Tag émotions

Laissez Karine vivre ses émotions!

J’ai recommencé à écouter Occupation dou

J’ai recommencé à écouter Occupation double cette année. Comme ça se passe au Québec, je me suis dit que ça me permettrait de voir différents coins de notre belle province. Ceux qui écoutent l’émission ont pu assister au retour dans l’aventure de Karine, une candidate d’une édition précédente, haute en couleur.

Depuis son arrivée, je vois des commentaires sur Internet qui ridiculisent ses émotions et sa façon de réagir à ce qui arrive. Oui, Karine a de fortes émotions, oui elle a mal interprété les propos d’une certaine candidate. Cependant, elle ne mérite pas qu’on ridiculise sa façon d’être pour autant. Karine est transparente et honnête envers elle et envers les autres candidats.

En se moquant d’elle, on apprend aux jeunes et aux moins jeunes qui lisent les commentaires de ne pas dire ses sentiments ni de les vivre. Je trouve ça vraiment plate que ce soit la leçon que les gens tirent de son passage.

Moi, Karine je la trouve vraie, rayonnante, intense et magnifique. On sait à quoi s’attendre lorsqu’on lui parle et surtout lorsqu’on prend le temps de vraiment l’écouter. Elle vit ses émotions et je trouve ça beaucoup plus sain que de tout garder en dedans. Est‑ce qu’elle pourrait réagir moins fort ? Oui. Mais ce serait agir contre qui elle est vraiment. Vivre ses émotions comme elle le fait ne les rend pas moins valides.

À la place de retenir qu’elle « pète des coches », j’aimerais qu’on retienne que chaque émotion est valide, peu importe comment on arrive à l’exprimer. J’aimerais qu’on retienne qu’être vrai et honnête avec nos sentiments et savoir les reconnaître, c’est extrêmement important.

J’aimerais qu’on soit plus doux les uns envers les autres et qu’on essaie de se comprendre plutôt que d’essayer de se faire taire.

Je ne connais pas Karine personnellement, mais j’espère qu’elle est entourée de gens bienveillants, car elle mérite de se faire réconforter par rapport à ses émotions et non pas de se sentir jugée parce qu’elle en a.

Anouk Carmel-Pelosse

 

Image principale : INSTAGRAM/KARINESTMICHEL

Faire confiance à l’univers

Après une quinzaine d’années de vie commune, divorce. Nos chemin

Après une quinzaine d’années de vie commune, divorce. Nos chemins n’étaient plus parallèles. Notre petite famille a éclaté. Garde partagée. Nos deux belles cocottes ne comprenaient pas trop ce qui se passait. Ça m’a rentré dedans. J’étais à terre, complètement désemparé. J’avais besoin d’aide. Je voulais comprendre ce qui s’était passé. Pourquoi ce fossé s’était‑il creusé entre nous au fil du temps ? Pourquoi « Pour le meilleur et pour le pire » ne voulait rien dire pour elle ? Je me suis ramassé à la petite cuillère et suis allé voir une psychologue. Je me souviens encore de la toute première séance. J’étais déterminé. Je voulais comprendre. Ce jour‑là, sans trop le savoir, j’ai débuté un merveilleux cheminement qui m’a permis de vivre une transformation. Et aujourd’hui j’en suis fier.

J’ai compris que notre mariage n’était pas fait pour durer. Depuis le début, il avait une date de péremption. Que nous n’étions pas compatibles, finalement. Nous avons vécu ce que nous avions à vivre. Ce divorce a été un épisode douloureux, mais avec du recul, je remercie l’univers de me l’avoir fait vivre. Mon âme avait besoin de vivre cette expérience très émotionnelle pour grandir et s’épanouir. Je ne suis plus la même personne que j’étais. J’ai réussi à dépoussiérer ma sensibilité qui s’était réfugiée dans un coin reculé de mon cœur. « Tu as zéro intelligence émotionnelle », me disait mon ex-conjointe. C’était tellement faux. J’étais blessé, voilà. System shutdown. La thérapie m’a permis de réparer le filage qui était brisé entre ma tête et mon cœur. J’ai appris à ressentir et à comprendre mes émotions, à ressentir mon énergie et celle des autres. Ce cheminement magnifique n’aurait pas été possible si je n’avais pas vécu ce divorce. Merci, univers. Je me suis retrouvé. Et j’ai appris une leçon très importante : ne jamais avoir peur d’être moi-même et d’apparaître.

Quelques années se sont écoulées depuis le divorce.

Aujourd’hui, je partage ma vie avec une âme merveilleuse avec qui je vis un amour profond. Merci, univers. Ma nouvelle conjointe et moi avons choisi de vivre ensemble. Dès l’annonce de notre beau projet de vie commune et de famille unie, j’ai senti une résistance de la part de mes filles. Je suppose qu’elles ne voulaient pas briser leur routine, soit celle d’avoir leur papa à elles toutes seules une semaine sur deux. Elles étaient réticentes à faire partie d’une deuxième famille recomposée. Qu’étais-je censé faire ? Reporter à plus tard le beau projet que ma conjointe et moi caressions ? Non. Nous avons choisi de faire confiance à l’univers. Nous avons donné le GO à notre projet. Quelques mois plus tard, nous étions tous sous le même toit.

Aussitôt déménagés, voilà que la pandémie liée à la COVID‑19 a confiné notre nouvelle famille recomposée à la maison. On ne l’avait pas vue venir, celle‑là. L’adaptation a été moins graduelle que prévu. Mais nous n’avions pas le choix. Mes adolescentes, déjà fragiles à l’idée de déménager et d’avoir à partager leur papa avec une autre femme et ses enfants, ont eu de la difficulté à s’ajuster et à s’adapter. « Ils sont différents de nous. » « On n’a rien en commun avec eux. » « Ses enfants sont turbulents et bruyants. » « On n’a pas choisi de déménager. » « C’était ton choix, pas le nôtre. » Quand l’être humain résiste au changement, il se concentre uniquement sur les irritants et fait abstraction de tout ce qui est positif et qui peut favoriser la croissance et l’épanouissement. Et c’est pire encore quand l’ex-conjointe se mêle de tout ça en arrière-plan.

Voilà que quelques mois plus tard, ma plus vieille a choisi d’aller vivre chez sa mère à temps plein. Bien que son choix m’ait fait beaucoup de peine, je l’ai accepté. Elle était soulagée de savoir que je n’étais pas fâché et que je continuais à l’aimer. Notre relation va continuer d’évoluer, mais d’une manière différente. Quelques semaines plus tard, sa sœur cadette a fait le même choix. J’étais atterré. Je le suis encore.

Mes filles, je les aime, je les adore. Je leur ai proposé une nouvelle vie. Un cheminement différent. Ma conjointe et moi avons tout fait pour rendre la transition la plus agréable pour toute la famille : rénovations pour que chaque membre puisse avoir sa chambre, ajustements au niveau des repas, activités organisées pour favoriser la création de nouveaux liens, etc. Tout ça pendant le merveilleux confinement. Mais depuis le début, je ressens une résistance chez mes filles. Une fausse croyance que ça ne marchera pas, que ça ne marchera jamais. Et depuis le tout début, il y a mon ex-conjointe qui essaie de s’ingérer dans notre projet par tous les moyens possible en s’interposant entre nos filles et moi. Franchement pas agréable. Et inacceptable.

Notre nouvelle famille recomposée se transforme déjà et devra poursuivre son évolution d’une manière différente. Ça nous fait vivre beaucoup d’émotions.

Peu importe ce qui arrivera dans les jours et les mois à venir. Je fais confiance à l’univers. Rien n’arrive pour rien.

Le papa anonyme

Complicité du soir

Ce soir, j’ai couché mes enfants trop tard. J’étais bien inten

Ce soir, j’ai couché mes enfants trop tard. J’étais bien intentionnée, pourtant ! Mais l’heure a filé sous mon nez. Pourquoi, me direz-vous, ai-je donc négligé l’heure du coucher ? En plein milieu de semaine… crime de lèse-majesté, OMG ! Jetez-moi en prison, ça presse.

Ce soir, j’ai couché mes enfants plus tard que d’habitude. Même les petits, remplis de leur besoin de dormir pour bien grandir et bien apprendre. J’ai osé défier la loi inébranlable de la routine du dodo. Tic tac tic tac… pendant combien de jours leur humeur sera-t-elle hypothéquée, ma foi !

Ce soir, j’ai couché mes enfants plus tard, parce que. Oui, oui, parce que. Parce qu’on avait le goût de se coller, bien empilés au milieu des doudous. Parce qu’on a pris le temps de lire un chapitre, puis un autre, et encore un autre. Et même un autre livre. Au complet celui-là. Sens dessus dessous. En plus d’avoir regardé le film en fin de semaine. Un peu accroc, me direz-vous ! C’était à la demande des enfants. Et au bonheur de maman.

Une chose en entraînant une autre, on a jasé d’émotions. De cerveau. Du fait que les mamans et les papas aussi ont des émotions. Qu’une maman fâchée, ça se peut, et que ça n’a pas nécessairement l’air du personnage de Colère enflammé et prêt à tout détruire. Une colère, c’est comme le reste, ça peut s’exprimer sainement.

On s’est dit que le dégoût et la peur peuvent sauver des vies. Sans eux, vous mangeriez de la viande restée sur le comptoir pendant des jours et vous traverseriez les boulevards sans regarder des deux côtés. Elles sont utiles, les émotions !

On s’est rappelé une de mes idées fétiches : une émotion qu’on n’exprime pas, ça pourrit en dedans et ça finit par puer le vieux fromage pourri. Aussi bien la laisser sortir avant que ça empeste !

On s’est aussi rappelé que même la joie, ça peut casser des fenêtres et briser des cœurs. « T’sais maman, la fois où j’étais trop excité et que j’ai cassé mon jouet en le lançant… ». Oui, je sais. Tu t’étais laissé emporter par un débordement d’émotion. Et tu as été bien triste juste après.

« Et toi, quelle émotion ressens-tu le plus souvent ces temps-ci ? »

« De la joie, beaucoup de joie ! Mais à l’école, un peu de tristesse aussi, parfois. Mais je n’ai pas le goût d’en parler. »

« C’est bien correct, tu sais. Je suis là si tu veux en parler à un autre moment. Ton professeur et ta sœur aussi. »

Et la tristesse ? Elle a sa place dans l’histoire ? C’est désagréable, la tristesse. C’est moche. Mais c’est temporaire.

« Tu te souviens quand tu as été triste l’autre jour ? Qu’est-ce qui t’a aidé à passer par-dessus ta peine ? »

« Ben… je suis allée te voir pour en parler, et tu m’as aidé à réparer mon jouet. »

Voilà. Tout est dit. Une émotion, on la ressent, on l’observe, et on agit. Ou pas.

Ce soir, au milieu des doudous, il y avait mes petits minous chéris qui avaient peut-être plus besoin de se coller et de jaser d’émotions que de dormir 30 minutes de plus.

Ils ont à peine eu le temps de se rendre à leur oreiller qu’ils dormaient déjà, apaisés par une conversation toute simple, cœur à cœur, accompagnée de plein de colleux réconfortants.

Ce soir, la tristesse, la colère, la peur, la joie et le dégoût avaient droit de cité dans nos mots. Mais je peux vous jurer que mes cocos se sont endormis avec la joie au cœur. Et moi aussi, je m’endormirai avec l’impression de bercer mes chatons en leur disant des mots doux.

Nathalie Courcy

Maman, je veux des frites et des croquettes du Mc Donald

Quand tu t’es levé ce matin, il était 7 h et tu m’as demandé : Â

Quand tu t’es levé ce matin, il était 7 h et tu m’as demandé : « Maman, le coronavirus est‑il terminé ? » 

Je t’ai demandé pourquoi. Tu m’as répondu : « Parce que j’ai hâte de manger des bonnes frites de chez Mc Donald et des croquettes. Ça fait tellement longtemps et ça me manque. »

– C’est quoi que tu aimes tant chez Mc Donald, Samuel ?

– Les frites, elles ont un goût particulier que j’aime tellement.

Oui, oui tu as dit le mot particulier.

Moi qui me disais, intérieurement : nous ne sommes pas allés au Mc Donald durant plusieurs années, seulement à tes 5 ans que tu as connu ces fameuses frites.

Que mettent‑ils dans leur nourriture, au Mc Donald, pour que depuis cette première fois, tu en redemandes ?

Ta naissance nous a fait prendre conscience de beaucoup de choses. Tu sais que je suis intense et nous faisons de notre mieux. Pour nous, le Mc Donald, ce n’était pas un rituel à intégrer, surtout que nous ne sommes pas du type à aller au restaurant. De plus, ton papa cuisine super bien (on est bien choyés) et moi, tu sais que j’aime aussi cuisiner (bon, surtout les salades, mais c’est un autre sujet, car les légumes et toi, vous n’êtes pas les meilleurs amis). On est plus du genre à économiser et vivre les plaisirs de voyager et découvrir le monde. Bref, chacun son plaisir.

Revenons à ton amour pour le Mc Donald.

Cet amour a commencé le 25 mars 2018 quand ta sœur, Catherine, t’a amenée faire une activité et ensuite t’a amenée dîner à ce fameux restaurant pour la première fois de ta vie. Il est clair qu’il doit y avoir une signification émotionnelle pour te ramener ce matin à vouloir y retourner. Hi, hi! Ce ne sont pas seulement les frites et les croquettes.

Je crois que c’est le souvenir du moment vécu avec ta sœur, puisque maintenant, chaque fois que tu sors avec ta sœur et que c’est durant l’heure du dîner, vous arrêtez au Mc Donald. Ce matin, c’était non seulement le goût du Mc Donald, mais aussi le fait de sortir et de découvrir des nouveautés avec tes sœurs qui te manque énormément durant ce confinement.

Je reste convaincue que chaque expérience, peu importe l’émotion vécue du moment, refait surface quand on en a besoin pour grandir, et cela dans un sens comme dans l’autre.

La morale de cette histoire est que mon garçon m’a montré à être plus flexible et que même si le chemin n’est pas parfait comme on l’imagine, il est magnifique.

Il est clair que même si nous avons retardé l’apparition du Mc Donald dans notre vie, dorénavant, tu nous le demandes pour des moments particuliers, sans en abuser.

Vous, qu’est-ce que votre enfant adore et que vous aimeriez qu’il aime moins ou qui n’est pas dans votre philosophie, mais que vous acceptez malgré tout de temps en temps ?


Eugénie Miron

M’avouer vaincue, moi? Nah!

Ben oui, je suis une maudite bornée. Celle qui ne veut jamais perdre la fa

Ben oui, je suis une maudite bornée. Celle qui ne veut jamais perdre la face. Celle qui fera tout pour éviter le pire. Je suis celle qui va sourire en public, mais qui va rager rendue à la maison. Je suis comme ça. 

Je suis aussi celle à qui la vie a enlevé des personnes importantes cette année, mais qui continue de dire que tout va bien. Parce que je suis celle qu’on croit quand je dis que tout va bien. Je ne veux pas m’avouer vaincue et montrer que ça pourrait ne pas aller.

Oh, je suis celle qui dit que ça va avec le confinement ! Oui, je me plains de la perte des festivals, des spectacles et de ma belle culture d’amour qui me manque déjà, mais je ne veux pas m’avouer vaincue si je dis que chaque fois que quelqu’un sort de chez moi, je panique ; que si ma fille revient à la maison sans se laver les mains, c’est l’hystérie en dedans de moi parce que je pense à mon père qui est là avec ses poumons malades. Je voudrais avoir des yeux à rayons X pour scanner tout le monde qui s’approche de ma porte et surtout, je voudrais envelopper mon père dans du papier bulle pour le protéger. 

Je ne veux sûrement pas m’avouer vaincue en lâchant quelques sanglots quand maman m’appelle pour me parler de son boulot et de ses journées épuisantes à s’occuper des personnes âgées atteintes de la maudite COVID‑19. Une maman si extraordinaire, un ange gardien qui a été là toute ma vie pour moi et qui maintenant, met presque sa vie en danger pour les autres. Mais qui s’occupe de maman, aujourd’hui ? Je ne peux pas aller la voir ! 

Je ne veux sûrement pas m’avouer vaincue en disant haut et fort que je ne dors pas depuis le début du confinement ! Mon cerveau est sur le mode puissance maximale ! Il n’a pas compris le concept du repos, lui ! 

Je ne veux pas m’avouer vaincue devant ma fille, si grande, qui pense que tout va bien malgré le confinement, mais au fond, j’ai la chienne ! Qu’est‑ce qu’il va arriver avec ses études ? Elle saura s’adapter mais moi, je gère tout croche ! Je ne suis pas bonne dans ces affaires‑là de gestion d’émotions.

Je ne veux pas m’avouer vaincue en pleurant, en criant ou en disant que tout me rend anxieuse. 

J’ai l’habitude de tout contrôler et pour la première fois de ma vie, je ne contrôle rien. 

Alors je souris et je continue mon chemin en continuant de ne pas dormir, en me demandant quand est‑ce que je vais retourner travailler, de quelle couleur devrais‑je repeindre ma cuisine, quelle autre plante pourrais‑je acheter, est‑ce que je dois repasser à la SAQ ou à l’épicerie ?… Et en me disant que j’ai vraiment hâte de changer d’activité !  

Tania Di Sei

Le tiroir de la colère

Quand les enfants sont tous petits, les crises de colère peuvent fa

Quand les enfants sont tous petits, les crises de colère peuvent faire partie du quotidien familial. On a tous déjà vécu la passe du Terrible Two et on sait à quel point elle est éprouvante pour l’enfant comme pour le parent. Mais à cet âge, quand l’enfant se jette sur le sol et s’époumone de colère, on se dit que c’est normal. Il a presque deux ans… Puis il a deux ans… Puis il a presque trois ans… On trouve ça tough par bouts, mais on sait que c’est un passage obligé. On arrive même à voir le positif dans les colères en se disant que l’enfant apprend à s’affirmer, à faire des choix, à découvrir ses émotions, etc. On nomme qu’il est en colère, on discute et puis, doucement, avec le temps, la paix revient à la maison.

Puis, l’enfant vieillit. Il entre bientôt à l’école ou il y a déjà fait ses premières classes. Il vit du stress, de la pression… et les crises de colère reviennent au galop. Cette fois, c’est différent. Parce que personne n’en parle. Personne ne trouve ça normal qu’un enfant s’époumone à cet âge‑là. Pourtant, ses grosses colères, il les ressent encore. Qui plus est, il est assez vieux pour mettre des mots dessus. Des mots blessants, des mots incendiaires, des mots meurtriers. Et personne n’en parle. Parce que les parents se sentent impuissants, démunis et coupables.

Quand nous avons vécu ces grandes crises chez nous, j’ai décidé de mettre de côté cette culpabilité et d’essayer de trouver des solutions. Je me suis répété que sa colère lui appartenait. Je me suis répété que tout le monde avait le droit d’être en colère. Mais j’ai mis un stop aux paroles blessantes et on a décidé de trouver des façons acceptables de gérer cette colère.

Alors aujourd’hui, je veux vous parler de la méthode du « tiroir de la colère ». C’est en fait très simple. L’enfant est plus vieux, il doit donc apprendre à s’autoréguler dans ses émotions. Les bonnes comme les mauvaises. Le parent a un grand rôle à jouer, parce qu’il doit créer les outils, les présenter à l’enfant et le rediriger vers ces outils au besoin. Mais l’enfant a aussi son rôle à jouer. Il doit apprendre à reconnaître son émotion, à la nommer et à utiliser les bons outils aux bons moments.

On a donc créé un « tiroir de la colère ». Il s’agit d’un espace qui permet de regrouper plusieurs outils à la disposition de l’enfant pour qu’il puisse en choisir un et l’utiliser au bon moment. Ça aurait pu être une boîte, un sac à dos, un endroit spécifique, etc. Chez nous, c’est un tiroir. Avec les années, plusieurs outils se sont ajoutés et la collection devient bien étoffée. Plusieurs parents nous demandent ce qu’on y a mis, alors je vais partager nos petits trucs avec vous.

Voici donc ce que contient notre tiroir magique : – De la pâte à modeler – Des livres (histoires simples et gros romans) – Une affiche de gestion des émotions – Des mandalas et des crayons – Un MP3 avec de la musique douce – Une boîte à musique – Une bande élastique d’entraînement – Une balle antistress – Un Slinky® – Un Tangle® – Une forme à manipuler sans fin (trouvée dans un magasin du dollar) – Un toutou lourd – Des papiers à gratter – Une balle de laine à tricoter – Des cartes avec des images de positions de yoga – Une lampe de poche – Une photo de famille – Des cartes à jouer – Un livre de blagues

Évidemment, nul besoin d’acheter tous ces outils pour commencer. C’est à vous de voir ce qui fonctionne avec votre enfant. Chaque enfant est différent. Pour l’un, le dessin sera apaisant. Pour l’autre, ce sera la musique. Un autre enfant pourrait avoir besoin de bouger, de se défouler, de frapper un oreiller, de crier dans une boîte, etc. Il faut trouver ce qui fonctionne et pour cela, il n’y a pas de recette miracle. Je vous conseille de remplir les outils « avec » l’enfant et non pas « pour » l’enfant. L’impliquer dans le processus rendra l’utilisation des outils plus évidente pour lui. Pour le reste, ce sont des essais et des erreurs.

Je répète constamment à mes enfants : « Dans la vie, soit tu réussis, soit tu apprends. » Gérer ses émotions, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Et n’allez pas croire que cette méthode est miraculeuse et que l’enfant ne se fâchera plus jamais. Au contraire. Il se fâchera, peut-être autant qu’avant, mais il aura appris à s’autogérer. Il aura maintenant des méthodes acceptables de gérer sa colère. Parce que crier et lancer des trucs, ce n’est pas acceptable. C’est tout un apprentissage! Et bien honnêtement, je connais aussi des adultes qui devraient apprendre à gérer leurs émotions fortes…

Le parent aussi doit travailler sur lui-même là-dedans. Il doit apprendre à lâcher prise sur la culpabilité qu’il ressent. Il doit accepter les émotions de son enfant. Toutes ses émotions. Il doit comprendre que cela ne le concerne pas et, surtout, que ce n’est pas de sa faute.

On aimerait tous que nos enfants soient heureux et épanouis. Mais cela ne signifie pas qu’il faut sourire toute la journée. Cela signifie qu’on donne à nos enfants les outils nécessaires pour s’épanouir. Le reste du cheminement leur appartient.

Joanie Fournier

Rester calme

Avec les tourbillons d’émotions, les petites ou grandes confronta

Avec les tourbillons d’émotions, les petites ou grandes confrontations et les frustrations qui viennent avec le fait d’être tout petit, les enfants vivent de véritables montagnes russes! Et leurs parents aussi par le fait même!

Comme la majorité, il nous arrive d’être plus fatigués ou stressés, d’avoir moins de patience. Et nos enfants, eux aussi, comme bien d’autres, traversent les différentes étapes plus ou moins confrontantes (allo, crises de bacon!) de la petite enfance. Nos deux garçons ont énormément d’énergie et respectent à la lettre les stades de développement dont on entend souvent parler. Bien que je n’aime pas beaucoup les termes terrible two et threenagers, nous observons chez nos enfants toutes les caractéristiques qui distinguent ces phases.

Nous savons pertinemment que hausser la voix ou avoir un ton plus sec ne fonctionne pas, surtout avec notre plus vieux de trois ans et demi. C’est un grand sensible : il perçoit et absorbe les grandes joies, mais aussi le stress et la tristesse. La même intervention faite avec calme fonctionnera très bien alors que si nous sommes fâchés, ça dégénère souvent. C’est comme s’il s’appropriait nos émotions négatives et qu’il ne savait plus quoi en faire. Il devient donc encore plus intense et arrive de moins en moins à écouter les consignes.

Rester calme, c’est ce qui fonctionne le mieux. Nous le savons. Nous l’avons expérimenté.

Par contre, ce n’est pas toujours facile! Certains comportements viennent nous chercher (nos enfants savent très bien sur quel bouton appuyer, comme on dit) ou la fatigue nous rend plus prompts. On essaie de respirer et de se rappeler que c’est juste de l’énergie gaspillée si l’on se fâche.

Attention, je ne dis pas qu’on doit le laisser faire tout ce qui lui chante. Je dis simplement de faire ces interventions dans le calme. Par exemple, il sait très bien qu’être brusque avec son petit frère est inacceptable. S’il l’est, il ira se calmer dans sa chambre quelques minutes et devra présenter ses excuses pour revenir jouer. Cet arrêt d’agir et cette prise de conscience de la portée de ses gestes sont souvent suffisants pour qu’il s’ajuste et que la suite se passe bien… si nous l’avons fait dans le calme! Si nous haussons la voix ou durcissons le ton… la suite est presque assurément chaotique et nous passons une journée ou une soirée vraiment moche.

On le sait, rationnellement, mais oh que ce n’est pas toujours facile à maintenir dans le tourbillon du quotidien qui est bien souvent plus émotif que rationnel!

Jessica Archambault

 

Le « moton »

J’ai envie aujourd’hui de vous de parler du moton. Vous

J’ai envie aujourd’hui de vous de parler du moton. Vous me direz, mais quel sujet insipide! Et pourtant non. Le fameux moton, on l’a tous un jour ou l’autre. Ne me dites pas que vous ne connaissez pas cette petite ou très grosse boule qui se loge dans la gorge, là, coincée entre deux phrases, vous empêchant de parler, de penser. Communément appelé un amas, une boule, un grumeau, mais de quoi? Il est aussi synonyme de grande quantité. Un trop-plein. De peine, de joie, de tristesse, de bonheur? Est‑ce un trouble physique ou psychologique? Souvent, ce symptôme est exacerbé par la maternité. Est‑ce que nos rejetons sont les instigateurs de ce mal invisible? Sans crier gare, il surgit, gonfle, nous tient, le maudit moton. Il reste coincé et d’autres fois, il descend jusqu’au ventre, fait des flips, nous tiraille, nous fait mal, nous vire à l’envers. On dit alors qu’on a une boule au ventre. Le moton a muté.

Le moton fait pleurer, ou pas. Parfois, on ravale juste ledit moton. On le cache, pour ne rien laisser paraître. Pourtant, il est toujours là, juste un peu plus bas. On a du mal à respirer, à parler ; les sanglots sont étouffés.

Je me souviens de mon premier moton de maman. Dès que j’ai tenu ma fille dans mes bras, le moton est arrivé, un mélange de joie, de peur, de bonheur. J’avais envie de pleurer, de crier, mais rien ne sortait. J’étais juste immobile à contempler cette petite créature. Je n’avais pas de mots pour décrire ce trop-plein d’émotions qui venait de m’envahir. Plus le temps a passé, plus le moton est resté, il a grandi. Il surgit au détour de la garderie quand je dépose la petite dernière et qu’elle pleure toutes les larmes de son corps parce qu’elle n’a pas envie d’y aller. Je n’ai pas le choix, je la laisse. En fermant la porte derrière moi, le moton m’empêche de respirer, je retiens mes larmes. Toute la journée, le moton est là, il m’empêche de me concentrer. Le moton grogne quand ma plus vieille me dit méchamment qu’elle ne m’aime plus. Un moton de douleur. Je serre les dents, et je ravale ses paroles.

Est‑ce qu’on peut s’en défaire, ou sommes-nous condamnés à vivre avec? Parfois discret, parfois intense, il sera malheureusement toujours là, le maudit moton!

Gabie Demers

 

À bas les cases!

<span style="margin: 0px; line-height: 107%; font-family: 'Times New

Dans ma tête, il y a toujours eu un surplus de cases. Trop pleines, pour la plupart. Trop d’idées, trop de projets, trop d’émotions. Juste trop.

Pendant longtemps, j’ai cru dur comme béton armé que la condition de mon efficacité, c’était la surcharge. J’avais l’impression que dès que j’arrêterais un peu, je m’effondrerais. L’art de fuir la réalité…

Un horaire rempli au quart de tour, chaque seconde à sa place, chaque place occupée. Comme dirait Filiatrault : « Enchaîne! » On va se le dire, avec quatre enfants, je n’ai rien fait pour me simplifier la tâche! Mais c’est comme ça que je me sens vivre. Que je me sentais vivre.

Jusqu’à ce que je me sente mourir, étouffée sous le tas de cases dans mon calendrier et dans mon esprit. Quand c’est rendu que tu dois faire des listes de tes listes de tâches… c’est peut-être signe que tu t’en es trop mis sur les épaules?

Alors j’ai décidé d’élaguer l’horaire. De vider des cases (régler les tâches « faites pour de bon » comme la peinture du sous-sol). D’en reléguer d’autres aux oubliettes, au moins temporairement (ne pas renouveler mes mandats pour les comités d’administration, dire non à certains engagements de bénévolat). De combiner certaines cases (faire une plus grosse recette de sauce à spag et la mettre en conserve pour les soupers pressés de l’hiver). De déléguer, même (les enfants sont capables de faire leur lit et leur lavage à l’occasion, non?)

Et qu’est-ce que je fais avec les cases qui restent? Parce qu’évidemment, je dois continuer de faire mon budget, de faire manger mes enfants… Parce qu’évidemment, je veux me garder des loisirs et des engagements, comme écrire pour Maïka et faire des activités avec mes cocos. T’sais, histoire de me garder saine d’esprit, équilibrée…

Ces cases-là, je les choisis. Je pèse le pour, le contre, je les mets dans la balance des priorités, des urgences ou des tâches à remettre à plus tard. Je me demande si c’est important pour moi ou pour d’autres. Et je classe. Je place les cases en ordre dans mon cerveau. C’est plus facile, maintenant que j’ai fait de l’espace! Un Tetris niveau 2, au lieu du niveau 150 auquel je carburais.

Même processus avec les émotions et les pensées. Lesquelles sont nécessaires? Lesquelles sont nuisibles, lesquelles bouffent mon temps et mon énergie? Lesquelles ne sont pas particulièrement utiles mais me gardent les pieds sur terre? Je choisis ce que je garde en fonction de mes valeurs et de mes rêves. Je fais partir le reste dans les égouts : pensées négatives et récurrentes, déceptions assurées, fausses croyances, émotions douloureuses associées au passé et déjà traitées.

Ce qui est bien avec les cases, c’est que c’est nous qui choisissons lesquelles on conserve, lesquelles on fait disparaître, lesquelles on remet au programme. Mais bien sûr, pour y arriver, il faut réserver une case de notre calendrier occupé pour faire le bilan de ce qu’on est et de ce qu’on veut. On appelle ça une case rentable. Celle-là, on la garde!

Je vous invite à faire le ménage des cases vous aussi. Ça fait du bien!

 

Nathalie Courcy

Ben oui je pleure !

Jusqu’à cette année, les larmes et moi, ça faisait deux. Deux e

Jusqu’à cette année, les larmes et moi, ça faisait deux. Deux entités dans une relation à la limite de la guerre froide. Sauf que si on s’était rendues là, elles auraient gelé.

Enfant, aux dires de ma mère, je n’étais pas une pleureuse. Mes frères aînés n’ont probablement pas la même opinion. Devant eux, j’avais peu de mots, mais beaucoup de cris et de larmes. On s’exprime comme on peut.

Quand mon père est décédé, j’aurais pu pleurer. T’sais, j’avais sept ans. Ça aurait juste été « normal ». Au salon funéraire, je m’empêchais de regarder son visage dans le cercueil pour ne pas fondre en larmes (au sens propre du terme : me liquéfier entièrement sous l’emprise d’une peine trop vaste pour mon corps d’enfant). Lorsque mes grands-parents, mes oncles, mes tantes, mes cousins et cousines sont décédés, l’envie de pleurer n’y était juste pas. Je ressentais une tristesse, parfois une incompréhension ou un désir de lutter contre l’injustice de leur départ et de notre souffrance. Mais polluer mes joues avec du H2O mélangé de NaCl ? Bof. Pas nécessaire. Ça n’aurait ramené personne. Ça n’aurait consolé personne. Même pas moi.

En fait, je me souviens d’avoir pleuré pour un oncle, mon choucou. Mort soudaine. La corde. Le choc. Quelque temps avant mon mariage. J’aurais tant voulu qu’il y soit. Je me suis laissée aller. Je me suis laissé consoler. Aucune surprise, ça n’a rien réglé, mais au moins, c’était exprimé (comme dans « extériorisé »).

Je n’ai pas pleuré, non plus, quand j’ai quitté mes cadets après quatre ans à les accompagner et, vraiment, à les aimer. J’ai accepté l’immense bouquet de fleurs qu’ils m’ont offert, mais j’ai refusé de faire un discours. Le motton se faisait sentir dans ma gorge serrée et me faisait mal. Physiquement. À l’idée de m’effondrer, de ne plus savoir m’arrêter, de me transformer en sanglot gigantesque qui ne trouve plus de vallée pour se calmer, j’ai préféré cacher mon visage et respirer jusqu’à tant que ça passe. Afuuu afuuu.

À mon mariage ? Pourquoi pleurer ? C’était joyeux, non ? À mes accouchements ? J’avais si mal que je n’avais plus de larmes. Même la joie de tenir mes bébés dans mes bras ne portait pas de larmes, qu’un sourire béat. Quand j’ai perdu le fœtus jumeau de mon fils ? Je me suis ressaisie rapidement : il y avait cet autre être qui avait besoin d’une maman forte pour rester accroché. Mon cerveau cherchait déjà comment l’expliquer à mes filles, comment les protéger d’une trop grande peine. Et pourtant, une partie de moi s’en était allée…

J’ai pleuré dans l’intimité devant ma difficulté d’enfanter. Devant l’évidence grandissante d’une vie de couple qui frôlait le bord de la falaise sans que je puisse la retenir. Pleuré, aussi, embourbée que j’étais au milieu des dédales d’une parentalité qui ne trouve plus de solutions ni d’aide. Je me souviens même d’avoir osé pleurer devant mes enfants. Ça les avait ramollis, convaincus (temporairement) qu’ils devaient se calmer le pompon.

Si j’avais plus pleuré dans le passé, j’aurais probablement moins souffert de rétention d’eau et j’aurais évité la pourriture intérieure des souvenirs.

Garder le contrôle… c’est bien beau, mais ce n’est pas ça, la vie. En tout cas, ce n’est plus la vie que je veux. J’ai choisi de me laisser aller. D’ouvrir les robinets quand le besoin se fait sentir. Depuis la séparation, je passe plus de temps en tête à tête avoir moi‑même. J’enlève des couches de passé non réglé. J’apprends à me sentir en sécurité dans le spectre de mes émotions et de mes pensées.

Parfois, je me fais surprendre par des larmes, même par des sanglots. Au travail, devant une publicité d’autos, en regardant la beauté d’un oiseau, sur l’autoroute 20 (t’sais, les tounes qui font brailler ?), en chantant une berceuse à mes enfants ou entre le repas principal et le dessert. Plus besoin de faire passer ça sur le dos des oignons à couper. C’est mon cœur à moi que j’accepte d’éplucher pour atteindre son centre et lui laisser de la place.

Je ne suis pas nécessairement prête à faire confiance à quelqu’un d’autre pour le laisser prendre mon cœur, mais je commence (finalement !) à me faire assez confiance pour laisser parler mon cœur. Comme m’a dit une amie (qui m’a fait pleurer !) :

Le principe même du lâcher-prise.

Nathalie Courcy

Ces 300 chiens qui font du bien à mes enfants

Après un temps des fêtes franchement revitalisant, j’ai enfin se

Après un temps des fêtes franchement revitalisant, j’ai enfin senti la paix s’installer dans mon petit cœur. Ce n’est que lorsque la sérénité s’est installée que j’ai réalisé que je venais de traverser un deuil.

Je ne voulais pas réellement balancer par la fenêtre ma vie bien rangée. Ce que je voulais, c’était voyager. Le déménagement, c’était mon sacrifice, le prix à payer pour découvrir l’Europe.

Savoir que je retrouverais ma maison, ma famille et mes amis dans trois ans a bien sûr facilité mon départ du Québec, mais pas mon adaptation en Italie. J’ai perdu trop de temps, pendant mes premiers mois ici, à rêver à mon futur retour à la maison. Déjà qu’on vit souvent au conditionnel dans un déménagement, empêtrés dans nos craintes et nos espoirs… Ça ne laissait pas beaucoup de place au moment présent, tout ça.

Mais le temps des questionnements est révolu, mes rêves déçus ont été digérés. Non, nos garçons ne deviendront sûrement pas les meilleurs amis de nos petites voisines italiennes, mais ils se sont fait de super copains canadiens. Et oui, mes petits trésors vont probablement accueillir chaque nouveau projet de voyage avec méfiance, mais l’avantage est qu’ils ne seront jamais déçus, toujours agréablement surpris. Ça pourrait être pire que ça.

Je vous assure que si vous ajoutez : organiser un déménagement outre‑mer et apprendre une nouvelle langue à votre liste de priorités, l’équilibre de votre vie foutra le camp tout d’un coup. « Trop de priorités » équivaut à « pas de priorités ». Mais maintenant que la transition est complétée, j’ai pu retrouver les habitudes qui me faisaient du bien. Elles possèdent même, maintenant, un charmant accent italien. Notre routine, fracassée à grands coups de massue en quittant notre pays, s’est teintée de nouvelles couleurs. Nos priorités ont pu reprendre leur place.

Après un été et un automne mouvementés, l’hiver s’annonçait donc beau et doux chez nous. Seul nuage à l’horizon : mes enfants, eux, étaient toujours pris dans la tempête. Déni, Tristesse et Colère (on dirait les personnages du film Sens dessus dessous!) prenaient encore beaucoup de place. Pas toute la place, heureusement, mais juste assez pour réaliser que mes cocos auraient besoin d’un peu d’aide pour atteindre l’oasis d’acceptation à leur tour.

Comme de vrais endeuillés, mes petits bonhommes de sept et dix ans avaient besoin d’exprimer leurs émotions (cet élément était déjà bien en place) MAIS AUSSI des pensées plus positives (cet élément pouvait être amélioré). L’équation me semblait évidente. Plus ils vivraient de beaux moments en Italie, plus ils apprécieraient leur nouvelle vie. S’ils se contentaient de ruminer leurs plans d’évasion vers le Canada, ils éveilleraient encore et encore Déni, Tristesse et Colère. C’était leur responsabilité de cesser d’alimenter la machine à idées noires pour diriger les projecteurs sur les moments plus heureux. Après six mois en Italie, ils avaient un choix à faire et deux parents prêts à les soutenir dans leur démarche. Nous étions en mode Intervention.

Nous avons demandé aux enfants ce qu’ils aimaient faire en Italie et leur réponse était claire : ils voulaient aider le refuge canin San Francesco. À notre arrivée à Naples, nous nous y étions rendus pour participer à une activité de financement et rencontrer les gens qui ont à cœur d’aider les chiens errants, trop nombreux ici. Mes enfants voulaient y retourner et faire du bénévolat auprès des 300 chiens du refuge. Aussitôt dit, aussitôt fait! C’est ainsi qu’on allait débuter notre année 2018.

Depuis deux mois, nous nous joignons donc au groupe de bénévoles qui offrent une promenade hebdomadaire aux pensionnaires. Nous commençons toujours par aller voir Willy, âgé d’une dizaine d’années, que nous avons pris sous notre aile plus officiellement. Son père devait être un Border Collie noir et blanc, mais sa mère… allez savoir! Il vit au refuge depuis au moins trois ans et ne le quittera sûrement jamais. Même les adorables chiots (une vingtaine arrivés depuis janvier seulement) risquent de grandir et de mourir au refuge, alors le vieux Willy…

Pour nous, Willy a été un coup de cœur dès le premier instant. L’affection est réciproque. Il laisse les enfants brosser son poil crasseux, les yeux mi-clos, le museau tourné vers le soleil…

Les autres bénévoles, qui nous ont d’abord réservé un accueil cordial, nous offrent maintenant un sourire chaleureux chaque samedi. (Je comprends tellement leur manque d’enthousiasme initial à décoder mon baragouinage italien!) Notre fidélité au rendez-vous et nos efforts à comprendre leur façon de fonctionner (on n’est pas à Walt Disney!) ont porté fruit. Désormais, lorsque nous mettons les pieds au refuge, la vénérable « nonna » nous gratifie d’un « Willy vous attend » où perce l’émotion.

Depuis notre premier avant-midi de bénévolat, la nostalgie a cessé de se pointer le bout du nez au moment du coucher. Mes enfants se laissent à présent doucement hypnotiser par Morphée, fiers de suivre l’exemple de leurs héros de l’émission Refuge animal et convaincus que de petits êtres poilus ont besoin d’eux ici. Ces 300 chiens ont définitivement illuminé et changé notre vie.

Elizabeth Gobeil Tremblay