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Le risque chez les enfants… ou comment entourer nos enfants de papier bulle

J’avoue, j’ai fait partie de la gang! Celle qui met un petit 

J’avoue, j’ai fait partie de la gang! Celle qui met un petit Robocop sur son vélo tellement il est protégé. Je ne parle pas de l’essentiel, le casque. Mais bien de tout ce que l’on a ajouté avec le temps, les protège-coudes, genoux, poignets et compagnie. Nous, parents, n’avons jamais été aussi protecteurs de nos enfants. On veut leur éviter toutes les blessures, tous les échecs, tous les pleurs. On veut les protéger de tout.

Je me souviens, lorsque j’ai appris à faire du vélo à deux roues. Mon père, a enlevé les petites roues, a mis mon vélo direct dans la rue, a couru derrière moi genre deux secondes et demie. C’est là qu’il m’a dit : « Regarde en avant, pis pédale parce que sinon tu vas tomber ». Naturellement, je suis tombée, j’ai eu le genou écorché, mais j’ai survécu. Et la fois d’après, j’ai pédalé et regardé en avant.

Et après, on s’étonne que nos enfants ne jouent plus dehors. On s’étonne que leur tablette soit devenue si importante. On leur a enlevé tout le plaisir, en voulant les protéger.

Pourtant, la prise de risques est saine pour nos enfants. Nos enfants sont intelligents, ils ne veulent pas se faire mal. En les laissant prendre des risques, on leur enseigne à écouter leur sixième sens. Ils ne se lanceront pas dans une aventure sans être capables de la réaliser.

Ils apprendront de leurs expériences passées. Ils s’en serviront pour réaliser des mouvements plus complexes. Ils auront créé dans leur cerveau des connexions qui leur serviront. Leur cerveau et leur corps deviendront plus compétents pour relever de nouveaux défis à la hauteur de leurs compétences.

C’est dans la prise de risques qu’ils apprendront à tester leurs limites, qu’ils apprendront à connaître leurs capacités et à développer leur confiance.

Pour un enfant, le risque égale défi que l’enfant, si on le laisse faire, choisira de relever ou non.

Laissons nos enfants jouer librement. Ils inventeront, choisiront et organiseront leur jeu à leur façon. Ils apprendront à se connaître en choisissant à quoi et avec qui ils jouent. Ils seront plus actifs.

Étouffons la mère poule en nous, prête à crier « NON! », « Tu vas te faire mal », « Ne grimpe pas là », « C’est trop haut pour sauter! ».

Oui, il y aura sûrement des bleus, du sang, des pleurs, mais aussi tellement d’apprentissages qui serviront à nos enfants dans le futur.

Laissons-les partir à l’aventure!

On s’en est tous sortis vivant après tout!

Mélanie Paradis

 

Mes enfants jouent dans la bouette!

Je ne sais pas pour toi, mais quand je me remémore mes souvenirs dâ

Je ne sais pas pour toi, mais quand je me remémore mes souvenirs d’enfance, je suis souvent sale et j’ai du gros fun. Je construis des cabanes dans le bois avec mes cousins. Je me cache en grimpant dans un arbre lors de nos parties de cache-cache. Et je te garantis que mes parents étaient au courant et nous laissaient faire, en gardant un œil sur nous entre deux gorgées de café. J’en ai des tonnes des souvenirs comme ça et j’en remercie mes parents chaque jour.

Et là, je regarde mes filles, je me demande si je leur laisse la chance de créer des souvenirs comme ceux-là. Quand j’essaie en les laissant chasser les grenouilles dans le ruisseau derrière chez nous, je vois dans le regard des voisins le jugement. « Yark, c’est dégueu, elles vont avoir plein de verrues »; « Tu as pas peur qu’elles tombent dans le ruisseau? ».

Des commentaires comme ceux-là, j’en reçois à la tonne. Et j’ai envie de leur répondre : « Hey! J’ai jamais attrapé de verrues à attraper des grenouilles » ; « Y a à peine dix centimètres d’eau dans le ruisseau. Si elles tombent, le pire qui peut arriver, c’est qu’elles soient mouillées. »

À quel moment entre mon enfance et celle de mes filles, nous avons mis les enfants dans de bulles de verre? Pourquoi nous les amenons au parc, avec des modules de jeux qui laissent peu de place à l’imagination? Et si par malheur, ils grimpent dans leur vaisseau spatial par la glissade, nous les avertissons de ne pas faire ça, que c’est dangereux.

Nous voyons du risque partout et nous voulons les protéger de tous les risques. Pourtant, j’ai appris tellement de choses dans mon enfance. Je suis restée prise dans l’arbre parce que j’ai monté trop haut. J’ai appris que j’avais dépassé ma limite. Je me suis sentie valorisée lorsque mon père m’a permis d’utiliser son marteau pour construire ma cabane, il avait confiance en moi. J’ai utilisé ma créativité et mon imagination pour faire des recettes de gâteaux de bouette, gazon, pissenlit et j’en passe.

Bien sûr, je suis rentrée à la maison les souliers détrempés parce que je n’avais pas réussi à sauter par-dessus le ruisseau. J’ai eu le pouce bleu parce que j’ai passé à côté du clou. J’ai eu les genoux en sang parce que notre jump de vélo n’a pas tenu le coup. Ma mère m’a même lavée au boyau d’arrosage avec mes vêtements parce que nous avions eu la bonne idée de nous lancer de la bouette.

Il faut dire que nous étions très loin de l’importance du paraître d’aujourd’hui. Je ne portais pas un polo de marque à 150 $ ou des espadrilles à 300 $. Je portais un ensemble jogging fait par la couturière du village et des souliers pris dans un magasin grande surface. Que je sois sale, mouillée, que j’aie scrappé le genou de mon pantalon, ce n’était pas si grave.

Tu sais quoi? Je suis toujours là et j’ai la tête remplie de méchants beaux souvenirs!

Et oui! Mes filles vont jouer dans la bouette et se créer des millions de beaux moments.

Mélanie Paradis

 

Le ministre de l’Éducation dérape, les familles du Québec écopent

Nous aurions pu croire que notre nouveau ministre de l’Éducation,

Nous aurions pu croire que notre nouveau ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, choisirait d’utiliser l’argent des contribuables pour optimiser notre système d’éducation, mais non! Il préfère plutôt s’acharner sur les familles qui se retirent du système. Comment? En modifiant drastiquement un règlement sur l’enseignement à la maison qui venait tout juste d’être adopté à l’Assemblée nationale en juin dernier. En orchestrant une attaque en règle contre la liberté éducative. Il ne s’agit pas ici d’un combat entre parents-éducateurs et intervenants en éducation mais plutôt d’une cause commune : le bien-être des enfants.

Pourquoi ne pas avoir attendu les résultats de cette année de transition avant de tenter d’imposer une marche à suivre encore plus restrictive? Une cinquantaine d’études se sont penchées sur les apprentissages en famille. Dans l’ensemble, elles ne confirment aucune inquiétude sur le développement socioaffectif des enfants scolarisés à domicile, leurs performances académiques ou leur intégration sociale à l’âge adulte (voir L’école à la maison au Québec : un projet familial, social et démocratique de Christine Brabant). Les parents font aussi bien que l’école, sinon mieux. Alors, pourquoi ignorer les recommandations de souplesse de la protectrice du citoyen?

L’équipe de Ma Famille Mon Chaos compte deux collaboratrices qui font l’école à la maison : Elisabethe & Elizabeth (si vous voulez une fille rebelle, vous savez comment l’appeler!). Nous avons uni nos plumes aujourd’hui pour répondre à la fameuse question : si vous offrez réellement une éducation de qualité à vos enfants, qu’est-ce que ça peut bien faire qu’on vous oblige à suivre la progression du programme québécois et la passation des examens ministériels?

Simplement? Ça nous empêche de faire de notre mieux. Nous avons la chance de pouvoir offrir une éducation sur mesure. Expérimenter une variété de programmes et choisir ceux qui répondent le mieux aux forces et aux faiblesses de nos enfants. S’adapter aux occasions du quotidien plutôt que d’imposer une scolarité rigide et déconnectée de notre réalité. Consacrer temps et énergie aux apprentissages, sans perdre une minute avec des examens. De nombreux enseignants se lèvent eux-mêmes pour dénoncer le fait que les examens ne représentent pas adéquatement l’expérience éducative vécue en classe. Alors, pourquoi accepter l’imposition d’une mesure dénoncée à l’intérieur même du système scolaire? Nous pouvons comprendre qu’un enseignant utilise un examen pour prendre le pouls de sa classe, mais un parent-éducateur qui guide son enfant, en un à un, n’a pas besoin d’examen. La diversité des méthodes est une richesse à protéger!

Vous êtes les premiers à admirer les profs innovateurs et stimulants. Ceux qui s’informent des dernières découvertes en éducation, bâtissent une relation de confiance avec leurs élèves et leur offrent des projets stimulants… Hé bien, c’est ce que nous voulons vivre avec nos enfants et ça nécessite de la flexibilité. Si un voyage, un spectacle, un événement, une exposition, une lecture ou une rencontre allume une étincelle de curiosité chez Marius, Iris, Astrid ou Hadrien, maman Elisabethe voudra profiter de leur motivation. Il est donc possible que l’ordre et le rythme des apprentissages diffèrent par rapport à une classe typique.

L’aîné d’Elizabeth, Emerick (11 ans), résume ainsi la problématique : « Le ministre se présente comme un sauveur qui veut aider les enfants qui se retrouvent dans les écoles religieuses illégales, mais sa solution pénalise les enfants qui font l’école à la maison. Ce n’est pas la bonne solution. C’est un peu comme Thanos (personnage du film Avengers: Infinity War) qui veut sauver l’Univers mais qui utilise une terrible solution. » Bon, c’est un peu intense comme comparaison, mais vous comprenez l’idée!

Donnez-nous la chance de suivre les meilleures pratiques proposées par le Conseil supérieur de l’éducation et d’expérimenter le règlement actuel. Au lieu de nous imposer des examens, laissez-nous démontrer la progression des apprentissages de nos enfants par portfolio (méthode que les experts, les chercheurs et plusieurs écoles alternatives considèrent comme plus efficace) dans les matières de base (langue française, langue seconde, mathématique, science et technologie, arts, développement de la personne et univers social).

Maintenant, nous avons besoin de votre aide. Vous croyez que ça ne vous concerne pas? Pourtant, nous ne connaissons pas un seul Québécois qui laisserait bafouer les droits et libertés de ses concitoyens sans protester. Nous sommes vos voisins, vos amis, vos collègues ou des membres de votre famille. Nous avons besoin de votre ouverture et de votre soutien. Alexandre (8 ans) vous lance un candide appel à la solidarité et la justice : « Si tous s’unissent, nous pourrons y arriver. Les parents, les enfants, tous peuvent participer. »

Comment nous soutenir? Écrivez à votre député pour lui dire que la liberté éducative compte pour vous et que vous vous opposez fortement au projet de règlement qui viendrait modifier le règlement sur l’enseignement à la maison.

Pour trouver votre député, il suffit d’entrer votre code postal dans la boîte Mots-clés. Vous aurez facilement accès au nom de votre député et à ses informations de contact.

Merci!

Si vous voulez en apprendre plus sur l’expérience d’Elizabeth qui vit l’éducation à domicile au quotidien depuis quatre ans, nous vous invitons à lire ses articles déjà publiés :

Choisir l’enseignement à la maison :

Mes enfants ne vont plus à l’école

Avoir confiance en ses compétences de parent-éducateur :

Et si on sautait la maternelle?

La légalité de l’enseignement à la maison :

Sortir du rang

La richesse de notre aventure d’école à la maison :

Les apprentissages en famille (ressources pour le premier cycle du primaire)

Elizabeth Gobeil Tremblay

& Elisabethe Boucher

 

Sois qui tu as envie d’être, mon enfant

De prime à bord, je n’aime pas dire à mes enfants qu’ils ont l

De prime à bord, je n’aime pas dire à mes enfants qu’ils ont le droit d’être différents, car pour moi, chaque personne est unique et a sa personnalité. Quand nous partons de ce principe, il est facile d’accepter nos enfants tels qu’ils sont. Nous n’avons pas à les comparer aux voisins, à l’enfant qui réussit dans tout à l’école ou au petit sportif qui cumule toutes les médailles.

Évidemment, pour certains, on remarque une identité plus marquée, que ce soit au niveau physique ou psychologique. J’ai trois garçons et je ne souffre aucunement du fait de ne pas avoir eu de filles. Mes enfants ont toujours pu commander des poupées et des toutous à paillettes par exemple. Petits, ils se sont déguisés en princesses et ont été accroc à Ballerina et à la Reine des neiges. Ils ont été libres d’être qui ils voulaient, d’interpréter le rôle qu’ils avaient envie. Ils savent déjà que ce sera toujours permis de suivre leurs envies, malgré les messages que la société peut envoyer.

Le jugement

Je sourcille atrocement lorsque j’entends des gens crier au scandale lorsque nous parlons d’une réalité maintenant plus médiatisée, et avec raison : la dysphorie de genre. Des adultes s’exclament que c’est une mode inquiétante. Une mode ?

Je crois que si nous pouvions nous mettre dans la peau d’une seule de ces personnes, seulement quelques semaines, nous pourrions mieux comprendre leur détresse. Je ne suis pas une spécialiste en la matière, mais je sais que ces changements ont une incidence majeure dans la vie de ces enfants touchés et dans celle de leur entourage. On est loin d’une bulle au cerveau quand on est prêt à accepter une multitude de chirurgies, de la médication et de l’intimidation à outrance par manque d’ouverture d’esprit. Ne croyez-vous pas que ces enfants préfèreraient jouer dehors avec leurs amis plutôt que de côtoyer spécialiste par-dessus spécialiste pour enfin réussir à s’affirmer et devenir qui ils sont vraiment ?

Le plus étonnant dans tout ça, c’est que les jugements viennent des adultes. On lapide sur la place publique des gens qui démontrent beaucoup plus de courage que ceux derrière leur écran. Vous savez, vos enfants apprennent de vous. Ils ont une résilience étonnante, tant et aussi longtemps que vous ne leur enseignez pas le contraire.

Aussi banal que des cheveux

Un de mes garçons a les cheveux longs. Dans ma tête de maman, des cheveux, c’est banal, mais en même temps très important. C’est une partie de l’identité d’une personne. Du haut de ses six ans et de son propre gré, il a refusé d’aller chez la coiffeuse. J’ai accepté. Je ne le poserai pas de force sur une chaise s’il n’en a pas envie. Aucun stress, ce sont des cheveux, ils vont tout simplement continuer à pousser. Quand il sera prêt, on ira. Aujourd’hui, deux ans plus tard, la tignasse est bel et bien définie. Il ne vit aucune intimidation de la part de ses camarades, petit bun sur la tête, queue de cheval ou cheveux à l’air libre.

Là où ça se gâte, c’est dans les lieux publics. Pourquoi ? Parce que des adultes de tous âges se permettent des commentaires dégradants. On a beau répondre poliment, mais les gens en rajoutent. Une fille est-elle « moins » fille si elle a les cheveux courts ? Non. Une fille peut dégager autant de féminité avec des cheveux courts. Pareillement pour un garçon. Un gars n’est pas moins gars parce qu’il a les cheveux longs.

Dernièrement, une dame d’une quarantaine d’années a crié à mon fils de huit ans, disons‑le : « Tes parents ne t’ont jamais appris qu’un vrai gars a les cheveux rasés ? Il serait peut-être temps qu’ils te le disent parce que c’est vraiment laid tes cheveux et tu as l’air d’une fille. » Mon fils m’a lancé un regard et m’a dit : « Maman, elle est bien bizarre, ce sont mes cheveux, pas les siens. » Quand je disais plus haut dans mon texte que les enfants sont plus résilients que bien des adultes… Malgré tout, je sais que cette dame a réussi à blesser mon fils et à créer un doute dans sa tête.

 

Souviens-toi

Tu as le droit de ne pas aimer. Tu as le droit de ne pas consentir. Tu as le droit à ton opinion. Tu as aussi le droit de la garder pour toi afin de ne pas nuire à l’émancipation de ces enfants‑là. Évite de semer un petit doute dans leur esprit. Tu ne sais pas ce que ces enfants vivent. Dans un an, lorsque mon fils tiendra son chèque pour Leucan pour le Défi Têtes rasées, j’ai hâte de voir ce que vous aurez à dire. Mon fils a une idée derrière la tête. Il a bon cœur et il est généreux. Il n’est pas mal élevé ni pouilleux comme vous l’avez perçu. Son cœur est clairement plus grand que le vôtre.

Si tous les gens se concentrent sur leur propre vie et acceptent les autres tels qu’ils sont, tout le monde s’en portera mieux. Gardez toujours ça en tête. Le monde sera plus beau et plus en santé.

Maggy Dupuis

 

La famille, c’est sacré-ment lourd parfois!

Vous sav

Vous savez, nous naissons parmi des gens que nous n’avons pas choisis. Parfois, c’est pour le mieux et d’autres fois, c’est pour le pire. Il y a ces obligations que l’on s’impose bien souvent parce que « la famille, c’est sacrée ». Mais j’ai comme principe dans la vie que la liberté des uns se termine là où la liberté des autres commence.

 

Être de la même famille n’excuse pas tout. Au CONTRAIRE… car la famille devrait être composée de gens qui nous ont vus grandir, qui nous ont vus rire, pleurer et qui devraient nous connaître mieux que quiconque. Ils devraient être ceux qui acceptent nos défauts et élèvent nos qualités. Ils devraient nous aimer. INCONDITIONNELLEMENT. POINT!

J’entends, je lis des histoires de familles qui m’attristent bien souvent. J’ai moi-même quelques cicatrices incompréhensibles. Les actions de certaines personnes m’ont blessée profondément. Le pire, c’est ce vide qu’elles laissent derrière elles. J’ai moi-même pris certaines décisions, peut-être pas toujours les meilleures, mais celles que je CROYAIS justes. Surtout, ce sont des décisions qui m’ont beaucoup demandé, mais qui m’ont libérée d’un poids que je n’avais pas choisi.

 

Parfois, en coupant les ponts avec certains, nous nous coupons involontairement d’autres personnes qui nous manquent. Parfois, en retrouvant certaines personnes, d’autres ne l’acceptent pas. Il y a des sentiments de toutes parts. Des bons, des mauvais, des compréhensibles et des loufoques.

 

Nous ne choisissons pas notre famille, elle vient avec notre naissance. Mais nous avons bien d’autres choix au cours de notre vie : celui, par exemple, d’accepter ceci ou cela, ou de ne pas l’accepter.

 

Les obligations familiales ne sont pas toujours saines. Être de la même famille ne permet pas n’importe quoi au nom de la fratrie et des liens de sang. J’ai en moi des vides familiaux, certes. Certains ne se rempliront jamais. D’autres ont été causés par mes propres choix. J’apprends à vivre avec. J’ai choisi de ne pas laisser le venin m’envahir. Malgré certaines amertumes, je continue à penser et à constater que certaines coupures que j’ai faites sont pour le mieux.

 

Pour moi, pour mes enfants. Comment accepter d’être blessée par un membre de la famille pour ne pas couper mes enfants de gens qui ne me respectent pas? Quel message leur enseignerais-je en laissant ses gens, ceux qui devraient être si importants, me bafouer?

 

J’ai dit « Assez! »

 

Ma famille n’est pas toujours celle qui partage mon sang et mes gènes. Ma famille aujourd’hui est formée de personnes qui m’aiment comme je suis, avec tout ce que cela implique. Avec mes peurs, mes incertitudes, avec mes folies et mon caractère en temps normal exubérant. Avec mes opinions que j’essaie d’avoir ouvertes et respectueuses. Je ne réussis pas toujours. Je suis PARFAITEMENT IMPARFAITE.

 

Mais. Je ME suis choisie. Enfin.

 

Ma famille est formée de ceux qui atteignent mon cœur positivement et avec une réelle affection, sans obligations.

 

– Simplement Ghislaine

L’envol

Et voilà. C’est fait. Tu es partie.

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Et voilà. C’est fait. Tu es partie.

Tu viens d’avoir dix‑sept ans et tu as pris ton envol…

Nous te laissons, seule au monde, dans cette petite chambre sur le campus du cégep.

Mon cœur de maman panique, mais je ne dis rien : vas‑tu être capable de débarrer la porte du bâtiment ? Où vas-tu faire ton épicerie ? Et si tu te fais attaquer ? Enlever ? Tuer ? Si tu tombes malade ? Si la porte claque et que tu te retrouves coincée dehors avec tes clés à l’intérieur ?

Et si…?

– Merci, papa et maman, de m’avoir aidée à m’installer. Je vous aime. Ça va aller…

– Anytime, si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle‑moi pis je viens…

– Promis, maman…

Alors, on t’a laissée là.

Sur la route du retour, je n’ai pas pu m’empêcher de verser une larme. Mon bébé… C’est une véritable tempête de sentiments dans notre âme de parents quand notre enfant prend son envol…

Nous sommes partagés entre un sentiment de fierté immense et la tristesse de ne plus l’avoir au quotidien à nos côtés.

Ta chambre est vide.

La maison est vide.

Ton chien te cherche.

Je t’appelle encore pour te dire que c’est l’heure de souper.

Mais la porte de ta chambre ne s’ouvre pas… et ta place à table reste libre…

Alors je t’envoie des messages textes. Je m’excuse… car pendant quelques semaines, il se peut que j’en envoie beaucoup… Tu me réponds avec une gentillesse infinie et une maturité incroyable.

Je suis impressionnée : c’est beau de te voir aller. Tu prends ta vie en main avec tant de passion et de joie !

Et puis… je sais… que de temps en temps… tu vas revenir… alors, le soleil envahira la maison à nouveau… Cette petite tempête de jeunesse… je vais la savourer en silence… Je vais apprécier chaque seconde de ta présence…

Nous sommes si fiers, si inquiets, si tristes, mais si heureux. On t’aime si fort. Vole ! Vole ! Vole !

Gwendoline Duchaine

 

Je suis une maman, pas une martyre

Épouse et mère dévouée. Vous trouvez que ça sonne bien?

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Épouse et mère dévouée. Vous trouvez que ça sonne bien?

Avant de répondre, allons vérifier ce que ça signifie, se dévouer… « Se consacrer entièrement à quelqu’un, à quelque chose, se sacrifier. » O.K. Merci Larousse.

Merci, mais… non merci. L’abnégation, très peu pour moi. Il ne m’intéresse pas, le rôle de la mère dévouée qui n’ose pas faire patienter son enfant de l’autre côté d’une porte de salle de bain barrée. J’ai besoin de mon intimité aux toilettes, alors je ferme la porte. Un point, c’est tout.

Si je devais comparer ma famille à un beau gros sapin de Noël… Hé! bien, ce ne serait pas une étoile scintillante qui trônerait à la cime de l’arbre pour être vénérée. Non. La pièce maîtresse serait une glorieuse et fière banderole multicolore affichant : Respect.

Chez nous, cette valeur est non négociable et applicable à tous. Oui, j’ai donné naissance à deux petits bouts d’Hommes que j’adore, mais je n’ai pas renoncé à établir mes limites ni à prendre soin de moi.

Je suis un modèle pour mes enfants, ces minuscules fragments du futur. Seules quelques années me sont données pour influencer leur destin. Lorsque je m’accorde le droit de dire non, j’offre à mes enfants cette même liberté sur un plateau d’argent. Quel cadeau incroyable : le pouvoir sur leur propre vie! Savoir qu’ils n’ont pas à s’enfermer dans des rôles écrits à l’avance. Qu’ils n’ont qu’à faire des choix qui ont du sens pour eux (et à en assumer les conséquences, bien évidemment!)

Très honnêtement, toutes mes décisions parentales sont guidées par cette notion de respect. Je suis constamment à la recherche du précieux équilibre entre mes intérêts et les leurs. C’est la clef qui permet à notre relation de continuer à évoluer de façon harmonieuse. Et bien sûr, j’étends le principe jusqu’à respecter le fait qu’ils ne possèdent pas encore la maturité d’un adulte. Ce n’est pas parce qu’ils ont la capacité de tendre la main vers ce qui leur plaît à l’épicerie qu’ils ont nécessairement ce qu’il faut pour choisir notre souper…

Je pense que cette façon de voir les choses élimine cette espèce d’étiquette de bourreau qu’on colle trop facilement aux enfants. Il ne faut pas se le cacher : les enfants sont les bourreaux parfaits pour qui se cherche une position de victime. La recette est simple : on se soumet à leurs exigences sans fin tout en renonçant à faire valoir nos besoins. Puis on engourdit notre mal‑être d’un grand verre de vin (ou de toute autre béquille) pour supporter l’intolérable sacrifice de la maternité.

Et si au moins ça s’arrêtait là, ce ne serait pas si pire… mais le jeu de la victime et du bourreau, c’est un joyeux pattern où on s’échange les rôles allègrement. La victime se transforme en bourreau et vice versa. C’est peut-être très répandu comme modus operandi… mais ça n’en fait pas un environnement sain pour autant. Oui, on peut toujours se partir un club pour détester la maman de Caillou et son calme légendaire, mais ça n’annulera jamais ce fait : faire preuve de patience envers nos proches, ça reste une bonne idée. Quand l’irritation devient quotidienne, on peut se demander ce qui pousse un parent à tant de colère.

Ça m’arrive, malgré mes grands principes, d’avoir moins de plaisir avec mes enfants et de prendre des airs de maman-dragon. On passe presque toutes nos journées ensemble à faire l’école à la maison. Parfois, on s’enligne sur une mauvaise pente et je m’entends dire, après quelques jours : « Je n’aime pas vous parler comme une gardienne de prison. Et je ne pense pas que vous avez envie de vous sentir surveillés par une policière non plus. Alors je crois qu’il est temps qu’on travaille sur notre relation. » Et c’est comme ça qu’on arrive à se réajuster… C’est aussi ma réponse à cette fameuse question qu’on me pose régulièrement : comment fais-tu pour passer la journée avec tes enfants?

Elizabeth Gobeil Tremblay

T’es tellement chanceuse, toi !

Si vous voulez me faire friser les oreilles, osez me dire : « Tâ€

Si vous voulez me faire friser les oreilles, osez me dire : « T’es tellement chanceuse, toi ! » À force de bouillir intérieurement, ça crée de l’humidité et ça fait friser mes organes auditifs.

  • T’es chanceuse, toi ! Tu es une lève-tôt !

Ok, j’ai un métabolisme, ou une génétique, ou l’habitude de me lever aux aurores. Mais je connais plusieurs personnes que ça ferait sacrer. C’est mon choix d’en faire quelque chose de positif. Plus de colleux avec les enfants, plus de temps pour paresser au lit, plus de tâches accomplies avant le réveil général de la maisonnée. Mais tout ça, ce n’est pas de la chance : ce sont des choix.

  • T’es chanceuse, toi ! Tu as quatre enfants ! Tous en santé !

C’est une façon de voir. J’aurais pu piger le mauvais numéro dans le sac de gènes. Oui, il y a une portion de hasard. Un gène défectueux se pointe le nez et c’est foutu ! Mais au jour le jour, je fais tout pour que mes enfants préservent leur santé. Ce n’est pas la chance qui place des légumes dans mon panier d’épicerie et qui amène mes enfants chez le médecin.

La santé que vous voyez, elle est physique. Pas de morve, pas de handicaps, pas de cellules cancéreuses. Mais il y a aussi une santé qui se passe entre les oreilles, qui est moins visible mais tout aussi importante. Et ça aussi, ça se travaille ! Quand vous dites à quelqu’un qu’il est donc chanceux, gardez à l’esprit que vous voyez seulement une partie de la réalité. Vous ne voyez ni tous les efforts derrière ce que vous appelez « chance » ni tout ce qui ne paraît pas et qui se trouve peut-être du côté sombre de la chance.

Et pour être honnête, si j’ai quatre enfants, ça n’a rien à voir avec la chance. Si on s’était fiés à la nature, on ne serait jamais devenus parents. On a dû prendre des décisions conscientes et y investir temps, énergie et pas mal d’argent, pas juste faire des parties de jambes en l’air ! Alors pour la chance, on repassera.

  • T’es chanceuse, toi. Tu as beaucoup voyagé !

J’ai économisé mon argent, j’ai mis les voyages dans le haut de ma liste de priorités, j’ai sacrifié d’autres options, j’ai embrassé mon choix avec tout ce qu’il comporte, que ce soit positif (les magnifiques couchers de soleil, les musées, les rencontres, les gelatos italiennes, la chaleur au mois de janvier…) ou négatif (les vaccins, la tourista, le décalage horaire, les araignées grosses comme des autobus…) Si vous tenez à appeler ça de la chance, admettez au moins que je fais ma chance. Et que vous pouvez faire la vôtre.

  • Wow ! T’es chanceuse, toi ! Tu es née le 7 du 7, 77 ! Ton chiffre chanceux, ça doit être le 7, hein ?

Si on considère qu’à l’âge de sept ans, j’enterrais mon père et mon cousin préféré et que je voyais ma grand-mère se diriger vers la mort… Je ne suis pas prête à appeler ça un chiffre chanceux.

Même quand vous me souhaitez « bonne chance », ça fait popper des points d’interrogation dans mon cerveau. Si je suis sur le bord d’accoucher, je n’ai pas besoin de chance, j’ai besoin d’assez de temps pour me rendre à l’hôpital ou à la maison des naissances, de bons soins, d’un conjoint présent, et de personnes compétentes qui prendront soin de mon bébé avec nous. Si je change d’emploi, ce n’est pas de la chance que je veux, c’est une équipe de feu, des défis à ma mesure, du temps pour m’adapter à la nouvelle situation. Et si je ne les ai pas, ce sera aussi mon choix de modifier les paramètres.

Avec l’idée de la chance vient l’idée de la malchance. Et la malchance, ça se change. On peut changer les énergies, faire des choix différents, se questionner sur soi et sur ses relations. Je suis une ardente défenseure du principe selon lequel on ne devrait pas se surprendre qu’une situation ne change pas si on ne fait rien de différent.

Vous voulez être plus chanceux ? Arrangez-vous pour que le beau et le bon trouvent votre chemin. Ou plantez-vous sur le chemin des bonnes personnes et des belles situations. On ne peut pas remporter un tirage si on ne met pas notre nom dans le chapeau. On ne peut pas remporter un tournoi si on ne s’entraîne pas et si on ne s’inscrit pas. Et on ne peut pas faire tourner la chance en notre faveur si on passe notre temps à envier la chance des autres.

Nathalie Courcy

J’ai 25 ans et je ne veux pas d’enfants

Eh oui. Ça peut choquer, mais je ne veux pas d’enfants. Du moins,

Eh oui. Ça peut choquer, mais je ne veux pas d’enfants. Du moins, pas pour l’instant. C’est un sujet tabou pour une femme de dire qu’elle ne désire pas avoir d’enfants. Comme si nous devrions nous sentir obligées d’enfanter. Mais non, j’ai amplement le droit de choisir de ne pas avoir d’enfants.

Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours désiré avoir une progéniture. Je m’imaginais tout plein de scénarios sur ma future vie de maman. Puis, la vingtaine est arrivée. Je me suis mise à avoir des aspirations différentes que celle d’avoir des enfants. La liberté de vivre seule et de n’avoir que comme responsabilité mon bien-être m’a fait un grand bien. Le désir de ne pas avoir à me priver de quoi que ce soit, de pouvoir voyager comme je le désire, de pouvoir partir de chez moi pour rejoindre quelqu’un sur un coup de tête sans avoir besoin d’un diplôme en ingénierie pour organiser mes sorties en famille. Un bon jour, je me suis posé la question suivante : est-ce que je veux vraiment des enfants?

Soudainement, j’ai compris : j’ai déjà des enfants. Plusieurs dizaines, même. Je suis devenue enseignante. Je côtoie des enfants six heures par jour, ce qui est probablement plus que ce que la majorité des parents passent avec les leurs. Je comble leurs besoins sociaux, affectifs, cognitifs et même physiques (t’sais, mettre un pansement sur un bobo QUE JE NE VOIS MÊME PAS…) Je les aime de l’amour le plus pur, ces enfants. Même le p’tit Kevin super énervant dans le fond de la classe, je l’aime quand même; n’est-ce pas cela, être maman?

Je ne veux pas d’enfants finalement. Je suis bien heureuse et satisfaite de ma vie présentement. Je vis un équilibre parfait entre le travail et la maison, et mes besoins « maternels » sont comblés aisément par la petite Alice qui a perdu son efface sous son pupitre et par le petit Michaël qui s’est fait friendzoner par Sophie (ah! les premières amours à onze ans).

Certaines mauvaises langues iront peut-être dire que c’est égoïste de ma part de penser ainsi : vous avez totalement raison. Je suis heureuse de terminer le travail et ne pas avoir à aller chercher la petite dernière à la garderie et le plus grand au service de garde de l’école pour ensuite les faire souper, puis reconduire le plus grand à sa pratique de soccer pendant que la plus petite va faire de la natation. Pas que je ne serais pas capable, bien au contraire, je sais que je pourrais le faire; je suis une fille quand même bien organisée après tout. Mais j’ai choisi de ne pas m’imposer cela. Je suis égoïste parce que je pense à moi. Je veux pouvoir acheter mon condo de rêve bientôt, faire tout plein de voyages tous plus fous les uns des autres, pouvoir me coucher à l’heure que je veux et ne pas avoir de comptes à rendre à personne.

Peut-être que dans quelques années, mon discours sera différent. Toutefois, je ne veux pas d’enfants pour l’instant. Et je suis bien heureuse avec cette décision. Anyway, ça prendrait un géniteur, non?

Stéphanie Parent

De babiche et de coton ouaté

Quand j’étais

Quand j’étais petite, ma famille n’avait pas beaucoup d’argent. Juste un salaire, qui est disparu avec le décès du parent pourvoyeur. Ce n’est pas avec les rentes de veuve et d’orphelins qu’on se paye du luxe, disons. Mais quand même. Notre mère a fait des miracles avec ce qu’elle avait.

On portait des habits de neige rapiécés et des vêtements cousus à la main (je me souviens encore de mon ensemble rose en coton ouaté, du jaune aussi, et du vert! Tous très confortables, pas très seyants, mais parfaits pour ce qui comptait le plus dans mon enfance : jouer!)

On mangeait des repas cuisinés avec amour. Notre jardin occupait un terrain complet. On cultivait assez de framboisiers pour nourrir tous les enfants et tous les oiseaux du quartier. En prime, on trouvait dans la terre les vers bien dodus qui nous permettaient d’aller pêcher sur le fleuve. Dans le temps où la couleur du Saint-Laurent était plus ragoutante.

On avait des amis, plein d’amis. À une époque, on a même eu des amis de piscine! Jusqu’à ce que la 24 pieds rende l’âme. Après ça, on s’est contentés avec bonheur d’avoir des amis tout court. Les vrais. Et avec eux, pas de compétition pour savoir qui a le plus beau tricycle ou la maison la mieux décorée : on jouait dehors. Dans nos habits de neige rapiécés et nos cotons ouatés à la « Thérèse ».

On sortait peu, mais ce n’était pas l’époque où les enfants avaient fait le tour du monde avant d’avoir atteint l’adolescence. Pas besoin d’aller au Biodôme pour admirer la flore et la faune : on les côtoyait dans notre cour. On allait parfois au cinéma, au centre d’achats, à la bibliothèque, au musée. Mais sérieusement, ça ne m’a jamais manqué et ça m’en a fait plus à découvrir quand j’ai été en âge de partir avec mon sac à dos. On était trop occupés à se voisiner, à jouer au 99 et à chanter autour du feu.

Dans le village où j’habitais, il y avait un magasin de bonbons à 1 cenne. À quoi ça m’aurait servi d’avoir des 20 piasses? Derrière chez moi, il y avait un immense champ, et derrière l’immense champ, il y avait une immense forêt. On avait des raquettes en babiche (les jeunes : vous chercherez ça sur Google, le mot « babiche »!) et des bottes d’hiver pour se promener autant qu’on voulait. Pendant l’été, on avait des rues sécuritaires pour faire du vélo, sans autoroutes ni violeurs.  

Notre richesse, c’était le temps qu’on avait. Le « pas de stress ». Le temps avec notre mère et nos voisins pendant l’été et après l’école. On avait une voiture qui roulait de façon sécuritaire, une école accueillante où on pouvait apprendre, un village où tout le monde connaissait tout le monde, et la liberté de faire ce qu’on voulait de notre vie, parce qu’on avait appris à se débrouiller pour avoir ce qu’on voulait. Parce qu’on avait appris à travailler pour réussir. Parce qu’on avait vu nos parents le faire avant nous.

Quand j’étais petite, je n’ai jamais eu l’impression qu’on manquait de quoi que ce soit, argent inclus. Je suis allée au privé au secondaire et au collégial, je suis allée à l’université, j’ai voyagé. J’ai acheté ma première maison à vingt-deux ans. Je sais comment faire un budget, mais je n’ai pas besoin de le faire pour arriver. Toute une liberté!

J’ai gardé mon côté écureuil qui emmagasine pour l’hiver. J’achète en plus grande quantité quand le papier de toilette est en rabais, je congèle mes légumes à l’automne, je mets mes propres confitures de framboises en conserve. Je couds, je jardine, je cuisine, je suis encore capable d’enfiler un ver sur un hameçon et d’attacher des raquettes (même les plus modernes! Mais j’avoue avoir un attachement symbolique à mes raquettes en babiche.) Mais c’est plus par plaisir que par nécessité.

J’ai changé de braquette d’impôts, mais ce qui n’a pas changé, c’est ceci : je chéris mon temps et mes amis. Et ma mère, qui m’a tant appris.

 

Nathalie Courcy

Mes valeurs GPS

- Nathalie, quelles sont tes valeurs à toi ? Qu’est-ce qui guide tes décisions et tes actions

– Nathalie, quelles sont tes valeurs à toi ? Qu’est-ce qui guide tes décisions et tes actions en tout temps pour ta famille ?

– Euh… tu me demandes ça là, là ? Quand j’ai le cerveau englué par un rhume et des neurones d’escargot sur le valium ?

Mon psy appelle un chat un chat, et c’est ce que j’aime chez lui. Pas de niaisage. Il pose les questions directement, sans passer par Freud et sa clique.

Mes valeurs… Je les connais, mais les expliquer en quelques mots, c’est une autre histoire. Surtout que « quelques mots » et « Nathalie », ça fait deux. Trois… mais bref. Mes valeurs.

– La liberté. Mais pas une liberté qui autorise à faire tout ce qu’on veut n’importe quand sans se soucier des autres. Plutôt une liberté qui dit qu’on peut tout faire si on y met les efforts. Une liberté qui dit qu’on est libre pour autant qu’on assume les impacts positifs et négatifs de nos choix.

– Donc, une liberté responsable. Tu veux responsabiliser tes enfants, c’est bien ça ?

– Oui… mais pas dans le sens de leur donner une liste de tâches à accomplir. Mes enfants n’ont jamais eu de liste de tâches accrochée au mur. Par contre, ils prennent des initiatives, ils aident dans la maison, ils prennent soin les uns des autres, par choix.

Pas facile, trouver la bonne nuance pour expliquer une valeur sur laquelle on construit tout son style de parentalité.

– Ok, donc, une liberté responsable, qui encourage tes enfants à choisir librement ce qu’ils veulent faire et à faire des choix pour y arriver.

– Oui, c’est ça. Une liberté responsable. Une invitation à déployer leurs ailes, à croire en eux et à agir.

– D’accord, et tu guides tes actions là-dessus. Quelle autre valeur est primordiale pour toi ?

– Euh…

La liberté responsable, c’était évident. J’ai été élevée là-dedans. On peut être tout ce qu’on veut, mais il faut s’arranger pour que ça arrive. La technique de la visualisation positive et de la prière à l’Univers, ça marche, mais juste à condition de ne pas se croiser les bras.

– L’amour ?

– Hein ? Ah, ben oui !

– Tu aimes tes enfants ? Tu le leur montres ?

– Tout le temps ! Et eux aussi, ils expriment beaucoup d’amour. Envers moi. Entre eux. Envers eux‑mêmes. Essentiel.

Et là, je souris. Je revois le câlin bisou-doux que mon Tiloup me donne chaque matin dès qu’il se lève. Je revois ma Cocotte qui me prend dans ses bras et flatte mes cheveux en disant : « Ma belle maman, j’espère que tu vas guérir bientôt et te sentir bien… » J’entends mon comique de cinq ans qui a le bouton « Je t’aime » sur Repeat plusieurs fois par jour. Je vois ma grande Peanut qui offre de préparer le souper quand je suis fatiguée.

– Oui, l’amour. Je n’y avais pas pensé. Pour moi, c’était juste normal d’aimer et de le montrer. Mais c’est vrai qu’il faut choisir d’aimer et accepter d’être aimé.

Mes enfants sont très affectueux. Pas trop, pas du genre gossant ou dépendant affectif, pas du genre « saute sur tout ce qui bouge ». Mais affectueux et démonstratifs. Ils expriment leur amour par des mots, par des gestes, de petites attentions qui font du bien, une empathie qui guérit.

Quand je vois mes garçons donner un câlin à leurs amis, je me souviens que « dans mon temps », les gars, ça ne se collait pas. Je me souviens que dans la famille dans laquelle j’ai grandi, les contacts physiques étaient discrets, plutôt rares. Je me sentais aimée, mais j’ai dû apprendre à le dire et à le montrer. Et visiblement, j’ai transmis cette valeur à mes enfants. Ça leur arrive d’être passés maîtres dans le tirage de couettes. Mais le plus souvent, ils se complimentent, s’entraident, se font sentir importants les uns, les autres.

Amour + liberté responsable = humains lumineux.

S’ils continuent de fonder leurs choix sur l’amour qu’ils ont pour eux-mêmes, pour les autres et pour la Terre, s’ils continuent de se sentir libres d’être et de faire ce qu’ils veulent et responsables de leur liberté, mes enfants continueront d’être de bonnes personnes. Et ils continueront de m’é-mère-veiller, d’éveiller en moi la meilleure mère que je peux être pour eux.

Oui, mes valeurs me servent de GPS et guident mes actions. Et mon GPS me guide tout droit vers le bonheur.

Si vous prenez une minute pour vous demander « Sur quelles valeurs est-ce que je fonde mes actions comme parent ? », quelle est votre réponse ?

Nathalie Courcy