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Nous sommes samedi matin, en route sur l’autoroute 20, direction ville de Québec. Mon amoureuse et moi avons un petit weekend prévu dans la vieille Capitale. Ça va faire du bien! Malgré la belle grossesse qu’elle vit, une fin de semaine pour penser à nous sera très bénéfique. L’accouchement est prévu dans quelques semaines. Je lui fais la remarque que c’est notre dernière fin de semaine de couple avant la naissance de notre enfant.
Je suis déjà papa d’une princesse de six ans. Elle, ce sera son premier enfant. Notre vie de couple des dernières années changera à jamais dans les prochaines semaines. Actuellement, nous sommes un couple une semaine sur deux et un couple/famille l’autre semaine.
Les kilomètres qui filent me plongent dans mes pensées, je suis loin dans ma tête. Très bientôt, le bonheur d’un deuxième enfant m’envahira, mais de grandes craintes planent présentement dans ma tête.
« Vais-je m’ennuyer de la garde partagée? »
« Vais-je m’ennuyer de notre vie de couple/famille qui suit un horaire alternatif d’une semaine sur deux? »
« Il s’agit de la dernière fois où mon amoureuse quitte la maison sans véritable crainte. Lorsqu’on est parent, jamais nous n’avons l’esprit réellement tranquille. »
« Est-ce que notre couple, qui n’a connu que ce mode de vie, sera affecté? »
« Aurons-nous suffisamment de temps pour nous, pour notre couple, pour les petits bonheurs qui meublent notre vie depuis quelques années? »
« Vais-je avoir le temps de penser à moi? »
« Est-ce que je pourrai consacrer autant de temps à ma grande de six ans? »
« Suis-je un meilleur amoureux une semaine sur deux? »
« Suis-je un meilleur papa une semaine sur deux? »
Lorsque je me suis séparé, une des premières réalités qui m’a frappé ou qui me hantait avant de prendre la grande décision, c’était de devoir faire la concession de vivre avec ma fille à temps partagé. Pour moi, la décision de la garde partagée a toujours été prise en fonction de l’équilibre de vie de ma fille et de la meilleure stabilité possible considérant la situation pour elle. Après plusieurs essais et de constants ajustements, la formule la plus adaptée a été la garde sept jours chez papa et sept jours chez maman. En plus d’une belle flexibilité pour s’ajuster aux aléas de la vie, ça se passait quand même très bien.
Mais je me dois d’être honnête, une fois le deuil provoqué par la garde partagée passé, j’ai pris goût à cet équilibre de vie. Pas parce que je n’aimais pas mon enfant, pas parce que je n’assumais pas mon rôle de père, mais simplement parce qu’à mon avis, cela me permet d’avoir un plus bel équilibre de vie. Au lieu de n’y voir que du négatif comme certains parents, j’ai essayé d’en voir les avantages. Et croyez-moi, ils sont nombreux.
Une semaine sur deux, j’adore avoir plus de temps pour moi, pour mon amoureuse et pour mon couple. J’apprécie d’avoir davantage de temps pour ma carrière, un peu plus pour les amis, en plus de planifier de belles sorties, des soirées ou des fins de semaine en adultes. Ma vie d’homme, d’adulte et d’amoureux en plus de celle de papa doit être répartie le plus également possible pour que je me sente bien. Pour que je trouve mon bonheur.
Certains diront que je suis égoïste, indigne ou irresponsable d’exprimer tout haut et en toute honnêteté ces faits, mais je l’assume totalement. Quand ma fille arrive pour sa semaine chez papa, je suis prêt à ne me consacrer qu’à elle. J’ai toujours très hâte à ce moment de retrouvailles. Chaque fois, je vis une petite émotion et une fébrilité à l’idée de la voir me sourire, de ressentir sa joie et son bonheur. Mon cœur est rempli d’amour et de fierté. À partir de ce moment, nous avons un compte à rebours de sept jours qui débute. Notre objectif : profiter ensemble du temps précieux qui nous est alloué, apprécier le moment présent et tout ce que la vie nous envoie comme bonheur. Je suis un homme choyé, mon amoureuse partage aussi tous nos moments et elle nous en crée. C’est la situation idéale.
Est-ce que ce serait différent si nous étions ensemble en tout temps? Je ne le crois pas, mais rien ne sert d’y réfléchir, ce n’est pas ma réalité. Ne me dites pas que ma vie n’est pas normale, que ce n’est pas ça, la vraie vie! C’est la vie de beaucoup de gens autour de vous, si ce n’est pas la vôtre. Du fait, qu’est-ce que la normalité ou la vraie vie? La normalité de la vie, de notre vie, c’est à tous et chacun de l’établir selon ses propres envies. Il faut se respecter.
Cette vie en garde partagée aura duré tout près de quatre ans. Mon amoureuse et moi attendons notre petite perle très bientôt. Ce sera un immense bonheur. Nous trouverons un nouvel équilibre à travers cette nouvelle vie. Par contre, je suis quand même réaliste, je sais que tout changera… Suis-je un papa indigne si je vous dis que je redoute de m’ennuyer de la garde partagée?