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Kaléidoscope : ou celle que je n’ai pas encore été… Texte : Solène Dussault

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Je me revois, petite, sous un soleil magnifique. L’exploration d’un nouvel univers se révélant à chaque tour de poignet. La découverte d’un jouet fascinant : le kaléidoscope. Une création de l’esprit ou une image véritable ? Un pur ravissement produit par un mélange de couleurs vives, de motifs flous ou définis.

Celle que j’ai toujours été : une femme formatée pour une seule mission, une seule profession. Au sortir des bancs d’école, mon diplôme fièrement acquis, le sourire accroché aux lèvres à l’entrée de ce tunnel professionnel. N’imaginant alors aucune porte de sortie, avançant d’un pas sûr et confiant vers une destination ultime, la sortie de ce long corridor : la retraite. Comme une roue qui tourne, me laisser entraîner, ne jamais remettre en question cette profession, si chère à mon cœur. Me lever, tous les matins, pour relever ce défi. Participer à de nombreux comités, partager des idées, élaborer des projets, rire, sourire, être fière. Devenir un mentor, un phare, un pilier. Celle sur qui on peut toujours compter.

Et un jour, ressentir un sentiment de lassitude, comme si ma mission avait perdu son essence, sa raison d’être. Chercher des moyens, des idées, des stratégies pour me relancer, insuffler une nouvelle énergie à ma carrière, à mes jours. Me demandant si c’est normal de me sentir comme je me sens. D’être inconfortable, de sentir que j’ai fait le tour du jardin. Un doute s’insinue dans mon esprit, comme une vipère sournoise : si c’était le début de la fin ? Impossible, ma carrière n’est pas terminée. La retraite n’a pas encore sonné pour moi !

Me fermer les yeux et mettre un cadenas sur mes envies, mon cœur. Repousser le tout sous le tapis et continuer le marathon. Espérer que le temps fera son œuvre et me redonnera des ailes. Faire de nouveaux choix, des tentatives inexplorées pour me maintenir dans ce milieu que j’ai tant souhaité. Que pourrais-je faire d’autre, après tout ? Mon baccalauréat est mon seul ancrage, ma seule espérance… Je suis devenue la somme de motifs flous, dilués, sans éclat. Je me sens éteinte, celle qui n’est plus traversée par une lumière porteuse d’espoir.

Et les pages du calendrier qui volent dans le vent déchaîné. Et cette voix, qui commence à crier plus fort. Le hurlement de celle que je ne veux plus être. Je ne veux plus revenir du travail épuisée et passer mes soirées à travailler. Je ne veux plus être celle qui fait des siestes la fin de semaine et qui n’a pas d’énergie pour partir en p’tit week-end à Québec. Je ne veux plus être celle qui poursuit ses jours parce qu’une retraite confortable l’attend au bout de sa route. Je ne veux plus être prisonnière d’une profession.

Et l’image du kaléidoscope se reflète sur ma rétine. Je dois me tracer un sillon qui m’appartient. Je dois devenir celle que je n’ai jamais été. Et la route de tous les possibles se dessine alors devant moi. Lorsqu’on ne veut plus être celle qu’on a été et que l’on veut devenir celle qui veut naître, il faut tenir le deuil par la main et l’embrasser. Oui, il y a du renoncement. Il y a tellement, tellement de vertiges aussi. La peur de ne pas y arriver. Et il y a de l’humilité qui demande à tendre la main vers de l’aide pour tracer une future voie. Découvrir en soi des trésors insoupçonnés, des ressources qui dorment, qui ne demandent qu’à jaillir dans toute leur splendeur. Rencontrer des personnes nouvelles, inspirantes, qui nourrissent des étincelles.

Je vois des images plus nettes de celle que je deviens : une femme courageuse qui s’engage vers des horizons encore inexplorés. Une femme qui tient sa boussole pour ne plus jamais perdre son nord. Avec bienveillance, j’honore les parties de moi qui sont dans l’enthousiasme total de chérir toutes ces opportunités. Je rencontre celle que je n’ai jamais été et j’ai vraiment hâte de faire un bout de chemin avec elle. Je me fais la promesse de rester bien en cohérence avec mes valeurs. Elles me permettront de voir ma vie en couleurs, sous toutes ses facettes, avec une grande fierté pour celle que je n’ai pas encore été. Droit devant !

 

Solène Dussault

Chaque enfant est maître de son destin. Texte: Eva Staire

Chez nous, il y a un principe très clair : chaque enfant est maître de son destin. Chacun a sa per

Chez nous, il y a un principe très clair : chaque enfant est maître de son destin. Chacun a sa personnalité, ses préférences et ses goûts, et on essaie le plus possible de les encourager à les respecter dans toute cette unicité. Au quotidien, ça fait surtout qu’on refuse d’inscrire nos enfants en bas âge à toutes sortes d’activités que nous, comme parents, on pourrait juger bonnes pour eux. C’est justement à eux de se développer, d’essayer des trucs et de faire des demandes pour s’inscrire à telle ou telle activité. Ce n’est pas à nous de décider pour eux.

Je n’inscris pas mes enfants à 3 ou 4 ans au soccer, ni au hockey, ni au patinage artistique, ni au ski, ni à la natation… Je sais, je suis étrange comme parent. Bien sûr, je veux que mes enfants bougent, parce que je trouve ça primordial pour leur santé. Alors comment on fait? On va marcher en montagne chaque fois que c’est possible, tous ensemble. On bâtit une patinoire dans la cour extérieure et les enfants y vont, pour s’amuser, chaque fois qu’ils le veulent. On va marcher ensemble dehors après le souper. On va faire du vélo en famille. On a tous nos vélos, nos patins, nos skateboards et nos trottinettes. On bouge, parce que c’est l’fun, pas parce qu’il est samedi matin, 9h00, et qu’on y est forcés parce que le cours commence…

Je ne suis pas du tout contre les activités de groupe. Je suis contre le fait les y inscrire « parce que ». « Parce que je trouve ça important comme parent ». « Parce que je veux qu’ils bougent ». « Parce que je veux qu’ils essaient des nouveaux trucs… » « Parce qu’il faut bien qu’ils apprennent ». Tout ça, à mes yeux, ce ne sont pas des raisons valables pour les inscrire à des activités… Si je veux que mes enfants essaient de nouveaux trucs et fassent de l’activité physique, et bien c’est simple, je le fais avec eux. Parce qu’un enfant apprend avec des modèles, et pas avec de belles paroles.

Alors oui, mes enfants font des activités. L’une de mes enfants a commencé la danse vers 4 ans, parce qu’elle adorait la musique. Elle était inscrite au centre communautaire, pour s’amuser. De la musique, des belles couleurs, des lumières et du plaisir. Pas de compétition, pas de niveau. Ça, ça collait avec ce qu’elle voulait vraiment. Elle m’a demandé quand elle avait 7 ans d’apprendre à jouer du piano, parce qu’on en avait un qui prenait la poussière à la maison et qu’elle le trouvait magnifique. C’est venu d’elle, et c’est tout ce que je voulais.

Pour une autre de mes enfants, ça a été autre chose. Elle a essayé la danse, parce qu’elle prenait sa grande sœur comme modèle. Elle a essayé, une ou deux sessions. Puis bof. Ça ne lui disait plus et c’était bien correct comme ça. Elle est tombée en amour avec une chanteuse populaire (Roxane Bruneau, pour ne pas la nommer) et elle a voulu apprendre la guitare pour pouvoir jouer comme elle. Alors go pour la guitare.

Ma plus jeune adore les animaux. Elle aurait envie de jouer de tous les instruments de musique, mais elle avoue elle-même qu’elle n’a pas la patience d’essayer de se concentrer. Elle, son coup de cœur, ça a été l’équitation. On a trouvé un petit ranch près de la maison qui lui donne des cours spontanément, quand elle en a envie. Pas de compétition, pas d’obligation. Et je pense sincèrement que pour une enfant de 6-7 ans, c’est ça l’idéal.

Mes enfants ne sont pas intéressés à s’inscrire aux activités sportives. Et ce n’est pas parce qu’ils n’aiment pas le sport. C’est juste qu’on bouge tellement tous ensemble qu’ils ne ressentent pas le besoin de le faire par obligation… Et je suis honnête avec moi-même, ça fait aussi bien mon affaire. Je lève mon chapeau à tous les parents qui passent leurs samedis matins dans les arénas, leurs mardis soirs dans les gradins au parc et leurs jeudis soirs entre deux transports. Honnêtement, je ne suis pas prête à faire ça uniquement par principe de faire essayer un sport quelconque à mon enfant. Et là, plusieurs parents vont se fâcher en disant que leur enfant adore son sport et que ça lui apprend plein de choses… Si ça vous convient, c’est génial. Ce que je dis, c’est que moi personnellement, je veux attendre que mon enfant ait une passion et l’encourager autant que possible, c’est tout. Je refuse de lui indiquer une route à suivre. On voit trop d’enfants qui continuent pour faire plaisir à leur parent. On voit trop de parents qui se voient dans leur enfant et qui aurait souhaité avoir la même chance plus jeune. On voit trop d’enfants qui disent à leurs parents qu’ils aiment ça, mais qui disent le contraire à leurs amis.

Je sais bien que plusieurs vont avoir envie de me lancer des roches. J’imagine que je suis habituée… la différence attire la haine de tellement de gens. Plusieurs vont se sentir jugés ou visés par mes propos, alors que ce n’est absolument pas le cas. Ce que je dis, c’est que je veux que mes enfants choisissent eux-mêmes ce qui les passionne dans la vie. Rien de plus, rien de moins.

Plusieurs me disent qu’il faut que mes enfants essaient les activités, pour savoir s’ils aiment ça ou non et pour qu’ils connaissent leurs choix possibles. Je ne suis pas d’accord. Je ne connais aucun adulte qui n’a aucune idée de ce qu’est le hockey, la danse, le soccer, le piano, le ski… En revanche, je connais des adultes qui se découvrent des passions justement parce qu’ils essaient des trucs qu’ils aiment en vieillissant. Je n’ai pas besoin d’essayer d’apprendre le violon pour savoir que je n’aime pas ça. Et à mon avis, c’est sous-estimer la connaissance de soi de mes enfants que de prétendre qu’ils ne savent pas ce qu’ils aiment vraiment.

Alors voilà, je veux que mes enfants prennent leurs propres décisions dans la vie. Ça vaut pour les activités, ça vaut pour les programmes scolaires, ça vaut pour leur profession… Je pense que mon rôle de parent, c’est de les soutenir et de les encourager. Je veux simplement qu’ils aient le choix, un réel choix. Peu importe leur âge et leur sexe. Je veux qu’ils aient leur vie en main et je pense que ça commence quand ils sont tout petits…

Eva Staire

Je retourne à l’école – Texte : Ghislaine Bernard

Retour sur les bancs d’école à 41 ans ! Depuis toujours, j’ai des rêves, comme tout le mon

Retour sur les bancs d’école à 41 ans ! Depuis toujours, j’ai des rêves, comme tout le monde. Jeune, je voulais étudier en technique équine à La Pocatière. Je voulais construire un ranch, MON ranch. J’avais plusieurs projets en ce sens : offrir des randonnées à l’heure, la demi-journée, un forfait de trois jours. Je voulais y construire un mini village far west où j’engagerais des acteurs et comédiens qui viendraient faire quelques représentations théâtrales de la vie « comme dans l’temps » : costumes, vocabulaire, shérif et bandits qui se seraient querellés en sortant du saloon.

Mais le but ultime de mes plans était un ranch de la « deuxième chance » : je voulais y accueillir en maison d’accueil des jeunes en difficulté pour leur permettre de s’épanouir. Utiliser la zoothérapie pour les amener à devenir la meilleure version d’eux-mêmes.

Malheureusement, la vie, mes combats et mes choix ont fait que j’ai dû abandonner ce grand projet.

Par la suite, dans la vingtaine, j’ai commencé une formation de design intérieur. J’adorais le côté artistique de créer un environnement où mes futurs clients seraient bien « chez soi ». Leur créer leur petit monde bien à eux selon leurs goûts et besoins. Suite à différentes situations hors de mon contrôle, j’ai abandonné la formation pendant la deuxième session : le côté technique ne me convenait pas. Ce n’était pas ma voie.

À la mi-trentaine, j’ai fait un retour à mes premiers amours artistiques : la photographie. Encore là, j’y voyais la possibilité d’offrir à ma clientèle un médium qui leur permettrait de se voir d’un autre œil. Ils s’y verraient sous leur meilleur jour, ils découvriraient leur âme exposée et peut-être une nouvelle version d’eux-mêmes bonifiée.

Je n’ai pas poussé cette formation non plus.

Vous allez me dire que je ne sais pas ce que je veux et vous aurez raison. Toute ma vie j’ai « papillonné » entre les métiers, ne m’arrêtant à aucun, ayant toujours une retenue, un « je-ne-sais-quoi » qui faisait que ce n’était pas pour moi. Là dans le fond de mes « tripes », je savais que ce n’était pas ma place.

J’ai toujours été de ceux qui écoutent, qui conseillent et qui aident. Mes propres expériences de vie m’ont armée, outillée et de façon exponentielle, ont développé une empathie énorme. On m’a fait remarquer que ce qui unissait chaque choix de carrière que j’avais voulu embrasser dans le passé était la relation d’aide. Je voulais, je veux aider mon prochain. Je veux que ce que je porte puisse servir à élever les gens qui m’entourent vers la libération de leurs freins. Je voudrais donner des ailes à chacun.

Alors, voilà, je me lance. Je vous annonce qu’en septembre je retourne sur les bancs d’école !

Dans quelques mois, j’aurai un métier, un titre, des millions de possibilités pour faire enfin ce pourquoi je suis douée depuis toujours : aider.

« Quand je serai grande », je serai Thérapeute en Relation d’Aide Alternative (TRAA).

Je m’y réaliserai enfin, tout en comblant mes rêves. Alors vous qui me lisez, il n’est jamais trop tard ! Qu’auriez-vous aimé faire ? Qu’est-ce qui vous en empêche ? Je serai diplômée à 42 ans. Je serai « reconnue » certes, mais surtout, j’aurais la meilleure boîte à outils pour aider les gens à trouver des solutions à des problèmes que nous portons tous et toutes. Faites-vous ce que vous vouliez faire ? Que vous manque-t-il ? Partagez-moi vos rêves et qui sait, peut-être que vous reprendrez le chemin pour les réaliser ? Allez, foncez !

 

Simplement Ghislaine

Éducatrices en voie de disparition ?

Je ne serais pas surprise de voir une pub du ministère de la Faune, pour n

Je ne serais pas surprise de voir une pub du ministère de la Faune, pour nous dire à quel point nous sommes en voie de disparaître. Tu sais, comme celle que nous avions dans le temps (ceux et celles qui sont dans la quarantaine comprendront lol).

Les listes d’éducatrices remplaçantes fondent à vue d’œil. Il est difficile de se faire remplacer et encore plus d’avoir des vacances. Les bancs des cégeps se vident, il n’y a plus que quelques inscriptions à la technique. Seulement quelques courageuses terminent les trois ans et gardent la flamme de la passion allumée, malgré la réalité à laquelle elles sont confrontées en stage.

Cette réalité de faire plus avec beaucoup moins, parce que nous subissons chaque année des coupures considérables du gouvernement. Celui‑là même qui a louangé notre présence en mots en temps de pandémie, mais pas vraiment en actions.

Cette réalité de non-reconnaissance de notre métier. Parce que c’est vrai, nous ne sommes pas reconnues. Il y a de l’amélioration, mais encore tellement de chemin à faire. Trop souvent encore, je me fais appeler gardienne. Non, je ne suis pas une gardienne, je suis une éducatrice. J’ai trois ans d’études pour le prouver. Ma table de chevet est remplie de livres sur le développement de l’enfant, sur les nouvelles approches parce que je me tiens à jour. 

Parce que je me fais encore dire que ce que je fais n’est pas un travail, parce que selon certains, je garde des enfants. Oui, j’ai la chance de m’accomplir en présence d’enfants et oui, en jouant. Pourtant, je connais le développement de l’enfant sur le bout des doigts. Je connais les différentes sphères du développement et ce qu’elles comportent. Je sais ce qu’est la zone proximale de développement et comment je dois y arriver pour chacun des enfants de mon groupe. Parce que oui, elle diffère pour chacun. Pour y arriver, j’observe, je note. Je monte des activités, je choisis des jeux pour chacun. 

Parce que je travaille chaque jour, je mets tout en Å“uvre pour appliquer le programme éducatif « Accueillir la petite enfance ». Parce que je veux offrir un service de qualité à chacun de mes petits trésors. Parce que je les aime tellement fort. J’essaie de toujours être sur la coche, je suis en constante adaptation. On favorise le jeu libre ! Ha non ! Là, c’est le jeu actif en nature. Finalement, tu devrais favoriser l’imagination avec le « loose part ». Ah pis tant qu’à faire, mélange donc tout ça. N’oublie pas d’aménager ta salle pour qu’elle ressemble le plus à leur environnement naturel (maison). Mais on (le gouvernement) ne vous donne pas plus de budget. 

Ça fait que je suis devenue une pro des ventes de garages et du design d’intérieur. Ah oui ! N’oublie pas que même si on (le gouvernement) met de superbes photos de grandes salles bien aménagées, ben toi, tu dois faire pareil, mais dans un espace trois fois moins grand.

Ça, c’est mon quotidien. Oui, je l’ai choisi, mais il n’en demeure pas moins de plus en plus difficile. 

C’est pourquoi nous clamons haut et fort, nous éducatrices, de meilleures conditions de travail, ce qui veut aussi dire un meilleur salaire. Parce que OUI, on mérite un meilleur salaire (et oui, je suis prête à me faire lancer des roches).

C’est triste de voir que la passion de la petite enfance s’en va. C’est tellement le plus beau métier du monde.

Mais à la suite de l’écriture de ce texte, je comprends que l’adolescente de 16-17 ans ne soit pas attirée par mon travail.

Moi, ça fait près de vingt ans que la petite enfance, c’est ma vie… C’est le plus beau métier du monde.

Il faut être passionnée pour tenir le coup.


Mélanie Paradis, éducatrice survivante.

Un sport de gars… Watch her!

Je suis là, dans les estrades. Je regarde le match de football. Le

Je suis là, dans les estrades. Je regarde le match de football. Le numéro 66 est prêt… Elle est prête. Elle attend le ballon, qu’elle remettra au quart-arrière. La remise est parfaite. Elle sortira du terrain après le match, en disant avec des étoiles dans les yeux : « J’ai protégé mes gars! ». Et moi, je verrai la fierté dans les yeux de sa mère, parce que sa fille vit sa passion malgré les embûches.

Elle est là, à célébrer la victoire, entourée de son gang, son gang de gars. Elle est heureuse, elle a trouvé sa voie, elle a trouvé son sport. Elle est à sa place dans ce sport de gars.

Elle a su faire sa place dans son équipe. She’s one of the boys! De toute façon, qui aurait pu l’arrêter? Qui aurait pu arrêter autant de courage, de détermination, de passion et de persévérance? Elle a découvert ce sport grâce à son grand frère. Maintenant, elle vit sa passion grâce à lui (son idole).

Son père ne peut qu’admirer sa détermination. Elle qui avant, abandonnait les autres sports dits de filles, se présente chaque soir aux pratiques. Elle ne manque aucun match et apporte une influence positive à son équipe. Il est tellement fier de tous ses efforts et de son talent!

Elle n’est pas seule. D’autres aussi, chaque jour, vivent leur passion malgré les préjugés. Que ce soit le petit gars qui enfile ses chaussons de ballet. La petite fille qui saute sur la glace, bâton de hockey à la main, prête à monter au but.

Et vous parents, vous qui encouragez vos enfants à poursuivre leur rêve. Vous qui devez parfois feindre la surdité, pour ne pas entendre les commentaires pleins de stéréotypes. Vous qui devez parfois essuyer les larmes qui roulent sur les joues de vos enfants, parce que d’autres rient de leur passion.

C’est grâce à vous, chers parents, que nous voyons des Charlie Bilodeau se démarquer en patin artistique, des Justine Pelletier en rugby et des Marie-Philip Poulin au hockey. Vous qui accompagnez vos enfants, qui les aidez à surmonter les épreuves. Vous qui croyez en eux tellement fort, c’est en vous qu’ils puisent cette force pour continuer.

Et toi qui te dépasses dans ton sport, qui surmontes les moqueries : continue de croire en toi et en tes rêves parce que tu donneras le courage à d’autres d’affronter les stéréotypes et de croire eux aussi que tout est possible.

Mélanie Paradis

 

Faire la pluie et le beau temps…

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Dans mon bain, ce soir, j’entends la voix de Colette.

 

LA Colette.

 

Colette Provencher, celle qui déterminait ce que j’allais porter, si mon parapluie allait me suivre ou non, celle qui rassurait tous les parents du Québec.

 

Je me suis mise à réfléchir à sa carrière, à son parcours, à son complice, Pierre Bruneau. Leurs voix ont bercé mon enfance et celle de tant d’enfants au Québec.

 

La voix de Colette, bienveillante, douce, calme. J’ai soudainement réalisé que j’étais devenue cette maman qui cherchait à se rassurer sur la météo du lendemain, cette maman qui attendait les conseils de Colette.

 

Puis, j’ai pensé : une chroniqueuse météo, d’ordinaire, c’est de passage? On ne fait pas la pluie et le beau temps toute une vie? Comment se fait-il qu’elle exerce toujours ce métier avec autant d’étincelles dans le regard?

 

Franchement, Colette, tu as toute mon admiration! Aucun site Internet, aucune application ne peut parvenir à affirmer avec autant d’assurance le temps qu’il fera demain. Tu as quelque chose d’unique qui fait que nous avons l’impression de te connaître. Tu fais partie de notre heure du souper, de notre routine familiale. Je dois avouer que de nous quitter doit être pour toi impensable.😉

 

Merci de faire partie de mes souvenirs d’enfance; que le soleil brille pour toi encore longtemps! ☀

 

 

Karine Lamarche

 

 

La mauvaise herbe

La mauvaise herbe

« Une mauv

La mauvaise herbe

« Une mauvaise herbe est une plante dont on n’a pas encore trouvé les vertus. » Martin Luther King

Le suicide de trop. Le possible suicide de Zombie Boy a fait régurgiter tous les autres qui sont restés coincés dans ma gorge. Robin Williams, Kurt Cobain, Chester Bennington, les multiples tentatives de ma tante et de ma meilleure amie, sans oublier plusieurs autres personnes qui gravitent plus ou moins loin de mon univers. Des êtres vivants, uniques, qui cherchaient à vivre, à provoquer et surtout à flamboyer à travers la verdure, la pelouse et les (très) plates bandes de notre société.

Pourquoi tous ceux et celles chez qui je perçois une lueur dans le regard semblable à la mienne finissent‑ils par s’enlever la vie? Ils s’effacent à grand spray d’injures toxiques quotidiennes. Peut‑être par déformation professionnelle, j’aime, non, j’adore la différence, ce qui dépasse, ce qui égratigne; j’aime les diamants bruts, les passionnés. Ils m’inspirent et rendent le monde plus beau, plus intense, plus vivant. J’aime la mauvaise herbe.

Pourquoi cette beauté épineuse cherche‑t‑elle à mourir? Comme la mauvaise herbe avons‑nous peur de perdre le contrôle de cette nature fougueuse, forte, fière et si fragile paradoxalement? Aussi différentes soient-elles, n’oublions pas que ces personnes sont des nôtres. Chaque fleur, plante, arbre et herbe a sa place. Peut‑être ne  les planteriez‑vous pas dans votre jardin, mais de grâce, ne les détruisez pas. La mauvaise herbe de certains est curative pour d’autres. Écoutez‑les et laissez‑les s’épanouir. La vie et la fougue semblent avoir atteint ses limites.

Eva Staire

Devenir un grand joueur de hockey : le rêve d’un ti-cul

C’est du haut des six ans de mon p’tit bonhomme que ce grand rê

C’est du haut des six ans de mon p’tit bonhomme que ce grand rêve lui est apparu. Après avoir donné le meilleur de lui‑même lors d’une partie, il a été nommé le joueur du match. Y’en fallait pas plus pour allumer un p’tit feu à l’intérieur de lui. Après la partie, le retour à la maison fut bien ordinaire… sauf pour lui. Avec la petite étincelle au fond des yeux, il est venu nous voir et nous a dit : « Maman, papa, je veux patiner avec les grands et je veux jouer au hockey plus souvent… »

Tout simplement, mais avec une détermination nouvelle dans les yeux.

Depuis qu’il est haut comme trois pommes qu’il joue au hockey. Plus jeune, il voyait son grand frère et voulait faire comme lui. Mais au bout de quinze minutes, il était tanné. Des fois, on était vraiment découragés, mais on y allait quand même. On courait les pratiques, les matchs, les tournois, les camps et j’en passe.

Malgré sa facilité, il avait une nonchalance incroyable. On lui demandait si c’était vraiment ce qu’il voulait et nous répondait que oui, mais nous montrait tout le contraire.

Et puis, il a eu cette partie. Il était partout. Il faisait des passes pratiquement les yeux fermés, se lançait à plat ventre pour bloquer les tirs, partait en échappée avec une facilité incroyable. Mon chum et moi, on s’est regardés et on n’en croyait pas nos yeux. Ce n’était pas notre p’tit gars ça ?!

Qu’est-ce qu’il a bien pu manger ce matin‑là, j’en ai aucune mausus d’idée, mais maudit que j’aurais dû le noter ! On ne le reconnaissait pas. On voyait toute la volonté du monde dans un ti-cul de six ans.

« Maman, je veux jouer avec les grands ! »

Parce qu’il tripe lorsqu’il doit repousser ses limites. Il n’est pas toujours capable, mais maudit qu’il travaille fort et qu’il est beau à voir. Il fait de son mieux pis y’est ben fier.

Est-ce que c’est le meilleur ? Non. Mais ma job, c’est qu’il évolue avec les meilleurs. Trouver des coachs qui vont le pousser comme il aime être poussé. Trouver des cours où il peut aller triper avec « les grands ». Trouver des ligues où il sera à sa place.

Parce que dans le monde du hockey, des « vendeurs de chars », y’en a ! Y vont te faire croire que ton enfant a du talent quand ils veulent juste ton cash. Son évolution, ils en ont rien à foutre. Parce qu’à la minute où il ne fournira plus, il va être remplacé plus vite qu’un lancer frappé en pleines dents. Ben oui, même à six ans…

Mon but est de l’accompagner aussi loin qu’il voudra bien se rendre. Qu’il continue à triper à pratiquer ce sport aussi longtemps que possible. Et s’il continue à jouer dans une ligue de garage une fois adulte, ben ce sera mission accomplie pour moi. Parce qu’au fond, il jouera avec les grands, t’sais. Je n’y ferai pas d’accroire en lui disant qu’il jouera dans la Ligue nationale : les chances qu’il y arrive sont quasiment nulles. Je ne lui dirai pas non plus que c’est impossible, on sait jamais. En autant qu’il tripe avec sa gang de chums et qu’il ait toujours ses papillons dans l’ventre lorsqu’il part en échappée, c’est tout ce qui compte pour moi.

Je vais être là quand il va sortir de la chambre, les épaules bien droites de fierté après une belle victoire. Mais je serai aussi là lorsqu’il sera démoli par la défaite. Parce que c’est ça, la beauté du sport. On apprend que dans la vie, on ne peut pas toujours gagner, t’sais.

Je serai présente pour l’accompagner dans sa petite carrière de joueur de hockey. Je vais continuer de l’amener à gauche pis à droite pour ses pratiques, ses games, ses tournois pis tout le tralala. Pis je serai toujours la première à crier comme une folle dans les estrades : GO ! GO ! GO!

La hockey mom

Geneviève Dutrisac

Elle a, elle aussi, allumé la flamme!

Madyson a six ans, elle est en première année et dans les dernier

Madyson a six ans, elle est en première année et dans les derniers jours, elle a aussi été une experte des Jeux olympiques de Pyeongchang. J’aurais aimé dire que c’est grâce à moi… Quelle belle idée d’intéresser des enfants, même de cet âge, aux Jeux olympiques! Mais je dois avouer que l’idée vient de son enseignante, Madame Isabelle, qui a allumé la flamme des Jeux dans le cœur de ma petite Mady.

Chaque soir, elle revenait la tête pleine d’informations qu’elle me partageait. Que ce soit le résultat de nos athlètes canadiens, ou encore le nom et le nombre des disciplines, ou encore des informations sur la Corée du Sud, ou encore des enseignements sur la persévérance, l’importance de rêver et de mettre l’énergie et les efforts pour réaliser nos rêves. Elle était devenue pour moi une vraie petite encyclopédie. Si je me posais une question sur les Jeux, c’est à ma petite fille de six ans que je la posais. Ses petits yeux s’allumaient de passion lorsqu’elle me répondait.

C’est avec plaisir que nous nous sommes aussi laissé porter par la vague des Jeux. Nous avons regardé plusieurs compétitions sur le divan en pyjama, collées toutes les deux sous un gros doudou. Nous avons vécu ensemble de grands moments d’euphorie, d’autres de déception et d’autres d’espoir. Nous avons crié ensemble lors de performances surprises de certains de nos athlètes. J’allais la réveiller le matin en lui nommant les médailles que nous avions remportées pendant qu’elle dormait. On visionnait les performances qu’elle avait manquées.

Lors de la cérémonie de clôture, j’étais émue de voir la réussite de nos athlètes, la déception de certains. Mais j’étais aussi triste parce que tous ces beaux moments partagés avec ma fille prenaient maintenant fin.

Mais contrairement à la flamme olympique, celle dans le cœur de ma fille est toujours allumée. Si je me fie aux paroles de ma fille, son enseignante mérite une médaille d’or.

« Maman, dans quatre ans lors des Jeux de Pékin, j’espère que mon prof sera aussi hot que madame Isabelle et qu’on en parlera aussi, parce que c’était vraiment trop cool! »

Merci Madame Isabelle!

Mélanie Paradis

L’incomprise

Je m’emballe. Je parle vite. Je parle fort. Mon dieu que je parle

Je m’emballe. Je parle vite. Je parle fort. Mon dieu que je parle fort! J’exprime le feu que j’ai en dedans sans être totalement capable de dire les mots exacts. J’ai l’impression de venir d’une autre planète! L’impression que les gens ne comprennent pas le feu qui brûle et pourquoi il brûle. Ils me disent qu’ils comprennent, mais ne savent pas à quel point c’est une urgence pour moi. Une urgence de me délivrer, de me réaliser, de continuer d’être passionnée, car la passion m’allume! La passion me tient en vie, sinon j’en mourrais.

     Un travail à la chaîne et faire la même chose chaque jour?

     Au secours!

J’ai peur. Peur de vieillir. Peur de regretter. Peur de ne pas vivre mon rêve. T’sais le rêve de petite fille, celui qui, habituellement, finit par passer? T’sais le rêve qu’on se sent un peu niaiseux de continuer de nourrir en vieillissant? Celui où on se dit qu’on devrait abandonner parce que ça n’a pas de sens? En fait, c’est quoi, « avoir du sens »? Moi, mon rêve, je ne veux pas qu’il meure! Plus je vieillis, plus il grandit. Plus il brûle, plus il fait mal et plus il me donne l’urgence de vivre. Vivre à cent milles à l’heure! Mon cœur bat vite. J’ai l’impression d’être incomprise! « Est folle! » « Est bizarre et naïve ». Mais non, j’y crois.

     Eille la grande, on ne fait pas tout ce qu’on veut dans la vie! Accepte-le.

     Ouach non!

Je me sens seule. Seule dans un monde où le monde ne pense qu’à survivre. Travailler pour vivre, vivre pour travailler. Travailler pour ne manquer de rien. Même si on n’aime pas, on travaille, sans passion, sans étincelles. Mais pas moi. Je ne veux pas! Je refuse de travailler pour survivre. Survivre pour travailler. Je ne veux pas regretter!

     Vieillir et regretter?

     Non merci!

J’ai peur! Je suis une étourdie dans un monde droit. Je suis une écervelée dans un monde sans courbe. J’ai envie de vivre! Ma passion me fait vivre! Ça oui! Dans mon monde, le feu me tient! Il me tient la main pour que je ne me perde pas en chemin! Un chemin rempli de bosses, de courbes et d’embûches certes, mais un chemin où l’abandon n’existe pas. Le feu me tient par la main pour que j’aille au bout du chemin. Le chemin de ma vie, de mon rêve.

     Rêvez.

     Osez.

     Réalisez.

     Vivez.

Tania Di Sei

Je suis une éducatrice

Je suis une éducatrice. À travers les années qui ont filÃ

Je suis une éducatrice. À travers les années qui ont filé plus vite que les étoiles filantes, j’ai croisé le chemin de centaines d’enfants… J’ai été passionnée et motivée, plus souvent qu’à mon tour. Je suis celle qui déborde d’énergie, qui a des idées plein la tête et des projets toujours aussi créatifs. Ces enfants, tous ceux que j’ai croisés, ont marqué mon cœur d’une façon ou d’une autre.

J’ai été celle à qui on confie les groupes plus difficiles et les enfants plus turbulents. J’ai été celle à qui on a répété : « Mais comment tu fais avec celui-là? » C’est si simple… Pour moi, un enfant est un livre rempli de pages blanches. C’est à nous, adultes responsables et aimants, de lui montrer comment écrire son histoire. Un enfant qui a eu un départ difficile dans la vie ou qui a fait de mauvais choix ne doit surtout pas cesser d’écrire son histoire. Le livre de sa vie sera plein de rebondissements et il est toujours temps d’en changer le dénouement.

J’ai rencontré des enfants attachants, des enfants pour qui j’ai eu des coups de foudre. Ceux-là m’ont marquée au fer et dans mon cœur, le temps s’arrête quand je pense à eux. Rose a encore trois ans et me tient la main dans la cour du CPE… Zyad arbore toujours son sourire vainqueur quand je le maquille… Alice a encore 18 mois et me saute dans les bras quand sa maman part… Dans mon cœur, ces souvenirs sont impérissables et j’ai peine à croire que les années ont passé…

J’ai travaillé dans tous les types de milieux et j’en ai vu de toutes les couleurs. J’ai fait des projets impensables avec des enfants de 9-10 ans et j’en ai bercé des bébés. Je pense que je me souviens de l’odeur de chaque bébé que j’ai bécoté dans le cou…

J’ai tourné aujourd’hui une page importante de ma carrière. Mais je n’oublie pas. Je n’oublierai jamais vos enfants. Et à vous, chers parents, je dois vous dire merci. Merci de m’avoir permis d’aimer vos enfants. Merci de m’avoir confié ce que vous avez de plus cher. Merci pour votre confiance, jour après jour. Merci.

Et à mes chers enfants… aux vôtres en réalité… Merci mille fois. Merci Hubert de me regarder avec tant d’amour et d’admiration. Merci Violette pour tes mille câlins volés dans une journée. Merci Elliot de m’avoir appris le nom de chacun des dinosaures. Merci Leila de t’être ouverte et épanouie à mes côtés. Merci Edouard de m’avoir permis de te regarder grandir. Merci Florence pour ta vivacité d’esprit. Merci Lily de m’avoir offert tes premiers pas. Merci d’avoir fait de moi l’éducatrice passionnée que je suis. Merci de m’avoir donné le droit de vous aimer, pour de vrai.

J’ai eu une chance inouïe de voir s’épanouir ces enfants, ces frères, ces sœurs et ces familles. Et oui, notre travail est parfois ingrat, parce que ces petites âmes peuvent nous oublier avec le temps… Mais j’espère encore me rappeler de tous ces visages. Et si ma mémoire faillit, je sais que j’ai reçu assez d’amour pour toute une vie.

L’éducatrice de vos enfants se dévoue pour eux. Demain matin, prenez-la dans vos bras. Donnez-lui une autre dose d’amour, pour l’aider à se rappeler toute sa vie…

Joanie Fournier