Tag temps qui passe

Maman dinosaure et fière de l’être! Texte: Nathalie Courcy

Mes enfants adorent se moquer de mon âge vénérable. Un IMMEEEEEEE

Mes enfants adorent se moquer de mon âge vénérable. Un IMMEEEEEEEENSE 45 ans. Haha! On s’entend que je suis loin d’être vieille! Après tout, on devient vieux quand on se sent vieux. Avant, on a l’âge qu’on a, point. Ou même moins. 

Un de leurs passe-temps préférés, c’est de me rappeler que je suis née pendant l’ère des dinosaures. Pour eux, tous nés dans les années 2000, les années 1970, c’est encore plus lointain que l’Antiquité. Au moins, comme je viens de traverser une série de confinements, je suis capable de me servir de Teams, Zoom et autres technologies modernes! La plupart du temps, je comprends même comment la télécommande fonctionne… Pour le reste, ils sont là! Ça les fait se sentir utiles…

Ils savent que je ne réagis pas (ou que j’en rajoute, juste pour les faire rire encore plus!) parce que sincèrement, à part les douleurs par-ci par-là, vieillir, ça ne me dérange pas. En réalité, je trouve ça cool de me rendre d’une année à l’autre. De jouer le jeu de la vie, d’explorer, d’évoluer. Je trouve ça chouette d’observer les highlights de la ligne du temps qui s’étend derrière moi.

Le jour de mes 34 ans, j’ai eu un nouveau regard sur l’existence et le temps qui passe. Je me suis dit que chaque jour qui passait, c’était un jour que je vivais de plus que mon père. C’était une chance de plus que j’avais pour être heureuse, pour faire un changement dans le monde, pour faire du bien à quelqu’un, pour apprendre quelque chose. Pour voir mes enfants grandir et devenir des « vieux » eux aussi. Déjà que parfois, mes aînées pognent un coup de vieux en regardant leurs petits frères…

Est-ce que je suis tout le temps contente de voir un cheveu blanc sur ma tête ou de bouger avec plus de raideur? Non. Est-ce que ça fait que vieillir, c’est laid ou condamnable? Non plus. Ça dépend de ce qu’on fait avec ce temps supplémentaire que nous a gracieusement offert la Vie. 

Moi je vote pour qu’on profite de ce temps-là et qu’on rigole nous aussi quand nos enfants nous traitent (avec amour et humour) de vieux mammouths laineux, de vieilles branches, de stégosaures ou de représentants d’une espèce d’une autre ère. Un jour, eux aussi atteindront l’âge vénérable de 45 ans, et ils seront très heureux d’avoir encore leur « vieille » maman. 

Nathalie Courcy

Je ne suis plus la même – Texte: Nathalie Courcy

Mon plus jeune aura dix ans dans deux semaines.  <span st

Mon plus jeune aura dix ans dans deux semaines. 

Si je calcule: 

4 ans de processus en fertilité + mes 4 grossesses + mes 4 accouchements + mes 4 allaitements + ma fausse-couche + les presque 19 ans depuis la naissance de ma fille aînée… on approche du quart de siècle!

Plus de la moitié de ma vie consacrée à mon rêve de famille et à ma famille. 

C’est une pas pire moyenne au bâton!

Une décennie depuis mon dernier accouchement. Que s’est-il passé depuis? 

D’abord, j’ai cessé de rêver d’avoir un autre enfant. Depuis le début de ma vingtaine, mon esprit et mon corps étaient remplis par les mots ovulation, test de grossesse, rendez-vous, bébé, grossesse, enfant, lait, couche, dodo, pleurer, colique, premiers pas, sieste, rot, siège d’auto, vaccins, développement de l’enfant, garderie… Limite obsession. 

Mais mon dernier, je savais que ce serait le dernier. Mon corps avait maintenant peur d’accoucher. Mon sac à désir de grossesse était vidé, j’avais vécu ce que j’avais à vivre. J’étais la mère que je voulais être en termes de nombre d’enfants. Mais en termes de qualité de maman? Hum…

On le sait, les bébés, ça ne vient pas avec un mode d’emploi. En plus de dix-huit ans, j’en ai lu, des livres! J’en ai rencontré, des spécialistes? Pour moi et pour eux. J’en ai compris, des choses! Et je sais encore plus qu’avant que c’est impossible de tout savoir. 

Si la maman que j’étais à l’époque (oui… c’est si loin que ça semble une autre époque… et si vous demandez à mes enfants, ils vous diront en riant que c’était même une autre ère…) avait su tout ce que je sais maintenant, elle aurait été une mère autrement. Et peut-être pas. 

Chose certaine, j’ai agi avec les meilleures intentions du monde. J’ai réagi du mieux que je pouvais avec mon bagage, avec ma fatigue de maman, avec ce que la science nous disait, aussi! On ne parlait pas encore de neuroplasticité, on s’obstinait encore sur l’introduction des céréales… bref, comme à chaque époque, on faisait notre gros possible avec ce qu’on avait. C’est aussi ce que j’ai fait. J’ai agi au feeling, avec mon cœur. Avec tout l’amour que je contiens.  

Je ne suis plus la même dix ans plus tard. J’ai ralenti. Même si beaucoup me trouvent encore speedy. J’ai changé d’emploi deux fois. J’ai réinventé mon modèle familial. Je ne me lève plus dès que les enfants gazouillent dans leur lit. Bon, ils ne gazouillent plus dans leur lit. Et ils n’ont plus besoin de G.O. dès leur réveil. Je cuisine moins, eux cuisinent plus. Je marche moins (j’en ai pris, des marches avec un bébé dans la poussette et un autre dans le porte-bébé!) mais j’aime encore ça. Je ne parle plus à tous les voisins (eux non plus…). C’est vrai qu’un bébé, c’est un sujet de conversation assez passe-partout. Je pleure encore quand je vois des petits pyjamas de bébé. Je ne sens plus le régurgit de bébé (yé!). Je prends mon bain seule. Je fais encore des massages à mes enfants, mais juste quand ils le demandent. 

Je joue moins que quand mes enfants étaient bébés, mais plus que quand ils étaient enfants. Je plante des graines de ludique dans ma vie pour retrouver cette joie de vivre et cette légèreté qu’ils m’ont enseignée. J’ai remplacé certaines responsabilités de parents par des projets de grands. Je lis des livres pour moi, et non pour mes enfants, mais je suis toujours heureuse de lire en famille, tous entassés sur le divan.

Je gère mes émotions autrement, moins intensément, peut-être même que je les gère trop, au lieu de les vivre. C’est ce qui est beau quand on vieillit: on continue d’apprendre. Je suis moins dans l’appréhension de la prochaine crise de terrible two, et quand même pas dans la gestion des crises d’adolescence. J’ai moins d’énergie, mais je dors mieux. Mon niveau d’anxiété fait le chemin inverse, tranquillement pas vite. Mes articulations sont rouillées, je me verrais mal me promener à quatre pattes pour faire le cheval avec un bébé sur le dos. J’ai appris à respirer, mais c’est un work in progress. J’ai moins d’amis. Ceux que j’ai sont là depuis longtemps. Je voyage moins, et je prévois recommencer bientôt puisque ma présence physique n’est plus aussi intensément requise à la maison. Je deviens indépendante au même rythme qu’eux.

Je me connais plus. Je connais moins mes enfants sous toutes leurs coutures même si je les ai tricotés; ils ne sont plus scotchés à moi en tout temps, ils se développent de leur côté tout en revenant s’abreuver de câlins à la source tous les jours. Je les aime autant qu’avant, pour des raisons différentes. 

Avant, je les aimais parce que c’étaient mes enfants. Maintenant, je les aime parce que ce sont des humains magnifiques. Et aussi parce que ce sont mes enfants. 

Je ne suis plus la même qu’il y a dix ans. Je crois que je suis une version améliorée qui continue de cheminer. Watch out dans un autre dix ans!

Nathalie Courcy

Et si c’était beau vieillir ? Texte : Kim Racicot

Je me souviens très clairement qu’à 10 ans, je rêvais d’en avoir 16. Quelque part, en tou

Je me souviens très clairement qu’à 10 ans, je rêvais d’en avoir 16.

Quelque part, en toute innocence,  je me disais probablement que 16 ans c’était l’âge magique situé tout près de l’âge adulte et où les possibilités devaient être infinies.

Une semi-liberté axée sur une fin de secondaire, un travail d’été et un futur, je l’espérais tant, définie par des soirées entre amis à se coucher à des heures pas possibles.

Puis, mes 16 ans sont arrivés au même moment que cette terrible déception. Aucune magie : c’était loin d’être comme ce que j’imaginais.

À 16 ans, constatant qu’aucun changement radical n’était à ma portée, j’ai eu vraiment hâte d’atteindre la majorité.  Cette fois encore, c’était seulement la suite d’une petite vie sans grands mouvements.

À 18 ans, vous le comprendrez, j’espérais en avoir 25. Je m’imaginais déjà avec une famille, un chien, un bon travail. Je me voyais comblée par la vie, profitant de ma maison à la campagne. C’était une vie rêvée pour une jeune femme de 18 ans qui ne savait pas encore quoi faire de son avenir. Cette fois-ci, heureusement, la vie m’a apporté de belles surprises et malgré quelques différences près, je peux confirmer que mes réelles 25 années de vie étaient similaires à mon souhait initial.

Mais un peu plus tard, vers la fin de la vingtaine, j’ai cessé de souhaiter d’être ailleurs sur ma ligne du temps. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis mise à avoir peur  d’arriver aux prochaines années et aux futurs lendemains. Moi qui, dès mes 10 ans, souhaitais tant vieillir, j’étais désormais angoissée à l’idée de voir filer le temps. Je voulais l’arrêter pour pouvoir profiter encore et encore de tout ce que la vie m’avait offert. Sans devenir maladive, la peur de vieillir et de laisser passer des parcelles de mémoire entre mes doigts était bien présente.

Aujourd’hui, je me rapproche chaque jour un peu plus de mes 40 ans. Ma relation avec les années qui passent est plus sereine que je l’aurais pensé, même si ça m’évoque tout de même certaines craintes. Plus sereine parce qu’on m’a fait comprendre que je n’avais aucun contrôle sur la suite des choses et que même si je le voulais, je n’étais pas celle qui avait le dernier mot. J’ai aussi compris que je devenais perdante en mettant cette peur sur un piédestal. C’est sur ma famille et les gens qui me sont chers que je devais mettre toute mon énergie.

Je suis consciente que l’existence va vite et c’est comme ça. Justement, je devrais plutôt vivre dans le moment présent et ralentir le pas si je veux la faire durer.

Avec ces prises de conscience, j’ai saisi que vieillir c’est beau et qu’au lieu de conserver la peur, il est préférable de faire croître l’amour.

Un jour, j’en suis convaincue, mes enfants m’exprimeront leur hâte d’en arriver à 16, 18 ou 25 ans. Je leur dirai, le cœur gros, que je les comprends parce que, comme le disait Félix Leclerc, il ne faut pas regretter de vieillir. C’est un privilège refusé à beaucoup !

Kim Racicot

 

Premier anniverciel (Texte : Valérie Marcoux)

1 an depuis ta naissance en silence. 12 mois depuis qu’on t’a bercé, cajolé en essayant de

1 an depuis ta naissance en silence.

12 mois depuis qu’on t’a bercé, cajolé en essayant de te transmettre tout notre amour en trop peu de temps.

52 semaines depuis qu’on t’a emmailloté dans ta doudou et qu’on t’a mis ton joli chapeau. Qu’on a caressé tes cheveux et tes petites joues.

365 jours à penser à toi, à t’imaginer, à parler de toi et à t’aimer.

8 760 heures depuis qu’on t’a admiré et qu’on a emmagasiné le plus de souvenirs de toi…

525 600 minutes qu’on a prises une à la fois, puis 5 minutes à la fois, puis 1 heure, 1 jour et 1 semaine à la fois…

31 536 000 secondes d’émotions. Des émotions vives, parfois mélangées ou contradictoires, des émotions négatives, mais plus souvent positives malgré tout.

525 600 minutes où nous semblons forts, semble-t-il, alors que nous faisons seulement notre possible.

8 760 heures où ton papa et moi sommes plus que tout là l’un pour l’autre, où nous nous soutenons dans l’humour et dans l’amour.

365 jours à profiter pleinement de tes grands frères, à réaliser que notre noyau familial est plus soudé que jamais.

52 semaines de hauts et de bas. De chemins tranquilles et de grosses montagnes, à monter, tomber et se relever. ..

12 mois où nous te portons en nous au fil des saisons, où nous avons changé, où nous avons grandi.

1 an d’amour pour toi.

Bon anniverciel Zachary

Valérie Marcoux

Tes pieds dépassent

Presque 10 ans que je vais te voir dormir tous les soirs. 3600 «â€

Presque 10 ans que je vais te voir dormir tous les soirs. 3600 « Maman, tu vas venir me donner mon colleux tantôt, hein ? » Pourtant, tu le sais que je n’oublierais ce moment pour rien au monde. Ce n’est pas toi que je gâte, c’est moi. C’est mon cœur maternel que je remplis en admirant ton air paisible de petit gars endormi.

On se donne 1000 câlins avant ton dodo, mais le dernier, quand tu dors déjà, il est spécial. C’est celui où je te souffle de beaux rêves au creux de l’oreille. Je replace tes cheveux rendus trop longs à mon goût (mais t’sais, ton corps, c’est ton corps, je te laisse faire tes choix !). Je t’écoute parler dans ton sommeil et je ris. Si ton toutou est tombé, je le remets près de tes bras. Je ferme la lumière et je t’envoie toutes les ondes de bon dodo du monde.

Je remonte un peu ta doudou sur tes épaules, mais pas trop parce que tu as tout le temps trop chaud. C’est mon côté maman-poule. Tout d’un coup que mon poussin aurait un frisson… Mais dès que je tire un peu sur le coin de la doudou, je vois tes pieds apparaître à l’autre bout. Ta doudou a rapetissé ? Ou c’est toi qui as grandi ? Même ton lit semble rétrécir… au même rythme que tes pantalons raccourcissent. Tes pieds dépassent au bout du matelas ! À croire que tu es couché dans ton berceau !

« Maman, j’ai mal aux jambes ! Pourrais-tu me masser s’il te plaît ? »

Ah, les poussées de croissance qui reviennent trop souvent. Elles te font souffrir ! Mais elles te font aussi grandir. Elles te font devenir celui que tu es, un grand bonhomme adorable et brillant, joyeux la plupart du temps, juste assez boudeur pour me rappeler que la puberté sonne à la porte. Pris entre l’arbre et l’écorce, accroc au cordon ombilical et prêt à en décrocher la seconde d’après.

Au retour de l’école, tes pieds te démangent, tu dois bouger. « Maman, je m’en vais jouer au basket ! »

Même pas le temps de dire « bye » que tu es déjà parti. Tu reviendras juste à temps pour le repas. Parfois même, tu passeras tout droit, jusqu’à ce que ton estomac te rappelle à l’ordre. Je sais que tu es avec tes amis en train de faire du sport. Tu pourrais être en train de faire des niaiseries ou des graffitis, en train de reluquer les filles ou de fumer ton premier joint. Mais non. Tu t’autonomises sainement, à ton rythme. Et tu reviens toujours.

Je t’ai toujours dit que tu serais toujours mon bébé tout en étant mon très grand garçon. Je le crois encore. Je te trouve beau quand tu t’éloignes de la maison parce que tu vas rejoindre tes amis et ta vie. Et je te trouve beau quand tu reviens te coller en disant qu’on t’a manqué. Chaque moment que tu nous donnes, je le prends, je le savoure. Je sais qu’ils seront de moins en moins fréquents, et c’est bon signe : ça veut dire que tu suis ton cours. Tu prends ton envol, tranquillement pas vite, avec ton sentiment de sécurité et l’assurance que nous t’aimons.

Tu fais ton cheminement, je fais le mien. J’ai besoin d’apprendre à être la mère de toi en version plus indépendante. C’est un défi d’apprendre à te laisser prendre tes décisions. Mais jusqu’à maintenant, tu me montres que j’ai toutes les raisons de te faire confiance, alors j’observe et j’admire mon fils à l’œuvre.

Je t’annonce tout de suite qu’à l’occasion, je vais te réclamer. Je vais imposer mon droit de véto pour te garder pour nous pendant quelques heures, pour un repas ou une activité, ou juste parce que. Même quand tu seras rendu tellement grand que tu vivras dans ton propre nid, je vais chérir nos moments ensemble. Et je vais encore te murmurer à l’oreille « je t’aime mon bébé ».

D’ici là, vas-y, grandis ! Mais pas trop vite.

Nathalie

La tête pleine de projets

D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujou

D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours eu la tête remplie de projets. Même enfant, j’aimais me créer de petits projets personnels ou simplement me projeter dans l’avenir en pensant à ce que je voudrais faire de ma vie. Je voyais mes projets comme une façon de m’encourager à travailler fort et à foncer face aux défis.

En grandissant, mes projets personnels se sont précisés. Je voulais devenir enseignante, avoir mon chez-moi et ma famille. Je suis chanceuse, tous mes grands objectifs de vie ont été atteints. Bien entendu, ça n’a pas été parfait à tous moments, mais j’ai réussi. J’enseigne au primaire depuis douze ans, j’ai une belle grande maison et trois enfants que j’adore. J’ai même déniché un amoureux merveilleux en prime. Bien entendu, au fil du temps, plusieurs petits projets ont également fait leur chemin dans mon esprit. C’est normal et sain de vouloir s’accomplir et se développer dans la vie. On se fixe des objectifs et on fonce pour les atteindre.

Par contre, depuis quelque temps, je réfléchis beaucoup à mes projets. Je me demande si c’est sain d’en avoir autant et si c’est possible dans la vie de faire une pause. Je m’explique : accomplir des projets, ça demande beaucoup d’investissement. Je ne parle pas ici nécessairement d’un investissement financier, mais plutôt de s’investir en tant que personne. On s’est emballés mon chum et moi depuis qu’on habite ensemble. On s’investit beaucoup dans nos projets communs. Je sais qu’ils en valent la peine, mais on court comme deux fous depuis deux ans. Je pense que c’est trop. Le problème, c’est qu’on dirait que c’est plus fort que nous. On aime la sensation d’accomplissement face à un défi relevé, parfois au détriment de notre bien-être. J’ai l’impression qu’on passe parfois à côté de l’essentiel à force d’avoir des choses en tête. Encore la semaine passée, j’essayais de choisir mentalement mon luminaire de cuisine à 5 h du matin alors que j’allaitais mon bébé. J’étais fatiguée, mais je ne dormais pas ; j’étais trop impliquée mentalement dans notre dernier projet de rénovation.

C’est décidé : mon prochain projet se concentrera sur mon bien-être physique et mental. Je retourne au travail et je ne veux pas m’écrouler en pleurs, morte de fatigue après seulement un mois d’école. Et si mon prochain projet était d’essayer de prendre du temps pour moi ? C’est difficile, mais sans doute pas impossible.

Je suis contente, je viens de demander à mon chum ce qu’il projette de faire pour les prochaines semaines. Il m’a répondu « Relaxer et me reposer ». Là tu parles, chéri. J’embarque !

Caroline Girard

Ils nous font vivre les plus belles années de notre vie.

Nous étions des adolescents. Nous voulions plus de pouvoir, plus de respo

Nous étions des adolescents. Nous voulions plus de pouvoir, plus de responsabilités, plus de liberté. Nous nous sentions comme des lions invincibles pris en cages… Nous avions si hâte d’avoir un réel pouvoir de décision sur nos propres vies, sur l’avenir. Nous sommes tous passés par cette période un peu sombre où notre corps changeait et pendant laquelle on se sentait totalement impuissants.

Puis, jeunes adultes, nous tentions de notre mieux de profiter de cette nouvelle liberté, tout en essayant de nous construire une vie réelle d’adulte. Nous nous sommes heurtés à ces nouvelles responsabilités, si lourdes à porter. Les changements d’emplois, le parcours universitaire, les soucis financiers, etc. On imaginait une grande période digne des années Peace and Love, mais on a vite frappé le mur de la réalité.

Maintenant, adultes assumés, nous sommes comblés par la vie. Nous avons choisi nos carrières. Nous avons appris à nous connaître et par‑dessus tout, à nous respecter nous‑mêmes dans nos choix. Nous avons exilé de nos vies les personnes toxiques pour choisir de rester avec celles qui nous font du bien. Nous avons mis au monde des petits êtres. Puis, nous avons compris. Compris la vie.

Nous regardons ces petits humains, créés avec tant d’amour. Ils grandissent, s’épanouissent et découvrent peu à peu qui ils sont. Nous sommes tous persuadés que nos enfants accompliront de grandes choses. Et pour l’instant, on profite d’eux, de leur présence. Ils nous font vivre les plus belles années de notre vie. Rien de moins.

Quand ils partiront vivre leur vie, nos grandes maisons seront tout à coup plus propres, mais tellement plus vides. Nos portefeuilles seront plus pleins, mais cela nous semblera tellement futile… Le temps aujourd’hui file à une vitesse folle. Quand nous serons vieux, ce même temps passera un grain de sable à la fois et nos longues journées seront bien calmes.

Le meilleur de nos vies, c’est maintenant. Avec nos enfants. Avec ces petits êtres qui n’ont encore aucun souci sur les épaules. Leurs rires, leur amour, leur magie, leur naïveté… C’est tellement ça, la vie. Je pense que l’on a commencé à vivre réellement le jour où on les a mis au monde. On a beau être allés à l’école pendant vingt ans, ce sont ces petits êtres qui nous apprennent ce qu’est la vie, et ce, chaque jour.

Alors nous devrions tenter d’en profiter au maximum. Profiter d’eux. Les dettes vont être encore là dans vingt ans. Le ménage sera encore à faire dans vingt ans. Mais dans vingt ans, nous n’aurons plus la chance de partager nos quotidiens avec eux. C’est notre vie d’adulte que l’on devrait mettre sur pause pour prendre le temps de vivre leur enfance avec eux.

Ils sauront nous réapprendre toutes ces petites choses que l’on a oubliées. Regarder voler un papillon comme si c’était magique. Jouer dans la piscine sans se soucier de la température. Faire des bulles et trouver que c’est la plus belle expérience scientifique au monde. Se balancer au parc comme si c’était possible de s’envoler. Courir au ralenti à la Tag pour donner une chance aux plus petits de nous toucher. Pis être content d’être la Tag… Ne pas vouloir dormir ni aller se laver, parce que ce sont des minutes de moins à jouer…

Il est plus que temps d’arrêter de perdre patience en essayant de les faire entrer dans notre horaire, dans nos vies d’adultes. Il est plus que temps de mettre nos cerveaux sur pause pour vivre la vraie vie avec eux et à travers leurs yeux. Parce que nos enfants nous font vivre les plus belles années de notre vie. Maintenant. Alors, allez en profiter.

Joanie Fournier

 

Ma petite quête – Texte: Julie De Pessemier

Tu étais mon amie parce que tu étais gentille avec moi. Tu me partageais

Tu étais mon amie parce que tu étais gentille avec moi. Tu me partageais tes Barbies et ta belle Corvette rose. On s’amusait dans ton sous-sol, on se déguisait avec le vieux linge du garde-robe de cèdre et on riait. On préparait des spectacles interminables qu’on présentait à ta mère, qui y assistait sûrement bien malgré elle, en souriant et en finissant par nous ovationner. Je n’avais même pas remarqué que parfois, tu avais de la misère à attacher le dernier bouton de ton pantalon. J’étais bien trop occupée à m’amuser avec toi.

Puis, à l’école, il y en a un qui a murmuré « la grosse » dans un chuchotement non assumé. J’ai réalisé qu’on était bien différentes ; que les camarades pouvaient être méchants. Toi, c’était ça et moi, eh bien j’étais le champ de fraises. Même si c’est loin derrière, que ça n’a pas été dit très souvent, les souvenirs restent et blessent encore.

S’effacer en se laissant pousser un toupet qu’on traîne devant ses yeux comme un rideau qu’on peut tasser pour entrevoir le monde, baisser la tête le plus souvent possible afin d’éviter de présenter ta fleuraison printanière sur tes joues, attirer le moins de regards possible en étant silencieuse et petite. Je voulais absolument éviter d’être la cible. J’ai passablement réussi.

Puis, le printemps s’est tranquillement tassé de mon visage et j’ai pu attacher mon toupet. J’ai découvert que j’avais de jolis yeux. J’ai cessé d’aplatir mes cheveux au fer à repasser et j’ai accepté ma tignasse frisée. J’ai eu mon premier chum qui m’a trouvée belle.

Me sentir belle et bien dans ma peau est une longue quête. À 25 ans, je défendais la beauté naturelle, je prônais le « accepte‑toi comme tu es » avec mes seins fermes et droits, ayant pour seuls plis dans mon visage mes fossettes. Et que dire de ma chevelure dorée !

À chacun sa propre définition de la beauté, à chacun sa propre quête. Pour ma part, à 37 ans, je n’accepte pas les rides qui décorent mon front. Je compte les rayons de soleil qui entourent mes yeux, et que dire de mon gris chat qu’arborent mes tempes. Je n’ai plus le même discours qu’à 25 ans. Pour me sentir belle et bien dans ma peau, je dois camoufler ce qui me dérange. Je ne juge personne dans ces choix, mais moi, si je pouvais me le permettre, je remplirais les sillons qui se creusent hypocritement sur mon visage à chaque éclat de rire. 

Julie De Pessemier

Deux heures pour moi

On a déménagé cet été. On a fait des boîtes pendant des mois.

On a déménagé cet été. On a fait des boîtes pendant des mois. Tous les soirs, tous les congés. En arrivant dans la nouvelle maison, il fallait faire plusieurs travaux. Puis redéfaire des boîtes. Puis préparer la rentrée scolaire. Bref, ça fait trois mois que nous sommes dans notre nouvelle maison, et on commence tout juste à s’y poser réellement.

Lundi arrive, je regarde mon agenda. Je prévois les rendez-vous, prépare les réunions et fais ma traditionnelle to-do list pour la semaine. Et je remarque quelque chose de vraiment inhabituel. Vendredi après-midi. Il n’y a rien à mon horaire. Je vérifie et contrevérifie. C’est bien vrai. De 13 h à 15 h, je n’ai rien de prévu. Rien.

Pour plusieurs d’entre vous, c’est peut-être une chose habituelle. Mais pour moi, c’est juste l’équivalent de la veille de Noël. Faut le prendre quand ça passe, pis j’ai le goût de me gâter. Je réalise que ça fait plusieurs mois que je n’ai pas eu une petite minute pour moi. Je ne suis pas le genre de personne qui s’arrête facilement, disons‑le. Mais là, j’ai deux heures à moi, juste à moi.

Pis ça m’excite! Je pense à tout ce que j’aimerais faire… Je m’emporte à rêver à toutes les petites activités qui me rendaient heureuse, avant ma vie de maman. Qu’est-ce que je pourrais bien faire de tout ce temps? Aller magasiner? Monter à cheval? Prendre un bon bain moussant? Aller dîner avec une amie? Faire une vraie sieste? Les possibilités sont infinies. J’te jure, je suis tellement excitée qu’on dirait que je vais monter le Kilimandjaro. T’sais, quand c’est rendu que deux petites heures pour moi représentent une épopée risquée!

Vendredi arrive. Midi sonne. Je pense encore à ce que je vais faire. Et je pense à tout ce que je ne ferai pas. Pas de vaisselle. Pas de visite ni de bénévolat. Pas de ménage. Surtout, pas de pliage de linge. Pas de correction d’examens. Non, madame. Et surtout, pas de culpabilité.

J’ai pris mes deux petites heures pour moi, et on est allées faire un tour ensemble. Je suis allée manger dans un restaurant que j’adore, et que je ne me permets pas souvent. Je suis allée m’acheter deux paires de bottes. Pas une, deux. C’est la première fois que je m’achète quelque chose pour moi depuis environ cinq ans. J’te jure, je porte encore mes bobettes de maternité. Honte à moi…

Et là, j’entends déjà plusieurs mamans qui seront outrées de ces quelques lignes et qui prôneront le temps pour soi. Mais honnêtement, un p’tit après-midi une ou deux fois par année, j’ai juste pas besoin de plus que ça. Je ne pars pas en voyage dans le Sud, sans mes enfants. Je préfère voir leurs yeux s’émerveiller chaque fois qu’on va à l’aquarium. Je ne vais pas au gym. Je préfère aller courir avec les enfants au parc. Je préfère nettement une soirée de film collée avec mes enfants qu’une soirée où je dois endurer des talons hauts. Je suis peut-être mal faite, mais j’adore ma vie de maman. Et non, je n’ai pas besoin de m’en évader.

À 15 h pile, j’étais debout devant l’école de mes enfants quand la cloche a sonné. Parce que j’aurais pu prolonger mon séjour de congé, mais que j’avais trop hâte de les retrouver. Ma grande fille a vu mes nouvelles bottes dans l’auto. Je vous le jure, elle m’a dit : « Wow! Elles sont trop belles tes nouvelles bottes, maman! T’as bien fait de te faire plaisir! » Et son sourire m’a fait encore plus plaisir que ma nouvelle paire de bottes elle‑même.

Je pense que c’est aussi ça, la vie de maman. C’est rêver d’avoir une minute pour soi, pour ensuite passer cette minute à penser à nos enfants. Parce que dans dix ou quinze ans, les enfants auront quitté la maison. Je pourrai m’acheter toutes les bottes que je veux et prendre tous les après-midis pour moi. Mais je ne pourrai jamais revenir en arrière. Si je ne profite pas de mes enfants maintenant, il sera trop tard. Je ne veux rien manquer de leur enfance. Et je veux que mon amour et ma présence marquent leurs souvenirs. Parce que plus tard, ils ne se rappelleront pas mes nouvelles bottes. Mais ils se rappelleront leur maman qui les attendait devant l’école quand la cloche sonnait.

Joanie Fournier

 

Couper le cordon

Elle est là, juste là. La fin que je redoutais tant, le début dâ€

Elle est là, juste là. La fin que je redoutais tant, le début d’une autre aventure qui m’implique un peu moins au quotidien.

C’est la fin de ta petite enfance, le début de ton enfance. C’est l’heure de la rentrée scolaire, ta première.

 Je disais souvent à la blague que ce jour n’arriverait jamais, que j’allais trouver le bouton « pause » bien avant. Cependant, je n’ai pas fait exception aux autres parents il faut croire, je ne l’ai jamais trouvé moi non plus.

Selon plusieurs spécialistes de la petite enfance, tout se joue avant cinq ans. Je veux que tu saches, mon fils, que maman et papa ont joué le match de leur vie pour réussir à t’emmener là où tu devais être aujourd’hui. Tu es là, déjà si grand, et pourtant. Je sais que tu es prêt et que c’est l’ordre des choses, mais on a oublié juste une petite chose… préparer maman.

Ta petite enfance, nous l’avons passée soudés l’un à l’autre. Que ce soit avec moi, avec papa ou juste dans le local d’à côté au CPE. J’ai eu l’immense privilège d’assister à pratiquement tous tes moments de vie depuis que je t’ai mis au monde. Malheureusement, toute bonne chose à une fin, et nous en sommes là. Il est venu pour moi le temps de couper le cordon et de te laisser passer devant moi. Je vais ralentir le pas et me placer derrière toi, pour que je te laisse tracer ta route et pour t’aider à te relever quand tu vas tomber.

Même si je pleure quand tu portes ton sac à dos fièrement ou encore en pleine rencontre à l’école (ouin, pas fière), je veux que tu saches que maman pleure un peu de tristesse, mais surtout de fierté. Te voir grandir est le plus beau privilège qui m’est offert, mais chaque nouvelle étape est un douloureux rappel que le temps qui passe ne reviendra jamais.

Tu as eu la vie que je voulais t’offrir durant ta petite enfance, parce que je pouvais contrôler à ma façon notre temps à nous. Maintenant, je sais que je dois laisser ma place à quelque chose d’aussi gros et d’aussi important.

Fonce mon grand, ne regarde pas derrière parce que de toute manière, il faut avancer. Les moments passés sont imprégnés en nous et ça, même le temps ne peut nous l’enlever. Je n’avais pas prévu que ce serait aussi difficile de te voir grandir, les émotions qui y sont reliées sont toujours aussi contradictoires pour moi.

La seule chose qu’il faut que tu saches, c’est que malgré le temps qui passe et les étapes qui se succèdent, tu restes mon bébé.

Marilyne Lepage

Quand le temps qui passe n’a rien effacé…

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On grandit, on quitte la maison. On étudie, on travaille. On fait de nouvelles rencontres.

 

En grandissant, je peux même dire « en vieillissant » 😉, les amitiés qu’on découvre et surtout celles qu’on choisit de cultiver ont quelque chose de spécial. 

 

D’abord, elles se font plus rares. L’amour, la vie de famille et la carrière laissent peu de place à l’amitié. C’est sans doute ce qui explique que les moments passés entre amis deviennent si précieux. 

 

Il y a quelques jours, j’ai revu une amie. Cela faisait huit ans que nous nous étions parlé, mis à part sur les réseaux sociaux. 

 

La beauté d’une amitié réelle, c’est qu’on reprend là où on s’est laissés, sans malaise, tout naturellement.

 

On ne perd pas de temps! Les silences n’existent pas et on saute du coq à l’âne, soucieux de profiter pleinement de ces quelques heures qui nous sont prêtées…

 

Lorsque je rentre à la maison, après ces rencontres, j’ai toujours le cÅ“ur rempli de joie et la tête pleine de souvenirs d’une autre vie. Oui, parfois, le temps a passé si vite que je peine à me rappeler que certains souvenirs évoqués sont aussi les miens. 😊

 

La vie, c’est ça. Elle ne serait rien sans les rencontres qu’on fait. Nous ne serions pas les mêmes sans les êtres qu’on côtoie, qui nous façonnent et nous inspirent.

 

Dans ces moments‑là, je me rappelle à quel point c’est beau un humain, parfois.

 

  

Karine Lamarche

 

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