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L’effort du temps

Plusieurs couples autour de nous se sont séparés ces derniers temp

Plusieurs couples autour de nous se sont séparés ces derniers temps. Vous saviez que cette maman s’était oubliée elle-même. Elle traversait ses journées, le teint gris et le dos courbé. Elle s’effaçait de plus en plus, de jour en jour. Et ce papa, à ses côtés, qui n’était devenu qu’un stéréotype de papa fainéant et bedonnant. Ils se sont levés un matin, en réalisant qu’ils en avaient assez des disputes, des vieilles rancunes et des longs silences… Et ce jour‑là, ces super ‑parents ont choisi de refaire leurs vies avec un autre humain.

La même maman a pris du temps pour elle. Tant qu’à être seule la moitié du temps… aussi bien se remettre en forme. Elle s’est remise à la course. Elle a couru et couru encore, de plus en plus loin et de plus en plus longtemps. Elle a découvert qu’elle se dépassait, qu’elle repoussait ses limites et qu’elle apprenait à apprécier le souffle du vent.

Celui qu’elle appelait son homme s’est aussi ressaisi. Plus personne pour passer derrière lui… pas le choix de se ramasser. Et il s’est mis à laver, à frotter, et surtout, à réaliser tout ce qu’elle avait fait pour lui. Parce que quand on est seul la moitié du temps, ça nous en laisse encore beaucoup pour réfléchir.

Puis, ils ont respectivement rencontré un petit quelqu’un qui les faisait se sentir spécial à nouveau. Plus rien n’était tenu pour acquis, tout était à reconstruire. Prendre soin de l’autre, tout en prenant du temps pour soi. Laisser de l’espace à l’autre et lui faire de la place en soi. Se laver, se raser, se coiffer… Recommencer à se sentir désirable et désiré.

Et c’est à ce moment‑là qui me vient une réflexion, aussi frappante que déstabilisante. Et si chacun d’eux avait fait les mêmes efforts pour l’autre, que ceux qu’ils ont faits pour rencontrer quelqu’un de nouveau? Et si ces deux anciens amoureux avaient pris soin l’un de l’autre, autant que d’eux‑mêmes?

Et si cette maman, encore en couple, avait pris du temps pour elle? Et si elle s’était remise à la course et à aimer la vie?

Et si ce papa avait commencé à ne pas tout tenir pour acquis, ni sa femme ni ce qu’elle faisait pour lui?

Et si, ensemble, ils avaient choisi de retomber en amour l’un avec l’autre, au lieu de se chercher un nouvel humain à aimer?

Attention, je ne condamne pas ici la séparation et je trouve tout à fait normal que l’on cherche à être heureux et qu’on prenne les moyens nécessaires pour le devenir. Ce qui me désole, c’est que dans cette société où on surconsomme sans arrêt, nous en soyons venus à échanger même les humains pour des meilleurs modèles. La vérité, c’est que la personne avec laquelle tu partages ta vie, ce n’est pas un téléphone intelligent que tu peux changer pour un plus performant.

Être en couple, c’est facile. Aimer, cajoler, faire l’amour, c’est facile. Mais essayer de se souvenir de qui nous sommes et prendre soin de soi, tout en donnant à l’autre cette même liberté, ça, c’est dur! Mais si, au quotidien, on traite l’autre comme si c’était encore tout nouveau, on a une belle solution en main.

Prendre soin de soi. Laisser à l’autre de la liberté. Aimer ses différences. Accepter ses imperfections. Et surtout, ne rien tenir pour acquis. L’embrasser, comme un adolescent. Lui faire l’amour, comme dans les premiers temps.

Si tu es en couple depuis longtemps, demande‑toi : à quand remonte ton dernier déshabillé ? Parce que oui, quand on est un vieux couple, les grosses bobettes beiges sont des choix confortables. Mais les mettrais‑tu devant un nouvel amant? Non? Alors voilà! Si on mettait tous les mêmes efforts pour notre partenaire de vie que ceux que ça nécessite pour en conquérir un nouveau, les couples tiendraient certainement plus solidement.

Rappelle‑toi pourquoi tu as choisi d’avoir des enfants avec lui ou avec elle. Rappelle‑toi ce qui t’a fait tomber en amour. Rappelle‑toi du coup de foudre et de la passion du début. Et ne laisse pas le temps effacer tout ça. Parce que la recette miracle d’un couple heureux, c’est de mettre tous nos efforts pour combattre le temps.


Joanie Fournier

 

Le soldat qui ne dormait jamais

Je n’ai jamais été d’un tempérament anxieux. J’étais plut

Je n’ai jamais été d’un tempérament anxieux. J’étais plutôt une optimiste, une « je-fais-confiance-à-la-vie », une téméraire, une heureuse. Je prenais la vie une journée à la fois, bravais les tempêtes, accueillais le soleil. Un jour, tout s’est brisé.

Ce jour‑là, je me suis séparée de mon ancien conjoint. Il n’a pas pris la rupture. Il y a eu beaucoup de violence. Pas de violence physique. La psychologique. Celle qui ne laisse pas de bleus sur la peau, mais qui meurtrit l’âme. Celle qui fait douter de soi. Celle qui part avec l’estime personnelle et qui te laisse étrangère à toi-même. Celle qui fait que tu ne te reconnais plus. Mes enfants ont comme expression : « T’es cassée ». Je l’étais solide.

C’est dans cette période que les premiers symptômes de l’anxiété sont apparus. Sournoisement. L’insomnie, la fatigue, la perte d’appétit, les étourdissements, l’anticipation et l’hyper vigilance. Il n’y avait pas qu’un hamster dans ma tête. C’était plutôt des familles de hamsters qui roulaient jour et nuit. Ça m’épuisait à force de rouler comme ça. Pas moyen de me donner une pause.

Mes perceptions de la vie changeaient. Et moi aussi. Je redoutais la prochaine catastrophe. Les hamsters et les scénarios continuaient de se bousculer dans ma tête. J’avais perdu le contrôle. J’étais devenue un soldat en guerre équipé pour le pire qui ne venait jamais. Un soldat au front, toujours prêt. Le soldat qui ne dormait jamais dans le fond de sa tranchée s’est épuisé.

Et est venue cette boule. Cette oppression au milieu de la poitrine. Au cœur du plexus solaire. Le milieu des émotions, qu’on dit. Cette difficulté à respirer, à ressentir la vie, à la goûter. Tout était devenu danger. Tout pouvait arriver. Et ce n’était plus pour le meilleur et pour le pire. C’était pour le pire et c’est tout. Cette impression de suffoquer, le cœur qui s’emballe et qui fait mal. Mon dieu je vais mourir. Mais je ne meurs pas. Ça s’appelle une crise d’angoisse. Pas une crise cardiaque. Dieu merci, j’avais survécu à celle-là.

J’ai essayé le verre de vin, puis la bouteille. J’ai essayé l’arrêt de travail et les médicaments. J’ai essayé les techniques de respiration et même le yoga. Temporairement, j’arrivais à me mettre en pause. À m’anesthésier. Mais la boule revenait. Ces moyens‑là ne me suffisaient pas. Il fallait faire différent. Il fallait que je reconnaisse que seule avec mes hamsters, je n’y arrivais plus. J’ai appelé une psychologue, j’ai ouvert la porte, je suis entrée dans son bureau et j’y suis toujours.

J’arrive aujourd’hui à gérer davantage mes scénarios et mes pensées. Vous dire que je ne suis plus un soldat serait mentir. Je suis toujours un soldat. Mais le soldat va maintenant dormir lorsque c’est son tour. Le soldat sait qu’il peut y avoir un danger mais pas toujours. Que la vie, ça peut vraiment être beau et simple des fois.

Eva Staire

Atteindre le fond du garde-robe

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Six mois postséparation.

Trois mois postdéménagement.

Je m’étais mis des échéanciers. Flexibles, quand même.

1 journée pour que mes enfants se sentent bien dans notre nouveau nid. Check!

1 semaine pour tout nettoyer (compte tenu de l’état de la maison quand j’en ai pris possession, on parle plus de désinfecter/décrotter. Littéralement. J’en ai eu les jointures en sang.)

1 mois pour faire disparaître toutes les boîtes. Ça impliquait entre autres que tous les (millions) de livres soient dans les bibliothèques, mais pas nécessairement placés par couleur et par grandeur.

2 mois pour enlever l’odeur de chats laissée par les bêtes puantes de l’ancienne propriétaire. La journée où mes enfants sont entrés dans la maison en s’exclamant « Hum! Ça sent donc ben bon! », j’ai crié « Victoire! » Merci, mijoteuse remplie de sauce à spag.

3 mois pour commencer à recevoir des amis. Les miens, ceux des enfants. Il fallait changer l’odeur entre les murs, mais aussi l’énergie. Associer les pièces avec des moments lumineux, avec des fous rires. J’aimerais me transformer en Martha Stewart quand je reçois, mais j’ai perdu l’habitude. Dans les dernières années, quand il n’y avait pas de crises d’enfants, on était exténués et trop occupés à appréhender la prochaine. D’un commun accord, on avait choisi de s’isoler, de se replier sur notre bulle pour éviter l’épuisement et les situations embarrassantes. Maintenant que les enfants ont pris de la maturité et qu’ils se sont calmé le pompon, je réapprends à me faire confiance comme hôtesse. Je m’organise, je réapprivoise tranquillement le plaisir d’accueillir amicalement. Le plaisir d’inviter. La plaisir de cuisiner pour d’autres. Le plaisir de laisser aller les choses, aussi.

Je n’ai pas mis de date butoir pour que mes enfants se sentent autant chez eux ici qu’à l’autre maison qu’ils habitent depuis six ans. Pour eux, chez nous, c’est encore chez moi. Leur tête sait que c’est aussi leur maison. Ils me disent qu’ils s’y sentent bien. Ils me le montrent. Ils s’endorment sereins et se réveillent de bonne humeur. Quand je leur ai demandé s’ils voulaient changer des choses (ajuster la routine du matin, ajouter un meuble, déplacer leur lit…), ils m’ont répondu en chœur : « La seule chose qu’on veut vraiment changer, c’est qu’on se chicane trop entre nous. Faut vraiment que ça arrête! » Bien d’accord… Et aussi, ils voulaient aller plus souvent à la bibliothèque. Facile! Avec le printemps qui arrive, ce sera plus facile aussi de rencontrer les voisins, de se faire des amis de quartier. Regarnir notre vie sociale.

Pas de date d’échéance, non plus, sur mon célibat. Je me fais souvent demander si j’envisage une nouvelle relation. Oui, sûrement. Éventuellement. Je ne ferai pas une Dominique Michel de moi-même en m’entêtant à grands coups de « Pu jamais! » Mais je ne suis pas en quête. Je ne suis pas en manque. D’amour charnel ou d’amour tendresse. Un câlin amoureux ferait certes du bien à l’occasion, mais je ne ressens pas le vide et encore moins le désespoir. La solitude m’est présentement utile et douce. Elle me donne le temps de m’organiser, de me connaître, de m’ajuster, de décider qui je suis, qui je veux être.

Et puis sérieusement, je ne sais pas où je caserais un homme dans ma vie présentement. Les cases « temps », « émotions » et « espace » commencent à peine à ne plus déborder. Je veux donner du temps à la surcharge de se résorber.

Même son de cloche côté penderie: ça déborde! Si je regarde mon garde-robe, je vois mes vêtements partout. J’abuse même en empiétant sur le garde-robe de mon plus jeune. Je pourrais faire un giga ménage, repartir à zéro, tout apporter à la Saint-Vincent. Surtout que je flotte dans les trois quarts des pantalons. Mais non.

Pour l’instant, je couds des pinces à la taille pour me sentir bien. J’avertis mes enfants qu’ils doivent me le dire s’ils se rendent compte que j’ai perdu mes pantalons en chemin. Faut les responsabiliser, non? Il me reste encore quelques livres à perdre pour retrouver le poids santé que j’ai égaré par malheur. Je ne suis pas encore prête à choisir quels vêtements je garderai, lesquels je relèguerai aux oubliettes. Je choisis de désencombrer. À mon rythme. La purge totale menée par le bout du nez par la frustration d’une relation échouée, c’est non. J’ai changé de maison, c’était ma façon de sauter pieds joints dans MA nouvelle vie.

Un jour, je verrai le fond de mon garde-robe. Ce jour-là, je verrai mieux le fond de mon cœur. Et je saurai qu’il y a de l’espace libre pour accueillir un nouvel amour. Une chose à la fois, et chaque chose en son temps.  

 

Nathalie Courcy

On répare et on avance!

Depuis la séparation, quand on me demandait comment j’allais, je

Depuis la séparation, quand on me demandait comment j’allais, je répondais : « Des hauts, des bas. Je prends le temps de me reconstruire. » C’était honnête. Je refuse d’être une victime, mais aussi de jouer la femme forte.

Puis, j’ai eu un down. Un bout rough. La gastro des enfants et le manque de clarté extérieure n’aidant pas, j’ai commencé à tout voir en noir. Comme dans broyer du noir. Prendre la noirceur que je percevais partout en moi et autour de moi, la passer dans le blender de mes dialogues intérieurs et me badigeonner l’âme avec la glue goudronnée que ça faisait. Il ne manquait que les plumes des Dalton.

Je me connais, des passes de même, ce n’est pas bon signe. Je devais me ressaisir rapido presto pour ne pas m’enfoncer.

Et c’est là que j’ai compris que j’avais peut-être sauté des étapes.

Je suis une fille très axée sur l’action. Problème = solution. Cette équation m’évite de patauger trop longtemps dans les situations difficiles. Une fois que la décision de la séparation a été prise et annoncée, je me suis pitchée dans le processus du déménagement et de la médiation. Rencontres avec la notaire, visites de maisons, discussions avec ma banque, répartition des biens. Vous le voyez, hein, le problème que ma solutionnite aigüe a créé? Le vieux principe des sables mouvants : plus tu t’énerves, plus tu t’enfonces.

J’étais dans l’action-réaction, mais peu dans l’émotion. Pas que j’aie refusé complètement de m’y plonger, mais disons que je me suis contentée de faire de la plongée en apnée au lieu d’aller en profondeur. On ne peut pas tout faire en même temps, me direz-vous. C’est ce que je me disais aussi, et je ne regrette pas d’avoir respecté l’ordre de la pyramide de Maslow (les besoins de survie et de sécurité ont priorité sur les besoins plus « sentimentaux »). M’assurer d’avoir un matelas pour dormir et une maison pour accueillir mes enfants était plus urgent que de sortir la pelle pour creuser mes émotions.

Mais voilà, une fois que le camion de déménagement est reparti et que les boîtes ont été à peu près défaites, ça faisait de la place pour le deuil. Le temps de me reconstruire était venu, pensais-je…

« Mes blues passent pu dans porte », chantait Offenbach dans mes jeunes années. Quand je voulais faire sortir le méchant, je mettais cette toune-là sur Repeat et je braillais tant que je voulais. Là, c’était le temps de faire sortir le méchant et de le regarder dans le noir des yeux. Avancer dans le deuil au lieu de m’y enfoncer.

Et pour le faire, je ne pouvais pas commencer la reconstruction tout de suite. Pour reconstruire, il faut que les fondations soient solides, et les miennes étaient ébranlées. Si vous montez des murs après un tremblement de terre sans avoir solidifié le sous-sol et réparé les fissures du béton, les risques sont grands que ça ne tienne pas longtemps. À la moindre brise, ça va sacrer le camp.

J’ai décidé de faire un pas de recul. De reprendre mon coffre d’outils accumulés au fil des années et des débarques. De sortir ma masse et de défaire ma carapace peu à peu, à mon rythme, pour voir ce qu’il y a en dessous, bien enfoui. Je vais garder les morceaux qui sont encore bons et me départir des parties pourries, clouer avec des clous plus durables, mettre plus de vis. Travailler sur la structure plutôt que sur la tapisserie.

Ce qui ne m’empêchera pas de planter des fleurs autour de la maison et de faire jouer des tounes disco dans la baraque pour sourire et danser. Faire des rénovations, c’est plus le fun avec de la musique!

Nathalie Courcy

 

À vous trois

À vous trois,

Les amours de ma

À vous trois,

Les amours de ma vie, ceux qui m’ont permis de vieillir, oui, oui, à vous!

À vous, qui avez su me faire aimer la vie.

À toi, ma choupinette, quand j’ai su que tu étais là, bien présente dans ma toute petite bedaine d’adolescente d’à peine dix huit ans, mon cœur s’est empli de joie! Parce que ton papa me semblait le meilleur, celui dont toutes les petites filles rêvaient… parce que chaque jour, ton sourire et tes frustrations d’enfant de huit ans me rappellent à quel point je peux t’aimer. Tu resteras à tout jamais ma princesse, ma grande fille, ma belle grande fille d’amour.

Ensuite, petit loup est arrivé quinze mois plus tard. Enfinnnnn, ma famille était complète! Papa et maman étaient tellement sur leur nuage! Petit garçon, grands soucis : les semaines d’hospitalisation, les quatre opérations. Mais comme je t’ai toujours murmuré à l’oreille : « Prépare toi, petit garçon, elle sera longue l’expédition, et même si on n’en revient jamais vivant, il faut regarder droit devant. » Mon beau petit bout de bonheur qui traversait chaque épreuve mieux que nous, ton père, ta sœur et moi! Merci de faire partie de nos vies… je t’aime.

Un jour, entre papa et maman, ça n’allait plus du tout, les chicanes se succédaient. Maman a décidé de mettre un point final à tout ça. Mais sachez, mes amours, que ce n’est pas de votre faute.

Quelques mois plus tard, maman a rencontré celui qu’elle croyait être le prince charmant… nous avons eu un beau petit bébé de cette union, mais sachez que maman ne vous aime pas moins que ce petit bout de chou!

Un beau grand garçon aujourd’hui âgé de presque trois ans. Un autre petit guerrier! Qui a failli laisser sa vie à l’âge de deux ans… Mon grand colosse qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Mon beau grand blond qui sait nous faire rire à tout moment. Mon guerrier, je t’aime plus que tout.

Maman s’est fait laisser quatre ans plus tard, par ce fameux prince… celui qui lui promettait l’éternité!

Aujourd’hui, six mois après cette séparation, maman est fatiguée, fatiguée de se battre.

Mais aujourd’hui, quand maman a faussement pensé qu’elle avait tout échoué dans sa vie, elle a pensé à vous trois. Vous trois qui rendez ma vie plus que merveilleuse, vous trois sans qui ma vie aujourd’hui n’aurait pas de sens.

Merci d’être mes enfants, merci la vie de m’avoir donné ces trois petits miracles.

Un jour, la vie sera plus belle.
À toi maman qui n’en peut plus, regarde tes enfants et souris à la vie.

Eva Staire

Ce que je suis, ce que je vaux

Dans les derniers mois, j’ai mis fin à une relation qui durait de

Dans les derniers mois, j’ai mis fin à une relation qui durait depuis vingt ans, qui m’a apporté du bonheur, de beaux enfants, de la maturité, de la connaissance de soi, quelques déménagements, des voyages… et aussi certains désagréments. Sinon, la relation s’enlignerait vers sa 21e année!

Vingt ans, c’est la moitié de ma vie. C’est beaucoup. Dans mes yeux à moi et à travers les yeux de ceux qui me connaissent, je suis cette femme qui s’est mariée à vingt-et-un ans avec la certitude que c’était pour toujours. Pour toujours parce qu’une relation se travaille, évolue, se choisit encore et encore. Quand les gens nous disaient : « Au pire, vous vous séparerez! », on se révoltait. On défendait notre opinion, notre amour, notre certitude. L’amour prend du temps et des efforts, mais l’amour peut durer si on le choisit. Vingt ans plus tard, j’ajouterais : si on le choisit à deux, jour après jour.

Pendant vingt ans, j’ai été définie comme amoureuse, comme épouse, comme partenaire de vie, puis comme mère (un peu weird) de quatre enfants. Pendant toutes ces années, je me suis définie comme une bonne personne, comme une femme qui voulait s’améliorer, comme une épouse qui voulait aimer.

Si on fastforward nos années de relation, on se retrouve avec un couple qui s’était perdu de vue. Le couple a explosé. Par le fait même, c’est mon identité qui a pris le bord. Je suis devenue une mère célibataire (bizarre, quand tu n’as pas utilisé ce mot depuis vingt ans!), une monoparentale en garde partagée. Une ex-épouse-future-divorcée. Mais j’ai choisi de ne pas devenir la divorcée aigrie qui hantait mon imagination.

J’ai eu peur que les gens collent à ma nouvelle identité des idées comme : « celle qui a tout brisé sur un coup de tête » (les personnes qui me connaissent savent que je n’aurais jamais pris cette décision sans des tonnes de réflexion), « la bitch qui veut enlever les enfants au papa » (ce qui n’est pas du tout le cas, on s’est entendu sans problème sur une garde partagée même si mon cœur de maman s’ennuie de mes enfants quand ils sont ailleurs), « la femme qui a oublié son couple au profit de ses enfants » (oui, mais sans culpabilité. J’ai fait ce que mon cœur me dictait).

J’ai senti, j’ai entendu des commentaires sur ma personnalité inadéquate pour être en couple (ou pour être, tout court). Des commentaires sur mon hypersensibilité, mon intensité, mon habitude épouvantable d’analyser les situations et de rechercher de l’aide quand je ne suffis plus à la tâche. Des commentaires sur bien d’autres traits qui m’appartiennent et que je peux expliquer, que j’ai choisis dans la plupart des cas.

Oui, tout ça a contribué à la rupture, puisque ça fait partie de moi, et que je fais partie de la séparation. Après la séparation, j’ai eu peur de devoir changer pour être heureuse ou pour rendre les autres heureux, pour être « adéquate ». J’ai eu peur de ne plus savoir qui j’étais. Mais j’ai réalisé que je sais très bien qui je suis, que je choisis d’évoluer puisqu’une partie de mon identité a changé dans les derniers mois. Mais moi, je suis moi. Et dans « moi », il y a mon enfance, mon adolescence, les quarante années depuis ma naissance et les vingt années qui ont suivi mon mariage, et aussi toutes les prochaines années qui n’attendent que moi. Il y a moi comme fille, comme femme, comme ex‑épouse, comme mère, comme humaine. Et je n’ai pas à changer cela, j’ai seulement à continuer de m’améliorer.

Dans mon processus de deuil, je dois continuer de m’aimer et de me voir comme une bonne personne, puisque c’est ce que je suis. Je dois continuer de reconnaître ce que je vaux et ne laisser personne me laisser croire que ma valeur a diminué. Ça n’enlève rien aux autres, mais ça me donne le droit d’être moi.

Nathalie Courcy

Autopsie d’une rupture

Mon ex était assis dans mon salon ce soir. Il est venu installer l

Mon ex était assis dans mon salon ce soir. Il est venu installer l’internet chez moi. Dans un mélange de compassion, de gentillesse et d’incompréhension, il s’est offert en échange d’un repas « sur le bras ». Gentiment. Gratuitement. J’ai dit oui.

Pendant qu’il essayait de régler un problème lié à la connexion sans fil, ma fille (qui n’est pas la sienne) s’est jetée sur lui pour faire la « bataille ». Il a ri. Suspendue à son cou, elle criait, le brassait d’un bord et de l’autre et lui, il continuait ses trucs. Sans s’exaspérer. Sans se fâcher. Il agissait comme il a toujours agi envers elle, avec patience, tendresse, calme, amusement.

En le regardant, je le trouvais beau, encore. En parlant avec lui, je le trouvais drôle, encore. En le voyant agir avec elle, je le trouvais gentil. Encore. J’ai passé les sept dernières années de ma vie à penser à lui, à l’aimer. J’ai toujours cru en lui, en ce qu’il était, en ses capacités. La « belle » partie de lui et l’étrange et surtout improbable complicité qu’on avait développée m’ont toujours manquée, même lorsque j’étais avec d’autres hommes.

En le regardant ce soir, je me suis demandé à quel moment de notre histoire on avait décidé, dans nos têtes et nos cœurs, que c’était terminé. À quel moment on s’était détachés, qu’on avait simplement décidé qu’on en avait fait assez? Que c’était juste « pu ça ». Je n’ai pas trouvé de moment précis. J’ai juste vu une succession de petits moments brisés, d’incapacité à communiquer, de déceptions jamais vraiment pardonnées. Ça m’a rendue triste. Pas nostalgique.

J’ai dépassé depuis un bon moment l’étape de l’idéalisation où on ne fait que se souvenir des bons côtés de l’autre sans se rappeler les raisons de la rupture, sauf que, ce soir, quatre mois plus tard, je me pose beaucoup de questions. Pas en lien avec lui ou nous, mais sur l’amour et les raisons qui nous poussent — un jour — à ne plus aimer.

À quel moment celui ou celle qu’on a sincèrement aimé devient cette personne avec qui l’on ne se voit plus continuer?

Pourquoi on arrête d’y croire, pourquoi on arrête de s’aimer?

Pourquoi, un matin, on décide de se laisser partir sans bruit, sans chicane, sans raison précise?

Est-ce par paresse qu’on laisse aller l’autre ou par incapacité de communiquer?

Quelle est la différence entre les couples qui durent et ceux qui ne durent pas?

S’aiment-ils davantage? Sont-ils moins exigeants? Ou juste plus patients?

Comment sait-on qu’on est avec LA bonne personne ou, plutôt, à quel moment de notre relation décidons-nous d’en faire LA bonne personne?

Un ami m’a dit un jour que l’amour n’a rien à voir avec la passion et le hasard. Selon lui, l’amour, c’est un choix qu’on fait tous les jours. Une décision qu’on prend matin après matin, soir après soir, même quand c’est plate, même quand l’autre nous exaspère. C’est de voir l’herbe plus verte ailleurs, sans avoir envie d’aller la goûter. Pas de recette miracle. Pas de philtre d’amour, pas de conseils Coup de pouce pour nous aider. Ce qu’il faut, selon lui, c’est de vouloir raviver ce désir un peu abimé de voir l’autre vieillir à ses côtés. C’est de l’estimer pour ce qu’il est et, dans les moments les plus durs, savoir qu’on gagne infiniment plus qu’on ne s’effrite à ses côtés.

Je ne sais pas si les choses auraient été différentes s’il m’avait dit tout ça avant ma dernière rupture, mais ce dont je suis certaine c’est que je m’en souviendrai pour la prochaine relation. Pas par dépit, pas par peur de la solitude, mais par envie d’avancer avec MA bonne personne. Celle que j’aurai fait le choix d’aimer.

Liza Harkiolakis

Soyez vous, soyez fiers!

Dernièrement, j’ai mis fin à mon couple. Après plus de treize a

Dernièrement, j’ai mis fin à mon couple. Après plus de treize années, un mariage, trois enfants, deux maisons, j’ai pris la décision d’arrêter cette histoire. Je suis triste de cet état, triste de cet échec. Un échec qui n’en est pas un, car j’y ai gagné beaucoup au change, j’ai gagné les plus belles choses de toute ma vie : mes trois merveilleux enfants. Nous avons eu de superbes moments, des temps plus heureux que d’autres.

Je ne renierai pas les années passées, mais elles sont, justement, passées.

Ai-je changé? Ai-je manqué à ma parole d’engagement? Me suis-je trompée à certains moments? Certainement, je suis loin d’être la femme, la mère et l’épouse parfaite. Mais j’assume pleinement tout ce que j’ai dit, fait ou pas. J’assume que cette rupture vient de moi.

Je ne vous décrirai pas les détails de mes treize années partagées. Cela relève du privé. Mais je peux vous dire qu’il a fait de son mieux. Qu’il a lui aussi changé et il s’est sur certains points bien trompé. Il n’est pas un monstre, c’est un homme bien à sa mesure. Nous avons une histoire commune et aujourd’hui, les chapitres se dissocient en suites bien distinctes.

Nous aurons toujours en commun ces trois petites âmes. Nous aurons à nous voir, à nous parler, et la vie suivra son cours.

Je porte des blessures en mon sein, lui aussi c’est bien certain. Je suis cette femme qui reste toujours debout, mais qui apprend à s’asseoir parfois, à respirer, à s’approprier ses sentiments et aussi à pleurer.

Je ne me permettais pas de pleurer, je ne me permettais pas de ressentir du découragement, des échecs… Je n’acceptais pas de ne pas avoir réussi à sauver cette famille que j’avais contribué à construire. Aujourd’hui je sais, je sais que ce qui aurait dû être fait depuis déjà un temps, je le fais.

Je le fais pour eux, mais surtout pour moi.

Je suis forte dans mes faiblesses. Je suis grande dans ma petitesse et je peux vous dire tout simplement : je suis. Je SUIS.

Vous qui me lisez, SOYEZ. Soyez la personne que vous devez être. Oui, il est bien certain que dans une relation, il y a des concessions, des compromis. Mais ne compromettez pas votre personnalité, votre intégrité. Soyez fier de la personne que vous êtes, n’acceptez pas de changer, mais plutôt de vous améliorer. C’est toute une différence!

Être fort, c’est admettre ses faiblesses et chercher à s’élever au-dessus d’elles. Pas pour l’autre, mais pour soi-même, pour qu’un jour, lorsque nous regarderons derrière, nous soyons fiers. Depuis ma rupture, je suis fière de moi. Certes, défaire ce noyau familial pour en former un nouveau, différent de ce qui était prévu, est un deuil en soi. Mais nous ne disons jamais suffisamment qu’il vaut mieux être seul et heureux que deux malheureux.

Suis-je heureuse? Oui, j’ai certains bonheurs depuis quelque temps. Je les chéris plus qu’autrement. Suis-je heureuse? me répéterez-vous encore… Je ne « peux » pas l’être à cent pour cent à l’instant, mais vous savez quoi? Je le serai, bientôt. Je sais aujourd’hui que ce bonheur est revenu à ma portée.

Toi, si tu me lis, ne crois pas que je nous nie. Nous avons vécu ces années au mieux de nos capacités et aujourd’hui, c’est terminé. Mais l’aventure continue comme diraient certains… c’est simplement que les chemins se sont séparés. À nous d’en découvrir la portée, chacun de son côté.

Mes amis, je terminerai en vous enjoignant de rester fidèles. Soyez fidèles à vous-mêmes. Soyez fidèles à vos aspirations, à vos passions, à vos désirs et surtout, soyez fidèles à vos valeurs. Parfois, des gens croisent notre route pour un temps. Profitez de ces moments, vivez-les tout simplement, peu importe ce qu’il adviendra.

N’est-ce pas cela… la vie?

Simplement, Ghislaine.

Les voir partir

Ce soir, je les

Ce soir, je les ai vus partir pour la première fois avec leur papa. Avec mon très-nouvellement-ex-conjoint. Je savais qu’ils allaient partir pour la fin de semaine. C’était prévu. Je devais même les accompagner. Mais les choses ont changé. Je n’ai plus le cœur à la fête depuis que je suis séparée.

Ce n’est pas la première fois que nos enfants quittent pour quelques jours. Même comme couple, ça arrivait qu’un des deux parents se gâtait en amenant toute la marmaille et en laissant un temps de « congé » à l’autre. Ça arrivait qu’un des deux parents partait pour une semaine, deux semaines, seul. Pour le travail ou pour des vacances. On avait prévu cette promenade loin de la maison pour la fin de semaine. Mais moi, je n’avais pas prévu la montée d’émotions.

« Maman, tu ne viens pas avec nous? »

La séparation est tellement récente qu’on habite encore ensemble et que l’annonce « officielle » n’a pas encore été faite. On n’a pas besoin de précipiter le déménagement, on n’est pas en situation de crise. Pas de violence, pas d’abus d’alcool ou de drogues, pas d’infidélité. Pas de chicanes incessantes, pas de paroles blessantes, pas de claquage de porte. Des silences, oui. Des « sourires par en bas », comme diraient les enfants. Des tristesses, quelques obstinations sur les rôles de chacun, la division des tâches, les priorités. Des discussions sur ce qu’on veut de la vie, sur ce qu’on est et ce qu’on veut être. Ensemble ou séparés.

« Maman, est-ce que ça se peut que vous vous sépariez? »

Ils ne sont pas fous, nos enfants. Ils voient bien que papa dort dans une autre chambre. Ils voient bien qu’une distance physique sert de bouclier aux câlins habituels. Ils sentent bien que les choses ont changé. Nous, on veut faire ça « comme des grands », ou plutôt comme des enfants : sans plan mal intentionné, sans agenda caché, sans misérabilisme. On ne marche plus dans la même direction depuis longtemps. On a essayé fort, peut-être même trop longtemps, peut-être pas de la bonne façon. Mais on a le même désir de protéger le bonheur de nos enfants dans tout ça. Dans ces décisions de grands qui affectent aussi les petits. Alors on prendra notre temps pour bien faire les choses et pour faire les bons choix.

Une décision cérébrale. Une décision réfléchie. Pesée. Pesante aussi, quand vient le temps de dire au revoir aux enfants. Comme si nos enfants me disaient : « Tu vois maman, c’est ça maintenant, notre vie. On dit “au revoir” et on se quitte. » Avoir le motton, c’est ça que ça fait. C’est ouvrir la porte de la maison pour serrer mes enfants dans mes bras avant leur départ et être celle qui reste en arrière, celle qui comptera les dodos jusqu’au retour. C’est ne pas être capable de répondre comme il faut à leurs questions parce que je ne veux pas éclater en larmes.

Éviter le drame. Me donner le droit de pleurer. Je savais que ça allait arriver, je pensais que j’aurais au moins le temps de voir la voiture du papa tourner le coin avant de m’effondrer. Mais le motton d’émotions s’est pointé quelques secondes plus tôt, quand je ne l’attendais pas. Boule de sanglots dans la gorge, attendant le OK pour se laisser aller, désir de se cacher, de se rouler en boule dans un garde-robe avec une grosse doudou et un chocolat chaud, les larmes qui montent, qui roulent, le goût de crier, de courir pour rattraper mes bébés. 

Les « au revoir » ont été plus rapides que d’habitude. Je m’y habituerai. Les prochaines fois, on saura plus où on s’en va avec notre famille qui vient de basculer dans l’autre 50 % de la population québécoise : celle des couples séparés. Le temps soigne bien des blessures à l’âme, paraît-il…

 

Eva Staire

Fabien et l’aliénation parentale

Je m’a

Je m’appelle Fabien et j’ai neuf ans. Ma voisine m’aide à écrire ce message. C’est que j’ai un problème, un gros problème. Mon papa et ma maman ne vivent plus ensemble, ils sont divorcés. On m’a dit que ce n’était pas de ma faute, mais des fois, je pense que j’ai peut-être fait quelque chose de pas correct pour que ça arrive. J’ai une petite sœur, elle s’appelle Marie. Marie habite maintenant avec ma maman et moi, j’ai choisi d’habiter avec mon papa, car je ne voulais pas qu’il soit seul. Mais je ne suis pas heureux.

 

Ma sœur et ma maman me manquent. Mais mon papa me dit souvent que c’est mieux comme ça, car de toute façon, ma maman aime plus Marie que moi. Je pense parfois que c’est vrai et d’autres fois, je pense que c’est faux. En réalité, je ne sais plus quoi penser. Mon papa me dit plein de choses sur maman qui me font de la peine et ça me donne envie de pleurer très souvent. Chaque fois que je dois aller voir maman, papa me répète des choses pas gentilles sur ma maman : « Elle ne t’aime pas pour vrai »; « Elle préfère Marie »; « Tu es une charge pour elle, tu la déranges ». Il me dit que tout ce qui arrive, que le fait que notre famille est brisée, c’est de sa faute à elle.

 

Alors moi, je suis parfois fâché contre maman. Elle n’est pas gentille ma maman, elle a brisé notre famille!

 

Je commence à ne plus avoir envie d’aller la voir, à pleurer et crier pour ne pas y aller. Je crois que parfois, j’ai très envie d’être avec elle et ma sœur et avec le nouveau copain de maman aussi! Il est gentil, je le sais, mais papa m’a dit que je ne devrais pas l’aimer, que son copain ne m’aimait pas, qu’il ne voulait pas de moi. Je ne sais pas si c’est vrai. J’ai peur de perdre ma maman et ma sœur, mais j’ai peur aussi de perdre papa si je vais avec maman. Je ne sais plus quoi faire.

 

Alors ma voisine m’a dit d’écrire mes sentiments et qu’après, ça m’aiderait. Je ne sais pas si ça m’aide vraiment, mais je veux essayer parce que je ne suis pas heureux. Moi, ce que j’aimerais, c’est que papa arrête de dire des bêtises sur maman. Je ne veux pas savoir pourquoi papa n’aime plus maman et pourquoi maman n’aime plus papa. Tout ce que je veux, c’est de pouvoir être parfois avec mon papa et parfois avec ma maman et ma sœur et être heureux.

 

Ça fait longtemps que ça dure. J’en ai assez! J’ai mal dans mon cœur et j’ai la tête toute mélangée. J’ai envie de pleurer, de crier et même des fois de frapper! Si je ferme les yeux, j’arrive à me rappeler les fois où j’ai eu du plaisir avec papa et maman quand ils étaient dans la même maison. Mais je me rappelle aussi les disputes. Alors je pense que c’est mieux comme ça, qu’ils n’habitent plus la même maison et arrivent à être heureux sans être ensemble. Mais moi? Moi, je voulais continuer à être une famille! Il y a des personnes qui m’ont dit que ma famille existe encore, mais qu’elle est différente. Même si moi, je ne voulais pas qu’elle soit différente, je dois l’accepter!

 

J’ai un ami qui s’appelle Sébastien. Lui aussi, son papa et sa maman ne vivent plus dans la même maison. Mais son papa ne dit jamais rien sur sa maman. Des fois, ils jasent même ensemble en souriant. Moi, c’est différent. Je crois que j’aimerais ça que papa et maman soient quand même amis, mais papa dit des choses méchantes et maman réagit, alors je ne pense pas que ça arrivera.

 

Je crois que je vais donner une chance à ma maman parce qu’elle me dit qu’elle m’aime et je crois que c’est vrai. Dans mon cœur, je sais que c’est vrai. Elle est triste que je ne sois pas là plus souvent et elle doit pleurer des fois quand je fais des crises pour ne pas la voir. Je l’aime ma maman, même si papa ne l’aime plus et qu’il est toujours en colère contre elle.

 

Alors voilà, ça m’a fait du bien cette lettre. Je crois que je vais la faire lire à papa et maman, mais pas tout de suite. Avant, je vais aller voir ma maman pour ma prochaine visite et je vais essayer de profiter du temps que j’ai avec elle. Peut-être que je vais aimer ça? Peut-être que je vais voir maman et Marie sourire d’être contentes de me voir. Je vais essayer.

 

À bientôt! Je vais peut-être écrire une autre lettre bientôt.

 

Fabien ( personnage fictif)

Savoir se pardonner

Lorsque je me suis mariée et que j’ai eu mes enfants, je m’éta

Lorsque je me suis mariée et que j’ai eu mes enfants, je m’étais juré que rien ni personne ne me séparerait du père des enfants ni ne m’éloignerait d’eux. Je m’étais fait cette promesse à moi-même, je l’avais faite à lui aussi et je l’ai même faite devant Dieu à notre mariage. Puis, quand les enfants sont arrivés, je leur ai promis secrètement de toujours leur donner le meilleur de moi-même.

J’ai failli à ma promesse. Je me suis séparée du papa de mes trois versions mini. Ça ne cadrait plus. Ça n’allait même pas mal. Ce n’était juste plus moi alors que cela avait toujours été parfait pendant douze ans. Je ne collais plus à l’image de celle que je regardais chaque matin exécuter la routine familiale comme une automate. Ma vie me semblait d’un ennui impossible. Mes enfants m’exaspéraient à un point que je n’aurais cru possible. Et mon mari passait lentement du chum à l’ami… La raison? Juste la vie, je pense. Je sais, c’est plate comme réponse.

Allez-y, jugez-moi! De quoi peut-on me qualifier? De menteuse? D’irrespectueuse? De paria? Nul besoin d’en rajouter, je me tape sur la tête par moi-même assez fortement, ne vous en faites pas. Parce que malgré les promesses rompues, mes valeurs ne sont pas disparues soudainement. Je ne suis pas devenue une autre personne. Je suis la même. Cette même personne qui croit qu’il faut toujours aller chercher son bonheur où qu’il soit. Celle qui croit à la vie, celle qui est prête à tout pour le meilleur.

La vie est cependant parfois plus complexe qu’une promesse. Il y a parfois plus de facteurs à considérer, plus de variables qui peuvent changer les choses. Et parfois aussi, on abandonne. Ou on change. Ou la vie nous porte ailleurs. Dans un ailleurs où l’on n’aurait jamais cru même exister. Ou toutes ces réponses.

Puis, un bon matin, après les larmes, la colère contre tout et tout le monde à portée de tir à commencer par moi, j’ai vu les choses autrement. J’ai compris que même si je rompais une promesse, je respectais tout de même ma promesse aux enfants : celle de toujours leur donner le meilleur de moi. Parce que si le meilleur de moi passe par une nouvelle vie de laquelle leur papa ne fait pas partie (ou du moins, plus comme avant), et bien, ainsi soit-il! J’ai vu qu’il est possible que le meilleur de moi implique des choix et des décisions qui ne feront pas l’unanimité et qui ne se feront pas sans heurts. J’ai compris que pour leur donner le meilleur de moi, je me dois d’être à mon meilleur à moi, peu importe ce que ça implique.

Bien sûr que les familles nucléaires parfaites ou les anniversaires de mariage qui s’accumulent chez certains me feront toujours un petit pincement au cœur. Ne pas avoir offert aux enfants une cellule familiale classique fera toujours partie des deuils de ma vie. Par contre, mes enfants sauront toujours qu’il n’y a pas qu’une seule façon de faire les choses, et que différent ne veut pas dire moins bien. Je leur apprends ainsi à ne pas simplement marcher dans les rangs sans se questionner. Je veux leur prouver par l’exemple que les élans du cœur sont parfois plus salutaires que tous les chemins suivis sans entrain.

Et me voilà, deux ans plus tard. Plus zen, plus sereine avec mes choix. Surtout plus convaincue que jamais que je peux leur apporter le meilleur de moi en étant un moi version-améliorée-à-temps-partiel plutôt qu’un temps plein désagréable.

Puis, telle une confirmation, il y a quelque temps, j’ai été subjuguée comme plusieurs d’entendre Josée Boudreault parler de son AVC à Tout le monde en parle. Elle disait que ça la rendrait probablement meilleure, même si c’est difficile, même si ses capacités ne sont plus et ne seront peut-être plus jamais ce qu’elles ont été. Je comprends. Être blessée d’amour, séparée c’est un peu comme être en rémission d’une maladie… d’un AVC… Le cœur meurtri, handicapée de plein de choses qui allaient de soi dont le confort du quotidien. On se retrouve projetée dans un monde où l’on doit réapprendre à fonctionner. Puis, on réalise que c’est peut-être ce qui nous est arrivé de mieux pour nous dépasser. Pour transmettre réellement le meilleur de nous.

Alors je me lève devant mes enfants et tous ceux qui constituent mon univers. Grande et forte. Remplie de l’envie de prouver que c’est possible de tracer sa propre voie, d’y croire. C’est probablement la plus belle leçon que l’on peut leur donner. Savoir se relever. Redresser le tir lorsque ça ne semble pas être tout à fait ça. Faire preuve de résilience. Faire le mieux avec ce que l’on a. De grandes leçons souvent dites, mais peu souvent démontrées par l’exemple. Et l’exemple peut prendre différentes formes, l’exemple est malléable. Comme nos vies. À partir de là, tout est possible.

Je tente ainsi de tracer ma nouvelle voie. Celle que je pave pour mes enfants. Je me surprends à les voir tirer de petites leçons au fil du temps. Et ça me plaît. Je leur enseigne à se pardonner de ne pas suivre le chemin à la lettre. Se pardonner de sortir parfois du rang pour se démarquer. Se pardonner et se relever. Pour être soi. Et je réalise que c’est là que moi, je leur donne leur meilleur de moi.

 

 

Isabelle Rheault