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Parce que toi, t’es ce gars-là

Parce que toi, t’es ce gars-là:

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Parce que toi, t’es ce gars-là:

T’es celui qui est entré dans sa vie, avec tes airs de bon gars. Même moi, j’y ai presque cru. Je dis presque, parce que pour une raison que j’ignore, j’ai été mise au monde avec un sixième sens assez puissant. T’avais l’air d’un bon gars, mais tout en moi me disait de faire attention.

Ça a commencé de manière insidieuse, on a même eu de bons moments nous deux. Mais rapidement, j’ai vu les changements en elle. Sa liberté, tu te l’es appropriée. Son sourire sincère, tu l’as effacé. Son regard, tu l’as aveuglé. Son bonheur, tu t’es assuré qu’il n’est accessible qu’à toi, tu l’as mis dans ta petite poche arrière.

Outre ma présence, je ne pouvais faire plus. Tu sais, tu es quand même celui qu’elle a choisi et qu’elle aime, alors je devais te tolérer pour ne pas la perdre.

Sauf que vois-tu, avec le temps, c’est allé trop loin et tu es devenu son cerveau. On aurait dit qu’elle ne pouvait plus réfléchir par elle-même. En plus d’oublier toutes les paroles blessantes que tu pouvais lui dire, elle a fini par oublier qui elle était, aussi merveilleuse soit-elle. Je le sais que pour toi, j’étais menaçante simplement parce que j’étais sa confidente et que je voyais ta game.

Toi, t’es ce gars-là,

alors tu ne t’es pas arrêté là. Après lui avoir enlevé tout ce qu’il y avait en elle, tu t’es mis à éliminer tout ce qu’il y avait autour d’elle. Chaque fois qu’elle perdait un lien, toi, tu t’assurais d’être à ton meilleur à ce moment-là. Tu voulais lui montrer à quel point tu étais indispensable à sa vie, le seul à la comprendre. J’ai fini par faire partie des dommages collatéraux et malheureusement, ça, je ne te le pardonnerai jamais.

J’ai longtemps souffert de sa perte et je vais longtemps en souffrir. J’ai dû lâcher prise, pour elle. Ça m’a demandé tout l’amour du monde de la laisser partir. Sauf qu’à un moment donné, j’ai dû le faire parce que tu lui as demandé de choisir. Pour moi, c’était inadmissible de lui imposer ça, alors j’ai fait la seule chose qui devait être faite pour elle et pour mon intégrité. Si je lui avais demandé de faire ce choix, ça aurait été comme me rabaisser à ton niveau. Elle avait bien assez de toi, elle ne méritait pas que son amie lui fasse ça.

Toi t’es ce gars-là,

t’as jamais été capable de la laisser partir, même quand elle t’en suppliait. Tu refuses d’envisager qu’elle puisse être heureuse sans toi, alors tu l’emprisonnes dans votre relation. J’espère qu’un jour, elle trouvera la force nécessaire pour se libérer de ton emprise, parce que ça, personne ne peut le faire à sa place.

Toi t’es ce gars-là,

celui qui va détruire tellement de relations, de liens et d’humains sur ton passage pour une seule raison : tu n’as jamais appris à t’aimer toi-même.

Eva Staire

Même si ce texte s’adresse à ce gars-là, il pourrait aussi s’adresser à cette femme-là. La violence psychologique touche les hommes et les femmes.

Le sexe après les enfants

Avant, on faisait l’amour au moins cinq fois par semaine…

Avant, on faisait l’amour au moins cinq fois par semaine…

Avant quoi? Avant les enfants, les lapins nous enviaient, mon chum et moi. On faisait l’amour souvent, parfois même deux à trois fois par jour. Et il y a eu les enfants. Trois jolies petites filles qui ont apporté avec elles un morceau de notre vie sexuelle.

Je suis certaine que je ne suis pas la seule. Je crois même que Christian Grey le vivrait s’il existait. Il n’y a pas eu de suite au troisième tome. Pourquoi, pensez-vous? Ils ont eu des enfants. Disparue, l’époque où ils pouvaient faire l’amour n’importe où à n’importe quel moment au gré de leurs envies. FINI! La salle de jeux érotiques… c’est devenu une salle de jeux tout court.

Quand tu as des enfants, faire l’amour devient compliqué. Je cours déjà après mon temps, le travail, les tâches domestiques, le parasco, les rendez-vous de tous; le temps qu’il me reste, souvent, je l’utilise pour dormir.

Je parle ici de faire l’amour, pas les p’tites vites sur le bord du lit pendant que les enfants écoutent un film. Ou encore l’envie subite que l’on a, l’homme et moi, d’aller prendre une douche ensemble. Pourquoi, dans les films faire l’amour, dans une douche, c’est toujours gracieux et facile?! Parce que moi, c’est loin d’être comme ça! Le pied qui glisse le long du mur, l’impossibilité pour mon chum de me tenir dans ses bras jusqu’à ce que la chose soit faite. Et en plus, c’est froid, de la maudite céramique. On n’a rien de gracieux dans l’exécution! Faut presque se donner des ordres sur la façon de se placer correctement. NOOON! Rien ne se passe facilement comme dans les films.

Si je ne me retenais pas, je dessinerais des pénis sur le calendrier familial. On écrit bien les rendez-vous chez le doc ou autre! Pourquoi pas ne pas écrire nos rendez-vous de baise?! Et être là, complètement là, quand on réussit à se trouver du temps… Suis-je la seule qui trouve ça difficile d’être focus? De ne pas penser à ma liste d’épicerie, aux factures à payer, à l’appel que tu dois faire à l’école, alouettteeee!

Aux couples qui réussissent à maintenir une vie sexuelle aussi épanouie qu’avant l’arrivée de vos enfants, c’est quoi votre truc?

Je vous vois venir avec les « faites garder les enfants un week-end par les grands-parents! » Moi, ça me met mal à l’aise de demander à ma mère ou ma belle-mère de s’occuper de mes enfants parce que ma vie sexuelle n’est pas aussi en santé que je le voudrais. Et les week-ends à l’hôtel, ça revient cher pour pouvoir faire l’amour, non?

Et moi qui croyais qu’une fois que mes filles seraient plus vieilles, ce serait plus facile. Ben y paraît que non. Encore aussi difficile de le faire, car les ados, ça se couche tard, pis ça comprend très bien ce qui se passe derrière la porte de chambre fermée.

Et après, ce sera quoi? La sécheresse vaginale ou la dysfonction érectile.

M’en sortirai-je un jour?

Mélanie Paradis

 

Parce que c’est mon choix!

En novembre 201

En novembre 2011, j’ai fait une promesse. Une promesse à l’homme que j’aime, le père de mes enfants. Je lui ai promis que je m’occuperais d’eux et qu’ils seraient ma priorité. Il m’a demandé d’être heureuse et de refaire ma vie. Après son départ, ça m’a pris presque deux ans avant de même penser à faire entrer un autre homme dans nos vies. Je dis « nos vies », car une relation pour moi implique les deux personnes que j’aime le plus au monde, mes enfants.

 

Vers la fin 2013, je me suis inscrite à des sites de rencontre. Avec deux enfants à la maison, difficile de penser rencontrer quelqu’un en sortant dans les bars. Oh! Il y a toujours l’épicerie, mais je n’ai jamais compris comment les gens peuvent faire des rencontres à l’épicerie. J’ai fait plusieurs rencontres, des bonnes et des moins bonnes. En mars 2014, j’ai rencontré celui que je fréquente toujours depuis plus de trois ans. Je dis « fréquente », car j’ai réalisé que malgré la promesse faite au père de mes enfants de refaire ma vie, je ne suis vraiment pas rendue là.

 

Comme toute personne, j’ai besoin d’affection et de chaleur humaine. Comme toute personne, j’ai besoin de savoir que je compte pour quelqu’un ou que quelqu’un quelque part pense à moi. Mais je ne suis pas encore prête à tout partager. Ma maison est notre petit refuge à nous trois. L’endroit qui a vu naître mes deux enfants, l’endroit où restent encore les souvenirs de papa. Tout cela m’appartient et je ne suis pas encore prête à y mettre fin.

 

L’homme que j’ai rencontré est extraordinaire, car il comprend tout ça. Il comprend que je ne suis pas au stade de « refaire ma vie ». Nous nous voyons une ou deux fois par semaine, sans les enfants. Du temps où nous nous apprivoisons, où nous apprenons tous les deux à nous rebâtir quelque chose de solide. Il comprend et accepte ma situation. Il accepte aussi mes enfants et sait être présent aux moments où ça compte. Il accepte de parler de mon défunt conjoint autant à moi qu’aux enfants. Il sait que la famille de leur père est aussi ma famille, car même s’il nous a quittés, sa mère et sa sœur sont très présentes dans nos vies. La famille était très importante pour leur père. Mais ce qu’il sait par-dessus tout, c’est que nos cœurs sont encore fragiles.

 

Depuis six ans, nous avons bâti, les enfants et moi, notre propre petite vie de famille. Une famille peu traditionnelle certes, mais une famille forte, qui se tient et qui s’aime. Une famille qui est passée à travers des moments difficiles et douloureux. Une famille qui s’aide et se comprend, une famille qui s’aime au-delà de tout. La famille traditionnelle « papa, maman, enfants » est de l’histoire ancienne pour moi, mais rester seule avec mes enfants pour l’instant, c’est mon choix, peu importe ce que les autres en pensent!

 

Annie Corriveau

Autopsie d’une rupture

Mon ex était assis dans mon salon ce soir. Il est venu installer lâ

Mon ex était assis dans mon salon ce soir. Il est venu installer l’internet chez moi. Dans un mélange de compassion, de gentillesse et d’incompréhension, il s’est offert en échange d’un repas « sur le bras ». Gentiment. Gratuitement. J’ai dit oui.

Pendant qu’il essayait de régler un problème lié à la connexion sans fil, ma fille (qui n’est pas la sienne) s’est jetée sur lui pour faire la « bataille ». Il a ri. Suspendue à son cou, elle criait, le brassait d’un bord et de l’autre et lui, il continuait ses trucs. Sans s’exaspérer. Sans se fâcher. Il agissait comme il a toujours agi envers elle, avec patience, tendresse, calme, amusement.

En le regardant, je le trouvais beau, encore. En parlant avec lui, je le trouvais drôle, encore. En le voyant agir avec elle, je le trouvais gentil. Encore. J’ai passé les sept dernières années de ma vie à penser à lui, à l’aimer. J’ai toujours cru en lui, en ce qu’il était, en ses capacités. La « belle » partie de lui et l’étrange et surtout improbable complicité qu’on avait développée m’ont toujours manquée, même lorsque j’étais avec d’autres hommes.

En le regardant ce soir, je me suis demandé à quel moment de notre histoire on avait décidé, dans nos têtes et nos cœurs, que c’était terminé. À quel moment on s’était détachés, qu’on avait simplement décidé qu’on en avait fait assez? Que c’était juste « pu ça ». Je n’ai pas trouvé de moment précis. J’ai juste vu une succession de petits moments brisés, d’incapacité à communiquer, de déceptions jamais vraiment pardonnées. Ça m’a rendue triste. Pas nostalgique.

J’ai dépassé depuis un bon moment l’étape de l’idéalisation où on ne fait que se souvenir des bons côtés de l’autre sans se rappeler les raisons de la rupture, sauf que, ce soir, quatre mois plus tard, je me pose beaucoup de questions. Pas en lien avec lui ou nous, mais sur l’amour et les raisons qui nous poussent — un jour — à ne plus aimer.

À quel moment celui ou celle qu’on a sincèrement aimé devient cette personne avec qui l’on ne se voit plus continuer?

Pourquoi on arrête d’y croire, pourquoi on arrête de s’aimer?

Pourquoi, un matin, on décide de se laisser partir sans bruit, sans chicane, sans raison précise?

Est-ce par paresse qu’on laisse aller l’autre ou par incapacité de communiquer?

Quelle est la différence entre les couples qui durent et ceux qui ne durent pas?

S’aiment-ils davantage? Sont-ils moins exigeants? Ou juste plus patients?

Comment sait-on qu’on est avec LA bonne personne ou, plutôt, à quel moment de notre relation décidons-nous d’en faire LA bonne personne?

Un ami m’a dit un jour que l’amour n’a rien à voir avec la passion et le hasard. Selon lui, l’amour, c’est un choix qu’on fait tous les jours. Une décision qu’on prend matin après matin, soir après soir, même quand c’est plate, même quand l’autre nous exaspère. C’est de voir l’herbe plus verte ailleurs, sans avoir envie d’aller la goûter. Pas de recette miracle. Pas de philtre d’amour, pas de conseils Coup de pouce pour nous aider. Ce qu’il faut, selon lui, c’est de vouloir raviver ce désir un peu abimé de voir l’autre vieillir à ses côtés. C’est de l’estimer pour ce qu’il est et, dans les moments les plus durs, savoir qu’on gagne infiniment plus qu’on ne s’effrite à ses côtés.

Je ne sais pas si les choses auraient été différentes s’il m’avait dit tout ça avant ma dernière rupture, mais ce dont je suis certaine c’est que je m’en souviendrai pour la prochaine relation. Pas par dépit, pas par peur de la solitude, mais par envie d’avancer avec MA bonne personne. Celle que j’aurai fait le choix d’aimer.

Liza Harkiolakis

Être une équipe

Il arrive qu’on traverse certaines passes moins faciles que d’au

Il arrive qu’on traverse certaines passes moins faciles que d’autres dans un couple. Ces périodes qui amènent leurs lots de disputes, d’émotions fortes et de remises en question. Parce qu’évidemment, à travers la routine et les tâches infinies, c’est tout à fait possible de s’oublier en tant que couple. Mais ces moments rough sont indispensables selon moi, parce que c’est grâce à eux qu’on ne se tient pas pour acquis.

Ça nous arrive tous de nous réveiller et de nous demander : « C’est quand, dont, la dernière fois qu’on s’est vraiment vus tous les deux ? » Je ne parle pas de sexe ni de faire la vaisselle ensemble. Je parle de ces moments où tu regardes la personne que tu as choisie en te répétant que tu as justement fait le bon choix. Ce moment où tu as la certitude absolue de faire ta vie avec la bonne personne. Ce moment où cette même personne te regarde avec un amour infini. Là, vous vous voyez. Et oui, il y a des jours où on n’arrive plus à se souvenir de la dernière fois qu’on a vécu ça…

Ces moments ont mené plusieurs couples à la rupture… Et chez nous, on s’y refuse. Quand on tombe dans une phase plate et qu’on en prend conscience, eh bien, on s’assoit et on en jase. On parle de nos sentiments… déception, colère, impatience, tristesse. On parle de nos impressions… l’impression d’être oublié, d’être transparent, de ne pas être apprécié. On parle de nos peurs… la peur de se perdre, de s’oublier comme individu. Et surtout, on parle de nos objectifs. Et heureusement, la séparation n’en a jamais fait partie.

Alors on s’assoit ensemble, on parle, on pleure, on se serre dans nos bras et on fait l’amour. Le plus souvent, dans cet ordre-là… parce qu’après toutes ces années passées ensemble, c’est facile de tenir l’autre pour acquis. Il n’y a rien de facile dans ces discussions-là. Ça prend de l’énergie, du temps, de l’espoir et beaucoup d’amour pour remonter la pente ensemble. Il faut remonter un énorme escalier en posant le pied sur chacune des marches.

Et on y arrive. Chaque fois. Parce qu’on est une équipe. Et on retrouve ces moments… ceux où l’on sent les papillons au ventre chaque fois qu’on se frôle dans la cuisine. Ceux où on regarde l’heure toutes les cinq minutes parce qu’on a hâte au coucher des enfants pour pouvoir se retrouver. Ceux où on passe des heures à parler, à débattre, à rire et à vivre. Ceux où on s’enlace comme si c’était la première fois. Et chaque fois, on y arrive. Parce qu’on est une équipe.

 

Des travaux en couple : pour ou contre ?

Les visions masculine et féminine des travaux sont diamétralement

Les visions masculine et féminine des travaux sont diamétralement opposées. Avez-vous déjà fait des travaux avec votre homme ? Savez-vous que c’est une des sources de conflit dans un couple? Pourquoi, pourquoi est-ce si difficile de tenir un marteau à côté de notre tendre moitié ? On se croirait en plein milieu d’une émission d’Amour et Marteaux, les regards menaçants, les répliques assassines, les scènes rocambolesques… Même monter un meuble Ikea est prétexte à un affrontement digne d’un ring de boxe. Avons-nous tous les mêmes prédispositions en matière de bricolage ? Entre l’envie de faire et la capacité ? Je me suis posé toutes ces questions après et seulement après avoir faire quelques petits travaux avec ma douce moitié !

Première observation : les femmes sont remisées directement aux tâches annexes (couvrir avec des bâches, tenir l’échelle, aller chercher les outils qui manquent, laver les pinceaux…) Pourtant, on a tellement envie de s’impliquer, d’aider, mais les travaux, c’est comme une affaire de gars. Les tâches à accomplir sont proportionnelles à la grosseur des muscles. On voudrait bien mettre la main au gyproc, et on s’imagine déjà devenir l’as de la scie ronde, le bran de scie dans les cheveux, parées de nos lunettes de protection. Au lieu de quoi, nous sommes attitrées aux découpes de la peinture, avec comme seul outil un mini pinceau. C’est tellement long et ennuyant! Je sais il faut bien que quelqu’un s’y colle.

Deuxièmement, les hommes et les femmes ne parlent pas le même langage. Bon ça, on le sait tous, mais c’est plus flagrant quand on fait des travaux. Quand vous dites que vous voulez des armoires rustiques, ça ne veut pas forcément dire qu’on doit aller prendre des vieilles portes dévorées par les termites. C’est vrai, ce n’est pas très clair, nous on aime ça faire des faux finis et des effets. Quand on parle couleurs, on est aussi plus complexes : un bleu ciel, ce n’est pas la même chose qu’un bleu royal. Donc, en décoration, mesdames, il faut être patientes. La même chose est vraie pour les hommes quand ils nous parlent de construction. Ils se sentent toujours obligés de sortir des grands mots compliqués. Un chanfrein, ce n’est pas la même chose qu’un pan coupé, et quand mon mari me demande de mettre des entretoises, je reste juste stoïque et immobile. Ou à l’inverse, quand il n’est pas assez précis, du genre, passe-moi la clé. Mais quelle clé : à molette, à pipe, à tube ?!

Et que dire encore concernant les outils ? C’est comme si nous les femmes, on ne pouvait pas s’approcher de la boîte à outils. C’est comme la boîte de pandore. C’est vrai que si je l’ouvre pour chercher une vis à tête hexagonale, je vais passer deux heures à trier, ranger, mettre dans des petits sacs, déplacer, étiqueter… C’est plus fort que moi, j’adore que tout soit à la bonne place. Mais pendant ce temps, mon homme est suspendu au lustre en attendant sa ca***** de vis.

Tout ça pour dire, que finalement, malgré nos différents, rénover ou construire quelque chose de matériel, c’est aussi comme bâtir quelque chose dans notre couple. Avec beaucoup de patience, de bienveillance et de complicité, on peut arriver à des résultats assez intéressants. C’est aussi un bon temps pour apprendre, enseigner, partager… N’oubliez pas, vos travaux seront le témoin de votre vie à deux !

 

Gabie Demers

L’ordre des choses

Quand nous sommes enfants, on nous explique l’ordre des choses dan

Quand nous sommes enfants, on nous explique l’ordre des choses dans la vie. « Concentre-toi sur tes études ! Quand tu seras grand, tu trouveras la bonne personne. Vous vous marierez et aurez des enfants. Fin de l’histoire. »

L’ordre des choses… comme si le bonheur n’avait qu’une seule recette. Comme si suivre ces étapes vous destinait à un avenir heureux à coup sûr. Quelle bêtise ! La vérité, c’est que le bonheur peut prendre tellement de formes et ce n’est pas tout le monde qui peut comprendre ça !

J’ai rencontré l’homme de ma vie. J’avais quinze ans. On me regardait comme une extraterrestre quand je clamais haut et fort que j’allais passer le reste de ma vie avec lui. Les plus jeunes ne comprenaient pas. Certains pariaient sur notre échec amoureux. Les autres avaient presque pitié, jugeant que nous passions à côté de tellement de plaisirs de la vie en nous casant aussi jeunes. Les plus vieux ne comprenaient pas. Nous ne pouvions ni parler du futur, ni de mariage, ni de famille. Ils nous regardaient avec des yeux désapprobateurs, parce qu’eux, « EUX, ils savaient ». Ils étaient persuadés de savoir qu’on ne peut pas trouver l’amour à un si jeune âge.

Nous ne suivions pas l’ordre des choses.

Nous nous sommes fiancés le soir du bal des finissants. Personne ne comprenait. Ceux qui nous félicitaient ne manquaient pas d’ajouter une petite blague suggérant l’échec éventuel de cette histoire. Ils étaient tous persuadés de savoir. Moi, tout ce que j’étais persuadée de savoir, c’est que j’aimais cet homme éperdument et qu’il était le seul à m’avoir appris à m’aimer moi-même.

Nous ne suivions pas l’ordre des choses.

À peine majeurs, nous partions vivre ensemble, en appartement, dans une ville éloignée de tout ce que nous connaissions. Il commençait son baccalauréat et travaillait à temps partiel. Je commençais un certificat à la même université, je travaillais à temps plein. Nous n’avons jamais rien demandé à personne. Je me rappelle encore notre première nuit dans cet appartement. Peu de meubles, beaucoup de poussière, et énormément d’amour et de bonheur.

Mais nous ne suivions pas l’ordre des choses.

À vingt-et-un ans, nous avons choisi de fonder une famille. Ensuite, tout s’est enchaîné à une vitesse folle. Parce que oui, quand on a des enfants, le temps ne s’égrène plus dans le sablier de la vie, il y coule à flots !

Nous avons eu une fille, il était encore au baccalauréat et moi à mon premier certificat. Nous avons eu une autre fille, il était à la maîtrise, et moi à mon deuxième certificat. Nous nous sommes mariés, le jour de notre dixième anniversaire de couple.

Nous ne suivions pas l’ordre des choses.

Nous avons vécu le deuil d’un troisième enfant. Nous l’avons enterré et pleuré. Nous avons vécu la pire des souffrances comme parents, avant nos vingt-cinq ans…

Notre bébé non plus n’a pas suivi l’ordre des choses.

Nous nous sommes relevés. Nous nous sommes aimés. Nous avons eu une (troisième) quatrième fille. Il était au doctorat et je finissais mon baccalauréat.

Nous n’avons pas suivi l’ordre des choses.

Aujourd’hui, nous avons une maison magnifique, des études complétées dont nous pouvons être fiers, et trois merveilleuses filles qui ne cessent de nous émerveiller. Je regarde derrière moi et je vois tout ce que nous avons accompli. Je me rappelle chacun des regards désapprobateurs. J’entends encore les jugements. Je me regarde, je nous regarde, et je sais que je referais exactement les mêmes choix, si tout était à refaire. Parce que vous savez quoi ? On a suivi NOTRE ordre des choses. Chaque personne mérite le bonheur et le chemin pour y parvenir est rempli d’embûches. Ne laissez jamais les autres prédire votre échec. Ne laissez jamais les autres vous dicter le chemin de votre propre bonheur.

Notre grande fille est maintenant entrée dans le grand système scolaire. Nous sommes excités pour elle, comme des enfants. Elle apprend à lire, à écrire, à compter, etc. Mais on lui a déjà appris l’essentiel : dans la vie, il n’y a pas de recette miracle. Écoute ton cœur, suis ton instinct et tu seras la seule responsable de ta réussite. Si tu veux quelque chose, persévère, persévère et persévère encore. La seule règle, c’est de tout faire pour être heureuse.

Et vous, avez-vous suivi l’ordre des choses ?

Joanie Fournier

La lune de miel des futurs parents

Comble du bonheur pour votre couple, il y a quelques mois, une petit

Comble du bonheur pour votre couple, il y a quelques mois, une petite ligne sur un test est venue confirmer l’arrivée imminente d’un trésor inestimable dans votre vie ! Vous étiez amis, amants, amoureux et vous deviendrez sous peu parents !

Vous vous lancez dans les préparatifs de cette nouvelle vie, vous voulez que tout soit prêt, que tout soit parfait ! Que vous en soyez à votre premier, votre deuxième ou votre cinquième enfant (mention à vous si c’est le cas, vous êtes hot !), voici un élément essentiel à ajouter à votre longue liste de chose à faire : La Babymoon !

Il s’agit de la contraction des mots « Baby » (bébé) et « Honey Moon » (lune de miel). Le principe est simple : avant l’arrivée de bébé, les futurs parents se retrouvent en couple pour se rappeler que c’est ce qu’ils sont d’abord et avant tout, un couple !

Cette petite escapade se fait idéalement loin de la maison ou du moins loin des responsabilités du quotidien. Mais surtout sans la marmaille, si marmaille il y a, abandonnant ces derniers et toutes les charges parentales aux mains des mamies, tantes, amis (ou n’importe quel autre humain digne de confiance de leur entourage) pour aller, disons‑le franchement : batifoler !

Outre le plaisir évident à retirer de ce petit moment dans le calme, le simple fait d’être en tête‑à‑tête vous sera tellement bénéfique. Avant la tempête des nuits blanches et du quotidien chamboulé, vous retrouver juste vous deux vous rappellera tout l’amour que vous avez l’un pour l’autre, mais surtout le plaisir que vous avez à être ensemble. Un moment pour se reposer, profiter d’un peu de liberté, se gâter mais surtout, un moment pour s’accorder du temps à deux avant d’être trois (ou quatre, cinq, six… !), pour faire le plein d’énergie, se dorloter et se ressourcer. Cette pause peut se faire n’importe où. Adaptez‑la à votre budget, mais elle devrait être aussi importante dans votre liste que la poussette, la coquille ou la bassinette. Quelques sous suffisent souvent pour créer de beaux moments. Deux nuits à l’hôtel, la grasse matinée, quelques promenades en plein air et de bons repas. D’autres opteront pour un weekend à New York (qui est si belle en automne) ou dans une ville qui leur rappelle de bons souvenirs. Certains chanceux s’évaderont plus longtemps et plus loin, mais chose certaine, peu importent la destination et le programme, vous en ressortirez tous les deux comblés. De plus, quelques hôtels au Québec offrent maintenant des forfaits Babymoon où tout est organisé pour vous ! Quelques recherches et vous trouverez ce qui vous convient.

Vos fins de mois sont serrées ? Empruntez le chalet d’une connaissance ou évadez-vous à quelques heures seulement de chez vous et raccourcissez la durée du séjour, rendez visite à des amis ou à de la famille. On vous prépare un shower pour l’arrivée de bébé ou votre entourage veut vous faire un cadeau ? Demandez-leur des sous ou des cartes-cadeaux vous permettant de vous gâter un peu.

Puisqu’avec l’arrivée de bébé, vos moments rien qu’à vous seront rares et que le temps avant votre prochaine escapade risque d’être long, profitez-en maintenant ! Et puis si c’est bon pour vous, c’est bon pour vos enfants : rien ne vaut des parents amoureux et sereins pour une famille épanouie et heureuse !

Allez de ce pas planifier votre escapade et lancez-nous vos idées !

Karine Arseneault

Quarante ans : le début de l’autre moitié

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Quarante ans déjà. Le temps passe si vite mon chéri. Comme si l’on s’était rencontrés hier. Je me rappelle encore, du haut de tes trente‑et‑un ans et du bas de mes vingt‑deux ans… on faisait la fête jour et nuit, sans enfants, sans maison. Puis, je nous regarde aujourd’hui, et je suis si fière de nous.

Nous sommes passés au travers de la maladie, des problèmes monétaires, de l’éducation de nos enfants et tellement plus. Ce qui en aurait détruit plus d’un, a renforcé notre couple. Lorsque je nous vois en photo, je nous trouve tellement beaux. La beauté que j’y vois est tellement plus importante que la simple enveloppe corporelle. J’y vois un couple fort, uni et vrai.

Je me rappelle, lorsque tu faisais cent heures par semaine afin de subvenir aux besoins de ta famille… on se voyait à peine et je ne m’en cache pas, c’était dur. Il y a eu cette fois où je t’ai appelé. Je venais de savoir par téléphone que j’avais des cellules précancéreuses. J’étais sous le choc. Je ne comprenais rien, je n’y connaissais rien. Malgré que je t’ai dit que tout allait bien et de terminer ta journée, que j’étais « ok », tu es arrivé quelques minutes plus tard. Simplement pour être là, à mes côtés. Je ne crois pas te l’avoir dit, mais merci.

Ton travail acharné a finalement payé. Tes heures sont maintenant raisonnables et tu adores ce que tu fais. Même si certains diront que tu n’en fais jamais assez. Je te le dis mon chéri, jamais tu n’aurais pu en faire plus. Tu es un père aimant, qui ferait tout pour ses enfants. Et même si cela devrait être naturel pour tout un chacun, ce n’est pas le cas. Alors je te lève mon chapeau, mon homme. Tu es un exemple pour tes enfants.

À quarante ans, j’aime penser que c’est le début de l’autre moitié. Notre famille est complète, il ne reste plus qu’à guider nos enfants pour qu’ils deviennent de jeunes adultes respectables. Ils auront des blondes, des chums et quitteront le nid familial un à un. Notre maison finira par être payée, mais sera bien vide. Nous qui n’avons aucune minute libre, en aurons tout simplement trop. Et c’est correct, ainsi va la vie.

Malgré un futur inconnu, j’ose espérer que notre avenir sera doux. J’espère te voir un jour au bras de ta fille, le jour de son mariage. J’espère un jour voir le grand-papa en toi, bercer tes arrières-petits-enfants. J’espère partir à l’aventure et découvrir d’autres cultures, toi tout grincheux. J’espère te garder en santé afin de t’avoir pour toujours à mes côtés.

Tu es mon pilier sur lequel je peux m’appuyer lorsque tout va trop vite. Tu es ma boussole lorsque je suis égarée. Tu es mon guide lorsque je ne sais pas quelle route prendre. Tu es mon thérapeute lorsque j’en ai trop sur les épaules. Tu es le clown dont je n’ai pas peur. Et pour tout ça, je te dis merci.

Est-ce que je pourrais vivre sans toi ? Oui, évidemment. Mais je ne serais que l’ombre de moi-même. La vie serait fade et je chercherais sans cesse cette partie de moi que tu es devenue. En fait, à cette simple idée, les larmes montent à mes yeux.

Alors voilà. Pour tes quarante ans, je voulais simplement que tu saches à quel point tu es spécial pour nous quatre. À quel point tu es un homme extraordinaire.

Ah oui, j’oubliais… bonne fête mon chéri !

 

Geneviève Dutrisac

 

 

 

S’oublier dans la maladie de son enfant

À deux, le bonheur est simple. Tu prends le déjeuner au lit, tu va

À deux, le bonheur est simple. Tu prends le déjeuner au lit, tu vas au cinéma, tu vas à des spectacles, tu peux aller à l’épicerie au jour le jour si tu en as envie… En gros, tu t’occupes de toi et de ton couple. C’est ti pas beau la vie hein? Un matin en prenant ton café, tu regardes ton homme et tu ressens tellement d’amour que tu te sens tout d’un coup prête pour une famille. Tu y réfléchis, c’est certain, mais cette envie se passe dans le cœur. Tu veux qu’il soit le père de tes enfants. Plus le temps passe, plus l’envie envahit tes pensées. Tu regardes ta montre et tu te rends compte que tu as déjà trente ans passés… faut faire vite! Le temps ne pardonne pas, comme ils disent.

Alors chanceuse comme tu es (ce n’est même pas sarcastique en plus!), tu réussis à tomber enceinte après deux essais seulement. C’est la fête! Vous aurez votre petit trésor. La lune de miel est encore là! Vous continuez à être deux même si toi, tu te sens trois ou quatre au fur et à mesure que les mois passent. De quelle couleur veux-tu mettre la chambre, chéri? Ah! Tu as tellement de goût mon amour, je te laisse choisir!

Tout va pour le mieux. Un jour de pluie, à l’échographie, tu apprends que ton bébé à une malformation. Que l’équipe médicale devra te suivre de plus près jusqu’à la naissance de ta cocotte. Le choc! Et le stress ne fait que commencer.

Tu ne sais pas vraiment à quoi t’attendre

Tu vogues de rendez-vous en rendez-vous, en espérant en savoir plus. Tu espères que cela disparaîtra comme par magie. Mais malheureusement, dans votre cas, c’est impossible. Alors la culpabilité te gruge comme un castor gruge son bois. La tension en toi monte et l’irritabilité (en plus des hormones…) augmente à une vitesse que tu ne peux plus contrôler. Tu as beau être amoureuse et communiquer, parfois, tu as besoin de prendre un break de ta tête. Respire, ce sera plus facile lorsque bébé sera parmi vous.

La planète des licornes roses

L’accouchement a été plus facile que prévu, mais après votre enfer a commencé. L’amour n’est pas facile, tu es d’accord avec moi. Je te confirme que l’amour avec un enfant malade, c’est au-delà de ce que tu peux t’imaginer. Chaque personne du couple arrive avec un bagage de valeurs, de vécu et de croyances. Et c’est exactement à ce moment que tu découvres qui tu as à tes côtés. Déjà, qu’avoir un enfant malade est une source constante de stress, imagine deux minutes si je te dis que tu as un trouble d’anxiété généralisée… Tu vis rarement le même type d’inquiétudes que ton amoureux, tu ne les verbalises pas de la même manière non plus, alors allo les conflits potentiels! Tu es franchement à mille lieues de la planète des licornes roses.

Quatre ans plus tard, vous n’avez toujours pas de bonne nuit de sommeil derrière votre cravate et vous avez passé au travers d’une malformation rénale, d’une opération à cœur ouvert et une possible ré-opération s’annonce. Vous avez compris que vous étiez une équipe. Que pour le moment, l’important, c’est votre enfant! Que vous ne pouvez pas être des parents et des amoureux comme les autres! Votre couple, vous ne l’oubliez pas. Tu sais qu’il est là pour toi et toi pour lui. Vous vous accordez quelques soirées seuls, mais est-ce suffisant? Par contre, ce que tu sais surtout, c’est que malgré les épreuves que vous traversez, l’amour que tu éprouves ne s’éteint pas. Qu’il faut s’aimer très fort pour combattre la maladie main dans la main! Lorsque vos vieux jours arriveront, vous continuerez de vous regarder dans les yeux et vous y verrez une vie remplie d’amour sans aucun regret.

Alexandra Loiselle-Goulet

La promesse

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J’aimerais vous dire que cette histoire est une histoire. Mais non. C’est mon histoire vraie. 

 

Tu fais quoi quand le désespoir te frappe et que tu réalises que même avec un enfant d’à peine un mois, son comportement ne changera pas et que tu sors en catastrophe de la maison avec ton enfant contre toi, te retrouvant dans la rue à marcher de long en large, le corps et la tête en panique parce que tu réalises que tu veux fuir, mais qu’à force de céder à l’abus financier, tu es sans le sou, que tu n’as plus de travail, pas de voiture, que tu es isolée et complètement coupée du monde extérieur et que tu gardes en secret la réalité dans laquelle tu vis bien enfouie au fond de toi et que tu t’es habituée à rester dans le silence…

Eh bien, tu commences par regarder cette enfant qui vient de naître et tu constates toute la vulnérabilité de ce petit être complètement à la merci de son monde extérieur. Tu en fais ton levier, tu te rappelles ce privilège et tu prends l’engagement : « Jamais tu ne vivras ce que j’ai vécu. Tant que je serai ta mère, jamais je ne te laisserai vivre dans la violence. Je te promets de tout mon être de t’offrir un milieu sain et sécuritaire dans lequel tu pourras t’épanouir et apprendre à briller de tous tes feux. »  Tu ne sais pas comment faire, mais tu lui promets et tu ne perds pas de vue cette promesse…

Mais tu fais quoi quand, malgré la promesse, graduellement, insidieusement, le sentiment d’impuissance prend toute la place à cause de ses manipulations perverses, de son harcèlement en continu, de ses « Crisse de pas bonne » quotidiens et de ses menaces de « Crisse ton camp et je te fais la peau »… et tout ce que tu sembles savoir faire est de garder le silence parce que tu sais que c’est la seule façon de contrôler les crises, et que tu t’étends sur le lit et le laisses faire ce qu’il a à faire… Quand ton estime part en fumée, mais qu’heureusement, après ces sacrifices de toi-même vient un moment de répit… alors tu t’en sers et tu te souviens de la promesse que tu as faite à cette enfant. Tu choisis donc de faire un petit « grand » pas…

Tu commences à en parler… Mais pas à n’importe qui, tu veux te protéger et tu veux agir avec délicatesse. Tu en parles donc spontanément à l’infirmière du CLSC qui est venue te rendre visite un lendemain de crise. Tu craques, tu baisses les armes et la peur dans les yeux, tu lui dis : « J’ai besoin d’aide. »

Avec courage, tu suis les directions qui te sont proposées, mais le cœur serré parce que la DPJ intervient et tu as peur de perdre ton enfant. Tu es déstabilisée et tu n’es pas convaincue à cause du lavage de cerveau que tu as reçu pendant des années qui t’a fait normaliser la violence et t’a coupée de ton senti. Tu collabores quand même, alors tu sors de la maison avec ton bébé naissant, tu écoutes les intervenants t’éduquer sur la violence conjugale, tu vas aux rencontres hebdomadaires qui te sont imposées et, malgré ces efforts, il réussit avec son charisme légendaire à te convaincre et à te faire entendre ses promesses à travers ses menaces que tu n’entends plus. Tu retournes à la maison parce que cette fois-ci, tu as une impression d’être en pleine possession de tes moyens et tu te crois capable de transformer tout cela en un portrait de famille harmonieux. Tu as l’impression de remplir ta promesse…

Mais tu fais quoi quand tu réalises que ses promesses à lui n’étaient qu’un feu de paille et que tu réalises que rien n’a changé à part son comportement qui est devenu de plus en plus insidieux, jusqu’à te faire douter de ta santé mentale, et que tu fais le constat amer que tu n’es plus que l’ombre de toi-même… Quand tu te tapes dessus, tu as honte, tu veux te cacher, tu vois ton existence s’effriter et tu veux disparaître, mais tu entends ton enfant pleurer au loin et tu te souviens de ta promesse…

Alors tu choisis la vie, sauf que maintenant, tu te sens mourir et tu as peur de mourir en quittant cette relation. Mourir en dedans, mourir en dehors… Eh bien, tu te dis que tant qu’à mourir, aussi bien tenter ta chance de partir. Alors tu décides, intérieurement, secrètement, de quitter coûte que coûte cette relation. Tu tiens à remplir cette promesse, tu te prépares et tu uses de stratagèmes.

Sauf que dans ce nouveau choix, tu es confuse; la peur est omniprésente, c’est le néant total, tu te sens épuisée et impuissante, mais tu es responsable de cette enfant. C’est donc non négociable, tu te rappelles ta promesse.

Alors, sans trop savoir comment, tu cesses de te battre, tu te regardes en pleine face et tu acceptes le constat de ta vie. Tu entreprends donc le plus grand voyage que tu aies connu : tu sautes dans ce vide en toi et tu réalises tout ce manque d’amour présent en toi, pour toi. Tu rencontres tes regrets, tes déceptions, tes culpabilités. Tu pleures, tu piques tes crises, ça fait mal, mais au moins, tu t’entends et ça, ça te fait le plus grand bien.

Petit à petit, cet espace se comble avec l’amour que tu commences à te donner. Un sentiment de confiance s’installe et tu arrives à choisir la foi au-delà du doute qui persiste. Tu continues à plonger en toi, à écouter et considérer ce que tu ressens en toi, et tu commences à agir en fonction de ce qui se passe en toi uniquement. Tu apprends, discrètement, à prendre soin de toi. Tu décides enfin de te montrer loyale envers ce qui est important pour toi et graduellement, tu agis en conséquence et la vie te montre le chemin, fluidement, jusqu’au jour « J ».

Ce jour-là, à force de te choisir et sans rien forcer, le courage arrive et tu lui annonces que tu pars. Tu ne le quittes pas, tu pars parce que tu te choisis et tu sens que c’est ce que tu as à faire. Mais ça, lui, il ne le comprend pas. Ses réponses donnent froid dans le dos et son comportement te foudroie et te traumatise, mais tu gardes le focus parce que maintenant, tu sais qu’en maintenant le cap sur ce qui se passe en toi, l’erreur est impossible. Parce que tu t’es rapprochée de ton senti, tu es capable de ressentir l’épée de Damoclès au-dessus de ta tête qui ne permet aucune « erreur émotionnelle » et tu ressens le danger. Alors tu agis en conséquence.

Tu tends donc la main pour que l’on t’aide. L’artillerie au complet se présente : policiers, intervenants, DPJ, travailleuses sociales, avocat, maison d’hébergement, CAVAC, IVAC, psychologue, psychiatre, inconnues, amis et nouveaux amis, tout se fait intensément, rapidement, mais fluidement, avec une synchronicité déconcertante. Tu t’es choisie, tu apprends donc que lorsque l’on se choisit, la vie répond à ton appel.  

Deux ans après ta séparation, après t’être retrouvée dans la rue avec ta fille, ton chien et quelques bagages, sans travail et en état de stress post-traumatique, tu fais les merveilleux constats que ce chemin à travers la violence t’a apportés comme apprentissage : tu as appris que tu as aussi droit au bonheur, que tu as le droit de réaliser tes rêves et que c’est possible. Tu as maintenant en toi une foi si grande que le Tout Possible est à ta porte, attendant que tu lui demandes tout ce que tu veux…

Tu touches maintenant à ta liberté d’être et ça, personne ne pourra te l’enlever parce que tu as découvert l’antidote à la violence : l’amour de soi. Plus jamais tu ne te soumettras ou ne te rendras victime de la violence, parce que par amour pour toi, tu sauras prendre soin de toi et faire les choix appropriés. Dans un contexte que tu croyais hermétique à l’amour et où tu te croyais indigne d’être aimée, eh bien, l’amour a toujours été présent et il a réussi à percer les murs de la peur et du doute comme le soleil qui brille derrière les nuages et qui finit toujours par réapparaitre. Mais t’en souviens-tu maintenant? Regarde ta fille et vois : tu as tenu promesse…

B<3

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