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La maman est à boutte

Au début de l’année 2020, j’avais exceptionnellement pris des

Au début de l’année 2020, j’avais exceptionnellement pris des résolutions que je voulais vraiment tenir, respecter. J’avais décidé de faire plus ma part pour l’environnement, plus de recyclage, plus de compost. Je voulais vraiment recommencer à prendre soin de moi. Être plus positive, voir le bien dans toute situation.

Au début février, mon psychiatre m’a confirmé que j’étais guérie de ma dépression post-partum majeure, en plus de m’annoncer que j’avais déjà perdu 15 livres depuis le début de l’année. J’avais commencé le yoga chaud et à manger mieux. J’étais vraiment heureuse, ça faisait des années que je ne m’étais pas sentie aussi bien. J’allais faire mon premier voyage dans le sud avec ma mère et ma sœur.

Au début mars, à la fête de ma belle-sœur, je lui disais que ça me faisait peur de me sentir aussi bien, parce que j’avais toujours l’impression d’avoir une ombre noire derrière moi prête à surgir à tout moment. En deux jours, j’ai dit à ma famille et à ma belle-famille à quel point j’étais heureuse, et eux de me répondre que ça paraissait et qu’ils étaient tellement contents de me retrouver.

T’sais ce sentiment que quand tout va bien, c’est sûr qu’une marde va te tomber dessus? Bien c’était ce genre de pensée que je tentais d’éloigner. Pis j’avais l’impression que le malheur qui s’abattrait sur moi serait aussi grand que mon bonheur. Tout allait super bien dans ma vie. Un soir, j’ai dit à ma sœur : « Hey tout va bien, tu imagines la grosseur de la marde qui va me tomber dessus si ma “malédiction” est vraie! ». On rigolait, on déconnait.

Pis boom, la COVID-19 est entrée au Québec sournoisement et a explosé. Mes angoisses, mon anxiété, mes crises de panique sont revenues. Mon moral va de moins en moins bien. Mon conjoint a été mis à pied, ma fille ne comprend pas tout de la situation, sa maman travaille vraiment beaucoup et elle est toujours fatiguée, maman et papa se chicanent un peu plus. Je fais mon maximum pour retrouver ma zénitude, mon calme, je n’ai même plus la force de continuer mon yoga à la maison. Ce soir, dimanche soir pluvieux, je vois une goutte d’eau tomber de la porte patio. Je me lève et je remarque que le haut du mur est mouillé. Mon conjoint part à la recherche de la source. Tout est mouillé, mais juste là. Aucune idée d’où ça vient. Sérieux?! Tout est fermé, on ne peut pas appeler d’entrepreneur.

La maman est à boutte. J’ai envie de me rouler en boule et de pleurer. J’ai envie d’être prise dans des bras, de me faire serrer fort et de me faire dire que tout va bien aller, qu’on va s’en sortir plus forts, mais je ne peux pas. Distance sociale oblige et doublement dans mon cas puisque je travaille dans la santé. Je me suis rarement sentie aussi seule, aussi frustrée, aussi épuisée.

Parfois, un simple petit problème peut faire déborder notre vase. Ce soir, j’ai vraiment envie de rester coucher et de dormir jusqu’à ce que cette pandémie soit finie. Je veux juste retrouver ma force, ma joie, mon entrain, mon bonheur que j’ai pu savourer un temps trop court.

Petit texte sur l’angoisse.

Dans ma poitrine, il y a une boule.

Petite ou grosse. Douloureuse ou pas.

Mais elle est là.

À l’intérieur de cette boule, il y a

De la peur, de la tristesse, de la colère, mais surtout de la peur.

Quand elle fait mal, tout devient noir

Je suis en boule, en pleurs.

J’ai mal. Mon cœur veut exploser. J’ai mal.

Dans ma tête, la noirceur veut revenir.

Je sais me battre contre maintenant.

Mais c’est dur.

J’ai mal.

Je veux me battre, mais j’ai peur.

Un être invisible est devenu maître.

Je ne veux pas de cet intrus.

Je ne veux pas le donner à mes enfants, à ma famille.

Alors la boule grossit et fait de plus en plus mal.

Un jour à la fois.

Ce soir, ma boule est grosse, trop grosse.

Mais demain elle sera peut-être petite.

Alors là je vais trouver des armes et me battre.

La noirceur, je vais la repousser.

Mais pour ce soir, je vais la pleurer. En boule. Dans mon lit.

Cindy LB

 

C’est la faute des profs!

Quelle période intense de débats et de réflexion sur l’éducati

Quelle période intense de débats et de réflexion sur l’éducation ces temps-ci! Tout y passe : le ministère et son ministre, les commissions scolaires, les enseignants, les matières enseignées, l’école à domicile, tout!

J’aime le débat, civilisé, on s’entend. J’aime qu’on contribue démocratiquement à faire évoluer la société, à mettre à jour les institutions tout autant que nos visions.

Ce que je n’aime pas, par contre, c’est la victimisation et l’accusation. C’est la faute du ministre, la faute du bâillon, la faute des écrans et du cannabis, et quoi encore? N’oublions pas les parents, surtout, ces êtres ignobles qui ont formé des enfants-rois et des peureux chroniques! Et pourquoi pas Charlemagne! C’est quand même lui qui a inventé l’école…

Ce matin, j’ai lu une opinion qui m’a horrifiée. Chacun a droit à son opinion, bien sûr, alors je me permets d’exprimer la mienne, en tout respect. À la suite du suicide d’un étudiant d’université, un internaute a exprimé tout de go : « C’est de la faute des profs! ». Oui, apparemment, les profs en demandent trop aux étudiants. Ils exigent trop de travaux, trop d’excellence, trop de ponctualité, trop de réflexion et de recherche, trop de tout. La cause première de l’anxiété généralisée qui attaque nos jeunes (et leurs parents, soit dit en passant) n’a qu’un nom : ENSEIGNANTS. Voilà, tout est dit.

Hey, les profs! Vous avez le dos large, hein! Portez sur vos épaules la mort d’un de vos protégés. Sérieux?

J’ai déjà enseigné à l’université et au cégep. J’étais exigeante. J’étais pointilleuse autant sur la date de remise que sur la qualité du français. Les références à Wikipédia n’avaient pas leur place. Les résultats étaient proportionnels à la profondeur de la réflexion. Et pourtant, mes étudiants (la plupart, du moins… je ne prétends pas avoir été appréciée de tous) étaient heureux en classe, ils apprenaient, ils progressaient et savaient que je pouvais me montrer compréhensive. Ils savaient que j’étais toujours là pour eux, sauf peut-être entre 2 h et 4 h du matin. Ils savaient qu’ils pouvaient me confier que leur grand-mère était malade ou qu’ils avaient de la misère à payer leur loyer. Ils savaient qu’ils avaient droit à l’erreur et aussi le droit de me demander de l’aide. Ils savaient qu’en classe, ils étaient en sécurité intellectuelle et émotive. Et je suis convaincue que je n’étais pas la seule à les traiter ainsi, comme des humains en cheminement.

Donc… la détresse qu’on met sur le dos des profs? Ce que je connais des profs, peu importe le niveau et la matière qu’ils enseignent, c’est qu’ils se donnent corps et âme pour leurs étudiants. Un prof n’a pas de congé. Un prof n’a pas de fin de semaine. Un prof n’a pas le droit de laisser son sac d’école à l’école. Un prof est en mission constante, celle d’accompagner ses élèves sur le chemin de l’apprentissage, souvent malgré des ressources limitées.

Est-ce que le système exige trop des étudiants? Peut-être. Tout comme la vie en général. C’est vrai que remettre des travaux, préparer des examens, étudier et se présenter en cours en plus de travailler suffisamment pour payer un logement ou une pension, ça peut être étourdissant. Rares sont les adultes qui ont l’obligation d’étudier à temps plein ou de vivre dans un appartement ou un condo au centre-ville. Je vois souvent des étudiants voyager une ou deux fois par année, manger des sushis et boire de l’alcool plusieurs soirs par semaine, aller au gym, au spa, au cinéma.

La vie qu’on choisit a un coût. Si on choisit de dépenser, on choisit de travailler assez pour subvenir à nos besoins. Si on choisit d’étudier, on choisit aussi de travailler pour réussir. Libre à chacun d’équilibrer les sphères de sa vie. Il en sera de même sur le marché du travail : une maison à un million, ça se paye, tout comme un mois en Asie ou le dernier modèle de cellulaire.

Je ne dis pas que tous les étudiants anxieux ou déprimés ont un budget déficitaire et des goûts exorbitants. Je dis que chacun trouve son équilibre, et qu’il est mieux de le trouver plus tôt que plus tard. Je dis aussi qu’accuser les profs, ou n’importe quel facteur individuel, est réducteur. Expliquer le suicide d’une personne sans connaître cette personne, sans connaître l’ensemble du contexte et de sa vie personnelle, professionnelle, sociale, familiale, c’est mentir. C’est attribuer des intentions malveillantes à des humains bienveillants qui pataugent aussi dans une société exigeante. C’est oublier que dans d’autres coins de notre planète, la pression exercée sur les jeunes par le système scolaire et les familles est mille fois plus lourde. C’est accuser sans preuve et sans jugement.

Les profs, continuez de bien faire votre travail. Les étudiants, continuez d’apprendre et prenez du recul au besoin. La clé, c’est l’équilibre.

Nathalie Courcy

Je suis ma pire ennemie, ou l’autosabotage du bonheur!

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Pour changer quoi que ce soit dans la vie, il paraît qu’il faut commencer par accepter et nommer la situation que l’on veut changer. Alors je me lance : mon nom est Annie, j’ai 45 ans et j’autosabote mon bonheur. Voilà, je l’ai dit. Je l’avoue, j’ai tellement peur que quelque chose vienne gâcher ma vie quand ça va bien, que plutôt que subir cet événement qui pourrait gâcher mon bonheur, je le gâche moi-même inconsciemment.

 

C’est facile de mettre le blâme sur les autres pour ses malheurs. Ils ont le dos large. Bien plus facile de blâmer la terre entière pour nos malheurs que de réaliser que nous en sommes nous-mêmes les artisans. Je pense, sans me tromper, que tous les êtres humains ont ce même défaut de fabrication.

 

Pour être franche, ça fait treize ans que je suis en dépression fonctionnelle. Depuis la mort de mon premier fils pour être exacte. Depuis cette journée, j’ai continué à avancer, mais une partie de mon cœur et de mon âme est morte avec lui. J’ai été dans un groupe de soutien pour parents endeuillés, ça m’a aidée un moment. Quatre ans après son décès, j’ai eu recours à des antidépresseurs pour m’aider à passer à travers son « cinquième anniversaire » que je voyais venir et que je n’aurais pas le courage d’affronter autrement. Sous médication, j’étais une zombie : j’existais, je fonctionnais, mais je ne ressentais rien. J’ai arrêté la médication quand j’ai voulu redevenir enceinte. Est-ce que j’allais mieux? Non, mais je ne voulais plus être dans un état de zombie permanent.

 

La naissance de mon fils devait être l’événement le plus heureux que j’avais vécu jusqu’à ce jour et on me l’a enlevé. À la place, j’ai eu une douleur avec laquelle je devrai vivre le reste de mes jours. Depuis ce moment, dès que quelque chose de bien m’arrive, j’ai peur qu’on me l’enlève sans avertissement et de manière sauvage comme ce fut le cas pour mon fils. Donc, je fais tout « foirer » moi-même de manière inconsciente. Je me mets à angoisser sur ce qui pourrait arriver, j’analyse beaucoup trop les choses afin de trouver la faille, je deviens anxieuse, ce qui engendre des disputes et des malaises. On va dire les choses comme elles sont : je suis ma pire ennemie! Je me fais du mal à moi-même pourquoi dans le fond? Pour des situations catastrophes qui ne se produiront jamais dans 99,99 % des cas.

 

J’ai longtemps hésité à reprendre des antidépresseurs même si j’en avais besoin. Pourquoi? Premièrement, je ne voulais pas revenir au stade d’être vivant fonctionnel sans aucune émotion et, deuxièmement, je ne voulais pas reprendre les 40 livres que j’avais prises avec cette médication. Vous allez dire que c’est futile comme raison. Peut-être. Mais quand on a déjà un surplus de poids important, 40 livres supplémentaires en raison d’une prise de médicament, c’est difficile à avaler comme pilule!

 

Il y a presque un an, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allée voir mon médecin de famille. Je prends à nouveau des antidépresseurs qui fonctionnent bien quand je n’oublie pas de les prendre. En discutant avec elle, elle m’a prescrit un médicament qui n’avait pas de prise de poids comme effet secondaire.

 

Il faut maintenant que je m’attaque à l’autosabotage de mon bonheur. Pour ça, il n’y a pas de pilule miracle malheureusement, juste beaucoup de travail à faire sur moi-même. Je sais que ce sera un travail de longue haleine et un combat quotidien pour moi. Ce n’est pas une bataille gagnée d’avance, mais je suis déterminée à dompter cette bête en moi. Elle ne me croit pas faite pour le bonheur, mais j’y ai droit moi aussi.

 

Au cours de la dernière année seulement, ce comportement a causé tellement de dégâts. J’ai gâché plein de beaux moments pour les gens que j’aime et je me suis aussi privée de plein de beaux moments. Il paraît que pour changer quelque chose dans notre quotidien, il faut le faire durant sept journées consécutives et après, ça devient une habitude. Je veux naïvement espérer pouvoir voir une différence en sept jours même si je sais pertinemment que ce sera plus long que cela!

 

Je termine ce texte en offrant mes plus sincères excuses aux gens que j’ai blessés par mes paroles ou mes actions au cours des dernières années. Aux personnes qui sont encore dans ma vie, je demande un peu de patience, le meilleur est à venir. J’en fais la promesse!

 

Annie St-Onge

 

Parentalité et écoanxiété

Je trouve ça difficile de lâcher prise sur la crise écologique ac

Je trouve ça difficile de lâcher prise sur la crise écologique actuelle. Les changements d’habitudes sont si lents et les conséquences annoncées sont si alarmantes, et malheureusement parfois déjà présentes. Je ne me suis pas mis la tête dans le sable, du moins je ne crois pas, mais il y a quelque temps, j’ai fait la paix avec mon angoisse, mon écoanxiété. C’était nécessaire, car ça commençait à prendre beaucoup de place dans ma tête.

Parce que j’étais en train de figer de peur et parce que c’est un enjeu collectif que je refuse de porter seule. Je suis sensible et j’avais l’impression de m’enliser dans du négatif.

Les réseaux sociaux n’aidant pas forcément, j’avais l’impression que tout le monde qui est déjà sensible à la cause se partage des articles citant plein d’experts qui nous confirment que ça va mal. Plein d’articles qui pèsent lourd au cœur quand tu es déjà sensibilisé et qui ne font qu’attirer la polarité dans la section des commentaires. Comme si tout était noir ou blanc, comme s’il n’y avait plus d’issue d’un côté et aucun problème de l’autre. Bref, je trouvais ça franchement décourageant. Démoralisant aussi parce qu’il n’y a pas que l’écologie, il y a aussi la guerre, les inégalités sociales, la faim dans le monde, la violence, les traumas personnels et collectifs, etc… etc…. etc.

J’ai donc décidé de faire un pas de recul et de me recentrer sur ce que je fais de plus important pour la Terre en ce moment : éduquer mes enfants avec tout mon amour.

Ça peut sembler naïf, mais j’ai vraiment la conviction que les enfants qui arrivent sur cette Terre ont tout à nous apprendre. Ils sont sensibles, près de leurs émotions et nous font tellement travailler sur nous-mêmes, si seulement nous sommes prêts à faire face à nos propres blessures. N’est‑ce pas la carence affective qui nous rend si vulnérables à l’égoïsme, à l’appât du gain, à la surconsommation? Je crois aussi que c’est ce mal de ne pas être aimé pour ce qu’on est qui pousse les humains à s’enrichir sur le dos des autres, à consommer leur peine et à être si profondément blessés qu’ils ne perdent jamais leur narcissisme malsain.

Je travaille fort pour être là pour mes enfants, pour ralentir le rythme, pour être disponible. C’est ce que je fais de plus grand en ce moment, créer une relation d’amour saine avec mes enfants pour qu’ils grandissent en étant fiers de qui ils sont. Pour que l’argent ne soit pas un but ou un synonyme de réussite. Pour qu’ils se sentent comblés de l’intérieur et non par le biais de la surconsommation. Pour qu’il ait reçu assez d’amour pour s’ouvrir aux autres, respecter les différences et se sentir concernés par l’importance du collectif. Chacun sa route, certes, mais nous sommes tous interreliés. Je souhaite que les consciences s’élèvent et qu’on puisse réaliser avec humilité la chance de vivre sur cette Terre.

Je n’oublie pas que je suis dans la surabondance nord-américaine et que cède à la surconsommation parfois. Je ne suis pas parfaite, mais je tends vers le meilleur. Je m’améliore chaque année et je le fais dans le plaisir. Pas par obligation, mais parce que ça fait du bien. C’est bon de se sentir bien chez soi, de créer des relations plutôt que de s’enfermer dans une surconsommation superficielle.

Tout ceci a encore plus de sens depuis que je suis mère. Comme si tout d’un coup, je réalisais toute l’importance de la lignée intergénérationnelle. Une envie profonde que les enfants de mes petits-enfants et ceux de tous puissent vivre plutôt que survivre. Et si jamais on fonce vers la fin de la vie humaine, je n’y peux rien de plus que ma démarche actuelle. Mon pouvoir à moi, c’est de rester connectée à mon humanité et de faire de mon mieux chaque jour pour aller vers l’essentiel en pleine conscience.

À mes enfants, si nous devons tout perdre, nous nous ajusterons. Si nous devons tout quitter pour mieux réapprendre à vivre, nous le ferons et si nous devons affronter l’adversité, nous le ferons. Nous y ferons face comme nous faisons face à tout : avec solidarité, amour et compassion. D’ici là, vivons simplement avec la reconnaissance énorme de s’avoir et d’être bien entourés.

Roxane Larocque

Quand l’anxiété vient s’installer dans ta vie

Quand tu penses que tu ne peux pas y arriver. Que tu n’as pas les

Quand tu penses que tu ne peux pas y arriver. Que tu n’as pas les capacités de surmonter les épreuves. Ça teinte ta vie de peur. Tu as peur de perdre tout ce que tu as. Non, pas le côté matériel, mais émotif. Tu as peur de voir tes parents partir, tu as peur que ton chum te quitte, tu imagines souvent le pire pour tes enfants. Tu as peur de mourir, donc tu as également peur de la maladie. L’anxiété qui est dans ta vie grimpe sans prévenir.

J’ai toujours pensé que j’étais une fille tout simplement peureuse. Peut-être un peu trop, mais je n’en ai jamais fait de cas. Je disais très souvent que j’étais moumoune. Un jour, après avoir consommé un mélange de hasch et de cannabis, j’ai fait un bad trip. Pourtant, ce n’était que la troisième fois de ma vie que je prenais de la drogue. J’avais 24 ans. Je ne considère pas que j’avais une dépendance, j’étais plus dans l’essai et l’expérimentation. Mais ces expériences ont déclenché quelque chose en moi.

À partir de ce jour‑là, les crises d’angoisse sont nées. Je dirais plutôt qu’un monstre est débarqué dans ma vie. Probablement que ce monstre était bien caché en moi, qu’il était prêt à surgir à tout moment. Il a attendu que je joue avec mes cellules pour exploser. Je n’aurai jamais la certitude que c’est la drogue qui a déclenché le tout, mais je la tiens tout de même responsable de cette explosion.

 

Si tu vis des crises toi aussi, tu vas comprendre le sentiment que l’on ressent. C’était épouvantable. J’avais l’impression de perdre mes repères quand une crise débarquait à la maison. J’avais l’impression qu’on m’étouffait. Qu’on venait prendre tout mon air et qu’on me le retirait, sans me le remettre. Mon cœur battait tellement fort! J’étais étourdie et engourdie. J’avais peur. Je croyais sincèrement mourir. Plus je croyais mourir, pires étaient les symptômes. Une nuit, j’ai réveillé mon chum en allumant la lumière à minuit et demi. Je lui disais que je faisais une crise de cœur. Heureusement, il m’a calmée et j’ai compris que c’était une crise d’angoisse.

Elle s’est présentée à ma porte plus d’une fois. Souvent, elle choisissait l’heure du dodo pour y cogner. J’ai commencé à reconnaitre les symptômes de sa présence : tête qui tourne, membres qui s’engourdissent, respiration accélérée. Grâce à mon détecteur de crise, je pouvais la colmater avant qu’elle produise un ravage.

Mes trucs étaient simples, mais ils fonctionnaient. J’ouvrais mon cellulaire, j’allais sur YouTube et je commençais à regarder des vidéos d’humour. Jérémy Demay n’est peut-être pas au courant, mais il a souvent assommé la crise d’angoisse. Je le remercie, sincèrement! Mais, ne croyez pas que c’était toujours aussi simple.

J’ai développé une peur d’avoir peur. La peur de la voir me regarder par la fenêtre. La peur d’être incapable de l’arrêter et qu’elle produise encore son effet dévastateur sur moi. J’ai pensé, pendant un long moment, que j’étais folle. Que ça empirerait et que je serais prise, en permanence, avec un cerveau qui délire. Que je serais celle qu’on fait interner. Si tu vis d’angoisse, tu comprends probablement tous les scénarios que je pouvais imaginer. J’aurais pu en écrire des films tellement il y avait des idées qui mijotaient dans ma tête.

Puis, petit à petit, j’ai compris que je faisais de l’angoisse. Que non, je ne suis pas folle. Que non, je ne suis pas juste une moumoune, mais que j’avais bel et bien une maladie mentale. Ok, ça fait big dit comme ça, mais l’angoisse fait partie de ce qu’on appelle un problème de santé mentale.

Récemment, j’ai commencé à consulter une psychothérapeute. Pas surprenant, elle m’a diagnostiqué un TAG. Qu’est-ce qu’un TAG? C’est un trouble d’anxiété généralisée. Pour le dire plus simplement, c’est avoir peur de tout ou presque. Heureusement, j’ai la chance d’avoir en moi ce besoin de foncer. C’est probablement ce qui me permet de vivre une vie plus « normale».

Avec la psychothérapeute, je réalise que je ne me crois pas assez forte pour affronter tout ce qui pourrait arriver de grave. Donc, je mêle anxiété et manque de confiance en mes capacités. Un beau petit cocktail! C’est ce qui fait en sorte que j’ai toujours peur que mon chum me quitte pour toutes sortes de raisons, que le jour où mes enfants font de la fièvre je m’imagine automatiquement qu’ils ont une maladie grave. Qu’un matin où les enfants dorment plus longtemps, je ne relaxe pas, mais j’imagine qu’ils ne respirent plus. Je pourrais remplir des tonnes de pages avec des exemples.

Quand je fouille dans mes souvenirs, je comprends un peu mieux pourquoi j’avais si peur la nuit, pourquoi je pensais toujours qu’il y aurait des voleurs. Je comprends aussi pourquoi je voulais toujours dormir avec mes parents. Dison que j’ai compris bien des comportements. Je suis contente, aujourd’hui, de mieux comprendre le pourquoi du pourquoi. Ça me permet d’améliorer les situations. Ça m’aide à relativiser la situation. À savoir que c’est juste l’angoisse qui parle et que NON, ce n’est pas un mauvais pressentiment que j’ai. Je sais maintenant que je ne suis pas folle et que je ne le deviendrai probablement pas. Je fais seulement de l’anxiété. J’ai saisi pourquoi je commence beaucoup de projets, mais que je lâche tout, dès que mon niveau de stress augmente. Je pars quand je n’en peux plus, quand l’anxiété est trop forte. C’est un cercle vicieux, mais maintenant, la roue est brisée et je saurai la faire tourner autrement.

Je suis contente d’avoir fait le choix de soigner ma santé mentale. C’est la meilleure chose que j’ai pu faire. Ça m’a sauvé la vie. Pourquoi j’ai choisi de consulter? C’est parce qu’un jour, j’ai eu la certitude que mon cerveau allait venir à bout de moi, qu’il allait me tuer.

Je ne suis plus seule ; ma psychothérapeute m’apporte des outils, des points de vue différents. Elle m’aide à voir dans mes angles morts des choses que je n’aurais jamais vues sans elle. Je sais que je devrai probablement côtoyer l’anxiété toute ma vie, mais je ne serai pas obligée de lui laisser toute la place. Elle ne prendra plus le contrôle de ma vie. Maintenant, je pourrai l’accueillir plus légèrement quand elle frappera à ma porte.

On pense parfois que l’anxiété est banale, mais elle ne l’est pas du tout. C’est un problème présent chez beaucoup de gens. L’anxiété apporte son lot de pensées noires, elle nous fait croire qu’on est fou, elle nous empêche d’être bien avec soi-même. Parfois, elle nous confine à la maison, car on a peur de sortir, on a peur de ce que les gens penseront de nous, on a peur de déplaire, peur de ne pas faire la bonne chose, alors on s’isole.

Si tu côtoies une personne qui, selon toi, est juste trop peureuse. Que tu crois qu’elle exagère, que ses pensées n’ont pas d’allure, s.v.p. ne lui dit pas de se calmer. Offre-lui tout simplement ton écoute, sans jugement. Dis-lui que tu seras là pour elle. Car, crois-moi, cette personne qui doit vivre chaque jour avec l’anxiété échangerait volontiers son cerveau contre celui d’une personne qui n’est pas comme elle.

Ne restez pas seule avec l’anxiété, consultez quelqu’un qui saura t’aider, te donner des trucs pour mieux vivre conjointement elle et toi.

Karine Larouche

Quand le vase a été recollé

Nous avons tous déjà vécu des hauts et des bas, c’est la vie. N

Nous avons tous déjà vécu des hauts et des bas, c’est la vie. Nous avons tous eu nos façons qui nous sont propres de nous sortir des mauvais moments. Parfois facilement, parfois avec difficulté. Nous nous en sommes sortis seuls, ou avec de l’aide… Nos proches, nos amoureux, des spécialistes. Nous sommes tous sortis différents de nos déboires. Parfois plus forts sur certains points mais, souvent, trop souvent avec des cicatrices qui nous pèsent parfois. Des fragilités.

En toute confidence, il y a plus de deux ans, je suis tombée, tombée d’une chute en latence de quelques années. J’étais restée en suspension, en équilibre fragile durant tellement longtemps, que j’ai perdu pied. J’ai souffert de maladie mentale, la dépression grave doublée d’un choc post-traumatique. Pour les raisons x-y-z, je me suis effondrée. J’ai suivi une thérapie, été médicamentée pendant plus d’une année. Un cocktail que j’avais toujours refusé d’envisager, ne croyant pas que ça m’aiderait vraiment, croyant pouvoir « m’en sortir » à tout coup. Mais cette fois‑ci, c’était la fin.

La fin de ma bataille, j’avais perdu.

La fin de mes ressources personnelles, j’étais épuisée.

La fin de certains rêves de force suprême, je me sentais faible.

La fin de mon courage, j’étais totalement apeurée.

Mais toute cette fin n’en était pas :

J’avais quitté la bataille, ne l’avais pas perdue, juste choisi de me retirer.

J’avais oublié que de l’aide existe, des ressources il y en a toujours.

Je n’avais pas manqué de force, j’avais été forte trop longtemps.

J’avais surpassé mes peurs, en m’arrêtant enfin.

Mais ça ne s’arrête pas là. Ça ne s’arrête jamais. Pas complètement. Nous apprenons à utiliser des outils qui nous aident à garder le contrôle, à surpasser l’obscurité, à rallumer les lumières.

Depuis, j’ai été sevrée de ma médication, avec succès. Mais j’ai en mon âme une cicatrice qui restera toujours ; j’apprends à vivre « avec » et non pas en la « combattant ». Ce vase qui est tombé au sol, les morceaux éparpillés qui ont été ramassés, recollés… parfois même « relookés » et solidifiés avec un vernis tout brillant. Reste que ce vase gardera toujours une certaine fragilité que les nouveaux vases n’ont pas.

J’avais écrit ailleurs, que « Je suis fragile, quoique dure. Comme l’argile sur ce mur ». Mon argile a été rassemblée avec un produit qui laisse des traces. L’une d’elles, c’est l’anxiété.

Je vais bien, vraiment. Ma vie est belle, malgré ses désagréments. Mais je porte désormais en moi ce mal. Je dis « mal », car ça blesse. L’orgueil, la fierté et autres sentiments connexes. Il existe plusieurs formes d’anxiété, de la bonne qui nous garde alertes et prêts à l’action. Puis il y a celle qui nous envahit de toute part, faisant trembler nos membres, nous étouffant, les larmes aux yeux, la sudation qui explose… et j’en passe.

J’apprends à vivre en essayant de faire de cette anxiété périodique mon alliée. Je ne peux pas la combattre, personne ne le peut. Je ne peux que l’accepter, vivre le moment, cinq minutes à la fois et avec le temps, elle marchera à mes côtés, plutôt que sur mon être.

J’aurais tellement à vous partager sur le sujet! Mais j’aimerais que VOUS, vous me partagiez vos outils.

À moi et à tous ceux et celles qui nous liront.

Comment faites-vous pour apprivoiser l’anxiété? Celle qui vous donne l’impression d’avoir envie de ne plus exister au moment où elle vous assiège. Celle qui vous donne la peur de vous briser à nouveau. La peur que cette colle qui a réuni vos petits et grands morceaux ne s’effrite pour ne laisser que les miettes à ramasser…?

Je termine en vous encourageant à demander de l’aide lorsque cela vous arrive. Il n’y a pas de honte à être HUMAIN.

Simplement, Ghislaine

Pas de mammouths à l’école!

Veille de rentrée scolaire, trois minutes après l'heure du coucher

Veille de rentrée scolaire, trois minutes après l’heure du coucher, moment propice par excellence pour que la machine à soucis s’emballe.

 

– Maman, je ne me sens pas bien, j’ai mal au ventre, j’sais pas ce que j’ai…

– Hum… genre des papillons dans l’estomac?

– Ouin…

– Des papillons féroces à grandes dents qui te dévorent l’intestin?

– Ouin…

– Ça ressemble étrangement à de la nervosité… La rentrée scolaire te stresse?

– Ben non voyons, j’aime ça, l’école!

– Même si tu aimes l’école, tu peux être nerveux. Une première journée, dans une nouvelle école en plus… Même les profs et les directeurs d’école ont des papillons la veille de la rentrée. Je t’ai déjà parlé des mammouths, hein?

Mes enfants connaissent l’histoire des mammouths, mais un petit rappel est parfois le bienvenu. En tant qu’abonnés aux ateliers de gestion de l’anxiété, nous avons entendu et raconté cette histoire plusieurs fois. En plus, ce n’est même pas de la fiction! Quoique je n’étais pas là à l’époque pour témoigner…

Il y a des milliers et des milliers d’années, les humains vivaient au milieu des mammouths. Quand ils voyaient une gang de mammouths courir vers eux, ils avaient trois choix :

– Qu’est-ce qui arrive si on s’écrase par terre en boule et qu’on fige devant une gang de mammouths?

– On se fait écraser. On devient une crêpe. Ce n’est pas une bonne solution.

– Parfois, figer et prendre le temps de réfléchir, c’est la meilleure solution. Mais pas devant une urgence mammouths. Le deuxième choix, c’était de se battre.

– Ben là maman, on n’est pas assez forts!

– En effet. Tu as beau avoir des super muscles, ton petit coup de poing sur le nez d’un mammouth ne t’amènera pas très loin. Même chose à l’école : si tu es fâché parce qu’un prof te donne une dictée ou parce qu’un plus petit t’a embêté, sortir tes poings et tes passes de karaté, ça ne t’aidera pas. Tu n’auras pas ce que tu veux. En plus, tu vas avoir des conséquences et tu risques de blesser quelqu’un. Enlève la violence de ton répertoire d’options.

– Et la troisième solution?

– Devant le danger, on peut aussi s’enfuir. Penses-tu que c’est une bonne solution face à des mammouths?

– Faut courir vite en titi, mais ça peut nous sauver.

– En effet. Mais courir vite, ce n’est pas la solution à tout. Si tu te sauves de l’école et que tu cours dans la rue, tu te mets en danger et tu inquiètes pas mal de monde.

– Mais si je m’éloigne pour me calmer ou parce que quelqu’un fait des bruits qui m’énervent, ça va.

Dans la vraie vie de maintenant, on peut parler, écouter, demander de l’aide. Les mammouths sont plutôt rares. Mais dans le temps, le corps humain devait permettre de figer, de frapper ou de s’enfuir. Pour ça, une grande partie du sang était subitement dirigée vers les pieds pour courir et vers les mains pour frapper.

Résultat : le cerveau et le bedon recevaient moins de sang et donc moins d’oxygène.

– Tu te souviens, quand je te dis de prendre des grandes respirations?

– L’air, c’est comme l’eau qu’on boit : ça aide à réfléchir et à se calmer le pompon.

– Si un jour, tu te fais courir après par un mammouth, tu ne prendras pas le temps de penser à toutes les options. Tu vas frapper, tu vas courir ou tu vas figer. Tout ton corps va réagir à l’urgence.

– Comme quand je me suis fait piquer par une guêpe.

– Voilà. Tu ne t’es pas demandé si la guêpe aurait mal ou si elle serait triste que tu la frappes. Tu as crié, tapé, couru. Après, on a pris le temps de réfléchir pour te soigner et pour enlever le nid de guêpes. À l’école, tu as le temps de respirer pour calmer ton cerveau. Ton instinct de survie peut relaxer.

Et le ventre, dans tout ça? En mode panique, notre digestion ralentit. Ce n’est pas la priorité. Si nos organes reçoivent moins de sang, ils font moins bien ce qu’ils ont à faire. Donc en état de stress, on peut avoir des crampes, un peu comme si des engrenages mal huilés essayaient de tourner dans l’estomac. On peut avoir de la difficulté à aller aux toilettes ou au contraire, avoir des selles liquides, parce que notre système ne réagit pas comme d’habitude. Dans ces cas, boire de l’eau, se reposer, respirer, être en contact avec la nature, recevoir des câlins, penser à des choses qui nous font du bien, ça aide beaucoup.

– Tiloup, merci de m’avoir dit que tu ne te sentais pas bien. C’est une excellente façon de faire taire le mammouth-papillon-à-grandes-dents qui essaie de te faire croire que tu es en danger.

P.S. Quelques minutes après le début de la première journée d’école, les papillons à grandes dents, les mammouths et les maux de ventre étaient portés disparus…

Nathalie Courcy

 

La phobie scolaire existe-t-elle vraiment?

Dans l’édition du 2 septembre 2019 de La Presse+, un tit

Dans l’édition du 2 septembre 2019 de La Presse+, un titre accrocheur : « Phobie scolaire — Quand l’enfant ne veut plus aller à l’école ». Une liste de symptômes : refus d’aller à l’école, maux de ventre, crises… On y cite la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Dre Christine Grou : « La pire chose à faire, c’est de l’évitement. » Donc il vaut mieux éviter de garder l’enfant à la maison et plutôt travailler avec l’équipe-école dans le but de le rassurer.

On peut dire que la neuropsychologue que nous avons consultée en 2014 pour le refus scolaire de notre fils suivait la ligne de parti cent milles à l’heure. « Voyons madame, c’est pas normal de ne pas aimer l’école. Le retirer de l’école, ce serait de l’évitement. Ce n’est pas comme ça qu’on arrive à surmonter nos peurs. »

Ben oui, j’ai lu les mêmes livres que vous sur l’anxiété. C’est assez simple. Je crois que j’ai compris le principe. On surmonte nos phobies en s’exposant graduellement à ce qui nous stresse. On gère notre peur, à chaque succès, un petit pas à la fois. On apprivoise le dentiste, l’avion, les araignées…

Mais l’école n’offrait rien de graduel à mon garçon de six ans, rien de rassurant. La seule option de mon coco était de plonger à 100 %, quotidiennement, dans un environnement inadapté qui le stressait. Il avait beau avoir des enseignantes en or qui voulaient l’aider et refusaient de l’abandonner… mais sa détresse était loin d’être prioritaire à côté du p’tit gars qui venait de faire évacuer l’école parce qu’il avait déclenché l’alarme d’incendie. Se tordre les mains, mourir à petit feu, ça ne dérange personne. Ça peut être bien sage et silencieux.

J’ai fait le pari d’écouter mon fils et d’envisager la possibilité que certains enfants trouvent leur compte à l’école alors que d’autres y sont misérables. Comme certains adultes adoreront être emballeurs à l’épicerie alors que d’autres préfèreront être chirurgiens, acteurs ou éleveurs de porcs… Il ne me viendrait pas à l’idée d’essayer de convaincre un plombier qu’il souffre d’une phobie irrationnelle en refusant de passer ses journées dans une porcherie. Alors pourquoi tout le monde traitait mon fils ainsi?

J’ai finalement accepté de le retirer de l’école, à sa demande, en deuxième année. Et vous savez quoi? À travers son expérience de scolarisation à domicile, mon fils s’est épanoui. Comme une fusée, son potentiel a explosé! Ses quatre années d’école-maison lui ont permis de développer une confiance en lui exceptionnelle. Et il a demandé à retourner à l’école pour y faire sa sixième année. Il est revenu, hier, de sa première journée d’école : convaincu qu’il a le meilleur professeur du monde et débordant d’enthousiasme devant cette aventure qu’il se sent prêt à entreprendre.

Oui, dans un monde idéal, l’école bénéficierait de ressources illimitées et conviendrait à tous les enfants. Ou mieux encore : dans un monde réellement fantastique, les enfants pourraient choisir d’aller à l’école ou non.

Elizabeth Gobeil Tremblay

Quand la crise d’anxiété prend le contrôle

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Ouf! Je vous jure que j’ai passé toute qu’une journée aujourd’hui. C’est le début des vacances de ma femme. Et je voulais faire des efforts pour débuter cette période en famille. Quoi de mieux, c’était la première journée du festival des montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu. Nous voulions faire plaisir aux enfants et croyez-moi, ils en ont eu du plaisir!

Dès mon arrivée sur le site, j’entendais la musique forte dans le stationnement. Je m’étais demandé si j’allais me boucher les oreilles comme d’habitude. Mais je me suis dit que je devais faire un effort. Que si ça ne marchait pas, je sortirais mes bouchons. Après tout, cette année j’avais Théra, ma chienne d’assistance avec moi.

Une fois arrivés sur le site, c’était vraiment bien. Pas beaucoup de gens, je me sentais bien et en sécurité. Plus le temps passait, plus j’étais fier de moi, car je n’avais pas utilisé mes bouchons.

Tout au long de l’après-midi, j’avais appliqué les dernières techniques d’enseignement avec Théra. Tout s’était passé à merveille car elle n’avait pas tiré sur sa laisse, etc.

Puis un moment donné, il était environ 18 : 15 et ma femme m’a fait une remarque que ça se voyait dans mon visage que j’avais l’air fatigué ou que quelque chose n’allait pas. Je lui ai répondu que je commençais à trouver qu’il y avait beaucoup de gens.

Les enfants et elle voulaient aller souper, alors nous nous sommes trouvé une table et je faisais le guet de la table pendant que ma femme était partie chercher de la nourriture.

Dans cette aire de restauration, il y en avait du monde! Pour moi, c’était épouvantable. Je sentais la pression monter à l’intérieur de moi. Lorsque quelqu’un passait en arrière de moi, je me tournais pour surveiller qu’il ne touche pas Théra. Un moment donné, une jeune femme est venue me voir et m’a demandé poliment si elle pouvait la caresser. Je lui ai rapidement répondu non brusquement. Elle n’était pas la première. Je commençais à perdre patience même si elle l’avait demandé parce que d’autres personnes ne l’avaient pas demandé pendant la journée.

Soudainement, une bande d’adolescents est venue s’installer tout près de moi sur un banc. Une adolescente s’est assise par terre à côté de Théra et a tendu la main. Je lui ai dit d’une manière très brusque : « Tu n’as pas le droit de faire cela car c’est un chien d’assistance. »

Les adolescents ne sont pas restés là plus que quinze minutes. Je crois que je les ai effrayés. Je n’arrêtais pas de les surveiller, pour ne pas qu’ils touchent à ma chienne, pour ne pas qu’ils touchent aux choses de ma famille. L’hypervigilance était embarquée en moi. Le militaire était revenu en moi. Mon esprit n’était plus à Saint-Jean-sur-Richelieu, mais à l’étranger encore une fois.

C’est ce qui arrive parfois quand je suis en présence de beaucoup de gens. Et surtout lorsque je sens que ceux que j’aime sont menacés, dont ma famille et Théra. Je développe de l’anxiété très grave parce que je ne veux par leur faire de mal. Autrement dit, j’ai peur de faire souffrir ceux que j’aime à cause de ma blessure. Mais j’ai aussi peur de blesser des gens. Peut-être difficile à comprendre pour certains d’entre vous, mais c’est ce que j’ai pu comprendre avec ma psychologue. Ça fait maintenant plus d’an que je la rencontre et je suis loin d’avoir terminé.

Mon fils est revenu à la table, puis ma fille par la suite avec sa nourriture. Soudainement, mon fils me dit qu’il avait envie d’aller au petit coin. Dans ma tête, c’était la catastrophe. Je ne pouvais pas laisser ma fille de dix ans seule à la table. Je ne pouvais pas non plus aller avec mon fils parce que je savais que je n’allais pas bien. La foule à traverser était trop dense pour se rendre aux toilettes. Quand même pas si pire que cela pour vous, mais pour moi, c’est beaucoup. J’ai demandé à mon fils s’il pouvait se retenir jusqu’au retour de maman, mais non, il ne pouvait pas. J’avais le goût de crier ou je ne sais pas quoi car j’étais désemparé. C’est alors que je lui ai dit de venir et que j’ai dit à ma fille :

Toi, tu ne bouges pas jusqu’à ce que je revienne et tu surveilles les choses. As-tu bien compris?

Elle m’a fait signe que oui en hochant la tête.

N’oubliez pas : à ce moment, mon esprit était en situation de guerre et je parlais à ma fille comme si elle était soldate. J’avais peur que tout lui arrive. J’avais peur de la laisser seule à cette table. Je n’étais plus à Saint-Jean-sur-Richelieu dans ma tête.

Puis j’ai quitté avec mon fils et Théra. J’étais tendu et crispé. J’essayais de contrôler mon fils, de le faire suivre en ligne droite comme un soldat car lui voulait passer partout à travers les gens. Théra s’est mise à tirer sur la laisse, elle sentait ma tension, elle savait que je n’allais pas bien.

Finalement de retour de mission à la table, ma fille était toujours là. J’étais soulagé de la voir, mais j’étais toujours en crise.

Une maman est venue s’assoir sur le banc à côté de nous avec sa fille et son garçon pour manger. Soudainement, son garçon d’environ douze ans a tendu la main pour caresser Théra. Moi, sur le pied d’alerte et en crise, je lui ai dit d’un ton assez fort : « Arrête! Tu n’as pas le droit de faire cela, c’est un chien d’assistance! »

Comme j’ai dit cela, la maman a essayé d’arrêter son fils, mais elle m’a dit que ce n’était pas nécessaire de parler aussi fort ou quelque chose du genre. Je ne me rappelle plus les mots exacts car j’étais en crise.

Pas longtemps après, ma femme est arrivée avec le reste de la nourriture. Je lui ai raconté l’incident.

J’ai attendu de revenir au calme et la maman du garçon était au téléphone. Dès qu’elle a terminé sa conversation, je lui ai dit :

« Madame, je veux tous simplement vous dire que je m’excuse d’avoir parlé brusquement à votre garçon. Il n’était pas le premier aujourd’hui. Je suis un ancien militaire atteint du trouble de stress post-traumatique. J’étais en crise de panique. Veuillez m’excuser s’il vous plaît. »

La maman n’avait rien contre moi et elle s’est même excusée. Ma femme a apprécié mon geste. J’ai expliqué à ma femme que je voulais que cette maman puisse me comprendre et comprendre la gravité qu’un geste aussi simple que caresser un animal peut causer.

Finalement, nous sommes retournés à la maison et j’étais épuisé de ma journée comme si je revenais au camp à l’étranger.

Voilà ce qui m’épuise beaucoup lors de mes sorties : le manque d’éducation face aux chiens d’assistance. La plupart des personnes qui s’approchent de Théra sont des adultes. N’oubliez pas que même parler à un chien d’assistance est une distraction. Beaucoup de gens le font avec Théra et cela m’épuise.

Je sais que Théra est très belle et attirante. Mais je suis curieux : si je faisais une sortie en chaise roulante, quelle serait votre interaction avec celle-ci?

Ayez du respect pour nous s’il vous plaît. Merci.

 

Carl Audet

 

 

Mon point Z

Il y a plusieurs années, j’ai reçu un diagnostic auquel je ne m

Il y a plusieurs années, j’ai reçu un diagnostic auquel je ne m’attendais pas. TAG : trouble d’anxiété généralisée. Je ne m’étais jamais perçue comme stressée de nature. J’avais toujours navigué au milieu des sessions d’examens de fin d’année, des compétitions provinciales, des entrevues d’embauche. Une solide préparation a toujours été ma clé. Ça n’évitait pas les papillons dans le ventre, mais je vivais plus l’excitation enthousiasmante que la nervosité malsaine.

Puis comme adulte, j’ai subi des attaques de panique. Pas le fun du tout. Mais temporaire. Et gérable.

Ce qui m’a tuée (ben… pas littéralement, puisque je vous écris), c’est le stress continu. Le métro-boulot-pas-de-dodo auquel on ajoute plusieurs crises d’enfants par jour, des rendez-vous de suivi, des échecs relationnels, des inquiétudes parentales normales (les coliques, la molaire qui fait souffrir, la première rentrée scolaire…) et les hors normes (celles qui font consulter, qui poussent à l’insomnie chronique et à la remise en question systématique).

Le corps et le cerveau sont bien faits, ils peuvent surmonter beaucoup de stress avant de péter au frette (s’cusez l’expression). Mais quand l’élastique lâche, on a beau le rattacher, c’est juste plus tendu et plus fragile.

Jusqu’à ce que.

Ma tolérance ne sera plus jamais la même. J’aurai toujours une sensibilité, un drapeau rouge qui lève plus rapidement que si j’avais vécu sur une île paradisiaque sans obligations financières, parentales ou professionnelles (euh… ça existe, ça pour le commun des mortels?). Mais je crois bien que j’ai trouvé mon point Z (vous êtes déçus, hein? Vous pensiez que le point G était rendu avec un jumeau?!).

Mon point Z, c’est mon point Zen. Ma zone centrée. L’espace mental dans lequel je me sens en sécurité. Ma conviction que je peux redevenir sereine même au milieu d’un tsunami émotif.

Après avoir frappé mon mur (celui de béton armé) et atteint le fond (du gouffre, parce que le baril n’était pas assez profond), j’ai trouvé la force de retendre mon élastique de stress pour qu’il devienne tendre au lieu d’être tendu. Ma méthode n’est pas infaillible, je suis encore bourrée de failles qui font mon charme (ou mon humanité), mais je profite de chaque occasion pour m’exercer à la zénitude et pour reconnaître mes progrès.

La semaine passée, par exemple. J’embarque dans l’autobus pour me rendre au travail à Gatineau, donc du côté québécois de la rive. Je lis, parce que c’est mon moment à moi de moi avec tout plein d’amour. Quand je lève les yeux de mon livre, on est rendus sur la rive ontarienne, à Ottawa… Oups! L’ancienne moi aurait paniqué, se serait traitée de tous les noms (imbécile, tarte, méchante épaisse, y’a ben juste toi pour être perdue de même… vous voyez? Beaucoup d’amour dirigé vers mon moi-même). Mais pas cette fois-là.

J’ai posé mon livre, je me suis demandé ce qui se passait (j’ai pris le 58 au lieu du 59), j’ai examiné mes possibilités pendant cinq secondes et je suis allée voir le conducteur. Puis, j’ai profité du fait qu’il devait me ramener au Québec pour continuer à lire en souriant. Résultat? Je suis quand même arrivée en avance au travail, avec ma fierté d’avoir une preuve que mon TAG va se promener de plus en plus loin de moi, de plus en plus souvent. En réalité, c’est moi qui l’envoie (se) promener.

Aujourd’hui, un autre exemple. Appel du camp de jour juste avant un rendez-vous important. Ça dérape chez les fistons. Montée d’adrénaline soudaine, le mal de tête de tension qui s’installe automatiquement. Au lieu de me flageller ou de tomber dans mes questionnements existentiels, je suis allée quelques minutes dans une salle de sérénité qu’on a fait installer au bureau. J’ai respiré au son d’une musique pour équilibrer les chakras. Puis je suis sortie, j’ai trouvé un arbre et je lui ai demandé de me donner sa force pour faire le reste de ma journée. Apaisement immédiat.

L’ancienne stressée que j’étais aurait rapporté tout son stress et sa fatigue mentale à la maison, aurait coléré contre ses enfants, en aurait voulu à Pierre-Jean-Jacques et à la vie. Mais non, pas ce soir. Régénérée, j’ai vécu une soirée apaisante et apaisée avec mes cocos. On a ri, on a joué, on s’est collés. Ça sentait la complicité à plein nez!

Je ne suis pas à l’abri d’un pétage d’élastique. Par contre, je repère les signes d’usure plus facilement et je m’autosoigne. Et par le fait même, j’enseigne à mes enfants qu’ils sont capables de gérer leur propre anxiété. Qu’ils peuvent l’accepter parce qu’elle existe, mais qu’ils ont surtout le pouvoir de refuser qu’elle prenne toute la place.

 

Nathalie Courcy

Ne pas oublier la règle numéro 4

Ça s’est passé samedi matin. Je m’étais levé tôt, pour fair

Ça s’est passé samedi matin. Je m’étais levé tôt, pour faire changement. Normalement, je n’ai pas beaucoup d’énergie et je dors beaucoup.

Je m’étais dit que j’allais faire un petit spécial pour aller dans un magasin à grande surface, tôt, au lieu d’y aller pendant la semaine.

J’ai commencé à paniquer à mon arrivée dans le stationnement. J’ai eu de la misère à me trouver un espace de stationnement et mon cœur battait à pleine vitesse. J’ai donc pris une pause à l’extérieur avant d’entrer. J’avais peur de faire face à beaucoup de gens une fois à l’intérieur.

Lorsque je me suis senti un peu plus calme, j’ai décidé d’entrer.

Règle numéro 1 : Ne pas trop regarder les gens.

Tout n’allait pas trop mal, mais mon champ de vision avait rétréci. Ma vision s’était embrouillée un peu.

Règle numéro 2 : Me concentrer sur ma mission.

Ma mission était d’acheter seulement ce dont j’avais besoin. J’avais une liste afin de me faciliter la vie.

Règle numéro 3 : Ne pas perdre de temps.

J’avais décidé d’accélérer le pas, même si je boitais un peu et que ma jambe gauche me faisait mal.

Règle numéro 4 : Prendre mon médicament de secours ou sortir.

J’ai toujours mon médicament de secours avec moi, à prendre en cas de perte de contrôle. Je n’en étais pas encore à ce point.

Ça se passait moyen et je tenais le coup. Les allées larges étaient presque vides et pas du tout achalandées. Dans des allées étroites, j’étouffe!

Boom! Attaque d’anxiété dans le coin des fruits et légumes! Dans ce département, il y avait plein de gens et j’avais de la misère à passer. Mon champ de vision a rétréci encore davantage. Mon rythme cardiaque a augmenté. Ma respiration est devenue de plus en plus rapide. J’essayais de prendre de bonnes respirations pour diminuer mon stress, mais soudainement, ça a commencé à me tirer à droite, dans le visage. Là, je le savais, mon visage allait commencer à devenir tout croche.

Alerte! Règle numéro 4. J’ai décidé de sortir. Donc je me suis dirigé vers la caisse avec la file d’attente la plus courte. Je n’avais même pas pris le temps de mettre ma tuque et mes gants pour sortir. Instantanément, une fois dehors, j’ai commencé à mieux respirer. Mon champ de vision s’est élargi et est devenu de plus en plus clair. La tension dans le côté droit de mon visage a diminué tranquillement. Sur le chemin du retour à la maison, tout allait mieux, mais je ressentais beaucoup de fatigue.

Je tenais vraiment à vous expliquer ce symptôme très sévère du TSPT. Il s’agit d’un signe physique à ne pas négliger si l’on souffre de cette blessure.

Carl Audet