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Tu es toujours là!

Le mois de septembre a toujours été un mois très spécial chez no

Le mois de septembre a toujours été un mois très spécial chez nous. Le mois de septembre est non seulement le mois des changements mais chez nous, c’est le mois de l’anniversaire de mon défunt conjoint. Ça va faire bientôt huit ans qu’il nous a quittés, mais il est toujours bien présent dans ma tête et dans mon cœur. Pour Martin, son anniversaire était très important. Pour lui, nous n’avions pas une journée de fête mais une semaine de fête. J’imagine que quand on grandit avec une maladie, chaque fête devient une célébration de la vie!

2019 est une année extraordinaire pour nous. Cette année, une occasion d’affaires incroyable s’est présentée à moi. Mon garçon, mon bébé, a commencé le secondaire, nous avons beaucoup voyagé et ma fille, ma belle ballerine adorée, a enfin ses pointes en ballet classique.

J’ai toujours cru aux signes. Il y a quelques mois, on m’a proposé de faire un voyage en France pour participer à un Bootcamp avec les dirigeants de la compagnie que je représente ici au Québec. Étant seule avec deux cocos, un travail à temps plein, l’organisation est de mise.

La France a toujours été un pays que Martin aimait énormément. D’ailleurs, pour ses quarante ans, je lui avais offert un week-end à Paris. Malgré la maladie et les longues promenades que Paris exigeait, nous avons fait un magnifique séjour qui restera à tout jamais gravé dans ma mémoire. Ses yeux quand il voyait tous ces lieux extraordinaires valaient tout l’or du monde. Il a exploré tous les endroits qu’il avait toujours rêvé de voir.

Malgré la complexité de planifier un voyage comme celui‑là, tout s’est mis en place naturellement. J’ai dû annuler les congés que je prends chaque année, soit pour sa fête le 18 septembre et pour l’anniversaire de son décès le 27 novembre, afin de prendre congé pour ce voyage. Curieusement, comme s’il me disait de foncer dans cette aventure, tout s’est arrangé. J’ai trouvé une jeune fille extraordinaire qui viendra dormir à la maison pendant mon absence et grand-maman sera aussi là quelques jours.

Grâce à la technologie, je pourrai voir ma fille essayer ses premières pointes de ballet et je pourrai rester près d’eux.

Et comme un signe qu’il est toujours là, en courant près de chez moi un matin, un beau papillon blanc est venu se coller à ma joue! Tu nous manques toujours autant…

Annie Corriveau

Ce soir

Je suis présentement assise à côté de toi. Je te regarde et j’

Je suis présentement assise à côté de toi. Je te regarde et j’ai le cœur gros.

Toi, tu dors paisiblement dans le milieu de mon lit. Habituellement, je ne suis pas enchantée à l’idée que tu passes la nuit entre papa et moi. Aujourd’hui, c’est moi qui te l’ai offert. Le sourire sur ton visage représentait bien ta joie. Maman qui te demande de faire dodo avec elle et papa. WOW! On pourrait même te dire d’aller t’acheter un 6/49 (bon juste le dire en expression, car tu n’as pas l’âge).

Ce soir, j’ai décidé que je passais par-dessus mes idées préconçues. Tu sais, celles qui me font dire que si tu fais dodo avec nous, tu ne seras plus capable de dormir seul et ce genre de truc. Oui c’est vrai, je ne dors jamais aussi bien quand nous sommes trois dans un lit queen. Mais, là, présentement, j’avais envie de sentir ta respiration, de voir ta petite bette endormie, de sentir ton bras d’enfant autour de moi. Je te regarde et j’apprécie ce moment, probablement plus que tu ne peux l’imaginer.

Ce soir, un ami nous parlait de l’enfant d’un collègue. Un petit garçon de cinq ans. C’est presque ton âge ; toi, tu as quatre ans. Ce petit garçon s’apprête à quitter ses parents. Non pas pour aller faire dodo chez sa grand-maman. Non, lui, il deviendra une étoile. Il veillera sur sa famille de là‑haut. Ce petit garçon, il allait bien, très bien même. Comme toi, il adorait jouer. Puis un jour, la vie a décidé que la sienne se terminerait plus rapidement que prévu.

Ce soir, mon cœur de maman saigne. Je ne le connais pas, mais je ne peux m’empêcher de penser à lui et à ses parents. Je ne sais pas comment un parent peut survivre à une épreuve comme ça. J’ai l’impression qu’une partie de ton cœur meurt à tout jamais. Juste l’imaginer, je manque d’air. La seule chose que je peux faire est de compatir avec eux et de leur envoyer une grosse dose d’amour et des ondes positives.

Puis, c’est là que je te regarde et que je me dis qu’on ne sait jamais ce que demain nous réserve. Alors, le mieux que je peux faire est de profiter des moments que nous avons ensemble. Ce n’est pas quelque chose de facile pour moi de vivre le moment présent sereinement. Je suis plus du genre à te dire : ne fais pas ci, ne fais pas ça, dépêche-toi et patati et patata. Je veux tellement que tu sois parfait que j’oublie parfois que tu n’es qu’un enfant. Un enfant qui doit apprendre de ses erreurs.

Aujourd’hui, je me fais la promesse de profiter plus de la vie avec toi, ton frère et ta sœur. De ne pas vous rendre parfaits, mais heureux. Oui, je tiens tout de même à faire respecter mes valeurs, mais je veux accepter que la perfection ne soit pas de ce monde.

Ce soir mon coco, je m’endormirai à tes côtés, je te regarderai avant de sombrer dans les bras de Morphée et je remercierai la vie pour les moments qu’elle nous offre ensemble.

À toi qui lis ce texte, que dirais‑tu d’aller faire un gros câlin à tes enfants, leur dire combien tu les aimes et remercier la vie des moments que vous pouvez vivre ensemble?

Karine Larouche

Hommage à un frère d’armes

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Au mois d’août 2001, j’apprenais que j’étais encore déployé à la dernière minute en Bosnie-Herzégovine. Mon nouveau commandant m’a appelé personnellement pour s’informer de moi et s’assurer que je pouvais prendre mon congé d’été avant de partir. Le camp était à Velika Kladuša et j’y suis arrivé le 23 septembre 2001.

J’avais déjà remarqué l’énorme changement dans le pays depuis ma dernière visite, cinq ans auparavant. La reconstruction des maisons était bien établie. Les voitures circulaient sur les routes, ce que je n’avais pas eu l’occasion de voir lors de ma première visite. Par contre, les trous de balle sur les murs étaient toujours visibles et les cimetières étaient encore plus grands. Des tours avec des haut-parleurs étaient dressées et les prières pour Allah nous réveillaient le matin.

Au lieu de vivre dans des tentes, nous vivions dans des conteneurs maritimes meublés. Wow! Quelle gâterie de voir cela! Pour moi, c’était presque comme des vacances comparativement à ma première mission (façon de parler, bien entendu).

Ce que j’ai trouvé difficile cette fois a été de passer Noël loin des miens. J’ai téléphoné à ma mère la veille de Noël. Elle était chez ma grand-mère maternelle. Pendant notre conversation, j’entendais la musique en arrière-plan et tout le monde qui avait du plaisir. Je me sentais si loin et si seul en les entendant…

Après la conversation, je me suis dirigé vers la cafétéria où nous avions notre souper de Noël. Là, je me rappelle, j’étais debout devant ma chaise et j’observais la belle table et tous les efforts mis en place pour nous faire plaisir. Je me serrais les dents pour ne pas verser une larme. J’étais triste. Triste de ne pas pouvoir passer Noël avec ma famille. Triste de me sentir seul, même si j’avais de bons frères d’armes avec moi. C’était la première fois que je vivais un Noël à l’étranger.

La veille du jour de l’An, j’étais à l’extérieur sur le camp. À minuit, les coups feu se sont mis à retentir. Je me demandais vraiment ce qui se passait. La panique a monté. Puis, un collègue m’a rassuré en me disant que c’était la coutume des gens d’ici. Même coutume que pour les mariages.

Il y a une chose, ou plutôt une personne, qui a fait toute la différence sur ce camp. Il était caporal-chef. J’ai perdu beaucoup de frères d’armes, mais lui revient souvent dans mes pensées. Pourquoi? Parce qu’il était un bon vivant. Il aimait toujours rire et faire des blagues. C’était le genre de gars qu’on écoutait parler et soudainement, tout allait mieux. C’était un frère d’armes qui pouvait remonter le moral à tout le monde. Toujours joyeux, avec un beau sourire, il savait comment s’y prendre pour nous faire rire. Je le voyais presque tous les jours quand j’allais prendre mes pauses. Et quand il n’était pas là, c’était décevant!

Lorsque j’ai appris son décès en décembre 2013, je ne voulais pas y croire. Pourquoi lui?

Cet article, je le dédie à toi, mon cher ami. Tu resteras toujours dans mes pensées en tant que bon frère d’armes et Gaspésien joyeux. Repose en paix et jamais je ne t’oublierai. Je me souviendrai.

 

Carl Audet

 

 

 

J’m’ennuie de toi, p’pa

J’m’ennuie de toi, p’pa. Parce qu’avant que tu partes, je ne

J’m’ennuie de toi, p’pa. Parce qu’avant que tu partes, je ne pense pas que je réalisais vraiment ta place dans mon monde. Je t’avais et c’était parfait ainsi.

Quand tu es parti, j’ai tranquillement apprivoisé un quotidien sans papa.

J’étais désormais une jeune femme qui envierait toutes les filles qui danseraient leur première danse dans leur belle robe blanche.

Tu es parti sans préavis.

On ne s’est pas dit au revoir et c’est sûrement mieux ainsi. Seulement, tu ne m’as pas préparée à ton absence.

Tu ne m’as pas dit à quel point la vie serait triste après ton départ.

À quel point je ne serais plus jamais la même.

J’ai dû m’habituer à ne plus entendre ta voix forte qui me répond « oui, puce » après une sonnerie quand je téléphone, et ce, peu importe l’heure.

Quand je me chicanerais avec mon chum, je ne pourrais plus venir trouver réconfort dans tes bras… t’entendre tout dédramatiser d’un seul coup et me faire sentir légère.

Tu ne serais plus là pour venir accrocher mes cadres sur mes murs… faire un feu d’après-midi pour faire brûler les branches et ouvrir une bonne bouteille pour regarder les flammes… te voir gêné de me redemander pour la millième fois de t’aider à reprogrammer ton répondeur. Ça me faisait tellement plaisir et tu ne me dérangeais tellement pas, papa…

Tes conseils, ton écoute, ta trop grande sensibilité que je me suis appropriée malgré moi me manqueraient tellement.

Ton angoisse qui était rendue un grand spectacle… elle n’était plus.

Je ne partagerais plus de café avec toi ni de regards complices, rien. Tu es parti en emmenant une partie de moi.

J’aurais aimé que mes garçons te connaissent, j’aurais aimé te voir courir autour de la table après eux pendant que maman cuisine. J’aurais tellement aimé que tu ne partes pas.

J’aimerais, juste une fois, te voir les regarder avec le même regard que tu avais pour ma sœur et moi.

Cette fierté qui émergeait de toi quand tu nous voyais entrer dans une pièce…

Seul toi pouvais nous faire sentir aussi spéciales, seul mon papa. J’aurais aimé te rendre fier de la mère que je suis.

Je me demande souvent quelle maman je serais si tu étais encore là.

Mon stress, mon angoisse, mon insécurité n’existaient pas avant ton départ.

Mais malheureusement, te perdre si tôt dans ma vie de jeune femme a laissé plusieurs blessures que le temps a su apaiser. Ce temps n’a jamais su guérir à la femme que je suis devenue.

Bientôt dix ans que tu n’es plus là, p’pa, et je suis celle que je devais devenir grâce ou à cause de ton absence. Je t’en remercie quand même, parce que malgré ton trop tôt départ, ma vie est tellement belle.

Imagine si tu étais là, encore.

 

Lisa-Marie Saint-Pierre

 

Ta vie, c’est de la marde ?

J’ai bien de la difficulté à comprendre, car moi la vie, je l’

J’ai bien de la difficulté à comprendre, car moi la vie, je l’ai vue quitter le corps de mon frère.

Comprends‑moi, ton malaise, ton mal‑être, ta souffrance, je ne les renie pas.

Crois-moi, je sais ce que c’est de souffrir chaque seconde de chaque journée.

De ne pas savoir quand cette vie va arrêter de faire mal.

Quand je vais finir par voir un peu de soleil, car chaque jour et chaque nuit ne m’offrent que la noirceur.

Que chaque seconde m’attire encore plus dans un tourbillon négatif.

Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est comment tu peux vouloir te faire souffrir autant.

Vouloir mourir, je crois qu’on le vit tous.

Vouloir qu’enfin, ce qui nous ronge, ce qui nous détruit puisse enfin être chose du passé.

Mais c’est ça l’affaire.

Quand on souffre, c’est toujours temporaire.

Je ne te cacherai pas que très souvent, cela fait mal en cr*& ? % $ !

Mais c’est ça l’affaire.

Vouloir se donner la mort, c’est quelque chose de permanent.

Crois-moi, je l’ai vue… c’est laid, à mort.

On se fait souvent une idée préconçue de notre mort par suicide.

On va mourir comme Juliette et son Roméo.

Mais non, pardon de briser ta bulle.

Un corps sans âme, c’est laid.

Tellement laid, car tu n’y es plus.

Ta souffrance, tu vas la transmettre à quelqu’un d’autre.

Souvent, tu vas la transmettre à la personne qui va te trouver.

Parce que la souffrance ne va pas s’arrêter là où tu l’as laissée.

Plus jamais la personne qui va te trouver ne va pouvoir vivre comme elle l’a déjà fait.

Plus jamais ses yeux ne vont se fermer sans l’image de ton dernier acte de vie.

Plus jamais elle ne pourra passer une journée sans se rappeler l’image de ta dernière scène.

Cette image qui va hanter cette personne, elle va contaminer ses proches.

Elle ne sera plus jamais la même, cette personne qui va te trouver.

Elle n’arrivera plus à aimer.

Elle n’arrivera plus à s’aimer.

Les statistiques sont là, les proches d’un suicidé ont davantage de risque de recourir eux‑mêmes au suicide.

Est-ce qu’on peut appeler cela l’effet papillon, je ne le sais pas…

Une chose est certaine par contre : chaque jour où j’ai pu voir un papillon après le décès de mon frère, pas une fois cela ne m’a offert de réconfort.

Quand je regarde le visage de ma mère, je vois la souffrance qu’aucun parent ne devrait vivre.

Quand je vois ma mère sourire, je vois une mère qui sent qu’elle ne mérite pas le bonheur, car son enfant ne le trouvait pas.

Quand je vois mes enfants qui ne connaîtront pas leur oncle, je sais qu’elles voient la mère qui a été brisée par le choix de leur sang.

J’ai pardonné.

J’ai fait la paix aujourd’hui pour toute cette souffrance qui m’a été transmise.

Mais ce serait faux de nier tout le chemin, la souffrance que j’ai dû libérer pour me permettre de vivre, sans me dire que ma vie, c’est de la marde.

Si tu as vécu un moment de ce genre, sache que je t’envoie du gros (immense) love.

Viens me retrouver dans mon monde lumineux, j’ai un cadeau bonheur pour toi : http://www.martinewilky.ca/

Martine Wilky

 

Je suis prête à mourir

« Je suis prête à mourir. » Quand je prononce ces mots, je v

« Je suis prête à mourir. » Quand je prononce ces mots, je vois un grand malaise envahir la pièce. Je suis jeune et en santé. Personne ne semble comprendre ma vision de la mort. Oui, je parle de ma mort. M-O-R-T : juste le mot rend bien des gens mal à l’aise. Mais pourquoi ? On naît, on grandit, on vit, on meurt. C’est le cycle normal de la vie. Un enfant qui meurt, ça, ce n’est pas normal. Mais un adulte épanoui… où est le problème ?

J’ai vécu chaque jour de ma vie sans savoir s’il y aurait un lendemain. J’ai mis au monde trois enfants fabuleux, trois humains qui essayeront de changer le monde après moi. J’ai aimé, autant qu’il soit possible pour un cœur d’aimer. J’ai aidé les autres, fait une différence dans certaines vies. Ma job est faite. Si je meurs demain matin, je mourrai comblée.

Je ne suis pas dépressive. Je n’ai pas « envie » de mourir. Je n’ai pas « envie » que tout s’arrête. Mais si ma vie se terminait maintenant, ce serait sans aucun regret. Je ne demande pas à mourir, mais ma mort ne me fait pas peur. Je ne suis pas malade. Je n’ai pas de cancer incurable. Mais si c’était le cas, ce serait correct aussi. Comme tout le monde, je ne veux pas souffrir. Mais oui, je suis prête à mourir. Plusieurs diront que c’est facile à dire quand on est en santé. Mais je reste persuadée que ce discours ne changera pas quand la maladie ou la vieillesse me touchera.

Je ne veux pas mourir en étant la plus vieille. Je ne veux pas survivre à mes enfants. Je ne veux pas enterrer mes proches. Je veux partir le cœur léger, avec tous ceux que j’aime près de moi. Comme tout un chacun, je ne sais pas comment je vais mourir ni quand ça va se produire. Mais si je pouvais choisir, étonnamment, je choisirais la maladie… une maladie assez lente pour que j’aie le temps de dire adieu, et assez rapide pour qu’on ne me voie pas souffrir. Une mort rapide, par accident ou en dormant, c’est la mort de prédilection pour plusieurs personnes. Mais pas pour moi. Je préfère avoir le temps de vivre ma mort. La vivre sereinement et prendre le temps qu’il faut pour serrer mes proches dans mes bras et leur dire à quel point je les ai aimés. Je ne veux pas d’une maladie qui me ferait perdre chacune de mes fonctions lentement. Ça, c’est juste de la torture. Probablement que je déciderais de la fin bien avant le temps si c’était le cas. Je n’ai pas peur de mourir.

Mon mari, mon tendre amour, déteste quand je prononce ces paroles. Il n’arrive pas à comprendre mon point de vue. Pour lui, vivre est le plus important, peu importe les batailles, les souffrances et les pertes. Vivre, le plus longtemps possible. Vivre, à tout prix. Je comprends son choix, et je le respecte. Mon choix à moi, c’est de vivre heureuse, et de mourir tout aussi heureuse. Peu importe l’heure.

Je veux que mes enfants me voient sourire sur mon lit de mort. Je veux qu’ils vivent leurs vies, un jour à la fois, sans aucune peur. Je ne veux pas que la mort soit pour eux une menace paralysante. Je veux qu’ils en aient un souvenir doux. Parce que peu importe le malaise de la société face à la mort, elle arrivera inévitablement pour chacun d’entre nous. Alors oui, moi j’en parle. Oui, je brise ce tabou. Et le jour venu, j’accueillerai la mort en moi, comme j’ai vu le soleil se lever chaque jour de ma vie. Et quand je pousserai mon dernier souffle, un autre petit être viendra au monde, quelque part sur la Terre. Et ça, même dans la mort, c’est toute la beauté de la vie.

Joanie Fournier

 

Je ne peux m’empêcher de penser à toi…

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Alors que les familles se réunissent et que les éclats de rire des enfants éclatent dans la pièce, je ne peux m’empêcher de penser à toi.

Je regarde ce beau sapin rempli de milliers de lumières et je me dis qu’il aurait mis de la magie dans ta vie. Comme tellement de parents, j’ai perdu un enfant. Et peu importe les circonstances, c’est une perte dont on ne se remet jamais vraiment…

Parfois, nos petits anges nous quittent pour de funestes raisons. Que ce soit à quelques semaines de grossesse ou à quelques mois de vie, ça reste une peine qui ne guérira jamais entièrement.

Mon histoire n’est pas plus spéciale que les autres. Mon petit bébé aurait mené une vie emprisonné dans un corps handicapé où les murs de l’hôpital auraient été le seul décor qu’il puisse voir… Nous avons fait consciemment le choix de le laisser partir.

Je me suis promis que je ne regretterais jamais ce choix… mais… mais quand je vis des moments magiques, ceux où le temps semble s’arrêter, je ne peux m’empêcher de penser à toi, mon bébé.

Je pense à ton quatrième anniversaire, que l’on aurait fêté cet automne. Je pense à ton inscription à la maternelle, que j’aurais faite en février prochain. Je regarde tes sœurs ouvrir leurs cadeaux du père Noël, avec leurs yeux remplis de magie, et je t’imagine secrètement parmi nous…

Je sais aussi que bien des familles ont perdu des êtres chers, et pas seulement des enfants. Un père, une mère, une tante, un frère, un grand-père… et ça me réconforte en fait de penser que je ne suis sûrement pas la seule à vivre la nostalgie des fêtes…

La mort, ça reste un grand tabou. Plus les années passent et moins on se donne le droit d’en parler. Pourtant, même si on refait nos vies, même si on est très heureux dans le présent, on ne peut s’empêcher d’y penser.

Je me surprends encore à m’imaginer au bord de la rivière où on a dispersé ses cendres… Ça me fait du bien. Ce n’est pas de la tristesse que je ressens, pas uniquement… Je ne suis pas dépressive, et j’ai fait le deuil de ce petit être. Cela ne m’empêche pas toutefois de penser à tout ce que serait notre vie s’il en faisait encore partie.

Ce soir, je salue avec tendresse les parents qui ont perdu une partie d’eux‑mêmes. Je salue les enfants qui ont perdu ceux qui les ont mis au monde. Je salue tous ceux qui ont perdu quelqu’un qui faisait battre leur cœur plus fort. Je salue toutes les personnes qui regardent leur sapin illuminé cette année, en pensant à la personne qui manque à la fête.

Je vous envoie des milliers de câlins. Je lève les yeux au ciel et je regarde chacune des étoiles. Je me dis que si mon bébé est là‑haut, il semble bien entouré. Alors je lève mon verre ce soir, à vous, nos étoiles. Je vous souhaite d’être heureux où que vous soyez. Continuez de veiller sur nous. Et embrassez mon bébé pour moi…


Joyeuses fêtes à tous!


Joanie Fournier

Le p’tit gâteau au caramel

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Il y a de ces images qui sont parfois si fortes et qui évoquent en nous tant de souvenirs…

 

Pour moi, c’est ce fameux p’tit gâteau au caramel Vachon. Celui dont tu raffolais, maman.

 

Savais-tu qu’à ton départ, j’avais conservé précieusement un plat dans lequel tu avais placé un de ces gâteaux? Ils viennent en paquet de deux et tu as toujours trouvé ça trop sucré. Ce gâteau, tu avais pris une bouchée dedans; le nombre de fois que je l’ai observé… La marque de tes dents sur cet objet, signe tangible qu’il n’y avait pas si longtemps, tu avais bel et bien croqué dedans.

 

J’ai mis du temps à le jeter. Beaucoup.

 

Quelques semaines avant ton décès, tu m’avais cuisiné ta recette de boulettes. J’avais congelé ce repas pour en profiter lors de ma rentrée universitaire.

 

À cet instant, j’ignorais que je la ferais sans toi.

 

Que tu ne me connaîtrais jamais en tant qu’enseignante.

 

Que jamais tu ne mettrais les pieds dans ma classe.

 

Que tu n’assisterais pas à mon mariage.

 

Que je ne voyagerais jamais avec toi.

 

Que tu ne connaîtrais jamais mes enfants.

 

Ton plat de boulettes, je l’ai déménagé plusieurs fois, tu sais. Mon p’tit trésor, au fond de ma glacière. Celui-là, j’ai mis des années à m’en départir.

 

Il suffit de si peu, d’un simple objet pour faire le pont entre nos âmes.

 

Le p’tit gâteau au caramel, quatorze ans plus tard, je le mange encore en pensant à toi, maman. Et tu sais quoi? Moi aussi, je n’en mange qu’un morceau à la fois! 💜

 

Karine Lamarche

Que diraient-ils?

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Parfois, souvent, je réfléchis à ce que diraient ceux qui sont partis. Que pensent-ils de nous et de nos vies?

Je crois que parfois, il leur pousse des cheveux blancs et ils auraient sûrement envie de nous dire tout ceci :

Aie de la gratitude pour ce qui est dans le moment présent; tu seras plus heureux, moins insatisfait, plus zen

Reconnais-toi, vois le chemin parcouru, sois fier et fais-en le point de départ de tes ambitions futures.

Reconnais ceux qui t’aiment comme tu es, honore leur présence dans ta vie. Le bon vieux « Traite comme tu veux être traité ».

Tu as la chance immense de te réveiller tous les matins, pas moi. Par tes choix, chacune de ces journées peut être merveilleuse dans les petites choses. Écoute et fais confiance à ton cœur; ta tête te joue des tours, te conforte dans tes peurs et l’orgueil te mène trop souvent. Ce que pensent les autres ne doit pas commander ta vie, sois aux commandes de ta vie.

Nos amis ou membres de famille décédés diraient sûrement : Mon doux que tu te compliques la vie pour rien. Il n’y a pas de compétition réelle entre humains, nous créons tout ça.

Nous avons tous des talents, exploitons-les et soyons heureux de ceux des autres.

Ils nous diraient : Change tes lunettes de bord, ça presse! Tu es devant un univers de possibilités, c’est la chance de ta vie, saute, contourne les barrières, fais des choix et assume-les! Amuse-toi!

Ils nous diraient de faire des choix de vie qui honorent notre corps, ce cadeau reçu à la naissance, celui qui nous permet de tout réaliser. Nous avons une seule santé, ne la perdons pas!

Ils ont sûrement parfois un peu honte de nous. Honte de nos choix de comportements, honte de notre manque de délicatesse, d’empathie envers nous et les autres. Personne ne devrait se sentir mal ou de trop en votre présence. En fait, je suis convaincue qu’ils ne nous culpabiliseraient pas, ils constateraient simplement ce qui est. Ils portent constamment les lunettes roses, pas celles de la naïveté, celles de l’envie d’être bien, de se réaliser pleinement selon notre chemin de vie.

Quand je pense à ce qu’ils diraient, je pense aussi à ce qu’ils me disaient. Mon cœur les voit et les entend toujours. Ceux qui sont chers à mon cœur me valorisaient dans leurs paroles, mais surtout dans leurs gestes. C’est le plus important dans la vie pour se sentir aimer au-delà des mots.

 

Marie-Josée Gauthier

 

Carmen Campagne est décédée. Et alors?

Carmen (si je peux me permettre cette familiarité, l’ayant côtoy

Carmen (si je peux me permettre cette familiarité, l’ayant côtoyée durant des décennies à travers mon téléviseur et mon radiocassette) avait encore un long chemin devant elle que nous aurions aimé la voir emprunter. Elle nous a quittés, emportant avec elle des générations entières. Des générations à avoir entonné ses ballades, ses rythmes, son dynamisme, son humour et ses reprises de notre folklore et de nos traditions. Des générations à avoir eu les cassettes audio jusqu’à en casser le ruban. Des générations entières qui chantent encore ses chansons encore aujourd’hui. Ma génération entre autres.

J’étais éducatrice, en plein début de carrière lorsque j’ai entendu puis chantonné les airs animés de Carmen pour la première fois. Il n’y avait pas une seule chanson que nous n’entamions pas dans mes stages pour ramener nos petits groupes à l’ordre. Les enfants dansaient sous ses airs. C’était magique pour nous, les chansons amenaient au rassemblement. Nous pouvions passer d’une activité à une autre grâce à ses paroles invitantes. Nous avons gestuellement bougé sur ces hits. Tout était prétexte à chanter du Carmen Campagne. Tout était prétexte à se lever le popotin et bouger avec énergie. Encore aujourd’hui, ses chansons ont leur place au sein de mes groupes d’enfants. J’aime son accent qui amène à bien prononcer et articuler notre si belle langue française.

Puis, sont apparues les vidéocassettes. Les VHS… Le bonheur. Nous pouvions mimer sans cesse le siiiiiiiii « Bon chocolat chaud », « La moustache à papa », « La soupe à mon ami » et bien d’autres. Pas surprenant qu’elle ait remporté des prix honorifiques. On la louangeait dans les foyers! Bien des chaumières ont dû faire jouer en boucle ses vidéocassettes. Au même moment, dans les maisons, il y avait des générations d’enfants absorbées par le téléviseur et des générations de parents qui pouvaient vaquer plus librement à leurs tâches ménagères (tout en chantant, on ne se le cachera pas). Sachant que Carmen veillait sur les enfants dans le salon. Les parents n’étaient sollicités que pour rembobiner la vidéocassette.

Carmen Campagne est décédée. Et alors?

Et alors? À l’annonce de son décès, ce sont des souvenirs enfouis par le temps, par nos occupations d’adultes, qui sont ressurgis de nos cœurs, de nos mémoires. Je me suis revue, le temps que l’animateur termine de nommer cette bouleversante information à la télé, bercer mes filles lorsqu’elles étaient bébés, en chantant, murmurant même, tout doucement les ballades de « Rêves multicolores » avec sa « Poule aux œufs d’or ». J’ai d’ailleurs encore le CD dans des cartons. J’ai aussi, du même coup, revu mon mari sur la scène d’un spectacle offert par le CPE où je travaillais à l’époque. Il dansait avec d’autres papas fiers d’avoir « La moustache à papa ». Le spectacle était rempli de cris d’amusements de centaines d’enfants et de parents ébahis de voir leur progéniture si survoltée. Carmen avait sa place sur scène pour les enfants, comme celle qu’avaient les Beatles pour d’autres. Des salles de spectacles littéralement déchaînées.

Tout au long de la journée de l’annonce de son décès, j’ai lu les mille et un commentaires écrits sur les différents médias. Tous, unanimement, témoignaient de souvenirs positifs. Carmen a passé dans nos vies pour différentes raisons, à différents moments. Elle a passé pour calmer les petits corps excités. Pour animer jusqu’à l’effervescence les plus apaisés. On l’a vue, on l’a entendue et on se souviendra longtemps de cette femme remplie à la fois de calme, d’histoires animées, d’enseignement, de créativité et d’amour pour les enfants. Pour nos enfants. Elle a, en plus d’avoir fait swigner des gens du Québec jusqu’à la France, fait une carrière d’enseignante; je souris en pensant qu’il devait y avoir tant d’imagination dans ses enseignements.

De là-haut, toi cette amoureuse des comptines, des chansons et des tout-petits, laisse-toi bercer par l’écho de tes airs que nous ne cesserons d’entonner. Pour toi, pour moi, pour nous. Sois pleinement satisfaite de tout. Tu m’as marquée, pour toujours et à jamais.

Et vous? Quel souvenir vous aura laissé cette habile auteure-compositrice-interprète?

Mylène Groleau

 

Bonne fête des Pères à vous, solo parents!

Bonne fête des Pères à vous tous, papas présents, papas à temps

Bonne fête des Pères à vous tous, papas présents, papas à temps partiel, beaux-papas, mais surtout bonne fête des Pères à toi, papa et maman solo parentaux !

Bien sûr, j’aurais pu écrire ce texte aussi à la fête des Mères, mais la fête des Pères est toujours pour moi une journée très émotive, surtout depuis que j’ai perdu le mien.

Alors à toi, le papa unique, le papa solo qui se tape la routine du matin avec le réveil, le déjeuner, les lunchs, l’habillage, la coiffure (oui, toi, le papa qui doit faire de mini tresses dans de mini cheveux avec tes gros doigts), le départ pour l’école et le travail. Qui se tape seul le retour à la maison, le souper, les devoirs, la routine du soir. Qui se tape seul le lavage (papa, as-tu lavé tel chandail, tel pantalon ?), le ménage, les courses, l’entretien de la maison. Je te souhaite bonne fête des Pères.

Aussi, bonne fête des Pères à toi, la maman solo parentale qui doit se taper seule la routine du matin, la journée de travail, la routine du soir, le lavage, le ménage, sortir les vidanges, débloquer la toilette qui est encore bouchée, faire de petites réparations, passer la tondeuse et le coupe-bordure.

Alors à vous tous et toutes, papas et mamans qui donnez le meilleur de vous‑mêmes pour que vos enfants ne manquent de rien. À vous tous et toutes qui faites en sorte que le parent disparu reste bien vivant dans la mémoire de ses enfants. À vous tous et toutes qui ressentez le manque de cette personne extraordinaire qui vous a fait confiance en vous confiant le meilleur de lui ou d’elle‑même, je vous souhaite bonne fête des Pères.

Et à vous tous et toutes qui avez le privilège d’avoir un autre parent extraordinaire qui vous aide avec votre marmaille, bonne fête des Pères. N’oubliez jamais la chance que vous avez d’avoir à vos côtés ce parent avec qui partager les bons et les moins bons moments. Un parent restera toujours un parent, qu’il soit parfait selon vos critères ou non.

Et pour terminer, à tous ces papas disparus qui veillent sur leurs trésors de là-haut, je vous souhaite bonne fête des Pères !

Annie Corriveau