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Lettre pour Nell

Salut ma peanut,

Deux ans. Deux

Salut ma peanut,

Deux ans. Deux ans déjà que papa et moi, nous t’attendions. Nous étions tellement contents quand tu es arrivée ! Malheureusement, ou heureusement, tu es arrivée en grand. À quatre semaines, j’avais déjà des symptômes. On ne pouvait pas s’imaginer que la joie indescriptible de voir enfin deux lignes bleues apparaître dans nos vies allait se transformer en notre première vraie peine d’amour. Maman est allée consulter, car malgré ta présence, elle n’avait toujours pas cessé de saigner. C’est à ce moment‑là que le docteur nous a expliqué trois possibilités :

  1. Tu ne grandissais pas à la même vitesse que les autres.
  2. Tu t’étais fait un petit œuf, mais tu ne t’y étais pas installée.
  3. Tu n’avais pas fini ta course et tu t’étais installée dans la trompe de maman.

C’est cette journée‑là que le plus long mois de notre vie a commencé. Prise de sang aux deux jours, douleur, excitation, doute, peur.

Lorsque tu as été assez grosse pour être vue à l’échographie, nous avons pu constater que malheureusement, tu t’étais fait un nid à la mauvaise place.

Le docteur nous annonce que nous allions devoir te sortir de là, car si tu grossissais trop, ta maison ne pourrait pas s’étirer comme tu voudrais et maman ne pourrait pas survivre. Il a donc fallu que maman reçoive une injection en espérant que tu t’endormes, que tu disparaisses. C’est la piqure qui m’a fait le plus mal de toute ma vie. L’aiguille était sur la hanche, mais c’est dans mon cœur que je l’ai sentie me piquer et je la sens encore de temps en temps.

Tu t’es battue, maman l’a senti. Tu t’es décollée de ton nid pour voler jusqu’à mon cœur et t’y faire une place pour toujours. Douleur extrême, autant physique que psychologique et émotionnelle. Je me suis sentie horrible de te faire ça quand toi, tu voulais simplement rejoindre nos vies. Je m’excuse tellement. Si tu savais comment j’ai trouvé ça dur de te dire au revoir avant même d’avoir pu te dire bonjour. Comment j’ai trouvé difficile d’annoncer à tes grands-parents qu’ils ne te connaîtraient jamais.

Pour papa et moi, tu resteras toujours notre premier bébé, notre premier espoir d’une vie de famille. Tu as été deux mois dans nos vies, mais tu resteras toujours dans nos cœurs et nos esprits. J’espère que tu comprends que je t’aime et que je t’aimerai toujours. Et que je m’en veux encore même si je n’ai pas eu le choix. Je sais que tu es là et que tu veilles sur ta sœur. Merci d’avoir fait le chemin pour elle et de l’avoir guidée dans nos bras.

Jamais je ne t’oublierai. Sache que pour moi, mars 2019 restera toujours le mois où tu ne viendras pas au monde.

Ta maman pour toujours

Anouk Carmel-Pelosse

Mon éternel printemps

Bel enfant,

Toi, tu ne réalise

Bel enfant,

Toi, tu ne réalises pas combien la vie a changé. C’est ton premier printemps. Les oiseaux commencent à chanter, la neige fond, le soleil se pointe le bout du nez un peu plus souvent. Si seulement tu pouvais vivre ce premier printemps dans le calme, la douceur et l’éveil de l’âme qu’amène la venue de cette saison tant attendue.

Malheureusement, mon amour, tu dois sentir que quelque chose ne va pas comme à l’habitude. Je voudrais bien pouvoir t’expliquer tout ça, mais je n’arrive même pas moi‑même à réaliser que la terre tourne au ralenti en ce moment. Je ne me souviens plus tout à fait quel jour le chaos s’est installé autour de nous. Il me semble que c’est loin derrière. Pourtant, c’est tout récent.

Toi tu ne le vois pas, nous non plus d’ailleurs, parce que l’ennemi est invisible. Depuis qu’il est là, les gens ont changé. L’incertitude, la méfiance, l’anxiété se sont installées dans nos têtes, nos cœurs et nos maisons. C’est de plus en plus chacun pour soi. Pourtant, j’aimerais t’apprendre mon bébé que c’est dans ces moments qu’on a le plus besoin les uns des autres. Qu’ensemble, on réussit souvent à mieux ramer dans la tempête. Tu sais, il y a heureusement toujours de belles personnes qui parsèment le monde de leur bonté et de leur espoir. Parce qu’il y a toujours des gens qui réussissent à faire du beau avec le laid qui les entoure. C’est sur ces personnes que je tente de me concentrer ces jours‑ci.

Malgré tout, je dois te dire qu’il y a des jours où l’avenir me fait peur à moi aussi. Depuis ta naissance, quand je pense à l’avenir, je pense surtout à toi. J’imagine ton futur : tes saisons qui reviendront et j’espère qu’elles seront plus belles que ton premier printemps. Je veux pour toi un monde qui te permettra de grandir, de t’épanouir, de rire, mais surtout de rêver. Je veux pour toi un avenir où tout sera à ta portée, mais il y a des jours où je me demande vers où notre bateau collectif s’en va. C’est comme si on ne ramait pas tous dans la même direction et je le réalise particulièrement pendant qu’on est au cœur de cette crise.

Mais tu sais, je me dis qu’il faut parfois une grande crise pour atteindre le fond et se relever. C’est ça aussi le printemps : renaître après le vent glacial qui a refroidi nos cœurs. C’est peut‑être ce qui arrivera pour nous quand tout ça sera terminé ? Je me dis qu’on aura sûrement appris que rien n’est acquis et que notre vie qui tourne à trois cents miles à l’heure n’est peut‑être pas si importante finalement quand on n’a pas le temps de la vivre. On le réalise, tu sais, quand on est obligé de s’arrêter et de revenir à l’essentiel. Et l’essentiel j’espère qu’on ne l’oubliera pas de sitôt.

Je le sais, tu dois ressentir que ces temps‑ci, le cœur de ta maman bat un peu plus vite, ses yeux semblent plus préoccupés et parfois, ils se remplissent de larmes. J’arrive à peine à voir la fin de ce malheur qui tombe sur nos têtes. Surtout, ça me chavire le cœur de voir tous ces gens autour du globe qui vivent des épreuves inhumaines loin des leurs.

Malgré tout, j’essaie de t’offrir le plus beau des printemps. Celui qui rafraîchit le cœur, celui qui nous fait redécouvrir le monde. J’ai envie que tu saches que c’est grâce à toi que je réussis à rester dans le moment présent. Parce que toi, tu ne connais que le moment présent. Merci, mon enfant, d’être là, à ce moment précis dans ma vie ; tu me fais fleurir moi aussi.

Puisque je réalise que ce qui nous attend demain est toujours incertain, j’apprends à ne plus tenir les choses pour acquis. Je profite de tout ce renouveau que tu m’offres. Je ne me tannerai jamais de te voir découvrir le monde avec tes grandes perles bleues à grands coups de sourires. Et ces moments, j’essaie de les garder près de mon cœur pour m’en souvenir malgré le temps qui file bien vite entre mes doigts.

Mon bébé, même si demain le printemps n’est plus comme avant, il y aura toi. Tu seras mon éternel printemps !

Catherine Desgroseilliers

Garde espoir

Je voula

Je voulais te dire, cher parent d’enfant timide, de garder espoir. De ne pas t’en faire… un jour ton enfant va prendre confiance et va s’envoler plus haut que tu ne l’aurais imaginé.

Je vais te raconter une histoire. L’histoire de ma fille.

Enfant, elle était terriblement timide. Maladivement timide…

Bébé, elle refusait le contact des gens, en dehors de son petit cercle de proches. Elle hurlait quand un inconnu lui adressait la parole. C’était un bébé à bras, collée, accrochée sur son papa et sa maman.

Quand elle était petite fille, tout ce qui sortait de sa routine l’angoissait au plus haut point, elle paniquait au moindre changement. Elle en a versé d’horribles larmes à son premier jour d’école… déchirant mon cœur de maman… Elle a pleuré pendant plusieurs semaines… Elle s’adaptait toujours doucement, en faisant le moins de bruit possible, essayant de ne jamais déranger…

Elle avait beaucoup de difficulté à aller vers les autres, petits ou grands, en dehors de sa bulle rassurante familiale…

J’avais de la misère à comprendre. J’ai été une enfant turbulente, proactive, leader, très active! Mon enfant m’envoyait une image à l’inverse de mon mode de fonctionnement. Je ne savais pas trop quel était mon rôle comme parent. La pousser, la forcer à aller vers les autres, ou respecter cette peur incontrôlable qu’elle avait tout le temps?

Nous avons décidé de la rassurer, toujours, tous les jours, par notre présence. Et nous avons décidé de la valoriser. De travailler son estime de soi, en étroite collaboration avec l’école…

Vers l’âge de huit ans… tout tranquillement… nous avons assisté à sa métamorphose… Ça s’est fait en douceur, par étapes. À force de réussites : à l’école, dans ses relations avec les autres, dans le sport, dans les loisirs, auprès de tous ceux qui l’aiment… ma fille s’est ouverte sur le monde…

À l’adolescence et en évoluant dans un milieu scolaire très dynamisant et valorisant… elle a pris son envol… elle s’est assise sur sa confiance et a escaladé bien des montagnes! Elle excellait non seulement dans le domaine scolaire, mais elle est aussi devenue le noyau de son cercle d’amis. Elle a gagné des concours, notamment, en écriture et en poésie, et elle a été amenée de nombreuses fois à prendre la parole devant des centaines de personnes, avec une assurance incroyable!

Jeune adulte, elle a participé à une simulation d’une assemblée de l’Organisation des Nations Unies (événement qui se déroule à New York), et elle a débattu sans aucune gêne, avec une passion intense et beaucoup de conviction! Elle vient de participer à un voyage humanitaire au Nicaragua auprès des populations démunies. Cette expérience l’a confortée dans l’idée qu’elle veut étudier en politique internationale afin d’avoir un impact réel dans la vie des gens et de participer à changer le monde!

Elle vit seule en appartement depuis qu’elle a dix-sept ans!

Elle a un réseau social très développé et n’a aucune difficulté à aborder les gens et à entamer des discussions enflammées!

Alors, cher parent :

Garde espoir.

Ne t’en fais pas.

Continue de lui tenir la main.

Aide-le à se relever quand il tombe.

Sois bienveillant.

Et… regarde-le sortir tranquillement de son cocon pour devenir le plus beau des papillons…

Ce petit timide, c’est la plus grande leçon qu’une vie peut t’apporter…

 

Gwendoline Duchaine

 

« On est des jumelles. »

Suite à

Suite à notre déménagement, ma plus jeune a commencé à fréquenter un nouveau centre de la petite enfance. Cette transition a donc amené son lot de rencontres. De nouvelles éducatrices, de nouveaux locaux, et bien sûr, de nouveaux amis.

Ma fille apprenait donc à connaître les nouveaux enfants avec qui elle partagerait son quotidien. Le soir, elle revenait en nous parlant d’eux : «Maman! Je suis chanceuse, moi! Dans mon groupe au CPE, y’a que des filles!» Ma petite princesse était aux anges. «Maman, j’ai tellement hâte de te présenter Dulcy. Tu vas voir, on se ressemble tellement elle et moi! Dulcy et moi, on est des jumelles!» Je trouvais ça fascinant de la voir s’intégrer si rapidement dans son nouvel environnement. La maman que je suis était bien fière de la voir s’épanouir et se faire des amis.

Un soir, dans le vestiaire, je remarque que le manteau de Dulcy est encore accroché sur le casier voisin. Ma fille s’emballe et me dit que je vais pouvoir enfin rencontrer sa jumelle! On arrive dans le local. Ma fille commence à me présenter les filles de son groupe, parce qu’effectivement, il n’y a que des filles cette année. Et avec le plus grand sourire du monde, elle prend Dulcy par les épaules et me la présente.

Dulcy est haïtienne. Elle vient d’arriver au Québec avec ses parents. Elle est noire. Ses cheveux bouclés sont domptés par des tresses. Elle ne peut pas être plus à l’opposé physiquement de ma fille, qui est blanche comme neige et a des petits cheveux fins et raides. À ce moment‑là, leur pureté à toutes les deux m’a éblouie. Amusée, je leur demande pourquoi elles sont des jumelles. Ma fille répond : «Dulcy, elle court aussi vite que moi!» Et Dulcy la complète : «Et en plus, on aime le poulet toutes les deux, on est pareilles!» Elles se tiennent par les épaules et se font un dernier câlin avant de partir.

Je suis partie ce soir‑là avec un sentiment incroyable de fierté. Ces enfants‑là, ils ont compris quelque chose que bien des gens ne saisissent pas encore. Parce qu’on s’en contrefout de la couleur de la peau du voisin. Ses traits physiques ne font pas de lui qui il est. On se définit par nos actes, nos choix, nos intérêts. Et apparemment, nos enfants de quatre ans pourraient l’enseigner à bien des gens…

Ces deux petites filles‑là, elles ont compris que si on a du plaisir ensemble et qu’on peut partager un bon repas en se parlant à cœur ouvert, ça s’appelle de l’amitié. Et que c’est tout simplement ça qui devrait rassembler tous les peuples de la Terre.

Plusieurs pessimistes vont dire qu’elles sont encore naïves, innocentes, et que la réalité les rattrapera en grandissant. Moi, je refuse de penser comme ça. Au contraire, je pense que ce sont ces enfants‑là qui feront grandir et changer notre société et pas l’inverse. Ce sont elles qui, en grandissant, montreront au monde que l’amitié n’a pas de couleur.

Je continue d’espérer que nos enfants jetteront à terre des barrières invisibles qui existent depuis trop longtemps. Je continue de rêver à leur avenir. Je veux imaginer des gens heureux, qui partagent un bon repas, peu importe où sont nés leurs ancêtres. Je veux imaginer une tablée diversifiée qui pourra fêter à la fois la fin du Ramadan, la fête du Québec, le Nouvel An chinois et Noël tous ensemble. Une tablée de gens qui prônent l’amitié et le respect des autres. Et surtout, je continue d’espérer un avenir où nos enfants devenus grands sauront se réjouir pour le voisin, juste pour partager son bonheur avec lui.

Parce que nos filles ont raison. Si on court aussi vite et qu’on aime le poulet, ensemble, on pourra changer le monde.

Joanie Fournier

 

Ze journée pour en parler

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Un jour, on n’en aura plus besoin de cette journée-là. Un jour, on en parlera tous les jours, ou pas. Un jour, on répondra sans gêne aux « comment ça va » en disant « je me sens joyeuse », « j’ai de la tristesse au cœur », « c’est une période pénible, mais je vois un thérapeute pour aller mieux ».

Déjà, j’entends dans les cours d’école et les garderies des enfants qui nomment leur ressenti. Qui disent « j’ai mal au ventre, je pense que je suis stressée, je vais aller respirer ». C’est beau, hein? Pas le stress à un si jeune âge, mais cette capacité de nommer la sensation et de l’associer à l’émotion.

Il y a dix ans, je me faisais juger par plusieurs parce que je disais que j’avais vécu une dépression. Si on se rend au bout du semi-marathon pour lequel on s’est entraîné, ou si on décroche notre diplôme tant espéré, ou si on survit à la première année de bébé (colique, nuits écourtées, nez qui coule et autres agréments de la parentalité), on a le droit, hein, de dire qu’on est fier de soi?

Alors si on remonte la pente après avoir touché le fond, on a le droit d’être fier de soi et de le dire. Si on réussit à passer toute une semaine sans vouloir se pendre alors qu’on combattait cette pensée quotidienne depuis des mois, on a le droit de se féliciter et de célébrer. Sans se faire juger, sans se faire regarder comme si on était un extraterrestre violet avec des pustules au bout des antennes.

En dix ans, les choses ont changé (mais pas encore assez). Dans notre monde super-méga-full évolué, on se fait encore juger, mais par moins de gens, et pas tout le temps. Il y a même des personnes et des groupes qui nous questionnent, qui veulent entendre notre témoignage d’ancien poqué de la santé mentale. Ils veulent comprendre par où on est passé, tout d’un coup que notre cheminement en inspirerait d’autres.

On était tellement habitué de se faire regarder comme des pas bons… et là, on se fait dire qu’on peut enseigner des stratégies aidantes, qu’on peut donner de l’espoir, qu’on peut être le modèle de quelqu’un. Bref, on se fait dire : « T’as tellement bien fait de ne pas te tuer, parce que tu améliores notre vie ». Et on le croit.

En cette journée dédiée à la santé mentale et à la prévention du suicide, croyez en vous, croyez en la vie. Parce que la vie croit en vous. Et dites à quelqu’un que vous l’aimez, qu’il est précieux pour vous. Demandez « Comment ça va? », avec l’intention sincère d’écouter. Et si la réponse ressemble à « Ça ne va pas bien », soyez présent, pour vrai. Ça peut changer la suite des choses.

 

Nathalie Courcy

 

Ta honte de consulter, ma fierté de te voir ici

J’appelle ton nom dans la salle d’attente qui est bondée de gen

J’appelle ton nom dans la salle d’attente qui est bondée de gens.

Je te vois entrer dans mon bureau, la tête fléchie vers l’avant, les yeux qui cherchent à m’éviter, l’air épuisé.

Tu as probablement le cœur qui veut sortir de ta cage thoracique.

Je vois et ressens ta détresse, tes inquiétudes et tes doutes. Je peux discerner ton mal-être.

Et soudainement, des larmes se mettent à couler sur ton visage si pâle.

Lorsque de ta bouche, la voix tremblante, la gorge nouée, tu réussis à sortir difficilement quelques sons. Je réussis à comprendre ce qui t’amène ici.

Tu m’admets avoir honte de consulter pour cette raison. Tu m’avoues que jamais tu ne pensais te rendre là.

Tu te sens humilié.

Dans ton parler, tes mouvements qui semblent si douloureux et pesants, tes larmes qui coulent sur ton visage depuis la première minute de notre rencontre, sache que je te « feel ».

Je te regarde, je te laisse te confier à moi. Je veux que tu te libères de ces émotions qui pèsent sur toi… Ces émotions qui ont pris une trop grande place dans ta vie.

J’ai envie que tu voies en moi, non seulement l’infirmière que je suis, mais aussi, ma personne, ma capacité à te comprendre.

Celle qui s’est déjà sentie comme tu te sens présentement.

Celle qui est maintenant assise devant toi et te dit qu’on peut s’en sortir.

Je tiens à te rassurer, personne ne te jugera ici.

Personne ne se demandera ce que tu fais ici.

Nous avons au contraire, un immense respect pour toi.

Toi qui ce jour-là, as décidé que tu en avais assez de vivre sous l’emprise de l’anxiété, de la dépression ou de n’importe quelle maladie mentale dont tu souffres.

Tu es au bon endroit, n’en doute pas, n’aie pas honte.

Je suis heureuse que tu viennes nous voir. J’ai une grande admiration pour toi, pour ton courage, ta force.

Je sais que présentement tu te sens faible, fatigué et surtout que tu te sens mal à l’aise de venir nous voir. Tes pensées se bousculent, tu as envie de reculer, de partir.

Reste. Fais-le pour toi, pour tes amis, pour ta famille, tes enfants.

Crois-moi, dans un avenir rapproché, tu seras fier de toi comme je suis aussi fière de toi aujourd’hui.

Tu auras franchi une grande étape en sortant d’ici tout à l’heure.

L’étape de la résilience.

Tu entreras dans l’étape de la guérison bientôt et je veux que tu te souviennes de ceci.

« Chaque petit pas, aussi petit soit-il, est une grande victoire. »

J’ai hâte de te revoir dans quelques semaines, dans quelques mois…

Je suis impatiente de voir le chemin que tu auras fait.

Je sais que ça ira bien.

Aujourd’hui, je prends mon expérience pour te rassurer et te dire que tu as pris la bonne décision en venant nous voir.

Parce que moi aussi, j’ai déjà consulté. J’ai eu honte. Je me suis demandé si j’allais m’en sortir.

Je suis ici, devant toi et je t’assure que si je n’étais pas allée voir un médecin cette journée-là, je ne serais peut-être pas ici pour être fière de toi.

Isabelle Nadeau

 

Mes amis qui pleurez – Texte: Nathalie Courcy

Mes amis qui pleurez ou qui êtes en colère contre la vie, merci de

Mes amis qui pleurez ou qui êtes en colère contre la vie, merci de vous ouvrir à moi et de me confier une partie de votre trop-plein. Je n’ai pas encore trouvé la baguette magique pour sauver le monde ou le vôtre, mais au moins, je peux écouter. Je peux comprendre. Je peux compatir. Je peux même dire ce que je pense ou ce que je ressens, si ça vous tente de l’entendre.

Mes amis qui avez l’impression de traverser un tsunami sans fin, ne lâchez pas, n’abandonnez pas. Continuez de vous accrocher pour vous, pour vos enfants, pour vos familles, pour votre travail ou votre chat. Toutes les raisons sont bonnes pour s’agripper à la vie.

Mes amis qui avez déjà entendu tous les conseils et toutes les remarques visant à vous aider à remonter la pente (ou au moins à arrêter de glisser vers le fond), ne m’en voulez pas si je vous répète que l’espoir existe même dans le pire des brouillards. Si je vous dis d’aller chercher de l’aide, que la mort ne sera jamais la solution, que les épreuves ont leur raison d’être même si on s’en passerait bien… ce n’est pas pour vous faire suer ni parce que la Ligne Parents ou le psy d’à côté le dit. C’est parce que j’y crois sincèrement. C’est parce que moi aussi, un jour, on me l’a dit, et que ça m’a peut-être sauvé la vie. C’est parce que j’ai réussi à traverser des tunnels interminables et trouver la lumière de l’autre côté. C’est parce qu’on ne sait jamais si cette parole dite ou tue changera le cours des choses. C’est parce que c’est ma façon de vous dire « Je t’aime, je tiens à toi. Vraiment. »

Mes amis, vous avez le droit de cesser de me parler pendant des semaines et des mois même si je m’inquiète. Je comprends que parfois, c’est juste trop. On a besoin de se replier sur soi ou de prendre le temps de s’organiser. Permettez-moi de continuer de vous envoyer des ondes lumineuses et enveloppantes pour vous soutenir et vous protéger. Je suis là pour vous, peu importent le jour ou l’heure. Si jamais je réponds en disant « Est-ce que je peux te rappeler? Je prépare le souper. » et que c’est urgent, vous avez le droit de me dire « Non, c’est maintenant que j’ai besoin de toi. ». Si je dis quelque chose qui vous dérange, vous avez le droit de me le dire aussi. Je peux me tromper moi aussi!

Mes amis, vous faites partie de ma famille. Je vous ai choisis, et chaque jour, je choisis de vous garder près de mon cœur et dans mes pensées. J’aimerais tellement avoir le superpouvoir de vous débarrasser de la lourdeur qui s’abat sur vous et semble ne pas vouloir vous lâcher. Mais je sais que le temps et les actions feront leur travail. Moi, je suis là pour le soutien moral, pour écouter et aussi, si vous en avez besoin, pour dire des niaiseries et vous changer les idées.

Mes amis, si jamais je trouve la baguette magique qui fait disparaître les soucis, promis, je m’en servirai avec vous! Mais d’ici là, j’ai des oreilles et une épaule, servez-vous-en autant que vous voulez.

Nathalie Courcy

 

Si vous avez besoin d’aide

Ligne québécoise de prévention du suicide

www.aqps.info

1-866-APPELLE (277-3553)

Jeunesse, J’écoute

www.jeunessejecoute.ca

1-800-668-6868

Tel-Jeunes

www.teljeunes.com

1-800-263-2266

Et le prix citron pour l’année 1979 revient à: MOI!

Oui, oui, moi! Je ne me plains pas... en fait, je ne me plains jamai

Oui, oui, moi! Je ne me plains pas… en fait, je ne me plains jamais. Je fonce et je regarde en avant. Je passe par-dessus tous les obstacles sans rien dire, en allant chercher un peu de positif dans tout ce qui m’arrive. Je suis comme une belle voiture qui semble tellement bien aller, mais en dedans, tout s’arrête un morceau à la fois.

Je ne me plains pas. J’ai trois beaux enfants, une carrière que j’adore, une maison où je me sens tellement bien, des amis précieux et une famille en or. Bon, je me suis séparée deux fois des papas de mes enfants et j’habite seule. Mais je suis bien, je suis en paix avec cette vie et zen avec moi-même.

La seule chose qui ne fonctionne pas bien, c’est mon intérieur. Il a commencé à me lâcher quand j’avais quinze ans. Depuis ce temps, un mauvais karma s’acharne sur moi sans pitié.

J’ai commencé mon adolescence en ayant des migraines qui ont empiré d’année en année, au point de faire un petit AVC il y a deux ans. Maintenant, j’ai un traitement efficace et mes migraines ont réduit en fréquence et en intensité. Je peux enfin être fonctionnelle.

J’ai aussi eu un gros problème d’endométriose pour lequel je me suis fait opérer quatre fois. Chaque fois, un congé de six semaines s’imposait. J’ai aussi attrapé le H1N1 et je me suis encore absentée deux semaines de mon travail. J’ai eu un début de cancer du col de l’utérus. La gynéco a brûlé les cellules atteintes, mais elles sont revenues deux ans plus tard.

Entre-temps, je suis tombée enceinte par miracle, car avec l’endométriose que j’avais, c’était quasi impossible. Durant cette troisième grossesse, j’ai été alitée et à partir de la vingtième semaine, je dormais deux nuits par semaine à l’hôpital pour faire stopper mes contractions.

Après la naissance de mon dernier, la gynéco m’a opérée à nouveau, car les cellules cancéreuses étaient de retour et j’avais beaucoup trop d’endométriose. Bye bye l’utérus et un ovaire. Un autre coup dur à accepter! À Noël dernier, je ne me sentais pas bien. J’avais mal au ventre assez intensément. Va à l’hôpital pour finalement être sur la table d’opération trois heures plus tard. J’avais une appendicite. Alors, go pour une sixième opération dans le ventre. Imaginez les cicatrices que j’ai!

Après trois jours à l’hôpital, je sors et je retourne à la maison pour commencer à ne pas me sentir bien une journée seulement après mon arrivée. J’avais tellement mal au ventre que je perdais connaissance. On retourne à l’hôpital… Non, mais, ils ont peut-être oublié quelque chose en dedans de moi? Ben non… J’ai attrapé le C. difficile pendant mon opération. Donc, en isolement pour une semaine sans pouvoir voir mes enfants.

Dernièrement, j’ai commencé un nouveau médicament en essai clinique pour les migraines. Il m’a coupé l’appétit, fait perdre mes cheveux et j’ai encore fait un séjour à l’hôpital. J’ai fait une colite probablement due à ce nouveau médicament.

Là, c’est terminé ce mauvais karma. Je vous le dis, une nouvelle vie s’offre à moi. Je n’ai pas le choix d’être positive pour continuer à aimer la vie et pour transmettre cette valeur à mes enfants.

À toutes les personnes, qui comme moi, souffrent sans arrêt, je vous le dis, regardez en avant, foncez, souriez, entourez-vous de gens positifs, appréciez chaque petit moment de la vie, faites des projets, prenez soin de vous et de vos proches, dites non quand ça ne vous tente pas, faites-vous plaisir et apprenez à vivre à fond.

« Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était, aie confiance en ce qui sera. » Bouddha

 

Karine Filiatrault

Finis, les suivis!

Pendant des années, mes enfants ont eu des rendez-vous trrrrrrrès

Pendant des années, mes enfants ont eu des rendez-vous trrrrrrrès régulièrement. De toutes sortes. Et quand ce n’étaient pas des rendez-vous, c’étaient des appels de l’école pour que j’aille les chercher pour X-Y-Z raisons. C’était presque un emploi à temps plein.

Chaque année, le décompte des congés restants créait du stress. Chaque semaine, je devais quitter le bureau en catastrophe à cause d’une urgence. « Bye boss, je t’explique par texto! ». Juste aller à la salle de bain était devenu stressant, parce que je savais que le téléphone risquait de sonner pendant les deux minutes d’absence. Ma voisine de bureau était habituée : si elle entendait sonner, elle regardait qui appelait et si c’était l’école ou le CLSC, elle me textait pour que je revienne rapidement des toilettes. Dépêche-toi, fais pipi, ça presse!

Rentrer des congés d’une ou deux heures, le temps des rendez-vous, faisait partie de ma définition de tâche. Méchante perte de temps! Pars en courant, va chercher l’enfant à l’école, va au rendez-vous, ramène l’enfant à l’école, retourne au bureau clencher une heure de travail, sinon, tu vas dépasser le nombre d’heures auxquelles tu as droit dans ton année. Étourdissant, épuisant. Pas évident, se concentrer, quand on travaille en constante interruption. Tu as beau être une championne de la contorsion temporelle, mais ça tire du jus.

Mon calendrier familial ressemblait à celui des parents de joueurs de hockey, sauf que les pratiques et les tournois étaient remplacés par des rendez-vous. Et quand il n’y avait pas de rendez-vous, j’en profitais pour appeler pour prendre des rendez-vous, ou pour chercher de l’information pour aider mes enfants. Le cerveau constamment à ON, l’appréhension tout le temps dans le piton.

Et là, dans la dernière année, les rendez-vous se sont espacés. Des dossiers ont été fermés parce que la situation s’était stabilisée, le besoin n’était plus là. On a retiré des médicaments devenus inutiles (t’sais, quand la pharmacienne connaît ton numéro de téléphone par cœur…). On a finalement repris le dessus! Le travail acharné a fini par payer et on est rendus une famille autonome, qui vole de ses propres ailes.

J’ai encore le réflexe de rouler des yeux quand le téléphone sonne pendant le jour, convaincue qu’il y a un problème à l’école, une crise, une panique, une tête dans le bol de toilette. Mais non, c’est un collègue qui appelle, tout simplement. Ou le dentiste, pour confirmer le rendez-vous de suivi annuel, comme il le fait avec toutes les familles normales.

Je m’habitue tranquillement à cette normalité. Je me remets tranquillement de l’épuisement parental. Je retrouve ma concentration. Je soigne mes appréhensions. Je constate la baisse d’anxiété, le sommeil qui s’améliore, le plaisir qui augmente. J’apprends à avoir confiance que la stabilité persistera. Toute une reprogrammation du cerveau, ça, je vous jure!

Mais le plus beau, ce sont mes enfants. Eux aussi ont maintenant le temps de prendre du recul. Ils ne sont plus constamment sortis de l’école pour un rendez-vous ou une urgence. Ils n’ont plus à expliquer leur cas à un autre spécialiste. Ils ne sont plus toujours en train de marcher sur le bord d’une falaise à se demander de quel bord ils vont pencher. Ils prennent conscience de notre vécu des dernières années et du fait que la tête de cochon (d’autres appellent ça de l’amour inconditionnel) de leur mère les a aidés sauvés. Ils remercient ceux qui les ont soutenus, ceux qui ne les ont jamais abandonnés. Ceux qui ont fait la différence.

« Merci, maman, de toujours avoir été là pour nous. Nous aussi, on sera toujours là pour toi. » : N’est-ce pas la plus belle parole guérisseuse de la terre?

 

Nathalie Courcy

Inaptitude parentale temporaire

Nous voulons tous être les meilleurs parents du monde. Nous voulons

Nous voulons tous être les meilleurs parents du monde. Nous voulons être des parents parfaits. Nous priorisions les enfants et leurs besoins avant les nôtres. Nous nous privons afin de leur offrir le meilleur. Mais qu’en est-il de NOTRE bien-être?

Dans mon cas, je suis monoparental. Loin de dire que je fais pitié ou que ma vie est plus difficile. J’ai une famille formidable qui m’aide beaucoup. Malgré tout, j’ai mes problèmes, mes démons. Mais voilà qu’en septembre dernier, plus rien n’allait! J’ai totalement dérapé. Je faisais des crises d’angoisse par-dessus crises de panique. Je ne dormais plus que trois ou quatre heures par nuit.

La consultation médicale et la médicamentation ont suivi. Par contre, mon état laissait encore à désirer. J’ai tout simplement flanché. J’ai commencé à boire beaucoup et tous les jours. À ce moment, j’étais inapte dans mon rôle de mère. Un deuxième rendez-vous s’imposait.

Ma mère a pris soin de ma fille pendant un weekend complet. Je me suis permis de pleurer toutes les larmes de mon corps, d’écrire une lettre d’adieux, même deux. À partir de ce weekend-là, je me suis promis qu’une fois par semaine, je penserais à moi. Je n’ai pas besoin de gardienne pour penser à moi. Juste de pouvoir prendre un bain sans être dérangée ou bien d’écouter de la musique sans entendre « moi, je veux la Reine des neiges ». J’ai aussi décidé de me chercher un nouvel emploi.

Aujourd’hui, je peux dire que je vais mieux.

Aujourd’hui, je peux dire que j’adore mon emploi.

Aujourd’hui, je suis capable de dire NON.

Parce que je pense aussi à moi!

Véronique Ménard Lauzé

 

Mon sourire niaiseux

J’ai été cette femme qui pleure en conduisant parce que la chans

J’ai été cette femme qui pleure en conduisant parce que la chanson à la radio fait remonter le trop-plein de la vie. Celle qui garde tout en dedans, qui filtre les signes du désespoir pour continuer à fonctionner. Celle qui éclate en sanglots ou en cris. Celle qui voit même la neige en noir tellement il fait sombre dans sa tête.

J’ai été cette personne qui ne croit plus en rien. Celle qui en veut à Dieu et à Satan. Celle qui s’en veut surtout à elle pour tous les choix et les non-choix qu’elle a faits dans le passé ou le matin même. Celle de qui s’est évaporé tout espoir, tout courage d’affronter un autre matin occupé ou une autre nuit esseulée.

J’ai été cette femme qui a décidé de changer ce qui n’allait pas, de risquer de tout perdre pour tout gagner. Celle qui est partie, celle qui a dit « C’est fini ». Celle qui a démissionné d’un emploi et d’un couple. Celle qui a remisé certaines amitiés qui faisaient mal au lieu de lui faire du bien. Celle qui a fini par mettre des limites et des priorités. Celle qui s’est mise en priorité.

Et maintenant, je suis celle qui sourit en conduisant. Celle qui a le goût de rire ou de danser en écoutant la chanson à la radio. Celle qui se dit que le conducteur dans l’autre voie doit se dire : « Mais qu’est-ce qu’elle fait là, elle, avec son sourire niaiseux? » Elle, elle est heureuse, tout simplement. Elle est celle qui aime la vie, tout simplement. Celle qui profite d’un petit moment calme en voiture pour constater à quel point les choses ont pris un chemin positif depuis qu’elle a donné un coup de volant dans sa vie.

Si quelqu’un m’avait dit il y a deux ans que je serais celle qui sourit sans raison à tout moment, je ne l’aurais pas cru. Je n’aurais même pas eu la force de rire de lui. Et pourtant, je souris maintenant, sans même me forcer. Juste parce que.

J’ai été celle que vous êtes parfois, ou souvent. Et je vous dis que de l’autre côté du mur de désespoir qui vous rentre dedans à chaque seconde, il y a du beau et du bon. Et de l’espoir.

Nathalie Courcy