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Tumeurs cérébrales : difficiles à prononcer, difficiles à soigner – Texte: Nathalie Courcy

Astrocytome anaplasique. T

Astrocytome anaplasique.

Tumeur teratoïde/rhabdoïde atypique (TT/RA).

Oligodendrogliome.

Ces noms compliqués à prononcer sont aussi compliqués à soigner. 

Ce sont des noms de tumeurs cérébrales. Déjà, ça fait peur. 

Avec les tumeurs cérébrales, on est loin de la petite coupure au doigt qui se soigne avec un bisou et un pansement. 

En cette Journée de sensibilisation au cancer du cerveau et à l’approche de la Semaine internationale de sensibilisation aux tumeurs cérébrales qui aura lieu du 29 octobre au 5 novembre, parlons de ce crabe qui rampe dans la tête!

Vous savez comme moi que notre ami Google est un conseiller santé paniquant. Dès qu’on cherche un symptôme, on a l’impression d’avoir un cancer et d’être en phase terminale. Il y a quand même des signes dont il faut tenir compte quand ils s’étirent dans le temps, quand ils empirent, quand ils ne se résorbent pas malgré un traitement et un suivi adéquat: 

  • maux de tête
  • changements de personnalité
  • faiblesse ou sensations anormales
  • perte d’équilibre
  • difficultés à se concentrer
  • convulsions
  • trouble de la coordination.

Évidemment, ce n’est pas parce qu’on est moins concentré ou soudainement bougon qu’on doit courir au centre de cancérologie. D’où l’importance de se connaître et de connaître son corps. Tant qu’on est dans la zone acceptable de notre modèle de base, ça roule! Sinon, une petite visite chez le médecin peut permettre d’attraper la maladie tôt et avant qu’elle se répande. Ou de confirmer que ce n’est rien de grave (je vous le souhaite!).

Je ne me souviens pas des débuts de la maladie de mon père. J’étais en maternelle. Toute petite et pleine de naïveté. Ce dont je me souviens, ce sont ses siestes quotidiennes parce qu’il était épuisé après les chirurgies et les traitements. Je me souviens des traces de sang laissées sur le combiné du téléphone parce que les médecins lui avaient ouvert le crâne dans l’espoir d’enlever toute la tumeur. Je me souviens aussi qu’il avait de plus en plus de difficulté à faire des phrases cohérentes: la tumeur écrasait la zone du langage. Son humeur avait changé. Qui n’aurait pas changé d’humeur, sachant que la mort est inévitable et vivant constamment dans la douleur ? La masse qui augmentait la pression dans la tête n’aidait certainement pas.

Je me souviens aussi des hospitalisations. Vivre ses absences, c’était loooooong, pour l’enfant que j’étais! Je ne peux qu’imaginer ce que c’était pour lui, pour ma mère, pour mes frères aussi, qui étaient plus vieux et qui avaient plus conscience de ce qui s’en venait. Sans compter ses amis, ses frères, ses sœurs, son père, tout le village. Si je pouvais imager l’impact de son diagnostic, je dirais qu’une grande mare de pétrole s’est répandue sur la vie de toute une communauté, et qu’en même temps, c’est tout un filet de soutien qui s’est installé autour de lui et de notre famille.

Et je me souviens aussi de l’annonce de son décès. De l’exposition de son corps décédé après plus de deux ans de souffrances. Des funérailles. De l’après, signé « Deuil » en caractères gras.

En 2022, la même tumeur tuerait-elle encore mon père qui était jeune et en santé ? Probablement. Mais il y a de l’espoir. La recherche progresse. Les traitements se diversifient. Les soins offerts aux malades et aux survivants ainsi que la prise en charge des proches (il ne faut pas les oublier! Eux aussi souffrent!) s’améliorent. 

L’information est plus accessible et plus complète même s’il manque encore beaucoup de données pour comprendre comment les tumeurs bénignes et malignes s’installent dans le cerveau des enfants et des adultes. Les initiatives comme la Journée de sensibilisation et la vente de tuques (disponibles en français et en anglais) par la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales génèrent de l’espoir. Cet espoir qu’on envoie avec un gros câlin aux 35 Canadiens qui apprendront aujourd’hui qu’ils ont un cancer du cerveau ou une tumeur cérébrale et aux 19 Canadiens qui recevront un diagnostic de tumeur cérébrale non maligne.

#HatsForHope

#HatsForHope

#LesTuquesPourL'Espoir

#LesTuquesPourL’Espoir

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nathalie Courcy

Garder espoir — Arianne Bouchard

Je suis une rêveuse. J’ai des ambitions, cela va de soi, mais je suis aussi profondément ancrée

Je suis une rêveuse. J’ai des ambitions, cela va de soi, mais je suis aussi profondément ancrée dans mon petit monde imaginaire. Attention, n’alertez pas tout de suite l’asile, je ne suis pas souffrante ! Ce que j’essaie de dire, c’est que j’ai gardé mon cœur d’enfant et je suis profondément attirée par le monde imaginaire des fées, des licornes et tout ce tralala mystique.

À l’aube de mes 24 ans, mon bureau est une pièce rose, pleine de paillettes, de sirènes et de fées, parce que voilà : j’aime ça ! Je trouve que le monde est bien fade si on se refuse la créativité, le bonheur, l’amour, l’imagination et la magie que nous offrent les contes de fées. Rien n’est plus triste que de devenir adulte dans un monde insipide et sans magie et donc j’ai gardé quelques vestiges de mon cœur d’enfant.

Et puis, les contes de fées sont là pour ça, pour raviver cette part d’innocence en nous ; cette foi inébranlable qui nous permet de garder espoir. Si les contes racontaient seulement ce qui se passe réellement dans le monde : la famine, la guerre, la maladie… comment pourrions-nous survivre aux terribles journées qui se succèdent ?

Certains croient à tort que les contes sont pour les enfants, mais l’espoir, c’est pour tout le monde. La magie, l’amour, les fins heureuses… pourquoi se refuser un tant soit peu de bonheur ? Croire en l’amour, croire en la possibilité d’une fin heureuse, c’est très puissant. Et puis si tous les contes ont en commun ces fameuses fins heureuses, ce n’est pas pour rien. Il y a tellement d’atrocités dans le monde dans lequel nous vivons, pourquoi en rajouter une couche ? Pourquoi ne pas plutôt utiliser les mots avec douceur et bienveillance pour faire revivre l’espoir et l’innocence des cœurs ?

Alors je continue d’y croire, je continue de rêver. Pourquoi ? Parce que les rêves nous apportent ce que la réalité nous refuse. Dans mes rêves, les gentils gagnent toujours et les méchants sont toujours contraints de se rendre et de se ranger dans le bon camp. Dans mes rêves, même les cœurs les plus noirs peuvent être réhabilités et il y a toujours une fin heureuse, pour tout le monde. Néanmoins, lorsque je me réveille au petit matin, c’est toujours la même chose : les méchants restent méchants et les gentils subissent encore et encore les conséquences de leur bonne foi. Dans le monde réel, le mal triomphe trop souvent aux dépens du bien.

Malgré tout, je veux continuer d’y croire. Peut-être qu’à force de croire, peut-être qu’à force d’espoir, on changera la face du monde. Il ne suffit pas de rêver nos vies, il faut aussi vivre nos rêves !

Ne vous méprenez pas, je ne m’attends pas à ce que les fées, les licornes et toutes les créatures mythiques débarquent dans notre monde, et ce n’est pas non plus ce que j’essaie de dire. Cependant, les couleurs de l’espoir qui s’y rattache, la douceur, l’amour et les fins heureuses, je ne serais pas contre une bonne dose de cela.

Il faut faire notre propre magie. Il faut croire. Il faut garder espoir en l’humanité. Il faut continuer de croire que les gens peuvent changer et que le bien peut l’emporter. Il faut tenir tête au mal.

L’espoir va au-delà d’un optimisme excessif. L’espoir, c’est davantage que de croire que les choses vont bien aller. L’espoir, c’est continuer de croire que les choses ont un sens, que rien n’arrive pour rien, même quand on est au plus mal. L’espoir, c’est la lumière au bout du tunnel, le bien à travers les ténèbres, comme la dernière goutte d’un verre qu’on croyait vide. Et je veux bien croire que tant qu’il y aura de la vie, il y aura de l’espoir.

Il faut faire notre propre magie. Il faut provoquer notre propre changement. Il faut y croire, inconditionnellement. Je ne comprends pas pourquoi il demeure toujours des sceptiques. On veut croire aux miracles, au destin et au karma, mais pas en la magie d’un simple espoir ? Tout le monde veut une solution magique à ses problèmes et pourtant, personne ne veut croire à la magie elle-même. Non mais quelle ironie ?

Traitez-moi de dingue, traitez-moi de rêveuse, affublez-moi de tous les pires noms du monde, je continuerai toujours d’y croire et je garderai toujours espoir. L’espoir fait vivre et rend les intempéries de la vie tellement plus supportables.

Même si les fins heureuses n’existent finalement que dans les contes de fées, le seul fait d’y croire et d’avoir l’espoir que ça se finisse aussi bien dans le monde réel, ça nous permet déjà de faire un bon bout de chemin et ça garde au chaud les cœurs.

Arianne Bouchard

Frapper le mur — Texte : Gwendoline Duchaine

Je me souviens précisément de cet instant. Seule dans une petite chambre du sud de la France, m

Je me souviens précisément de cet instant.

Seule dans une petite chambre du sud de la France, mon esprit a bloqué là. J’ai frappé le mur. J’ai crié en silence « PLUS CAPABLE ». « Je ne suis plus capable, je n’en peux plus ».

Le virus de la Covid-19 avait déjà commencé à m’épuiser mentalement depuis plusieurs mois, et j’avais vraiment besoin d’un break pandémique pendant mes vacances. Sauf qu’arrivée dans mon pays natal, tous mes proches ont testé positif au variant Delta. Le virus a volé les retrouvailles que l’on attendait depuis deux ans.

Alors que j’étais si seule dans cette petite chambre, j’ai reçu un courriel du travail. La goutte d’eau qui a fait déborder mon âme…

C’est à cet instant que j’ai frappé le mur. Je l’ai frappé tellement violemment qu’il m’a garrochée à terre.

À cet instant précis, l’espoir s’est éteint dans mon ciel : « Tout ne fait qu’empirer, je n’en peux plus, je n’ai plus envie »… Je ne verse aucune larme. Je suis juste en état de choc, je me sens prise au piège par cette pandémie. Je n’y arrive plus.

Par miracle, je n’ai pas contracté la Covid-19. Mais elle m’a frappée d’une manière…

De retour chez moi, chaque jour je pleure, mais je pense que c’est normal et que ça va passer.

Mais ça ne passe pas. Et mon ciel s’assombrit un peu plus chaque journée qui me rapproche de mon retour au travail.

Je suis infirmière. Ma job, c’est de composer chaque seconde avec la pandémie. Mais je n’ai plus cette force. Je pleure presque tout le temps.

Poussée par deux humains qui me connaissent bien, je contacte mon médecin. « Aide-moi, je ne suis plus capable, je n’en peux plus ». Au pied du mur, j’ai appelé au secours. Incapable de continuer à avancer. Clouée au sol.

J’ai eu l’immense chance d’être prise en charge très rapidement. Et d’être très entourée.

Depuis, j’essaie chaque jour de remettre du bleu dans mon ciel. Il y a des hauts et des bas. Il y a beaucoup de moments sombres. Il y a aussi des rires et du bonheur. Je me sens comme dans un océan en pleine tempête. Mon humeur ressemble aux vagues. Des fois, ça va pis, des fois ça va pas. Je suis ballotée dans cette eau tumultueuse. Je ne sais pas où je vais. Je ne sais pas comment je vais.

Je crois que j’ai retrouvé un peu d’espoir parce que, poussée par mes proches, j’ai recommencé à vivre, à sortir. Je ne veux plus jamais perdre cette liberté. Je ne veux plus jamais qu’on m’interdise de prendre des humains dans mes bras… L’être si social que je suis reprend vie doucement. Je marche dans la nature, je cours, j’essaie fort…

Pourtant l’étincelle en moi est fragile. Pourtant l’envie, « la drive » que j’ai toujours eue, n’est pas revenue.

Je me sens perdue dans l’océan.

Je me sens éteinte.

Et je ne sais pas comment rallumer la lumière.

 

Gwendoline Duchaine

 

Une autre journée ! Texte: Nathalie Courcy

10 septembre, Journée mondiale de prévention du

10 septembre, Journée mondiale de prévention du suicide. Eh oui, une autre journée mondiale ! La 19e pour cette cause. Je ne sais pas si un jour, les humains décideront d’annuler cette journée de sensibilisation en se disant « C’est beau, les gens ont compris. Les taux de suicide sont presque nuls, on peut arrêter d’en parler ». Je ne pense pas, hein ?!

Je ne pense pas parce que même un suicide, c’est un suicide de trop. C’est une personne qui a tellement souffert à l’intérieur qu’elle a pensé que la mort était un moindre mal. Il faut que ça fasse mal en dedans en titi pour en venir là.

Le SUI-cide, ça veut dire se tuer soi-même. Non seulement décider de se tuer (avec ou sans l’esprit clair), mais le faire. Faire le geste qui nous tuera. Avoir cette violence envers soi qui prendra notre vie. Pour toujours.

J’ai souvent déposé le pied dans la mince marge entre le désespoir total et la décision de me tuer. Mais chaque fois, je l’ai retiré. Ce n’est pas tant la douleur qu’aurait créée le geste fatidique qui me retenait, mais le geste lui-même. Cet éclair d’une seconde dans lequel je devrais retourner un geste contre ma propre personne. C’était trop.

Puis, l’image des gens autour de moi dans l’après-suicide me ramenait à la réalité. Je ne voulais pas qu’ils souffrent. Plusieurs personnes dans mon entourage se sont suicidées et je nous vois, humains qui restons derrière, nous demander ce qui s’est passé, si on aurait pu faire quelque chose. Pour ceux qui restent, la culpabilité n’a d’égal que le vide. Je ne voulais pas faire subir cette vie restante à mes proches.

Je suis longtemps restée dans la twilight zone du désespoir. L’espoir, la joie de vivre, la raison de vivre manquaient à l’appel. Je les croyais morts, pas juste portés disparus. On parle d’années, on and off. Par bout, c’était une obsession. Je voyais des possibilités de mourir partout et chaque fois, je me disais d’attendre un peu, qu’il y avait sûrement une solution (pas une autre solution, parce que le suicide n’est pas une solution, mais bien une solution tout court). Même quand je réussissais à passer quelques jours un peu plus légers, l’idée n’était jamais très loin derrière. Il suffisait d’une mauvaise nuit, d’un conflit, d’une journée de pluie ou d’une hausse d’hormones pour que l’idée du suicide refasse surface. Et encore, chaque fois, je choisissais la vie, même si c’était en attendant. Je ne savais pas ce que j’attendais, j’étais incapable de m’imaginer une vie autrement ou plus heureuse, mais j’attendais. C’est l’attente et la patience qui m’ont sauvé la vie.

Le thème de cette année est « Créer l’espoir par l’action ». C’est-ti pas beau ? On pourrait croire qu’attendre, simplement, n’est pas une action. C’est plutôt passif, en effet. Mais ça me demandait tellement d’efforts ! Me retenir de passer à l’acte, comme si j’étais en combat contre moi-même. Comme si une partie de moi me retenait physiquement de me lancer en bas du précipice en criant « Ne fais pas ça ! ».

Puis, il y a eu des actions bien concrètes : thérapieS, discussions, formations, lectures, activité physique, tests génétiques, médication, changements dans mon alimentation et dans ma routine quotidienne, fin de relations malsaines. J’en ai fait, des pas ! De recul, pour avancer, pour remonter la pente, pour escalader ce qui ressemblait à l’Everest. Chaque action était un geste anti-suicide. Un geste d’espoir.

Et maintenant, je me donne comme mission de partager mon espoir avec ceux qui me lisent et avec mon entourage. Je ne suis pas dans le « Ça va bien aller » genre début de pandémie. Je suis plutôt dans le « Ça va être difficile, mais ça se peut ». Ça se peut que tu sois heureux, que tes relations soient remplies de lumière, que tu te lèves le matin avec des projets et le sourire aux lèvres, que le brouillard se dissipe dans ta tête et que les solutions deviennent de plus en plus évidentes. Ça se peut tellement, mais ça commence par un choix, même quand on n’y croit pas vraiment. C’est un choix quotidien. Un choix de chaque minute, parfois. Un choix qui sauve une vie.

Et un jour, tu te réveilles, comme moi, en te disant : « Hum, c’est à ça que ça goûte, le bonheur ? »

Nathalie Courcy

Merci, nos Canadiens ! Texte : Marilou Savard

Malgré les larmes aux yeux et le motton dans la gorge, j’aimerais finir cette saison de hockey su

Malgré les larmes aux yeux et le motton dans la gorge, j’aimerais finir cette saison de hockey sur une belle note :

Je me souviens du but en désavantage numérique du numéro 41.
Je me souviens du but du numéro 15 à 15 minutes 15 secondes.
Je me souviens du genou à terre du numéro 73.
Je me souviens du saut dans les airs du numéro 62.
Je me souviens du retour et de la glissade du numéro 17.
Je me souviens du numéro 22 avec autant de talent à compter qu’à sourire.
Sans oublier ses passes avec son super binôme numéro 14.
Je me souviens de la confiance, de l’assurance et de l’excellence du numéro 31.
Et je me souviens de Marc Bergevin avec ses éclats de joie et tout son amour démontré pour ses boys.

Ah oui… je me souviens bien évidemment des pointes de pizza du numéro 24 après nos grosses win et des moments hilarants avec les anciens numéros 40 & 84.

Dieu sait que j’en oublie, tous ont été merveilleux tout comme mon préféré, numéro 26, Jeff Petry.

Vous avez gagné un trophée et c’est en finale que vous êtes allés.
Ce n’est pas rien.

Merci de nous avoir montré que croire en soi, en nous, fait toute la différence.
Merci de nous avoir donné de l’espoir.
Merci de nous avoir fait vivre des émotions incomparables.
Merci de nous avoir sauvés en temps de pandémie.

Une chose est certaine, ce n’est que le début. PROUD OF YOU!

Marilou Savard

Le temps qui rend tout croche en dedans- Texte : Sophie Barnabé

Depuis la dernière année, je les ai vus mes jeunes, perdre trop so

Depuis la dernière année, je les ai vus mes jeunes, perdre trop souvent leur sourire. S’isoler en attendant que le temps revienne comme avant. Je les ai encouragés tant bien que mal, je leur ai fait leur déjeuner préféré, je leur ai flatté les cheveux en regardant la télé, je leur ai ouvert mes bras pour qu’ils viennent y pleurer tout bas. Bien sûr, on a eu de bons fous rires, tout n’est pas noir, mais l’étincelle dans leurs yeux a parfois du mal à m’éblouir.

Après une année éprouvante sur tous les plans, je côtoie trop de jeunes qui sont à boutte ! Trois fois plus de jeunes du secondaire disent que leur santé mentale s’est grandement détériorée depuis un an. La détresse fait mal. Très mal. Au Québec, dans les dernières années, le taux de suicide a doublé chez les jeunes de 15 à 19 ans. Doublé ! La détresse fait peur.

 

Toi et moi, on l’sait bien que les mauvaises passes, ça finit toujours par finir. Que tout reviendra comme avant dans quelque temps… Quelque temps… Ce soir, bien calée sous mes couvertures, j’essaie de comprendre. Quand nos jeunes ont le moral dans les talons, qu’ils vivent des défis ou des épisodes de dépression, on leur dit que les choses vont finir par s’arranger, qu’il faut laisser le temps au temps… Et si c’était ça, le temps qui les rendait tout croches en dedans ?

Penses-y un instant… pas longtemps…

Qu’y avait-il de différent quand j’étais jeune ? Internet… Facile de mettre le blâme sur la technologie. Elle a le dos large, la pauvre. Le petit sablier qui marque le temps sur l’écran n’est pas si anodin qu’il en a l’air… Et si la technologie avait donné une nouvelle dimension au temps ? Cette ressource précieuse qui laisse retomber la poussière et qui guérit les blessures. Ce temps qu’on voudrait parfois arrêter pour savourer le moment…

Je ne sais pas si c’était comme ça pour toi, mais au secondaire, je passais des heures à la bibliothèque à chercher l’information, à photocopier, à séparer le mauvais du bon, à surligner. C’était long ! Baptême que c’était long ! Depuis qu’ils sont tout petits, mes jeunes tapent un mot-clé sur Google pour recevoir, en quelques secondes, une tonne d’informations déjà prémâchées. Ils font l’effort de chercher avec les outils à leur disposition. J’aurais fait pareil si j’avais pu. Faire une recherche en quelques minutes plutôt qu’en trois jours… Je ne peux leur en vouloir de s’impatienter quand le petit sablier sur l’écran tourne un peu trop carré.

Quand je voulais parler à mes amis, c’était parfois long. Je savais ce qu’était l’ennui. Ce feeling qui crée l’urgence en dedans quand t’as besoin d’un câlin qui arrête le temps. Mes ados communiquent par vidéo à la minute où ils en ont envie. Pourquoi attendre quand on peut le faire tout de suite ? À l’époque, suivre une série demandait une saison, une vraie… Aujourd’hui, une saison peut se résumer en une nuit. Pourquoi attendre quand ça peut se faire si vite ?

Nos jeunes sont nés à l’ère de l’efficacité, de la rapidité, des résultats immédiats… Habitués de comparer le temps au sablier qui tourne sur l’écran, nos jeunes sont probablement dépassés quand on leur dit que ça prendra six mois, une année ou cinq ans pour guérir un mal à l’âme, pour obtenir un diplôme ou avant de revoir grand-papa. Pour eux, c’est une éternité ! À leur place, je serais découragée. Bien trop long pour persévérer. Une montagne qui leur semble impossible à gravir. Ce doit être pour ça que certains pensent même à en finir.

Quand le mal-être fait trop de dommages, quand laisser le temps au temps demande trop de courage, certains jeunes lancent un ultime crime du cœur. Celui qui me fait si peur. Le suicide, c’est la mort qu’on a décidé de précipiter sans avoir donné le temps à la vie de nous prouver que ça vaut la peine de s’accrocher. Parce que toutes les émotions sont temporaires, parce que les nuages finissent toujours par passer. Parce qu’il n’y a jamais personne qui a dit que la vie était facile, mais il y a toujours un p’tit quelque chose qui fait qu’elle est belle.

Si tu connais quelqu’un qui t’inquiète, rends-lui visite. Impossible ? Prends le temps de lui téléphoner parce que les choses anodines entrent par texto. Quand on téléphone, c’est pour jaser de ce que les pouces ne peuvent communiquer. Ose en parler, ne passe pas par quatre chemins. Demande-lui : « Comment vas-tu ? Vraiment ? ». En cas de doute, prends une grande respiration et lance-lui : « As-tu des idées noires ? » BAM ! Direct de même ! Et si tu as besoin d’aide, compose le 1-866-appelle.

Sophie Barnabé

Quand les travailleurs essentiels se rencontrent- Texte : Karine Lamarche

Se sentir privilégiée. De faire partie des travailleurs jugés ess

Se sentir privilégiée. De faire partie des travailleurs jugés essentiels, d’habiter un pays fortuné où la lutte à la pandémie est devenue une priorité.

Franchir les portes d’un centre de vaccination le cœur rempli d’espoir et de gratitude.

S’entretenir avec des dizaines de travailleurs de la santé. Savoir que depuis des mois, ils sont à bout de souffle.

Ressentir une joie immense en m’assoyant près de l’infirmière. Échanger un regard brillant, entendre toute sa reconnaissance envers les gens du milieu scolaire. 💕 Oublier la piqûre. 😉

Quitter le centre le cœur léger.

Espérer que rapidement, tous puissent traverser les mêmes étapes que moi et qu’enfin, la vie puisse reprendre son cours. 🙏

Karine Lamarche
Enseignante

Mes chéries, Maman est en psychiatrie

Des mots trop lourds à écrire sur une feuille de papier recyclé.

Des mots trop lourds à écrire sur une feuille de papier recyclé. Des mots trop lourds à entendre pour vos petites oreilles. Même aligner les lettres transperce mon cœur tellement ça me semble irréel.

Mais ce soir, Maman ne sera pas à la maison.

Maman a trempé son doigt et touché la dernière goutte d’un vase déjà trop plein. Une sensation de vide a envahi Maman et même vos rires rebondissent sur ma chair. L’envie de me sentir saoulée par les notes aiguës qui sortent de vos petits corps a toutefois donné l’arme secrète dont Maman avait besoin pour aller demander de l’aide, alors qu’elle tenait une fine lame entre ses doigts, prête à commettre l’irréparable.

Maman est à bout de souffle. Maman ne se comprend plus. Maman n’entend plus le bonheur vibrer autour d’elle. Il n’existe qu’une vague tonalité neutre qui la guide pour avancer, un pas après l’autre, comme un zombie. Juste assez de puissance pour se rendre à l’hôpital. Juste assez d’amour pour savoir que ça va passer. Juste assez de force pour accepter qu’il faille recommencer.

Chéries, maman est en psychiatrie. Pour que vous sachiez que ça peut arriver, un breakdown. Que c’est humain. Que vous allez certes perdre des plumes au passage, mais vous en aurez d’autres qui pousseront doucement. Parce que Maman sait qu’elle est une battante.

Mais surtout, parce que Maman sait qu’elle n’est pas une personne horrible. Mais bien une bonne personne qui a vécu des horreurs.

Kim Boisvert

Je ne veux plus mourir – Texte: Nathalie Courcy

J’ai passé la moitié de ma vie à vouloir mourir. À trouver que

J’ai passé la moitié de ma vie à vouloir mourir. À trouver que la vie ne valait pas la peine. Je souffrais trop. Je ne voyais pas le but de me lever tous les matins. Je me rivais le nez sur des échecs répétitifs qui cachaient les succès que je vivais sans les vivre. Ma génétique et les trop nombreux suicides dans ma parenté m’avaient convaincue que j’étais née pour être déprimée.

Médicamentée ou pas, en thérapie ou pas, ça allait downhill de toute façon. J’avais la tête dans une gelée de cumulonimbus sombre et grandissante. Vous dire la lourdeur de l’enclume qui pesait sur mes épaules, à force de porter tout ce malheur.

Et pourtant. J’avais des diplômes avec mention honorable. J’avais une maison, un mari. J’avais des enfants en santé, une famille, des amis. J’avais un bon emploi. J’avais suffisamment d’argent.
Mais. Mais je ne me sentais pas adéquate. Je ne me sentais pas à l’abri ni aimée. Je ne me sentais pas entourée. Je ne me sentais pas à ma place. Je ne me sentais pas en sécurité, financière et morale. Je n’étais pas la maman que je voulais être : calme, drôle, énergique, en santé mentale et physique. Je n’étais pas celle que je voulais être : heureuse, équilibrée, libre, amoureuse.

J’étais une habituée des thérapies. Psy, masso, chiro, t.s., art-thérapeute, acupuncteur… je les avais tous essayés. Même chose pour les médicaments. Anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères, antidouleurs… toujours avec un suivi adéquat, merci de demander. Mais je restais enfermée dans mon gros nuage noir. C’est frustrant, rester prise dans un gros nuage noir mélasse quand tu patauges sans arrêt pour t’en sortir.

Un jour, j’ai supplié d’avoir un médecin de famille. Que j’ai eu. Miracle, de nos jours. Et j’ai été honnête. Elle s’est étonnée que je tienne debout. Quand je dormais deux heures, je me trouvais chanceuse. Je ne pleurais pas, oh non ! J’étais gelée. Pas de drogue (merci à moi, je ne suis pas attirée par les drogues ni l’alcool [comme dit ma fille, l’alcool, ça goûte les pieds !]). Juste le cerveau embourbé, engourdi, comme si ma boîte crânienne était envahie par une glue visqueuse, pas de glitters. Mon corps était devenu immobile, toute mon énergie étant réservée à passer à travers mes journées de travail et mes soirées avec les enfants. Auto, boulot, dodo. Repeat. On repassera dans vingt ans pour le plaisir.

On a travaillé ensemble pour d’abord régler mon problème de sommeil. Ajuster la chimie du cerveau, mais aussi mon rapport à mon lit, à la nuit, à mon mari. J’ai mis des limites, je suis partie, je suis revenue vers moi, peu à peu. Le plus petit pas possible. PPPP. Quatre lettres qui m’ont sauvée, parce que si je m’étais fiée à la hauteur de la montagne à escalader, je n’aurais jamais osé. Elle m’aurait écrasée. Kapout.

Je me suis construit un nouveau nid, j’ai récupéré mon corps, je me suis activée. Je me suis pardonné plein de choses, et je me suis félicitée pour plein d’autres. D’abord de m’être choisie. D’avoir cessé d’attendre que d’autres le fassent à ma place. J’ai remis au centre de ma vie ce qui était important pour moi. Mes enfants, l’art, la créativité, l’écriture, la spiritualité, la famille, les amis, la santé. Puis l’amour.

Mais en premier, au tout début du parcours et ensuite à chaque jour, à chaque instant, je ME suis mise en premier. Égoïste ? Non, je ne crois pas. Si moi, je ne vais pas, rien ne va autour de moi. Si j’ai mes lunettes noires avec les verres salis par la glaise qui me sort du cerveau, je ne peux pas voir la beauté. Je ne peux pas percevoir l’amour, les bonnes intentions, la chance d’être en vie. Je ne porte pas de lunettes roses pailletées, ne vous en faites pas. J’ai les deux pieds sur terre, et c’est clairement mieux que s’ils étaient sous terre. Mais j’ai remisé mes perceptions erronées pour voir la vie comme elle est : variée, grande, lumineuse même dans ses bouts de noirceur.

Depuis l’adolescence, je restais en vie pour ne pas faire de peine à ceux qui restent. Je ne voulais pas déranger par mon départ. Je ne voulais pas laisser un vide dans la vie de ceux qui m’aiment. Je ne voulais pas générer de la culpabilité. Je ne voulais pas laisser comme héritage un gros sac de questions sans réponses.

Maintenant, si je reste, c’est pour moi. C’est parce que je vaux ce que je vaux et que je trouve que la vie est belle, même quand un nuage passe. Justement parce qu’il passe.

Si je reste, c’est aussi pour encourager les autres à rester. Un jour à la fois. S’il le faut, une heure à la fois. PPPP.

Nathalie Courcy

#BellCause

C’est encore possible

Il y a deux mois, j’ai fait un test de grossesse. Il y a deux mois, j’a

Il y a deux mois, j’ai fait un test de grossesse. Il y a deux mois, j’ai appris que j’attendais mon deuxième bébé. Il y a deux mois commençait un voyage qui, je le savais, ne serait pas de tout repos.

Pour toutes celles ayant déjà vécu une grossesse ectopique dans le passé, un résultat positif sur un test de grossesse sonne une cloche d’alarme. N’importe qui désirant un bébé se réjouirait de cette nouvelle. J’aimerais tellement que ce soit si simple. Oui, nous voulions agrandir notre famille, mais cela reste toujours inquiétant. Ce que j’ai vu avec les deux lignes sur le test, ce sont toutes les procédures qui allaient suivre et les nuits d’angoisse à ne pas dormir. Je voyais les appels en clinique pour essayer d’avoir un rendez-vous pendant la COVID. Je voyais les prises de sang aux deux jours. Je voyais l’attente du résultat téléphonique chaque soir. Je voyais les échographies à répétition jusqu’à ce qu’on trouve le petit cœur.

J’anticipais la déception si on m’annonçait qu’il n’était pas là où il devait être. J’anticipais la douleur des injections et du décollement. J’anticipais l’hospitalisation et le suivi post-injection.

Mon conjoint n’osait pas se réjouir, car nous avons déjà vécu cette expérience et nous savons ce qui peut arriver. On se regardait, on se souriait, mais on n’osait pas imaginer déjà notre vie à quatre.

Puis, après plusieurs tests, le résultat est arrivé… Bébé est à la bonne place et son cœur bat parfaitement. Nous sommes contents et reconnaissants de la chance que nous avons. Nous pouvons enfin nous réjouir.

Nous sommes conscients que plusieurs parents n’ont pas notre chance. J’ai pu garder ma trompe lorsque ma grossesse extra-utérine est survenue et ça m’a permis de concevoir ma fille et le futur humain qui s’en vient. En revanche, beaucoup de femmes se font prendre en charge trop tard et doivent se faire enlever une trompe pour sauver leur vie. C’est terrible de penser qu’une femme qui veut donner la vie passe proche de perdre la sienne par le fait même.

Je voudrais dire aux femmes qui ont vécu cette expérience par le passé que ce n’est pas impossible de concevoir après avoir vécu une grossesse ectopique. Certaines histoires se terminent bien. Et si certaines ne veulent pas se réessayer, c’est bien correct aussi. Il faut savoir s’écouter et se respecter. Mon témoignage aujourd’hui est juste pour vous dire que si vos trompes ont survécu à cette épreuve, il n’est pas impossible de concevoir à nouveau et à la bonne place. Ça prend beaucoup de courage et de résilience, mais c’est possible.

Je vous souhaite, à toutes celles qui le désirent, d’avoir un petit cœur dans le ventre lorsque vous vous en sentirez prêtes.    

Anouk Carmel-Pelosse

On ne se lâche pas!

Mon message du jour, entre deux journées de gros travail…

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Mon message du jour, entre deux journées de gros travail…

Je le sais que c’est pas facile.

Chaque jour, on annonce les nouveaux chiffres, les nouveaux décès, les nouvelles mesures.

On est dans la quatrième semaine de confinement et de distanciation sociale.

Chaque jour, nous vivons des émotions complètement contradictoires et intenses.

La nuit, on ne dort pas. On dort mal.

Que tu sois seul chez toi, que tu sois confiné avec ta famille, que tu te lèves chaque jour pour aller travailler parce que tu travailles pour un service essentiel… tu vis des moments terriblement difficiles.

C’est normal que tu te sentes mal. C’est normal que tu pleures. C’est normal que tu paniques, car cette pandémie est très sérieuse et l’avenir est complètement incertain. C’est normal que tu manques d’appétit et de sommeil. On est tous dans ce même bateau… ruinés, isolés et apeurés.

Mais tu sais, je crois qu’on va se tenir, on ne va pas se lâcher.

Appelle tes proches, ta famille, tes collègues, tes amis. Tous les jours.

Demande‑toi chaque jour : qu’est‑ce que je pourrais faire de bien ou de drôle aujourd’hui pour une personne ?

On a besoin plus que jamais les uns des autres.

Essaie d’apporter des petits morceaux d’espoir dans le cœur de tes proches.

Mange bien, fais du sport, chaque jour. Fais‑toi une routine, essaie de lâcher prise… On ne peut rien changer à cette situation, mais on peut décider de vivre pareil chaque jour et d’être heureux quand même.

Parce que la vie, c’est aujourd’hui.

Merci à tous ces artistes qui font des concerts ou des shows d’humour en live. Vous brisez cet isolement. Merci à tous ceux qui partagent des niaiseries sur les réseaux sociaux. Rire, ça fait tellement de bien.

Lâchez pas.

On va se tenir. On ne va pas se lâcher.

Gwendoline Duchaine