Êtes-vous comme moi, du genre à vous parler à vous-même ?
Non, non, je ne suis pas folle (j
Êtes-vous comme moi, du genre à vous parler à vous-même ?
Non, non, je ne suis pas folle (je reviendrai d’ailleurs sur ce mot un peu plus loin…)
Je me parle pour m’aider à réfléchir. À voix haute ou dans ma tête, mais je me parle ! Ça m’aide à organiser mes idées, à ne rien oublier, à apprendre plus facilement des notions et à me refléter des opinions qui pourraient être différentes de ma première idée.
Quand je suis en mode créatif, je m’installe avec de grandes feuilles ou un grand tableau blanc, des marqueurs de couleur , parfois des ciseaux . Je lance mes idées, je dessine, je me fais des schémas, je rature, je fais des flèches. Je vous le dis, dans ce processus, ma calligraphie n’a aucune importance ! J’écris vite et mal ! L’important, c’est qu’aucune idée ne s’égare ! Une fois sur la feuille, il sera toujours temps de copier, de réécrire, de mettre ça cute !
Même dans mon travail au gouvernement, je suis plus productive quand je peux me parler (sans parler de la musique qui occupe mon cerveau et l’empêche de divaguer !). Imaginez ce que ça faisait dans un bureau à aire ouverte… charmant. Je m’explique les étapes à suivre, je m’exclame (« Voilà ! C’est ça qui manquait ! » ou « Ben là, ç’a pas de bon sens ! »), je me questionne, je me félicite. D’ailleurs, en télétravail, chaque fois que je lâche un « Bon ! » de satisfaction, notre chien Fred est convaincu que la journée est terminée et qu’on l’amène marcher dans le quartier ! Il est déçu plusieurs fois par jour parce que je le dis souvent.
Mais je me parle aussi quand je conduis (je parle aussi aux autres conducteurs, ça fait bien rire mes enfants), quand je cuisine, quand je lis, quand je fais mon épicerie, bref, tout le temps.
J’ai appris avec le temps à utiliser cette manie de me parler à mon avantage. J’ai d’abord dû faire des surprises de conscience majeures.
D’abord, je me maltraitais à tour de bras. Le nombre de fois que je pouvais me traiter d’imbécile, de niaiseuse, de nulle… ça n’avait aucun sens ! Mon préféré, c’était « épaisse ». Ça fait mal, hein ! Ouch ! Aucun amour dans mon mot ni dans mon ton, je vous le jure. Je me cognais l’orteil sur une patte de meuble, épaisse ! Je me trompais de chemin en auto, épaisse ! Je prononçais mal un mot en anglais, épaisse ! Tout le temps ! Si j’avais traité mes enfants comme ça, j’aurais eu la DPJ sur le dos, et avec raison. Quand j’ai compris que j’étais violente psychologiquement avec moi-même, j’ai fait « WO ! » (mais sans ajouter d’adjectif dénigrant).
J’ai décidé de m’observer et d’attraper au vol tous les mots méchants que je m’adressais. Au début, c’était un emploi à temps plein ! Je me trouvais niaiseuse d’avoir autant de misère à arrêter de me dire ces mots. Oui, oui ! Encore ! Je me trouvais niaiseuse, je me sentais coupable, j’avais honte ! Le temps que ça m’a pris avant d’avouer à une thérapeute que je me traitais sans arrêt d’épaisse, c’est ridicule (oui, encore un autre mot pas fin !). Une fois que je l’ai dit, ça m’a encore plus encouragée à arrêter de me parler comme ça. Je ne parlerais à personne de cette façon, jamais, alors pourquoi je m’imposerais ça ?
Alors ça, c’était ma première surprise de conscience.
Cette semaine, j’ai lu deux livres d’Anick Lapratte, À quelle fréquence vibrez-vous et Reprogrammez votre cerveau. Et j’ai compris qu’intuitivement, j’avais fait la bonne chose en interceptant les paroles blessantes que je m’adressais, mais que j’aurais pu aller plus loin approfondir l’impact dans ma vie.
Arrêter de me traiter d’épaisse, c’est bien, c’est sain, c’est essentiel, mais encore faut-il que je remplace ces mots et ces pensées par autre chose. Si j’ai passé des décennies à me définir comme épaisse à la première bévue, mon identité en a pris un coup de pelle. Suis-je vraiment épaisse ? J’ai un Q. I. élevé, j’ai un doctorat en main, j’ai une intelligence émotionnelle développée, j’ai une intuition et une sensibilité au-delà de la moyenne. Ce ne sont pas les caractéristiques d’une personne stupide, n’est-ce pas ? Alors j’ai décidé de me redéfinir. Ces temps-ci, j’écris et je me répète qui je suis, qui je veux continuer de devenir.
Je suis une humaine intelligente, sensible, originale, courageuse, différente et fière de l’être, intuitive, organisée, multipotentielle. Je suis une artiste , une planificatrice, une maman cool et stricte à la fois, une entrepreneure, une fonctionnaire, une amie aimée et aimante, une amoureuse amoureuse , une passionnée des mots et de la langue, une graine de divin (ben oui ! Vous aussi !).
Plus je me répète qui je suis, plus l’ombre de mes mots blessants pâlit. Moins ils sont fréquents. Et si jamais quelqu’un me servait ces mots, je ne les croirais pas, et je passerais mon chemin. Merci, bonsoir.
Je vous le dis tout de suite, dans un autre texte, je vous jaserai d’autres surprises de conscience, entre autres en lien avec les scénarios qu’on se construit quand on a du temps à perdre ailleurs que dans la réalité. Mais en attendant, je vous invite à vous demander : quels mots utilisez-vous pour vous parler à vous-même ? Et comment vous parler vous sert-il ?
Nathalie Courcy
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