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J’ai le moral qui fite avec le temps de l’année…

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Chaque année, quand les rayons chauds du soleil nous quittent en même temps que la température, j’ai le moral en chute libre.

 

Cela me prend toute l’énergie possible pour me tirer de mon lit, et la seule pensée qui me réconforte, c’est la pensée du moment où je vais me recoucher.

 

Partir la journée comme ça, c’est à coup sûr tout voir comme une montagne.

 

Et les journées se suivent et se ressemblent… je me sens BOF!

 

J’ai le goût de rien.

 

Et puis je n’ai pas le choix, il me revient toujours en tête un rendez-vous chez le médecin il y a quelques années.

 

Il a regardé mon pédigrée familial. Oui, voyez-vous, la dépression est comme la seule chose dont pas mal tout le monde a hérité.

 

Les antidépresseurs sont au menu chez nous.

 

J’ai une tante qui appelait ça des bonbons sourire!

 

Mon frère et ma cousine se sont enlevé la vie.

 

Donc dans le bureau, le médecin m’a raconté que d’octobre à avril, la dépression monte en flèche et que moi, avec le bagage génétique que j’ai, mes risques sont décuplés… donc si je ne suis pas vigilante, je ferai une dépression moi aussi.

 

Alors j’ai appris à me regarder aller.

 

Chaque année, cela me prend quelques semaines à me rendre compte que je coule, mais par la suite, je mets en action ma routine bonheur!

 

Une routine que je me suis créée et qui me permet de ne pas couler au fond de mon abime mental.

 

Il y a trois choses que je fais et qui m’aident vraiment :

 

1— Je médite ou j’applique des techniques de cohérence cardiaque (deux techniques qui me reconnectent à moi, me permettent de diminuer mon stress, d’être en paix)

 

2— Je fais de l’exercice tous les jours (les médecins disent que l’exercice est un remède extraordinaire contre la dépression).

 

3— Je m’écoute (seulement lorsque les deux premiers sont faits!)

J’arrête de vouloir être une superwoman et je fais juste ce qui me plaît : lire un livre, écouter une série télé qui me fait rire, aller souper avec des amis (juste si j’ai le goût) et me coucher tôt (cure de sommeil pour moi).

 

L’idée est de ne pas me laisser m’enfoncer pour éviter de vraiment choper cette affaire-là qui court plus vite que la grippe et la gastro : la dépression.

 

Ces petits trucs, pas grand-chose, font vraiment une différence dans ma vie!

 

Et vous, qu’est-ce qui vous empêche de couler?

 

 

Si vous cherchez à essayer de méditer et que vous ne savez pas par où commencer, écrivez-moi à martinewilky@gmail.com. Je vous offre une méditation guidée gratuite!

 

 

Martine Wilky

Le suicide chez nos policiers

Étant de la communauté policière, je suis informé lorsqu’un po

Étant de la communauté policière, je suis informé lorsqu’un policier se suicide. Depuis quelques mois, je remarque qu’il y en a de plus en plus et que les policiers qui passent à l’acte sont de plus en plus jeunes. Je sais que le suicide est préoccupant dans toute la société, mais cet article portera sur le suicide chez les policiers et chez les intervenants d’urgence. C’est mon monde à moi.

J’ai eu le malheur de couvrir plusieurs suicides de policiers et de policières dans ma carrière. Suicide par arme à feu, pendaison ou autre, chacune de ces tragédies me touche particulièrement puisqu’en quelque sorte, nous sommes tous de la même famille. Je perds donc un membre de ma famille chaque fois et je me demande si cette décision extrême a un lien avec le métier choisi et avec la détresse que nous côtoyons quotidiennement.

Être policier aujourd’hui n’a rien à voir avec ce que c’était il y a vingt ou trente ans. Premièrement, chaque policier aujourd’hui sait très bien qu’il est scruté à la loupe à chaque intervention. Des interventions, un policier peut en faire une dizaine et plus par jour. Il sait qu’il sera filmé, critiqué et très souvent insulté lors de ses interventions. L’erreur est humaine, qu’on dit, mais pas chez les policiers. Pour eux, l’erreur est inacceptable. Les médias sont là pour s’assurer qu’une erreur soit connue et critiquée par toute la population. C’est un vieux classique de le répéter, mais c’est quand même vrai : des gens sans expérience policière prendront des mois voire des années à décortiquer et à juger le geste d’un policier alors qu’il avait une fraction de seconde pour prendre sa décision.

Il y a trente ans, nos vieux confrères avaient plus de pouvoir face aux criminels et plus de respect de la part de la population. Les choses ont bien changé et ça peut finir par jouer sur le moral. Nous côtoyons chaque jour la violence, la détresse, la pauvreté et la maladie mentale. Oui, nous savions dans quoi nous nous embarquions en prêtant serment lors de notre embauche, mais ne savions pas que cela pouvait finir par nous atteindre à ce point.

Nous sommes les premiers à intervenir auprès de gens suicidaires et en détresse. Nous devons souvent nous improviser psychologues pour aider et diriger ces gens en détresse et en crise. Nous connaissons les signes précurseurs des gens qui passeront à l’acte. Nous savons où diriger ces gens et savons quel genre d’aide ils doivent aller chercher. Nous savons quoi leur dire pour les ramener vers le positif. La question est donc : pourquoi ces policiers passent à l’acte alors qu’ils savent exactement où et comment aller chercher de l’aide? Pourquoi n’ont-ils pas vu l’entonnoir se refermer et pourquoi ne sont-ils pas allés chercher de l’aide avant?

Vous savez, on s’attend à ce que les policiers soient forts et courageux. On s’attend à ce qu’ils soient en contrôle. On s’attend à ce qu’ils soient en excellente santé mentale. Nous connaissons ces attentes face à nous. La population s’imaginerait mal un policier se mettre à pleurer sur une scène d’accident mortel. Alors on apprend à être forts et à ne pas se laisser atteindre. Du moins, c’est ce qu’on apprend à montrer. On contrôle l’enveloppe et non le contenu.

Un policier qui met un genou par terre et qui demande de l’aide parce qu’il ne va pas, ça ne passe pas inaperçu. Lorsqu’un policier avoue vivre des moments difficiles ou être en dépression, la première chose que son employeur fera, c’est de lui enlever son arme à feu et c’est compréhensible. Par contre, on vient en même temps de lui enlever le droit de travailler sur la route. S’il n’est pas en congé de maladie pour prendre soin de lui, on l’assignera dans un bureau à faire des photocopies ou quelque chose du genre. Tout le monde saura alors qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Et quand on ne va pas, on sait tous qu’on ne veut pas nécessairement l’annoncer publiquement. Voilà probablement des raisons qui empêchent souvent un policier à admettre qu’il a besoin d’aide : l’orgueil et l’image projetée vers les autres. Car ne l’oubliez pas, on doit être forts, c’est ce que les gens attendent de nous.

Un message à mes confrères et consœurs :

– On a tous le droit de moins bien aller, d’avoir des passes difficiles. Nous ne sommes que des humains et nous avons tous des moments où ça va moins bien.

– Aller chercher de l’aide quand ça ne va pas n’est pas un signe de faiblesse. Il n’y a aucune honte à le faire. Je l’ai moi-même fait et je l’admets ici aujourd’hui. Je suis même particulièrement fier de l’avoir fait.

– Nous sommes là pour aider tout le monde tout le temps. Commençons donc par nous aider nous-mêmes. Nous devrions être notre priorité. Nous sommes habitués de protéger les autres avant de nous protéger nous-mêmes, mais il faut parfois savoir se prioriser.

– On a tous un partner ou un buddy dans notre équipe à qui on peut confier ce qui ne va pas et qui peut nous aider. Lancez-vous, parlez-en à quelqu’un!

– Donnons-nous la tape dans le dos qu’on ne reçoit ni de nos patrons ni des citoyens. Soyons là quand ça va moins bien. Notre travail n’est pas ordinaire et ce que nous vivons ne l’est pas non plus.

– On est tous une grande famille et dans chaque famille, il y a des gens qui vont moins bien. N’hésitons pas à aborder le sujet et à demander à quelqu’un ce qui ne va pas. Prenons les devants et offrons-leur notre écoute et notre aide. Chaque parole ou chaque geste peut faire la différence.

 – Le suicide n’est pas la solution. Laissez-vous aider à trouver les solutions qui vous permettront de remonter la pente et d’aller mieux à nouveau. C’est possible et réaliste de s’en sortir. Ne restez pas seuls.

LA VIGILE : Maison d’accueil pour intervenants en situation d’urgence, professionnels de la santé et du milieu juridique, leurs proches ou toute autre personne. 1-888-315-0007

 

Quand la contraception rend malade

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Qu’on le veuille ou non, la contraception est souvent une responsabilité qui retombe sur les épaules des femmes. Souvent à un jeune âge, on suggère aux filles de prendre la pilule dès les premières relations sexuelles. Elle est même prescrite aux adolescentes afin de régulariser leur cycle et de diminuer les règles trop abondantes. Notre boîtier de pilules nous suit pendant des années jusqu’au jour où on se décide à fonder une famille.

Pour ma part, j’ai pris des contraceptifs oraux pendant près de dix-sept ans sans jamais arrêter. J’avoue même que j’ai pris la pilule en continu pour éviter des règles à plusieurs reprises. Je suis tombée enceinte très facilement dès l’arrêt de la contraception, puis j’ai fait une fausse couche à douze semaines pour retomber enceinte aussi rapidement et avoir un beau bébé en santé en novembre 2007.   Quelques semaines avant mon accouchement, mon médecin m’a demandé ce que je ferais pour me protéger après cette grossesse et m’a suggéré de m’installer un stérilet Mirena après la naissance de ma fille. Je n’avais jamais entendu parler de ce stérilet, mais une amie médecin m’en vantait les effets comme l’arrêt complet des règles.

Wow ! Quel bonheur de ne plus avoir à prendre de fameuses pilules chaque jour ! Je ne voyais que des avantages. Plus de cycle, moins de SPM (j’ai l’impression) et surtout adieu crampes, saignements et achats de tampons. Après cinq ans avec le premier stérilet, j’ai réitéré avec la pose d’un deuxième Mirena en 2013. Avec la naissance de ma fille, j’ai mis sur le dos du stress lié à un enfant ou du retour au boulot tous mes maux de santé mentale. Mes tristesses sans fond et mes moments de désespoir étaient récurrents et très pénibles.

Une lourde cape pesait sur mes épaules depuis tant d’années lorsqu’au printemps 2017, en lisant divers textes sur le Mirena, j’ai réalisé que cela faisait plus de dix ans que j’avais en moi ce fameux stérilet dont tout le monde parle. Des études parlent du taux de cortisol (hormone du stress) plus élevé dans le sang des femmes avec ce dispositif utérin. Humeur dépressive, perte de désir, idées noires, etc. : la liste des effets secondaires et les témoignages abondent partout sur les sites. J’ai tenté d’oublier le tout en me disant que cela n’avait aucun lien avec mon anxiété constante.

Puis à la fin juin, je suis tombée sur un article qui parlait encore des effets secondaires et j’ai réalisé que je ne pouvais plus ignorer que cette contraception me rendait malade. J’ai réussi à faire enlever ledit stérilet dès le début juillet. Deux mois et demi plus tard, je réalise que je ne me suis pas sentie aussi zen depuis des années. J’ai passé un été avec un sentiment de calme intérieur dont je ne me souvenais pas. Malgré le stress de la rentrée, de la folie au boulot, je me surprends à être calme. Est-ce lié ? Chose certaine, je ne tiens pas à réessayer ce moyen de contraception.

En conclusion, je ne tiens pas à effrayer toutes les femmes portant ce stérilet, mais juste à vous faire prendre conscience que si vous vous sentez triste, dépressive ou anxieuse depuis quelques années et que cela concorde avec la pose de ce fameux dispositif, votre état pourrait être lié à votre méthode contraceptive.

Pour en savoir plus :

 

http://information.tv5monde.com/terriennes/sterilet-mirena-les-femmes-maltraitees-par-les-hormones-et-la-gynecologie-175492

https://www.researchgate.net/publication/314138176_The_levonorgestrel-releasing_intrauterine_device_potentiates_stress_reactivity

http://www.journaldequebec.com/2017/05/10/sterilet-mirena-des-femmes-denoncent-une-omerta-sur-les-effets-secondaires

https://www.letemps.ch/sciences/2017/07/07/linquietude-monte-sterilet-mirena

Véronique Hébert

Au plaisir de vous lire et de répondre à vos commentaires !

v23hebert@icloud.com

Un garçon aussi

Un garçon aussi peut avoir une faible estime de soi. Un garçon aussi peut être très anxieux. Un

Un garçon aussi peut avoir une faible estime de soi. Un garçon aussi peut être très anxieux. Un garçon aussi peut être dépressif. Un garçon a le droit de pleurer. Un garçon a le droit de consulter. Un garçon aussi peut avoir des troubles alimentaires. Un garçon aussi peut avoir des complexes. Mon fils est un de ceux‑là. Un de ceux que l’on peut ignorer en prétextant que ce ne sont que des enfants. Que ça va passer. Au contraire, on ne doit pas sous-estimer ces enfants.

 

Ce soir, mon fils de neuf ans m’a dit : « Maman, ça ne me donne rien d’être là, ici avec vous, je ne sers à rien dans la vie. Personne ne me fait me sentir aimé. J’ai deux bons amis, c’est tout. Je ne m’en fais pas, des amis, moi. Je ne suis pas bon à l’école, je suis bon dans rien. »

 

La gorge nouée, j’ai pris de grandes respirations et je lui ai expliqué que ces paroles me faisaient très mal à entendre, mais que j’étais reconnaissante qu’il partage ses pensées avec moi. Il m’a lancé ces paroles dans le chaos de la routine du dodo. J’ai essayé de discuter avec lui immédiatement, mais je n’y arrivais tout simplement pas. « Maman a besoin de ton iPod, je vais aller réfléchir en prenant une marche dehors et on discutera à mon retour. »

 

J’ai quitté d’un pas ferme en ne sachant pas où j’allais exactement, écouteurs aux oreilles à écouter sa playlist. Des chansons tristes et des chansons joyeuses. Des chansons qui font mal à mon cœur de mère. Des chansons qu’on a choisies ensemble, lui et moi, il y a moins d’un mois. Ces chansons qui, lorsque je les écoute dans le contexte de son état présent, me donnent le vertige.

 

Je me pose et repose sans cesse les mêmes questions. Pourquoi ? À neuf ans, comment peut-on déjà penser qu’on ne vaut rien pour personne, même pas pour ses propres parents ? Comment se peut-il qu’avoir des moyennes générales de 90 % à l’école sans lever un petit doigt soit encore signe de découragement ? Jamais assez bon. Jamais fier de lui.

 

Mon cœur a mal, mais je n’arrive pas à pleurer. J’ai plutôt une certaine colère qui m’envahit. Et ça aussi, je ne le comprends pas. Je repasse en boucle une panoplie d’images de nos sorties, de nos fous rires, et la réalité me rattrape. Je devrai consulter, il est ma priorité numéro un. J’ai mal. Je me résigne à retourner à la maison, il se fait tard.

 

Il s’est endormi. Je le regarde et je ne comprends toujours pas tous ses complexes, toute sa souffrance. Mon fils n’a jamais manqué de rien. Jamais. Il est aimé, il est bon à l’école, il est sportif, il a une qualité d’adaptation exceptionnelle. Il est beau comme un cœur, c’est un bon humain, tout le monde l’aime. Nous sommes très proches de lui, autant son père que moi. Nous sommes des livres ouverts.

 

Tout ce dont j’ai besoin ce soir est de le coller et de m’endormir en petite boule d’amour contre lui, car je sais que même s’il dort, il entendra mes murmures à son oreille. Ceux lui disant que je l’aime plus que tout et qu’il est la plus belle chose qui me soit arrivée. Il sentira mes larmes couler sur ses petites joues trop parfaites. Il sentira que sa maman est là pour lui, qu’elle ne le juge pas. J’espère qu’il acceptera les démarches que nous entamerons afin de l’aider à cheminer dans la joie, le bonheur et l’amour.

 

Mon fils, tu peux pleurer. Merci de me faire confiance, de discuter avec moi, de me partager tes émotions. Je te promets que je m’investirai dans chaque démarche afin de te redonner ton petit sourire qui me faisait tant craquer. Je t’aime, et ensemble, on y arrivera. Aime-toi. Aime qui tu es et qui tu deviens. Tu es un garçon et toi aussi, tu as le droit d’être heureux.

 

Eva Staire

Moi, stressée ?

Le fameux stress : la cause de bien des maux selon plusieurs livres

Le fameux stress : la cause de bien des maux selon plusieurs livres et études. Cancers, problèmes de santé mentale, troubles de sommeil et j’en passe. Cependant, c’est aussi le stress qui nous donne cette dose d’adrénaline qui nous pousse à agir rapidement lors de situations urgentes. Une vie sans aucun stress serait sans doute aussi calme qu’un lac sans vent lors d’une belle journée estivale. Vous en rêvez peut-être lorsque tout va trop vite ou lors de périodes très intenses au travail, mais pourrait-on vivre sans stress?

Personnellement, j’ai toujours été une fille assez anxieuse et stressée. Je me mets beaucoup de pression. En 2002, j’ai vécu une grave dépression qui m’a fait prendre conscience que personne (oui, personne!) n’est irremplaçable et que comparativement aux héros de jeux vidéo, je n’ai pas de deuxième vie si je ne prends pas soin de moi. Maintenant, je relativise beaucoup et lors de situations très stressantes, je fais doublement plus attention à moi. Bien manger, dormir assez, prendre un bain chaud, recevoir un massage, lire quelques pages d’un roman avant d’aller au lit ou écouter de la musique me permet de relaxer.

Vous allez me dire que c’est la base, mais honnêtement, il faut prendre le temps de s’arrêter, surtout AVANT une période de vie stressante qu’on peut planifier (par exemple, un déménagement, un changement de boulot, un accouchement…) et aussi APRÈS. En fait, peu importe l’activité qui vous fait du bien : aller courir dix kilomètres ou encore magasiner un nouveau vêtement, il faut savoir décrocher avant et après.   Fixez-vous un but pour passer à travers une période très intense : vous savez que vous allez travailler quatorze jours sans arrêt pour un gros projet au boulot? Prévoyez de partir trois ou quatre jours en congé avant si c’est possible et dès le lendemain, offrez-vous une journée dans un spa.

N’oubliez jamais de relativiser les drames. Personne n’est encore mort d’un délai demandé à son employeur quand on n’arrive pas à finir un gros dossier à temps ou d’un retard de dix minutes à une rencontre de parents! Une chanson que j’adore et qui m’aide à me calmer : Human de Christina Perri. Elle parle justement du fait que nous pouvons faire beaucoup, mais que nous sommes des humains et non des robots. Cette chanson me fait du bien et je vous invite à l’écouter la prochaine fois que vous vivrez un grand stress.

 

Véronique Hébert

 

Pour tous vos commentaires : V23hebert@icloud.com

Depuis que chéri est en dépression…

Cela fait quelque temps que chéri ne va pas trop. Ses performances

Cela fait quelque temps que chéri ne va pas trop. Ses performances au travail n’en sont pas affectées, mais son attitude a changé. Il entre du travail, obsédé par tout ce qui ne va pas. La circulation, la température, les clients, les boss, les collègues. Tout est lourd. Il ne voit que ce qui ne va pas. Quand il en parle, il tente de nous convaincre que ce qui se passe n’a pas de sens. De cette façon, cela le conforte dans le fait qu’il a bien raison. Il ne dort plus ou plutôt ne se couche plus. Mais au petit matin, il n’arrive pas à se lever. Ce qui commence sa journée du mauvais pied. L’anxiété prend de plus en plus de place dans sa tête, comme une bête assoiffée de souffrance.

Petite visite de routine chez le médecin et tout s’effondre. Le médecin a vu clair. Il fait une dépression! Cela l’a happé comme un boulet de canon. Il est arrivé à la maison encore surpris d’en être rendu là. La honte, l’anxiété, le doute, la frustration, toutes ces émotions sont entremêlées. Mais la pire, c’est la peine. Ce désespoir qui émerge soudainement et qui surprend mon chéri, tout comme moi.

Les filles arrivent de l’école. On va devoir leur dire. Elles sont tellement surprises de le voir à la maison en après-midi. Pour elles, c’est presque la fête sauf que…

Sauf que leur père est une loque.

Son visage est déformé par toutes les larmes qui ont trouvé refuge sur ses joues. Il n’arrive pas à leur annoncer ce qui se passe. Alors en bonne mère germaine, je prends le lead et je leur dis : « Les filles, votre père va passer quelque temps à la maison. Il ne va pas bien. Son corps n’est pas malade, c’est son cœur et sa tête qui souffrent.  On va prendre soin de lui. Il doit prendre soin de lui. »

Il ne nous a demandé qu’une chose, de ne pas en parler. De ne pas dire qu’il faisait une dépression…

Je ne sais pas à quel point elles ont compris. Elles venaient d’entrer dans leurs vacances d’été et elles ne voyaient que du positif à avoir leur père à la maison. Oh! oui, c’était super, jusqu’à ce qu’elles se rendent compte que…

Leur père ne riait plus. Il dormait le jour et vivait une partie de la nuit. Qu’il ne faisait pas attention à elles. Qu’il ne mangeait plus et même parfois, il ne se lavait plus. Leur scénario d’avoir leur père meilleur partenaire de jeux à la maison n’était vraiment pas en train de se produire. Lui qui est un clown, toujours prêt à faire plaisir à ses filles, n’est plus qu’un ombre.

Moi, je galérais pour maintenir le cap : travailler, m’occuper de la maison, m’occuper de chéri, mais surtout, tout tenter pour que mes filles voient le moins possible la descente aux enfers de leur père. Je le voyais s’enfoncer profondément dans sa noirceur. Voir l’homme de sa vie disparaître, ça fait mal. Ne plus le reconnaître, sentir que de son côté, la connexion est coupée. J’avais mal pour lui. Je souhaitais tellement le retrouver.

Au fil des semaines, mes émotions se sont transformées. J’en avais assez. Assez de le voir avachi sur le sofa. Assez de tout me taper toute seule. Assez de tout porter sur mes épaules. Et à ce moment-là, je l’ai détesté. J’étais outrée qu’il se laisse tomber, qu’il NOUS laisse tomber. Que ni lui, ni nous, n’avions d’importance. Que je me retrouve seule à élever NOS filles. Que le gars que j’ai tendrement épousé soit devenu un corps sans lumière. J’étais exaspérée de tout faire pour ne pas me laisser aspirer vers le fond avec lui. En même temps, je m’en voulais de ressentir tout ça. J’étais épuisée.

De son côté, il fallait reconnaître qu’il mettait tous les outils pour atteindre une guérison. Il avait plusieurs techniques entre les mains, mais parfois souvent, il n’avait pas la force de les appliquer. Il remontait un jour, et puis pendant une semaine, il retournait dans son monde de souffrance.

Un jour, il en a eu assez. Assez de cette souffrance. Il a compris que la souffrance, c’est juste le temps qu’on accorde à notre douleur. La douleur, il en avait eu plus que sa dose. La victime a fait place au guerrier. Il a travaillé tellement fort pour se reconstruire! Pour bâtir l’homme qu’il a toujours désiré être. Il est parfois retombé un instant, mais juste assez pour rebondir et atteindre un nouveau niveau de guérison.

Le jour où chéri mari est retourné travailler, j’étais dans une confusion émotionnelle totale. J’étais heureuse de le voir retrouver une vie normale, soulagée même. Inquiète de sa journée. Enthousiaste pour l’homme qu’il devenait. Émue de ses accomplissements. Complètement apeurée de revoir une ombre revenir du travail aussi.

Chéri va bien. Il sait qu’il doit être attentif aux signes qui l’ont amené vers cette dépression. Il travaille encore sur lui. Il veille à conserver son niveau de bonheur. Il est aussi conscient qu’il n’est pas à l’abri d’une rechute. Il fait donc tout en son pouvoir pour ne pas que cela se produise. Il utilise sa boîte à outils pour aller toujours mieux…

Mon chéri mari va bien…

Martine Wilky

Le jour où tu t’es lassé de nager

J’avais dix-neuf ans qua

J’avais dix-neuf ans quand je t’ai rencontré. Tu avais six ans de plus que moi. Tu avais les cheveux longs et des Dr Martens rouges, et tu conduisais un vieux 4X4 brun duquel émanait une odeur de soirées de party entre amis. Je ne peux pas dire qu’il y a eu un coup de foudre, mais rapidement, une complicité s’est installée. On habitait le Plateau Mont-Royal, on courait les festivals de musique, on regardait des films underground. On était libres et heureux. Tu étais mon ami, mon meilleur ami.

On a grandi ensemble, on a fait un bout de chemin. La vie n’était pas toujours rose, la mer n’était pas toujours calme. On a souvent voulu fuir; on a souvent eu des doutes. Je ne compte plus les fois où j’ai fait mes valises dans ma tête et imaginé ce que ce serait de repartir à zéro, de refaire ma vie avec quelqu’un d’autre.

Malgré les épreuves, on a eu trois enfants ensemble, trois magnifiques enfants. J’ai vu ton regard s’illuminer en les voyant grandir. Tu prenais un plaisir fou à leur faire découvrir le monde. Tu étais un papa fier et affectueux. Je me suis souvent dit que peu importe ce qui nous arriverait, je ne regretterais jamais de t’avoir choisi comme père de mes enfants. Tu les aimais d’un amour pur et sincère!

Notre chemin a abouti à un cul-de-sac. Avec du recul, je vois maintenant que ton problème de santé mentale était un facteur important dans notre éloignement. On a choisi de se séparer, de ne plus se contenter. On se souhaitait du bonheur et on voulait plus que tout réussir notre séparation : pour le bien de nos trésors. On a levé nos verres à nos dix ans de vie commune, on s’est serrés fort et on ne s’est souhaité que du beau pour l’avenir.

Et c’est là que la tempête a frappé. Non seulement la mer n’était pas calme, mais on se faisait engouffrer par les vagues. Impuissante, je te regardais te noyer et toi, tu t’accrochais à moi, me tirant vers le fond. Deux ans de tempête, deux ans pendant lesquels je t’ai regardé te débattre dans l’eau, revenir à la surface reprendre ton souffle pour replonger dans les profondeurs. Il y a eu des moments où je me suis demandé si ce n’était pas ce que tu voulais, au fond, te laisser couler. Tout le monde te lançait des bouées, mais tu n’en voulais pas.

En octobre, tu t’es lassé de nager. J’imagine que tu n’en avais plus la force. On était tous à bout de forces! Nos enfants avaient neuf ans, six ans et trois ans. Par une douce journée d’automne, trois enfants ont appris qu’ils n’avaient plus leur papa. Ces trop petites merveilles que tu aimais plus que tout, tu avais choisi de les abandonner. Ces trois petits êtres qui ont fait naître une lueur dans ton regard ont vu la leur s’éteindre en un instant.

Aujourd’hui, je le dis : je t’en veux! Je te déteste pour ce que tu as fait! Je voudrais avoir la chance de te brasser et de te raisonner. Je voudrais te faire prendre conscience de toute la douleur, de toutes les questions, de toute la culpabilité et de toute la tristesse que tu nous as laissées en posant ce geste. Cette douleur que tu n’arrivais plus à supporter, tu nous l’as léguée. Tu m’as laissé un énorme fardeau sur les épaules : être le seul parent de nos enfants. Comprends-tu ce que ça signifie? Comprends-tu la pression qui pèse sur moi? De savoir que peu importe ce que je ferai, peu importe l’amour que je donnerai à nos enfants… jamais, JAMAIS, je ne pourrai leur épargner cette douleur et ce vide qui les suivront toute leur vie. Jamais je ne pourrai répondre à tous leurs questionnements, car jamais je ne pourrai expliquer l’inexplicable.

J’avais trente-deux ans quand tu t’es suicidé. Tu avais six ans de plus que moi. Tu avais les cheveux courts, tu étais père, tu étais amaigri et je ne te reconnaissais plus. La vie continue pour les enfants et moi : on se lève le matin, les enfants vont à l’école, on rit en famille, on fait des activités, on se colle, on s’aime…

La vie continue, mais elle ne sera plus jamais la même : elle sera toujours teintée par ton départ. Ce nuage noir nous suivra toujours, de près ou de loin : il fera à tout jamais partie de qui je suis et de qui les enfants deviendront.

 

Mon suicide raté

Mon frère s’est enlevé la vie. Je ne suis pas la seule à avoir un membre de sa famille qui s

Mon frère s’est enlevé la vie.

Je ne suis pas la seule à avoir un membre de sa famille qui s’est suicidé. C’était fin février que mon frère a « réussi » son suicide et que moi, j’ai glissé vers le mien. Oh! Rassurez-vous, j’étais bien vivante, en chair et en os. Mon âme, ma lumière humaine, par contre, avait foutu le camp au pays de la noirceur totale.
Pendant cette période, j’avais besoin d’en parler, pas de moi, mais du geste qu’il avait posé. Je nourrissais inconsciemment cette douleur. Malsainement, les gens avaient aussi besoin d’assouvir leur curiosité, de savoir COMMENT il s’était enlevé la vie plutôt que de s’informer comment MOI, sa sœur, je vivais ça. Donc, de fil en aiguille, je me suis fait un speech où je racontais la scène marquante du film noir de mon frère. Oui, car comme si ce n’était pas assez de vivre son suicide, je suis celle qui l’a trouvé. J’ai bien tenté de le réanimer mais malgré quelques heures de sursis, où ma mère a pu lui dire au revoir, il était trop tard. Ensuite, les gens se taisaient, envahit par le malaise car peut-être que maintenant, ils en savaient trop ! Donc du coup, on changeait de sujet pour parler météo !
Dans le bureau du médecin, on m’a dit que j’avais un pourcentage élevé de tenter de me suicider, moi aussi. Oui, en plus de vivre le suicide d’un être cher, les proches d’un suicidé ont plus de chance statistiquement parlant d’y recourir.
Je devais donc me conscientiser à reconnaître les signes avant-coureurs d’une dépression… Allô ? Je suis en plein dedans !!! Mais la fille fière (ou inconsciente et pleine d’égo) n’était pas pour admettre ça! Voyons, je ne pouvais pas vivre l’échec.
À la place, j’ai travaillé l’automédication, c’est à dire: alcool en masse et vie de fou. Si bien qu’à un moment donné, mon corps ne voulait juste plus participer à mon autodestruction. Je suis tombée encore plus bas dans ma noirceur. Tu sais, celle-là où tu ne vois juste plus où tu vas, et en même temps, tu ne veux plus aller nulle part !?
Les gens ne se doutent pas parfois de ce qui se passe dans la tête des autres. Pendant ces temps sombres, les autres me percevaient comme une fille forte. Je n’ai jamais arrêté de travailler, je sortais, je voyais des gens… J’étais active. Pour plusieurs, ma noirceur ne paraissait pas et c’est là où le bât blesse.

Je ne me serais pas tuée… pour ma mère. Juste pour ne pas voir dans ses yeux que son âme mourrait davantage. Mais si je n’avais pas vécu le suicide de mon frère, est-ce que j’aurais fait l’acte ? Je ne peux qu’être pleine de gratitude pour mon frère qui m’aura permis… de choisir une autre destination que la sienne.
Ce que j’ai retenu de cette noirceur, c’est que souvent, ceux qui choisissent le suicide ont fait pendant longtemps comme moi. Que dans leur habileté à cacher leur voyage vers la noirceur, ils se sont malheureusement perdus en chemin… C’est alors que la destination ultime, la mort, est devenue à leurs yeux, le tout-inclus désiré.

Un voyage vers la fin de la souffrance, mais où celui de leurs proches commence…

Si vous pensez au suicide ou craignez qu’un de vos proches y pense, sachez qu’il y a des ressources, dont l’Association québécoise de prévention du suicide.

Malade dans ma tête

Comme le chanterait Lara Fabian : Je suis malaaaaaadeuuuu!

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Comme le chanterait Lara Fabian : Je suis malaaaaaadeuuuu!

Mais ça ne paraît pas. Littéralement, c’est entre mes deux oreilles, comme le diraient ceux qui jugent vite. Une question de chimie du cerveau, de neurones qui capotent et qui envoient des signaux chaotiques dans mon corps. Les maladies mentales, ça s’invite chez vous après avoir visité plusieurs personnes dans votre parenté, ou ça défonce la porte sans s’annoncer, à cause des circonstances qui vous font la vie dure.

Quand ça m’arrive, ça me donne l’impression que la mort m’attend si je dois grimper sur un escabeau de deux marches pour arroser les plantes. Ou que mon cœur va partir se promener au milieu de l’autoroute tellement il bat vite. Ou que la foule présente lors d’une activité familiale va m’avaler et kidnapper mes enfants et mettre le feu à la bâtisse… On appelle ça de l’anxiété. C’est dans ma tête, mais ça existe pour vrai. Malheureusement.

Ce qui se passe à l’étage du haut, juste en dessous de ma calotte crânienne, affecte ce qui se passe dans tout mon corps. Vous essaierez, vous, de vous endormir ou de calmer votre respiration quand vous pensez à cinquante mille choses en même temps. Je n’exagère même pas. « Est-ce que j’ai barré la porte? Pas sûre… Je devrais aller vérifier. Si j’y vais, ça va réveiller tout le monde. Les enfants ont besoin de sommeil pour grandir et apprendre. Je vais avoir froid. Comme pendant le verglas de 1998. Je pensais mourir. Si je ne dors pas bientôt, je vais arriver en retard au travail. Merde! Je suis sûre que j’ai une réunion à huit heures. Si je vérifie sur mon cellulaire, je vais nuire à mon sommeil. Les ondes qui se dégagent de ça ne sont pas bonnes pour la santé. Est-ce que j’ai mangé assez de légumes aujourd’hui? Peut-être que ça pourrait compenser? Ah! non, j’avais promis au petit de laver ses pantalons préférés. Je suis une mauvaise mère. Et… » Vous voyez le portrait.

Avec une colonie de gerboises qui spinnent en dedans vingt-quatre heures par jour, on s’épuise. Mentalement et physiquement. On développe des tensions musculaires, des maux de tête, des crises d’urticaire, des maux de ventre. Et on dort encore moins. Et on stresse encore plus. Et on a le gros orteil sur le bord d’un précipice appelé dépression ou épuisement. Et on tombe dedans, éventuellement.

La dépression, je l’ai rencontrée dans mon miroir, mais aussi chez plusieurs personnes que je connais. Certaines avec qui je partage des gènes, d’autres avec qui je partage une amitié. Certaines sont encore ici, d’autres ont choisi sans choisir de mourir. Une quinzaine de suicides autour de moi. Des internements. Des crises pas possibles. Ça fesse. Ça porte à réfléchir. Ça amène à me demander si un mauvais moment donné, ce sera mon tour.

Je choisis l’autre option : la vie. La vie pas tout le temps facile, celle qui passe par le travail de guérison, l’acception de qui je suis avec mes côtés ensoleillés et mes bibittes à grandes pattes poilues qui rampent partout. La vie, ça passe par la communication et les demandes d’aide, par les projets qui me donnent le goût de me lever le matin. Mais pendant longtemps, ça passait par l’effort surhumain pour m’habiller et pour sourire. Ça me prenait tout mon petit change pour me rendre à l’épicerie et en revenir, parce que quand je revenais, je retrouvais ce qui m’épuisait. Ça me déprimait encore plus que le prix des bananes et les nouvelles de vingt-deux heures. Ça m’a pris du temps, ben, ben de l’énergie, une grosse gang d’amis et de thérapeutes respectueux de mon rythme, capables de me pousser juste assez pour que je reprenne mon élan sans crasher.

Si vous êtes malades dans votre tête, ça se peut que ça vous prenne tout ça et même plus. Ça se peut que l’idée de vous jeter par-dessus bord de votre vie vous passe par la tête. Une fois, deux fois… chaque jour, chaque seconde. Mais ça passe, parce que la maladie, ce n’est pas vous. Ce n’est pas votre identité. Au pire, faites comme Anna dans la Reine des neiges : couchez-vous par terre en claquant la langue à chaque seconde. Vous allez voir : le temps avance, les choses progressent. Un jour, quelqu’un nous tend la main et nous aide à nous reprendre en main, un pas à la fois.

Les maladies mentales, c’est comme les maladies physiques : ça se guérit avec le temps, l’aide appropriée et beaucoup d’amour. Un bon bouillon de poulet ne peut pas nuire. Ça nous ramène du côté de la santé mentale et de ce que j’appelais l’« heureusité » quand j’étais petite.

L’Association québécoise de prévention du suicide

http://www.aqps.info/

Besoin d’aide? 1-866-J’APPELLE (1-866-277-3553)

 

http://apammrs.org/semaine-nationale-de-sensibilisation-a-la-maladie-mentale/
Êtes-vous prêt pour le 25 janvier?
http://cause.bell.ca/fr/nouvelles/1072/etes-vous-pret-pour-le-25-janvier

Une dépression, ce n’est pas un paquet de steak haché!

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Une dépression, ce n’est pas un paquet de steak haché! Il n’y a ni date de préparation ni date de péremption. J’aurais beau me casser la tête afin de déterminer le moment où ma chute a commencé, c’est impossible! Je ne me suis pas couchée un soir, le sourire aux lèvres, pour me réveiller le lendemain avec le visage paralysé en mode baboune. C’est quelque chose qui s’est construit petit à petit.

Une dépression, c’est sournois. Tu vis ta vie, t’encaisses les balles courbes qu’elle t’envoie, t’essaies de focaliser sur le beau pour ne pas t’apitoyer sur ta petite personne. Tu fais la forte parce que c’est ce à quoi on s’attend de toi. Tu broies du noir, mais t’en parles pas trop fort, parce qu’au fond, y’en a des ben pires que toi et se plaindre le ventre plein, c’est ingrat. Tu t’habitues à répondre que tout est tiguidou lorsqu’on prend de tes nouvelles, mais tu t’arranges peu à peu pour être le moins souvent possible confrontée au fameux «Comment ça va?», parce que t’as peur que ta face finisse par te trahir.

Tu te dis que c’est passager… que ça va passer. Après la pluie vient le beau temps, non? Et ton entourage renchérit en prétextant que c’est juste une «mauvaise passe» : tu dois manquer de lumière, tu ne manges pas assez de fer, t’as de la fatigue accumulée, t’es due pour des vacances, etc. Les jours passent et tu te rends compte que les jokes de tes amis sont moins drôles, que le beurre de peanut goûte moins bon et que tu n’as plus le goût de danser dans le salon quand «ta toune» embarque.

Tu continues à te lever le matin, souvent parce que t’as pas le choix : des gens dépendent de toi! Alors tu fais acte de présence : tu t’habilles, tu te brosses les dents, tu fais les lunchs des petits, tu te pointes à la job, tu reviens à la maison en mode automatique, tu fais le souper et t’aides les enfants avec leurs devoirs en jetant constamment un coup d’œil à l’horloge dans l’espoir que la journée finisse par finir. Dormir devient le moment ultime de ta journée : le doux moment où tu peux te permettre de mettre ton cerveau et ton corps à off.

Éventuellement, tu te rends compte que sortir du lit devient une tâche plus ardue, et t’habiller devient superflu. La moindre obligation devient une montagne, la moindre confrontation te démolit et le moindre échec t’amène à te remettre en question. T’as tout simplement le goût de rien! Les larmes viennent plus facilement et t’as l’impression de n’être qu’un fardeau. Donc, tu t’effaces un peu plus. Tu deviens confrontée au fait que tu n’es plus une personne productive, pas plus au travail qu’au sein de ta famille, ce qui te jette encore plus à terre! Et là, ça te rentre dedans comme une tonne de brique : t’es pas juste triste ou fatiguée, et ça ne passera pas après une bonne nuit de sommeil ou une semaine à Cuba. Non! T’es malade!

La chute ne commence pas là, mais disons que la descente devient plus abrupte. C’est aussi là que ta «guérison» débute, lentement, pendant que tu tombes. Personne ne peut te dire combien de temps ça durera. T’as beau avoir toute la volonté du monde, le bonheur se reconstruit aussi lentement que la dépression s’est installée.

À un moment donné, tu te surprends à rire plus souvent, sans faire semblant. Tu te lèves un matin avant le cadran et le soleil te semble moins agressant. Quand le téléphone sonne, tu réponds. Tu réalises que le beurre de peanut, ça goûte le ciel! T’as envie de lire, de cuisiner, d’aller bruncher avec des amies, de te maquiller, d’aller voir un film… t’as le goût de quelque chose, pour vrai! Pis un bon jour, tu te mets à te déchaîner dans ton salon en entendant «ta toune», et tu sais, à ce moment précis, que ça va bien aller!

 

Je lancerais bien mes médicaments par la fenêtre

Depuis plus d’un an, je suis médicamentée. Ça m’aide vraiment

Depuis plus d’un an, je suis médicamentée. Ça m’aide vraiment à gérer mon anxiété. Et aussi mes colères. Ça joue même un rôle bénéfique sur mes tendances dépressives. Efficace, pour une petite pilule blanche! La pilule miraculeuse, diraient certains! Mais des fois, je lancerais bien mes médicaments par la fenêtre. Et je brûlerais la boîte et la prescription pour être sûre.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été perçue comme une personne zen et tolérante. Intense émotivement, surtout à l’adolescence (qui ne l’est pas?), mais tout de même calme et patiente. Mes gènes sont entachés de maladies mentales. Dépression, bipolarité, schizophrénie, psychose, dépendances, name it. Je transporte en moi ces fragilités neurologiques et le risque était grand que je les transmette à mes enfants.

J’ai toujours su qu’un jour, je m’enfoncerais dans une dépression. Cette certitude a sûrement joué un rôle dans l’arrivée d’une dépression à la fin de ma vingtaine. Elle m’a aussi protégée, puisque je suis allée chercher de l’aide psychologique dès l’âge de douze ans. Je n’ai pas attendu de péter au frette pour m’informer sur les symptômes et sur les solutions. Pourtant, ça m’a pris deux ans pour allumer : j’étais en  dépression majeure et j’avais besoin d’une solide thérapie et d’une médication adaptée.

Après plus d’un an, j’ai pu arrêter la médication. Ça allait mieux, mais je ne peux pas dire que j’étais top shape, psychologiquement parlant. À vrai dire, ce n’est que depuis quelques mois que j’ai retrouvé presque toute mon énergie d’antan, donc dix ans plus tard dans les Maritimes. C’est long, dix ans, quand on pense à mourir au quotidien. On marche toujours sur la corde raide avec laquelle on pourrait se pendre.

Entre temps, ma fille aînée a reçu un diagnostic d’anxiété généralisée. Les intervenants qui la suivaient me trouvaient hyper stressée, trop contrôlante. Mon mari me trouvait trop colérique, avec raison. Moi qui étais auparavant si zen, si « Roger-bon-temps », je pétais une coche à rien. Un presto sous haute tension. Je ne m’aimais pas ainsi, mais il m’était plus qu’impossible de me contrôler.

Ma fille aînée reçoit une médication depuis qu’elle a sept ans. Et grâce à ma fille, j’ai compris que moi aussi, j’avais besoin d’une aide chimique en plus de toutes les ressources thérapeutiques que j’allais chercher. Mon médecin est très pro médecines alternatives. Elle valorise en priorité les approches naturelles comme la massothérapie, la méditation, les changements nutritionnels et l’amélioration du style de vie. Alors, quand elle m’a dit : « Nathalie, je ne veux pas te faire peur, mais ça se peut que toi, tu aies besoin d’une médication toute ta vie pour fonctionner normalement », je l’ai prise au sérieux.

Après tout, ce n’était pas une surprise. J’avais tout essayé pour avoir de l’énergie, pour gérer mon stress et mes sautes d’humeur, pour voir la lumière au lieu des ténèbres, bref, pour être heureuse. J’y arrivais parfois deux jours de suite, mais après, tout s’écroulait. Même pas besoin de raison concrète ni de SPM.

Ce soir, ma grande Peanut m’a traitée de tous les noms. Elle a réussi à se calmer rapidement et s’est excusée. Elle m’a avoué qu’elle n’avait pas pris ses médicaments les deux derniers matins. Elle voulait profiter des vacances pour « tester » ce qui arriverait si elle cessait sa médication. « Maman, je suis tannée de dépendre des médicaments pour me contrôler. J’aimerais ça, continuer à dire des choses gentilles et à bien agir même quand je ne prends pas mes pilules. »

« Ma peanut, moi aussi, ça m’arrive de vouloir lancer mes médicaments par la fenêtre. Parfois, je suis tellement écœurée de les prendre que j’ai le goût de les engueuler. Mais quand ça m’arrive, je repense à la façon dont je me comportais avec ma famille avant que la dose soit la bonne pour moi. Je me souviens que je me sentais tout le temps fâchée, inquiète, dépassée. Ça me convainc de continuer à les prendre. Tu as fait d’énormes progrès, tu te contrôles de mieux en mieux, tu te connais de plus en plus. On va continuer le travail avec la psychologue, ton cerveau et ton corps vont continuer à se développer. Peut-être qu’un jour, tu vas pouvoir diminuer ou même arrêter de prendre des médicaments. Quand ça arrivera, on va le faire progressivement, avec l’aide de ton médecin. Pour l’instant, tes médicaments t’aident, comme les miens m’aident aussi. N’oublie pas qu’on est là pour toi et avec toi. »

Autant de lourdeur dans une si petite pilule. Mais aussi, autant d’espoir au jour le jour. Un médicament qui supporte la santé mentale, c’est une béquille qui aide à faire des pas (parfois de bébé, parfois de géant) pour continuer d’avancer.