauffage. Pour me désennuyer, une amie de la famille m’avait offert une bouteille d’eau gazeuse. Trois décennies plus tard, je déteste toujours autant l’eau gazeuse. Mauvais souvenirs associés.

Mais quand même, mon papa me manquait. Maman nous avait expliqué « les vraies affaires » : il ne s’en sortirait pas. Il est arrivé que des infirmières à l’âme empathique m’aient donné une permission spéciale : rendre visite à mon père un soir où les enfants n’étaient pas admis. J’ai dû jouer au ninja pour passer par l’escalier de secours sans me faire remarquer… C’était rassurant de savoir que je pouvais aimer mon papa malgré les règlements, malgré la maladie, malgré tout.

Mon dernier souvenir « normal » de lui, c’est une soirée avec la parenté, dans notre salon. J’étais assise sur ses genoux pendant qu’il buvait sa 50 entouré de ses frères et sœurs. L’hôpital (lire : ce qui était devenu sa résidence principale) lui avait accordé un congé spécial. La fois suivante où toute sa famille a été présente autour de lui, c’était aux soins palliatifs alors qu’il pleurait ses dernières larmes et expirait pour la dernière fois. Je n’y étais pas. J’étais trop petite.

J’avais sept ans. J’ai manqué une semaine d’école. Ma professeure a amené tous mes copains aux funérailles. Quand je les ai revus, c’était à notre Première Communion. Sur la photo de groupe, je ne souriais pas. J’étais trop stressée : je n’avais pas pu pratiquer avant la cérémonie. Et la messe avait lieu dans la même église que les funérailles.

Quinze ans plus tard, je me suis retrouvée dans une autre chapelle, cette fois pour me marier. J’avais demandé au prêtre la permission de lire une prière aux défunts dès le début de la cérémonie. C’était bizarre, mais essentiel pour moi. C’était ma façon de dire à mon papa, ma grand-maman, mon cousin, mon oncle décédé quelques mois plus tôt, et aussi à toutes les personnes aimées qui nous avaient quittés, qu’on les invitait eux aussi. Qu’on leur avait gardé une place dans nos pensées.

Cette journée-là, c’est mon frère et ma mère qui m’ont accompagnée dans l’allée jusqu’à mon futur mari. Vous dire la fébrilité qui m’habitait quand je suis entrée dans cette chapelle pleine à craquer! La veille, on avait déplacé chaque banc de quelques millimètres pour ajouter quelques places assises. Certains de mes amis étaient même debout à l’arrière. Quand on dit « bondé de monde », c’est l’image qu’on a en tête. On ne devait même pas être légaux en termes de sécurité tellement il y avait de l’humain au pouce carré.

Quand je suis arrivée à l’avant et que je me suis tournée vers l’assemblée, j’ai vu un vide bouleversant. Dans cette marée de monde cordé comme des sardines en conserve, il y avait un banc complètement vide, dans la première rangée, du côté de ma famille. Ce banc n’était pas réservé, mais personne n’avait osé s’y asseoir. Tout de suite, j’ai su que c’était la place que mon papa avait choisie pour assister à mon mariage. Il voulait être aux premières loges pour accompagner sa fille dans ce grand saut. Je sais qu’il y était, avec mon cousin, ma grand-mère, mon oncle…

La prière aux défunts a été très émouvante. Pour moi et pour les personnes présentes. Un silence de mort, pourrait-on dire. Mais je dirais plus « un silence de vie ». Ils étaient là. Ils étaient parmi nous. L’orpheline en moi s’est sentie un peu moins orpheline.

 

P.S.: Le lendemain de l’écriture de ce texte, j’ai regardé avec beaucoup de larmes et de «c’est tellement ça!» la vidéo de la chanson «La saison des pluies» de Patrice Michaud, scénarisée par Yan England. Maman, je te la dédie. Tu as été mon papa, toi aussi. https://www.youtube.com/watch?v=FovZ7AefAmo

 

Nathalie Courcy

Lettre à mon papa

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Bonjour. Je me présente : je suis un garçon et je m’appellerai Laurent. En attendant de naître, je sommeille paresseusement dans le ventre de ma petite maman. Elle a hâte que j’arrive, car j’envahis son corps de plus en plus, mais moi je ne suis pas pressé. Il y a aussi ma grande sœur Charlotte et mon père qui m’attendent avec impatience. Je le sais, car ils me parlent chaque soir à travers le bedon de maman. Charlotte me fait des coucous et papa, avec sa voix grave, aime me raconter combien le bonheur le submerge lorsqu’il regarde maman et Charlotte jouer ensemble. Il est très fier de ma grande sœur qui court partout et qui parle autant qu’une pie, mais il est heureux que la vie lui offre un garçon. Il se sentira moins seul de mâle, me dit-il en riant.

Mes parents débutent dans cette grande aventure qu’est la famille. Ils sont souvent fatigués, car ce n’est pas facile tous les jours. Parfois, ils aimeraient récupérer un petit bout de leur vie de jeunesse, surtout papa. Mais je sais qu’il m’aime déjà. Il me le répète souvent. J’ai hâte de le connaître.

***

Ce soir, papa s’en va à une fête pour se détendre et prendre du bon temps avant mon arrivée. Maman n’y va pas. Elle est trop fatiguée et elle préfère se reposer avant mon arrivée.

***

Maman pleure ce matin. Depuis quelques heures, je ressens ses nombreux sanglots. Je rebondis chaque fois. Charlotte se colle souvent sur son bedon. Elle doit sentir qu’il se passe quelque chose, car je ne l’entends plus rire. Je n’entends pas la voix grave et chaleureuse de mon papa non plus. Il y a aussi plusieurs autres voix, dont celle de grand-maman et de grand-papa. Je ne sais pas ce qui se passe. Je m’inquiète, mais je vais continuer à profiter de mon nid douillet.

***

Je suis finalement arrivé. Je n’avais plus le choix. Le ventre de maman était devenu trop petit. Je suis heureux de rencontrer ma famille. Maman sourit enfin et Charlotte adore me bercer. Sans compter grand-maman et grand-papa qui me couvrent de baisers. Tout le monde est là… ou presque! En fait, papa n’est pas au rendez-vous. Je n’aurai pas la chance de le connaître, de réentendre sa voix, de sentir sa barbe piquante sur mes joues et la chaleur de ses bras.

Après la fête où papa est allé s’amuser, il a pris la route même si tout le monde lui disait de ne pas conduire. Il avait bu un truc qui s’appelle « alcool ». Comme il avait trop hâte de nous retrouver, il n’a pas écouté ceux qui lui conseillaient de ne pas prendre le volant. Je ne comprends pas trop, mais cela lui a fait faire un grave accident.

Dorénavant, je devrai me contenter de photos et des souvenirs que maman et mes grands-parents me raconteront. Papa ne pourra jamais me bercer et me voir grandir. Même si je suis encore tout petit, il y a déjà un grand vide dans mon cœur.

Je t’aimerai quand même papa…

Laurent

***

 

Cette lettre est inspirée d’une histoire vraie, malheureusement. Une jeune femme que j’ai côtoyée dans le passé, une petite maman toute neuve comme je me plais à le dire, a dû faire face à ce drame terrible. J’espère qu’elle pourra vous toucher et vous inciter à être prudents.

 

Isabelle Lord

 

Grand-papa te manque…

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Mon bébé, mon petit amour, la vie est difficile pour toi, ces derniers temps. Tu t’endors presque tous les soirs en pleurant. Ton grand-papa te manque. Du haut de tes huit ans, tu comprends que la mort est permanente. Qu’on t’a enlevé ton grand-papa à tout jamais… 

 

Tu pleures parce que tu t’ennuies, tu ressens le manque. Tu m’en veux peut-être un peu, car pour une fois, je ne peux rien faire pour te soulager. Il n’y a pas de bandage ni de crème magique pour ce genre de blessure. Les blessures du cœur sont les plus longues à guérir. Est-ce qu’on en guérit vraiment? Ou bien on apprend à vivre avec le manque? Je ne le sais pas, mon amour. Je sais seulement que le temps fera son œuvre. Qu’un jour, ce ne sont pas les pleurs qui viendront en premier, mais un sourire en souvenir des bons moments passés avec lui. Mais tu es beaucoup trop petite pour comprendre tout ça. Toi, tu veux seulement le revoir.

 

Tu voudrais lui dire à quel point tu l’aimes. Tu voudrais pouvoir le serrer dans tes bras et qu’il te serre dans les siens en retour. Tout ce que je peux t’offrir pour apaiser ton chagrin, ce sont mes bras et mes « je t’aime ».

 

Tu demandes ce qu’il y a après la vie. Tu veux des réponses, tu veux des certitudes. Tu veux que je te promette que vous serez réunis un jour. Moi, je peux seulement te partager mes croyances, mais sans certitude. Je peux seulement te dire que moi, je crois que nous serons tous réunis un jour. Je crois que de là-haut, bien assis sur son étoile, il veille sur ceux qu’il aime. Et je crois que tu lui manques aussi. Il a probablement les mêmes souhaits que toi, mais il y a cette barrière invisible qui vous sépare.

 

Ce soir, tu t’es endormie dans le creux de mon épaule. Je n’ose pas trop bouger, de peur de te réveiller. Ce soir, je t’ai répété les mêmes paroles, en espérant t’apaiser. Tu t’es endormie en pleurant, alors je suppose que je n’ai pas réussi à soulager ton chagrin.

 

Je te regarde dormir et des larmes roulent sur mes joues, car il me manque à moi aussi, mais aussi parce que je n’ai pas réussi à trouver le pansement qui mettrait un baume sur ton petit cœur écorché.

 

J’espère silencieusement qu’il viendra te visiter dans tes rêves… et que vous pourrez vous dire à quel point vous vous aimez.

 

Parce que je sais que tu aurais voulu le faire une dernière fois…

 

Mélanie Paradis  

Premier Noël sans Papa

Pour la première fois, nous avions fait

Pour la première fois, nous avions fait le sapin un 26 novembre. Une journée grise et froide. Cette journée-là, nous avions décidé de prendre congé de l’hôpital. Papa était inconscient et nous n’avions aucune interaction depuis le 22 novembre. À l’hôpital, les infirmières nous avaient recommandé de nous reposer, car les prochains jours seraient difficiles.

 

J’avais demandé à mes amis de venir m’aider pour monter des étagères dans mon sous-sol et mes amis avaient décidé de me sortir au resto. Un souper inoubliable pendant lequel nous avons discuté de ce qui allait se passer dans les mois suivants. Je gardais espoir que tout allait s’arranger. Vers 11 heures, alors que j’étais assise sur la banquette d’un petit bistro de Boucherville, un frisson m’a traversé le corps. J’avais compris qu’il se passait quelque chose de grave, mais à l’hôpital, on m’a dit de dormir en paix, que tout était sous contrôle.

 

Le lendemain matin à 6 heures, l’hôpital m’a appelée pour me dire de m’y rendre, que le médecin devait nous parler. Les prises de sang du matin révélaient que plus rien n’allait. Nous devions prendre une décision. Nous avons donc pris la décision de le laisser partir. Au départ, on laissait le cœur artificiel branché, mais après une heure, l’équipe médicale nous a conseillé de le débrancher, car sinon, ce serait très long. Quelques heures après l’avoir débranché, Papa nous a quittés, entouré de sa sœur et de sa tante.

 

Papa nous a quittés à moins d’un mois de Noël. Avec toute l’organisation, les funérailles, la gestion émotive de deux enfants de quatre et de six ans, l’esprit des fêtes n’y était vraiment pas. Comme à l’habitude, nous avons passé le 24 décembre dans ma famille. Mes parents et mon frère ont tout fait pour nous changer les idées et nous tenir occupés. Les enfants avaient leur moment. Quelques moments d’émotions où nous avons vraiment ressenti son absence. Nous avons passé le 25 entourés de la famille de Papa. Encore une fois, son absence était très présente, mais tout était encore tellement frais que nous nous sentions tous (les adultes) comme dans un état second, comme dans un mauvais rêve.

 

C’est l’année suivante qui a été la plus difficile. Cette année-là, j’étais retournée au travail. Comme je travaille avec le public dans un endroit qui est ouvert vingt-quatre heures par jour, j’ai trouvé mes journées extrêmement difficiles. Laisser mes enfants la veille de Noël fut de la torture. La journée de Noël, grand-maman est venue chercher mes beaux enfants pour la journée. Dans l’entrée, deux enfants en crise. Deux enfants qui ne voulaient pas laisser partir maman. Mon fils me tenait la jambe en hurlant. Cette journée-là, je me suis fait une promesse. Je me suis promis que plus jamais, je ne laisserais mes enfants la veille ou la journée de Noël. Mes deux trésors n’ont qu’un parent et ils vont l’avoir avec eux tous les Noëls, quel que soit leur âge.

 

Cette année sera le premier Noël sans Papy. L’an dernier, Papy avait organisé une fête avec ses frères, sa sœur, ses neveux et ses nièces, car ils savaient que c’était son dernier Noël. Ce fut très difficile mais très festif. Beaucoup d’anecdotes, de farces et de rire. Papy était un homme strict, mais un homme qui aimait rire et faire des farces. Cette année encore sera une année difficile et émotive. Un Noël où nous serons encore tous ensemble, mais où une personne de plus manquera à la table.

 

 

Annie Corriveau

À toi mon partner

Quand on entre dans la police, ce qu’on apprend dès le premier jo

Quand on entre dans la police, ce qu’on apprend dès le premier jour, c’est l’importance d’avoir un bon partenaire. Quelqu’un sur qui on peut compter dans toutes les situations. Savoir que nous sommes là l’un pour l’autre. Savoir ce que l’autre fera pendant une intervention sans même avoir à se parler. Savoir que son partenaire prendrait une balle pour soi et vice versa. Un bon partenaire est très important dans notre domaine.

Bien ce partenaire, j’ai fini par le trouver. J’ai eu la chance de travailler avec lui pendant quelques années aux enquêtes criminelles. Nous avons appris à nous connaître, à nous apprivoiser et à deviner ce que l’autre pensait dans certaines situations. Un bon vieux couple tout jeune quoi ! Mais le 9 novembre 2014, la vie a décidé que nous ne serions plus jamais partenaires de travail. Sébastien est décédé d’un foutu cancer à l’âge de trente-trois ans, laissant ses tout jeunes jumeaux Tristan et William ainsi que sa conjointe Isabelle. Mais je ne vous parlerai pas ici de son cancer, car mon texte portera sur du positif, soit sur mon partenaire. Sébastien m’a demandé quelques jours avant sa mort de m’assurer qu’il ne soit jamais oublié. Alors voilà !

Je veux donc vous présenter mon partner Sébastien Glaude. J’ai la chance d’avoir cette tribune pour vous le présenter et de cette manière, en quelque sorte, le garder vivant pour que Tristan et William puissent lire sur leur père quand ils auront l’âge de le faire.

Sébastien rêvait de devenir policier. Son père était policier et il ne se voyait pas faire autre chose. Il a combattu un premier cancer très jeune et a subi plusieurs traitements et interventions. Les médecins lui avaient dit qu’il ne pourrait pas devenir policier après toutes ces interventions. Avec sa tête de cochon et sa détermination, il a déjoué tous les pronostics et est entré dans la police.

Sur la patrouille dans ses premières années, il a ensuite tenté sa chance aux examens pour devenir enquêteur. Il a facilement réussi et a été nommé détective et ensuite sergent-détective. Comme il n’a pas froid aux yeux, il a très rapidement accepté un poste au département des crimes graves. C’est d’ailleurs à cet endroit que nous avons commencé à travailler ensemble. Nous avons rapidement développé une passion commune, l’interrogatoire vidéo. Nous étions complices et nous nous complétions bien. Il était positif, déterminé et motivateur ; travailler avec lui était un loisir. Nous avions des projets d’avenir et de retraite ensemble que nous ne pourrons jamais réaliser. Je sais que je pourrai les réaliser sans lui, mais c’était avec lui que c’était prévu.

Sébastien adorait son métier. Il avait cette motivation que l’on retrouve chez très peu de policier. Il avait le désir d’apprendre et de s’améliorer. J’ai eu la chance de faire un cours sur les crimes majeurs au Collège canadien de police à Ottawa avec lui. Deux semaines que je n’oublierai jamais. Ceux qui ont eu la chance de côtoyer Sébastien ne l’oublieront jamais.

Sébastien a été un exemple pour moi, et ce, jusqu’à son départ. Vous devez comprendre qu’il a appris lors d’une visite à l’hôpital le 30 octobre 2014 qu’il ne lui restait qu’entre deux et quatre semaines à vivre. Il était 12 h 45 lorsqu’il m’a appris la nouvelle dans la chambre 3024. JAMAIS je n’oublierai cette douleur, l’incompréhension, la peur et ce sentiment de ne rien pouvoir faire pour lui. Il a tout de même eu le courage de faire des vidéos pour sa famille et des lettres pour ses enfants, qui leur seraient remises aux étapes importantes de leur vie. Il m’a même dicté une lettre que j’ai eu l’honneur de lire à ses funérailles. Oui, il a voulu s’adresser aux gens à ses propres funérailles. Quelques passages de cette lettre sont fantastiques et j’aimerais que vous en faire part :

– Il y en a qui peuvent penser que mourir jeune est une défaite. Que cela signifie « perdre son combat ». Moi, je n’ai rien perdu. C’est moi qui ai gagné. Parce que dans ma vie, à l’âge que j’ai, je n’ai aucun regret, c’est une victoire. Professionnellement, je ne changerais pas une journée de ma vie. Je n’ai eu que du plaisir et du bonheur. C’est exceptionnel.

– Je veux vous dire que la vie c’est un party. La vie c’est le bonheur.

– Personnellement, je ne changerais rien non plus. Je suis entouré d’une famille et d’amis comme je n’ai jamais vu personne être entouré. Ma vie, c’est ma plus belle victoire.

– On ne choisit pas le nombre de secondes qu’on va passer sur la Terre, mais on choisit comment on les dépense. Dépensez-les bien. Même dans les pires journées, il y a des petits moments de joie et de plaisir.

– Je ne connais pas grand monde qui part et qui n’aurait pas changé une journée de sa vie. La seule petite chose que je changerais, c’est d’avoir une journée de plus pour faire la fête avec vous et partager votre présence. Pensez à moi, je vous aime fort.

Alors voilà. Vous connaissez un peu plus qui est Sébastien Glaude et quel genre de mentalité il avait. De mon côté, je respecte mon engagement de le faire connaître et de le garder vivant en parlant de lui ici.

Tu me manques mon partner. C’est encore à toi que je me confie quand j’ai quelque chose qui ne va pas, mais maintenant, je dois accepter que ce soit une discussion à sens unique. Tes conseils me manquent. Ton amitié me manque. Tu as été un exemple de courage pour moi. J’ai hâte de te revoir, mais je vais laisser la vie décider de la date. Sois tout de même patient, car je n’ai pas l’intention d’acheter mon billet trop vite pour te voir.