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Soi-même parmi les jaloux – Texte : Arianne Bouchard

Quand j’étais plus jeune, comme beaucoup de jeunes filles, j’avais une faible estime de moi-mê

Quand j’étais plus jeune, comme beaucoup de jeunes filles, j’avais une faible estime de moi-même. Je me sentais différente, laide et mal aimée. Les commentaires récurrents visant à m’atteindre parvenaient à se frayer un chemin jusqu’à mon cœur, l’effritant chaque jour un peu plus. J’avais beau avoir des personnes exceptionnelles autour de moi qui m’aimaient, me trouvaient belle et qui appréciaient ma compagnie, c’est comme si dans la balance du bien et du mal, le mal l’emportait toujours. Je me sentais mal aimée, parce que je ne m’aimais pas moi-même.

Avec de l’expérience et du recul, si je pouvais serrer dans mes bras la plus jeune version de moi-même et lui parler, voici ce que je lui dirais humblement :

Ma chère enfant, tu es magnifique. Je ne dis pas cela uniquement parce que je suis une version plus âgée et améliorée de toi-même, mais plutôt parce que c’est une généralité : tous, nous sommes magnifiques, à notre façon. Tous, nous sommes beaux, puisque la beauté est dans les yeux de celui qui regarde. Même si certaines personnes ne te trouvent pas forcément attrayante, tu n’en restes pas moins belle aux yeux d’autres personnes. Il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier ! Tu n’as pas besoin d’être la plus belle. Tu n’as pas besoin d’être parfaite. Il y aura toujours quelqu’un pour te trouver parfaite avec toutes tes imperfections et qui t’en aimera que davantage. La perfection n’existe pas. Il faut que tu cesses de te mettre de la pression. Tu n’as nul besoin de revêtir ce masque platonique pour te conformer aux attentes inatteignables de la société. Sois toi-même, tout simplement.

Et puis personnellement, avec de l’expérience, j’ai adopté une nouvelle philosophie, que j’aurais dû, avec du recul, adopter plus tôt : je ne me lève pas le matin pour faire plaisir au monde ! En gros, l’avis et le regard des autres importent peu. Finalement, tout ce qui compte, c’est le regard que tu portes sur toi-même. S’aimer soi-même, c’est une histoire d’amour dont on est certain qu’elle dure toujours.

Les gens qui se moquent de tes différences, c’est ridicule. Tu es née unique, alors pourquoi mourir en pâle copie de quelqu’un d’autre ? Souvent ces gens sont les mêmes personnes qui te critiquent car ils voient en toi ce qu’ils ne seront jamais. Ils essaient de détruire ce qu’ils n’arriveront jamais à construire. Ils sont jaloux, envieux et puérils. Ne leur en veux pas pour autant et comprends plutôt que le problème vient d’eux et non de toi. La jalousie à petite dose est un manque d’amour et à plus grande dose, c’est probablement un manque de confiance en eux-mêmes. Il ne faut pas laisser ces personnes jalouses t’empêcher d’être qui tu es au fond de toi ni t’empêcher de faire ce que tu aimes. Continue d’être la meilleure version de toi-même, en constante amélioration.

Vis ta vie comme il te plaît, car de toute façon il y aura toujours quelqu’un pour te critiquer. L’être humain est ainsi fait, à toujours se croire meilleur que ceux qui l’entourent. C’est une fatalité !

Si les gens ne t’acceptent pas alors que tu essaies seulement de rester toi-même dans un monde de semblant, eh bien tant pis ! Les gens doivent t’aimer pour ce que tu es réellement et non pour ce qu’ils veulent que tu sois. Il y a sept milliards de personnes sur terre, il ne faut pas te laisser abattre par une pognée d’imbéciles. Leurs avis sont aussi importants qu’une goutte d’eau dans l’océan !

Tu te dois de continuer d’avancer avec la tête bien haute et tu ne dois surtout pas leur laisser voir l’emprise qu’ils ont sur toi. Il n’y a pas plus grande vengeance, pas plus grande victoire, que de les narguer avec ta force de caractère, en encaissant les coups et en te relevant toujours plus forte. Il ne faut pas baisser les bras. Les guêpes piquent toujours les plus belles fleurs, tu sais ! Tu es exceptionnelle et ils le savent. C’est exactement pour ça qu’ils te persécutent, pour essayer de ternir la lumière vive qui émane de toi, comme une étoile qui scintille plus fort que les autres dans l’immensité d’un ciel nocturne.

Tu dois les laisser faire. Il est inutile de riposter ou de chercher à se venger. Il n’y a que les faibles qui se vengent ! Les plus forts pardonnent et les plus heureux oublient tout simplement. Sois heureuse, sois forte et oublie-les. Comme chaque personne est auteur de sa propre vie, concentre-toi à l’écriture de ta propre histoire, toi qui aimes tant écrire. Nul besoin d’essayer d’arracher les fins heureuses aux autres. Crois-moi, les personnes de ce genre n’ont besoin de personne d’autre qu’elles-mêmes pour gâcher toutes leurs chances.

Finalement, je terminerais en te rappelant que l’amour de soi est l’amour qui compte le plus. Si tu ne t’aimes pas toi-même, cela se sent. Les autres pourront ressentir tes faiblesses et s’en servir à ton détriment. Il faut dégager de la puissance et de l’assurance pour attirer les bonnes personnes. Le parfum des doutes et des insécurités est toujours plus facile à détecter par le nez fin des détracteurs. De plus, tu comprendras rapidement que pour être capable d’aimer une autre personne, il faut d’abord être capable de s’aimer soi-même et comprendre ce qu’est réellement l’amour.

Et puis tu verras qu’en apprenant à te connaître, tu auras l’impression de t’aimer un peu moins, mais je t’assure qu’il suffit d’apprendre à connaître les autres pour t’aimer toujours un peu plus…

Arianne Bouchard

La parole tue à petit feu, mais elle fleurit aussi après la pluie – Texte : Eva Staire

Je vais commencer ce texte par un souhaite très fort, le souhait de donner l’espoir qu’il peut

Je vais commencer ce texte par un souhaite très fort, le souhait de donner l’espoir qu’il peut réellement avoir une lueur au bout d’un fucking long tunnel. Je n’aurai pas la langue dans ma poche. Ça va être cru par moments, mais c’est promis, la pluie éteint le feu.

  • Habille-toi, mets-toi une veste. Si tu te fais violer, ce ne sera pas de ma faute.
  • As-tu vu la paire de boules qu’elle a pour son âge ?

Je n’étais qu’une enfant lorsque j’entendais ces phrases à mon égard.

  • Tu es tellement laide et grosse, parle-moi pas !
  • Viens ici, j’ai besoin d’un étui à crayon pour mon stylo, dit-il en le mettant entre mes seins.
  • Est-ce que je peux monter le mont Everest ?
  • Tiens, une paire de ciseaux, ça va être plus facile pour te couper les veines.

J’avais 12-13 ans lorsque les jeunes de mon âge me criaient ses paroles lourdes de conséquences.

J’ai longtemps cru que les gens avaient raison. J’essayais d’être discrète en leur présence pour ne pas les déranger. Difficile d’être discrète avec ma shape. C’est ce que je me disais. Ils avaient tous réussi à jouer dans ma tête. Je n’arrivais plus à voir des ciseaux sans penser à faire glisser la lame sur mon poignet. Me préparer pour l’école était interminable. Je me changeais pas moins de dix fois avant de choisir comment j’allais m’habiller. « Ah non, trop décolleté, trop moulant, trop coloré… » Je me demandais toujours ce que les autres allaient penser de moi. L’intimidation peut être invisible à l’œil nu, mais n’est pas pour autant indolore pour la personne qui la subit.

À l’âge de 13 ans, j’ai eu la chance de rencontrer un garçon merveilleux. La phrase qu’il aimait me répéter régulièrement c’est « On s’en fout des autres ». J’ai pris du temps pour vraiment assimiler ses mots, mais cette phrase a fini par résonner très fort en moi. Enfin des paroles qui fleurissent et non qui m’affaiblissent.

Encore aujourd’hui, dix ans plus tard, il lui arrive de devoir me rappeler de m’en foutre. Je ne suis pas guérie de toutes les blessures qui m’ont été infligées, mais il y a plusieurs cicatrices qui me rappellent d’où je viens. J’ai appris à respecter la femme que je deviens et à choisir ceux qui méritent de jouer un rôle dans ma vie.  C’est lorsque je regarde mes trois enfants dans les yeux que je vois de la lumière. Oui, oui, d’la lumière au bout du tunnel. Ce tunnel que j’ai finalement réussi à traverser en gardant mon souffle beaucoup trop longtemps. Je respire enfin la liberté et je commence à fleurir.

Et toi, en quelle fleur souhaites-tu grandir ?

Eva Staire

Merci mes amis — Texte : Arianne Bouchard

Je suis une personne de nature solitaire. Je n’ai que très peu de gens que je considère véritab

Je suis une personne de nature solitaire. Je n’ai que très peu de gens que je considère véritablement comme des amis, mais tous sont exceptionnels. Ce genre de relation spéciale où nous ne nous voyons pas sur une base régulière, mais que chaque fois, c’était comme si on ne s’était jamais quittés.

Je ne considère pas que je suis une personne facile. Je suis vraiment intense, dans tout ce que je fais, mais surtout au niveau émotionnel. Quand je pleure, il y aurait suffisamment de larmes pour irriguer tout un fleuve, quand je ris, il y aurait suffisamment de chaleur pour réchauffer le cœur de tout un village et quand je suis en amour, c’est par-dessus la tête, par-dessus les montagnes, bref, par-dessus TOUTE. Et malgré tout, mes amis sont toujours là et ils m’aiment pareil. C’est curieux ? Non. C’est merveilleux.

Ces gens que j’appelle « amis » se soucient suffisamment de moi pour me dire la vérité en toute circonstance. En plus de me dire quand j’ai de la salade entre les dents, que je suis mal habillée ou que mon rouge à lèvres déborde, ils n’hésitent jamais à me faire des commentaires constructifs sur ma propre personne et je les en remercie. Il n’y a pas mieux que de se faire critiquer avec amour pour apprendre à s’améliorer et devenir chaque jour une meilleure personne. Merci, de m’aider à devenir une meilleure version de moi-même !

Enfant, j’avais plein d’amis. Avec le temps, avec la maturité devrais-je dire, j’ai appris que les amis ne sont pas que des personnes avec qui on s’entend bien et que l’on connait. L’amitié, c’est au-delà de tout cela. C’est un sentiment réciproque d’affection, de sympathie qui ne se fonde ni sur la parenté ni sur une attirance physique. Ben oui, je l’ai cherché dans le dictionnaire ! Un ami, c’est comme le frère ou la sœur que tu n’as jamais eu, ou que si comme moi t’as pleins de frères et sœurs, la version parfaite du frère ou de la sœur que t’aurais aimé avoir. Ne vous méprenez pas, je ne changerais mes frères et sœurs pour rien au monde, disons simplement que mes amis sont un bonus, comme une extension de ma famille.

J’ai aussi compris avec l’âge, l’essentiel pour une bonne relation d’amitié : la règle des 3 C : Confiance, Complicité et Conneries.

Pour qu’une relation d’amitié fonctionne, il faut se faire confiance mutuellement. Sans nécessairement TOUT se dire, il faut être capable de ne pas se mentir et se dire les vraies affaires, quand il le faut. Cela inclut notamment, mais non limitativement, de dire à ta meilleure amie quand tu penses qu’elle mérite mieux que son nouveau chum, qui s’attarde plus à ses fesses qu’à la traiter comme une princesse.

Il faut également être complices. Pas nécessairement des partenaires de crimes au sens littéral comme Thelma et Louise, non. Être complices, c’est avancer ensemble et s’entraider. Je tombe, tu me relèves et tu tombes, je te relève, non pas sans avoir ri un peu au passage.

Il faut aussi des conneries et au sens large du terme. Des conneries, comme quand à trois heures du matin, bien arrosés de Tequila, vous décidez de faire des prank call comme des enfants de la petite école ou que vous vous partagez des insides vaseuses et que les gens aux alentours ne comprennent pas pourquoi vous êtes pliés en deux pis en quatre à rire aux larmes. Les conneries, ça comprend aussi appeler son ex, pendant cette même soirée arrosée de Tequila et avoir ton ami à tes côtés qui est là pour ramasser les petits bouts de ton cœur brisé. Les conneries, c’est toujours un peu stupide, mais pas toujours agréable.

Mes amis, merci d’être ces personnes incroyables qui me soutiennent quand le monde s’écroule autour de moi. Merci d’être plus que des ombres dans ma vie, et d’être là dans la noirceur comme dans la lumière. Merci de doubler mes joies et de réduire mes peines de moitié. Merci de me laisser me plaindre, faire de longs monologues et de toujours être là quand même. Merci de ne pas partir en courant quand vous me voyez arriver avec la charrue avant les bœufs avec mes idées. Merci de me laisser me confier. Merci d’être dignes de confiance.

Le temps m’aura, certes, fait perdre des amis, mais il m’aura montré qui sont les vrais. Comme j’aime à vous le dire sans cesse, vous êtes mes étoiles. Je ne vous vois peut-être pas toujours, mais je sais que vous êtes là.

Je ne suis peut-être pas riche littéralement parlant, pourtant j’ai l’impression de l’être, car j’ai des amis en or.

Arianne Bouchard

Croire en une confiance oubliée – Texte: Shanie Laframboise

La chance de se faire détruire, nous l’avons tous déjà volontairemen

La chance de se faire détruire, nous l’avons tous déjà volontairement prise en osant offrir à certaines personnes l’accès à l’arme la plus puissante que l’on possède : notre confiance. Peut-être n’ont-elles aucune intention de s’en servir, mais notre cœur affligé nous rappelle la souffrance de notre corps qui nous est revenu trop souvent brisé. Et puis, nous avons conscience qu’il est fort possible qu’elles nous blessent encore, par accident, comme un vase fragile perdant toute valeur une fois tombé et dont on ne tarde pas à se débarrasser. 

On l’apprivoise pas à pas, on donne notre confiance goutte à goutte, mais il ne suffit que d’un faux pas pour la perdre par litres. Par peur de faner telle une fleur si fragile qui ne repoussera pas perpétuellement, on se console en se disant qu’il vaut mieux vivre dans l’indépendance pour dissimuler la réalité de notre crainte d’accorder cette confiance. Il nous est donc plus facile de nous masquer la vérité pour nous protéger d’être une fois de plus atterré en un claquement de doigt par une déchirure qui perdure. Une fois que le mal est fait, alors que ceux qui la méritaient le moins en ont abusé, nous refusons trop souvent notre confiance à ceux qui la méritent le plus. Nous nous mentons à nous-mêmes en évitant nos besoins de croire et d’être compris, par peur d’offrir ce que nous possédons de plus intime : l’accès à notre cœur. 

C’est vrai, parfois, la peur d’investir dans la déception s’estompe et on retrouve l’espoir de pouvoir croire. On croit qu’elle peut durer, on croit qu’elle peut nous accompagner ainsi qu’elle peut nous relever, et ce, jusqu’à tant qu’on retombe les pieds sur terre et qu’on se rappelle que la confiance est éphémère. Elle réussit à nous faire espérer, jusqu’au moment où on se la fait enlever par le temps qui la fait filer entre nos doigts. Parce qu’on la souhaite plus que temporaire, on tente d’agripper de toutes nos forces le mince fil la retenant, celui qu’on voit glisser et qu’on sent nous échapper, jusqu’à ce qu’on le brise plutôt qu’il soit. 

Parce que toute cette dite confiance se change en méfiance, on cohabite avec le vide de notre solitude en essayant de se relever d’une chute dont on n’aurait jamais envisagé la possibilité. Il nous semble parfois plus facile de s’éloigner et de se détacher des autres que de devoir assumer des décisions sur lesquelles on n’a pas de contrôle et qui nous donnent l’impression de tomber dans le vide sans savoir où nous allons atterrir. Cessons de nous cacher le fait qu’il nous est plus facile de crier haut et fort notre solidarité et de nous répéter que tout va bien aller, alors qu’au fond nous cherchons à fuir l’évidence de nos vies isolées. À quoi bon se mentir à soi-même en tentant de se convaincre qu’on vit ensemble dans l’humilité, alors qu’on arrive à peine à distinguer notre authenticité et qu’on vit tous repliés faute de se sentir incompris ? Rendons-nous à l’évidence qu’à la place d’affronter nos souffrances, on s’étourdit sans prendre le temps de s’arrêter pour réaliser que nous passons à côté de la possibilité de se libérer de ce papier que l’on tente de défroisser. À force de vouloir se protéger pour éviter d’exposer notre vulnérabilité, on n’a plus personne à qui se confier pour guérir la honte et la culpabilité de notre château de cartes qui s’est écroulé. Parce que c’est l’une des rares choses qui n’a pas de valeur monétaire, on n’a plus le temps et la patience à lui consacrer. Et si, au fond, c’était l’investissement le plus profitable ?  

Le risque de remettre l’entièreté de ce que l’on est entre les mains qui se tendent à nous est difficile à accepter, mais personne ne cherche à cesser de vivre par peur de mourir, alors pourquoi cesser de s’ouvrir par peur de souffrir? Le moment où nous oserons nous révéler sincèrement et en toute intégrité sera fort probablement celui où naîtront les plus belles confidences créant des liens d’une inexprimable puissance. On n’a pas à ouvrir le ventre du mystère pour essayer de deviner où cela va nous mener et pour réaliser que c’est cette simple beauté qui nous fera redécouvrir le bien-être que l’on a oublié. 

 

Shanie Laframboise 

Montagnes russes matinales

Je sais, je suis au courant, avoir un toit sur la tête et des paren

Je sais, je suis au courant, avoir un toit sur la tête et des parents aimants, c’est la base pour les enfants. C’est leur sécurité, leur petit monde. C’est rassurant et ils peuvent être eux-mêmes en tout temps. Énergiques, anxieux, tristes et en colère. Drôles, turbulents, colleux ou distants. Oui, je sais tout ça.

Mais à un certain âge, c’est comme si le cerveau de nos ados pouvait changer d’émotion en quelques minutes. Je vous le jure que c’est possible. Au début, ça m’a prise par surprise! Une blague, une niaiserie ou un délire qui était super drôle la veille était devenu TELLEMENT niaiseux le lendemain… Pouvez-vous m’expliquer ce qui s’est passé entre hier et aujourd’hui? Mes niaiseries ont perdu de la valeur en une nuit?

Alors ce matin, l’impolitesse et l’air bête de ma grande étaient au rendez-vous. Habituée à ces montagnes russes matinales, je gardais mon calme et je gérais la routine du matin comme une Ninja, en esquivant les yeux dans les airs, les soupirs, les remarques plates et le chialage entre sœurs à grands coups de grandes respirations.

Nous voilà dans la voiture, en route pour l’école, et j’ai joué le tout pour le tout. J’ai essayé de lui parler, de lui expliquer ou plutôt, de lui faire prendre conscience de son air matinal vraiment pas agréable.

« J’espère que tu n’auras pas cet air‑là avec tes amies! Pauvres eux! »

« Ben là, franchement, j’ai pas cet air‑là avec mes amies… »

C’est à ce moment que j’ai compris que j’étais la chanceuse, la privilégiée, qui avait droit à son air bête de temps en temps. Et c’est aussi ce matin‑là que j’ai réalisé que nos enfants se donnent le droit de vivre leurs émotions à la maison avec ceux en qui ils ont confiance.

Nos enfants se sentent en sécurité et ils savent qu’ils peuvent être de mauvaise humeur de temps en temps sans se faire rejeter. Bon, c’est certain qu’une petite discussion occasionnelle sur le fait que je suis quand même sa mère et qu’un sourire, ça fait du bien, va s’imposer. Mais au moins, je sais maintenant que mes enfants sont à l’aise d’avoir l’air bête.

Valérie Grenier

 

Le secret maudit (version soft de « Le maudit secret »)

- Chut! Mamie arrive demain pour la fête de ta sœur. Il ne faut pas le dire, c’est une surprise!

– Chut! Mamie arrive demain pour la fête de ta sœur. Il ne faut pas le dire, c’est une surprise!

Ça, c’est un beau secret. Un secret qui fait du bien. Un secret qui fait sourire le cœur. L’enfant qui le reçoit aura toute la misère du monde à le garder pour lui tout seul parce qu’il sait que les personnes concernées adoreraient vivre cette surprise tout de suite. Une telle bonne nouvelle, ça se partage!

Ça, c’est un secret qui donne le goût de danser et de courir vers l’autre.

– Chut! Ne dis jamais à personne ce qui vient de se passer. Si tu le dis…

Ça, c’est un secret maudit. Un maudit secret rempli de caca qui pue. C’est un secret qui traumatise le cœur, qui le fait brailler en cachette jusqu’à la fin des temps, que le secret trouve son chemin ou non vers une oreille accueillante.

L’enfant qui le reçoit aura toute la misère du monde à décider s’il doit le cacher de tous ou s’il peut oser le déposer dans le cœur d’une personne aimante et protectrice. La honte, la peur de trahir l’initiateur du secret ou de trahir sa propre personne. C’est un secret qui donne le goût de mourir par en dedans, de s’enfuir de soi, de s’isoler. C’est un secret qui donne la nausée.

Chaque enfant (chaque adolescent aussi… une petite piqûre de rappel est nécessaire à l’occasion) devrait apprendre la différence entre les secrets qui font du bien et ceux qui tuent. La main qui touche les fesses innocentes et la main qui s’élève sous le coup de l’alcool et de la colère ne doivent pas être protégées par le silence et la solitude. La menace n’a pas sa place, qu’elle existe en mots ou en gestes.

Chaque parent, chaque adulte de confiance devrait trouver les mots et le moment pour faire comprendre aux enfants qu’ils doivent apprendre à connaître et à écouter la petite voix en eux. Celle qui leur dit de crier, de refuser le secret, de trouver LA personne de confiance qui prendra soin de l’enfant et du secret qu’il s’est fait imposer. Celle qui leur dit « Non, ce n’est pas ta faute. » Et chaque adulte qui reçoit la confidence d’un maudit secret devrait croire l’enfant qui a osé vivre dans la vérité et défier le manipulateur.

Nathalie Courcy

Toi, Lui et Elle

Quelqu’un a déjà dit : pourquoi se méfie-t-on des inconnus alo

Quelqu’un a déjà dit : pourquoi se méfie-t-on des inconnus alors que tous ceux qui nous ont fait mal un jour, on les connaissait ?

Quand un bon matin, Elle a fait son entrée dans votre vie, ton anxiété a atteint des niveaux record. Tu avais déjà été tellement blessée et rapiécée que cette fois, tu ne voulais pas te tromper. Tu ne savais plus de qui ou de quoi te méfier. Pour déjouer la peur qui te rongeait, tu as choisi de te méfier de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle.

Tu as calmé tes craintes et ta panique à grands coups de citations Pinterest et de respiration trop longues. Tu as profité de ton temps dans la douche pour verser en paix les larmes d’angoisse que tu refoulais. Tu as fait des détours en voiture pour écouter sur repeat des chansons qui te déchiraient le cœur, mais qui te faisaient du bien en même temps. Tu as fait tout ce que tu as pu pour te méfier de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle.

Tu as avalé ses paroles à Lui comme une pilule de travers et les siennes à Elle se coinçaient au travers de la gorge comme la boule d’émotions que tu vivais jour après jour par en dedans. Tu voulais tellement te méfier de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle.

Tu as vu défiler les changements impromptus de mot de passe, ses regards paniqués, les bonnes excuses, ses compliments pour toi, et tu as deviné ceux pour Elle, les mensonges, ses élans d’amour pour toi, ses élans de je ne sais quoi pour Elle, leur belle amitié, tes questions et ses bonnes réponses à Lui, tes questions et ses belles menteries à Elle, son assurance, ta déchéance. Tu as prié d’avoir raison de te méfier de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle.

Tu as survécu à ces jours où tu te voyais dans le rôle que personne ne veut camper. Tu as mis le pilote automatique et tu as laissé ta vie se conduire toute seule sur une route cahoteuse en pleine averse. Tu as essayé d’ignorer le risque d’aquaplanage parce que tu voulais donc lui faire confiance à Lui, à la vie. Et tu t’es méfiée de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle.

Quand tu as finalement heurté le mur que tu avais vu venir mais choisi d’ignorer… tu étais complètement seule, mais les dommages, eux, étaient collatéraux. Tu ne savais plus à qui la faute. Ta confiance n’avait plus de roue de secours et ta tête était une perte totale, ton cœur, lui, avait simplement déserté. Tu n’avais finalement rien compris au dicton. Une fois de plus, tu ne t’étais pas méfiée de la bonne personne. Tu t’étais méfiée de toi-même et non de Lui. Ou d’Elle…

Quand tout ton corps frissonne de peur, de craintes et d’angoisses, écoute‑toi.

Quand ta tête te répète une mise en garde tel un mantra et que tu t’efforces de l’ignorer, questionne‑toi.

Quand ton cœur est affaibli de trop de blessures et que tu veux juste arrêter d’avoir mal, aime‑toi.

Quand tu ne sais plus à qui faire confiance parce que tu n’en connais plus le sens, choisis‑toi.

Quand tu penses que la vie, l’amour, l’amitié et tout ce qui fait que vivre est supportable n’est pas pour toi, confie‑toi.

Ou viens vers moi et je l’écrirai pour toi. Pour nous.

Mais surtout pour Lui.

Et beaucoup pour Elle.

Karine Arseneault

Chercher le sens : le quotidien d’une psychologue pour enfant

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Vous défilez dans mon bureau chaque semaine. Je vous accompagne pour des motifs variés : anxiété, dépression, idéations suicidaires, trouble alimentaire et j’en passe. Vous avez 4 ans, 8 ans, 13 ans, 16 ans, peu importe, je vous rencontre et je vous écoute. C’est mon travail, je suis psychologue. Bien souvent, vous ne savez pas trop ce que c’est mon métier. Vous arrivez avec vos doutes, vos craintes, vos défenses. Pour certains, c’est une première, pour d’autres je surviens après une longue liste de professionnels rencontrés, de diagnostics émis, de médications essayées. Mes collègues vous voient, vous saluent, mais ne connaissent pas votre histoire. Vous avez l’air rieur, confiant, arrogant; pourtant, quand la porte de mon bureau se ferme, c’est toute votre souffrance qui prend la place. Plus le temps avance et plus vous êtes à l’aise. Ça prend quelques minutes pour certains, des mois pour d’autres, mais nous réussissons toujours à bâtir une relation de confiance. Je vous trouve courageux, brillant et pertinent.

 

Ce que je fais avec vous est simple et complexe à la fois : nous cherchons le sens. Chercher le sens, ça veut dire voir au-delà du symptôme. Ça veut dire que vous n’êtes pas fou, votre corps, vos comportements et vos paroles livrent le message d’un mal‑être beaucoup plus profond. Ce qui est merveilleux, c’est qu’en le trouvant, en le nommant et en le pansant, les symptômes s’atténuent, puis disparaissent. lls n’ont plus lieux d’être. Il ne s’agit pas de mauvais symptômes à dresser, contrôler ou faire disparaître, au contraire, ce sont les alliés de votre santé mentale. Vos crises de panique, d’angoisse, de rage, elles nous permettent de comprendre le sens de votre souffrance, le sous ‑texte de votre vie que vous n’arrivez pas à mettre en mots ou encore pire, qui a été mis en mots, mais ignoré et qui ressort en maux. Je ne suis pas l’experte qui vous aide, j’ai autant besoin de vous que l’inverse, car sans votre confiance et vos confidences, je ne comprends pas plus que vous ce qui vous arrive. C’est vous les experts de votre système; je possède les connaissances, vous possédez la réalité de votre quotidien et ensemble, on co-construit un espace de réflexion, d’écoute puis de changement.

 

Parfois, je me sens mal de tout ce qu’on vous demande, nous comme société. Je trouve, en effet, qu’on vous demande d’être dans la norme dès votre arrivée dans le ventre de votre mère. Ni trop gros, ni trop petit, préférablement avec le bon nombre de chromosomes. Même chose à votre arrivée au monde : il faudrait idéalement boire aux quatre heures, ne pas trop perdre de poids et le reprendre bien vite. Dormir seul à quatre mois, être propre rapidement, être sociable, bien vous intégrer à la garderie et à notre rythme de fou. Et hop, vous voilà rendu à l’école où, là aussi, il y a beaucoup de consignes et peu de place pour la différence. Apparemment, vous êtes plus royal qu’avant. Personnellement, ça ne m’inquiète pas, ça me rassure. Parce que oui, il n’y a pas si longtemps, tout le monde écoutait à l’école et personne ne remettait en question l’autorité parentale, mais pour quelle raison? Par peur? Parce que les émotions, ce n’était pas si important? Parce que la petite sœur au couvent pouvait donner un coup de règle? Je vois là le symptôme d’une génération à qui on apporte plus de soin, une génération qui nous crie nos imperfections. Je vois là une occasion de grandir, d’échanger, de nous écouter. Je vois là des enfants qui étouffent dans des cases rigides où le temps va trop vite et où la peur est au cœur des relations et des décisions. Mais s’il arrivait ceci ou cela? Mais si à l’adolescence, ça empirait? Mais si on laisse faire ça, qu’est‑ce qui arrivera ensuite? Avec nos peurs, nous perdons de vue l’essentiel : votre capacité à vous adapter et à changer si seulement on vous accueille et on vous encadre. Oui, il en faut des règles, un cadre, des limites, sans elles vous êtes perdu, sans elle vous allez trop loin et vous vous perdez de vue. C’est pour cela que la relation est importante, la réciprocité, l’échange, ce regard bienveillant qui apporte le réconfort et qui enseigne sans brimer.

 

 Merci de votre authenticité, merci de nous rappeler les failles de notre société, merci de nous faire réfléchir et grandir. J’espère que vous avez, sur votre chemin, des adultes significatifs qui croient en vous pour ce que vous êtes et non ce que vous faites : un père, une mère, un enseignant, un oncle, des grands-parents, peu importe, quelqu’un qui ne veut pas vous changer, qui prend le temps de vous écouter et de vous souligner ce qui vous rend unique. Et s’il faut aller voir un professionnel, je vous souhaite qu’il soit disponible et ouvert, qu’il vous fasse sentir bien et qu’il cherche avec vous à faire émerger votre identité dans ce qu’elle a de plus authentique. Votre potentiel est immense lorsque vous êtes bien accompagné.

 

Roxane Larocque

Mes larmes de mère

Elles coulent sur mes joues, salées et amères… mes larmes de mè

Elles coulent sur mes joues, salées et amères… mes larmes de mère. Mes yeux se noient. Me souffle est saccadé. Mon cœur est déchiré. Ton détachement me fait mal, mon enfant. Ta désinvolture me rentre dans le corps. Ton dégoût de moi assombrit mon âme.

Je pleure. Je pleure ton indifférence, je pleure ton ingratitude, je pleure mon échec. Je me sens si mauvaise mère. Bien loin de la maman bienveillante et sereine, je suis dévastée. Je te regarde grandir et t’éloigner. Je suis fatiguée d’avoir l’impression de te déranger dès que je t’adresse la parole, d’avoir peur de me brûler dès que je te frôle…

Je me souviens de mon adolescence tumultueuse et de la haine que je ressentais envers mes parents. Je suis si triste, car je pensais que toi et moi, nous serions au-dessus de ça.

Je ne peux m’empêcher de te répondre et les hurlements fusent dans la maison. Je fuis ce domicile où je me sens de trop. J’ai de la misère à respirer dans ma propre demeure. J’étouffe.

On parle sans arrêt de la détresse des ados, mais le désarroi des parents, on le cache. Je souffre chaque jour en silence. Alors parfois, j’explose. Je laisse les cris et les larmes sortir de moi. Mon corps est secoué par cette colère. Je ne suis pas faite pour ça. Je ne suis pas bonne. Ma confiance en moi est ébranlée. Quel exemple suis-je pour toi? Comment peux-tu te sentir entouré et accompagné avec une mère comme ça?

Que de culpabilité je porte en moi…

Puis, doucement, sans faire de bruit, m’entourant de tes bras réconfortants, tu viens coller mon visage sur ton cœur. Je le sens cogner fort dans ta poitrine. Ta main caresse mes cheveux. Mes larmes coulent de plus belle. Mon esprit devient un peu plus léger.

Nous restons ainsi en silence. Nous savons que nous allons parler. Mais pour l’instant, nous avons besoin de pleurer. Pleurer notre détresse. Pleurer notre amour. Pleurer cette trêve. Vider ce mal.

Je ne suis pas la maman parfaite que j’aurais aimé être, mon enfant. Je suis humaine. Je fais de mon mieux et mon cœur explose d’amour pour toi. Je nous souhaite des tonnes de merveilleux moments avant que tu t’en ailles mener ta barque. Je nous souhaite de nous comprendre et de nous respecter. Je nous souhaite de nous haïr encore pour mieux nous aimer. Je nous souhaite d’apprendre à nous comprendre et d’arriver à vivre encore un peu ensemble.

Je te berçais quand tu étais bébé. Maintenant, c’est à mon tour de me laisser réconforter.

Je suis là, tu sais.

Je serai toujours là pour toi.

 

Gwendoline Duchaine

La petite gardienne

Tu sais, faire garder mes enfants, j’y ai souvent pensé.

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Tu sais, faire garder mes enfants, j’y ai souvent pensé.

Soit pour des petites sorties d’amoureux ou pour des rencontres entre amies lorsque papa ne peut être présent pour les enfants. Parce qu’on a tous besoin de prendre du temps pour soi ou pour son couple.

Mais est-ce moi qui suis étrange ou bien c’est réellement difficile de faire garder ses enfants par une autre personne que les grands-parents ou tous autres membres de la famille ?

Oui, je l’avoue. Je trouve ça rough. Certains parents me qualifieront de mère poule, de control freak, de mère qui n’est pas capable de couper le cordon… Je m’en fous. Je sais comment je suis, et je suis au courant que de faire venir une petite gardienne à la maison est, pour moi, un défi de taille. La preuve est que ma grande fille aura six ans, et qu’elle n’a jamais été gardée par une personne n’ayant aucun lien familial.

Je vois ça comme une étape. Toute une étape puisque je dois prendre quelques respirations et lâcher prise. Il faut arriver à faire confiance à une personne qui connaît peu l’histoire de tes enfants et pour moi, cette confiance-là se gagne avec le temps et non durant une petite entrevue de quelques minutes pendant laquelle la petite gardienne verbalise toutes ses belles capacités.

Une grosse étape. Mais tu sais, j’ai décidé d’aller de l’avant. Oui ! oui ! D’abord parce que je sens que les grands-parents ont besoin d’un petit break et que même s’ils ne l’avoueront pas, semblent un peu fatigués d’être les seuls gagnants de la roue du gardiennage. Puis, bien, parce que l’humain est fait pour s’adapter. Je sais qu’il y a de bonnes gardiennes et que je dois m’enlever de la tête cette image de la petite adolescente qui invite son petit chum sur le lieu de gardiennage. Elles ne sont pas toutes comme ça et faire de la généralisation ne m’aidera certainement pas.

Donc, bref, j’ai décidé que j’allais trouver ma petite perle de gardienne. J’ai mis une annonce sur les réseaux sociaux pour faire connaître mon intention. Toutefois, lâcher prise ne signifie pas que je suis prête à laisser mes enfants à la première personne qui me répond. Je reste ferme sur certains critères que je trouve essentiels. Par exemple : avoir un cours de gardienne avertie et donc une formation de RCR.

Cette formation me dit que la petite gardienne que je choisirai a voulu parfaire ses apprentissages, aller chercher un maximum d’informations pour être la meilleure gardienne qui soit et qu’en plus, elle est sans doute responsable et mature. Je me dis que c’est plus facile de faire confiance à une adolescente qui a une formation qui atteste que la sécurité de nos enfants est primordiale, non ?

Donc, suite à cette recherche de la petite gardienne parfaite, j’ai reçu quelques messages. Il ne me reste qu’à les rencontrer et voir avec qui ça clique le plus pour mes enfants.

Pour ce qui est du reste, je vais faire confiance à la vie, et me dire que nous étions rendus là, tout simplement. Les grands-parents seront satisfaits, les enfants aussi. Et je suis convaincue que la personne choisie sera également heureuse de pouvoir s’amuser avec mes adorables enfants.

C’est le cours de la vie.

Je suis curieuse : avez-vous eu de la difficulté à faire garder vos enfants ? Avez-vous trouvé la perle des petites gardiennes ? Racontez-nous vos expériences !

Kim Racicot

Réflexion de maman un dimanche matin

J’ai trois enfants. Une fée de huit ans, une artiste de presque q

J’ai trois enfants. Une fée de huit ans, une artiste de presque quinze et un futur policier de dix-huit. Ces trois enfants qui sont les miens sont les amours de ma vie. C’est cliché mais c’est comme ça.

J’aime les voir grandir. J’aime participer à la construction de leurs rêves et à ce qu’ils deviennent. J’ai l’intime sentiment que je leur ai donné le meilleur de moi-même. Pas toujours mais souvent. Pour ce qui leur aura manqué, ils peuvent toujours être sauvés par la thérapie ou par une rencontre avec quelqu’un qui saura être significatif. Ce bout-là me console. Je sais fort bien que même si j’ai donné le meilleur de moi-même, il y aura toujours des manques, des failles. Je ne peux pas répondre à tous leurs besoins sur-le-champ. D’autant plus qu’ils sont trois. Trois enfants que j’aime, mais trois enfants fort différents avec des besoins et des attentes différentes. Non pas que je ne veux pas, mais des fois je passe à côté, je ne décèle pas tout ce dont ils ont besoin. Et hop! Une thérapie de plus.

Je ne suis pas une maman parfaite. Loin de là. Je n’ai d’ailleurs aucune idée de ce à quoi ça ressemble. Celle qui fait les lunchs, qui assiste à tous les tournois de hockey, qui est toujours bien mise, qui ne crie jamais après ses enfants? Ça m’importe peu. Je suis toutefois une maman qui ressemble à la femme que je suis. What you see is what you get, qu’on dit. Je ne peux pas être plus transparente que je ne le suis.

Mes enfants grandissent donc à une vitesse folle. Parfois, j’en perds le nord. Fréquemment, lorsque je les aime au travers de mon regard, de par mes gestes, dans ces paroles que je peux leur dire, je me rappelle les paroles de Khalil Gibran : « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. » J’ai mis des enfants au monde pour qu’ils puissent parcourir le leur. À leur façon et non pas à la mienne. Et ça des fois, ça me fait peur. Et ça des fois, ça me fait pleurer.

J’aime ce qu’ils sont. Ce qu’ils deviennent. Mais non, je ne suis pas toujours en accord avec leurs choix. Je ne suis pas toujours d’accord avec la route à prendre. Je les vois parfois s’engager sur des chemins difficiles, sinueux et qui amèneront inévitablement souffrances et déceptions. Je voudrais les prévenir, leur crier : ne va pas là! Tu vas tant te blesser! Et parfois je le leur dis. Et parfois non. Parce qu’à la toute fin, c’est eux qui décideront. Qui emprunteront le chemin qui leur semble juste, porteurs d’espoirs et de désirs, qu’importe ce que j’en dis. Des Christophe Colomb à la conquête de l’Amérique. De la leur.

Le mieux que je peux faire est de les accompagner. S’ils en ont envie. Au-delà de mes peurs et de mes incohérences. Les laisser s’envoler du nid et parcourir des montagnes jonchées de chemins tranquilles et d’une beauté à couper le souffle. Emprunter les chemins les plus obscurs et terrifiants. Respirer un grand coup. Rester disponible pour qu’ils me racontent leurs voyages. Et continuer de leur faire confiance, me rappeler le bagage qu’ils portent en eux-mêmes, le legs que leur père, de leur entourage et de moi‑même leur avons laissé. Et le plus important : les aimer fort et le leur dire. Et leur envoyer des baisers même si c’est de bien loin.

Isabelle Bessette