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Ne méprisez pas nos anges gardiens

J’ouvre la télévision. Je vous vois et vous entends, vous qui bl

J’ouvre la télévision. Je vous vois et vous entends, vous qui blâmez le système de santé présentement, dans la pleine folie à laquelle nous faisons face tous ensemble.

Je vous entends et je tiens à vous dire qu’une partie de moi vous comprend, mais qu’une autre vous méprise. Malheureusement…

Vendredi dernier, le 3 avril 2020, j’ai perdu mon papa. Non, il n’était pas censé nous quitter!

Il était jeune et en excellente forme à son entrée à l’hôpital. Il est entré dans cette aventure de greffe de moelle osseuse avec une seule pensée : sortir de là et vivre sa retraite tant méritée avec sa famille et ses amis.

Seulement, des complications ont pris le dessus de son corps, si fragile.

Le virus qui s’est invité dans ses poumons, alors que ses soldats reformaient une équipe solide pour son futur, a eu le dessus sur lui.

On m’a donc appelée, le 3 avril dernier, pour me dire que si je voulais venir voir mon père, lui parler et lui dire au revoir, c’était le moment.

J’ai eu la chance, dans cette frénésie actuelle, d’être avec mon père pour ses derniers souffles. Bien évidemment, avec toutes les précautions recommandées.

J’ai pu être à ses côtés pour lui souffler à l’oreille quelques paroles. De se reposer, que nous allions nous occuper de notre maman, de sa femme. Que nous, ses enfants, allions nous soutenir et bien nous occuper de sa petite‑fille adorée. Ma fille qui aimait tant son papi.

J’ai pu lui dire que, malgré le fait que je n’ai pas pu aller lui parler doucement à l’oreille pendant qu’il était intubé et dans le coma, j’ai appelé chaque jour et chaque soir de son hospitalisation pour avoir de ses nouvelles et suivre son état de santé.

J’ai pu lui dire que depuis deux semaines, si je ne pouvais pas être à ses côtés pour lui tenir la main et lui dire que tout irait bien, c’est parce que dehors, c’est dangereux. Il y a un virus plus féroce que celui qu’il combattait et qui ne m’aurait peut‑être pas permis de pouvoir lui tenir la main tendrement et de lui dire au revoir s’il l’avait attrapé à cause de mes visites.

Je parle de ma situation. Et voilà pourquoi je vous méprise, vous à la télé qui blâmez le système de santé et les membres du personnel de la santé. Ils se donnent corps et âme en dépit de leur propre santé et de celle de leur famille afin de soigner LA VÔTRE.

Vous qui êtes assis à la maison et vous êtes mécontents de ne pas avoir de nouvelles claires de votre maman, de votre papa, de votre grand-papa, de votre grand-maman.

J’ai passé deux semaines à appeler chaque jour et chaque soir. Pendant ces deux semaines, j’ai eu la chance de parler à des humains plus qu’extraordinaires. Des médecins, des infirmiers, des infirmières et beaucoup d’autres personnes du corps médical, qui prenaient toujours quelques minutes pour m’informer de l’état de mon père. Qui, malgré la charge de travail, m’assuraient que son état était stable et que je pouvais dormir la tête plus légère.

Pendant ces deux semaines, de douces voix me réconfortaient en me disant qu’ils faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour améliorer l’état de mon père. Qu’ils lui faisaient passer les examens nécessaires pour trouver le problème et tenter de le guérir. Qu’ils n’allaient pas le laisser tomber à cause de la situation extérieure. Qu’ils étaient à ses côtés bien que moi, sa fille, qui était là depuis le début de la maladie, je ne pouvais y être.

Chaque soir, je parlais à des infirmières ou à des infirmiers différents, mais tous se partageaient les mêmes valeurs. On me disait que même si mon papa était dans le coma, ils lui parlaient. Une infirmière m’a même dit qu’elle le soignait comme si c’était son père. Elle lui mettait la radio, sifflait en entrant dans sa chambre et qu’elle lui transmettait mes mots. Ceux que j’aurai aimé lui dire de vive voix.

Chaque matin, la douce voix de son médecin des soins intensifs se faisait rassurante tout en étant honnête. Non ça ne va pas, mais je m’occupe bien de lui. Elle m’assurait que si papa n’était plus en mesure de se battre, elle allait m’aviser pour que je puisse être à ses côtés lors de son départ.

Et vous savez quoi? Malgré le chaos, elle a tenu sa parole. Ils ont tenu leur parole.

Soyez donc certains que d’une façon ou d’une autre, même si ce n’est pas l’idéal souhaité, le personnel fera en sorte que le départ de votre proche soit doux et rassurant malgré le fait que vous ne pouvez pas y être.

Vous savez, je comprends votre peine, votre rage. Mais, au‑delà de votre frustration, il y a des humains extraordinaires, qui font un travail magnifique au détriment de leur santé et de la santé de leur famille. Des hommes et des femmes qui se sentent démunis mais qui jour après jour, s’occupent de leurs patients (vos proches) comme si c’étaient des membres de leur propre famille.

Alors je tiens à vous dire, chers anges gardiens, que grâce à vous, grâce à votre humanisme et à votre bienveillance… Vous avez mis un baume d’une douceur indescriptible sur cette douleur et cette tristesse. Et pour ces raisons, je vous serai éternellement reconnaissante.

Isabelle Nadeau

Déception saisonnière

Depuis de nombreuses années, j’ai ce sentiment au printemps…</p

Depuis de nombreuses années, j’ai ce sentiment au printemps…

En fait, ça fait bientôt quinze ans. Le temps, le boulot, la famille, les amis et toutes mes responsabilités actuelles n’y font rien. Si je ferme les yeux, je m’y replonge complètement. Cet hier, celui qu’on ne désire ni aujourd’hui ni demain. Pourtant, tout semblait si parfait.

J’avais passé l’été à bien m’y préparer. Une espèce de maturité naissante. Mon père m’avait inscrit à un camp de perfectionnement. Pour celui‑là, je m’y étais donné à fond. J’ai aussi mieux assumé le stress de la période de sélection. Ce court moment, où d’autres vous remettent à votre place.

Enfin, je faisais le double lettre. U13 Pee-Wee BB.

Nous avions une saison formidable. Quatorze jeunes qui formaient une équipe. Un ensemble, fort de chacun de nous. Chacun de nous, fort de l’ensemble. Solidaires. William et Thomas sont restés mes amis. Nous jouons toujours le jeudi soir, le souffle court et moins de rapidité qu’autrefois.

J’aimais beaucoup notre entraîneur. Patrick était motivé, mais juste. Surtout, il nous a communiqué la responsabilité. Le jeu, c’est le nôtre. Du banc, il ne peut ni arrêter les rondelles ni compter de buts. Encore moins fournir les efforts nécessaires.

À la mi‑saison, nous étions déjà qualifiés pour faire les séries régionales. Les Seigneurs avaient le vent dans les voiles depuis une dizaine de matchs. J’étais le deuxième marqueur de la ligue. Avec espoir encore d’être le meilleur. Ma plus belle saison « à vie », comme je le disais alors.

Tout était prévu. Grand-papa Gaston y serait comme chaque année. Il avait ajusté son séjour pour y être. Lui, moi et le hockey, c’était lié. Il était celui qui m’avait accompagné si souvent aux activités, parce que mes parents ne pouvaient pas. Enfin, pas tout le temps. Cette année‑là, c’était le premier hiver qu’il passait en Floride. Au chaud, comme il disait à tous. Avec son clin d’œil espiègle.

Tout semblait possible, même le championnat…

Puis, la décision a été prise. Évidemment, sans nous. Nous prenant complètement par surprise. C’est terminé! Plus de matchs, plus de séries, plus de saison. La pandémie et le virus avaient gagné. J’ai tellement pleuré. Seul, dans ma chambre. Effondré par le choc. Mon premier, de ceux qui nous marquent à jamais.

Je ne vous parle pas de ma déception sportive. Je pense à mon grand-papa Gaston, mort en Floride. En mars 2020, l’année de la COVID-19.

Tu me manques tellement, grand-papa…

michel

 

La beauté de la mort

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Une pluie de « Je t’aime » si sincères.

Des millions de sourires inquiets et à la fois si reconnaissants.

Des yeux angoissés qui s’apaisent lorsque je te prends la main.

Des larmes qui coulent sur tes joues lorsque tu reçois, une fois de plus, de mauvaises nouvelles à propos de ton combat, celui que tu mènes depuis près de deux ans.

Un regard vers moi, comme celui d’un enfant qui demande à sa maman de le rassurer. Ce regard si naïf et fragile.

Des rires et des pleurs à un intervalle si rapproché que nous en sommes étonnées.

La maladie qui t’a emportée nous aura permis de vivre des moments que jamais je n’oublierai.

 

J’aurais pu écrire sur l’incompréhension qui me hante, ma frustration ou la peine que je ressens que tu sois partie si jeune, laissant derrière toi tes deux parfaites petites filles et ton amoureux à qui tu vas tellement manquer.

J’ai plutôt décidé de composer sur les doux derniers jours de ta courte vie.

Des rires dans ta chambre d’hôpital, des amis qui « popent » ton veuve Clicquot pendant que tu prends tes dernières respirations avec une force déroutante.

Tes petites amours qui courent autour de ton lit avec des ballons que les infirmières ont gonflés pour elles. Tes filles qui s’arrêtent de temps à autre pour caresser tes mains de maman qui deviennent de plus en plus froides et marbrées. Puis, elles retournent dans la salle de jeux pour rire et s’amuser avec les jouets. Elles ne le savent pas, mais elles aussi, tout comme leur maman, elles nous enseignent sans le savoir, la beauté de la vie à travers la mort.

Tes amis, ta famille… nous sommes autour de toi à nous raconter des anecdotes vécues avec toi. Parce que toi, par la personne que tu es, tu nous laisses le souvenir de ta vie et non de ta mort qui approche.

Tu as créé sans le savoir de si belles amitiés entre nous tous. J’ai connu, grâce à toi, des personnes merveilleuses, des femmes aussi fortes que toi, des battantes. J’ai aussi rencontré des amies à toi, qui feront maintenant partie de ma vie et qui, par ce qu’elles sont, feront vibrer ton âme pour que tu demeures près de moi… près de nous.

Pendant que tu expirais tes derniers souffles, nous qui t’entourions avons inspiré ton courage et ta résilience.

 

Certaines personnes entrent dans notre vie et y laisseront sans le savoir des empreintes sur notre cœur. Ces traces feront en sorte que nous ne serons plus jamais la même personne.

Tu es cette personne.

Après avoir vécu avec toi les derniers instants de ta courte vie, je ne serai plus jamais la même.

Je te remercie de m’avoir laissé entrer dans ta vie, de m’avoir permis d’être à tes côtés afin d’escalader les montagnes qui se sont dressées devant toi ces derniers mois.

Tu vas me manquer… nous manquer.

Pour donner pour soigner le cancer du sein: Donner!

 

Isabelle Nadeau

 

 

 

 

 

Parler de la mort avec les tout-petits

Je ne m’attendais pas à en parler aussi rapidement avec mes enfan

Je ne m’attendais pas à en parler aussi rapidement avec mes enfants. Mon plus vieux me prend parfois par surprise. Nous sommes chanceux, nos enfants n’ont pas encore été réellement confrontés à la mort, ils n’ont perdu aucune personne qu’ils aiment. On se croise les doigts pour que ça n’arrive pas de sitôt. Ce sujet reste donc assez abstrait pour eux.

La première fois que notre aîné m’en a parlé, il n’avait pas encore trois ans. Il m’a demandé où était son papi, mon père. Il est décédé. Je ne voulais pas lui mentir, mais je ne voulais pas le traumatiser non plus. Pas évident. J’ai réussi à lui faire comprendre son décès sans que ça le préoccupe tellement dans les jours suivants, ouf! Je m’en suis sortie. Il a plus accroché sur le fait qu’il aimerait un papi et que c’est triste de ne pas en avoir que sur la mort en tant que telle.

Je lui ai alors demandé ce que c’était, selon lui, un papi. Il m’a répondu que c’était quelqu’un, un monsieur, qui jouait avec lui, qui le consolait, qui lui lisait des histoires et qui prenait soin de lui. Je lui ai alors fait remarquer qu’il a donc plusieurs papis. Le père de son père d’abord, mais aussi mon parrain qui a une place privilégiée dans la vie de mes enfants et l’amoureux de ma mère qui aime beaucoup jouer avec eux. Il se trouve maintenant bien chanceux d’avoir autant de papis.

Une chance qu’il ne m’a pas encore demandé comment mon père est décédé parce que je ne sais vraiment pas comment ni quand aborder le concept du suicide avec un enfant… Si vous avez des conseils, je suis preneuse!

Ensuite, l’an dernier, dans un épisode de Passe-Partout, Cannelle et Pruneau discutaient de Grand-Maman Bi avec Grand-Papa Bi. Ce dernier expliquait à ses petits-enfants que Grand-Maman Bi était décédée parce qu’elle était simplement arrivée à la fin de sa vie.

Le soir même, notre plus vieux m’en a parlé à l’heure du coucher. Il était très inquiet de mourir. J’ai tenté de lui dire que Grand-Maman Bi était très vieille, que ça n’arriverait pas avant très, très longtemps. J’ai essayé de mieux lui faire comprendre la notion du temps en comparant les âges de membres de notre entourage. Rien à faire. « J’ai pas envie d’être mort, maman. Je ne veux pas arriver à la fin de ma vie ».

Depuis plus d’un an, ça revient parfois. Il en reparle, nous répète qu’il n’a pas envie d’être mort. On le rassure du mieux qu’on peut, on lui dit qu’on prend bien soin de lui, qu’il ne mourra pas. Mais ça finit toujours par revenir le chicoter.

J’ai tenté de trouver des livres qui traitent de ce sujet, mais tous ceux que j’ai consultés sont destinés à des enfants ayant perdu quelqu’un. Ce n’est pas le cas des nôtres, c’est encore abstrait pour eux. Chaque fois, j’ai l’impression que ça le tracassera plus après avoir lu un livre qu’avant. Par exemple, un livre qui parle d’une mamie au ciel pourrait faire qu’il s’inquiète de perdre sa mamie.

Il est déjà si sensible. Je veux le rassurer sans lui mettre prématurément des soucis en tête. Ce n’est pas une tâche facile. Avez-vous déjà vécu quelque chose de semblable? Comment y avez-vous fait face?

Jessica Archambault

 

Laissez-les jouer!

C’est le festival des yeux rougis et des épaules qui tressautent

C’est le festival des yeux rougis et des épaules qui tressautent sous la force des sanglots. Dans une boîte, un corps. Une personne aimée. Adorée. Partie trop jeune. Beaucoup trop jeune.

Il fait froid dans la salle et dans nos cœurs. On ressent le vide immense laissé par cet être cher. On gèle… Plus tard, à la réception, on aura la force de se remémorer quelques anecdotes plus rigolotes. Le son de son rire. Ses rêves d’enfance. Et ceux qu’elle avait pour ses enfants. Devenus orphelins.

Mais pour l’instant, on observe le silence rituel. On chuchote nos condoléances. On entend le voisin se moucher, discrètement. On regarde le plancher parce qu’au moins, lui ne nous fait pas pleurer. L’atmosphère est lourde.

Et puis, il y a ces enfants qui jouent à la cachette entre les chaises. Les plus jeunes qui chevauchent les épaules des plus vieux. Une table avec des cahiers à colorier, quelques collations. Un enfant endormi au creux d’un fauteuil. Il est capable d’oublier ce qui se passe à l’instant, le chanceux… Un bébé qui réclame bruyamment son lait ou sa routine.

Il fut un temps où petits et grands avaient la même obligation lors des cérémonies mortuaires. À genou, debout, chut! Contenance obligatoire. Comme si le deuil faisait vieillir de vingt ans. Mais plus maintenant.

J’ai tellement passé de temps dans les salons funéraires que je m’y sens chez moi. Et chaque fois, je remarque les yeux embués qui s’illuminent quand un enfant reste un enfant. Je remarque la tension qui baisse de quelques échelons dès qu’un jeune parent entre dans la pièce avec son bébé. Je vois les regards soulagés de pouvoir observer les enfants qui jouent au lieu de n’avoir que le cercueil comme seul point de mire. Je vois les sourires au milieu des larmes. À la vue des enfants, on se souvient que la vie continue…

Je n’amènerais pas mes enfants « pour le fun » dans un salon mortuaire ou dans des funérailles, mais je ne m’empêcherai jamais de les y amener pour une personne proche ou s’ils demandent de m’accompagner. Et surtout (dans les limites du raisonnable, bien sûr!), je ne les empêcherai jamais d’être des enfants.

Au salon comme partout, les enfants ont un pouvoir magique : celui de s’ancrer dans le moment présent et de faire sourire les gens.

Nathalie Courcy

La collègue

Une journée plus tranquille au bureau… Vous savez, un vendredi de formation. Pour apprendre à

Une journée plus tranquille au bureau…

Vous savez, un vendredi de formation. Pour apprendre à mieux se connaître. À connaître ses collègues. Les ressources humaines fixant fermement l’objectif commun. Une présentation, un questionnaire, des ateliers. Tout s’enchaîne rapidement. Il y aura un cocktail plus tard. Pour enfin compléter la journée avec le repas de groupe. La farandole des trois services, dans le style cafétéria de luxe au menu limité.

Une formation sur la communication. D’emblée on identifie votre boîte, votre style. Vos tendances. Votre étiquette d’être. Puis on vous demande d’interagir avec les autres. En arrière-plan, votre cerveau qui les juge. Du moins, veut leur mettre la bonne étiquette. Cette boîte, ce style. Maintenant qu’on sait.

Une journée très agréable, dans mon cas. Surtout que je suis un des petits nouveaux. J’ai l’occasion de pouvoir briser la glace. De rencontrer plusieurs collègues. Sans stress, sans performance. Je suis aussi joueur. J’aime l’interaction avec les gens. Les défis, seul ou en groupe.

Le temps file. Comme, trop souvent, les beaux moments de la vie. Déjà attablés. Pour agrémenter la soirée, un collègue anime un encan. Au profit d’une bonne cause. Il était dans mon groupe, pour les ateliers. Il n’a jamais communiqué ce côté de lui. On communique bien ce qu’on veut, après tout. Il s’avère excellent pour susciter la surenchère. Avec beaucoup d’humour. Au final, la somme récoltée sera impressionnante.

Puis, au travers de l’encan, il fait l’annonce. L’émotion. La sienne, d’abord. Il peine à compléter ses phrases. Puis l’émotion de ma voisine de gauche, qui est dans les personnes qui vont aussi la visiter. Celle qu’on ressent ensuite, dans toute la salle. Une collègue a pris sa retraite cette année. Au début de la soixantaine, si j’ai bien compris. Quelques mois. Puis, Lou Gehrig. La rapidité de la dégradation. Le fauteuil roulant. L’avenir plutôt sombre…

J’aime le baseball, mais rarement entendre ce nom.

Rien des images qu’on nous montre, pour la retraite. Rien des projets qu’on se fait pour plus tard. Confiants, insouciants. Mais ça, je le sais bien. Trop bien, en fait. Ce qui me fait dire souvent qu’il faut en profiter maintenant. Réaliser nos rêves sans trop attendre. Car, parfois, ça n’arrivera juste pas.

Cette collègue n’est pas là. Elle ne peut sentir tout l’amour et tout le positif que le groupe veut lui donner. C’est ce qui m’a décidé à écrire ce court hommage. Pour qu’elle le lise, à sa guise. En espérant lui faire ressentir ces moments. Les siens.

J’envie un peu cette personne que je ne connais pas. Nous nous demandons tous ce que les autres retiennent de notre manière d’interagir. De communiquer. Surtout, j’envie cette émotion qu’elle a provoquée, bien après avoir quitté l’entreprise.

Si tu permets, chère collègue, je t’envoie ce gros câlin de réconfort…

michel

P.-S. – J’ai eu l’idée de ce texte à la soirée. Le tourbillon de la vie m’a retardé. Je voulais prendre le temps de bien faire. Depuis le 18 novembre dernier, la collègue veille désormais sur ceux qu’elle aime. Cruel rappel du message que je voulais vous communiquer.

Cette noirceur qui m’a envahi

Voilà un bon bout de temps que je n’ai pas écrit. Cet été a é

Voilà un bon bout de temps que je n’ai pas écrit. Cet été a été difficile pour moi. J’ai bien réfléchi avant de vous écrire cet article, car au tout début, je ne voulais pas vous en parler.

Pourquoi? Parce que je me croyais fort et je croyais avoir franchi cette étape…

Mais voyez-vous, 159 militaires sont décédés en Afghanistan. En 2013, 161 s’étaient enlevé la vie. Depuis 2013, le décompte des suicides a été ininterrompu et ce nombre ne cesse de grandir malheureusement. Avec le nombre de suicides toujours grandissant ces derniers temps, je devais vous en parler. Non, la plupart d’entre vous ne la savent pas. Les médias n’en parlent pas non plus. Moi je le sais, car je fais partie de plusieurs communautés sur le Web. Et le monde des vétérans et des militaires est une famille qui se soutient. Ce nombre de suicides ne cesse d’augmenter dans l’obscurité.

J’ai failli faire partie du lot pour une troisième fois cet été. Non je ne suis pas fier de moi. J’ai honte! Mais cette fois-là était encore plus forte. Tout était bien planifié dans ma tête afin de rendre ma mission à terme. Pour moi, c’était la seule solution pour arrêter de faire souffrir et de faire subir à ma famille la cause de ma blessure. Cette fois-là, j’étais vraiment déterminé! Je pouvais même me voir mourir dans mes plans sans aucune difficulté. Oui j’avais des remords, bien sûr, mais je me disais que ces remords ne seraient plus là une fois que je serais parti. Que mes enfants qui m’avaient toujours gardé en vie sauraient bien grandir sans moi. Qu’ils auraient la force de passer à travers les épreuves sans leur papa. Que ma femme que j’aime beaucoup aurait la force de passer à travers cette épreuve elle aussi.

Je n’ai même pas pensé à aller chercher de l’aide auprès de mes spécialistes. J’étais dans le noir total. Pour moi, c’était la seule solution pour mettre un terme à cette souffrance qui était revenue plus forte que jamais. J’étais prêt à passer à l’acte!

Je n’avais jamais vu une telle noirceur auparavant. Cette noirceur m’avait envahi. Tout ce que je voyais était de mettre une fin à ma vie, à ma douleur et à ma souffrance.

Même que je profitais mieux des moments avec mon fils de six ans. Tout allait mieux, j’étais davantage proche de lui. Je me disais que je devais passer de meilleurs moments de qualité avec lui, car ce seraient les derniers. Je voulais qu’il puisse avoir de bons souvenirs de son papa. J’étais prêt à le quitter malgré la déchirure, la tristesse et la douleur en moi.

Ma femme ne s’est jamais doutée de rien. Même si je pouvais passer beaucoup de journées d’affilée aux toilettes à avoir la diarrhée en raison de mon anxiété très élevée.

Vous comprendrez que je ne voulais pas la mêler à tout cela. Elle en avait déjà assez souffert selon moi.

Un de mes très bons amis a tout vu dans mon histoire. Il est venu me voir chez moi et par la suite, il m’a contacté très souvent. Si je me déplaçais, je devais lui dire où j’étais et comment je me sentais. Il ne me lâchait pas une seule minute.

Un vrai frère d’armes! Oui j’aurais fait la guerre avec cet ami, car lui, c’est un vrai frère d’armes à qui on peut faire confiance.

Un matin, il m’a amené à la clinique TSO (Trauma et Stress Opérationnel) de Longueuil pour un rendez-vous d’urgence avec une psychologue.

Lors de la séance, je me suis fait brasser, mais pas un petit peu. Durant la séance, j’ai pleuré ma vie et la psychologue a même réussi à me faire voir le visage de mes enfants qui me regardaient dans ma tombe. Et j’en passe…

Cette séance a été très difficile et je ne suis pas près de l’oublier. Ce n’est qu’à la fin que j’ai appris que si je ne voulais pas coopérer, je serais envoyé à l’Hôpital des Anciens Combattants en thérapie.

Après cette séance intense avec la psychologue, il est clair que j’ai décidé de mettre dehors le mauvais chum dans le salon. Celui dont je vous ai parlé dans deux articles auparavant. Maintenant je l’ai mis dehors pour de bon, car pour moi, l’option du suicide n’est plus une option. Lors de ma séance de psychothérapie, j’ai vu le visage de mes enfants qui me regardaient m’enfoncer dans le sol dans ma tombe. Depuis ce moment, ce n’est plus une option. Et j’ai toujours cette image de mes enfants debout sur le gazon qui me regardent m’enfoncer dans le sol dans ma tombe. Je crois que c’est ça qui me tient en vie maintenant. Cette image m’a tellement effrayé…

Maintenant, je peux vous dire que quand la noirceur nous envahit vraiment, il ne semble plus y avoir d’option pour sauver notre vie. Alors je lance ce message à tous : gardez l’œil ouvert et soyez prêts à intervenir pour ceux que vous aimez. Ils vous diront sûrement que tout va bien, mais la plupart du temps, ce ne sera pas le cas.

Soyez vigilants et attentifs!

Carl Audet

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Quand vieillir tourne au cauchemar…

J’ai déjà écrit un texte intitulé <a href="http://www.mafamill

J’ai déjà écrit un texte intitulé Papi a les idées qui se mélangent dans sa tête. J’y ai décrit mes premières visites dans un centre spécialisé pour la démence sénile, où je suis allée visiter mon précieux grand-père plusieurs fois.

Cette année, mes visites ont commencé à s’espacer… Je pourrais me justifier en disant que j’étais trop prise avec un déménagement, ou que mes trois enfants prennent tout mon temps, ou que j’ai travaillé beaucoup d’heures… mais je ne tomberai pas dans ces justifications vides de sens. Je serai honnête avec vous, comme je l’ai toujours été. La vraie raison qui m’a poussée à espacer mes visites, c’est tout simplement que je n’ai plus la force de le voir se ternir à chaque fois.

La semaine dernière, j’ai profité d’un après-midi avec ma mère pour aller le visiter avec elle. Dans la voiture, elle a tenté de me prévenir que son état s’était vraiment détérioré dans les dernières semaines… Elle a tenté de me prévenir du choc que ça allait me causer. Mais moi, orgueilleuse comme mille, je me suis prétendue plus forte que ça. J’ai fait la sourde oreille…

Après avoir passé par les portes verrouillées, entré le code pour avoir accès à l’étage et traversé le couloir gardé par le vigile de sécurité, j’étais encore en zone connue. Ces accès sécurisés servent à garantir la surveillance des personnes âgées qui sont agitées, perdues et qui tentent de se sauver pour retrouver un chez-soi qui n’existe hélas plus depuis longtemps. Je comprends tout ça.

Arrivées dans le salon principal, ma mère me pointe la file de chaises berçantes alignées devant un téléviseur. Elle me signale que mon grand-père est assis dans la dernière chaise, tout au fond. J’ai beau me rapprocher, m’avancer et le scruter, ce vieil homme devant moi m’est totalement inconnu… Sans aucune exagération, je peux jurer que sans l’insistance de ma mère, je ne l’aurais jamais reconnu. Ça me fait du mal de l’avouer. Il a perdu beaucoup trop de kilos et son squelette est bien apparent. Ses cernes noirs sont tellement prononcés qu’on ne perçoit plus aucune lumière dans son regard…

En s’approchant, ma mère sursaute en voyant son visage, et ses yeux se remplissent de larmes. Elle n’arrive pas à contenir son émotion et c’est en m’approchant que je comprends pourquoi… Le visage de mon grand-père est déformé par une cicatrice qui le traverse d’un bout à l’autre. Une dizaine de points de rapprochements tentent de la refermer. Ma mère ne gère pas son émotion, et moi, je ne sais plus où me mettre.

On tente tant bien que mal de savoir ce qui s’est passé. On se dirige vers les quatre préposées de l’étage, qui sont assises à une table en train de jouer aux cartes. Aucun signe de compassion. Une femme passe devant nous et on remarque tout de suite à son badge qu’il s’agit de l’infirmière. Ma mère lui demande simplement ce qui s’est passé, en pointant le visage de son père. L’infirmière nous répond sèchement qu’elle n’a pas que ça à faire et qu’elle a déjà laissé un message sur le répondeur de la personne de référence au dossier. Aucune compassion.

Mon grand-père ne cesse de se taper sur les hanches. Moi, je ne comprends pas pourquoi il répète ce geste. Puis, en m’approchant pour le rassurer, je constate qu’il est attaché à l’aide d’un ceinturon à la chaise berçante. Je constate du même coup que toutes les personnes âgées sont attachées dans leurs chaises. Les préposées, quant à elle, continuent leur partie de cartes.

Je le détache pour l’amener marcher un peu, en ignorant le fait que son pantalon est imbibé d’urine. L’une des préposées nous lance qu’il était trop agité aujourd’hui. Pas le choix de l’attacher.

Une autre préposée se lève et commence à distribuer des collations. Elle perd patience et crie sur mon grand-père qui a tenté d’agripper une collation dans le chariot, sans demander la permission. Elle crie sur lui, le doigt en l’air, comme une vieille femme gronderait son chien. Aucune compassion. Je me sens moi-même intimidée par l’agressivité de son ton, contrairement à ses collègues qui restent bien assises et semblent trouver cette scène tout à fait normale.

Je suis choquée, outrée, insultée pour lui. Pour eux tous. Mais j’ai une boule d’émotion qui m’empêche de dire quoi que ce soit… Ma mère n’a pas su contenir ses larmes depuis le début de la visite et tente simplement de le distraire de son mieux. Il insiste pour garder la collation qu’il a réussi à subtiliser et la préposée le menace de le rattacher s’il n’écoute pas ce qu’elle dit. Elle se tourne vers nous et nous explique qu’il est vraiment trop agité aujourd’hui, comme pour justifier son propre comportement.

J’ai intitulé ce texte-ci « Quand vieillir tourne au cauchemar ». Parce que selon moi, si une personne est négligée, attachée, menacée, affamée et blessée, c’est bien ce que c’est : un cauchemar. On ne traiterait jamais un chien comme ça. Jamais.

Le lendemain, le CHSLD appelait pour annoncer que dorénavant, mon grand-père serait attaché en tout temps, pour sa propre sécurité. Et comme il souffre d’une maladie qui cause la détérioration de ses capacités mentales, il n’aura jamais droit à une aide médicale à mourir.

Il vivra dans ce cauchemar, attaché, en attendant sa propre mort, sans aucune possibilité de mettre fin à tout cela. Sans aucun contrôle sur sa maladie, ni sur sa vie, ni sur sa mort. Et nous, on doit le regarder mourir, attaché à un lit, en espérant qu’un virus l’emporte rapidement. Parce que si une simple grippe pouvait abréger ses souffrances, je serais prête à le contaminer moi-même. Ce n’est pas une belle vie. Ce n’est pas une belle mort. La prochaine fois que je le verrai, il sera endormi et paisible dans son cercueil. Et avec tout mon amour, je me donne le droit d’espérer que ça arrive plus tôt que tard.

Joanie Fournier

 

Ce moment…

On frappe à la porte de ma classe. Je croise les yeux inquiets de l

On frappe à la porte de ma classe. Je croise les yeux inquiets de la secrétaire et de ma collègue. Ce sera elle qui prendra le relais, le temps que je sorte et que la secrétaire me fasse cette annonce, celle du décès du papa d’un de nos élèves.

Une banalité. La mort s’est invitée sans s’annoncer.

Du coup, je me rappelle ce moment, les yeux de l’infirmière qui m’avait annoncé sans parler le décès de ma mère, il y a déjà quatorze ans.

Ce moment, tu ne l’oublies jamais.

Ce matin, je suis retournée en classe chamboulée, habitée par un chagrin sans fin, sachant toutes les douloureuses étapes qui attendent ce petit humain, son jeune frère et surtout, leur maman.

Désorganisée, j’ai tenté de mon mieux de rester sereine. Il nous fallait attendre le plan de match.

Comment annoncer à des enfants de douze ans que leur ami aura grandement besoin d’écoute et de soutien pour les prochaines semaines? Comment leur expliquer ce drame tout en les rassurant, en leur rappelant qu’une histoire comme celle-là, c’est rare? Si c’est rare, pourquoi lui? Pourquoi cet élève?

Pour plusieurs de ces enfants, ce sera un premier contact avec la mort, le moment où on commence à prendre conscience que nous ne sommes pas éternels.

C’est en après-midi et après avoir pris une grande respiration que j’ai expliqué ce grand malheur aux petits humains devant moi.

L’onde de choc s’est fait sentir. Certains connaissaient ce papa. Pour d’autres, cette situation leur remémore le départ d’un grand-parent, d’un animal, la maladie d’un proche. Chacun a reçu cette nouvelle à sa façon, avec son petit bagage de douze ans de vie.

Nous avons eu besoin de sortir au grand air. Les accolades et les bons mots étaient au rendez-vous.

Aujourd’hui, je me suis souvenue à quel point la vie est fragile.

Mon grand, toi qui contamines ceux qui t’entourent par ton bonheur facile, je souhaite de tout mon cœur que cette douleur si vive s’apaise rapidement, que la flamme qui t’habite jamais ne s’éteigne.

Je pense à toi et sache que je te comprends.

Karine Lamarche

 

J’m’ennuie de toi, p’pa

J’m’ennuie de toi, p’pa. Parce qu’avant que tu partes, je ne

J’m’ennuie de toi, p’pa. Parce qu’avant que tu partes, je ne pense pas que je réalisais vraiment ta place dans mon monde. Je t’avais et c’était parfait ainsi.

Quand tu es parti, j’ai tranquillement apprivoisé un quotidien sans papa.

J’étais désormais une jeune femme qui envierait toutes les filles qui danseraient leur première danse dans leur belle robe blanche.

Tu es parti sans préavis.

On ne s’est pas dit au revoir et c’est sûrement mieux ainsi. Seulement, tu ne m’as pas préparée à ton absence.

Tu ne m’as pas dit à quel point la vie serait triste après ton départ.

À quel point je ne serais plus jamais la même.

J’ai dû m’habituer à ne plus entendre ta voix forte qui me répond « oui, puce » après une sonnerie quand je téléphone, et ce, peu importe l’heure.

Quand je me chicanerais avec mon chum, je ne pourrais plus venir trouver réconfort dans tes bras… t’entendre tout dédramatiser d’un seul coup et me faire sentir légère.

Tu ne serais plus là pour venir accrocher mes cadres sur mes murs… faire un feu d’après-midi pour faire brûler les branches et ouvrir une bonne bouteille pour regarder les flammes… te voir gêné de me redemander pour la millième fois de t’aider à reprogrammer ton répondeur. Ça me faisait tellement plaisir et tu ne me dérangeais tellement pas, papa…

Tes conseils, ton écoute, ta trop grande sensibilité que je me suis appropriée malgré moi me manqueraient tellement.

Ton angoisse qui était rendue un grand spectacle… elle n’était plus.

Je ne partagerais plus de café avec toi ni de regards complices, rien. Tu es parti en emmenant une partie de moi.

J’aurais aimé que mes garçons te connaissent, j’aurais aimé te voir courir autour de la table après eux pendant que maman cuisine. J’aurais tellement aimé que tu ne partes pas.

J’aimerais, juste une fois, te voir les regarder avec le même regard que tu avais pour ma sœur et moi.

Cette fierté qui émergeait de toi quand tu nous voyais entrer dans une pièce…

Seul toi pouvais nous faire sentir aussi spéciales, seul mon papa. J’aurais aimé te rendre fier de la mère que je suis.

Je me demande souvent quelle maman je serais si tu étais encore là.

Mon stress, mon angoisse, mon insécurité n’existaient pas avant ton départ.

Mais malheureusement, te perdre si tôt dans ma vie de jeune femme a laissé plusieurs blessures que le temps a su apaiser. Ce temps n’a jamais su guérir à la femme que je suis devenue.

Bientôt dix ans que tu n’es plus là, p’pa, et je suis celle que je devais devenir grâce ou à cause de ton absence. Je t’en remercie quand même, parce que malgré ton trop tôt départ, ma vie est tellement belle.

Imagine si tu étais là, encore.

 

Lisa-Marie Saint-Pierre

 

Ta vie, c’est de la marde ?

J’ai bien de la difficulté à comprendre, car moi la vie, je l’

J’ai bien de la difficulté à comprendre, car moi la vie, je l’ai vue quitter le corps de mon frère.

Comprends‑moi, ton malaise, ton mal‑être, ta souffrance, je ne les renie pas.

Crois-moi, je sais ce que c’est de souffrir chaque seconde de chaque journée.

De ne pas savoir quand cette vie va arrêter de faire mal.

Quand je vais finir par voir un peu de soleil, car chaque jour et chaque nuit ne m’offrent que la noirceur.

Que chaque seconde m’attire encore plus dans un tourbillon négatif.

Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est comment tu peux vouloir te faire souffrir autant.

Vouloir mourir, je crois qu’on le vit tous.

Vouloir qu’enfin, ce qui nous ronge, ce qui nous détruit puisse enfin être chose du passé.

Mais c’est ça l’affaire.

Quand on souffre, c’est toujours temporaire.

Je ne te cacherai pas que très souvent, cela fait mal en cr*& ? % $ !

Mais c’est ça l’affaire.

Vouloir se donner la mort, c’est quelque chose de permanent.

Crois-moi, je l’ai vue… c’est laid, à mort.

On se fait souvent une idée préconçue de notre mort par suicide.

On va mourir comme Juliette et son Roméo.

Mais non, pardon de briser ta bulle.

Un corps sans âme, c’est laid.

Tellement laid, car tu n’y es plus.

Ta souffrance, tu vas la transmettre à quelqu’un d’autre.

Souvent, tu vas la transmettre à la personne qui va te trouver.

Parce que la souffrance ne va pas s’arrêter là où tu l’as laissée.

Plus jamais la personne qui va te trouver ne va pouvoir vivre comme elle l’a déjà fait.

Plus jamais ses yeux ne vont se fermer sans l’image de ton dernier acte de vie.

Plus jamais elle ne pourra passer une journée sans se rappeler l’image de ta dernière scène.

Cette image qui va hanter cette personne, elle va contaminer ses proches.

Elle ne sera plus jamais la même, cette personne qui va te trouver.

Elle n’arrivera plus à aimer.

Elle n’arrivera plus à s’aimer.

Les statistiques sont là, les proches d’un suicidé ont davantage de risque de recourir eux‑mêmes au suicide.

Est-ce qu’on peut appeler cela l’effet papillon, je ne le sais pas…

Une chose est certaine par contre : chaque jour où j’ai pu voir un papillon après le décès de mon frère, pas une fois cela ne m’a offert de réconfort.

Quand je regarde le visage de ma mère, je vois la souffrance qu’aucun parent ne devrait vivre.

Quand je vois ma mère sourire, je vois une mère qui sent qu’elle ne mérite pas le bonheur, car son enfant ne le trouvait pas.

Quand je vois mes enfants qui ne connaîtront pas leur oncle, je sais qu’elles voient la mère qui a été brisée par le choix de leur sang.

J’ai pardonné.

J’ai fait la paix aujourd’hui pour toute cette souffrance qui m’a été transmise.

Mais ce serait faux de nier tout le chemin, la souffrance que j’ai dû libérer pour me permettre de vivre, sans me dire que ma vie, c’est de la marde.

Si tu as vécu un moment de ce genre, sache que je t’envoie du gros (immense) love.

Viens me retrouver dans mon monde lumineux, j’ai un cadeau bonheur pour toi : http://www.martinewilky.ca/

Martine Wilky